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Full text of "Le grand dictionaire historique : ou le mélange curieux de l'histoire sacreé et profane, qui contient en abrege ..."

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IN  TME  CUSTODY  OFThE 

BOSTON     PUBLIC   LIBRARY. 


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LE 

GRAND  DICTIONAIRE 

STORIQUE, 

T>   I  X  I  E  M  E    E  D  I  T  I  O   iJy 

Où  l'on  a  mis  le  Supplément  dans  le  même  ordre  Alphabétique, 
corrigé  les  fautes  cenfurées  dans  le  Did:ionaire  Critique  de 
Mr.  Bayle,  &  grand  nombre  d'autres ,  et  ajoute' 

PLUS   DE    6ooArTICLES    ET   ReMARQJJES 
IMPORTANTES. 


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TOME     (QUATRIEME. 


Digitizëd  by  the  Internet  Archive 

in  2009 


Iittp://www.arcliive.org/details/legranddictionai04mor 


LE    GRAND    DICTIONAI 

HISTORIQUE, 

OU 

LE  MÉLANGE  CURIEUX 

LHISTOIRE  SACRÉE 

ET    PROF  AN  E.  ^^-^ 

QV  I   CO  NTIENT  EN  A'BREGÉ       >é4  f 
LES  VIES  ET  LES  ACTIONS  REMARQUABLES 

Des  Patriarches,  des  Juges,  des  Rois  des  Juifs,  des  Papes ,  des  faints  Percs  &  anciens  Doâeurs  Orthodoxes  ;  des  Evêques,  des 
Cardinaux ,  &c  autres  Prélats  célèbres  j  des  Hérefiarques  &  des  Schifmatiques,  avec  leurs  principaux  Dogmes  : 

Des  Empereurs,  des  Rois,  des  Princes  illuftres,&  des  grands  Capitaines: 

Des  Auteurs  anciens  &  modernes ,  des  Philofophes ,  des  Inventeurs  des  Arts ,  &  de  ceux  qui  fe  font  rendus  recommandâblesi 
en  toutes  fortes  de  Profeffions ,  par  leur  Science ,  par  leurs  Ouvrages ,  ou  par  quelque  aftion  éclatante. 

L'ETABLISSEMENT  ET  LE  PROGRES 

Des  Ordres  Religieux  Se  Militaires ,  &  la  Vie  de  leurs  Fondateurs. 

LES     GENEALOGIES 

De  plufieurs  Familles  illuftres  de  France  &  d'autres  Pais. 
L'HISTOIRE  FABULEUSE 
Des  Dieux ,  &  des  Héros  de  l'Antiquité  Païennei 
LA     DESCRIPTION 

Des  Empires,  Royaumes,  Républiques,  Provinces,  Villes,  Ifles,  Montagnes,  Fleuves,  &  autres  lieux  confiderabîes  de 
l'ancienne  &  nouvelle  Géographie ,  où  l'on  remarque  la  fituation ,  l'étendue  &  la  qualité  du  Pais ,  la  Religion ,  le  Gouver- 
nement, les  mœurs  &  les  coutumes  des  Peuples.  Oti  l'on  voit  les  Dignitez:  Les  Magiftratures  ou  Titres  d'Honneur  :  Les 
Religions  &  Sedes  des  Chrétiens ,  des  Juifs  &  des  Païens  :  Les  Principaux  Noms  des  Arts  &  des  Sciences  :  Les  Adions 
publiques  &  folemnelles  :  Les  Jeux:  lesFêtes,&c.  Les  Edits  &  les  Loix,  dont  l'Hiftoireeftcurieufej  Et  autres  Chofes, 
&  Aâions  remarquables. 

AVEC 
L^Hiftoire  des  Conciles  Généraux  &  Particuliers ,  fous  le  nom  des  lieux  où  ils  ont  été  tenus. 

Le  tout  enrichi  de  Remarques  ^  de  Recherches  curieufes ,  pour  l'é clair cijfement  des  difficultés 

de  l'HiJioirey  de  la  Chronologie ,  ^S  de  la  Géographie. 

Par  M^LOUIS  MORERI,   Prêtre,  Dodeur  en  Théologie. 

DIXIE' ME  EDITION    où  l'on  a  mis  le  Supplément  dans  le  même  ordre  Alphabétique ,  corrigé  les  fautes  cenfurées 
dans  le  Diftionaire  Critique  de  Mr.  Bayle,    &  grand  nombre  d'autres ,  &  ajoute' plus  de  éoo 

Articles  et  Remar  qjj  esImportantes. 

TOME     QUATRIEME. 


Pierre  Brunel,     R.  &  G.  WetsteiN;, 


r   riERRE    tîRUNEL,      K.   K   \j.    WETSTEIN 

A  AMSTERDAM  Chez    > 

t  David  Mortier,     Pierre  de  Coup. 

A  LA  HATE  Chez     f  Adrien  Moetjens,    L.  &  R  Van  Dole^ 

AVTRECHT  Chez     f  Guillaume  Vande  Water. 


0. 


M  D  C  C  XVIL     e 

Avec  Trivilege  de  nos  Seigneurs  les  Etats  de  Hollande  ^  de  Wejl-Frife, 


^.dkm^\'7 


V. 


L  E    G  R  A  N  D 

DICTION  AIRE 

HISTORIQUE, 

OU 
LE    MÉLANGE    CURIEUX^ 


D  E   L'H  IS  T 


R  E 


SACREE  ET  PROFANE. 


N 


CETTE  Lettre  eft  mife  entre  les  demi- 
voycles.  S.  Auguftin  a  remarqué  que  les  An-" 
tiens  la  mettoient  pour  l'ordinaire  entre  E  &  S  , 
pour  rendre  la  prononciation  plus  douce ,  com- 
îne  qttetiens  pour  quoties ,  ■vkenjimus  pour  vice- 
I  jimus ,  &c.  Les  Anciens  Jurifcohfultes  fe  fer- 
voient  de  cti  deux  lettres  NL  ,  qui  veulent 
dire,  non  liquet,  pour  témoigner  que  les  plai- 
doyez  des  Avocats  ne  fufEfoient  pas ,  ou  pour 
feire  condamner ,  bu  pour  faire  abfoudre  lés  criminels.  Aufone  re- 
marque que  la  lettre  N.  eft  tirée  du  Z.  des  Grecs , 

Zitajacens,  fifurgat,  erit  nota  qu£  legitur  N. 

^-  S,  Auguftin ,  li.  z.  c.  i.  emend.  Aufone  j  de  litter.monofyh 

NA.      ,; 

NAAMAN ,  Général  de  l'Armée  du  Roi  de  Syrie ,  étoit  lépreux. 
Il  fût  d'une  efclave,  qui  étoit  auprès  defa  femme,  que  s'il  vouloir 
aller  au  Royaume  d'Ifraël ,  Elifée  le  guériroit.Cefutran3i5o. 
du  Monde.  Il  obtint  d'abord  du  Roi  fon  Maître,  des  lettres  pour  le  Roi 
d'Hraël,par  lefqueUes  il  le  prioit  de  guérir  Naaman.  Joramquiregnoit 
en  liraël ,  confidérant  cette  ambafladecomm«unpiégequeleRoideSy- 
lie  lui  vouloit  drelTer ,  s'affligea  extré  mement  &  demanda  li  on  le  croyoit 
on  Dieu,  pour  guérir  ainii  de  la  lèpre  ceux  qui  en  étoient  frappez.  Mais 
Elifeé  fit  dire  au  Roi  delui  envoyer  promptement  Naaman,  qui  vint  à  fa 
porte  avec  un  grand  équipage  ;  ôc  le  Prophète  lui  iitfavoir ,  fans  même 
lui  vouloir  parler,  qu'il  s'allât  laver  fept-fois  dans  le  Jourdain.  Ce  Sei- 
gneur confidéra  ce  traitement  comme  un  mépris ,  &:  il  s'en  retournoit 
«1  colère.  Mais  fes  ferviteurs  lui  ayant  remontré,  que  puis  que  ce  qu'on 
défiroit  de  lui  étoit  très-facile ,  il  devoir  au  moins  le  tenter.  Il  les  crut, 
&  s'étant  allé  laver  fept  fois  dans  le  Jourdain,  il  fut  guéri.  Ilenvintaufli- 
tôt  rendre  grâces  au  Prophète ,  &  lui  offrit  de  grands  préfens ,  dont  il  ne 
youlut  rien  recevoir.  *  IV.  des  Rois,  c.  y. 
NAAS ,  ou  Uahas,  étoit  Roi  des  Ammonites,  Après  avoir  ravagé  le  pa'is 
Tm.  ir,  "    ~ 


NAA.  NAB. 

des  Jabcens  dans  la  Tribu  de  Jùda ,  il  preflbit  fort  leut  ville  de  Jabès  dé 
Galaad ,  l'an  1963.  du  Monde,  &  ne  vouloit  faire  d'autre  compofition  aus 
habitans  qui  demandoient  de  fe  rendre, que  de  les  laifler  fortirenleuv 
arrachant  l'oeil  droit.  Saiil  en  fut  averti ,  &  ayant  mis  trois  cens  trente 
mille  hommes  fur  pied ,  il  vint  attaquer  les  Ammonites  par  trois  en- 
droits ,&  les  défit  entièrement.  Naas  prit  la  faite.  C'eft  le  même  qui  de- 
puis reçut  chez  lui  en  2978.  David  perfécuté  par  Satil.  AuiB  ce  Roi 
Prophète  ayant  fûla  mort  du  Prince Ton  Bienfaiteur ,  en  fit  témoigner 
fon  déplaifir  à  Hanon  fils  de  Naas  l'an  1996.  *I.  des  Rois,  ir.é>iz.  IL 
c.  10.  Jofeph ,  i.  6.  Hifl.  Torniel ,  A.  M.  2959.  »,  7. 2974  »•  S-  ^993'  "' 
3.  Salian,  -li.  M.  2963.  zp-feq. 

NAAS.  Cherchez  Ifaï. 

NAASSON,un  des  prédecefTeurs , félon  la  chair,  du  Fils  de  Dieu,' 
étoit  fils  d' Aminadab.  Il  fut  Chef  de  la  Tribu  de  Juda ,  quand  les  Hé- 
breux fortirent  de  lafervitude  d'Egypte.  *  Nombres, c.  i.i'. 7.  S.Mat- 
thieu, CI. 

[NAB ,  Rivière  de  Franconie ,  qui  paffe  dans  le  haut  Pâlatinat  &  fe 
décharge  dans  le  Danube, au  deffus  de  Ratisbonne.  Baudrand.] 

NAB  AL,  Juif  qui  demeuroit  aux  environs  du  défert  deZiph  prèsdfi 
Carmel  de  la  tribu  de  Juda,  ce  que  je  remarque  pourdittinguer  celieu 
du  Mont  Carmel  où  demeuroit  Elle.  Ce  Nabal  étoit  riche ,  mais  brutal. 
Un  jour  David,  que  Saiil  pourfuivoit  dans  le  defert,  lui  ayant  envoyé 
dix  de  fes  gens  pour  lui  demander  quelques rafraîchiflemens , illes retu- 
fa  &  répondit  avec  mépris.  David  voulut  fe  venger  de  ce  refus  ;  mais  Abi- 
gâïl  femme  de  Nabal ,  qui  étoit  une  perfonne  de  grande  vertu ,  agit  lî 
bien  par  fes  prières  &  par  fes  préfens  qu'il  fe  retira.  Cependant  Nabal 
mourut  dix  jours  après  en  2977.  du  Monde, &  David  époufa  Abigaïl, 
*  I.  des  Rois ,  25.  Torniel ,  Salian  &  Sponde ,  A.  M.  2977- 

NABATHEENS,  peuples  de  l'Arabie  Petrée.  S.  Ifidore  eftime  qu'ils 
ont  tiré  leur  nom  de  Naboth  ou  Nebajoth  fils  d'Ifmaël.  Ils  habitoient 
Petra,&  leurs  terres  avoient  l'Arabie  déferte au  Levant,  laPaleftineau 
Couchant, l'Arabie  heureulé  au  Midi,  &  la  Syrie  au  Septentrion.  Ce 
font  les  mêmes  que  Gabinius  défit  dans  un  grand  combat ,  comme  nous 
l'apprenons  de  Jofeph ,  li.  14.  Ant.  c.ii.c^i.de  klk ,  t.  6.  Strabon  ,l't.  16, 
Plme ,  li.  6,  Denys  l' Afriquain.  ^  a  dto  . 


^  NAB. 

NABIS  Tyran  de  Lacedemone,  étoit  redoutable'  à  caufe  de  fa 
cruauté  Philippe  fils  de  Demetrius,  qui  étoit  en  guerre  avec  les  Ro- 
mains, lui  céda  la  Ville  d'Argos.  L.  Quintius  réprima  rinfolencc  de  ce 
cruel  tyran; &par  la  prife  d'Argos  en  ss9-  de  Rome, il  fitcefferlesm- 
humanitez  qu'il  y  éxerçoit  par  lui  &  par  fa  femme.  On  lui  laifla  pour- 
tant Lacedemone,  où  il  fut  tué  quelque  tems  après.  *  Florus-,  k.-i.. 
Tite-Live,  Polybe,  &c  ■,". 

NABOLASSAR.  Cherchez  Nabuchodonofor  l'ancien,  ou  I.-de  ce 

NÂBONASSAR, premier  Roi  des  Chaldéens  ou  des  Babyloniens, 
depuis  le  démembrement  de  l'Empire  d'Affyrie ,  eft  célèbre  à  caufe  de  la 
faraeufe  Epoque.  Cefl  le  terme  d'où  Ptolomée  dit  qu'il  avoitûesOb- 
fervations  Aftronomiques.jufquesà  fontems.  Torniel,  Sponde,  Sa- 
lian  &  divers  autres  placent  cette  Epoque  enl'année  3367.duMonde, 
ayant  commencé  un  Mercredi  26.  Février  de  la  même  année  3906.  de  la 
Période  iulienne,747.  avant  Jesus-Christ, le  i.  delà  VIII. Olympia- 
de, &  la  6.  de  Rome  n'étant  pas  encore  achevée.  -LePerePetaulamet 
l'an  3137.  &  d'autres  Auteurs  ont  leurs  fentimens  particuliers.  Il  faut 
avouer  que  le  commencement  de  ce  nouvel  Empire  ues  Chaldéens  eft 
'lent  obfcur;&  ce  qu'on  en  peut  conjeéturer  eft  que  les  Baby- 


NAB.  NAC/ 

mes  de  Jerufalem.  Ce  fut  alors  qu'il  prit  tous  les  Thréfors -du Temple 
&  les  Vafcs  facrei  que  Salomon  avoir  fait  faire.  Cependant  Sedécias  fut 
rois  à  la  place  du  Roi;  &  il  fe  révolta  encore.  Pour  le  punir,  l'armée  des 
Chaldéens  entra  en  Judée ,  la  fubjugua  toute  ,&  affiégea  Jerufalem  ,  le 
10.  jour  du  ro.  mois  de  l'an  3444.  dts  Monde ,  neuvième  du  règne  de 
Sedécias.  Ce  Siège  dura  jufqu'au  5.  jour  du  quatrième  mois  de  l'an 
3446.  que  les  Chaldéens  étant  entrez  dans  Jerufalem  par  la  porte  des 
poiirons,&  s'étant  rendus  tout  à  fait  maîtres  delà  Ville  le  9. jour  dumê- 
me  mois,  il  firent  éprouver  aux  habitans  toutes  les  eruautez  dont  des 
barbares  vidlorieux  font  capables.  Sedécias  qui  fe  fauvoit  fut  pris  &  me- 
né à  Nabuchodonofor ,  qui  étoitàReblatha  de  Syrie.  Après  lui  a  voir  re- 
proché fou  infidélité  &  fon  ingratitude ,  il  fit  égorger  les  enfans  en  fa 
préfence,  lui  fit  crever  les  yeux,  le  chargea  de  chaînes,  &  l'emmena 
à  Babylone.  Cependant  il  envoya  Nabuzardan  ,_çour  achever  de  rui- 
ner Jerufalem.  Ce  Prince  ayant  fubjugué  les  Ethiopiens ,  les  Arabes , 
les  Iduméens,  les  l'hiiiftins,  les  Syriens,  les  Perfes,  les  Medes,  les 
Aflyrieiis,&  prefque  toute  l'Afîe,  voulut  être  adoré  comme  Dieu.  Il 
fit  faire  une  Statue  d'or, 8c  par  un  Edit  public  il  commanda  à  tousfes 
fujets>de  l'adorer.  J'ai  dit  ailleurs  comme  les  compagnons  de  Daniel 
ayant  refufé  de  l'adorer,  ce  Roi  irrité  les  fit  jetter  dans  une  fournaife 
ardente.  Le  même  Daniel  lui  avoit  déjà  expliqué  le  fonge  de  cette 


cxtrememw..v ,--       ^   ,     ,«•,  .-      .  ..-,,  ■», 

Ioniens  s'étant  révoltez  contre  les  Medes, qui  avoient  ruine  laMonar-  ... 

chie  AfTvrienne  fondèrent  fous  NabonalTar  Capitaine  ou  Gouverneur  i  Statue  myftique,qm  fignifioit  les  quatre  Monarchies.  Le  Roi  fit  enfui- 
Àe\  MpHp<;  un  État  qui  s'augmenta  beaucoup  dans  la  fuite,  fous  Nabu-  ,  te  celui  de  l'arbre  dont  la  tête  touchoit  le  Ciel, qui  couvroitlaterrede 

chodonoror.  Les  Auteurs  nlfont  pas  d'accord,  fur  la  queliion  qu'on  fait    '-'  '^-"'■'^"  ^  ^  '•--'^-  '^— '  ^"-  '-  '"'—  '^  "'■-'- ^" 

pour  favoir  qui  eft  ce  Nabonaffar.  Il  eft  conftantque  ce n'eft  point  Sal- 
aranafar ,  comme  Cedrene ,  Rainold  ,  Butinge ,  Funccius  ,  Mercator , 
X:odoman  &  d'autres  l'ont  afl'nré;  parce  que  ce  Salmanafar  étoit  Roi  des 
AlTyriens ,  régna  à  Niuive,&  eut  pour  fils  Sennacherib.  Au  contraire  Na- 
bonaffar régna  à  Babylone,  ScMerodach  que  Ptolomée  nommeMar^o- 
hmpade  a  été  fon  fils  &  fon,  fucceffeur.  11  eft  auffi  très-fûr ,  qu'il  n'eft  ni 

Te"latDhalazar,niPhul,commeGenebrard  le  croit;  m  aucun  de  ceux  ,   ,.       .-  .  ■     r- 

Gni°font  aEvmt  OU  apièsla  VIII.  01ympiade;maisplùtôtBaladan, dont  ,  tel.foit  par  une  maladie  qu  on  nomme  Lycantropie,  fou  par  un  trouble 
il  eft  i^arlé  dans  Ifaïe  &  dans  le  IV.  Livre  des  Rois ,  f  A.  20.  en  ces  ter-  1  de  fon  imagination ,  caufé  parla  Juftice  Divine,  Il  fut  chaffé  de  fon  Pâ- 
mes-Me/ <î^^c/;;  Baladan  films  Baladan  Rex  Babyloniontm.  Les  Curieux  :  lais  dans  la  campagne, où  il  demeura  fept ans, paiffant l'herbe  , comme 


fes  branches, &  à  l'ombre  duquel  tous  les  animaux  fe  retiroient;  mais 
qui  fut  coupé  &  couché  par  terre,  en  un  moment.  Daniel  expliqua  en- 
core ce  fonge  à  Nabuchodonofor,  du  changement  qui  devoit  arriver  en 
fa  perfonne.  Il  fut  étrange  &  incroyable;  car  ce  Prince  viftorieux  de 
toute  r  Afie ,  au  moment  qu'il  admiroit  la  magnificence  de  Baby]one,qu'ii 
avoit  rendue  une  des  plus  fuperbes  Villes  du  Monde ,  &  qu'il  fe  laiffbit 
emporter  à  un  mouvement  déréglé  de  vanité  &  de  complaifance,  fut 
transformé  en  bœuf;  non  qu'il  le  fût  véritablement;  mais  il  crût  être 


pourront  confulter  les  Auteurs  que  je  cite.  ^  I.desParaiipomenes,<:.  31. 
Ptolomé-,/.  4.  ^Imag.  c.  8.  Scaliger,^/.  ^.deemend.ump.p.'igi.ip-leq. 
Kriftman  ,  de  Connecî.  Annor.  Origan  ,  T.  /.  Uphem.  Remold ,  »»  Pruun. 
Yzu\.\,ili  9.  de  doa.  temp.  c  51.  e:?  /ec^.  li.  lO.c.-J  .cfeq.zy-  P.  U.  Ration. 
te;np.  li.  i.  iy  3.  Torniel,^.  M.  3306.  3331.  Genebrard,/.  i.  Chron. 
U'obo  Emmius,Zi.  2.  Chron.  er  li.  5.  Salian,?»  Prif.  T.  IV.  n.  14.  e/ 
A.  M.  3326.  V  3324.  »•  i5-  Sponde,  ^.  M.  3306.  T\x\xm.%,tn Chron. 
<.' c.  h-  Jean  George  Herart,  c.  227.  nova  Chron.  Lange,  de  Annis 
Chriffiji.  2.  c.  12.  Ifaac  Voliîiis  ,  c.  9.  C^;-o»./<jcr.« ,  Calviûus ,?»  C^ro». 
Paul Guldin  ',  li.  5.  cont.  Calvif.  Riccioli, C^ro;;.  reform.  P.I.l.s.c.S- zirc. 
Cherchez  Baladan.  '      t    >• 

NABONNIDE,  Nabonnadius ,  Nabonnidoque  ou  Labmet , 
Roi  de  Babylone,  ainfi  nommé  par  les  Auteurs  Profanes,  ayant  tué 
Balthazar  dernier,  de  la  race  de  Nabuchodonofor ,  régna  17.  ans  à  Ba- 
bylone. J'ai  déjà  remarqué  ailleurs  que  le  Canon  Aftronomique  ,  Be- 
rofe,Jofeph,Siilpice  Severe,faint  Maxime,  Scaliger,  Petau  &  divers 
autres  alTurent  que  ce  Prince  eft  le  même  que  Darius  le  Mede ,  &  que  Tor- 
niel, Salian,  Sponde,  &c.  ne  font  pas  de  ce  fentiment.  Cherchez  Da- 
rius le  Mede.  ,,       ,        ^,  ,     ,     ,       r 

NABOPOLASSAR  ou  Nabolassar.  Cherchez  Nabuchodonofor 

l'ancien  ou  I.  de  ce  nom. 

NABOTH ,  Juif,  natif  de  Jefreel ,  poffedoit  paiflblement  une  vi- 
gne. Achab  Roi  d'Ifraël  voulut  favoir,  pour  agrandir  fes  Jardins;  mais 
Naboth  la  lui  refufâ.  Ce  refus  chagrina  le  Roi ,  &:  Jezabel  fon  époufe 
ayant  appris  de  lui-même  le  fujet  de  fa  triftclTe,fe  railla  de  fa  fimplici- 
té.  Cependant  elle  écrivit  aux  premiers  de  la  Ville ,  d'où  étoit  Na- 
both, qu'on  trouvât  deux  faux-temoins  qui  diflent  qu'il  avoit  mal  parlé 
du  Roi-  Cela  fut  exécuté,  &  Naboth  fut  accufé,  condamné  &  lapidé  en 
vin  même  jour,  l'an  3123.  du  Monde.  Jezabel  en  porta  la  nouvelle  à 
Achab, qui  fut  d'abord  voir  cette  vigne, où  le  Prophète  Elielui prédit 
la  vengeance  que  Dieu  prendroit  de  ion  crime.*  III.  des  Rois  22.  Tor- 
niel, ^.  M.  3135.  ».  2.  „   -    ,     r,  ,   , 

NABUCHODONOSOR  I.  ou  l'ancien  ,  Roi  de  Babylone  ,  K 
le  même  que  Berofe  &ks  autres  Auteurs  nomment  Nabolaflar.  Ilfuc- 
céda  à  fon  père  Ben-Merodach  l'an  3407-  du  Monde,  &  régna  21.  an , 
jufqu'en  3429.  que  fon  fils  Nabuchodonofor  II.  qu'il  avoit  déjà  affo- 
cié  à  la  Couronne,  lui  fuccéda.  *  Torniel  &  Salian,  A.  M.  3.1.08. 


C7C, 


(l3=  Il  faut  fe  fouvenir  au  fujet  de  ce  Roi, -que  divers  Auteurs  ont 
confondu  les  deux  Nabuchodonofor,  le  père  &  le  fils  ;&  qu'on  ne  penfe 
pas  que  le  premier,  qui  eft  nommé  Nabolafl'ar,foit  le  même  que  Ptolo- 
mée appelle  Nabopohflar  ou  Nabocolaffar ,  comme  Scaliger  femblc 
l'avoir  dit.  Torniel  fait  cette  diftindlion  &  veut  que  Nabolaff'arfoit  Na- 
buchodonofor le  pere,&  l'autre  foii  fils.  Comeftor,  Hiji.  Scol.  in  c.  5. 
Baniel.  Scaliger ,/i.  5.  de  Emend.  temf.  Ptolomée,  li.  5.  Almag.  c.  14. 
Torniei;  A.  M.  3408.  3429.  c^c.    "     ' 

N  A  B  U  C  H  O  D  O  N  O  S  O  R  II.  dit  /«  Grand,  fils  du  premier , 
commença  fon  règne  du  vivant  de  fon  père.  Il  fit  la  guerre  contre  les 
Afl'yriens  &  les  Egyptiens  ;  &  étant  mal  fatisfait  de  Joakim  Roi  des 
Juifs,  qui  s'étoit  allié  avec  Nechao  Roi  d'Egypte, il  l'attaqua  dans  fes 
Etats ,  prit  Jerufalem  ,  emporta  fes  richeffes ,  &  fit  ce  Roipnfonnier.  Ce- 
la arriva  l'an  3428.  du  Monde,  128.  de  Rome,  en  la  XVIII.  Olym- 
piade. Enfuite  Nabuchodonofor  fe  retira  dans  fon  pais,  pour  re- 
cueillir la  fucceffion  du  P^oyaume  de  fon  père, dont  ilappritlamortou 
dans  la  Judée,  ou  dans  les  Provinces  voifines.  Plufieurs  Auteurs  ettiment 
avec  Eùlébe  &  laint  Jérôme,  que  ce  fut  alors  que  Daniel,  Ananias, 
Mifaël  &  Afarias  furent  tranfportez  en  Babylone.  Nabuchodonofor 
avoit  lailTé  Joakim  fur  le  Trône ,  s'étant  contenté  de  lui  impofer  un 
grand  tribut.  Ce  Prince  aveuglé  fe  révolta  trois  ans  après  ;  mais  il  lui 
en  coûta  le  Royaume.  Depuis  fon  corps,  félon  la  predidion  de  ]ere- 
mie, fut  jette  hors. de  Jerufalem  , fans  fèpulture.  Joachim  nommé  aufti 
Jéchonias  lui  fuccéda.  "Nabuchodonofor  le  vint  encore  prendre  &  l'em- 
mena captif  à  Ba'oylone,avec  fa  femme,  fes  enfans,  &  dix  mille  hom- 


es animaux.  A  près  ce  tems,  la  Raifon  lui  fut  rendue  ,&  il  fut  remis  fur 
le  Thrône;reconnoiffant,par  ce  châtiment  épouvantable, la  puiffancc 
&  la  bonté  du  Vrai  Dieu.  11  ne  vécut  qu'un  an  après,  qu'il  employa  fi 
bien  par  les  confeils  de  Paniel ,  que  S.  Auguftin ,  S.  Jérôme ,  S.  Epipha- 
ne ,  Thêodorct ,  &c.  citez  par  Pererius  ,  ne  doutent  point  de  fon  falut , 
fe  fondant  fur  ce  que  depuis  fa  pénitence,  l'Ecriture  ne  parle  point  d'au- 
cune faute  qu'il  ait  faite.  11  mourut  l'an  3471.  du  Monde,  171.  de  Ro- 
me,la  XLVIII.  Olympiade, ran43.defon  règne.  Ce  fut  la  ç.  année  du 
même  règne  qui  étoit  la  127.  de  Nabonaflar,  3433.  du  Monde,  qu'arri- 
va cette  Hclipfe  de  Lune  dont  parle  Ptolomée  ;  &  qui  eft  le  fondement  le 
plusjufte  de  toute  la  Chronologie  de  fon  règne.  *  IV.  Livre  des  Rois , 
Daniel ,  Jeremie ,  Ifaie ,  &c.  Pererius ,  lib.  5.  in  jDa«/e/.  Jerfeph.  /;.  10.  Ant. 
Torniel ,  Salian  &  Sponde ,  in  Annal,  -vet.  Teft.  A.  M.  3429.  ^feq.  Gene- 
brard ,  Gordon  ,  Mercator ,  Funccius ,  Lange ,  Scaliger,Petau,  Calvifius , 
Riccioli,  &c. 

NABUCHODONOSOR,  Roi  de  Ninive,  dont  il  eft  parlé  dans 
le  Livre  de  Judith.  Le  Colofle  que  Nabuchodonofor  vit  en  fonge  ,  avoit  la 
tête  d'or;  la  poitrine  &  les  bras  d'argent;  le  ventre  &  les  cuiffes  d'airain  ôc 
les  jambes  de  fer.  Les  quatre  métaux ,  dont  cette  ftatuë  étoit  faite ,  repi-d- 
fentoient  les  quatre  grandes  Monarchies  du  Monde;  celle  des  AlTyriens , 
celle  des  ferfes,  celle  des  Grecs  &  celle  des  Romains.  La  tête  d'or  repré- 
fentoit  la  Monarchie  des  Afl'yriens  confiderable  par  fes  grandes  richefles 
&  par  fa  puiffance.  Ce  fut  Ninus  qui  en  jetta  les  fondemens ,  &  elle  ne  finit 
qu'à  Sardanapale,  ayant  duré  1300.  ans  comme  dftjuftini;.  i.&i  500.11 
on  confidére  fa  durée  par  le  Royaume  des  Chaldéens ,  qui  en  étoit  une 
fuite.  La  poitrine  8c  les  bras  d'argent  repréfentoient  l'Empire desPerfes 
commencé  par  Cyrus ,  agrandi  fous  Cambyfe ,  8c  fini  fous  Darius.  L'Em- 
pire des  Grecs  ou  des  Macédoniens, qui  repréfentoient  le  ventre  ôcles 
cuiffes  d'airain,  fut  établi;  par  Alexandre  le  Grand  ,  8c  ne  dura  que  fort 
peu.  Mais  celui  des  Romains,  repréfenté  par  les  jambes  de  fer ,  devint  le 
maître  de  tous,  il  dura  1160.  ans,  depuisla  fondation  de  Rome,  jufqu'à 
fe  prife  par  Alaric  Roi  des  Gots.  11  a  été  lui  feul  plus  grand ,  que  tous  les 
autres  enfemble.  Le  fer  qui  le  repréfentoit  fignifioit  les  guerres  qu'il  lui 
a  falu  effuyer ,  pour  s'établir  &:  pour  fefoûtenir.  Ce  Colofle  elfroyable 
par  l'idée  qu'on  en  donne  fut  renverféparune  petite  pierre, qui  fadéta- 
cha  de  la  montagne.  Se  qui  en  tombant  lui  cafla  le  pied  d'argile  ,donti! 
étoit  foûtenu,  *  Daniel  c.  2.  Judith,  Salianus  ,Torniellus,  Anno  Mundi 
2572.  [S'il  y  a  jamais  eu  «n  Niîtoéo<&»o/o/- à  Ninive ,  différent  du  pré- 
cèdent,il  eft  bien  certain  que  ce  ne  fut  pas  lui  qui  vit  la  ftatuë,  dont  par- 
le l'Auteur  ;  puis  que  Daniel  alTure  très-clairement  que  ce  fut  un  Roi  de 
Babylone ,  qui  eut  ce  fonge.  Dan.  c.  II.  ] 

NABUZARDAN,  grand  Maître  de  la  milice  de  Nabuchodono-i 
for  le  Grand,  Roi  de  Babylone.  Ce  Roi ,  après  la  prife  de  Jerufalem  ,  en 
3446.  du  Monde ,  l'envoya  en  cette  ville,  pour  achever  de  ruiner  le  Tem- 
ple, le  Palais  du  Roi,  tous  les  édifices  publics  qui  pouvoient  être  confide- 
rables ,  8c  les  murailles.  Ce  qui  fut  exécuté.  Nabuzardan  tira  de  prifon  le- 
Prophète  Jeremie.  *  IV.  des  Rois ,  c.  25.  Jeremie ,  c.  39.  ep-yéj. 

NACCHIANTE,  connu  fous  le  nom  de  Naciantus  (Jaques) Re- 
ligieux de  l'Ordre  de  faint  Dominique, 8c  puis  Evêque  deChoziadans 
fEtat  de  Venife ,  étoit  de  Florence.  Il  s'avança  dans  l'étude  de  la  Théo- 
logie ,  qu'il  enfeigna  aux  Religieux  de  fon  Ordre  à  Rome  ;  ?:C  le  Pape  Pauî 
III.  le  fit  Evêque.  Nacchiantefe  trouva  au  Concile  de  Trente,  il  fut  efti- 
mé  par  lès  Ouvrages ,  8c  mourut  le  fixiéme  Mai  de  l'an  mille  cinq  cens 
foixante  neuf.  Nous  avons  dclui.  De  Papier  Conciliipotejiate.  De  maxi- 
me Pont'ificatu , max'imoque  Sacerdotio  Chr'tfii.  Enarratio  in  Epiftolam ad 
Ephefios.  Interpretaiio  Epifl.  ad  Romanos:  Medulla  fiacrs.  &criptur& ,  ct-c. 
*  Antoine  de  Sienne ,  ^ibl.  Domin.  Ughel ,  Ital.  Sacr.  Le  Mire  ,  de  Script. 
fic.  XV 1.  Ghilini ,  Tiieat.  iHuom.  Letter.  eyc. 

NACHOR,  fils  de  Sarug,  ayeul  d'Abraham,  naquit  l'an  1880.  du 
Monde.  A  l'âge  de  30.  ans,  il  eut  Tharé,  8c  mourut  âgé  de  148.  ans, en 
2027.  du  Monde.  Il  eft  différent  de  Nachor  fils  de  Tharé,  8c  frère  d'A- 
braham 8c  d'Aran,  Se  qui  époufaMelcha  fille  de  ce  dernier.  'GenereXII. 
Torniel  8c  Salian ,  in  Annal,  vet,  lefi.  Pererius ,  in  Genef.  ce. 

NA- 


NAC.  NAD.  NAE.   , 

NACLANTUS.  Cherchez  Nacchiante. 

.NAPAB&  Abiu  .Lévites  .fils d'Aaron.  Ils  avoient  négligé  de  rem- 
P'ir  leurs encenfoirs  du  feu  Saint, qu'on  avoitfoin d'entretenir; 8c ayant 
P^is  d'un  feu  étranger  dans  leurs  encenfoirs ,  ils  moururent  dans  le  Ta- 
bernacle même, l'an  2,54;.  du  Monde.  Un  feu, que  Dieu  lança  contre 
eux ,  les  tua  fur  le  champ.  *  Levitique^io.  Voyez  Abiu ,  Torniel ,  A.  M. 
2545.  nitm.  A. 

NADAB  ,Roi  d'ifraël ,  fuccéda  à  fon  père  Jéroboam  l'an  3081.  du 
Monde.  Il  fut  imitateur  des  focrikges  &  des  impietez  de  fon  père.  Il  eft 
vrai  qu'il  ne  les  continua  pas  long-tems ,  parce  qu'après  un  règne  de 
deux  ans ,  Baafa  ,  un  de  fes  Généraux  ,1e  tua  en  trahifon  ,  &  fe  faifit  du 
trône.  *  III.  des  Rois ,  c  1 5.  Torniel  &  Salian,  ^.  M.  308 1.  c  3081. 

NADASTI ,  (François)  Préfident  du  Confeil  Souverain  de  Hon- 
grie, fut  un  des  principaux  Chefs  de  la  révolte  des  Hongrois,  qui  com- 
mença en  1665.  les  autres  étoient  le  Comte  de  Serin,  Frangipani,&Ra- 
gotski.  L'an  1 666.  François  Weffelini  Palatin  de  Hongrie ,  étant  mort ,  le 
Comte  NadalU  fit  fupplier  l'Empereur  de  lui  accorder  cette  dignité, 
mais  ce  Prince,  qui  n'étoit  pas  alTuré  delà  fidélité  de  NadalH,  ne  voulut 
pas  élever  à  un  polie  qui  eft  le  plus  important  du  Royaume,  un  homme 
qui  etoitdéja  Préfident  du  Confeil  Souverain  ,&  qui  ne  s'étoitaquis  que 
trop  de  crédit  &  d'autorité  dansl'efprit  des  peuples.  Quelques  mémoi- 
res difent  que  Nadafti ,  indigné  de  ce  refus ,  gagna  un  Charpentier  qui  tra- 
vailloit  à  un  nouveau  bâtiment  que  l'Empereur  faifoit  faire  dans  fon  Pa- 
lais, pour  loger  l'Impératrice  Eleonore,&  engagea  ce  traître  à  mettre  le 
feu  à  cet  Apartement,  afin  que  dans  le  tems  que  l'Empereur  fe  fau- 
veroit  de  l'embrafement ,  les  Conjurez  (qui  dévoient  fe  mettre  en 
cmbifcade)  lui  puffent  ôter  la  vie, ou  du  moins  fefaifirdefaperfonne. 
Le  Palais  fut  embrafé  le  z3.deFévrier  1668.  mais  Nadafti  ne  pût  exécu- 
ter fon  deflein.  Croyant  mieux  réiiffir,  par  le  poifon  que  par  le  fer  ,  il  in- 
vita l'Empereur ,  l'Impératrice  &  toute  la  Cour  à  venir  prendre  le  5.  d'A- 
vril 1668.  le  divertiffement  de  la  Pêche, àPuttendorf  :  &ordonnaàfon 
Cuilinier  de  faire  une  Tourte  de  pigeonneaux  empoifonnée  ,pour  pré- 
fenter  devant  l'Empereur  qui  airaoit  extrêmement  la  patifferie  :  mais  la 
Comteffe  Nadafti  eut  horreur  de  ce  crime,  &  commanda  à  ce  Cuifînier 
de  faire  promptement  une  Tourte  pareille  à  celle  qui  avoit  été  empoifon- 
née ,  &  la  fit  fervir  fur  la  table  de  l'Empereur.  Nadafti  n'ofa  fe  venger  con- 
tre fa  femme ,  &  chercha  quelque  autre  moyen ,  pour  attenter  à  la  vie  de 
fon  Prince.  II  tâcha  en  1669.  &  1670.  d'empoifonner  le  Puits, dont  il 
croyoit  que  l'on  tiroit  l'eau  pour  fes  cuifines:  mais  tous  ces  détettables 
artifices  n'eurent  aucun  effet.  Enfin  Nagiferents ,  Secrétaire  de  la  Ligue 
ayant  été  pris  en  1670.  on  trouva  dans  fes  Papiers  des  preuves  que  Nadafti 
avoit  part  à  la  conjuration  du  Comte  de  Serin  ,&  des  autres  Chefs.  Na- 
dafti ne  fe  crût  plus  en  fureté,  lors  qu'on  lui  eut  donné  avis  de  l'emprifon- 
nement  de  Nagiferents ,  &  il  affembla  cinq  cens  hommes  pour  le  condui- 
re à  Venife,  mais  ils  arrivèrent  trop  tard  d'un  jour.  Le  Lieutenant  Colo- 
nel du  Régiment  de  HeiCer  vint  inveftir  fon  Château  ,&  le  furprit  dans 
fon  lit.  De  là  il  le  conduifit  à  'Vienne  ,  où  ce  perfide  Miniftre  fe  condamna 
d'abord  lui-même,  &  prefenta  une  Requête  à  FEmpereur,  par  laquelle 
il  le  prioit  de  fe  contenter  de  le  punir  dans  fa  vie ,  &  dans  fes  biens ,  &  d'é- 
pargner fes  enfans  qui  n'avoient  point  de  part  àfon crime.  Néanmoins 
quelque  tems  après  ,  il  écrivit  au  Grand  Vizir ,  qui  étoit  alors  à  Andri- 
nople:mais  fa  Lettre  fut  interceptée;  &  lui  ayant  étérepréfentée,ilne 
voulut  pas  la  reconnoître;mais  il  fut  convaincu,  quand  on  l'obligea  de 
montrer  fon  cachet,  dont  on  confronta  l'empreinte  avec  celle  de  la  Let- 
tre. Son  procès  ayant  été  inftruit  dans  les  formes  delà  Juftice,  il  fut  con- 
damna avoir  le  poing  droit  coupé ,  &  la  tête  tranchée  :  &  tous  fes  biens 
confifqïïêz  àrEmpereur,&  fa  famille  dégradée  de  noblefle.  (La  même 
Sentence  fut  rendue  contre  le  Comte  de  Serin  ,& contre  Frangipani.) 
Mais  l'Empereur  lui  fit  la  grâce  de  le  décharger  de  la  condamnation  à 
avoir  le  poing  coupé.  Les  principaux  Chefs  d'Accufarion  contre  lui , 
croient.  Qu'il  avoit  fait  des  Ligues  défendues  contre  fon  Seigneur  légiti- 
me ,  ^  eflayé  par  des  moyens  illicites  de  faire  pafler  le  Royaume  de  Hon- 
grie en  d'autres  mains  :  qu'il  avoit  plufieurs  fois  attenté  à  la  perfonne  mê- 
me de  l'Empereur,  Se  fuborné  des  gens  pour  le  tuer,  &  pour  l'cmpoifon- 
ner:  &  qu'il  avoit  écrit  une  Lettre  fcandaleufe,à  tous  les  Etats  du  Ro- 
yaume ,  pour  les  obligera  prendre  les  armes  contre  l'Empereur.  L'exécu- 
tion de  la  Sentence  fefitle3o.  Avril  i67i.dansrHôtel  de  ville  de  Vien- 
ne. Il  fut  mis  enfuite  dans  un  cercueil ,  &  expofé  fur  un  échafaut  à  la  vue 
du  peuple.  Sur  le  foir  on  le  porta  en  l'Eglife  des  Auguftins ,  pour  y  être  in- 
humé. L'Empereur  permit  au  Chiaous  Hagi  Ibrahim  ,  qui  étoit  alors  à 
Vienne ,  &  à  tous  les  Turcs  de  fa  fuite ,  d'affifter  à  cette  exécution.  Ce 
Chiaous  voyant  à  terre  la  tête  de  Nadafti ,  dit  à  l'Interprète  de  l'Empe- 
reur, il  "vient  de  recevoir  la  punition,  qu'il  cherchait  depuis  long-tems ,  e/  :^uil 
abienméritée.  Les  Enfans  de  Nadafti ,  qui  étoient  condamnezà  quitter  le 
nom  &  les  armes  de  leur  famille  ,  prirent  celui  de  Crutiemberg.  *  Hif- 
toirc  des  Troubles  de  Hongrie.  SU  P. 

NADIN.Fort  dansIeGomtédeZara,enDalmatie.  Soliman  IL  s'en 
rendit  maître  par  compofition,la  Garnifon  qui  n'étoit  que  de  150.  Ita- 
liens, ne  pouvant  pas  réfifter  aune  fi  puiflante  armée.  L'an  1647.  le  Gé- 
néral Pifani  reprit  cette  forterefle ,  que  les  Vénitiens  cédèrent  enfuite 
aux  Turcs.  En  i68z.  les  habitans  de  Nadin, l'abandonnèrent  de  nuit, 
après  y  avoir  mis  le  feu  ;  &  accuferentles  Morlaques  de  cet  incendie.  Le 
29.  Mars  1683.  Mehemet  Aga  s'approcha  de  Nadin  à  la  tête  de  cent  cin- 
quante Chevaux,  dans  le  deflein  de  s'y  rétaUir;  mais  un  bon  nombre  de 
Sujets  de  la  République  réfolurent  de  l'occuper, &  d'ôter  cette  retraite 
à  leurs  ennemis:  ce  qu'ils  exécutèrent,  dansle  tems  que  le  Général  Donà 
étoit  Gouverneur  de  cette  Province.  *  P.  Cotonelli ,  Befcription  de  la 
Morée.  SU  P. 

NAERDEN.  Cherchez  Narden. 

Cn.  NiEVIUS  Poëte  Latin  ,  avoit  porté  les  armes ,  &  de  foldat  il 
devint  faifeur  devers.  Il  fit  repréfenter  une  de  fes  Comédies,  pour  la  pre- 
mière fois  l'an  5i9.deRome.  NseviuscompofauncHiftoireenvers,& 
diverfes  Comédies.  Sa  Poëfie  un  peu  fatirique ,  ofFenfa  la  famille  des  Me- 
tellus,qui  étoit  très-puilTante.  Aufli  fut-il  chafl'é  de  Rome.  Il  fe  retira 
à  Utique  en  Afrique ,  où  il  mourut  en  5  5 1 .  de  Rome.  *  Aulu-Gelle,  U.  1 7 . 
c.zi.  Saint  Jérôme ,  in Chron.  VolTius , de Hiji.  Lat, lt,l,c,l.  de Poet.  c.  I. 

JeOrat.JnJl.li.4..c.iQ,Seôî,2'<yii» 
Tem.  IV, 


NAE.  NAG.  NAH.  NAÎ.         3 

[  NjÏVIUS  Pollio ,  étoit  fi  grand  qu'il  furpaflbit  d'un  pied  tous 
les  plus  grands  hommes  de  foii  teins.  Voyez  Pline ,  Hift.  Nat.  Liv.  vu. 
c.  16.  Columella ,  de  R.  R.  Liv.  1 1 1.  c.  8. 8c  S.  Augujiin ,  Let.  xiv.  de  l'Ed» 
des  Bénedidlins.  ]  • 

N^VIUS.  Cherchez  Affius  Nœvius. 

N/EVIUS  (Gafpard)  Médecin  Alleman  étoit  de  Chamm'tz  dans  la 
Mifnie.'Il  voyagea  en  Italie,  où  il  fe  rendit  très-habile,  &  à  fon  retour  il 
fut  Médecin  de  Maurice  èc  Augufte ,  Eledleurs  de  Saxe.  On  a  un  de  fes 
Traitez  adreffé  à  Matthiole,  &  quelques  autres  pièces  de  fa  façon.  Con- 
fultez  les  Auteurs  citez  après  Jean  Nsevius. 

NiEVIUS  (Jean)  Médecin  renommé  dans  fon  Siècle  ,  fvere  de 
Gafpard  Naevius ,  naquit  en  1499.  Il  étudia  en  Italie  &i  il  eut ,  comme  fon 
frerc,  beaucoup  de  part  en  l'amitié  du  même  Pierre  André  Matthiole  ,  à. 
qui  il  fournit  des  mémoires  pour  fon  Ouvrage  des  plantes  ;  ce  que  cet' 
Auteur  avoue  dans  la  Préface  de  fon  Livre.  Jean  Nasv-iusmourutle7. 
Juillet  de  l'an  1574.  âgé  de  75.  ans.  *  Petrus  Albinus,;»  Chron.  Mifn. 
Matthiole ,  in  Epifi.  in  Vit.  Germ.  Medk.  vc 

NAG AYE ,  ou  Horde  des  Nagayes  :  Peuples  de  la  Tartarie  dé- 
ferte  ,  vers  la  mer  de  Sala.  L'an  1400.1a  Tartarie  Occidentale  fut  diviféc 
en  deux  Royaumes ,  l'un  appelle  de  Zavolh  ,  au  delà  du  Hcuve  Volga  ;  &c 
l'autre  de  Crim  ,  ou  de  Precops ,  au  deçà  de  ce  Fleuve ,  vers  la  mer  de  'Za- 
bache.  Du  Royaume  Zavolh,  ftfe  forma  enfuite  trois  Hordes ,  ou  Ban- 
des, favoir  de  Nagaye,de  Cafan  ,8jd'Aftracan.  La  Nagaye  eft  tribu- 
taire de  l'Empereur  de  Mofcovie.  *  Horniiis,  Orb.  imper.  Tavernier, 
Voyage  de  Perfe,  U.  2-  SU  P. 

[nagera  Ville  d'Efpagne  en  Caftille  la  Vieille ,  autrefois  Epifco- 
pale.  U  eft  fait  mention  de  fon  Evêque  dans  un  Aéle  de  l'an  11  Oi.  Ban- 
drand,  in  Di6îion,  P.  de  Marca,  in  Marca  Hijp.~\ 

NAGOLDE.  Cherchez  Nalgode. 

NAHUM  d'Elcefe,un  des  XII.  petits  Prophètes ,  a  prophetizé  com- 
me on  l'eftimCjfous  le  règne  d'Ezechias.  Nous  avons  trois  Chapitres  de 
fa  Prophétie.  Jofeph  afiure  qu'il  vivoit  du  tems  de  Joatham  ;  mais  ce 
fentiment  n'eft  pas  fuivi ,  non  plus  que  celui  de  l'Auteur  de  la  grande 
Chronique  des  Hébreux  8c  de  Genebrard  ,qui  mettent  ce  Prophète  au 
tems  de  Manafles.  *  Jofeph  ,  U.  9.  «.  1 1 .  S.  Jérôme ,  Prof,  in  Nah.  S.  Epi- 
phane ,  in  Vit.  Proph.  Chriftophle  à  Caftro  ,li  4.  c.  4.  de  Proph.  Serrarius , 
Ribera,8cc.  in  Nah.  Salian,^.  -M.  3315.  ».  19.  Torniel ,  3311.».  3.  es" 
4.  Henri  Philippi,  in  Manuali  Chronol.  zsfc. 

NAJAC,  petite  Ville  de  France  en  Rouergue.  Elle  eft  fituée  fur  l'A- 
veirou  entre  'Ville-Franche  en  Rouergue  8c  S.  Antonin.  Najac  a  été  célè- 
bre durant  la  guerre  des  Huguenots ,  elle  eft  renommée  par  fon  vitriol. 

NAÏADES, Nymphesdes  Fontaines  8c  des  Fleuves, que  les  Payens 
honorpient  comme  des  Divinitez.  Ce  nom  vient  de  >««K^i  lignifie  cou- 
ler. ■*  Servius  le  Grammairien.  SU  P. 

NAJARA,  petite  Ville  d'Efpagne  dans  la  Province  de  Rioja  autre- 
fois de  la  Navarre  'èz.  aujourd'hui  de  Caftille  la  Vieille.  Elle  a  titre  de  Du- 
ché ,  8c  eft  fituée  entre  Logrono  i^  Calahorra.  Mariana  en  fait  mention  , 
pariant  de  la  bataille  qui  s'y  donna  entre  Pierre ,  dit  k  Cruel ,  8c  Henri , 
Rois  de  Caftille. 

NAIBOD A  (  Valenrin  )  natif  de  Cologne  vivoit  fur  la  fin  du  XVI.' 
Siècle.  Il  s'attacha  particulièrement  aux  Mathématiques  8c  àl'Aftrono- 
mie.  Il  voyagea  en  Italie  i^  il  s'y  arrêta  à  Padouë ,  où  U  compofa  des  Com- 
mentaires fur  Ptoloinée.  Il  a  fait  auffi ,  Aftronomicarum  Inftitutiontim  Lib. 
111.  Comment,  in  Alchabilitun  ,  in  Spharam  Joannis  à  Sacrobofco ,  c?c.  On 
rapporte  une  chofe  finguliere  de  Naiboda ,  c'eft  que  s'entretenant  un 
jour  avec  fes  amis,  il  leur  dit  qu'il  mourroit  bien-tôt  de  mort  fubite ,  Si 
qu'il  en  étoit  perfuadé  par  fon  horofcope  qu'il  a  voit  fait  depuis  peu.  On 
fe  moqua  de  ce  qu'il  difoit;  cependant  cinq  ou  fix  mois  après,  il  difparut 
tout  d'un  coup.  On  criit  d'abord  qu'il  étoit  allé  faire  quelque  voyage  ; 
mais  fon  hôte  s'ennuyant  d'attendre  fit  ouvrir  la  porte  de  la  Chambre 
qu'il  luilouoit ,  8c  on  y  trouva  le  cadavre  du  malheureux  Naiboda,à  demi 
pourri.  On  aflure  que  quelques  Savans  envieux  de  fon  mérite  l'avoienC 
fait  aflaffiner.  Tomafini,  in  eleg.  deSl.  Viror. 

NAILLAC  (Philibert  de)  trente -troifiéme  Grand -Maître  de  l'Or- 
dre de  Saint  Jean  de  Jcrufalera  ,dont  le  Couvent  étoit  en  ce  tems-làà 
Rhodes ,  fuccéda  en  1396.  à  Ferdinand  d'Heredia.  Il  étoit  de  la  Langue 
de  France  &  Grand  Prieur  d'Aquitaine.  Sigil'mond  Roi  de  Hongrie,  lui 
demanda  du  fecours  contre  Bajazet,ce  qui  l'obligea  de  fe  trouver  dans 
l'armée  Chrétienne  avec  la  fleur  de  fes  Chevaliers  l'an  r  396.  LesFran- 
çois  par  un  point  d'honneur  s'étant  avancez  les  premiers,  &  ayant  percé 
jufques  aux  Janifl'aires  de  la  Gardé  de  Bajazet,  furent  iriveftis,  &  la  plu- 
part mis  en  pièces.  Le  Grand  Maître  fit  la  retraite  en  combattant  vail- 
lamment ,  &  accompagna  toujours  le  Roi  Sigifmond  qu'il  conduifit  à 
Rhodes ,  où  ft  le  traita  avec  une  magnificence  Royale.  Bajazet  enfuite  ap- 
prochant de  Conftantinople ,  pendant  que  l'Empereur  étoit  venu  deman- 
der du  fecours  en  France ,  l'Impératrice  qui  craignoit  l'événement  du 
fiége ,  envoyales  joyaux  de  l'Empire  au  Grand  Maître.  En  ce  même  tems 
Théodore  Porphyrogenete ,  Defpote  de  la  Morée ,  Duc  de  Sparte  8c  frère 
de  l'Empereur  de  Conftantinople,  intimidé  à  la  nouvelle  de  l'arrivée  des 
Turcs,  paffa  à  Rhodes,  8c  vendit  au  Grand-Maître  &i  à  la  Religion  fon 
Defpotatde  Sparte  8c de Corinthe, pour unegroflTefommed'argent, qui 
lui  fut  payée  :  mais  l'Evêque  de  Sparte ,  Grec  de  nation  ,  fouleva  le  peuple 
8c  cette  vente  ne  fut  exécutée  qu'à  l'égard  de  la  Seigneurie  de  Corinthe 
qui  fut  enfuite  remife  entre  les  mains  du  Defpote  :  lequel  rendit  les  de- 
niers qu'iï  avoit  reçus  ;  8c  donna  le  Comté  du  Soleiï ,  8i  la  Baronnie  de  Ze- 
tonne,pour  doinmages  8c  intérêts.  Auffi- tôt  que  Bajazet  eut  levé  le  liè- 
ge de  devant  Conftantinople  lé  Grand  Maître  renvoya  lesjoyaux  qui  lui 
avoient  été  confiez.  Aprèsla  défaite  deBajazet, 8c  la  retraite  de  Tamer- 
lan,  l'Ordre  jouît  de  quelque  repos  ;  ce  qui  donna  heu  au  Grand  Maître  de 
Naillac  de  dreffer  une  Flote ,  avec  laquelle  il  courut  les  côtes  de  la  Carie , 
où  il  prit  un  fort  Château  fur  les  Turcs,  fitué  dans  la  Prefqu'lfle,  fur  les 
ruines  de  l'ancienne  Halicarnafle ,  Capitale  du  Royaume  de  Carie.  Il  for- 
tifia encore  cette  Place ,  8c  la  nomma  le  Château  Saint  Pierre.  Quelques 
Hiftoriens  aflurent  qu'il  y  avoit  une  race  de  gros  chiens,  qui  gardoient 
les  dehors  du  Château  ,8c  qui  par  un  inftinél  admirable dilcernoient  les 
Chrétiens  d'avec  les  Turcs  :  aboyant  aprèsceux-ci,8cconduilantlesau- 
tres  jufques  fous  Içs  murailles  du  Château.  L'an  i403'  le  Grand  Maître 
^      A  2  '  ^'  moyen». 


4       NAÎ.  NAK.  NAL.  NAM, 

moyenna  la  paix  entre  le  Roi  de  Cypre ,  &  la  Seigneurie  de  Gènes  ;  &  ter- 
mina une  guerre  de  fi  pernicieufe  confequence  entre  des  Chrétiens.  En 
ce  tems,le  Soudan  d'Egypte  envoya  un  Ambafladeur  à  Rhodes  fOÙ  l'on, 
conclut  une  trêve,  pendant  laquelle  il  y  auroit  liberté  de  commerce  en- 
tre les  Sujets  du  Soudan  ,&  les  Nations  Françoifes  &  Latines.  La  Reli- 
gion qui  etoit  fort  puilTante  obtint  encore ,  qu'elle  auroit  fix  Chevaliers 
ou  Religieux ,  dans  fon  ancien  Hôpital  de  Saint  Jean  de  Jerufalem  ,  pour  y 
recevoir  les  Pèlerins  :  &  qu'il  feroit  permis  de  ceindre  de  murailles  le  faint 
Sépulchre.  L'an  1 409.  le  Grand  Maître  de  Naillac  fe  trouva  au  Concile  de 
Pife,oii  les  Cardinaux  affemblez  lui  donnèrent  la  garde  &  les  clefs  du 
Conclave.  Après  l'éledion  duPapeAlcxandreV.il  tint  un  Chapitre  Gé- 
néral à  Aii:  en  Provence,  &  y  fit  de  beaux  Reglemens  pour  le  bien  delà 
■  Religion.  En  1417.  le  Soudan  d'Egypte  demanda  du  fecours  aux  Cheva- 
liers de  Rhodes  contre  les  Turcs,  qui  étoient  entrez  fur  fes  terres  :&  le 
Grand  Maître  lui  envoya  deux  Galères,  mais  il  défendit  aux  Capitaines 
de  defcendreà  terre ,  parce  que  la  Religion  avoit  paix  avec  le  Turc  fur 
terre ,  &  non  pas  fur  mer.  Cet  illuttre  Grand  Maître  ayant  mis  ordre  aux 
affaires  de  la  Religion  dans  l'Italie ,  retourna  à  Rhodes  en  i4ir.  &  y 
finit  fes  jours,  après  un  règne  de  vingt-cinq  ans, pendant  lequel  il  avoit 
donné  des  marques  d'un  courage  &  d'une  prudence  extraordinaire.  Il 
eut  pour  Succeffeur  Antoine  Fluviani.  *  Bofio  ,  Hiftoire  de  l'Ordre  de  S. 
Jeande  Jerufalem. fichent.  Privilèges  de  l'Ordre.  SU  P. 

NA  1  LO  R  (Jaques"!  Impolleur,  natif  du  Diocefe  d'York  en  An- 
gleterre,  après  avoir  fervi  quelque  tems  de  Maréchal  des  Logis  dansie 
Régiment  du  Colonel  Lambert ,  il  fe  retira  parmi  les  Trembleurs  (  qui 
eft  une  Sefte  d'Hérétiques)  &s'aquittantde  réputation, parfesdifcours 
&  par  (a  fimplicité  apparente ,  qu'ils  le  regardèrent  comme  un  faint  hom- 
me. Voulant  profiter  de  la  bonne  opinion  qu'on  avoit  de  lui ,  il  réfolut 
en  1656.  d'entrer  dans  Brillol ,  en  plein  jour ,  monté  furun  cheval ,  dont 
un  homme  &  une  femme  tenoient  les  rênes,  fuivis  de  quelques  autres , 
qui  chantoient  tous  Saiyit,  Saint ,  Saint ,  le  Dieu  deSabaoth.  LesMagif- 
trats  l'arrêtèrent ,  &  l'envoyèrent  au  Parlement ,  oii  le  Procès  ayant  été 
inftruit ,  Nailor  Rit  condamné  le  15.  Janvier  1657.  comme  blafphema- 
teur&  Seduéleur  du  peuple ,  à  avoir  la  Langue  percée  avec  un  fer  chaud , 
&  le  front  marqué  d'unelettreB,  pour  lignifier  Blafphemateur;  &^  être 
enfuite  conduit  à  Briftol.où  il  entreroit  à  cheval,  ayant  le  vifage  tourné 
vers  la  queue  ,  ce  qui  fut  exécuté  :  &  Nailor  fut  après  renfermé  pour  le 
refte  de  fes  jours.  *  Davity ,  de  l'Angleterre.  SU  P. 

NAIM, ancienne  Ville  delà  Paleftine,  dans  la  Galilée,  près  du  mont 
Tabor.  H  n'en  refte  que  quelques  maifons,  où  l'on  ne  trouve  que  quel- 
ques familles  d'Arabes.  Il  eft  marqué ,  dans  l'Evangile  de  faint  Luc ,  que 
ie  Fils  de  Dieu  honora  cette  Ville  de  fa  préfcncc  ,&quemênieily  ref- 
fufcita  le  fils  d'une  veuve.  Le  Poète  Sedulius  fait  mention  de  Naïm ,  U.  4. 
NAIM  ANS  peuples.  Cherchez  Kaimachites. 
NAKSIVAN,   ou  Naxivan,  Ville  d'Arménie,  à  trois  lïeuës  du 
Mont  Ararat,&  à  fept  du  Fleuve  Arax,fur  les  Frontières  delà  PerfeSc  de 
]a  Turquie.  Ce  mot  vient  de  Nak,cfi\  fignifie  Navire ,  &  de  Sivan ,  qui 
veut  dire  demeuré  ou  pofé  :  &  les  Arméniens  difent  qu'elle  a  été  ainfî 
nommée ,  parce  que  ce  fut  le  lieu  où  Noé  vint  habiter  en  fortant  de  l'Ar- 
che ,  après  le  Déluge.  Ils  aiTurent  auffi  que  ce  Patriarche  y  efl:  enterré. 
C'eft  une  aflTez  grande  Ville ,  mais  qui  fut  ruinée  par  l'Armée  d'Amurat 
Empereur  des>  'Turcs.  On  y  voit  les  telles  de  plufieurs  belles  Mofquées , 
que  les  Turcs  ont  abattues ,  parce  qu'elles  fervoient  aux  Perfes  :  les  Séna- 
teurs d'Abubequer  ne  voulant  point  entrer  dans  les  Mofquées  des  Seda- 
teurs  de  Haly ,  ni  ceux-ci  dans  celles  des  autres.  C'eft  pourquoi  ils  les 
détruifirent  tour  à  tour,felon  le  fort  de  la  Guerre.  Les  Arméniens  faifoient 
autrefois  un  grand  négoce  de  foyes,en  cette  Ville,  ^ui  commence  à  s'y 
rétablir ,  parce  qu'on  travaille,  inceffamment  à  la  rebâtir ,  &  qu'il  y  a  un 
Kam  ou  Gouverneur ,  qui  y  commande ,  car  elle  eft  Capitale  d'une  partie 
de  l'Arménie.  Entre  les  ruines  de  Nakfivan ,  on  trouve  celles  d'une  gran- 
de Mofquée.qui  étoit  une  des  plus  fupetbes  de  l'Afie  ,  &  on  croit  qu'elle 
fut  bâtie  en  mémoire  de  la  fépulture  de  Noé.  En  fortant  de  la  Ville ,  on 
voit  une  tour ,  dont  l'architedure  eft  des  plus  belles.  Ce  font  comme  qua- 
tre Dômes  joints  enfemble ,  qui  fupportent  une  efpece  de  Pyramide  ,  la- 
quelle femble  être  compofée  de  douze  petites  Tours  ;  mais  vers  le  milieu 
elle  montre  quatre  faces ,  qui  vont  en  diminuant ,  &  finilTent  en  aiguille. 
Tout  l'édifice  eft  de  brique  :  le  dehors  &  le  dedans  font  couverts  d'un  beau 
vernis ,  avec  plufieurs  fleurs ,  &  autres  figures  de  relief.  On  dit  que  c'eft  un 
ouvrage  de  Tamerlan  ,  quand  il  fit  la  conquête  de  la  Perfe.  Entre  Nakfi- 
van &  Zulfa ,  vers  le  Midi  &  le  Septentrion ,  il  y  a  dix  Convens  de  Chré- 
tiens Arméniens ,  dont  chacun  eft  accompagné  d'un  Bourg ,  fituez  à  deux 
ou  trois  lieues  les  uns  desautres.  Ils  reconnoiflent  le  Pape ,  &  font  gouver- 
nez par  des  Religieux  de  S.  Dominique,  de  leur  nation.  Pour  avoir  tou- 
jours un  nombre  fuffifant  de  ces  Religieux ,  on  envoyé  de  tems  en  tems 
à  Rome  des  enfans  du  pais,  qui  y  apprennentla  Langue  Latine  &rita- 
lienne.avec  les  Sciences  néceflaires  à  leur  profeffion.On  y  compte  environ 
fix  mille  Chrétiens ,  qui  f  ji  vent  le  Rite  Latin  ,  à  la  referve  de  l'Office  &  de 
la  MelTe  ,  qu'on  chante  en  Arménien.  L'Archevêque  étant  élu,  il  va  à  Ro- 
me ,  où  le  Pape  confirme  fon  éleftion.  Un  des  fix  Bourgs,  nommé  Kifouk, 
litué  fur  les  frontières  du  Curdiftan ,  eft  fort  célèbre  parmi  les  Armé- 
niens ,  qui  croy  ent  que  S.  Barthelerni  &  S.  Matthieu  y  ont  été  martyrifez  ; 
&  difent  qu'ils  en  ont  encore  quelques  Reliques.  Plufieurs  Mahometans 
y  viennent  en  dévotion,  &  principalement  ceux  qui  ont  des  fièvres.  11  y 
a  deux  ou  trois  de  ces  Convens,  où  l'on  reçoit  charitablement  les  Chré- 
tiens qui  viennent  de  l'Europe  ,  quoi  que  les  Religieux  y  foient  pauvres ,  à 
caufe  de  la  tyrannie  des  Gouverneurs ,  à  qui  ils  font  obligez  de  faire  fou- 
vent  des  préfens.  *Tavernier,  Foy^^e  de  Perfe.  Le  Chevalier  Chardin, 
Foyi!fcc»i673.Voyez  Aerener  ,  Bourg  à  j.lieuësdeNaxivan.  SU  P. 

NALGODE  ou  Nagolde,  que  Poflevin  nomme  mal  Nalgen- 
de  ,  Religieux  de  l'Ordre  de  faint  Benoît  de  la  Congrégation  de  Cluni , 
vivoit  dans  le  X.  Siècle,  vers  l'an  915.  fous  le  règne  d'Henri  l'Oifeleur 
&  il  écrivit  la  vie  de  S.  Odon  ,  fécond  Abbé  de  Cluni.  ♦  Poffevin,  j»  Appar. 
Sacr.  Voffius ,  U.  3.  de  Hift.  Lat. 

[NAMAQUAS  ,  Efpece  de  Cafl^res  découverts  par  les  Hollandois  efi 

166 1 .  vers  leCap  deBonneEfperance.  Ilsfont  naturellement  blancs,mais  ils 

fe  noirciffcnt  la  peau  pour  paroître  plus  beaux.  Dapper,  Defcr.  de  l'Afrique.'] 

[NAMATIUS ,  Maître  des  Offices  fous  l'Empereur  Honorius ,  l'an 


iSfAM. 

ccccxïi.Ilen eftfaitmentîon  dansie  Code Theodofîen,ï.  15;.  ^«i!,^«;?)(?J«i.] 
NAMAZ:  les  Turcs  appellent  ainfî  la  Prière,  qu'ils  font  cinq  fois 
le  jour:  favoir,  i.  entre  le  point  du  jour,  &  le  Soleil  levant.  2.  à 
midi.  3.  entre  midi  &  le  Soleil  couchant.  4.  après  que  le  Soleil  eft  coit- 
ché.  &  5.  à  une  heure  6c  demie  àtnmt..*'R\ci.\iï,  de  l'Empire  Ottoman. 
SVP.  ^ 

NAMNES, qu'on  fait  Roi  des  anciens  Gaulois,  étoit  fils  de  Galàte 
II.  dont  je  parle  ailleurs.  La  conformité  de  nom  a  fait  croire  qu'il  fonda 
la  Colonie  de  Nannetes,&c  la  Ville  de  Nantes.  Ces  faits  paroiflent  pour- 
tant bien  fabuleux.  *  Dupleix ,  U.  2.  des  mern.  des  Gaules ,  ch.  zz. 

NAMUR ,  Ville  &  Evêché  du  Païs-Bas ,  capitale  du  Comté  ou 
Pais  de  Namur ,  qui  eft  une  des  dix-fept  Provinces.  Le  Comté  de  Na- 
mur  eft  entre  le  Hainaut ,  le  Brabant ,  le  Luxembourg  &  le  Pais  de  Liège. 
Il  eft  de  peu  d'étendue,  &  montueux;  mais  propre  pour  la  chafle,&ar- 
rofé  de  la  Meufe  &  de  la  Sambre.  Il  n'a  environ  que  12.  lieues  de  lon- 
gueur, Scim  peu  moins  de  largeur.  On  y  trouve  des  mines  de  fer  &  de 
plomb ,  &  des  Carrières  de  diverfes  fortes  de  marbres ,  avec  des  pierres  ou 
mottes  de  terres  propres  à  brûler,  que  l'on  appelle  Houles.  Ses  Villes 
après  Namur  font  Bovines,  Charlemont,  Valcour,  Til-Ie-Château  Se 
Charleroi,  avec  environ  180.  Bourgs  ou  Villages  &  plufieurs  bonnes 
Abbaïes.  La  ville  de  Namur ,  Namurctnn ,  fur  la  Sambre  &  à  côté  de  la 
Meufe ,  eft  entre  deux  montagnes ,  avec  un  Château  extrêmement  fort. 
L'Eglife  Cathédrale  dédiée  à  S.  Aubin ,  y  fut  érigée  eni  569.  &  Antoine 
Habet  d'A.rras ,  Dodleur ,  de  l'Ordre  de  faint  Dominique,  en  fut  le  pre- 
mier Prélat.  Cet  Evêché  eft  Sufiï'ragant  de  Cambrai.  Outre  la  Cathé- 
drale, on  trouve  à  Namur  l'Eglife  Collégiale  de  Nôtré-Dame.  Il  yen 
avoit  une  autre  de  S.  Pierre  ,  fondée  en  1 202.  par  Philippe  le  Noble.Com- 
te  de  Namur, mais  elleaètéunieàcelledefaint  Albàn.Namuradiverfes 
autres  Eglifes  &  Mpnafteres ,  de  beaux  édifices  &  elle  eft  riche  &  agréa- 
ble. Il  y  à  unConfeil  Royal  de  la  Province,  d'où  l'on  apipelle  à  celui  de 
Malines.  Pontus  Heuterus  a  cril  que  Namur  étoit  la  Kcr^etecenna ,  Neme- 
iocerna  ou  Nemetacum  deCefar,que  les  Modernes  prennent  pour  Arras. 
On  doit  encore  confidérer,  comme  une  fable  ce  que  quelques  Auteurs 
fe  font  imaginez,  que  le  nom  de  N^raur  eft  tiré  de  celui  d'une  Idole  dite 
Nam  ou  NanHs,oa  d'une  muiaille  bâtie  par  lis  R.omains,d'oùl'onadit 
A^iz-w)»fr ,  muraille  neuve,  ou  muraille  voifine.  Nous  pourrions  dire  lai 
même  chofe  de  tout  ce  que  ces  Auteurs,  amis  des  fables,' ont  écrit  des 
anciens  Comtes  &  Marquis  de  Namur.  Flodoard  parle  fous  l'an  024. 
de  Beranger  Comte  de  Namur  qui  prit  alliance  avec  N.  de  Mons,  fille 
de  Reiner  II.  Comte  de  Hainaut  &  d'Albradc,&  fœurdeReincrIII. 
Celui-ci  fit  prifonnierle  même  Beranger.  Albert  I.Cornte  de  Namur 
époufa  Ermengarde  de  Lorraine  fille  de  Charles  de  France ,  Duc  de 
Lorraine  qui  mourut  en  991.  ou  94.  &  il  en  eut  Albert  II.  qui  fuit, 
Hadwige  de  Namur,  femme  de  Gérard,  Comte  d'Alfa  ce  &  Duc  de  la 
Haute  Lorraine;  Et  Emme,  mariée  à  Othon, Comte  de  Los.  Aeeert  If. 
de  ce  nom.  Comte  de  Namur  prit  alliance  avec  Regulinde,  fille  de  Go- 
thelon  le  Grand,  Duc  de  Lorraine  ,  dont  il  eut  Albert  111.  du  nom, 
marié  avec  Itte ,  veuve  de  Frédéric  de  Luxembourg ,  Duc  de  la  BafTe 
Lorraine.  Albert  III.  eut  de  cette  alliance  Godefroi  qui  fuit:  Frédéric, 
Evêquede  Liège:  Henri,  Comte  de  la  Roche:  Albert  Comte  de  Ja- 
phe;Et  Alix,  femme  d'Othon,  Comte  de  Chinl- Godefroi,  Comte  de 
Namur  époufa  en  i .  noces  Sibylle ,  fille  de  Roger  ,•  Comte  de  Porcean  ,  &: 
en  2.  Ermenfon Comteffe  de  Luxembourg.  Delà  i.  fortirent,  Elizabeth 
femme  de  Gervais, Comte  de  Rhetel  ;  &  Flandrine,  femme  de  Hu- 
gues, Sr.  d'Antoing;&c  de  la  Z.Henri ,  qui  fuit;  lit  Alix  de  Namur ,  fem- 
me de  Baudouin  IV.  dit /«£««^/»-,  Comte  de  Hainaut, moi^ln  ri70. 
Ce  Baudouin  prit  auffi  le  titre  de  Comte  de  Namur.  Il  laula  Bau- 
Do-JÏN  V.  dit  le  Courageux ,  Comte  de  Hainaut,  de  Flandre  &  de  Na- 
mur ,  dont  le  fils  puîné  ,  fut  Philippe  de  Flandre ,  dit  le  Noble  ,  Com- 
te de  Namur  qui  mourut  fans  enfans  en  1212.  de  Marie  de  France  fa 
femme ,  fille  du  Roi  Philippe  Augufte.  Ce  Philippe  avoit  une  de  fes 
fœurs  loland  de  Hainaut  2.  femme  de  Pierre  de  Courtenaill.dunom 
dont  le  Fils  Philippe  de  Courtenai  furnommé  à  la  Lèvre,  prit  le 
titre  de  Marquis  de  Namur.  Il  eut  pour  cela  de  grandes  guerres  contre 
"Waleran  II.  du  nom.  Duc  deLimbourgquiyprétendoientàcaufedefa 
femme.  Elles  furent  terminées  par  un  'Traité  pafle  à  Dinant  au  mois 
de  Mars  de  l'an  1222.  Nonobltant  cela  Philippe  de  Courtenai  étant 
mort  au  Siège  d'Avignon  l'an  1226.  Henri  fon  frère  prit  encore  le  ti- 
tre de  Marquis  de  Namur.  Mais  enfin  le  Duc  de  Limbourg  en  refta  pai- 
fible  poffelTeur.  Henri  dit  tA-veugle,  Comte  de  Namur  &  de  Luxem- 
bourg, père  d'EuMENsoN  II.  du  nom  .rhariée  au  mois  de  Mai  de  l'an 
1214.  à  W  ALER  AN  II.  du  nom.  Duc  de  Limbourg.  De  cette  al- 
liance vint  Henri  I.  Comte  de  Luxembourg ,  &c.  dont  il  prit  le 
nom  &  les  armes,  comme  je  le  dis  ailleurs  fous  le  nom  de  Luxembourg. 
11  fut  furnommé  le  Gra»i7&/eBii)»*/,c'eft-â-direlcBlond;  Scileuten- 
tr'autres  enfans  de  Marguerite  de  Bar,  qu'il  époufa  en  1240.  Ifabeau, 
féconde  femme  de  Gm  de  Dampierre  ,  Comte  de  Flandre ,  à  qui  il 
céda  tout  le  Comté  de  Namur.  Gui  mourut  en  1303.  &  Ifabeau  en 
1295.  Je  parle  ailleurs  de  leurs  enfans.  Jean  fut  Comte  de  Namur  & 
Sieur  de  l'Eclufe  &  il  mourut  l'an  1330.  Il  époufa  en  i.  noces  Mar- 
guerite de  Clermont  dite  Bourbon,  fille  de  Robert  de  France,  qui  mou- 
rut fans  lignée  en  1309.  &  fut  enterrée  dans  l'Eglife  des  Jacobins  de  Pa- 
ris. Jean  prit  en  1313.  une  2.  alliance  avec  Marie  d'.Artois,  fille  de  Phi- 
lippe d'Artois,  Sieur  de  Conches,  &:c.  dont  il  eut  Jean  II.  du  nom. 
Comte  de  Namur, mort  fans  poilerité  en  133'j.  Gbi  , Comte  de  Na- 
mur, décédé  aufli  fans  lignée  l'an  1336.  Guillaume  I.  qui  fuit:  Henri 
dettinéà  l'Eglife ,  mort  jeune  vers  l'an  1334.  Robert ,  Sieur  de  Beaufort, 
fur  Meufe,  mort  fans  lailler  des  enfans  légitimes, le  dix-huitième  Avril  de 
l'an  139t.  Louis  Comte  de  Rouci  &  Sieur  deBailleul  :  Jean  &  Thibaud , 
morts  jeunes;  Et  Marie  qui  époufa  en  i.  noces  Geofroi,  Comte  de 
Vianden,cn  2.  Thibaud  de  Bar,  Sr.de  Pierrepont,&  en  3.  Simon  de 
Spanheim.  Guillaume  I.  du  nom ,  Comte  de  Namur  époufa  en  r. 
noces  Jeanne  de  Hainaut,  Comteffe  de  SoiiTons,  fille  unique  de  Jean  de 
Hainaut,  Sieur  de  Beaumont;  &  il  prit  une  2.  alliance  en  1352.  avec 
Catherine  de  Savoye ,  Dame  de  Vaud , fille  de  Louis  de  Savoye  If.  du 
nom  Baron  de  Vaud,  veuve  d'Azon  Vifcond,  Seigneur  de  Iviilan  & 
de  Raoul  de  Brienne,  Comte  d'Eu.  Guillaume  Comte  de  Namur  mou- 

'  rut 


NAN. 

intVin  1391.  îaiflant  trois  enfans  qu'il  avoit  eusdefaî.feinrae,favoir 
GuiLtAuME  II.  Comte  de  Namur,  qui  mourut  en  1418.  fans  avoir 
eu  pofterité  de  fes  deux  femmes,  i.  Marie  de  Bar,  liile  de  Robert  I. 
DucdeBar  &  de  Marie  .de  France;  &  2.  Jeanne  d'Harcourt,  fille  de 
Jean  IV.  du  nom,  Comte  d'Harcourt  &  d'Aumale&:  de  Catherine  de 
Bourbon  :  Jean  III.  du  nom  ,  auffi  Comte  de  Namur,  mort  fans 
lignée,  le  16.  Mars  I^2.8.  Et  Marie  de  Namur  ,  alliée  i.  à  Gui  de 
Châtillon  IL  du  nom.  Comte  de  Soiflbns  ôc  de  Blois  ,  puis  à  Pierre 
Breban  ,  dit  Clignet ,  Sieur  de  Landreville  ,  Amiral  de  France.  Après 
cela  le  Comté  de  Namur  revmt  aux  Comtes  de  Flandre;  .&  Philippe  le 
£on  III.  du  nom ,  Duc  de  Bourgogne  ,  Comte  de  Flandre ,  &c.  re- 
cueillit cette  fucceflion  dont  fa  potterité  a  joui.  Louis  XIV.  Roi  de 
France  la  prit,  fur  la  fin  de  Juin,  l'an  1691.  Guillaume  III.  Roi 
de  la  Grand'-Bretagne  la  reprit  le  i.  de  Septembre  en  1695.  *Pontus 
UemeraSjde  2>elg  li.i.c.'^.  Gramaïe,  Namurc.  Sainte  Marthe  ,  la  Ro- 
que, Guichenon,  &c.  Guich'àrdm,Defcr.desPaïs-Bas.  Gazci,  Hift.Ec- 
(le/.dii  Pais- Bas.  Le  M  ire,  &c. 

NAN'' 'HANG  ,  Ville  autrefois  confidérable  ,  mais  depuis  prefque 
ruinée,  durant  les  guerres  des  Tartarej.  Elle  eft  de  la  Province  de  Chiam- 
li,  àmis  le  Royaume  de  Ja  Chine.  *  Martini,  Atlas  Sinic. 

NANCHIN.  Cherchez  Nanquin. 

NANCI ,  Ville  Capitalede  Lorraine,  ancienne  demeure  defesDucs, 
eft  fituée  à  cent  pas  du  bord  de  la  Meurte,  au  milieu  d'une  plaine  dont 
elle  reçoit  beaucoup  d'ornement.  Les  Auteurs  Latins  la  nomment  Nan- 
cium&  Nanceium.  Elle  eft  divifée  en  deux  parties;  en  haute  ou  ancienne 
Ville  ,  où  eft  le  Palais  des  Ducs  ;  &en  baffe  ouVilleneuve.  Safituation, 
fes  édifices  faints  &  profanes ,  fes  belles  rues  ,  &  fes  grandes  places , 
concourent  à  la  rendre  une  très-jolie  Ville.  La  vieille  eft  dittinguée  de 
la  neuve,  par  fes  folfez  &  autres  fortifications  ;  8c  auflî-tôt  il  s'y  trouve 
une  grande  place  bordée  de  divers  Hôtels  bâtis  à  la  moderne.  Elle  fait 
face  à  trois  grandes  rues.  On  voit  dans  cette  partie  de  la  Ville  la  Chicane 
qui  eft  le  lieu  où  l'on  plaide,  la  Maifon  de  Ville,  diverfcs  Fglifes  &  Mo- 
nafteres&un  Collège  de  Jel\iïtes.  La  vieille  Ville  a  la  Paroiffe  de  faint 
Epure, ScFancicn  t'alaisdes  Ducs  de  Lorraine.  Son  entrée  eft  affez  ma- 
gnifique. On  trouve  d'abord  une  belle  cour,  fermée  de  quatre  grandes 
aîles ,  qui  font  foùtenuès  de  Portiques ,  avec  quelques  groifes  Tours 
bafles  enrichie?  de  figures  &  de  bas  reliefs.  L'une  lert  d'arfenal ,  &  l'autre 
fert  de  montée.  Le  Jardin  eft  aufli  très-propre.  Il  occupe  le  delTus  d'un 
baflion,  où  ètoieht  autrefois  les  murailles  de  la  Ville.  Il  en  refte  encore 
quelques  groffes  Tours  rondes,  qu'on  voit  du  côté  de  la  Carrière  qui  eft 
îa  place  du  manège.  La  ville  de  Nanci  a  quatre  portes.  Chambre  des 
Comptes,  Senéchauflee ,  &c.  Elle  a  été  fouvent  affiegée  &  prife.  Char- 
les dernier  Duc  de  Bourgogne,  la  prit  en  1475.  f"r  René  Duc  de  Lor- 
raine, qui  la  reprit  au  commencement  d'Oâobre  de  1476.  Charles  ne 
pouvant  fupporter  cet  affront ,  la  vint  d'abord  afijéger;  mais  il  y  perdit 
la  vie  &  la  bataille ,  le  cinquième  Janvier  de  l'année  fuivante.  On  voit 
encore  près  de  la  Meurte  une  Chapelle  avec  une  grande  Croix  de  pierre, 
où  font,  fur  des  plaques  de  cuivre,  des  infcriptions  qui  marquent  les 
particularitez  de  ce  combat.  Cette  Ville  fut  extrêmement  fortifiée  en 
1587.  durant  les  guerres  civiles  de  France.  La  France  la  prit  en  1631. 
&on  a  fait  ruiner  en  1661.  fes  fortifications,  qui  ont  été  depuis  réparées. 

NANCIAM  ,  Ville  d'Afie,  en  Chiamfi,  Province  de  la  Chine. 
Confultez  Martini. 

NANGAZACHI ,  grande  Ville  du  Japon,  avec  un  très-beau  Port , 
dans  l'Ile  de  Ximo ,  dans  la  Province  de  Figin.  Le  Pape  Sixte  V.  y 
mitle  Siège  d'un  Evêché  SufFragant  de  Goa  ;  mais  aujourd'hui  il  n'y  a  plus 
dePrélat,.  bien  qu'il  y  ait  encore  plufieurs  Chrétiens,  à  ce  que  l'on  dit. 

NANGIS.  Cherchez  Guillaume  de  Nangis. 

NANI  (Jcan-Baptifte)  noble  Vénitien  Procurateur  de  faint  Marc, 
étoit  fils  de  Jean  Nani,  qui  avoit  pofTedé  la  même  Charge  de  Procurateur, 
&  de  Marine  Landi.  llnâquit  le3o^Août,de  I'ani6i6.  Onl'élevadans 
les  Lettres,  &  il  y  fit  en  peu  de  tsms  un  grand  progrès.  Son  père  étoit 
habile  &  forma  lui-même  ce  fils  dans  les  affaires.  Il  l'avoit  avec  lui  à 
Rome,  où  il  étoit  Ambafladeur  de  la  République  de  Venife,  auprès  du 
Pape  Urbaiîi  VlII.  Ce  Pontife  qui  fe  connoiffoit  fi  bien  en  gens,  prédit 
que  Jean-Baptifte  Nani  deviendroit  un  excellent  Homme.  11  ne  fe  trom- 
pa point.  Nani  fut  admis  dans  le  Collège  des  Sénateurs,  l'an  1641.  Peu 
après ,  il  vint  AmbafTadeur  en  France ,  où  il  demeura  cinq  ans,  &  il  s'y 
aquit  une  grande  réputation.  Le  Cardinal  Mazarin  Miniftre  d'Etat 
s'entretenoit  fouvent  avec  lui.  Nani  lui  donna  les  moyens  de  donner 
la  paix  à  l'Europe,  &  fes  confeils  produifirent  en  quelque  façon  le  Trai- 
té de  Munftcr  de  l'an  1648.  Ce  fut  en  cette  année  qu'il  retourna  à  Veni- 
fe, après  avoir  obtenu  de  la  France  un  fecours  confidérable  d'Hommes 
&  d'argent,  pour  la  guerre  de  Candie  contre  le  Turc.  Comme  fes  négo- 
ciations avoicnt  été  utiles  à  fa  République ,  fes  confeils  le  lui  furent  en- 
core beaucoup.  On  le  fit  pafler  dans  le  Collège  des  confultes  politiques , 
8c  il  y  fut  Surintendant  des  affaires  de  la  guerre  &  des  finances.  En  1 654. 
on  l'envoya  Ambafl'adeur  à  la  Cour  de  l'Empereur.  11  y  fit  depuis  un 
fécond  voyage,  après  féleftion  de  Leopold,  8c  de  là  il  eut  ordre  de  repaf- 
fer  en  France  en  1660.  Il  s'y  trouva  au  mariage  du  Roi  8c  à  laconclu- 
fion  de  la  paix  des  Pirenées.  Il  y  obtint  un  nouveau  fecours  pour  la  guer- 
re de  Candie,  &:  le  Sénat  de  Venife  extraordinairement  fatisfait  d'une 
conduite  fi  prudente,  le  choifit  pour  remplir  la  Charge  de  Procurateur  de 
S.Marc,  vacante  par  la  mort  de  Leonardo  Fofcoli.  Peu  après,  en  1663. 
le  grand  Confcil  le  nomma  Capitaine  Général  de  la  Mer;  mais  comme 
l'air  de  la  marine  étoit  tout-à-fait  contraire  à  fa  fanté ,  on  ne  voulut  pas 
expoferunhommede  ce  mérite  Se  fi  néceflaire  à  la  République.  Il  con- 
tinua à  rendre  des  fervices  confiderabîes  à  fa  Patrie.  Le  Sénat  a  coutume 
de  donner  l'emploi  d'écrire  l'Hiftoire  de  Venife  à  un  des  priiicipaux  No- 
bles de  la  République.  Nani  en  fut  chargé,  8c il  en  compol'a  la  première 
partie  que  toute  l'Europe  a  beaucoup  eftimée.  M.  l'Abbé  Talemant 
l'aîné ,  de  l'Académie  Françoife ,  l'a  traduite  en  nôtre  Langue.  On  tra- 
vailloit  à  imprimer  la  féconde  Partie,  quand  Nani  eft  mort  le  5.  Novem- 
bre 1678.  la  63.  année  de  fon  âge.  [Cette  féconde  Partie  de  l'Hiftoi- 
re de  Nani  a  été  traduite  depuis ,  par  M.  Mafclari  6c  imprimée  à 
Amfterdam  en  1701.]  Il  a  compofé  d'autres  Pièces  qui  n'ont 
pas  été  publiées ,  comme  la  Phaifale  de  Lucain  paraphralée  ,  des 


«NAN.  I 

confidérations  fur  les  Annales'  de  Tacite ,  des  Difcours  divers ,  Sec.  On 
l'avoit  aufli  nommé  pour  fe  trouver  l'an  1677.  aux  Conférences  de  la 
la  paix  de  Nimegue,mais  les  hfpagnols  le  recuferent.  Divers  Auteurs 
parlent  avantageufement  de  lui.  Voyez  Ion  éloge  parmi  ceux  des  hom- 
mes de  Lettres  de  Lorenzo  CralTo. 

NANKING.  Cherchez  Nanquin^ 

NANNl,  Ville  de  la  Chine,  en  la  Province  de  Chiamfi,  fur  le  Con- 
fluant des  rivières  Puon  Se  Li,  vers  les  confins  du  Royaume  de  Tunquin; 
*iVIartin  Martini,  Atlas  Smkus,  O"  Hift. 

NANNl  ou  N  A  N  N  I  u  s  (Pierre)  Chanoine  d'Arras ,  8c  Profeffeur ," 
dans  l'Univerfité  de  Louvain,  étoit  d'Alcmaer  en  Hollande,  où  il  naquit 
en  1500.  Il  avoit  beaucoup  de  génie,  une  mémoire  excellente,  avec  un 
fonds  de  bonté  admirable.  Son  inclination  le  portoit  aux  Lettres,  8c  il  s'y 
rendit  très-habile.  Ses  Ouvrages  témoignent  qu'il  étoit  bon  Critique, 
excellent  Grammairien  ,  Orateur  habile ,  8c  qu'il  favoit  la  Théologie, 
le  Droit  8c  les  Mathématiques.  Il  a  lailTé  des  Oraifons,  Se  des  Notes 
fur  prefque  tous  les  Auteurs  Clafllqucs ,  8c  fur  des  Traitez  de  quelques 
Pères.  Mifcellaneorum  five  irvnuix.7m  Decas.  De  claris  Roms,  Corne- 
lus.  Scholia  in  Cantica.  In  Sapkntiam.  ArMotationes  m  Injiittitiones 
Jiiris  Civilis,  vc  Pierre  Nanni  enfeigna  durant  18.  ans  à  Louvain^ 
&  il  y  mourut  le  11.  Juillet  de  l'an  1557. -âgé de  57.  ans.  Confultez  Le 
Mire,  Valeré  André,  Melchior  Adam,  Paul  Jove,  Ghilini, 8cc. 

NANNINI  (Rémi)  Religieux  de  l'Ordre  de  faint  Dominique, 
étoit  de  Florence  8c  fut  efiime  entre  les  Théologiens  8c  les  Prédicateurs 
de  fon  tems.  Le  Pape  Pic  V.  le  fit  venir  à  Rome,  pour  y  travaillera  une 
édition  des  Oeuvres  de  S.  Thomas.  Le  P.  Nannini  compofa  lui-même 
divers  Ouvrages,  dont  le  plus  confidérable  eft  un  Commentaire  fur  tou- 
te l'Ecriture  avec  l'Hiftoire  des  perfonncs  illuftres,des  plantes,  des  ani- 
maux, des  pierres,  des  Fleuves,  des  Montagnes,  8cc.  dont  il  eft  fait 
mention  dans  la  Bible.  Il  mourut  à  Venife  1  an  1581.  Confultez  Antoine 
de  Sienne,  Ghilini,  8cc; 

NANNON,  FrifondeNation,vivoitfurlafinduIX.  Siècle  en  880. 
Il  étoit  favant  pour  le  tems  ,  il  fut  Précepteur  de  Radbode ,  quator- 
zième Evêque  d'Utrecht ,  8:  laiifa  quelques  Ouvrages  de  Philofophie. 
*Jean  deBeka,OT  Chron.  Ep'i/c.  UltrajeBVzXiîxt  AnàK,mBîl;LBelg.p.6T], 

NANQUIN,  NANIvING  ou  Nanchin ,  grande  Provmce  de  la 
Chine,  avec  une  Ville  de  même  nom.  On  lui  donne  auffi  le  nom 
deKiangnang.  La  Province  de  Nanquin  eft  divifée  en  quatorze  Parties^ 
qui  ont  toutes  une  grande  Ville;  favoir  Nanquin,  Fungiang ,  Sucheu , 
Sunkiang  ,  Changceu  ,  Chiakian  ,  Yangcheu  ,  Hoiagan ,  Lucheu , 
Ganking,  Taiping,  Ninque,  Cuicheu,  8c  Hoeicheu.  Ces  Villes  en 
ont  fous  elles  environ  cent  8c  dix  de  moins  confiderabîes.  Celle  de  Nan- 
quin eft  Capitale ,  elle  a  eu  auffi  le  nom  de  Ingtien  ~8c  de  Kiangning. 
C'étoit  autrefois  le  féjour  de  la  Couràcaufede  fes  beaux  édifices  &  de  la 
fertilité  de  fon  terroir.  Elle  eft  fur  la  Rivière  de  Kiang ,  Se  a  eu  le  Palais 
de  fes  Princes,  que  lesTartares  ont  ruiné.  Cette  Province  donne  fon 
nom  au  Golphede  Nanguin  ou  de  Gaing,  que  les  Portugais  appellent 
Enfeada  de  Nanquin.  *  Martin  Martini ,  Atlas  Sinicns ,  c'  Hi/i. 

N  ANTEPvRË ,  Bourg  de  l'Ile-de-France,  à  deux  lieuës  de  Pans  ;  entre 
cette  Ville  8c  S.  Germain, 8c près  delà  Rivière  de  Seine.  Ilefttrès-renom- 
mé,pour  avoir  été  le  lieu  de  la  naiiTance  de  fainte  Geneviève  Patrone  dePa- 
ris.  Les  Latins  le  nomment  Nctxptodunmi  8c  Nemetodurum.  Le  nom  dé 
Nanterrcfe  trouve  dans  les  anciens  Auteurs  de  nôtreHiftoire.  Onytint 
en  59 1  ,imc  AfTemblée  confidérable  de  Prélats  8c  des  Grands  du  Royaume, 
pour  le  Baptême  du  Roi  Clotairell.  *Gregoire  de  Tours,  li.  10.  c.  18. 

NANTERRE,  nom  d'une  Ancienne  Famille  de  Paris,  à  laquelle 
le  Bourg  de  Nanterre  a  donné  fon  nom  ,  qui  a  eu  dans  le  XV.  Siècle 
SiLoN  DE  Nan  TERRE  Coufeillcr  du  Roi ,  8c  un  des  quatre  Pré- 
fidens  au  Mortier  de  fa  Cour  de  Parlement  de  Paris.  Il  étoit  fils  de  Jean 
8c  on  le  confidera  comme  un  des  plus  doèïes  Jurifconfultes  de  fon  tems. 
Aufli  pour  recompenfer  fon  mérite  on  fèleva  dans  les  Charges  de  Con- 
feiller  &c  puis  dePréfident  en  mil  quatre  cens  neuf.  Le  Roi  Charles  VI. 
lui  donna  trcs-fouvent  des  témoignages  publics  de  foneftinie.  LesPar- 
tifans  du  Duc  de  Bourgogne  l'obligèrent  en  141 8.  de  fe  défaire  de  fa 
Charge,  qu'il  exerçoit  avec  un  zèle  qui  étoit  trop  avantageux  au  Pvoi  8c  à 
l'Etat,  pour  plaire'à  ceux  qui  s'en  étoient  déclarez  les  ennemis.  Ce  fage 
Magiftrat  fut  pcre  de  Philippe  8c  de  Matthieu  de  Nanterre.  Ce- 
lui-ci fut  Premier  Prélident  du  Parlement  de  Paris,  depuis  l'an  mil  qua- 
tre cens  foixante-cinq.  LeRoi Louis  XL  le  tranfmit  à  Touloufe, pour 
mettre  en  fa  place  Jean  Dauvet  qu'il  airaoit  beaucoup.  Le  Sieur  de  Nan- 
terre  obéit  ;  8c  il  fut  rappelle  peu  de  tems  après  à  Paris,  où  il  fe  contenta 
de  tenir  la  place  de  fécond  Piéfident,  qu'il  exerça  avec  une  très-grande 
pro'oité,  8c  il  mourut  en  1487.  *Blanchard,  Elog.desPrem.  Préf.  a"  des 
Préf.  au  Mortier  du  Parlcm.  de  Paris. 

NANTES  fur  la  Loire  8c  l'Ardre ,  Ville  de  France  dans  la  haute 
Bretagne,  avec  titre  de  Comté  8c  Evêché  Suffragant  deToms.  Les  Au- 
teurs Latins  la  nomment  Namiets  ou  Nannetum  Condovicum.  Sans  s'ar- 
rê,ter  aux  fables  de  ceux  oui  s'imaginent  que  cette  Ville  fut  bâtie  par 
Nantes  un  des  defcendans  de  Noé,  nous  pouvons  afilirer  qu'elle  eft  ttès- 
ancienne,  5^:  que  Cefar,  Ptolomée  6c  Grégoire  de  Tours  en  parlent  avan- 
tageufement. Elle  eft  encore  très-coniidérable,  8c  fa  fituation  eft  fi  biera 
choifie,  que  pour  le  commerce  8cla  beauté  du  pais  qui  l'environne  ,  ora 
ne  la  peut  pas  fouhaiter  plus  accomplie.  C'eft  aufli  avec  raifon  que  Ber- 
trand d'Argentré  la  nomme  l'œft  de  la  Bretagne.  Elle  a  eu  fes  Comtes 
pardculiers  ;  8c  depuis  elle  a  été  le  Siège  des  Ducs.  L'Evêché  eft  Suff"ra- 
gant  de  Tours,  comme  je  lai  dit,  &c  l'Evêque  de  Nantes  eft  Confeiller  né 
du  Parlement  de  Px.ennes.  Outre  le  Siège  Epifcopal,  il  y  a  encore  à  Nan- 
tes, Préfidial  ,  Généralité  ,  Chambre  des  Comptes  ,  8c  Univerfité, 
Nantes  eft  aulfi  très-forte  &z  a-  un  beau  Château.  La  Rivière  de 
Loire  y  a  un  très-beau  Port,  elle  y  reçoit  l'Ardre,  8c  contribue  au  grand 
commerce  qui  s'y  fait;  auffi  bien  que  le  Flux,  8c  Reflux  de  la  mer  qui  y 
fait  remonter  les  plus  groffes  barques  8c  les  vaiiTeaux  de  médiocre  gran- 
deur. Les  plus  grands  s'arrêtent  quatre  lieuës  audeftous  de  Nantes.  Cette 
Ville  fituée  fur  m  rive  droite  de  la  Loire  eft  au  pied  de  quelques  colines , 
dontelle  occupe  une  partie  qui  eft  féparée  par  l'Ardre.  Le  Château  dont 
j'ai  parlé  eft  flanqué  de  groffes  Tours  rondes  du  côté  de  f^  porte  dans  la 
Ville,- Se  de  quelques  demi-lunes  du  côte  du  Faux-Bourg  faint  Clément. 

A3  Cç 


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nan.  nap. 


CeFaux-Boiire  eft  ferme  de  murailles.  Il  y  en  a  frms  autres  à  Kantes, 
le  Marché,  la  Foffe  &  celui  de  Pillemil.  L'Ëglile  Cathédrale  de  famt  Pier- 
re èft  ornée  de  deux  hautes  Tours  &  de  quelques  Tombeaux  des  Ducs 
de  Bretagne  On  y  trouve  auffi  la  Collégiale  de  Nôtre-Dame ,  avec  un 
très-grand  nombre  d'autres  Eglifes,  Monaltercs  &  un  Collège  de  Pères 
de  l'Oratoire.  Je  dois  encore  remarquer  que  la  ville  de  Nantes  a  beau- 
coup fouffert  en  diverfesoccafions.  Neoraene  étoit  defcendu  des  anciens 
Jlois  de  Bretagne  dont  il  fe  rendit  Souverain,  après  la  fanglante  Bataille 
de  Fontenay  l'an  huit  cens  quarante-un.  Ce  fut  à  la  follicitatiou  du 
Comte  Lambert.  Celui-ci  au  defefpoir  de  ce  que  le  Roi  Charles  le  Chau- 
w  lui  avoit  préféré  Renaud,  Comte  de  Poitiers ,  à  qui  il  avoit  donne  la 
■Ville  de  Nantes,  perfuada  à  Neomenc  de  fe  révolter  ;  &  enfuite  avec  le 
fecours  des  Bretons  il  tua -le  même  Renaud  8c  fe  rendit  maître  de  Nantes. 
Sa  conduite  déplût  à  Neomene  qui  le  chafla  de  cette  ville.  Alors  Lam- 
bert furieux  alla  implorer  la  protedion  desNormans.  Il  les  amena,  par 
la  Rivière,  devant  Nantes ,  qu'ils  prirent  par  efcalade  le  jour  de  la  faint 
Jean  de  l'an  huit  cens  quarante-quatre.  Ils  égorgèrent  la  plupart  des 
habitans  qui  s'étoient  réfugiez  dans  l'Eglife  de  faint  Pierre,  ils  maffacre- 
rent ,  fur  le  grand  Autel,  l'Evêque  qui  difoit  la  MeffcSc  emmenèrent  tout 
ce  qui  reftoit  d'hommes  en  vie.  L'an  huit  cens  cinquante  un  le  même 
Comte  Lambert  prit  encore  Nantes ,  &  y  furprit  par  trahifon  les  Fran- 
çois qui  y  étoient.  Neomene  mourut  peu  après  ;  &  le  Roi  Charles  le 
Chauve  donna  Nantes  à  Herifpoux  fonfils,  qui  l'étoit  venu  trouver  à  An- 
gers. Voyez  ce  que  j'ai  dit  ailleurs  des  Comtes  de  Nantes,  en  parlant  de 
la  Bretagne ,  d'Alain  I.  ditBarbe-Torte  &  d'Alain  II.  dit  le  Rebru  Comtes 
de  Bretagne.  En  1 34X.  les  Anglois  affiégerent  cette  Ville,  fans  la  pouvoir 
prendre.  Ils  furprirent  le  Château,  le  foir  du  Mardi-gras  de  l'an  mil 
trois  cens  cinquante-cinq.  Gui  de  Rochefort  le  reprit  &  fit  mourir  les 
Anglois,  en  punition  d'avoir  violé  la  trêve.  Le  Roi  Henri  IV.  étoit  l'an 
1598.  à  Nantes,  &  après  avoir  reçu  la  Province  de  Bretagne,  qui  avoit 
pris  le  parti  de  la  Ligue,  avec  Philippe- Emanuel  de  Lorraine,  Duc  de 
Mercœur,&C.  fon  Gouverneur ,  il  fit  au  mois  d'Avril,  l'Edit  deNan- 
'tes  en  faveur  des  Prétendus-Réformez,  qui  ne  fut  enregillré  en  la  Cour 
que  le  vingt-cinquième  Février  de  l'année  fuivante.  *Du  Chefne,  Re- 
cher.desant.desrM.  Argentré,  &  Auguftin  du  Pas  ,  Hijl.  de  Bref.  Since- 
lus ,  lier.  Gall.  Sainte  Marthe ,  Gall.  Chrifi. 

Conciles  de  Nantes^ 

Le  Pape  Vitalien  fit  célébrer  en  658.  un  Concile  à  Nantes,  où  il  fut 
permis  à  S.  Nivald  de  Rheims,  de  renouveller  un  Monaftere.  Salappius 
étoit  alors  Evêque  de  Nantes.  Nous  avons  vingt  Canons  d'un  Concile 
célébré  en  cette  ville.  On  eftime  ordinairement  qu'ils  furent  faits  en- 
viron l'an  895.  fous  le  Pape  Formofe  ;  mais  il  y  a  plus  d'apparence  qu'on 
lesdrefla  en  cette  aflemblée  de  658.  Flodoard  en  parie  dans  lei.  Livre 
ch.8.  Hildebert  de  Tours  prélida  à  un  Synode  tenu  à  Nantes  en  11 17. 
fous  le  Pontificat  d'Honorius  II.  comme  nous  le  voyons  par  les  Epî- 
tres  65.  &  66.  de  ce  Pape;  &  dans  les  Ades  de  la  vie  de  Walon  ou 
Gualon,  Evêque  de  S.  Paul  de  Léon,  qui  fe  trouva  à  ce  Concile.  Bricce 
gouvernoit  alors  l'Eglife  de  Nantes.  On  met  un  autre  Concile  tenu  en 
cette  Ville  en  1145.  mais  nous  en  avons  peu  de  connoiflance.  Vincent 
dePilenis,  Archevêque  de  Tours ,  ayant  aflemblé  un  Synode  à  Rennes, 
le  Lundi  après  la  Fête  de  l'Afcenfion,  il  en  célébra  un  autre  à  Nantes, 
le  Mardi  après  la  Fête  des  Apôtres  S.  Pierre  &  S.  Paul ,  de  la  même  année 
1163.  ou  1164.  Gabriel  de  Beauvau,  Evêque  de  cette  Ville,  publia  des 
Ordonnances  Synodales  en  1641. 

[NANTIGISE  ,  Evêque  d't/r^ci  en  Catalogne ,  qui  affifta  à  un 
Concile  de  Barcelone  tenu  en  906.  V.  MarcseHifp.  L.  IV.  p.  377.  cy 

fiqq.1 

NANTILDE,  Reine  de  France,  étoit  fœurde  Landri,&  Demoifelle 
fuivante  de  la  Reine  Gomatrude.  Le  Roi  Dagobert  I.  prit  quelque  in- 
clination pour  elle ,  &  l'époufa  en  629.  lorfque  la  Reme  fut  répudiée 
fous  prétexte  de  ftérilité.  Plulieurs  Auteurs  fe  font  imaginez  que  Nan- 
tilde  avoit  été  Religieufe ,  trompez  par  un  Manufcritd'Aimoin,  où  ils 
lifoient  Monafterio  pour  Umifteric ,  comme  je  l'ai  remarqué  en  parlant 
de  Dagobert  I.  Nantilde  étoit  une  très-habile  PrincefTe,  qui  gouverna 
très-fagement  le  Royaume  ,  après  la  mort  du  même  Roi  Dagobert  en 
638.  &  durant  la  Minorité  deClovisII.  fon  fils.  Elle  employa  dans  les 
affaires  le  fage  Ega,&  mourut  en  641.  ou  647.  félon  d'autres.  Elle  fut 
enterrée  à  faint  Denis  auprès  du  Roi  fon  mari.  Confultez  les  Chroni- 
ques de  S.  Bénigne  de  Dijon ,  de  Beze,  de  S.  Arnoul  de  Mets,  &c. 
I-  NAPE'ES,  Nymphes  des  Forêts  &  des  Bocages,  félon  la  croyance  des 
Payens.  Ce  nom  vient  de  v«ar®- ,  qui  lignifie  un  Bocage,  ou  un  Vallon 
couvert  d'arbres.  *  Servius  le  Grammairien.  S  UP. 

NAP  LES,  grande  &  belle  Ville  d'Italie ,  avec  titre  d'Evêché.  Elle 
cil  capitale  du  Royaume  de  Naples ,  à  qui  elle  donne  fon  nom.  Les  Au- 
teurs Latins  la  nomment  Neapolis ,  les  Italiens  Napoli  ,\ti  Efpagnols  Na- 
foles.  Elle  eut  premièrement  le  nom  de  Parthenopé ,  qui  lui  fut  donné,à 
ce  que  l'on  prétend,  de  celui  d'une  Sirène.  C'eft  ce  que  les  Auteurs  an- 
ciens aflurent,  &  fur  tout  Silius  Italiens,  lib.  12. 

Si  Naples  n'eft,  comme  on  le  dit,  que  la  troifiéme  Ville  d'Italie  peur 
la  grandeur,  c'eft  peut-être  la  première  pour  la  force  &  la  beauté.  Àuffi 
les  Italienslui  donnent  le  nom  de  Gentille,  &  elle  fe  glorifie  d'empofter 
le  prix  fur  toutes  les  autres  Villes  d'Italie.en  beauté,  ou  du  moins  en  peuple 
&  en  belle  fituation ,  qui  y  attire  toute  la  Noblefle  du  Royaume.  Elle 
a  d'un  côté  la  campagne  ;  &  de  l'autre  la  vue  fur  la  pleine  mer,  qui  y  for- 
me un  grand  Port ,  fort  aiTuré.  Les  anciens  Romains  eftimoient  fi  fort 
la  bonté  de  fon  air,  que  la  plupart  des  Grands  avoient  leurs  rnaifons  de 
plaifance  aux  environs.  Il  y  a  peu  de  Villes  dans  l'Europe ,  oii  si  y  ait 
plus  grand  nombre  d'Eglifes  qu'à  Naples.  La  Métropole  eft  dédiée  à 
S.  Janvier,  un  des  quatorze  Patrons  de  la  Ville.  Il  y  a  une  Chapelle  bâtie 
à  la  moderne  qui  eft  très-belle,  tant  par  les  Statues  de  bronze  que  par  les 
peintures.  Cette  Eglife  a  encore  un  Dôme  peint  par  le  Domenichino. 
On  conferve  dans  la  Chapelle,  dont  j'ai  parlé,  du  Sang  de  S.  Janvier  dans 
unvafedeverreoù  il  eft  congelé;  &  quand  on  l'approche  de  la  tête  du 
même  Saint,  il  devient  liquide  &fc  forme  en  petites  boules.  Les  Eglifes 
de  S.  Jean  de  Carbonara,  celle  de  faint  Pierre,  des  Dominicains  où  l'on 


NA?.  •.     , 

conferve  le  Crucifi*  qui  parla,  à  ce  qu'on  dit,  à  S.Thomas  d'Aquin,d« 
Tbeatins ,  des  Jefuïtes ,  des  Carmes  ,  des  Cordeliers ,  des  Chartreux , 
rAnnoDciade,&c.  méritent  d'être  vues.  Le  Château  de  roe?(/eft  dans 
la  mer,  fur  un  Rocher  de  forme  ovale ,  &  il  fut  bâti  par  Guillaume  III. 
Normand.   Il  y  a  enfuite  le  Château-neuf,  fait  par  Charles  I.  frère  de 
S.  Louis,  &  augmenté  par  Ferdinand  d'Arragon.  Il  contient  le  Palais  du 
Gouverneur,  avec  un  vaftemagazin,  où  il  y  a  beaucoup  de  machines  de 
guerre.    Le  Château  Saint  Elme  eft  un  Cavalier  au  deffus  de  la  Ville, 
fur  un  haut  rocher,  d'où  il  commande  à  tous  les  environs.  Ce  Château 
fut  bâti  par  l'Empereur  Charles  V.  Il  y  a  encore  le  Torrion  des  Carmes; 
la  Tour  S.  Vincent ,  &  le  Château  Capotian.  Le  Palais  du  Viceroi  eft 
fort  beau  :  les  autres  plus  confiderables  de  Naples  font  ceux  de  Tolède , 
desUifins,de  Caffignan,desCaraffes,du  Prince  de  Sulmone,de  Stige- 
liane,^ceux  des  Ducs  d'Atri,  de  Matelone,  Gravine,  &c.  La  rue  dite 
la  Strada  di  Toledo  eft  la  plus  belle  de  Naples.  Elle  eft  pavée  de  pierre 
de  taille,  &  embellie  de  grand  nombre  de  Palais  &  de  Maifons  magnifi- 
ques. La  plupart  des  maifons  font  couvertes  de  plate-formes,  où  l'oii 
fe  promené  lé  foir.  Naples  a  aulS  de  belles  places ,  où  la  Noblefle  s'af- 
femble,felon  fes  rangs.  Elles  font  toutes  entourées  de  baluftres  de  fer  & 
peintes  au  dedans.  C'eft  où  la  Noblefle  fe  promené.  Le  Mole  eft  admira- 
ble. Il  s'avance  un  quart  de  mille  dans  la  mer  ;  avec  le  Phare  au  bout, 
où  il  y  a  une  fontaine  d'eau  douce.  Naples  a  deux  Académies  de  beaux 
Efprits ,  gl'jirdenti  &  grotwfi.    Le  R  o  y  a  u  m  e  de  N  .i  p  l  e  s  eft  le 
plus  grand  Etat  d'Italie.  '  11  s'avance  en  forme  de  prefqu'Ile ,  ayant  la 
Mer  Ionienne  au  Levant,  le  Golfe  de  Venife  au  Septentrion,  la  Mer  Tir- 
rhene  au  Midi ,  &  les  Etats  de  l'Eglife  au  Couchant.  On  le  divife  ordi- 
nairement en  douze  Provinces,  qui  font  la  Terre  de  Labour ,  la  Princi- 
pauté Citerieurc ,  la  Principauté  Ultérieure  ,  la  Bafilicate  ,  la  Calabre 
Citerieure,  la  Calabre  Ultérieure ,  la  Terre  d'Otrante ,  la  Terre  de  Bari , 
la  Capitanate ,  le  Comté  de  Moliile ,  l' Abruzze  Citerieure  &  l'Ultérieure, 
Toutes  ces  Provinces  font  fi  peuplées,  qu'on  compte  plus  de  deux  mille 
fept  cens  Villes ,  Bourgs  ou  Paroiflés.    Peut-être  que  toutes  ces  chofes 
font  un  peu  changées  aujourd'hui.  Nous  pouvons  dire  de  même  du  redc. 
Car  on  y  marque  ordinairement  vingt-trois  Archevêchez,  environ  cent 
vingt-cinq  Evêchez,  quarante- cinq  ou  cinquante,Prindpautez,foixante- 
quinze  ou  quatre-vingts  Duchcz  ;  quatre-vingts  §<:  dix  on  cent  Marqui- 
fats;  foixante-cinq  Comtez;  &  mille  Baronnies  ,•  dont  il  y  en  a  quatre 
cens  de  fort  anciennes.  Les  Villes  les  plus  confiderables  après  Naples , 
font  Acerenza.  Amalfi,  Lanciano,  Capouë  ,•  Gayete ,  Gravine ,  Co- 
zence,  Otrante  ,  Manfredonia  ,  Noie,  Nocere,  Roflane,  Reggio, 
Salerne,  Tarente,  Conza  ,  Sorento , . Brnndufe  ,  Bari,  Benevent  qui 
eft  au  Pape ,  &c.  Les  Rivières  font  le  Volturne  ;  Triunto ,  l'OfFante,  le 
Galefl"e,&c.  Les  Lacs  deFondi&d'Averae,&  les  Monts  de  Vefiive, 
Pofilippo  ,  Faleme  ,  &:c.  font  les  plus  confiderez.  L'air  du  Pai'is  eft  ad- 
mirable; la  terre  eft  extrêmement  fertile  ,  &  tout  y  eft  abondant.     Ce 
qui  fait  dire  aux  Italiens ,  que  Naples  eft  un  Paradis  habité  par  des  Dia- 
bles. Ils difent encore  Napoïi  odor'îferazff gentile,maUgente  cattiva.  Les 
Napolitains  furent  fort  fidèles  aux  Romains.  ,  Mais  leur  Etat  pafla  aux 
Gots  dans  le  V.  Siècle.  Belifaire ,  Général  des  Armées  de  l'Empereur 
Juftinien  prit  Naples  en  cinq  cens  trente-fept,  ayant  fait  entrer  des 
foldats  dans  la  Ville  par  des  Aqueducs..  Totila  la  reprit  en  cinq  cens  qua- 
rante-trois.   Les  Lombards  en  furent  depuis  les  maîtres ,  Se.  la  gardè- 
rent jufqu'à  ce  que  leur  Royaume  fut  aboli  par  Charlemagne  ,  l'an  774. 
Les  enfans  de  Chaiiemagne  partagèrent  cet  Etat  avec  les  Grecs,  qui  de- 
puis le  foûmirent  tous;  mais  ils  en  furent  dépoiîédez  de  la  plus  grande 
partie  par  les  SarrafinS,dans  le  IX.  &  X.  Siècle.  Ces  Barbares  furent  fou- 
vent  battus;  mais  ils  y  revinrent  toujours,  &  s'y  rendirent  très-puif- 
fans ,  jufqu'à  ce  que  V.s  Normans,  Fierabras ,  Dreux ,  Robert  Guifchard , 
qui  fut  Duc  de  la  Calabre  &de  la  Pouiile.les  en  chafferent  entièrement 
dans  l'onzième  Siècle.     Ils  régnèrent  jufqu'au  mariage  de  Henri  IV. 
fils  de  l'Empereur  Frédéric  Barberoulfe, qui  époufa  en  11 86.  à  Milan, 
Confiance  fille  pofthume  de  Roger,  Duc  de  la  Fouille.    Elle  eut  Fré- 
déric II.  Empereur,  mort  en  mil  deux  cens  cinquante  &  père  de  Con- 
rad, mort  en  mil  deux  cens  cinquante-fept.     Celui-ci  eut  Conradin  ; 
mais  le  Royaume  fe  fournit  à  Mainfroi,  bâtard  de  Frédéric  II.  qui  fut 
dépouillé  par  Charles  d'Anjou,  frère  de  faint  Louis,  que  les  Papes  Ur- 
;  bain  IV.  &  Clément  iV.  avoient  invefti  de  ce  Royaume,  comme  je 
le  marquerai  dans  la  fuite.  Les  Pririces  de  la  Maifon  d'Anjou  polTede- 
rent  cet  Etat  aflTez  long-teras,  jufqu'à  la  Reine  Jeanne  II.  qui  mourut 
en  mil  quatre  cens  trente-cinq.     Cette  Princelle  fe  voyant  dans  la  dif- 
grace  du  Pape  Martin  V.  qui  avoit  donné  lin  veftiture  du  Royaume  à 
Louis  III.  Duc  d'Anjou,  adopta  Alphonfe  V.  de  ce  nom.  Roi  d'Ar- 
ragon; Mais  l'ingratitude ,  la  vanité  &  les  mauvais  traitemens  de  ce 
Prince,  obligèrent  la  Reine  d'inftituer  pour  fon  héritier  le  même  Louis. 
Celui-ci  étant  mort,  elle  fit  un  Teftament  en  faveur  de  René  d'Anjou, 
frère  de  Louis.  Ce  fut  le  propre  jour  du  décès  de  Jeanne ,  le  22.  Fé- 
vrier de  l'an  1435.  René  perdit  le  Royaume,  dont  les  Arragonois  joui- 
rent jufqu'à  la  conquête  qu'en  fit  le  Roi  Charles  VIII.  &  puis  Louis  XII. 
Mais  enfin ,  le  grand  Capitaine  Gonfalve  en  chaflTa  les  François,  contre 
le  Traité  fait  entre  le  même  Roi  Louis  XII.  &  Ferdinand  Roi  d'Ef- 
pagne  ;  &  depuis  ce  tems  les  Succeflêurs  de  ce  dernier  en  font  maî- 
tres. Il  eft  vrai  qu'ils  relèvent  du  Saint  Siège  à  qui  appartient  le  fief,  & 
qu'ils  lui  font  tous  les  ans  hommage  d'une  haquenée  blanche  Se  de  fir 
mille  ducats ,  que  l'AmbaflTadeur  préfente  au  Pape ,  le  jour  de  la  Fête 
de  faint  Pierre.  Au  refte,la  Ville  &  le  Royaume  de  Naples  ont  produit 
de  grands  Hommes ,  dont  je  parle  ailleurs.    Entre  les  Savans  de  Na- 
ples on  peut  conlidérer  particulièrement  Stace ,  Sannazar ,  le  Marini , 
Alexander  Ah  Alexandre ,  &c.   Confultez  cependant  divers  Voyages 
d'Italie ,  &  des  Relations  particulières  de  Naples ,  Strabon ,  Pline ,  "Ti- 
te-Live,  Procope ,  &c.  citez  par  Leander  Alberti ,  Francius,  Falcus , 
Hetempert,  Acciajole,  Pandulphe,  Collenucio ,  Cappacio&  Summoneta 
Hiftoriens  de  Naples ,  Blondus ,  Nauclere ,  Volaterran  ,  Sabellic ,  Paul 
Jove ,  Guichardin ,  les  Auteurs  de  l'Hiftoire  de  Provence ,  &c.  [Lifez 
particulièrement  la  Guida  de'  foraftieri  curiofi  di  vedere  le  cofe  più  nota- 
bili  délia  régal  città  di  Napoli  dairAbbateSarnelli,/»i2.^  J>7a/'/cii686. 
O"  le  P.  Cantel  Jefuite  dans  fon  Livre  intitulé  :   Metrofolitanartim  ur- 
Hum  uifioria.}  Les  Neapolicains  fe  révoltèrent  en  1646,  &  1647.  &c. 

que 


NAP. 

que  la  révolte  commença  dans  la  place  du  Marché ,  fous  un  miféraWe 
Pêcheur,  nommé  Thomas  AngeloMaia,  vulgairement  Mafaniello.  Il 
commanda  durant  qiiinie  jours  a  deux  cens  mille  hommes,  qui  luiobéil- 
foienc  aveuglément.     On  l'ait  ce  que  le  Duc  de  Guilé  y  fit  depuis;  car 
nous  avons  des  Mémoires  particuliers  de  toutes  ces  chofes,  &  comme  il 
y  retourna  en  1654.  &c.  Marius  Caralïé ,  Archevêque  de  Naples,  célé- 
bra dsux  Conciles  ;  rovinciaux  en  1568.  &  1576.  Le  Cardinal  Alphonfe 
Caraffe ,  fon  prédecelTeur ,  avoit  publié  des  Ordonnances  Synodales  en 
mil  cinq  cens  lbi;;ante-cniq.  Après  cela,  je  dois  donner  une  Succeflion 
des  Ruis  de  Naples,qui  l'ont  auffi  été  de  Sicile.  Mais  il  eft  important  de 
faire  auparavant  deux  ou  trois  Remarques  ,  qui  ne  feront  pas  inutiles. 
C'efl  que  le  fief  du  Royaume  de  N.iples  appartient  à  l'Eglife  ,  dont  les 
Papes  avoient  chaflé  les  Sarrafins ,  outre  les  autres  Droits  qui  ont  été 
éclaircis  par  le  Cardinal  Baronius,  qu'on  pourra  confulter.  Il  faut  aufli 
remarquer  que  lorfque  les  Normans ,  puis  les  [-"rinces  de  la  Maifon  de 
Souabe  ,  &  enfuite  ceux  de  la  M.iilbn  de  France,  dits  d'Anjou,  ont  pof- 
fedé  cet  Etat ,  ils  ont  été  Seigneurs  abfolus  &  de  fait  &  de  droit ,  tant  de 
l'Ile  de  Sicile  ,  que  du  Royaume  de  Naples.    Et  même  ces  deux  Etats 
étoient  alors  compris  fous  le  nom  de  Royaume  de  Sicile.  L'injufl:e  pof- 
feflion  de  l'Ile  de  Sicile,  commencée  environ  l'an  1167.  par  Pierre  Roi 
d'Arra^on,  a  produit  les  diftinétions  de  Sicile  deçà  &  delà  le  Fare ,  des 
deux  biciles,  du  Royaume  de  Trinacrie  ,  du  Royaume  de  Naples  &  de  Si- 
cile. Ces  Princes  Arragonois  voulurent  prendre  ces  noms  difFerens,  pour 
diftinguer  les  poffeffeurs  de  ces  deux  Etats  &  pour  donner  quelque  fon- 
dement a  leur  invafion.  Le  droit  des  Rois  de  France  fur  les  Royaumes 
de  Naples  &  de  iicile,  tant  deçà  que  delà  leFare,  eftfond,éfur  l'invefti- 
ture  qu'en  donna,  enizôj.  le  Pape  Clément  IV.  à  Charles  de  France 
Comte  d'Anjou  &  de  Provence,  frère  du  Roi  Saint  Louis ,  tant  pour  lui 
que  pour  fes  héritiers  en  droite  ligne,  tant  mâles  que  femelles.  Au  dé- 
faut des  defcendans  du  même  Charles ,  Alphonfe  de  France  ,  Comte  de 
Poitiers  6c  de  Touloufe ,  auffi  frère  de  faint  Louis,  "étoit  appelle  à  ce 
Royaume;  Er  le  même  Alphonfe  mourant  avant  Charles ,  le  puîné  des  fils 
du  Koi  faint  Louis  avoit  le  même  droit.  Le  Pape  Urbain  IV.  avoit  fait 
l'an  mil  deux  cens  foixante-deux  le  projet  d'une  même  difpofition  ,  qui 
fut  fuivie  mot  à  root  par  fon  fucceflé-ir  Clément  IV.  Enfuite  de  cette 
invelHture  foufcrite  par  feize  Cardinaux,  Charles  lé  rendit  maître  de 
tout  le  Royaume  tant  deçà  que  delà  le  Fare.  Il  a  été  pofledé  parles  deux 
Branches  d'Anjou  de  la  Maifon  de  France.  Le  Roi  René  en  fut  entière- 
ment dépolTedé.  IllaiiTa  fon  héritage  &  fes  droits  à  Charles  IV.  du  nom 
Roi  de  Naples  &  de  Sicile  ;  &  celui-ci  inif  itua  l'on  héritier  univerfel  en 
tous  les  Royaumes,  Duchez  &  Comtez,  le  Roi  Louis  XI.  fon  coufin 
germain ,  Charles ,  Dauphin  de  France ,  fils  du  même  Roi ,  &  tous 
leurs  luccefleurs ,  Rois  de  France.    Ce  fut  le  ro.  Décembre  i48r.     Ce 
Teftament  confirme  les  droits  du  Roi  fur  le  Royaume  de  Naples;  ce 
qu'on  pourra  voir  à  fond  dans  le  Traité  publie  par  M.  Du  Pui. 

Suaeffion  Chronologique  des  Rois  de  Naples  e?  de  Sicile. 

Pour  rendre  plus  facile  cette  Succeffion  Chronologique ,  je  la  diftin- 
guerai  par  fes  Familles  qui  ont  régné  en  cet  Etat ,  en  commençant  par  les 
Rois  defcendus  de  Tancrede  de  Hautevillc,  Seigneur  Normand.  Car  les 
fils  de  ce  Gentilhomme  furent  ceux  qui  s'y  rendirent  les  plus  illullres, 
&  qui  établirent  ce  Royaume. 

Kois  Normans  de  Naples  &  de  Sicile. 

Robert  Guichard,  Duc  de  la  Pouille  de  la  Calabre,  mort  en  1085. 
Roger  I.  &  Boëmond  fils  de  Robert  Guichard. 
En  10K5  Robert  dit  le  BoJJu.  durant  17.  ans. 

1102,  Roger  II.  27 

1129  Roger  m.  24 

1152  ou  53  Guillaume  I.  dit  le  Mauvais,  14 

u66  Guillaume  II.  dit  le  lion ,  13 

II 89  Tancrede  le  Bâtard,  3 

1192  Guillaume  III.  2 

Confiance. 
.    La  Princelfe  Conftance  mariée  en  1186.  à  l'Empereur  Henri  VL 
porta  le  Royaume  de  Naples  &  de  Sicile  dans  la  Maifon  des  Princes  de 
ijoiiabe. 

Rois  de  la  Maifon  de  Soitabe. 

Henri  VI.  Empereur ,  mort  en  1 197 

Frédéric  II.  Empereur,  mort  en  1250 

Conrad,  mort  en  1257.  fut  père  de  Conradin  à  qui  on -fit 

couper  la  tête,  en  1268 

Mainfroi  le  bâtard  tué  en  1265 

LeFape  Clément  IV.  donna  en  1265.  l'inveftiturc  du  Royaume  de 

Naples  &  de  Sicile,  à  Charles  de  France,  Comte  d'Anjou  &  de  Provence 

qui  fut  couronné  en  1266. 

S.ois  de  la  Maifon  de  France  de  la  1.  Branche  d'Anjou, 
1266  Charles  I.  10 

1285  Charles  IL  dit  le  Boiteux,  2j 

1309  Robert  le  Bon  &  le  Sage,  34 

1343  Jeanne  l.  3P 

La  Reine  Jeanne  I.  adopta  par  fon  Teftament  fait  1629.  Juin  1380. 
Louis  de  Fran*I.  du  nom  Duc  d'Anjou,  Sec.  fils  du  Roi  Jean,  qui  fit  la 
II.  Branche  d'Anjou.  Cependant  Charles  de  Duras  coufin  de  cette  Rei- 
ne ,  s'établit  fur  le  trône  ;  ce  qui  fut  un  grand  fujet  de  guerre.  Je  mets 
la  les  noms  des  uns  &  des  autres  pour  ne  rien  négliger. 

1382  Charles  III.  de  la  Paix,  ou  le  Petit,  4 

13^6  Liàitlzs  le  Magnanime  &C  le  Viâiorieux ,  28 

1414.  Jeanne  II.  ou  Jannelle,  20 

La  Reine  Jeanne  II.  adopta  le  Roi  René , ce  qui  lui  donna  un  double 
droit. 


NAP. 


46 


Rois  de  la  II.  Branche  d'Anjoti, 


1382  Louis  de  France  I.  du  nom, 
1384  Louis  II. 


2 
i3 


1417  Louïs  IIÎ. 
1434  René  le  Bon, 
1480  Charles  lil. 

Rois  de  Napks  &  de  Sicile  de  la  Maifon  i  Arragon. 
Pierre III.  Roi  d'Arragon  époufa  en  1262.  Conftance  fille  duBàtard 

Mainfroi,  &  fit  égorger  tous  les  François,  l'an  1182.  en  Sicile,  où  il 

s'établit ,  &  mourut  excommunié  4.  ans  après. 

1282  Pierre  Roi  d'Arragon,                                        '  4 

iz86  Jaques  I,  41 

1327  Frédéric,  r 

1328  Pierre  IL  15 
1342  Loius,  ri    - 
13 J5  Frédéric  dit  le  Simple,  13 
1368  Marie,  femme  de  Martin ,  34 
1402  Marrin,  veuf  de  Marie,  7 

1409  Martin  II.  i 

1410  Blanche,  veuve  de  Martin ,  i, 
1412  Ferdinand  de  Caftille,  dit  lejufte, 

Jeanne  II.  Reine  de  Naples ,  adopta  en  1420.  Alphonfe  V.  Roi  d'Arra- 
gon ,  qu'elle  déshérita  trois  ans  après,  à  caufc  de  fon  ingratitude.'  C'eft 
fur  cette  adoption  que  fondent  leur  droit  les  derniers  RoiS  de  Naples. 

Derniers  Rois  de  Naples. 
Alphonfe  V.  Roi  d'Arragon ,  mort  en  1458 

1458  Ferdinand  I.  Bâtard ,  3^ 

1494  Alphonfe  II.  I 

149  s  Le  Roi  Chartes  VIII. 

149^  Ferdinand  II.  t 

1496  Frédéric,  dépoffedé,  5  . 

1501  Le  Roi  Louis  XII.  ■  2. 

1503  Ferdinand  V.  Roi  d'Arragon,  mort  en  1516 

1 516  Charies  V.  Empereur,  42. 

1558  Philippe  II,  Roi  d'tfpagne.  40 

1598  Philippe  III.  23 

1621  Philippe  IV.  Roi  d'Efpagne,  ^  44 

i666_  Charles  II.  de  ce  nom ,  Roi  d'Efpagne.  34. 

Conlultez  les  Auteurs  que  j'ai  déjà  citez  ci-deftus. 
NAPLES  ,   dite  Napoli  de  Barbarie ,  Ville  d'Afrique  ,  proche  de 
Tripoli.  On  dit  que  Ion  nom  moderne  eft  Lebeda  ou  Lepe.  Elle  eft 
différente  de  celles  dont  je  parie  ci-deffous. 

NAPLES  Ville  de  la  Paleftine ,  dite  auHi  Sichem ,  dont  les  Géo-^ 
graphes  parient  différemment.  Garamond  Patriarche  de  Jerufalem  ,  y 
célébra  en  11 20.  un  Concile  pour  la  reforme  des  mœurs ,  comme  nous 
l'apprenons  de  Guillaume  de  Ty  r.  Les  Auteurs  parlent  encore  d'une  Vil- 
le de  ce  nom  dans  l'ionic;  d'une  dans  le  Royaume  deCypre,  &c.  [On 
nomme  aujourd'hui  cette  ville  Napouloufe.  Il  ne  la  faut  pas  confondre 
avec  Sebafte,c[\x\éio\t  \imèmt<\\\tSamarie.  Napouloufe  eft  au  pied  du 
^  mont  de  Garizim  ,  qu  Eufebe  &  S.  Epiphane  ont  placé  mal  à  propos  près 
I  dejeri.hopour  contredire  les  Samaritains.  Elle  fe  noramoit  auffi  Skàar, 
Nahartho  &  Mrothia.  Voyez  Cellarius  Hift.  Sam.  C.  I.]      , 

NAr  LES  (Garnier  de)  neuvième  Grand-Maître  de  l'Ordre  de  S. 
Jean  de  Jerufalem,  fut  élu  après  Roger  de  Moulins  en  1187.  II  étoit  na- 
tif de  Naples  ou  Napoh  de  Syrie  ,  &  Seigneur  de  la  ville  de  Crac  en 
Arabie,  laquelle  il  donna  à  l'Ordre.  Cette  ville  eft  maintenant  appellée 
Montréal ,  &:  eft  fituée  fur  les  confins  de  la  Paleftine.  C'étoit  la  Capi- 
tale de  lArabiePetrée,du  tems  des  Rois  Arabes:  aujourd'hui  le  Grand 
Seigneur  en  fait  comme  un  Arfenal  ,  où  il  tient  fes  Thréfors  d'E- 
gypte &  d'Arabie.  Il  y  avoit  un  Château  de  ce  même  nom.c'ell-à-dire 
appelle  Crac,  dans  le  Comté  de  Tripoli  de  Syrie,  proche  de  Margat  :  mais 
ce  Château  de  Cracn'eft  pas  la  Ville,  dont  le  Grand-Maître  Garnier  de 
Naples  étoit  Seigneur.  11  ne  jouît  de  la  Dignité  Magiflrak  qu'environ 
deux  mois  :  &  fa  mort  fut  caufée  des  bleffures  qu'il  reçût  dans  une  Batail- 
le contre  Saladin,  où  le  Roi  de  Lufignan  fut  fait  prilbnnier  avec  les  prin- 
cipaux Seigneurs  de  fon  Royaume.  Voyant  la  défaite  dé  toute  l'Armée, 
il  pafTa  l'épée  à  la  main  à  travers  les  Ennemis,&fereUra  à  Afcalon,où  il 
mourut  dix  jours  après.  Emengard  Dapslui  fucceda.  *  Bofio,  H//i!o/ri; //« 
ï  Ordre  de  S.  Jean  de  Jerufalem.  Naberat,  Privilèges  de  l'Ordre.  SU  P. 
NAPO,  Fleuve  de  l'Amérique  Méridionale ,  dans  le  Pérou  ^  où  il  a 
fa  fource.  Il  reçoit  plufieurs  Rivières,  paffe  à  Avila  dans  la  Province  de 
Quiros&fe  jette  dans  la  Rivière  des  Amazones.  Confultez  Texeira  & 
autres  Auteurs  qui  parient  du  Pérou. 

NAPOLI  dit  Malvafia,  ou  MALVOISIE,  fur  la  côte  Orientale 
de  la  Morée.  Elle  fut  affiegée  en  yain,par  les  Vénitiens  l'an  1689.  Lo- 
catelli ,  guerra  di  Levante. 

NAPOLI,  ou  Naples  de  Romanie,  ville  de  la  Morée ,  fur 
la  côte  Orientale,  aufond  du  Golfe  à  qui  elle  donne  le  nom ,  dans  la  Pro- 
vince de  Sacanie ,  ou  petite  Romanie.  Les  Anciens  l'appelloient  Nau- 
flia  &  Anaplia.  Elle  eft  fituée  fur  le  haut  d'un  petit  Promontoire, qui 
fe  fepare  en  deux.  Un  des  cotez  de  ce  Promontoire  s'avance  dans  la  Mer, 
&  forme  un  Port  fpacieux,  &  très-fûr.  L'autre  côté  qui  regarde  ia  terre , 
rend  le  partage  prefqueinacceflible:  car  il  n'y  a  qu'un  chemin  fort  étroit 
8c  fort  rude  entre  le  Mont  Palamida,&  le  bord  de  la  Mer.  Le  Port  de 
Napoli  a  fi  peudelargeur  à  fon  entrée,  qu'il  n'y  peut  paflerqu'une  feule 
Galère  à  la  fois  :  mais  le  Baffin  eft  fort  grand ,  &  eft  capable  de  contenir 
une  Armée  Navale.  Cette  Ville  étoit  autrefois  un  Evêché  Sufiragant  de 
l'Archevêché  de  Corinthe;  &  maintenant  c'eft  un  fiége  ArchiepifcopnL 
Il  y  a  foixante  mille  Grecs,  &  un  Grand  nombre  d'autres  habitans.  L'an 
1205.  elle  futprife  par  les  Vénitiens  hguez  avec  les  François:  mais  peu 
de  tems  après ,  le  Roi  Giovanizza  s'en  rendit  maître,  &  ruina  cette  Ville 
qui  étoit  riche  &  puiffante.  Les  Veniriens  achetèrent  cette  Ville  en  1 383. 
de  laVeuvedeHierreCornaro;  &  s'y  étant  rétablis,  foûrinrent  genereu- 
fement  les  efforts  de  Mahomet  II.  qui  l'affiegea  inutilement  en  1460. 
Soliman  fut  auffi  contraint  de  lever  le  Siège  qu'il  y  avoit  mis  en  1537. 
mais  deux  ans  après ,  la  République  abandonna  cette  Place  au  Grand 
Seigneur , pour  acheter  laPaix.  L'an  1686.  le  Generaliffime Morofini, 
après  la  prife  de  Navarin  &  de  Modon,  entreprit  celle  de  Napoli.  D'abord 
iJ  envoya  le  Général  Koningsmarck  fe  faifirdu  Mont  Palamida  qui  com- 
mande 


I,  NAR. 

îîiandè  la  Ville,  dont  il  n'cft  éloigné  que  d'une  portée  de  moufq'uet. 
Pendant  que  ceux  qui  s'étoient  poftez  fur  cette  hauteur,  foudroyoient  la 
'  Place  avec  le  Canon  &  les  mortiers,  Morolini  rclolut  de  donner  bataille 
au  Seraskier  ou  General  d'Armée  -,  qui  venoit  au  fecours*.  il  laiffa  de- 
vant la  Place  cequiétoit  néceffaire  pour  continuer  le  Siège,  &  fit  avan- 
cer les  autres  Troupes  vers  Argos,oir  le  combat  fut  rude:  mais  enfin  les 
Turcs  prirent  la  fuite ,  &  fe  fauverent  du  côté  de  Corinthe  ,  abandon- 
nant Argos ,  dont  les  Vénitiens  le  fàifirent.  Prefque  dans  le  même  terns 
les  Vaifîeiux  de  la  République  s'emparèrent  de  la  Forterefle  de  Ternis, 
ou  il  y  avoir  une  Garnifon  de  cent  trente  de  ces  Infidèles,  &  aflez  bon 
nombre  d'habitans  Grecs.  Le  ici.  Août  le  Seraskier  parut  à  la  tête 
de  dix  mille  hommes ,  &  defcendit  vers  les  tranchées  des  Chrétiens.  Le 
Combat  dura  trois  heures ,  fans  que  la  vidoire  fe  déclarât  pour,run  ou 
l'autre  des  Partis  :  niais  le  Géneraliffime  Morofini  étant  furvenu,  donna 
de  nouvelles  forces  à  resTroupes,&  milles  Ennemis  en  fuite.  Le  Géné- 
ral Konigsmark,  le  Prince  de  Brunfwic,&  le  Prince  de  Turenne  y  don- 
nèrent des  marques  de  leur  valeur.  Après  cette  Vifloire,  Morofini  prefla 
te  Siège  avec  plus  de  chaleur  ,  de  forte  que  les  Afllegezfe  virent  contraints 
d'arborer  le  Drapeau  blanc  pour  capituler.  Les  conditions  furent  qu'ils 
fortiroient  avec  armes  &  bagages,  &  qu'on  les  conduiroit  à  Tenedo.  Na- 
poli.  Capitale  de  la  Mbrée,  &  réfidence  ordinaire  du  Sangiac  defaPro- 
vinre,  rentra  ainli  fous  l'obéiffance  de  la  République.  Les  Vénitiens  en- 
trèrent dans  le  Château  de  la  Mer,&  y  trouvèrent  dix-fept  pièces  de 
Canon  de  bronze  ,  fept  de  fer,  &  un  mortier  à  bombes.  *P.Coronel- 
Ijj  Defiriptian  de  la  Moréi.  SU  P.  .      ,•    . 

NARBON  ,  qu'on  prétend  avoir  été  Roi.des  anciens  Gaulois ,  etoit 
fils  de  Galate.  On  dit  qu'il  bâtit  la  Ville  de  Narbonne  ;  mais  toutes  ces 
origines  font  fabuleafes.  *Duplcix ,  liv.  z.  des  Mém.  des  Gaul.  c.  12. 

NARBONNE  fur  l'Aude,  Ville  de  France  en  Languedoc,  avec 
titre  d  Archevêché.  Elle  ell  une  des  plus  anciennes  du  Royaume,  où  les 
Romains  établirent  une  Colonie  j  comme  dans  la  Capitale  de  la  Gaule 
Narbonnoifc.  Elle  ett  fituée  au  milieu  d'une  campagne  bafîe ,  arrofée 
d'un  bras  de  h  Rivière  d'Aude,  qui  apporte  des  barques  chargées  de  la 
Mer,  dont  elle  n'eft;  éloignée  que  de  deux  lieues.  Les  Latins  l'ont  nom- 
mée diverfement ,  Narbo,  Narbona  ,  iiarho  Martms,CWttas  Atacmo- 
rum,  Colonia  Decumanorum  Qp-c.  Je  ne  m'arrête  point  au  fentiraent 
de  ceux  qui  s'imaginent  que  Narbon^  qu'ils  prétendent  avoir  été  Roi  des 
anciens  Gaulois,  fit  bâtir  cette  Ville;  ni  aux  fables  qu'on  a  inventées  à  ce 
fujet.  Il  me-fiiffit  de  remarquer  que  cette  Ville  ayant  été  foûmife  aux 
Rom.ùns,  même  devant  les  autres  des  Gaules,  comme  leditVelIeius 
Patérculus-,  ils  en  firent  une  eftime  particulière.  Et  en  effet,  nous 
voyons  dans  les  Auteurs  anciens  que  Craffus,  Jule  Cefar,  Tibère,  &c. 
la  peuplèrent  trois  différentes  fois ,  la  traitèrent  favorablement ,  &  lui 
donnèrent  des  Privilèges  confiderables.  Les  Proconfuls  y  firent  leur  de- 
meure ordinaire,  l'honorèrent  d'un  Capitole,&  d'un  Amphithéâtre,  y 
établirent  des  Ecoles  municipales,  y  firent  des  Bains,  des  Aqueducs,&c. 
&  y  mirent  toutes  les  marques  de  la  m_ajefl:é  Romaine.  Auffi  ceux  de 
Narbonne  voulant  témoigner  leur  gratitude  à  leurs  Maîtres,  élevèrent 
un  Autel  à  Augufte  :  Ce  que  nous  voyons  par  une  Infcription  qui  fut 
trouvée  dans  le  XVI.  Siècle.  Aufone  a  tait  un  éloge  magnifique  de  Nar- 
bonne, dans  la  defcription  qu'il  fait  des  Villes  lUuttres,  carm.  iz. 

Sidonius  Apollinaris  fait  auffi  une  defcription  magnifique  de  cette 
Ville,  en  écrivant  à  Cofentius  de  Narbonne  fon  ami,  carm.i^. 

Martial,  Prudence,  Theodulphe ,  Aimoin  &  divers  autres  lui  don- 
nent encore  des  éloges  pompeux.  Les  Wiiigoths  affiégerent  Narbonne  en 
435.  Le  Com.tc  Agripin ,  envieux  de  la  profperité  de  Gillon,  la  leur  livra 
en  461.  Les  Sarrafins  la  prirent  à  ces  derniers,  environ  l'an  731.  Mais 
Charles  Martel  les  ayant  vaincus,  leur  enleva  bien-tôt  cette  Ville,  qui  a 
eu,  comme  je  le  dirai  ci-après ,  l'es  Vicomtes  Hc  des  Ducs ,  jufqua  ce 
qu'elle  fut  foûmife  à  la  Couronne  de  France.  Aurefte,  l'£,glife  de  Nar- 
bonne efl:  très-illuftre  &  très-ancienne.  On  croit  même  quelle  eft Mé- 
tropole depuis  le  temsde  Confliantin  le  Grand  en  309.    Le  Proconful 
Serge- Paul,  que  laint  Paul  avoit  converti,  annonça  la  Foi  à  Narbonne  & 
en  fut  le  premier  Prélat.    Les  Evêchez,  fuftragans  de  cette  Métropole 
font  BeikKr  Agde,  Nifmes ,  Maguelone  ou  Montpellier  ,■  Carcaflonne  , 
Lodeve,L'fez,faint  Pons  de  Tomieres  &  Alet.  L'Egliie  ell  dediee  a 
faint  Juft&faMitPafteur:  elle  eft  renommée  par  fes  belles  orgues,  &  par 
les  peintures  "du  Lazare  reflufcitc.  Quelques  Auteurs  ont  allure  que  le 
Palais  de  l'Archevêque  étoit  autrefois  celui  des  Rois  Wifigoths  ;  mais  on 
lait  que  ce  Palais  fut  abbattu  l'an  1 451.  parce  qu'il  étoit  hors  de  la  Ville. 
Elle  étoit  autrefois  plus  grande  qu'elle  n'elt  aujourd'hui.    On  la  dnife 
en  Cité  &  en  Bourg, il  y  a  cinq  l^aroiflès.diverfes  Maifons  Ecclefiafti- 
ques  &  Religieulès,&  un  Collège  de  Pères  de  la  Doftrine.  Entre  les 
Paroilièson  ne  manque  pas  de  voir  à  Narbonne  celle  de  laint  Paul,  qui 
eft  auffi  Collégiale,  &  la  grenouille  qui  eft  dans  le  Bénitier.  Sans  cela  les 
Voyageursnecroiroientp.is  avoir  vu  la  Ville.  Elle  eft  afl'ez  bien  fortifiée 
&  il  n'y  a  que  deux  Portes.  Les  Ducs  de  Septimanie  l'étoient  aufli  de 
Narbonne,  &  les  Comtes  de  Touloufe  qui  leur  fuccéderent  prirent  aulFi 
le  même  titre  de  Ducs  de  Narbonne.  LaVille  &  le  Diocefe  étoient  gou- 
vernez fous  eux  par  des  Vicomtes.  On  dit  qu'A  i  me  h.  i  fut  invefti  de 
Narbonne,  par  Charlemagne,  en  titre  de  Comté  ,  qu'il  porta  auûl-bien 
que  fon  fils  G u IL L  A u M E  î .    Ce'ui-ci  fonda,  l' Abbaïe  de  S.  Guillau- 
me le  Défertdans  le  Diocefe  de  Lodeve.  Les  autres  n'ont  pris  que  le 
titre  de  Vicomtes.  Ai  mer  i  IV.  de  ce  nom  mourut  fans  enfans  en 
1 1 34.   Ses  fœurs  lui  fuccéderent.    Ermengaf.  de  l'aînée  mourut 
âufli  fans  pofterité  ,  l'an  11 97.    Ermenfinde  époufa  Amalric  de 
Lara  I.  de  ce  nom,  dont  il  eut  Pieb.re  de  Lara,  Vicomte 
de  Narbonne.  Celui-ci  mourut  l'an  1105.  laiffant  de  Sancia  ou  Sancbe 
fa  femme  Aimeri  V.  mort  en  1139.  &  père  d'AM  alric  II.  qui 
cpoufa  Philippe  d'Andufe  &  mourut  l'an  1170.  ayant  eu  Aimeri 
VI.  Vicomte  de  Narbonne.  Il  prit  alliance  avec  Sibylle  deFoix,&  il 
.mourut  l'an  12.86.  Son  fuccelléur  fut  Amalric  III.  mort  en  1325. 
iaiflant  de  Jeanne  défile  Aimeri  Vil.  Ce  dernier  époufa  Catherine 
de  Poitiers.     Il  mourut  l'an  1366.  ayant  eu  Amalric  IV.  mort 
fans  enfans  l'an  1341.  &  Aimeri  VIII.  qui  décéda  l'an  1374.  Ai- 
meri Vlll.  ^t  Guillaume  qui  mourut  l'an  1394.  8c  fut  peic 
de  Guillaume  lil.  le  dernier  de  la  Maifon  des  Vicomtes  de  Narbon- 


NAR.     ' 

né,  qui  mourut  fans  enfans  l'an  1424.  Il  fit  héritier  Pierre  dB 
Tanières  Sieur  d'Apfchot  fon  frère  utérin ,  à  condition  qu'il  por^ 
teroit  fon  nom  &  fes  armes,  &:  il  lui  fubftitua  le  Sieur  de  Tailleran ,  en 
cas  qu'il  mourut  fans  faire  fon  Teftament  &  fans  enfans.  Pierre  de  Ta^ 
nieres  fe  fit  nommer  Gu^Jaume.  Il  n'eut  point  d'enfans,  &  il  vendit  le 
Vicomte  de  Narbonne  à  Gafton,  Comte  de  Foix.  La  Perrière  dit  (jue  ce 
fut  en  1448.  mais  d'autres  prétendent  que  cette  vente  fe  fit  l'an  1442. 
Gafton  de  Foix  Roi  de  Navarre  donna  ,  le  15.  Juin  de  l'an  1468.  le 
Vicomte  de  Narbonne  à  Jean  fon  fécond  fils.  Celui-ci  époufa  Ma- 
rie d'Orléans  ,  fœur  du  Roi  Louis  XII.  dont  il  eut  Gaston  db 
Foix  tué  à  la  bataille  de  Ravenne ,  l'an  IJ13.  &  Germaine  de  Foix, 
Reine  dArragon.  LemêmeGafton  de  Foix  par  Contrat  du  19.  Novem- 
bre 1507.  échangea  avec  le  Roi  fon  oncle  la  Cité,  Ville,  Seigneurie j 
Viguerie  &  Vicomte  de  Narbonne ,  pour  d'autres  Terres.  C'ett  ainfi 
qu'elle  a  été  unie  à  la  Couronne ,  quoi  que  nos  Rois  y  culTent  d'ailleurs 
divers  autres  droits.  *  Strabon,  U.  4.  Martial,  U.  8.  epig.  72.  Aimoin, 
/;.  4.  c.  57.  Pliee,Pomponius  Mêla  ,  Ammian  Marcellin,  Grégoire  de 
Tours ,  Eutrope ,  &c.  Papyre  Maflbn  ,  Defcr.  flum.Call.  cy  notit.  Epifc, 
Gall.  Merula,//.  3.  Geogr.  Jule  Scaliger,</Ê  Claris Urb.  Call.  IfaacPon- 
tanus ,  Itiner.  Gall.  Narbon.  Elie  Vinet ,  Narbon.  votum.  Befle ,  Hifi  dû 
Carcajf.  Du  Chefne ,  Recher.  des  Antiquit.  des  Villes  de  France.  Catel  j 
Bifi.  e?  Mém.  de  Lang.  Sainte  Marthe,  T.  I.  Gall.  Chrift.  Du  Puyj 
Droits  du  Roi,  La  Perrière,  Annal  de  Foix,  Qyù 

Conciles  de  Karbonrie. 

Les  Aiftes  de  la  Vie  de  S.  Paul  de  Narbonne,  font  mention  d'un  Con-f 
tile ,  qui  fut  affemblé  en  cette  Ville  ;  mais  on  ignore  l'année.  Les  Prélats 
de  la  Gaule  Narbonnoife  célebrerentun  Concile  à  Narbonne  en  589.  Sept 
Evêques  s'y  trouvèrent ,  &  Migetius  le  Métropolitain  y  preCda.  On  y  fif 
quinze  Canons,  pour  le  règlement  delà  difcipline  Ecclefiaftique.  Catel 
ôc  Sainte  Marthe  parlent  d'uri  Synode  que  Daiiiel  de  Narbonne  tint  erï 
788.  contre  Fehx  d'Urgel.Sc  ils  en  rapportent  lesAdes.  Catel,  Hiji. 
de  Lang. p.  654.  c  743.  &  Sainte  Marthe,  Gall.  chrift.  f.  368.  T.  7, 
Mariana  tait  menrion  d'un  autreSyftodeteiiùàFont-Ccuvertc  ,dansle 
Diocefe  de  Narbonne ,  pour  fixer  les  limites  de  celui  d'Urgel ,  /;.  8.  Kift, 
Ermengaude  Archevêque  de  Narbonne,  fils  du  Vicomte,  aflembla  en 
994.  un  Concile  contre  les  Gentilshommes  qui  ufurpoient  les  biens  Ec- 
cleiïaftiques.  Raymond,  Comte  de  Rhodes,  Roger,  Comte  de  Car- 
caffonne ,  &  plufieurs  autres  perfonnes  de  qualité  s'y  trouvèrent  ;  Catel  Sî 
Sainte  Marthe  en  ont  tiré  les  Ades  des  Archives  de  ff-glife.  Le  Cardinal 
de  laint  Ange,  Légat  du  faint  Siegè ,  célébra  durant  le  Carême  de  1226. 
ou  1227.  un  Concile  à.  Foix  &  à  Narbonne,  pour  abfoudre  le  Comte  de 
Foix  hérétique  Albigeois.  Guillaume  dé  Puy-Laurens,  cap.  36.  Pierre 
Amelli  étoit  alors  Archevêque  dé  cette  ville;  ci  il  alfembla  lui-mcma 
un  autre  Concile  en  1235.  AlexandreGerbinat, Grand  Vicaire  du  Cardi- 
nal François  Pifani^  Archevêque  de  Narbonne ,  tint  par  ion  ordre  en  1 55  r. 
un  Concile,  dont  lè5  Ades  furent  imprimez  a  Touloufe  en  15  52.  Louis 
de  Vervins  Archevêque  de  la  même  Ville ,  célébra  un  Concilffen  1609.  & 
fit  deà  Ordonnances  falutaîres ,  pour  la  réforme  des  mœurs ,  .&  pour  l'avan- 
tage de  fes  peuples.  \^Picrre  de  Marca,<\m  eft  mort  Archevêque  de  Pa- 
ris, a  publié  &  éclairci  diverfes  Antiquitcz  de  la  ville  de  Narbonne  dans 
les  Ch.  V11.&  VIU.  du  I.  Livre  de  fon  O uvrage  intitulé  jVfiirca  Hifpani- 
ca,  imprimé  à  Paris  en  1688.  in  fol.'] 

[NARCIS,Evêque  de  Gii'onne,dont  ceux  dé  cette  ville  prétendent 
encore  avoir  le  corps  entier.  Ils  difent  que  lors  que  Philippe  III.  Koi 
de  France  l'affiegeaen  1285.  il  fprtit  du  tombeau  de  ce  Saint  un  grandi 
nombre  de  mouches,  qui  firent,  périr  l'armée  Françoife.  Cependant  un 
Hiftorien,qut  eft  dans  le  Volume  que  l'on  vient  de  citer,  &  qui  vivoir 
alors ,  remarque  que  les  François  ayant  pris  Gironne  ;  &  chacun  voulant 
avoir  des  reliques  de  ce  Saint,  ils  le  .mirent  eu  mille  morceaux.  Voyez 
Marca  Hifp.  L.  IV.  p.  1467. 

NARCISSE,  étoit  fils  du  fleuve  Cephife  &:de  Liriope,&  fa  beauté 
étoit  extraordinaire.  U  méprifa  Echo ,  qui  l'aimoit  &  qui  fut  changée 
en  Echo;  &  étant  devenu  amoureux  de  lui-même,  en  fe  voyant  dan» 
une  fontaine ,  il  mourut  de  dèplaifir,  &  fut  métamorphofé  en  la  fleuï 
de  Narcilîe.  Ovide  en  fait  mention  dans  le  3.  Livre  des  MétamorphEH. 
fêî. 

NARCISSE  ,Evèqae  de  Jerufakm ,  vivoit  (iir  la  fin  du II.  Siècle.  I! 
célébra  un  Concile ,  pour  la  célébration  de  la  Fête  de  Pâques.  NarcifTc  fut 
calomnié  par  trois  hommes ,  dont  il  reprenoit  les  vices  trop  fortement. 
On  l'accufa  d'avoir  failli  contre  la  pureté ,  &  chacun  d'eux  confirma  cette 
accufation  par  un  ferment  horrible.  Mais  Dieu  les  punit  par  le  mal  qu'ils 
avoient  fouhaité  qu'il  leur  arrivât.  Le  premier  fut  brûlé  dans  fa  maifon, 
avec  fa  famille  ;le  fécond  fut  frappé  d'un  ulcère,  qui  fit  tomber  fon  corps 
en  pièces;  &  le  dernier  perdit  les  yeux.  Narcilîe,  qui  s'étoit  exilé  volon- 
tairement ,  revint  fur  la  fin  de  fa  vieà  Jerufiilem  ,  où  Dieu  confirma  enco-' 
re  fa  Sainteté  par  plufieurs  miracles.  *  Eufebe ,  ii.  6.  Hz/î.  c.  S.cp.Baro- 
nius,   A.  C.  198.  199. 

NARCISSE, de  qui  S.  Paul  fait  mention  en  fon  Epître  aux  Romains 
c.  16.  Quelques  Auteurs  ont  eftimé  que  c'eft  ce  Narcisse  affranchi  de 
rEmpereur  Claude,  qui  avoit  tant  de  pouvoir  fur  l'efprit  de  fon  maître, 
&  qu'Agrippine  fit  mourir ,  comme  nous  l'apprenons  de  Tacite ,li.  13. 
Mais  ce  lentement  eft  contraire  à  la  vérité. 

NARDEN,  Naerden  &  Narde,  petite  ville  ^u  Païs-Bas  en 
Hollande  ,en  Latin  Kardenum.  Elle  eft  capitale  du  Goitlandt,  à  trois 
lieues  d'Amfterdam  &  prefqu'autant  d'Utrecht.  On  la  ruina  prefque  en- 
tièrement dansle  XIV.  Siècle ,  &  la  mer  fubmergea  ce  qui  en  reftoit. 
Guillaume  de  Bavière  III.  du  nom.  Comte  de  Hainaut  &  de  Hollan- 
de, furnommé  ÏInJenfé,  fit  rebâtir  l'an-  1355.  la  Ville  de  Narden  an- 
même  endroit  otl  elle  efl  aujourd'hui.  Ceux  d'Utrecht  la  prirent  l'an 
1481,  en  faifant  déguifer  dès  foldats  en  femmes  qui  y  entrèrent  un 
jour  de  marché.  Les  habitansde  Narden  fe  vengèrent  peu  après  de  cette'' 
fupercherie.  La  ville  fut  prefque  toute  brûlée  l'an  i486.  Mais  elle  fouf- 
frit  bien  davantage  environ  cent  ans  après,  par  la  cruauté  des  tipagnois, 
commandez  par  Frédéric  de  Tolède,  fils  du  Duc  d'Albe.  Leshabitans 
ouvrirent  les  portes  de  leur  Ville  à  ce  Général ,  qui  les  fit  égorger  de  la 
manière  du  monde  la  plus  barbare.  Les  François  prirent  Narden  en  1672, 


N  AR. 


NAR.  NAS. 


9 


fur 


5c  k  rendirent  après  un  fiége  de  que'ques  femaines,  par  compofition. 
l'an  1674.  *]\!Ln\Mi,mBa.tav.DeJcr.  MMa\s7Merms, in Theat.Holland. 
Grotius  &  Strada ,  deBelloBelg.  De  Thon,  &c. 

[NARDl  {^ean)  de  Florence  a  vécufurlemilieuduXVII.  fiécle.  Il 
apublié  à  Florence  en  1647.  un  commentairefur  Lucrèce,  ScàBologne 
en  1656.  un  Ouvrage  intitulé  NoHes  géniales.  Son  commentaire  n'eft 
pas  tort  eftimé.  Voiei  Tan.  le  Tevre  dans  fa  Préface  fur  Lucrèce.] 

NARDINO  (Etienne)  Cardinal  ,  Archevêque  de  Milan  dans  le 
3SP.  Siècle ,  étoit  naiif  de  Forli.  Il  vint  jeune  à  Rome ,  il  s'y  fit  con- 
noître  a  la  Cour,  &  comme  il  neman(.juoitnid'adreffe,nid'ambition,il 
eut  le  moyen  d'être  Protonotaire  Apollolique&  Référendaire  du  Pape 
Pie  II.  qui  réleva  à  l'Archevêché  de  Mihn,&  lui  confia  le  Gouvernement 
de  la  Marche  d'Ancone.  Les  Cardinaux  qui  entrèrent  dans  le  Conclave 
en  1464.  pour  l'Eledlion  d'un  nouveau  Pape,  après  la  mort  de  l'ie  II. 
jurèrent  entre  eux,  que  celui  qui  feroit  élu  ne  teroit  point  de  nouvelle 
promotion  de  Cardinaux,  que  ceux  qui  l'étoientdéjanefulTent  réduitsau 
nombre  de  vingt-quatre.  Paul  II.  fut  mis  fur  le  Siège  Pontifical.  Deux 
PréL;ts  ambitieux  Nardino  &  Théodore  Lelio,Evêque  de  Trevife  ,  lui 
periuadercnt  de  fedifpenfer  du  ferment  qu'il  avoit  fait  dans  le  Conclave. 
Lel'ape  le  crut,mais  ils  n'en  eurent  pas  alors  le  Chapeau  Rouge,comme 
ils  l'efperoient.  Nardino  fut  Nonce  extraordinaire  à  Naples,  &  Sixte 
IV.  le  fit  Cardinal  en  1473.  Comme  ce  Pape  étoit  perfuadéde  fon ha- 
bileté, il  le  nomma  à  la  Lég'ition  d'Avignon  &  puis  à  celle  deRimini. 
Nardino  mourut  le  Z3.  Odiobre  de  l'an  1484.  à  Rome ,  où  il  a  fondé  le 
Collège  de  fon  nom.  11  fit  aulîi  des  préfens  coniidérables  à  l'iiglife  de 
Milan.  Garimbert ,  ii.  6.  Onuphre,  Ciaconius,  Auberi,&c. 

NARDO,  Ville  du  Royaume  de  Naples, dans  la  Terre  d'Otrante, 
eft  le  Neritum  des  Auteurs  Latins,  avec  titre  de  Duché, au  Comte  de 
Converfano,  &  Evêché  Suffragant  de  Brindes.  Le  Pape  Alexandre  VII. 
avoit  été  t.vêque  de  cette  Ville,avant  fon  élévation  au  Pontificat.  Nardo 
eft  fituée  dans  une  plaine  agréable ,  à  deux  ou'trois  milles  duGolphede 
Tarente. 

NARENZA,  en  Latin  A^<îro,  Ville  de  Dalmatie  fur  la  mer  Adriati- 
que, au  Tu  c.  Elle  a  été  autrefois  conlidérable,  mais  elle  eft  préfente- 
meut  prefque  ruinée. 

-  MARNI  ,  fur  la  Rivière  de  Nera,  Ville  d'Italie,  avec  titre  d'Evêché, 
dans  1  Ombrie  Province  de  l'Etat  hcclefiaftique.  Strabon  la  nomme 
aanm,  &i  Narnia.  Pline  remarque ,  qu'on  l'avoit  appellée  Nequinum  , 
&que  ce  mot  étoit  tiré  de  nequitia,  pour  exprimer  la  malice  des  habi- 
tans, qui avoient  mieux  aimé  égorger  leurs  enfans,que  de  les  remettre 
à  ceux  qui  a  voient  affiegé  leur  Ville.  CeuxdeNarni  fe  vantent  que  leur 
Ville  a  été  la  patrie  de  l'Empereur  Nerva,ôtd'un  Pape  nomnié  Jean; 
peut-être  que  ce  fut  Jean  XIII.  Evêque  de  Narni.  Jean-Baptifte  Tuf- 
ci  de  Bonetis,  Evêque  de  Narni,  publia  en  1615.  des.  Ordonnances 
Synodales. 

NARSES,  Roi  de  Perfe  ,  fucceda  à  fon  père  Veranes  III.  en  295. 
&  régna  environ  l'ept  ans.  Ce  Prince  voyant  que  les  Empereurs  étoient 
occupez  à  s'oppofer  aux  rebelles  de  l'Empire, furprit  la  Mefopptamie  & 
l'Arménie.  Diocletien envoya  Maximien  Galère, qui  fut  d'abord  battu; 
mais  en  deux  batailles  qu'il  donna  enfuite,il  mit  les  Perfes  en  déroute, 
fit  prilonnier  Narfes.avec  fa  femme, fes  enfans,  fes  fœurs  &  plufieurs 
perfonnes  de  qualité.  Il  reprit  encore  la  Mefopotamie ,  avec  cinq  Pro- 
vinces, au  delà  du  Tigte,Narfes  mouritt  en  301.  *Eufebe  in  Chron. 
Eutrope ,  lib.  9. 

[NaRSêS  Comte  du  facré  Palais  en  CCCCXVI.  dans  la  Cour  de 
Conftantinople ,  fous  Thïodofe  le  Jeune.  Il  en  eft  parlé  dans  le  Code 
Theodofien  l.  i.  de  Cajirenjianis.'] 

NARbE>,  Général  de  l'Armée  Romaine,  étoit  Perfan  de4nation,& 
à  la  première  bataille  que  Juftinien  gagna  contre  les  Perfes,  en  518.  il 
avoit  pris  parti  avec  lui.  Il  fut  premièrement  Quefteur  ou 'Tréforier  de 
l'Armée.  De  cet  emploi  il  pafla  à  d'autres  plus  importans,  ilfutdéfigné 
Conful  &  fait  Patricien  ;  &  parut  un  fi  grand  homme  de  guerre ,  bien 
qu'il  fût  Eunuque,  qu'il  fut  choili  pour  s'oppofer  à  Totila  Roi  des  Gots, 
&  relever  les  affaires  en  Italie,  où  elles  étoient  ruinées.  Narfes  aimoitla 
Jultice,  &  avoit  une  particulière  dévotion  à  la  fainte  Vierge.  Auffi  ce 
fut  par  fon  fecours,  qu'il  défit  les  Gots  en  deux  batailles,  en  552.  &  à  la 
dernière ,  donnée  dans  le  même  lieu,  où  Camille  avoit  vaincu  les  Gau- 
lois dit  Bufia  Gallorur/ij'Totih  y  fut  tué.  Ce  Capitaine  remporta  d'autres 
vidloires  en  553.  contre  Leutharis  &  Bucellin  AUemans  ,  qui  étoient 
entrez  en  Italie.  Quelques  Auteurs  afl"urent,  après  Paul  Diacre,  que 
l'Impératrice  Sophie  en  colère  contre  Narfes,  lui  fit  dire  de  quitter  les  ar- 
mes &  de  venir  filer  avec  les  femmes,  lui' reprochant  ainfi  qu'il  étoit  Funu- 
que;  Que  ce  grand  homme  répondit  qu'il  ourdiroitunetoile,  qu'on  ne 
déferoitpas  facilement;  &  qu'enfuite  il  appella  les  Lombards  en  Italie. 
Le  Cardinal  Baronius,  fondé  fur  le  témoignage  de  Corippe  Hiftorien  de 
ce  teins,  eftime  que  tout  cela  eft  inventé  ;&  que  Narfes  avoit  été  déjà  ra- 
pellé  à  Conftantinople.  Il  croit  auffi  que  c'eft  le  même  Nariés,  à  qui  faint 
Grégoire  a  écrit  trois  Lettres  ;&celuiqui  s'étant  révolté  contre  Phocas, 
pour  venger  la  mort  de  l'Empereur  Maurice,  fut  furpris  par  le  même 
Phocas  qui  le  fit  brûler ,  vers  l'an  604.  Si  cela  eft ,  il  faut  croire  que 
Narfes  étoit  alors  fort  âgé.  *  Procope,  lih.  3 .  de  bello  Goth.  E  vagre,  lib.  4.' 
Nicephore,  Agathias,  Cedrene,  Zonare,  Paul  Diacre,  &c.  citez  par  Baro- 
nius, vi.  0.552.553.567. 605. eyâoô. 

NARSING  APaTAN,  Ville  de  l'Inde  dans  le  Royaume  deGol- 
conde,  dans  la  prefqu'Ile  deçà  le  Gange.  Elle  eft  fur  le  Golphe  de  Ben- 
gala,  à  l'Orient  de  Condapoli,  8c  entre  Pahor  &  Vixnapatan  lur  le  même 
Golphe. 

NARSINGUE,  ViUeSc  Royaume  de  l'Inde.dans  la  prefqu'Ile  deçà 
îe  Gange ,  vers  la  côte  de  Coromandel.  Les  Etats  du  Roi  de  Narfingue 
ont  été  autrefois  confîderables ,  mais  ils  font  aujourd'hui  foûmis  à  celui 
deBifnagar.  La  Ville  eft  fur  une  Rivière,  &  elle  eft  grande  8c  bien  peu- 
plée. La  Narfingue  produit  diverfes  pierreries.  Autrefois  le  Prince  de  ce 
Pais  fe  difoit  Roi  des  Rois  Se  mari  de  mille  femmes,  8c  il  recompenfoit 
la  valeur  8c  les  fervices  de  fes  Officiers, par  le  don  des  plus  belles  filles 
du  pais. 
NARSISSE.  Cherchez  Narciffe. 

NAR  VA ,  ou  N  E  R  V  A ,  .Ville  de  la  Livonie  proche  de  k  côte  du, 
Tome  IV. 


Golfe  de  Finlande  ,  vers  la  Province  d'Ingiie.  Cette  Ville  eft  forte, 
&  a  un  très-bon  Château  :  elle  eft  fituée  fm-  un  Fleuve  de  même  nom, 
qui  fêpaioit  autrefois  la  Livonie ,  de  la  Mofcovie.  De  l'autre  côté  de 
la  rivière  eft  la  tortereflè  d'iwanogorod ,  que  les  Mofcovites  ont  bâtie 
un  roc  efcarpé ,  dont  la  rivière  fait  une  prefqu'Ile  ,  de  forte  que 


\ 


la  place  a  été  jugée  imprenable  ,  jufqu'à  ce  q'ue  Guftave  Adolfe  Roi. 
de  Suéde  l'eût  prife  en  161 7.  Au  pied  de  cetteForterelTeilyaunBourg 
que  l'on  nomme  la  Nerva  Ruflienne  ou  Mofcovite ,  pour  la  diftinguer 
de  la  Nerva  Teutonique  ou  Allemande,  qui  eft  la  Ville  dont  je  parle. 
Ce  Bourg  eft  habité  par  des  Mofcovites  naturels,  mais  fujets  à  la  Cou- 
ronne de  Suéde.    La  rivière  de  Nerva,  qui  fort  du  Lac  de  Peipis,  èc 
fe  décharge  dans  le  Golfe  de  Finlande  ,  eft  fort  rapide;  elle  a  un  Saut, 
a  une  demi-lieuë  au  deftùs  de  la  Ville,  où  les  eaux  tombent  dans  un  pré- 
cipice, avec  un  bruit  effroyable,  8c  avec  tant  de  violence,  que  les  ilôts 
venant  à  fe  brifer  contre  les  rochers  ,  fe  réduifent  comme  en  une  va- 
peur ,  laquelle  rempliffant  l'air  fait  un  effet  admirable  ;  car  le  Soleil 
donnant  delTus ,  le  matin ,  fait  voir  un  arc  en-ciel  auffi  beau  que  ce- 
lui qu'il  a  coutume  de  former  dans  les  nues.    Ce  Saut  fait  que  l'on 
eft  contraint  de  décharger  là  toutes  les   marchandées  que  l'on  en- 
voyé de  Plefcou  ,  8c  de  Derpt  à  Nerva  ,  pour  être  chargées  fur  le 
Golfe  de  Finlande.   La  Ville  de  Nerva  fut  bâtie  en  1113.  par  Wol- 
mar  II.  Roi  de  Danemark.    Le  Grand  Duc  de  Mofcovie  la  prit  en 
1558.  8c  le  Roi  de  Suéde  la  reprit  fur  les  Mofcovites  en  1581.  Depuis 
ce  teras-là  elle  a  appartenu  aux  Suédois,  qui  nepofledentleFortd'Iwa- 
nogorod  que  depuis  1617.  Les  Mofcovites  de  la  Nerva  Ruffienne  obfer-' 
vent  une  cérémonie  affèz  remarquable  la  veille  de  la  Pentecôte,  qui  eft  le 
jour  de  l'Annivcrfaire  qu'ils  font  pour  les  Morts.  Les  femmes  s'afl"em- 
blentdans  le  cimetière,  8c  étendent  fur  les  fépulcres  des  mouchoirs  bor- 
dez de  foye de diverfescouleurs  aux  quatre  coins.  Elles  mettent  fur  ces 
mouchoirs  ounapes,  plufieurs  plats  de  poiflbn  rôti  8c  frit ,  des  flans,  des 
gâteaux,  8c  des  œufs  peints  en  rouge  ou  en  violet.  Le  Prêtre  encenfe  les 
iëpulcres  ,  ?<.  fait  quelques  prières  ,  pendant  que  ces  femmes  pleurent 
&c  témoignent  leur  douleur  par  des  cris  épouvantables.  En  même  tems 
le  Clerc  qui  fuit  le  Prêtre  ,ama(re  les  préfens  qui  font  fur  les  tombeaux, 
dont  fon  Maître  fait  enfuite  bonne  chère.  *01earius.  Voyage  de  Mofco- 
vie. sr/P;  .  , 

NASARO  (Matheo  ou  Matthieu  del)  Graveur  en  Pierres  étoit  de  Ve-» 
rone.  Il  vint  vers  l'an  1520.  en  France, où  le  Roi  François  I.  le  retint  à 
fon  fervice ,  &c  l'employa  à  faire  quelques  delTeins  pour  des  draps  d'or  ~ 
8c  de  foye  &  pour  des  tapiiTeries ,  qu'on  travailloit  pour  lui  en  Flandre. 
Matthieu  del  Nafaro  y  fitmêmeun  voyage,  pour  en  prendre  la  conduite, 
8cenfuite.il  porta  en  Italie  l'argent  qu'il  avoit  gagné  en  France.  Ce  fut; 
prefque  en  ce  même  tems,  que  le  Roi  fut  pris  à  la  bataille  de  Pavie  en 
1525.  A  fon  retour  dans  fes  ^-tatSjil  y  fit  revenir  Matthieu  del  Nafaro, 
8c  le  fit  Maître  de  la  Monnoye^  Un  emploi  fi  conlidérable  lui  donna  la 
penféede  fe  marier  en  France,  ce  qu'il  fit,  8c  il  vécut  jufques  un  peu  après 
la  mort  du  Roi  François  I.  qui  arriva  le  31.  Mars  de  l'an  1546. 

NASI,  mot  Hébreu  qui  iïgnifie  Prince,  fe  trouve  fouvent  dans  les 
Livres  des  Juifs.  Il  marquoit  autrefois  le  fouverain  Juge  8c le  Prélident 
de  leur  grand  Sanhédrin ,  comime  on  peut  voir  d«ns  R.  Mo'ife  en  fon 
Traité  du  Sanhédrin.  Les  Juifs  ont  encore  retenu  ce  titre  de  Na/t , 
dans  ces  derniers  tems;  8c  leurs  Rabbins,  qui  font  leurs  Princes  ou  Chefs- 
dans  les  lieux  de  leur  exil ,  fe  l'attribuent  pour  marquer  leur  dignité. 
*R.  Simon.  SU  P. 
NASICA.  Cherchez  Scipio  Nafica. 
NASO.  Cherchez  Aflorius  Nafo. 

NASAMONES,  anciens  peuples  d'Afrique , dont  Hérodote ,  Stra- 
bon, Pline,  Quinte-Curfe,&c.  font  mention.  Ces  Auteurs  en  parlent 
pourtant  diverfement;  Car  il  y  en  avoit  dans  la  Libye  près  de  l'Océan 
Atlantique;  on  en  trouvoit  d'autres  près  de  la  Merde  Marmora,  8c  d'au- 
tres au  Golphe  de  Sidra ,  dit  les  Seiches  de  Barbarie ,  Syrtis  magna,  ux- 
cain  parle  de  ces  derniers ,  //.  9. 

NASSAU ,  Ville  8c  Comté  de  l'Empire  dans  la  Veteravie.  Son  nom 
Latin  Najfovia  eft  le  même,  félon  Berthius,  que  Naf s- gavia , comme  fi 
on  vouloit  dire  un  pais  aquatique.  La  Ville  de  NafTau  eft  fur  une  coline 
entourée  d'une  campagne  màrécageufe ,  où  eft  la  Rivière  de  Loëri  ou 
Lanh,  entre  Marpurg  8c  le  Fort  deHermerttein.  Le  ComtédeNalTau 
eft  confidérable.  Il  donne  fon  nom  à  l'ancienne  Maifon  de  Naflau,  qui 
a  été  féconde  en  grands  Hommes.  Elle  a  eu  un  Empereur ,  nommé 
Adolphe,  qui  perdit  la  Couronne  8c la  vie ,  l'an  1297.  en  combattant  con- 
tre Albert  d'Autriche  I.  du  nom,  comme  je  le  dis  ailleurs.  Je  parle  auffi 
des  Comtes  de  Gucldres  de  la  Maifon  de  Nafl^au ,  depuis  Othon  qui 
époufa  l'héritière  de  Gueldres.  C'étoit  AlixfilledeWichardlII.morten 
1061.  Henri  le  Riche  Comte  de  Nafl"au  mourut  en  1254.  lailTant  deux 
fils  Walrame  &c  Othon  qui  ont  fait  les  deux  principales  branches  de  la 
Maifon  de  NafTau.  La  I.  vient  de  ce  Walrame  qui  mourut  ca  1289. 
8c  fut  père  de  l'Empereur  Adolphe.  Cette  Branche  eft  aujourd'hui  foû- 
divifée  en  trois  autres ,  qui  font  NafTau-Sarbruck ,  Naflau-Wisbaden  8: 
Idftein,  8c  NafTau- Weilbourg.'  La  II.  Branche  vient  de  cet  Othon  qui 
époufa  Agnès,  Comtefle  de  Solms  ;  8c  elle  eft  foûdivifée  en  cinq  autres 
qui  font  Nafiau-Orange ,  Naflàu-Siegen ,  NafiTau-Dillenbourg ,  les  Prin- 
ces de  NafTau  8c  Naflau-Hadamar.  Je  parle  de  la  principale  de  fes  Bran- 
ches fous  le  nom  d'Orange.  *  Berthius,  livr.  3.  Rer.  Germ.  Cluvier, 
Defcr.Germ.  La  Pife,  Hifioir.  d'Orang.  Tobias  Weber,  Géneal.  Com. 
Najfav.  -  -J 

•NASSAU.  Les  Hollandois  ont  donné  ce  nom  à  divers  Forts  Se  à  une- 
Ile  de  l'Amérique,  afin  de  témoigner  leur  confîdération 8c leur  eftime; 
pour  le  Prince  d'Orange  de  la  Maifon  de  NafTau.  Ainfi  ils  ont  le  Fort  de 
N  A  s  s  A  u ,  ou  Moure,  dans  la  Guinée.  Un  autre  de  ce  nom  dans  Motire 
qui  eft  une  des  Iles  Molucques,  comme  je  l'ai  remarqué  en  fon  lieu, 
L'Ile  de  Nassau,  que  ceux  du  Pais-Bas  nomment  Nafauiv  Eylandt, 
petite  Ile  d'Afie,  qu'on  trouve  dans  la  mer  des  Indes.  Il  y  a  encore  le;^ 
Détroit  de  Nassau  ou  de  Vaigats ,  fur  la  Mer  du  Nort.  '^ 

N  A  S  S I B  :  nom  que  les  Turcs  donnent  au  Deftin ,  qui  fe  trouvej; 
félon  eux,  dans  un  Livre  qui  a  été  écrit  au  Ciel,  8c  qui  contient  la  bon-- 
ne 8c la mauvaife  fortune  de  tous  les  hommes, qu'ils  ne  peuvent  éviter 
en  quelque  manière  que  cefoit*  Ils  font  fi  fort  perfuadez  de  ce  Naffib,'' 
B  qu'ils 


lo  NAS.  NAT.  NAV. 

qu'ils  s'expofent  à  toute  forte  de  dangers,  croyant  qu'il  n'en  arrivera  que 
ce  que  leDeftinenaordonné.  *Ricaut,  de  l  Empire  Ottoman.  SU  P. 

NASSOUF  BASSA,  Grand-Vifîr,  &  Favori  d'Achmet  Empereur 
des  Turcs  en  i6ii.  étoit  né  Chrétien ,  &  fon  père  étoit  même  Prêtre 
Grec,  marié.  Il  fut  donné  pour  enfant  de  tribut, &  emmené  à  Conf- 
tantin'oplc  du  tems  de  Sultan  Amurat  III.  Etant  entré  dans  le  Serrail 
au  fervice  du  Ki(ler-Aga ,  c'eft-à-diredu  Gouverneur  des  filles  du  Grand- 
Seigneur,  il  fe  fit  aimer  du  Rouftein-Aga  ,  ou  Maître  d'Hôtel  de  la 
Sultane,  vers  lequel  il  étoit  fouvent  envoyé.  Cette Princefie  lui  fit  ob- 
tenir le  Gouvernement  d'Alep,  &  enfuite  celui  de  Diarbekir,  d'où  il 
fut  appelle  pour  être  Grand  Vizir,  &  pour  époufer  une  des  filles  d'Achmet. 
Mais  bien-tôt  après,  l'Empereur  ayant  eu  connoilTance  de  fes  exaftions 
&  de  fes  crimes,  envoya  le  Boftangi-BalTa  pour  lui  demander  le  Seau 
de  l'Empire,  avec  fa  tête.  Nafl'ouf  ayant  eu  la  gorge  coupée;  parce 
qu'on  n'avoit  pu  l'étrangler,  le 'Grand  Seigneur  le  fit  apporter  dans  un 
méchant  tapis ,  &  le  voyant  il  commanda  qu'on  lui  coupât  entière- 
ment la  tête ,  de  peur ,  dit-il ,  que  ce  chien  ne  rejjufcite.  Puis  il  fit  por- 
ter le  corps  en  un  lieu  ovi  tomboit  l'égoût  de  fon  Serrail,  &  de  là  com- 
manda qu'on  le  jettàt  dans  la  mer.  11  le  fit  néanmoins  retirer  de  la 
mer  quelque  tems  après,  à  la  prière  de  la  Sultane  fa  fille,  &  permit 
qu'on  lui  donnât  une  fépulture,  mais  fans  pompe  dans  un  cimetie;re  pu- 
blic. Le  Grand  Seigneur  fit  faire  inventaire  de  tous  les  biens  de  Naflbuf 
par  le  Garde  de  fon  Threfor ,  qui  trouva  des  richefles  ineftimables. 
*Du  Pui,  Hijioire  des  Favoris.  SU  P. 

NATAGAI,  Idole  que  les  Tartares  adorent  comme  Dieu  delà  terre, 
&  de  tous  les  animaux.  Il  n'y  a  point  de  maifon  où  l'on  ne  garde  avec 
refped  une  image  de  ce  faux-Dieu,  accompagné  de  fa  femme,  &  de 
fes  enfans  :  &  la  plupart  font  fi  ftupides,  ou  fi  infatucz ,  qu'ils  préfentent 
à  manger  à  ces  figures ,  &  leur  frottent  la  bouche  avec  la  graifle  de 
leurs  viandes,  dans  la  croyance  qu'elles  vivent  &  qu'elles  ont  befoin  de 
nourriture.  *Kircher,  de  la  Chine.  SU  P. 

NATALIBUS  (Petrusde)  Evêque  de  Jefolo ,  dite  Emilium ,  qui  eft 
une  Ville  préfentement  détruite,  dans  l' Ktat  de  Vcnife.  Il  vivoit  dans  le 

XIV.  Siècle,  ou  félon  d'autres,  dans  le  XV.  &  il  publia  des  Vies  de  Saints, 
qu'il  recueuiUit  avec  plus  de  foin  que  n'avoit  fait  Jaques  de  Voragine. 
*Vz[ée,!nChron.Hifpan.c.^.  Vo&as , de mfi.Lat.  ? oSevin, in jîppar. 
Sacr.  Gefner ,  in  hihl.  z^c. 

NATALIS  COMES.  Cherchez  Cornes. 

[NATALIS,  chef  de  Sardaigne  {Dux  Sardinii)  fous  Theodofe  le 
Grand ,  en  CCCLXXXII.  dont  il  eft  parlé  dans  le  Code  Theodofien,  /.  3. 
ad  l.  Jnl.  repetu.nd.'] 

NATALIUS,  Confefleur,  qui  vivoit  dans  le  II.  Siècle,  comme 
nous  l'apprenons  d'Eufebe.  Onditques'étant  laiiTé  e'mporter  à  l'avarice 
&  à  l'ambition .  il  tomba  dans  l'hérefie  des  Théodofiens ,  qui  le  firent 
leur  Evêque.  Dieu  eut  pitié  de  lui;  car  on  ajoute  que  durant  la  nuit  il 
fut  fouetté  des  Anges,  &  qu'ayant  reconnu  fonerreur,il  fut  fe  jetteraux 
pieds  duPapeZephyrin ,  revêtu  d'un  cilice.  CePontife  le  reçût  avec  pi- 
tié. Natalius  témoigna  une  grande  douleur  de  fa  faute,  &  même  il  em- 
braffa  les  genoux  de  tous  les  Laïques,  pour  demander  pardon  de  fon  in- 
fidélité.   *Eufcbe,  U.  5.  Hifl.  c.  28. 

NATHAN,  Prophète,  vivoit  l'an  1980.  du  Monde.  Il  prédit  plu- 
fieurs  chofes  avantageufes  à  David;  8c  ce  fut  lui  qui  reprit  ce  Prince  de 
l'adultère  qu'il  avoir  commis,  comme  je  le  dis  ailleurs.  Depuis  il  écrivit 
l'Hiftoire  du  règne  de  ce  même  Roi,  comme  il  eft  marqué  dans  le  der- 
nier Chapitre  du  I.  Livre  des  Paralipomenes ,  &  dans  le  II.  Livre  des  Rois, 
aux  Chapitres  7.  8.  &  12.. 

NATHAN,  fils,  non  pas  naturel,  mais  adoptif  de  David.  Conftil- 
tezTorniel,  A.M.^9'è■].  n.  ^.và.içj^o.n.^.o'l. 

NATHAN  ,  Rabbin,  qui  vivoit  à  Rome  dans  le  XII.  Siècle,  & 
qui  fit  un  Diaionaire  CaldaïqueSc  d'autres  Ouvrages.  *Genebrard,  in 
Chron. 

NATHANAEL,  Juif,  que  le  Sauveur  du  Monde  appella  un  vrai 
Ifraëlite,  comme  il  eft  rapporté  en  S.-Jean,  c.  i.  L'Abbé  Rupert&quel- 
ques  autres  Dosfteurs  ont  crû  queNathanaël  fut  Apôtre,  &  que  c'eft  le 
même  que  S.  Barthelemi  ;  mais  il  eft  plus  fur  de  dire,avec  S.  Auguftin,  que 
parce  que  Nathanaël  étoit  Dodeur  de  la  Loi, le  Fils  de  Dieu  ne  l'ap* 
pclla  pas  à  l'Apoftolat.  *S.  Augultin,  traôl.  17.  i»  Joann. 

NATOLIE  ou  Afie  Mineure &Anatolie  ,  grande  région  del'Afîe. 
Cherchez  Anatolie  &  Afie  Mineure. 

NATION,  étoit  une  Déeflé  du  Paganifme  adorée  chez  les  Romains, 
qui  lui  faifoient  des  facrifices  folemnels,  à  Ardée,  ville  àuLa(ium,o\x 
elle  avoit  un  Temple.  Elle  préfidoit  à  la  naiCTance  des  enfans ,  &  les 
femmes,  l'invoquoient  pour  faire  d'heureufes  couches.  Son  nom  étoit 
pris  du  mot  Nafci,  naître.  *Ciceron,  de  Nat.  Deor.  l.  3.  SU  P. 

NATTA  ,  connu  fous  le  nom  de  Marcus  Antonius  Natta 
d'Aft,  Juvifconfulte ,  qui  vivoit  dans  le  XVI.  Siècle,  qui  étoit  .renom- 
mé par  fa  Science.  11  a  laiflediversOuvrages  &  entre  autres,  De  Dw,£;^. 

XV.  Conciliorum ,  Lib.  III.  De  Paffîone  Domini,  Lib.  Vil.  isrc.  Confultez 
PoflTevin,  Le  Mire,  &c. 

NAVAGERO  (Bernard)  Cardinal  ,  Evêque  de  Vérone,  étoit  de 
Yenife,  où  fa  Famille  eft  noble  &  ancienne.  U  fit  de  grands  progrès  dans 
les  Lettres ,  &  fe  fit  confiderer  à  Venife,  où  il  eut  des  Charges  importan- 
tes. On  l'envoya  Syndic  en  Dalmatie ,  il  fut  Baiie  à  Conftantinople , 
Ambaffadeur  à  Rome,  en  France  8c  à  la  Cour  de  rEmpereur,8ciieut 
d'autres  emplois  importans.  André  Gritti  Doge  de  Venife ,  étoit  fi  char- 
mé de  l'éloquence  de  ce  dode  Sénateur,  qu'il  lui  dit  un  jour  qu'il  moui- 
roit  avec  plaifir,  s'il  étoit  aiTuré  qu'il  voulût  fe  charger  de  faire  fon  Orai- 
fon  funèbre.  Navagero  le  lui  promit  8c  le  Doge  lui  en  téiiioigna  une 
très-grande  reconnoiffance.  Pierre  Lando,  qui  fut  Prince  de  la  Répu- 
blique après  Gritti ,  eut  la  même  coniidération  pour  Navagero ,  qu'il 
mit  dans  fon  alliance  en  lui  faifant  époufer  Iftriano  Lando  fa  petite-fille. 
Cette  Darae  mourut  jeune,  8c  Bernard  Navagero  ne  fongca  plus^  à  de  fé- 
condes noces.  Il  fit  fon  plaifir  de  fes  Livres.  Sa  vie  étoit  extrêmement 
folitaire  :  8c  il  ne  fortoit  de  fon  cabinet,  que  pour  rendre  fes  fervices  à  la 
République.  Le  Pape  Pie  IV.  qui  étoit  très-perfuadé  de  fon  mérite,  le  fit 
Cardinal,  au  mois  de  Févrierde  l'an  1561.  8c  lui  donna  enfuite  l'Evêché 
de  Vérone.  Depuis  il  l'envoya  Légat  à  Trente,  où  il  fe  trouva  à  la  con- 


NAV. 

clufion  du  Concile,  &delà  il  vint  dans  fon  Diocefe  de 'Vérone.  Navà^ 
gero  y  travailloit  à  remplir  tous  les  devoirs  d'un  bon  Prélat,  quand  il 
mourut, le  17.  Mai  de  l'an  156;. âgé  de  58. ans.  Il  avoit  eu  de  fon  ma- 
riage Jean-Louïs  Navagero, qui  époufa  Jeanne Donato;  &^  Laura  ,ma^ 
ciée  à  Gafpard  Venerio  noble  Vénitien.  La  Famille  de  Navagero  a  eu 
de  grands  Hommes  i  8c  entre  autres  André'  Navagero  eftimé  par  fa 
capacité  8c  par  fon  éloquence,  qui  mourut  l'an  15 16.  au  retour  d'u- 
ne Ambaffade  d'Efpagne.  *  Auguftin  Valcrio,  in  vita  Card.  Navae* 
Bembo,  Hift.  U.  10.  Auberi,  Ughcl,  8cc.  '  ^ 

NA VAILLES  (Philippe  de  Montault  de  Benac  de)  Duc  de  Na-> 
vailles.  Pair  9,l  Maréchal  de  France,  Chevalier  des  Ordres  du  Roi ,  étoit 
de  l'illuftre  famille  de  Navailles  ,  qui  eft  une  des  plus  anciennes  du 
Bearn.  Il  commanda  l'Armée  d'Italie,  fous  leDucdeModene  en  1658. 
en  qualité  de  Capitaine  Général  :  ôc  l'année  fuivante,  après  la  mort  de 
ce  Prince,  il  la  commanda  en  chef,  avec  laqualitéd'Ambafladeur  ex- 
traordinaire vers  les  Princes  d'Italie.  11  a  auffi  commandé  en  chef 
l'Armée  que  le  Roi  envoya  au  fecours  de  Candie,  l'an  1669. 8c  depuis 
il  a  eu  encore  le  Commandement  en  chef  fur  toutes  les  troupes  qui 
étoient  en  Lorraine,  Alface,  Champagne 8c Bourgogne  en  1673, Seau 
commencement  de  1674.  En  ce  tems  il  prit  Gray ,  qui  fut  l'ouverture 
de  la  conquête  de  la  Franche-Comté.  Dans  la  Campagne  de  1674.  il 
fervit  en  Flandres  fous  le  Prince  de  Condé  ,  en  qualité  de  Lieutenant 
Général  :  mais  parce  que  le  Duc  de  Navailles  avoit  déjà  commandé  en 
chef,  le  Roi  ordonna  au  Prince  de  partager  l'Armée  en  deux  corps, 
ii  de  faire  fervir  Navailles  feul ,  dans  celui  où  étoit  la  maifon  du  Roi, 
8c  les  trois  autres  Lieutenans  Généraux,  dans  l'autre  corps.  En  167J. 
lorfqu'il  étoit  dans  fon  Gouvernement  de  la  Rochelle ,  fa  Majefté l'ho- 
nora du  bâton  de  Maréchal  de  France.  Au  mois  de  Janvier  1676.  il 
fut  envoyé  en  Catalogne,  où  il  a  commandé  en  chet  l'Armée  du  Roi 
pendant  trois  années,  8c  jufques  à  la  Paix  de  1678.  Il  a  eu  long-tems 
le  Gouvernement  de  Bapaume ,  quelque-tems  celui  du  Havre-de-Gra- 
ce,  8c  jufqu'à  fa  mort  celui  de  la  Rochelle,  8c  du  pais  d'Aunis.  Il  fut  re- 
çu Chevalier  de  l'Ordre  du  S.  Efprit  en  la  Promotion  de  1661.  11  a  été 
long-tems  Capitaine-Lieutenant  des  deux  cens  Chevaux-Légers  de  la 
,  Garde  du  Roi.  Enfin  il  fut  nommé  Gouverneur  de  Monfieur  le  Duc  de 
Chartres,  en  Avril  1683.  mais  il  mourut  en  Février  1684.  ■•Mémoi- 
res du  Tems.  SU  P. 

NAVARIN,  Ville  de  laMorée,dans  la  Province  de  Belvédère,  pro- 
che de  Modon.  Les  Turcs  l'appellent  Javarim.  Les  Anciens  la  nom- 
^moient  Pylus  Mejfeniaca.  Il  y  a  le  vieux  Navarm  8c  le  nouveau.  Le 
vieux  Navarin  eft  bâti  fur  une  hauteur  efcarpée ,  pleine  de  rochers  ?iC 
dont  la  pente  fe  va  perdre  dans  la  Mer.  Sa  fituation  eft  forte  naturelle- 
ment, 8c  l'Art  n'y  a  pas  peu  contribué  de  fon  côté.  A  la  gauche,  oS 
voit  fur  un  penchant  le  Nouveau  Navarin ,  qui  eft  fortifié  de  bonnes 
murailles,  avec  une  Citadelle  à  fix  battions,  que  les  Turcs  y  bâtirent  en 
1571.  au  pié  de  laquelle  eft  un  Port,  le  plus  fpacieux  de  toute  laMo- 
rée.'Ce  Port  a  deux  ouvertures,  qui  font  commandées  par  le  Canon 
du  nouveau  Navarin ,  fous  lequel  il  faut  paff"er  indifpenfablement.  En 
1644.  le  Sultan  Ibrahim,  père  de  Mahomet  IV.  qui  fut  dépofé  en  1687. 
choifit  ce  Port  pour  le  rendez- vous  de  fa  Flotte ,  compofée  de  deuE 
mille  voiles  ,  avec  laquelle  Seliélar  BalTa  s'y  rendit  le  21.  Juin  ,  82 
en  partit  enfuite  pour  aller  en  Candie.  Navarin  a  paiTé  de  tout  tems 
pour  une  place  importante,  8c  c'eft  ce  qui  l'a  foûmife  à  de  différentes 
dominations.  En  1498.  qu'elle  appartenoit  aux  Vénitiens ,  les  Turcs 
s'en  rendirent  maîtres,  après  la  prife  de  Modon.  Les  Vénitiens  y  ren- 
trèrent peu  de  tems  après ,  mais  les  Infidèles  les  en  chaflerent  bien- 
tôt. Eni686.IeGènéraliffimeMor«5finiparut  à  la  vue  du  vieux  Navarin 
le  1.  Juin,  fuivi  d'une  Flotte  de  deux  cens  voiles,  commandée  par  le 
Général  Konigfmark.  Les  afîîegez  épouvantez ,  par  une  armée  fi  nom- 
breufe,  fe  rendirent  à  compofition.  Mais  le  nouveau  Navarin  fit  une 
grande  réfiftance,  cfperant  de  jour  en  jour  le  fecours  du  Scraskier.de 
la  Morèc ,  qui  approcboit.  Lors  que  les  Vénitiens  eurent  nouvelle  que 
le  Général 'Turc  s'avançoit,  ils  réfolurent  de  l'aller  chercher  pour  le  com- 
battre. Le  General  Konigfmark  laiffa  au  Chevalier  Alcenago  le  foin  du 
Siège,  &Z.  marcha  à  la  rencontre  du  Seraskier,qu'il  défit, 8c  mit  en  déroute. 
Cette  Vidoire  des  Vénitiens  jetta  les  affiegez  dans  le  defefpoir  de  pou- 
voir défendre  la  place,  qu'ils  rendirent  par  capitulation,  8c  fe  retirèrent  à 
Alexandrie.  On  confacra  la  Mofquée  au  culte  de  la  vraye  Religion,8c 
on  la  dédia  à  faint  Vito,  parce  que  les  Vénitiens  avoient  reconquis  cette 
Ville  le  jour  que  l'Eglife  célèbre  la  mémoire  de  ce  Saint.  *LePereCo- 
ronelK ,  Defcription  de  la  Marée.  SUP: 

NAVARRE  ,  Royaume  de  l'Europe,  aujourd'hui  en  partie  à  la 
France  5i  en  partie  à  l'Efpagne.  11  eft  fitué  entre  le  Bearn ,  les  Pire- 
nées,  la  Bifcaye,  la  Caftille  8c  l'Arragon.  Sa  ville  capitale  eft  Pampelune. 
On  le  divifoit  autrefois  en  cinq  Régions  ou  Merindades ,  qui  étoient 
Meriniada  de  Pampelona,  Merindada  de  Otite,  Merindada  de  Sanguefa, 
Merindadade EJielta&c Merindada  deTudela.  Il  y  avoit  aufli  les  Provin- 
ces de  Guipufcoa ,  de  Alava  8c  de  Rioja.  Aujourd'hui  on  divife  ce 
Royaume  en  Haute  8c  Baffe  Navarre.  Celle-ci,  qui  eft  la  moindre,  ap- 
partient aux  François  &c  les  Efpagnols  ont  ufurpé  l'autre  qui  eft  la  plus 
çonfidérable.  Les  Villes ,  outre  Pampelune ,  font  Viane  ,  Tudelle , 
Eftoille  ou  Fftella ,  SanguefTa ,  Olite ,  Lumbier ,  8cc.  dans  la  Haute  ; 
Et  dans  la  Baffe,  Saint  Jean  de  Pié  de  Port,  Saint  Palais,  8cc.  CeRoyau* 
me  eft  fterile  &i  inhabité ,  &c  fur  tout  en  ce  qui  dépend  d'Efpagne.  Ce 
pais  eft  plus  propre  pour  les  pâturages  que  pour  le  labeur ,  quoi  qu'on 
y  trouve  en  quelques  endroits  du  blé  8c  du  vin.  Il  y  a  beaucoup  de  venai- 
fon.  La  Baffe  Navarre  produit  aulîi  du  millet,  de  l'avoine, des  poires 
8c  des  pommes,  dont  on  fait  du  cidre,  qui  eft  laboiffon  ordinaire  desha- 
bitans.  Les  principales  Rivières  font  rEbre,qui  reçoit  l'Arragon,  l'Arga 
8c  l'Egba.  Ce  Royaume  a  eu  de  grands  Princes.  Il  s'établit  dans  le  IX. 
Siècle,  par  la  rébellion  des  Gafcons,  contre  les  Rois  Louis  le  Débonnaire 
èc  Charles  le  Chauve.  Le  premier  Roi  fut  Eneco ,  furnommé  Arifta  ou 
Harizetta ,  c'eft-à-dire  Chefnaye.  Ses  defcendans  en  jouirent  jufqu'en 
1234.  que  Sanche  VII.  dit  l'Enfermé  ou  le  Fort  ,  mourut  fans  enfans. 
11  avoit  deux  fœurs,  Berangere,  mariée  à  Richard  Cœur  de  Lion,  Roi 
d'Angleterre,  morte  aufli  fans  enfans,  8c Blanche, femme  de  Thibaud 
V.  Comte  de  Champagne ,  dont  le  fils  Thibaud  VI.  fut  Roi  de  Na- 
varre 


NAV. 

varre.  Il  laiffa  Thibaud  &  Henri  III.  qui  furent  tous  deux  Rois.  Le 
dernier  laiflâ  une  fille  unique  Jeanne ,  qui  fut  mariée  à  Philippe  le  Bel, 
Roi  de  France  &  de  Navarre.  Le  Roi  Louis  X.  dit  Htitin,  laiffa  une 
fille ,  Jeanne  de  France,  héritière  de  Navarre.  Elle  porta  cet  Etat  dans 
la Maifon d'Evreux ,  ayant  époufé,  par  Traité  du z?. Mars  1316.  Phi- 
lippe ,  Comte  d'Evreux.  Celui-ci  laiffa  Charles  le  Mauvais ,  père  d'un 
autre  Charles  dit  le  Noble,  Se  le  fécond  Salomon,  qui  mourut  l'an  142.5. 
SclaifTa  Blanche  héritière  de  fon  Etat.  Cette  PnnceiTe  époufa  Martin , 
Roi  de  Sicile;  &  en  fécondes  noces  Jean  Roi  d'Arragonôc  de  Navarre, 
duquel  elle  eut  Charles ,  Prince  de  Viane ,  mort  en  1641.  fans  enfans  : 
Blanche,  première  femme  d'Henri  IV.  dit  Y  Impttijfant ,  Roi  de  Caitille, 
morte  en  1464.  Et  Eleonor ,  qui  porta  la  Navarre  à  Gafton  ,  Comte 
de  Poix  &  de  Bigorre  Vicomte  de  Bearn,&  leur  fille  Catherine  la  porta  à 
Jean,  Sire  d'Albret ,  fur  lefquels  Ferdinand  d'Arragon  l'ufurpa  en  1513. 
comme  je  le  dis  ailleurs.  Cette  ufurpation  ne  fut  que  par  droit  de 
bienféance,  8c  contre  toute  forte  de  Loix  divines  Si  humaines.  Les 
Efpagnols  ruinèrent  un  très-grand  nombre  de  Villages  dans  la  Navarre, 
en  haine  de  Jean  d'Albret.  Son  fils  Henri  d'Albret ,  eut  de  Marguerite 
de  Valois ,  fœur  du  Roi  François  I.  Jeanne  d'Albret ,  qui  époufa  An- 
toine de  Bourbon ,  Duc  de  Vendôme ,  &  fut  mère  du  Roi  Henri  le 
Grand.  Voyez  ce  que  j'ai  remarqué  en  parlant  de  Ferdinand  V.  d'Arra- 
gon ,  de  l'ufurpation  de  la  Navarre.  Les  droits  de  ce  Prince  étoient  fi 
foibles , que Mariana ,  le  plus  judicieux  Hiftorien  que  l'Efpagne  ait  eu, 
nes'enefl  point  voulu  fervir.  Il  les  fondoit  fur  la  guerre,  8c  fur  une  Bul- 
le prétendue  du  Pape  qui  expofoit  la  Navarre  au  premier  occupant ,  à 
caufe  que  Jean ,  difoit-il ,  étoit  fauteur  du  Concile  de  Pife ,  8c  allié  du 
Roi  Louis  XII.  alors  ennemi  du  faint  Siège.  Mais  cette  Bulle  tant  allé- 
guée ne  fe  trouve  nulle  part  ;  8c  quand  elle  fe  trouveroit ,  pourroit-elle 
donner  le  moindre  droit  à  une  Couronne ,  qui  ne  relevé  que  de  Dieu  ? 
Ajoutons  encore  une  circonftance  qui  fait  mieux  voir  la  mauvaife  foi 
des  Efpagnols.  Ilsdifent  que  cette  Bulle  prétendue  fut  publiée  au  mois 
de  Juillet ,  cependant  la  Navarre  avoit  été  ufurpée  au  mois  de  Juin.  On 
dit  aufli  que  l'Empereur  Charles  V.  étant  au  lit  de  la  mort  recommanda 
à  Philippe  II.  fon  fils  de  reftituer  la  Navarre.  Philippe  II.  en  mourant , 
l'ordonna  de  même  à  Philippe  III.  Le  Roi  François  1.  reconquit  prefque 
toute  la  Navarre  en  1510.  &  la  perdit  peu  de  tems  après. 

SucceJJton  Chronologique  des  Rois  de  Navarre. 


NAV. 


II 


Vers  l'an  Srj.  Enico  Ariita  ou  Harizett , 

3S 

850  Ximen  Innigue, 

I 

Sji  Garfîas  Innigue, 

18 

870  Sanche  Garfîas, 

3S 

90s  Garfîas  II. 

20 

512.5  Sanche  11.  dit  Abarca, 

37 

•^Gt  Garfîas  IIÎ.  dit  le  Trembleur', 

Sanche  le  Grand. 

1034  Garfîas  IV. 

20 

1054  Sanche  IV.  dit  le  Sage, 

20 

Î074  Sanche  V.  fils  de  Rarair , 

20 

1094  Pierre, 

14 

1108  Alphonfe, 

19 

I134  Ramire  le  Moine. 

113s  Garfîas  V. 

15 

I150  Sanche  VI.  dit  le  Sage. 

43 

i  194  Sanche  VII.  dit  l'Enfermé  ou  le  Tort. 

40 

1234  Blanche  I. 

IZ34  Thibaud  dit  le  Pofihume  ,  le  Grand  8c  le  Faifeut 

de  Chan- 

fins. 

20 

Iiî4  Thibaud  ÎI. 

16 

ÏZ70  Henri  furnommé  le  Gros , 

3 

3174  Jeanne  I.  morte  en  1.304. 

3 

1284  Philippe  le  Bel, 

30 

13 14  Louis  Hutin, 

2 

13 16  Philippe  le  Long  , 

l 

1321  Charles  le  Bel, 

6 

1318  Jeanne  11.  morte  en  1349. 

1328  Philippe  III.  Comte  d'Evreux  ,  fumommé  k 

Bon  èc  le 

5<î^e,  .        ,                                                       .    . 

lî 

1343  Charles  II.  dit  le  Mauvais, 

43 

1386  Charles  III.  dit  le  Noble, 

40 

,    1425  Èlanche  11. 

16 

1445  J«an  5  Roi  d'Arragon , 

54 

1479  Eleonor, 

14,  jours 

1479  François  Phœbus, 

4 

1483  Catherine,  morte  1527, 

1484  Jean  d'Albret, 

38 

15 16  Henri  d'Albret, 

39 

1555  Jeanne  III. 

7 

1572  Antoine  de  Bourbon. 

7 

1582  Henri  le  Grand, 

38 

1610  Louis  le  Jujle, 

33 

1643  Louis  le  Grand 

Rois  de  la  Haute  Kavarrt.  ' 


ïjii  Ferdinand,  Ufurpateur, 

1516  Charles  V.  Empereur, 

1555  Philippe  II. 

1598  Philippe  IIL 

162 1  Philippe  IV. 

î666  Charles  II.  Roi  d'Efpagne.' 


3 
39 

9 
43 
^3 
34 


*  Favin ,  Sijl.  de  Navarre.  Arnould  Oihenard,  not.  utriufq.  Vafcon.  Ste 
Marthe,  Hifi.  Géneal.  de  :Fran.  De  Marca ,  Hifi.  de  Bearn.  Du  Pui ,  Droits 
du.  Roi ,  Mariana ,  Hijl.  Hiff.  Louis  de  Mayerne  Turquet ,  Htfi.  dEf- 
(cgne,  Gabriel  Chapuis,  HiJl.  de  Navarr,  Jofeph  de  Texeira,  Kiej  de 
Jome  IV.  ~  "        ' 


quelques  Rois  de  Navarr.  Garfîas  de  Gongora  deTorreblanca ,  Hifi.  de 
Navarre,  tyc. 

NA  V  ARREINS ,  Ville  de  France  dans  le  Bearn,  avec  une  Forterefle. 
Elle  eftfituée  fur  le  Gave  dit  d'Oleron,  entre  Sauveterre&  la  même  ville 
d'Oleron;  Scelle  a  été  eftimée  par  fes  fortifications.  Terride alfîegeoit 
en  1569.  Navarreins,  quand  le  Comte  de  Montgomery ,  qui  comman- 
doit  une  Armée  d'Huguenots,  l'obligea  de  lever  le  fiege.  Elle  a  été 
attaquée  en  divcrfes  autres  occafions. 

NAVARRIN  ou  Navarino,  Ville  8c  Port  de  Mer  de  la  Morée, 
dans  le  petit  Pais  de  Belvédère ,  au  Turc.  On  la  prend  pour  la  J^j/^j 
Mejfeniaca  des  Anciens.  Navamno  eft  près  de  Maina ,  entre  Modon , 
qu'elle  a  au  Levant  8c  Larcadia.  La  Ville  efl:  marchande  8c  bien  fortifiée;; 
Voyez  Navarin^ 

NAUCLERE  (Jean)  noble  Allemand  ,  natif  de  Soiiabe,  vivoit 
dans  le  XV.  Siècle.  Il  étoit  fils  de  Jean  Verge,  ou  Vergehau,  dont  le  nom 
veut  dire  Nautonnier  ;  c'eil  pour  cette  raifon  qu'il  prit  un  nom ,  qui 
fignifie  la  même  chofe  en  Grec.  Il  fut  Prévôt  de  l'Eglife  de  Tubinge,8c 
enfuite  Profeffeur  du  Droit  Canon  dans  l'Univerfité  de  la  même  Ville, 
qu'Everard, Comte, 8c puis  Duc  de  Wirtemberg  y  avoit  fondée  à  fon 
retour  du  voyage  de  Jerufalem  l'an  1477.  11  compofa  une  Chronique  de- 
puis le  commencement  du  Monde ,  jufqu'en  1 500.  que  Nicolas  Bafelius 
a  augmentée  jufqu'en  1514.8c  Surius  jufqu'en  1574.  On  ne  fait  pas  biea 
l'année  de  la  mort  de  Naudere.  Il  vivoit  encore  en  1501.  *Bdlarmin, 
de  Script.  Eccl.  GeûitT,inBibl.  Poffevin  ,  in  Appar.  Sacr.  Yoffms,l.2.  de 
Hijl.  Lat.  Melchior  Adam  ,  8cc. 

NAUCRATE,  Poète  Grec,  un  de  ceux  qu' Artemife  employa  pour 
travailler  à  l'éloge  de  Maufole.avec  Theopompe,Ifocrate  8c  Theodefte,' 
quiremportaleprix.  On  en  met  un  autre  de  ce  nom  ,Poëte  Comique, 
&C  Athénée  cite  une  de  fes  pièces  au  Livre  9.  LilioGiraldi  le  confond 
avec  Nausicrate,  dont  parle  Athénée  dans  le  7.  Livre.  Quoi  qu'il  eii 
foit,  le  premier  a  vécu  la  CIII.  Olympiade, l'an  386.  de  Rome.' Voyez 
Na  virate. 

[NAUCRATIS;  Ville  Capitale  d'un  N^we  delà  baflTe  Egypte,  nom- 
mé à  caufe  de  cela  Naucratique.  Il  eft  près  de  l'embouchure  du  bras  le 
plus  occidental  du  Nil ,  qu'on  nommoit  auffi ,  pour  la  même  raifon , 
l'embouchure  Naucratique.  C'étoit  la  Patrie  à'Athenee  Auteur  des 
Deipnofophijles ,  comme  il  le  témoigne  lui  même  dans  le  livre  onzième. 
Hérodote  remarque  qu'il  y  avoit  eu  dans  cette  Ville  de  célèbres  Courti- 
fannes  ;  comme  Rhodope ,  à  qui  les  Grecs  attribuoient  une  des  Pyramides , 
quoi  que,  félon  lui,  il  n'y  eut  aucune  apparence.  Athénée  reprend  Héro- 
dote de  ce  qu'il  confond  cette  Rhodope  avec  DoWgï/e,  maîtrefle  de  Cha~ 
raxe  frère  de  Sappho.  On  peut  voir  dans  cet  Auteur  diverfes  coutumes 
des  Naucratites.  Herod.Lib.i.  Athénée,  Lih.XUl.  zs)- alibi.'] 

NAUDE'  (Gabriel)  Chanoine  de  Verdun  8c  Prieur  d'Artige  enLi- 
mofîn,  s'eft  difi:ingué  entre  les  hommes  de  Lettres  du  XVII.  biécle.  11 
étoit  de  Paris ,  8c  fit  de  grands  progrès  dans  les  Sciences ,  dans  la  Critique 
8c  la  connoiffance  des  Auteurs,  8c  dans  l'intelligence  des  Langues.  Ces 
bonnes  qualitez  le  firent  confidérer.  Il  fut  premièrement  Bibliothécaire 
des  Cardinaux  Bagni  8c  Antoine  Barberin  à  Rome,  puis  du  Cardinal  Ma- 
zarin  en  France.  Naudé  avoit  en  fon  particulier  une  très  belle  Bibliothè- 
que. La  réputation  de  fon  mérite  fe  répandit  au  delà  de  la  Mer  Balti- 
que. Chrittme,RieinedeSuede,lefitvenir  à  Stokolm.  Elle s'entretenoit 
fouvent  avec  lui  de  belles  Lettres,  8c  lui  donnoit  beaucoup  de  témoigna- 
ges d'eftime.  A  fon  retour  de  ce  voyage,  il  mourut  à  Abbeville,  le  vingt- 
neuvième  Juillet  de  l'an  1653.  Gabriel  Naudé  a  fait  divers  Ouvrages: 
Syntagma  de  ftudio  militari.  Apologie  pour  les  grands  Hommes  accufez 
de  Magie.  Inftrudtion  touchant  la  chimérique  Compagnie  des  Frères  de 
la  Rofe-Croix.  Avis  pour  dreiTer  une  Bibliothèque.  Addition  à  la  vie  de_ 
Louis  XI.  tJn  Traité  de  Politique ,  8cc.  Divers  Auteurs  parlent  de  lui 
avec  éloge.  Confultez  fa  Vie  écrite  par  le  P.  Ltjuïs  Jacob. 

NAUGRACUT,  Ville  8c  Royaume  des  Indes  dans  les  Etats  du 
Grand  Mogol.  Le  Royaume  eft  iitué  vers  les  Montagnes  du  Nord ,  du 
côté  de  la  Tartarie.  La  Ville  eft  fur  la  Rivière  de  Ravée  qui  paffe  enfuite 
à  Lahor  avant  que  de  fe  jetter  dans  l'Indus.  Outre  cette  Ville  on  y  trouve 
encore  Kallamaca ,  8cc. 

NAVIERËS  (Charles  de)  Gentilhomme  de  Sedan ,  vivoit  dans  le 
XVI. Siècle.  Il  fit  divers  Ouvrages,  comme  un  Poëme  de  la  Renom- 
mée, 8cc.  8c  fut  tué  à  la  faintBarthelemi, l'an  1572.  *  La  Croix  du  Mai- 
ne, Bibl.  Tranc. 

[NAVIGIUS  ,  frère  de  S.  Auguftin  ,  dont  il  parle  dans  fes  Con- 
feff.  Liv.ix.  CXI. n. 27.  8c  dans  fon  Livre  de  ht^ie  Heureufe,  n.  7.  8c 
14.  Pofiîdius  fait  mention  de  fes  filles  dans  la  Vie  de  s.  Auguftin,  c. 
26.] 

ï^ AVIRATE  étoit  un  Grec ,  qui  étant  allé  en  Egypte ,  trouva  des 
•Livres  qu'une  certaine  Dame  de  ce  pais,  nommée  Phantafia ,  avoit  com- 
pofez,  8c  qu'on  gardoit  dans  le  temple  de  Vulcain  à  Memphis.  Ce  Grec 
aituroit'que  tout  ce  qu'il  y  a  de  beau  dans  l'Iliade  8c  dans  l'Odyfl^ée  d'Ho- 
mère étoit  pris  de  ces  Livres.  Voyez  Euftathius  dans  fon  Commentaire 
fur  rOdyflëe.  [Il  faut  écrire  Naucrate,  comme  il  eft  écrit  dans  Euftathc , 
dans  fa  Préface  de  fon  Commentaire  fur  l'Odyflee,  à  la  fin  de  lap.1370. 
de  l'Ed.  de  Rome.  Navirate  n'eft  pas  un  nom  Grec.  Outre  cela,  Euftathe 
ne  dit  pas  que  Naiicrate  eût  été  en  Egypte,  mais  que  ce  fut  Homere.qui, 
étant  à  Memphis,  y  copia  les  Ecrits  de  Phantafie.] 

NAVIRE  ;  Nom  d'un  Ordre  de  Chevalerie  ,  apellé  autrement 
l'Ordre  d'outre-Mer ,  ou  du  double  CroilTant  ;  inftitué  par  le  Roi  faint 
Louis  en  1269.  pour  encourager  les  Seigneurs  de  France  à  faire  le  voya- 
ge d'outre-Mer  avec  lui,  par  cette  marque  d"aonneur.  Le  Collier  de  cet 
Ordre  étoit  entrelacé  de  coquilles  de  doubles  CroiflTans,  avec  un  Navire 
quipendoitaubout.  Le  Navire  &  les  Coquilles  repréfentoient  le  voya- 
ge par  mer:  8c  les  CroiflTans  montroient  que  cette  entreprife  étoit  pour 
combattre  les  Nations  Infidèles,  qui  portent  pour  armes  le  Croiffant. 
Les  doubles  Croiflans  paflez  en  fautoir ,  étoient  d'argent  :  les  doubles 
Coquilles,  d'or;  êc-le  Navire  reprefentè  dans  une  Ovale,  étoit  arme 
8c  frété  d'argent  en  champ  de  gueules ,  à  la  pointe  ondoyée  d'argent  8c 
de  finople.  S.  Louis  permit  aufli  aux  Chevaliers  de  cet  Ordre  de  mettre 
au  Chef  ou  au  Cimier  de  l'Ecu  de  leurs  Armes,  un  Navire  d'argent  aux 
Banderoles  de  France,  fur  un  champ  d'or,  qui  étoient  des  armes  a  cn- 
^    "'     B  a  <l^'^''i^ 


s2  NAU.  NAX. 

quérir  qu'il  leur  donnoit  par  honneur.  Les  premiers  qui  reçurent  cet 
Ordre,  furent  les  trois  fils  de  Saint  Louis,  Philippe /d  Hiirdt,}em  Ini- 
tan  Comte  de  Nevers,  &  Pierre  Comte  d'Alençon  :  fon  frère  Alfonie: 
fon  Gendre  Thibaud  Roi  de  Navarre ,  &  plufieurs  autres  Princes  & 
grands  Seigneurs  qui  l'accompagnèrent  en  fon  Voyage  d'Outremer.  Cet 
Ordre  du  Navire, ou  du  double  CroifTant,  ne  dura  guère  en  France  , 
après  le  décès  de  Louis;  n'y  ayant  que  les  Nobles  qm  l'avoientaccompa- 
ené  en  fon  dernier  voyage ,  qui  en  gardaffent  la  mémoire  dans  leur 
Collier.  Mais  il  fut  fort  illuftre  au  Royaume  de  Naples  &  de  Sicile  :  car 
Charles  de  France  ,  Comte  d'Anjou ,  frère  du  Roi  S.  Louis ,  prit  cet  Or- 
dre pour  lui  &  fes  Succeffeurs  Rois  de  Naples:&  René  d'Anjou,  Roi  de 
Sicile, le  rétablit  en  i448.fouslenomdel'OrdreduCroiffant.*Favyn, 
Jhéatre  d'honneur  V  de  Chevalerie.  SUP.  '  r         c 

NAUMACHIE,  lieu  fort  fpacieux  à  Rome,  creufe  en  forme  de 
grand  baffin  ,  &  rempli  d'eau, avec  des  bâtimens  tout  autour,  lefquels 
fervoient  de  théâtres  aux  fpeftateurs  des  Jeux  publics ,  qui  s'y  fai- 
foient  fur  des  vaifTeaux  de  mer ,  pour  imiter  les  combats  navals.  Ce 
nom  eft  compofé  de  v«S?,  qui  lignifie  en  Grec,  navire:  &  de  t^^^i 
qui  fjonifie  combat.  Les  Naumachies  les  plus  magnifiques  de  Rome, 
furent" celles  de  Jule-Cefar,  d'Augufte,  de  l'Empereur  Claudius,  de 
Néron  &  de  Domitien.  L'Empereur  Heliogabale  en  fit  faire,  qui 
étoient  remplies  de  vin.  Pline, «x'.  i6.  c.  39.  l^zm^nàt, m Hehogabd. 

NÂUMACHIUS  ,  Poëte  Chrétien ,  dont  Lilio  Giraldi  &  Erafme 
font  mention.  On  ne  fait  pas  bien  en  quel  Siècle  il  peut  avoir  vécu ,  mais 
feulement  qu'Arfenne  Evêque  de  Monembafîe ,  dite  aujourd'hui  Malva- 
fia ,  dans  la  Morée ,  rapporte  plufieurs  vers  de  lui ,  in  ColleH.  [On  en  trou- 
ve 69.  vers  hexamètres,  touchant  la  manière  dont  une  femme  fe  doit 
conduire  avec  fon  mari ,& touchant  le  mépris  des  richefies,danslere- 
cueuil  des  Poètes  Grecs,  qui  ont  écrit  en  vers  héroïques  p.733.del'Ed. 

de  Genève.]  ,    „  ,  t     •  > 

N  A  U  M  B  O  R  G  fur  la  Rivière  de  Sala ,  en  Latm  Neoburgum , 
Ville  d'Allemagne  en  Mifnie ,  Province  de  Saxe ,  avec  Evêché  Protef- 
tant ,  autrefois  Suffragant  de  Magdebourg.  Elle  eft  entre  Leipfîc  & 
Erford  ;  &  autrefois  elle  dependoit  de  fon  Prélat  :  mais  aujourd'hui  elle 
eft  à  un  Prince  Séculier  de  la  Maifon  de  Saxe,  qui  eft  maître  de  toute 
cette  contrée,  dite  par  les  Allemans  Stifft  von.  Naumburg.  Les  Princes 
de  Saxe  prirent  Naumbourg  durant  les  guerres  civiles  de  la  Religion,  8c 
on  le  leur  céda  par  le  Traité  de  PaflTaWjCn  mille  cinq  cens  cinquante- 
deux.  L'Evêché  y  avoit  été  transféré  de  Zaltz  vers  l'an  lOiS.  La 
Ville  eft  affez  agréable.  Confultez  Cluvier,Paul  Lange, ie  Epifc.  Nèo- 

hurt.  CT'c. 

NAUFLIUS  IL  du  nom.  Roi  de  Seriphe  &  d'Eubee,  avoit  un 
fils  nommé  Palamede.qui  fut  condamné  à  la  mort  comme  un  traître , 
par  l'impofture  d'Ulyfle  qui  inventa  contre  lui  cette  fauflé  accufation 
pendant  le  fiége  de  Troye.  Nauplius  tâcha  de  fe  venger  de  cette  injufti- 
ce,&  voyant  d'un  lieu  élevé  la  flotte  des  Grecs  batuë  de  la  tempête  il 
alluma  un  fanal  du  haut  d'un  rocher  nommé  Capharée ,  pour  les  y  at- 
tirer &  les  voir  périr  contre  cet  écueuil.  En  effet  les  Grecs  y  briferent 
leurs  vaiffeaux ,  mais  Ulyfle  &  Diomede  échaperent  de  ce  péril  :  &  Nau- 
plius ne  voulant  pas  s'expofer  à  la  vengeance  de  ces  deux  grands  Capi- 
taines, fe  précipita  dans  la  mer.  •  Diodore.  Hygin.  JP/'.  [  i.  L'Auteur 
de  cet  Article  auroit  dû  dire  quelque  chofe  de  Nauplius  \.  du  nom ,  s'il 
y  en  avoir  un.  2.  11  n'avoit  que  faire  de  citer  Diodore, (\m\  ne  dit  rien 
de  tout  ceci.  H%in  ne  dit  rien  de  la  mort  de  Nauplius.  Voyez  Vab.  ex  vi. 
Gjuintm  Sny^rmus  n'en  dit  rien  non  plus ,  dans  fon  livre  des  Retours. 
3.  Il  auroit  fallu  dire  que  Nauplius  étoit  fils  de  Neptune  &^  d'Amy- 
nione ,  l'une  des  Danaïdes ,  ôc  citer  Apollodore  ,   Biblioth.  Lib.  1 1. 

c.  i.î 

NAURUS  ,  ou  Neurus  ;  les  Perfes  appellent  ainfî  le  premier 
jour  de  leur  année,  qui  commence  à  l'Equinoxe  du  Printems.  Ce 
mot  fîgnifie  nouveau  jour.  Il  fe  prend  auiTi  pour  une  année ,  &  quand 
les  Perfes  veulent  exprimer  leur  âge ,  ils  difent  qu'ils  ont  tant  de  Nau- 
lus,  ceft-à-dire,  tant  d'années.  Le  Minatzim  ou  Aftronome  a  foin 
d'obferver  le  moment  auquel  le  Soleil  atteint  l'Equateur,  &  dès  qu'il 
en  a  donné  connoiflance  au  peuple, tout  le  mondefe  réjouît  pour  célé- 
brer le  C9.mmencement  d'un  nouveau  Naurus.  *  Olearius ,  i^oyage  de 
Verfe.  SUP. 

NAUSEA  (Frédéric)  Evêque  de  Vienne  en  Autriche ,  etoit  eftimé 
par  fa  grande  érudition ,  par  fa  probité  &  pgr  fon  lele,  pour  la  défenfe 
des  veritei  orthodoxes,  contre  les  Novateurs.  11  étoit  Jurifconfulte  & 
Théologien;  &  il  fe  fit  admirer  par  fon  éloquence  dans  la  Chaire  de  Ma- 
yence ,  à  Vienne  en  Autriche ,  &  ailleurs.  L'Empereur  Charles  V.  le 
nomma  à  l'Evéché  de  Vienne.  Naufea  remplit  les  devoirs  de  l'Epifcopat , 
avec  une  grande  fidélité,  &  mourut  l'an  1550.  après  avoir  beaucoup 
travaillé  pour  l'Eglife.  Il  avoir  publié  des  Homélies  &  divers  autres 
Traitez.  *  Callidius ,  in  Caial.  Script.  Germ.  P&ffevin ,  tn  ^ppar.  Le  Mire , 
de  Script.  Stc.  XVI.  eyc. 

NAUSICRATE.  Voyez  Naucrate. 

NAXOS.Ifle  de  la  mer  Egée  ou  Archipel, une  des  Cydades,  que 
Sophien  appelle  Nicfia,&  d'autres  Strongyle.  Les  Turcs  en  font  aujour- 
d'hui les  maîtres,  &  les  habitans  de  l'Ifle  leur  payent  fix  mille  piaftres  de 
tribut.  Elle  eft  abondante  en  marbre  &  en  bons  vins  ;  c'eft  pour  cette  rai- 
fon  que  les  Anciens  l'avoient  confacrée  à  Bacchus.quiyreçut  Ariadne 
abandonnée  par  Thefée.  Il  y  a  un  Archevêque  Latin.  L'air  de  cette  Ifle 
eft  admirable  pour  les  vieillards.  Strabon  8c  Pline  font  mention  de  Naxos , 
8c  Virgile,  lu  3.  j^neid. 

NAXIA  ou  NixiA,  il  n'y  a  aucun  Port  dans  cette  IHe,  &  les 
Vaiff'eaux  qui  vont  pour  y  trafiquer,fetiennentdanslePortderiâede 
Paro ,  à  fix  milles  de  Naxia.  C'eft  une  des  plus  agréables  8:  des  plus 
belles  Ifles  de  l'Archipel,  où  refidoient  autrefois  des  Ducs,  qui  pofle- 
doient  douze  autres  Ifles  aux  environs.  Ces  Ducs  étoient  de  Nobles  Vé- 
nitiens,de  la  famille  des  Sanuts,à  qui  la  République  de  Venife  donna 
cette  Seigneurie  en  iiio.  après  l'avoir  conquife  fur  l'Empereur  de  Conf- 
tantinople  :  8i  qui  en  ont  joui  jufques  en  1516.  queSeliml.  s'en  rendit 
le  Maître.  Il  y  a  encore  des  Réfidens  de  ces  Ducs ,  qui  y  payent  tribut  au 
Grand  Seigneur,  comme  les  autres  habitans.  Le  terroir  y  produit  des 


NAX.  NAZ. 

vins  fort  excdiens,  c'eft  pourquoi  les  Anciens  l'avoient  dédiée  à  Bac- 
chus,  dont  le  Temple,  qui  étoit  tout  de  marbre  ,  eft  entièrement  ruiné, 
de  forte  qu'on  n'y  voit  plus  que  les  fondemens ,  8c  la  porte  ,  dont  la  hau- 
teur eft  de  vingt-cinq  ou  trente  pies,  8c  la  largeur  environ  de  quinze.  Ce 
Temple  étoit  bâti  fur  une  roche  plate  éloignée  de  l'Ifle  d'un  jet  de  pier- 
re, 8c  l'on  y  paflToit  fur  un  pont  de  pierre  de  taille,  qui  fubfifte  encore, 
8c  oîi  l'on  voit  deflôis  Seaux  cotez  les  canaux  qui  portoient  le  vin  dans  les 
refervoirs  du  Temple.  Il  faut  aufiTi  reniarquer  que  c'eft  dans  cette  Ifle 
qu'on  trouve  la  bonne  pierre  d'Emeril.  On  y  fuit  la  Religion  Romaine 
&  celle  de  l'Eglife  Orientale.  Il  y  a  un  Archevêque  Latin ,  8c  des  Cha- 
noines dans  la  Cathédrale ,  avec  deux  Eglifes  oià  les  Jefuites  Scies  Capu- 
cins ont  établi  des  Miffions.  Les  Grecs  ont  ciuflî  leur  Archevêque ,  8e 
quantité  de  'Monaiferes ,  entr'autres  une  Eglife  dédiée  à  la  fainte 'Vierge, 
qu'ils  appellent  Panagia ,  c'eft-à-dire ,  toute-fainte.  Les  habitans  de  cette 
Ifle  ont  une  coutume  aftez  extraordinaire ,  après  la  mort  du  mari ,  ou  de 
la  femme  :  car  le  furvivant  ne  fort  point  de  la  maifon ,  de  fix  mois  entiers , 
pour  quelque  affaire  que  ce  foit,  non  pas  même  pour  ouïr  la  Méfie. 
*  Tavernier ,  Voyage  de  Perfe.  ~ 

NAXIVAN.  Cherchez  Naksivan. 

NAZARE'ENS ,  Sede  particulière  des  Juifs,  Les  Auteurs  Eccle-' 
fiattiques  en  font  fouvent  mention.  Ils  étoient  diflferens  des  autres ,  foit 
pour  les  Sacrifices ,  foit  pour  les  Livres  Canoniques ,  foit  pour  l'ufage  des 
viandes  ;  s'abttenant  de  tous  les  animaux  qui  avoient  vie  comme  les  re- 
putant  immondes.  On  donna  depuis  aux  Chrétiens  le  nom  de  Naza- 
re'ens,  peut-être  à  caufe  de  la  Ville  de  Nazareth  011  !a  Vierge  fainte 
avoit  conçu,  ?<  où  le  Fils  de  Dieu  a  voit  demeuré,  ou  parce  que  le  lieu  étoit 
encore  très-venerable  aux  Fidelles.  [Il  auroit  fallu  reformer  entièrement 
cet  Article ,  pour  faire  dire  à  l'Auteur  quelque  chofe  de  raifonnable  r.  Les 
Nazaréens  ou  plutôt  les  A^«2;iree»5,n'étoient  point  une  Sèéte  particuliè- 
re des  Juifs ,  c'étoient  des  gens  qui  faîfoient  vœu  de  ne  boire  point  de 
vin  ,  de  ne  manger  point  de  raifins ,  ni  de  quoique  ce  foit ,  qui  fût  fait  avec 
des  raifins ,  de  ne  point  fe  faire  couper  les  cheveux ,  8c  de  ne  point  fe 
fouiller  pour  un  mort,  pas  même  quand  cêferoit  leur  Père  ou  leur  Mère  5 
comme  on  le  peut  voir  dans  le  VI.  des  Nombres.  2.  Les  Nazaréens  dont 
les  Auteurs  Ecclefîaftiques  font  mention  ;  étoient  ks  mêmes,  dont  il  eft 
parlétians l'Article fuivant;  c'eft-à-dire  une  efpece  de  Chrétiens  Judaï-, 
zans.  3.  Ni  les  anciens  Naziréens ,  ni  ceux ,  que  l'on  nomma  Nazaréens 
après  Jefus-Chrift ,  ne  differoient  des  autres  Juifs ,  à  l'égard  des  livres 
Canoniques ,  ni  à  l'égard  de  l'abftinence  des  animaux.  Nôtre  Auteur 
femble  avoir  confondu  en  partie  les  Samaritains  ,&c  les  EJféens  avec  les 
Nazaréens.]  : 

NAZARE'ENS  qui  croycnt  tien  en  Jésus- Christ  ,  mais 
qui  recevoient  encore  la  Circoncifion.  On  dit  même  que  depuis  ils  fui- 
virent  les  erreurs  d'Ebion  8c  de  Cerinthe.  *  Aûes  24.  S.  Epiphane, 
huret.  i9.Theodoret  ,^Ê  hîr.fab.  li.  2.  Baronius,i»  /Jppar.  Annal,  e? 
A.  C.  9.  e?  74-  "        ■ 

NAZARETH ,  Ville  de  Galilée  dans  la  Tribu  de  Zabulon ,  elle*  êlî 
renommée,  par  la  demeure  que  le  Fils  de  Dieu  y  fit.  La  Chambre  de  la 
fainte  Vierge  fut  tranfportée  de  ce  heu  en  Italie,  comme  je  l'ai  dit  ail- 
leurs, fous  le  nom  de^Lorette.  Les  Religieux  de  faint  François  ont  un 
Monaftere  8c  une  Eglife  à  Nazareth,  que  les  Pèlerins  vont  vifiter.  Cet- 
te Ville  a  été  autrefois  le  Siège  d'un  Evêché  &^  puis  d'un  Archevêché. 
Mais  le 'titre  en  a  été  transféré  à  Barleta  en  Itahe.dans  le  Royaume  de 
Naples,  comme  je  le  rembarque  ailleurs;  &i  le  Pape  Urbain'VIIl.  en 
étoit  Evêque  quand  il  vint  Nonce  en  France ,  fous  le  règne  de  Henri 
le  Grand. 

NAZARETH ,  cette  ville  eft  à  trente  lieues  de  Jerufalem ,  vers  le 
Septentrion.  Elle  eft  iituée  fur  le  penchant  d'une  montagne ,  où  quel- 
ques habitans  avoient  creufédans  la  roche  de  petites  Grottes  en  forme 
de  Cabinets,  8c  fur  le  devant  ils  avoient  bâti  une  fale,faifant  leurraaiforj 
de  ces  deux  logemens  de  plein  pié  i<.  d'un  feul  étage.  La  Maifon  de  la 
Vierge  eft  bâtie  de  cette  manière.  La  fale  de  devant  a  vingt-fix  pies  de" 
longueur  de  l'Orient  à  l'Occident,  ?^  treize  de  largeur:  fon  entrée  re- 
garde le  Midi.  Au  bout  vers  l'Orient  il  y  a  une  petite  cheminée, 8c  à 
côté  dans  l'épaiffeur  du  mur  «  une  petite  armoire.  La  fenêtre  eft  au 
mur  du  côté  de  l'Occident,  8<  donne  coutle  jour  à  cette  fale.  La  Grotte 
qui  eft  de  plçin  pié  vers  le  Septentrion  ,  contient  feize  pies  de  longueur , 
cinq  8c  demi  de  largeur  du  côté  de  l'Orient  ,8c  dixàl'autre  bout  du  cô- 
té de  l'Occident,  parce  que  les  murs  font  un  peu  de  biais.  Sa  hauteur  efl 
d'environ  dix  pies.  Oitcroitqu' après! AfcenfiondeJ es ûs-Christ  , 
les  Apôtres  firent  deux  Chapelles  de  cette  Maifon  ,  drellant  un, Autel 
dans  la  fale  vers  l'Orient',  8c  un  pareil  dans  la  Grotte.  Ces  faints  Lieux 
demeurèrent  en  cet  état,  jufques  au  tenis  de  Sainte  Hélène,  qui  les  en- 
ferma dans  l'enclos  d'une  Eglife  très-magnifique,  laifTant  néanmoins 
la  fale  dans  fa  première  fimplicité ,  laquelle  n'elî  que  d'une  maflfonneric 
grolliere,  de  pierres  dures  en  forme  de  brique.  Mais  l'an  1291.  Se- 
raf  Sultan  d'Egypte  s'étant  emparé  de  la  Terre-Sainte ,  ruïna  les  Vil- 
les ,  renverfa  les  Eglifes ,  8c  extermina  les  Chrétiens.  Ce  fut  alors  que 
les  Anges,  à  ce  que  l'on  croit,  enlevèrent  la  fale  de'cette  fainte  Mai- 
fon, qu'ils  portèrent  par  deffus  la  mer,  premièrement  en  Dalmatie, 
puis  trois  ans  après  en  Italie  dans  la  Forêt  de  Recanati ,  en  la  Marche 
d'Ancone,fur  le  champ  d'une  pieufe  Dame  nomm.éeLorette:  d'où  les 
mêmes  Anges  la  tranfporterent  au  bout  de  huit  moisà  demi-lieuëdelà 
fur  une  colline  :  &  enfin  un  peu  plus  loin ,  au  Ueu  où  elle  eft  à  prefent. 
Toutefois  quelques  années  après  les  Chrétiens  firent  rebâtir  à  la  même 
place  de  Nazareth  une  Chapelle  prefque  femblable  à  celle  qui  en  a  été 
enlevée.  Elle  eft  bâtie  de  pierres  de  taille,,  8c  de  même  largeur ,  parce 
.  que  les  murs  qui  ont  trois  pies  Se  demi  d'épailfeur  font  compris  dans 
l'efpace  de  la  première, 8c  nefontpasrelevezfurlesmêmesfondemens. 
Il  y  a  deux  Autels ,  l'un  à  lOrient ,  dédié  à  faint  Jofeph  :  ^  l'autre  au 
Midi,  à  côté  de  la  porte,  pratiqué  dans  le  gros  mur.  Se  confacré  à 
Sainte  Anne.  La  fenêtre ,  qui  y  donne  jour ,  eft  au-dellus  de  cet  Autel ,  &c 
non  pas  du  côté  du  Septentrion,  comme  elle  eft  à  la  Chapelle  de  Loret- 
te.  De  cette  Chapelle  on  -defcend  d'un  degré  dans  la  Grotte  ,  par  l'ou- 
verture d'une  arcade,  vis- à- vis  de  l'Autel  de  Sainte  Anne.  La  Grotte  eft 
toute  naturelle.  Se  la  roche  nuë,  excepté  le  mnr  du  côté  de  l'Occident 
&  du  Midi ,  lequel  eft  fait  de  pierres ,  pour  foûtenir  le  bâtiment  qui  efî: 

deffus. 


KAZ.  NEA, 

iîeflus.  On  voit  deux  Colonnes  de  marbre  gris,  l'une  à  la  place  où  l'on 
ditqu'étoit  la  Sainte  Vierge  lors  que  l'Ange  vint  la  foluer:  &  l'autre  oii 
cet  Ange  s'arrêta  pour  lui  parler.  La  Colonne  ^  qui  marque  la  place  de 
la  'Vierge ,  eft  dans  la  Grotte ,  &  celle  qui  deligne  le  lieu  où  étoit  l'Ange, 
eft  au  milieu  de  la  porte,  par  où  on  nepafleplus,  mais  par  l'arcade  dont 
je  viens  de  parler.'  Du  côté  du  Septentrion,  il  y  a  un  efcalier  paroùles 
Religieux  de  Saint  François ,  qui  font  au  nombre  de  huit  ou  dix ,  y  def- 
cendent  de  leur  Convent ,  lequel  eft  maintenant  prel'que  ruiné ,  les  Infi- 
dèles n'ayant  épargné  que  la  Chapelle  &  la  Grotte,  qui  ont  étéconfer- 
vez  par  une  Providence  particulière. 

On  tient  par  Tradition ,  que  Saint  Joachim  &  Sainte  Anne  ont 
fait  leur  demeure  dans  cette   Maifon  :   que  la   "Vierge   y   eft  née , 
qu'elle  y  demeura  après  fon  mariage  avec  S.  Jofeph  ,  &  qu'elle  y 
conçût  le  "Verbe  Divin ,  par  l'opération  du  S.  Efprit ,  le  jour  de  l'An- 
nonciation :  qu'eniîn  J  e  s  u  s-  C  h  m  s  t  y  fut  élevé  au  retour  de  Beth- 
léem ,  &  qu'il  y  vécut  caché  jufques  à  l'âge  de  trente  ans.    Quel- 
ques-uns néanmoins  croyent  que  la  Sainte  "Vierge  a  été  conçue  à  Naza- 
reth, mais  qu'elle  eft  née  à  Jerufalem  ,où  Sainte  Anne  étoit  allée  avec 
S.  Joachim  ,  pour  célébrer  la  Fête  des  Tabernacles ,  &  où  ils  demeurè- 
rent quelque  tems.  A  quelques  cent  pas  du  Convent,  prefqu'au  milieu 
de  la  ville  de  Nazareth,  on  voit  un  ancien  bâtiment  de  pierre  de  taille, 
qu'on  dit  être  un  refte  de  la  Synagogue  où  Nôtre-Seignéur  expliqua  le 
paffage  du  Prophète  Ifa'ie,  qui  parle  de  fa  venuëau  monde:  cequiirrita 
tellement  ceux  de  la  Synagogue ,  qu'ils  le  chaflerent  dehors,  &  le  vou- 
lurent précipiter  du  haut  d'un  rocher.  A  trois  cens  pas  ou  environ  de  la 
Chapelle  de  Nazareth,  vers  le  Septentrion,  eft  une  maifon  où  l'on  tient  que 
Saint  Jofeph  avoit  fa  boutique  devant  qu'il  eût  époufé  la  Sainte 'Vierge. 
Les  Chrétiens  y  avoient  fait  une  Chapelle,  mais  elle  eft  à  demi  ruinée , 
Sz  occupée  par  un  More.  Un  peu  plus  avant  du  même  côté,  au  pié  de 
la  montagne  ,  on  trouve  une  belle  Fontaine ,  dont  l'eau  tombe  dans  un 
grand  Réfervoir  de  pierres  bien  cimentées.  On  l'appelle  la  Fontaine  de 
la  Vierge ,  parce  que  l'on  croit  qu'elle  y  alloit  ordinairement  puifer  de 
l'eau.  Et  même  Luther  dit  que  l'Ange  lui  annonça  le  Myftere  de  l'In- 
çarnatiori  du  Verbe  ,   comme  elle  alloit  un  matin  à  cette  Fontaine  : 
mais  c'eft  une  rêverie  de  cet  Hérefiarque ,  &  la  vérité  eft  que  la  Sainte 
Vierge  étoit  alors  retirée  dans  fa  Cellule  de  Nazareth.  Du  tems  <^s  Rois 
Chrétiens,  après  la  conquête  de  la  Terre-Sainte  en  1099.  cette  Eglife  fut 
érigée  en  Archevêché,  ôc  l'on  voit  encore  l'Hôtel  Archiepifcopal ,  &  le 
Cloître  des  Chanoines  aux  environs  des  ruines  de  la  grande  Eglife ,  mais 
prefque  tout  détruit ,  n'y  reftant  que  quelques  pilliers  de  pierres  de 
taille,  des  colonnes,  6c 'de  grandes  voûtes,  qui  marquent  la  magnifi- 
cence de  ces  bàtimens,  lors  qu'ils  étoient  en  leur  entier.  A  l'égard  de  la 
ville,  ce  n'eft  plus  qu'un  pauvre  village  habité  par  des  Arabes ,  qui  profa- 
nent des  lieux  fi  faints.  *  Doubdan  ,  Voyage  de  la  Terre-Sainte.    S  UP. 
NAZARI   (Jean-Paul)   Religieux  de  l'Ordre  de  faint  Dominique 
étoit  de  Crémone  ,  où  il  naquit  en  1556.  &  il  eft  mort  âgé  de  plus  de 
quatre-vingts  &  dix  ans.  Il  avoit  enfeigné  la  Philofophie  &  la  Théolo- 
gie dans  fon  Ordre ,  où  il  eut  les  principales  Charges.    Le  P.  Nazari 
fut  auffi  Théologien  du  Duc  de  Mantouë.  Le  Pape  Clément  VIII.  l'em- 
ploya pour  difputer  contre  les  Hérétiques  de  la  Valteline.  Depuis  ceux 
de  Milan  l'engagèrent  à  faire  un  voyage  enEfpagne,pouryrepréfenter 
au  Roi  Philippe  IV.  le  malheur  des  habitans  de  cet  Etat  extraordinaire- 
ment  foulé  par  les  gens  de  guerre.  Son  mérite  le  rendit  vénérable  à  la 
Cour  d'Efpagne.    On  lui  offrit  un  Evêché  en  Italie ,  qu'il  refufa  avec 
ÏDeaucoup  de  modeftie.  Auffi  la  charité  feule  lui  avoit  fait  entreprendre 
le  voyage  d'Efpagne;  &  l'intérêt  n'y  avoit  point  eu  de  part.  Le  Père 
Nazari  eft  mort,  vers  l'an  1649.    Il  a  laiiTé  des  Commentaires  fur  la 
Somme  de  Saint  Thomas,  &  d'autres  Traitez  de  Théologie  en  IX. 
Volumes.    Voyez  fon  éloge  parmi  ceux  des  Hommes  de  Lettres  de 
l'Abbé  Ghilini. 

NAZARIUS,  Orateur  célèbre  qui  vivoit  dans  le  1"V.  Siècle.  C'eft 
lui  qui  prononça  en  l'honneur  de  l'Empereur  Conftantin  un  Panégyri- 
que ,  qui  commence  ainfi.  DiHurus  Confiantini  aagufiijftmas  laudes , 
&c.  Il  avoit  une  fille  nommée  Eunomia ,  qui  étoit  favante^  Confultez 
Eufebe  ôc  S.  Jérôme,  in  Chron. 

NAZIANZE,  Ville  de  Cappadoce,  premièrement  Epifcopale  fous 
Cefarée;  &  puis  Métropole  fous  le  Patriarche  de  Conftantinople.  Elle 
eft  célèbre  pour  avoir  été  le  lieu  de  la  nailTance  de  faint  Grégoire  le 
Théologien ,  dit  auffi  de  Nazianze.  Le  père  de  ce  faint  Doéleur  fut 
Evêque  de  Nazianze  &  il  prit  lui-même  le  foin  de  cette  Eglife  ;  ce  que 
je  remarque  en  parlant  de  lui. 

NE.    .    • 

NEALCES,  ancien  Peintre,  qui  s'aquit  beaucoup  de  réptitation 
par  fes  ouvrages.  Pline  parle  de  lui.  On  dit  qu'ayant  peint  un 
Cheval  dans  un  de  fes  Tableaux ,  &  étant  en  colère  de  ne  pouvoir 
pas  alTez  bien  repréfenter  a  fon  gré  l'écume  qui  fort  de  la  bouche  de  ces 
animaux ,  lors  qu'ils  font  échautez,  il  jetta  par  dépit  fon  pinceau  contre 
fon  ouvrage  ;  &  qu'il  vit  avec  furprile ,  qu'en  un  moment  le  hazard  avoit 
produit  tout  ce  que  fon  art  n'a  voit  pu  faire  en  beaucoup  de  tems.  On 
affure  que  Protogene  reçût  auffi  de  la  fortune  un  fecours  li  favorable , 
en  voulant  peindre  l'écume  qui  fort  de  la  gueule  d'un  chien  en  colère. 
Je  parle  ailleurs  de  lui.  *Pline,  HiJl.Nat.  Lib.xxxv.  c.  11.  &c. 

NEANDER  (Michel) né  dans  la  Sicile, a  vécu  en  rjjo. &  il  mou- 
rut le  vingt-fixiéme  Avril  de  l'an  1595. âgé  de-yo.ans.  11  favoit  les  Lan- 
gues &  les  belles  Lettres,  &  fit  divers  Ouvrages,  comme  Praeptiones 
^rîiutn  organic^rum.  C'eft  un  Recueuil  de  plufieurs  pièces  des  Anciens. 
Il  publia  encore  un  Recueuil  d'anciennes  Poëlies,  morales  Scfabuleufes, 
intitulé  Opas  auremn ,  à  Leipfîc,  en  1559.  in  4.  Michel  Neander  étoit 
Proteftant  &  fut  Redeur  à  Ilfedt.  Voyez  fa  Vie  parmi  celles  des  Philo- 
fophes  Allemans  de  Melchior  Adam. 

NEANTHES,  deCyzique,  Orateur,  étoit  Difciple  de  Philifque 
de  Milet,  &  vivoit  du  tems  de  Ptolomée  Philadelphe,  la  CXXVI. 
Olympiade  ,  l'an  480.  de  Rome.  Il  fit  un  Traité  des  Hommes 
Illuftres  ;  Un  des.  Heures  ;  Un  des  affaires  des  Grecs  &  divers  au- 
tres Ouvrages ,  qui  font  fouvent  citez.  *  Porphyre ,  lib.  4.  de  abftin. 
Athénée,  //.  4.  9.  e?  13.    Clément  Alexandrin,  lib.  5.  Strom.  Am- 


NEA.  NEB.  NEC. 


n 


monius,  Stephanus  de  Byzance,  Suidas,  Gefuer,  Poffevin ,  Voffius. 

NEAPOLIS.  Cherchez  Naples. 

NEARQUE,  un  des  Capitaines  d'Alexandre  le  Grand,  qm  vivoit 
l'an  415'.  de  Rome.  Il  fit  l'Hittoire  de  ce  Prince.  C'eft  apparemment 
le  même  qui  après  la  mort  de  ce  Roi,  arrivée  l'an  430.  deRoinè, fut 
GouverneurdeLycie  &  de  Pamphylie;  comme  le  dit  Juilin.  Strabon 
parle  fouvent  de  lui.  Jultin ,  //'.  r3.  Hiftor.  Strabon,  lib.  z.  11.  15. 
e?'  16.  Arrian,  lib.  5.  c?  7.  Quinte-Curce,  /;.  9.  cj'c 

NEBIO,  Ville  ruinée  de  l'Ile  de  Corfe  en  l'endroit  où  eft  le  Bourg 
de  Rofoli.  Elle  a  été  autrefois  Epifcopale  ,  fous  la  Métropole  de  Gen- 
nes.  Les  Auteurs  Latins  la  nomment  Nebium  &  Cenjunum.  L'Evêque 
fait  fa  réfidence  à  Saint  Florent.  Julien  Caftagnola  Evêque  de  Nebio,pu- 
blia  en  1614.  des  Ordonnances  Synodales. 

NEBO,  ou  Nabo,  Idole  des  Affyriens,  qui  rendoit  des  oracles.' 
Quelques-uns  difent  que  Belus  étoit  leur  premier  Dieu  ;  &  Nebo , 
leur  féconde  Divinité.  Ils  ajoutent  que  par  Belus,  il  faut  entendre  le  So- 
leil; 8c  par  Nebo,  la  Lune.  *  Voffius,  de  Idol.  l.  2.  c.  8.  S.  Jérôme, 
in  Efi.  c.  46. 

NEBRISSE  ou  Lebrixo  ,  Ville  d'Efpagne  en  Andaloufie  ,  entre 
Sevilleôc  l'embouchure  du  Guadalquivir  dans  la  Mer.  Ptolomée  &  Pli- 
ne font  mention  de  cette  Ville.  Elle  eft  célèbre  pour  avoir  été  la  patrie 
d'A  NToiNE  DE  Nebrisse,  rcftaurateut  des  Lettres  humaines  ea 
Efpagne.  Cherchez  Antonius  Nebriffcnfis. 

[NEBRIDIUS ,  eut  diverfes  dignitez  &  fut  entr'autres  Préfet  de  la 
Ville,  fous  Theodofe  le  Grand,  &  fous  Honorius  fon  fils.  Il  en  eft 
fait  mention  en  plufieurs  Loix  du  Code  Theodofien  ,  depuis  l'an 
cccLxxxii.  jufqu'à  l'an  ccclxxxvi.  On  ne  fait  fi  c'eft  le  même,, 
qui  eft  nommé  Proconful  de  l'Alie  fous  Arcadius  en  cccxcvi.  Voyez 
la  Profopographie  de  J.  Godefroi.  S.  Auguftin  avoit  un  Ami  particu- 
lier du  même  nom,  à  qui  il  a  écrit  quelques  Lettres.  Voyez  fa  Vie 
par  les  PP.  Benediélins  ,  imprimée  à  Paris  en  1700.  Liv*  11.  Ci 
10. 

NECESSITE' ,  Déeffe  adorée  par  les  Fayens  ,  comme  la  plus 
abfoluë ,  &  la  Souveraine  de  toutes  les  Divinitez ,  à  laquelle  Jupiter 
même  étoit  forcé  d'obe"ir.  Elle  avoit  dans  Corinthe  un  Temple ,  dont 
l'entrée  étoit  défendue  à  tous  autres  qu'aux  Miniftres  de  la  Déeffe,  tant 
on  étoit  faifi  de  crainte  8c  de  refpeft  pour  elle.  Horace  dans  une  Ode 
qu'il  adreffe  à  la  Fortune ,  fait  une  très-belle  peinture  de  la  Neceffité , 
où  il  y  a  apparence  qu'il  l'a  décrite  telle  que  fes  Statues  la  repréfen- 
toient. 

Te  femfer  anteit  peva  Necejfitas, 
Clavos  trabales  ct*  cuneos  manu 
Geftans  ahena  ,  nec  feverus 
Vncus  abefl ,  liqnidumqtie  flumbum. 

La  Necejfité ,  dit-il  à  la  Fortune  ,  marche  toujours  devant  vous ,  por- 
tant dans  [es  mains  de  bronz.e  de  longues  chevilles ,  de  gros  coins ,  des 
crampons  d'une  fermeté  inébratzlable  ,  C?  dtt  plomb  fonda.  Tout  cet 
équipage  de  la  Néceffité,  qui  n'eftcompoféquedecequifert  à  attacher 
fortement  les  pierres ,  les  poutres,  i>C  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile 
à  joindre  8c  de  plus  maffif,  marque  la  fuprêmepuiffance  de  cette  Déeffe 
qui  a  été  appeilée  infurmontab'.e,8c  la  force  dont  elle  lie  8c  engage  im- 
pitoyablement les  hommes  à  mille  chofes  malgré  eux,  fouvent  contre 
leur  honneur  &:  contre  leur  confcience  ;  8c  cela  par  des  nœuds  plus  fer- 
m.es,  comme  l'on  dit,  que  ceux  d'Hercule  ,  8c  aufquels  perfonns  ne 
peut  refifter.  Pour  le  pas  qu'elle  prend  devant  la  Fortune ,  c'eft  pour 
marquer ,  difent  les  Interprètes ,  que  quelque  grande  que  foit  la  Divi- 
nité de  la  Fortune,  8c  quelque  abfolu  que  foit  fonp^ouvoir,  la  Néceffité 
eft  encore  au  deffus  d'elle.  *  Alexander  ab  Alexand.  Génial.  Dier.  1. 1  .SUP. 

NECHAO  ,  ou  Pharaon  Neco ,  Roi  d'Egypte ,  commença  de  ré- 
gner vers  l'an  341  r.  du  Monde.  On  dit  qu'en  allant  faire  la  guerre 
aux  Affyriens ,  il  paffa  fur  les  terres  de  Judée.  Il  affura  le  Roi  Jofias 
qu'il  n'avoit  pas  deffein  de  l'attaquer  ;  mais  celui-ci  s'étant  voulu  op- 
pofer  à  fon  paflage,  il  fut  tué  dans  la  plaine  de  Mageddo,  l'an  3415.  du 
Monde,  12 j.  de  Rome.  Après  cela  Nechao  mit  Joakim  fur  le  trône 
de  Judée,  ôc  fit  alliance  avec  lui,  Nabuchodonofor  défit  le  même  Ne- 
chao ,  l'an  3429.  du  Monde.  *IV.  des  Rois ,  c.  23.  IL  des  Paralipo- 
menes,  c. 35.  Jeremie,  c.46.  Jofeph,  li.io.Ant.  Hérodote,  li.  2.  u* 
4.  Torniel,  A.  M.  3425.  c  fiq. 

NECHAO,  Necho,  ouNechepsos,  Roi  d'Egypte,  fils  de 
Pfammitique ,  défit  les  Syriens  dans  une  Bataille;  8c  Joiias  y  fut  bleffé 
d'un  coup  de  flèche,  dont  il  mourut  à  Jaiifalem.  Cette  Vidoire  le  rendit 
maître  de  prefque  toute  la  Syrie.  On  dit  qu'il  entreprit  de  faire  "un  Canal , 
jufques  au  Golfe  d'Arabie,  8cque  fix-vingtsmillehommes  périrent  dans 
ce  travail.  *  Hérodote,  Eutychius,  dans  fes  Annales.  SVP. 

Le  NECKAR,  le  Necker  ou  le  Neckre,  Nicer,  Nicerus 
£<  Neccarus ,  Rivière  d'Allemagne ,  qui  a  fa  fource  dans  la  Sotiabe ,  à 
fept  ou  huit  lieues  de  celle  du  Danube.  C'eft  au  deffous  du  Village  de 
Sweinengen ,  dans  un  lieu  dit  Neckerfurts  dans  la  Forêt  Noire.  Peu 
après  elle  reçoit  le  Breim,  paffe  à  Rotweil,  8c  entrant  dans  le  Duché 
de  "Wirtemberg ,  elle  arrofe  Tubinge ,  Effingue ,  coule  près  de  Stugard, 
à  Hailbron  ,  8cc.  8c  elle  vient  dans  le  Palatinat.  Là  elle  paffe  à  Heidel- 
berg  groffie  par  les  eaux  de  diverfes  autres  Rivières ,  à  Ladembourg  di  fe 
joint  au  Rhin  près  de  Manheim.  Vopifcus,  AmmianMarcellin  8c  divers 
autres  Auteurs  anciens  parlent  du  Neckar ,  auffi  bien  qu' Aufone  : 

Hoflibus  exailis  Nicrum  fuper  c?  Lapodunum. 
Confultez  auffi  Cluvier,  Bertius ,  8c c. - 

NECQUAM  ou  Nekam,  (Alexandre)  Anglois,Chanoine  Régulier  de 
l'Ordre  de  Saint  Auguftin  a  été  en  eftime  dans  leXIII.Siéclc,8capaffé 
pour  être  un  des  plus  favans  hommes  de  fon  tems.  On  dit  qu'ayant 
réfolu  de  quitter  le  monde ,  .il  fit  deffein  de  prendre  l'habit  de  Religieux  de 
faint  Benoît,  dans  le  Monaftere  de  faint  Alban.  Il  en  parla  à  rAbbé,lequel 
voulant  fans  doute  éprouver  fa  vocation ,  le  retint  affez  long-tems  fans 
lui  faire  de  réponfe  pofitive.  Ce  procédé  chagrina  Necquam.  H  té- 
moigna fon  impatience  par  un  billet  qu'il  écrivit  à  l'Abbé,  8c  qui  ne  con- 
tenoit  que  ces  mots:  Si  vis,  veniam.  Si  autem,tu  atitem.  Il  fe  lervoit 
des  deux  derniers  mots ,  avec  lefquels  on  finit  les  Leçons ,  tirées  de 
l'Ecriture  8c  des  Pères  dans  l'Office  Divin ,  pour  faire  connoître  à  l'Ab- 
B  3  ^^ 


ï4 


NEC.  NÉE.  NEG'. 


bé  qu'il  vouloit  une  réponfe  pofitive  ou  finir  avec  lui.  Ce  dernier ,  qui 
avoit  de  refprit  &  de  la  fcience ,  répondit  en  ces  termes  a  Nequam ,  fai- 
fant  même  allufîon  à  fon  nom  par  ces  paroles  :  Si  bonu$  es ,  venias  ;  St  ne- 
quam ,  mqumuam.  Cette  reponfe  ne  fut  pas  du  goût  du pollulant  .le- 
quel prenant  pour  une  injure  la  réponfe  del'AbbéJe  retira  a  Exceller 
&  il  y  fut  reçu  parmi  les  Chanoines  Réguliers  de  faint  Auguftin.  En 
liic.  il  fut  élii  Abbé  parmi  les  fiens,  qu'il  laifla  héritiers  d'un  très-grand 
nombre  d'Ouvrages  de  fa  façon  ,  don"  les  principaux  lont  des  Commen- 
taires fur  les  Proverbes  ,fur  l'Ecclefiafte,fur  le  Cantique  des  Cantiques , 
fur  lePfautier.  LeHienes  Scripturamm.  Moralia  in  E-vàngdm.  Ds  Virtu- 
tibus.  Cur  rilius  Incarnatus.  De  furitate  Afdrw,  c^f.  Ce  grand  homme 
mourut  en  1227.  à  Worchefter. 

NECROPOLIS,  ancienne  Ville  d'Egypte  jdiftânte  d  environ  tren- 
te ftades,  ou  oUatre  riiilles  de  celle  d'Alexandrie,  ainfi  appellée  de 
ï£K/.ôç ,  mort ,  &  VÔM5 ,  ■ville  :  comme  qui  diroit ,  Ville  des  morts;  parce  que 
Cleopatre  s'y  fit  mourir ,  par  la  morfure  d'un  afpic.  *  Plutarque ,  Vie 
^Antoine.  [Ceci  eft  un  Roman,  Cleopatre  mourut  à  Alexandrie , 
dans  le  Maufoléc  des  Rois  d' Egypte.  Voiei  Plutarque,  m  Antonio, p.  951.] 
NECTANEBO  ,  dernier  Roi  d'Egypte,  étoit  fils  de  Tachon  , 
qu'il  abandonna  pour  fe  jetter  parmi  les  Perles,  qui  firent  de  grandes 
conquêtes  en  Egypte.  Neftanebofe  rétablit  fur  le  Trône  Scchaflafes  en- 
nemis; mais  Ochus  Roi  de  Perfe  reconquit  l'Egypte ,  à  l'aide  de  Men- 
tor &  des  Grecs.  Neélanebo  ainfi  mal- traité  de  la  fortune,  &  ne  voyant 
aucun  moyen  de  s'oppoler  à  fes  ennemis ,  s'enfuit  en  Ethiopie  l'an  404. 
de  Rome.  En  lui  finirent  les  Rois  d'Egypte,  dont  Manethonavoit  écrit 
îès  Dynafties ,  au  rapport  d'Eufebe  &  de  quelques  autres  Auteurs. 

NECTARIUS ,  Patriarche  de  Conftantinople  ,  étoit  de  Tarfe , 
homme  de  grande  naiffance  ,qui  avoit  l'efprit  propre  au  gouvernement 
des  affaires  politiques,  mais  qui  n'avoit  ni  la  dodrine,  ni  la  probité, 
ni  la  bonne  réputation  néceflaire  à  un  grand  Prélat.  Ceux  qui  étoient 
affemblez ,  pour  donner  un  Succeffeur  à  S.  Grégoire  de  Naîianze ,  qui 
avoit  renoncé  à  cette  Dignité ,  furent  furpris ,  quand  l'Empereur  Thco- 
dofe  nomma  Neâarius.  On  lui  repréfenta  qu'il  n'etoit  pas  baptifé,  & 
que  par  les  Canons  il  ne  pouvoir  être  Evêque;  mais  cette  confidération 
ne  faifant  pas  changer  l'Empereur,  on  fe  rendit  à  fa  volonté.  Ainfi  il  fut 
mis  au  nombre  des  Brebis  par  le  Baptême  ;&  bien-tôt  après  on  l'établit 
dans  la  Chaire  de  Pafteur,parla  Confécration  Epifcopale ,  qui  fut  faite 
du  confentement  de  tous  les  Prélats  qui  étoient  à  Conftantinople ,  au 
Concile  tenu  en  38  t.  Nedarius  gouverna  avec  beaucoup  de  pieté;  mais 
comme  il  n'étoit  ni  auffi  favant,  ni  auffi  ferme,  que  fa  Charge  de- 
mandoit,il  donna  la  hardiefle  aux  Hérétiques  de  troubler  la  paix  de  fon 
Eglife.  De  fon  tems,  il  arriva  dans  l'Eglife  de  Conftantinople  un  acci- 
dent, qui  fournit  un  grand  fuj  et  de  controverfe,  entre  les  Catholiques 
&  ceux  qui  nient  le  Sacrement  de  Pénitence.  C'eft  qu'une  Diaconifle , 
qui  étoit  une  femme  veuve  de  qualité,  ayant  manifefté  les  aftions  de  fa 
•vie  paffëe  au  Pénitencier, celui- ci-lui  donna  une  pénitence  qui  fitcon- 
noître  qu'un  Diacre  lavoir  corrompue.  Et  en  effet  le  Diacre  ayant  été 
dépofé ,  cela  fit  foupçonner  la  vérité:  ce  qui  caufa  un  grand  fcandale. 
Neflarins  ne  fâchant  quel  remède  y  apporter,  par  le  confeil  d'Eudé- 
Kion  Prêtre  d'Alexandrie,  ôta  le  Pénitencier,  de  forte  que  peu'  a  peu 
la  coutume  de  fe  confeffer  s'abolit.  Le  Cardinal  BaroniusScle  Cardinal 
du  Perron,  traitent  à  fond  les  difficulté!  qui  fe  rencontrent  dans  l'aéhon 
de  Nedarius.  S.  Jean  Chryfoftome  fuccéda  à  Nedarius  mort  l'an  397. 
*  Sozomene,ii.  7.  Socrate,/;.  5.  Baronius,  A.  C.  381.  390,  397.  Du 
perron,  in  Refp.  adReg.  Magtt£  Britan.  li.  z.  c.  3.  cp-c. 

[NECTARIUS  ,  Vicaire  de  la  Province  de  Pont,  fous  Thé&- 
dofe  le  Jeune,  tn  ccccxxxv.  Il  eft  parlé  de  lui  dans  le  Code  Théodofien 
il.  8.  de  principibus  Agentinm  in  rébus, } 

NEELLE.  Cherchez  Nefie. 

NEGAPATAN  ,  Ville  d'Inde  ,  dans  H  prefqu'Ifle  au  deçà  da 
Gange,  fur  la  côte  de  Coromandel ,  5c  en  la  Province  de  Tanjaur.  El- 
le a  été  autrefois  aux  Portugais,;  mais  préfentement  les  Hollandois  en 
font  les  maîtres. 

NEGOMBO,  Ville  en  l'Ifle  de  Cejlan,  dontles  Hollandois  font 

les  maîtres. 

NEGREPELISSE,  petite  Ville  de  France  dans  le  Quera.  Elle  eft  fî- 
tuée  fur  l' Aveirou ,  entre  Bourniqifel  &  Albias ,  à  deux  ou  trois  lieues  de 
Montauban.  Negrepeliffe  étoit  affez  forte,  &  elle  a  été  confîdérable  du- 
rant les  guerres  de  la  Religion.  Les  habitans  qui  étoient  Huguenots  fu- 
rent eux-mêmes  caufe  de  la  ruine  de  leur  Ville.  Après  le  fiege  de  Montau- 
ban en  i6zt.  le  Roi  Louis  XBI.  envoya  quatre-cens  Hommes duRe- 
giment  de  Vaillac ,  pour  être  en  garnifon  à  Negrepeliffe.  Les  habitans 
les  reçurent ,  &  peu  après  ils  leur  coupèrent  à  tous  la  gorge  en  une  nuit^ 
Le  Roi  voulant  punir  une  trahifon  fi  barbare ,  vint  afiréger  cette  Ville* 
après  avoir  pris  Sainte  Foi  &  Saint  Antonin  en  1 622.  Onl'emporta  &les 
habitans  y  furent  tous  paffez  au  fil  de  l'épée.  Mais  il  arriva ,  durant  les 
défordres  qui  fuivent  ordinairement  ces  fortes  de  viftoires ,  que  le  feu 
fe  prit  à  un  coin  de  la  Ville  &  qu'il  la  réduifit  prefque  toute  en  cendres. 

NEGREPONT,  Ifle  de  l'Archipel  veis  l'Europe,  féparée  de 
l'Achaïe  par  l'Euripe.  Les  Anciens  l'appelloient  Eubœa ,  &  Chalets. 
Les  Turcs  la  nomment  Egribos,  &  ceux  du  païs  Egripos;ôîo\x  l'on  a 
formé  le  nom  de  Negrepont.  Les  premiers  Francs  qui  y  font  allez , 
entendant  dire  aux  gens  du  païs ,  s' ton  Egripon  pour  eis  ton  Egripon  ; 
c'eft-à-dire ,  à  Egripos ,  ont  crû  qu'ils  appelloient  ce  lieu  Negripon  ;  & 
ont  joint  n  avec  Egripon.  Voilà  la  véritable  origine -de  ce  nom  .ôcTon 
en  peut  voir  d'autres  exemples,  dans  l'Article  Se  tin  es.  Il  ne  faut 
donc  pas  fiiivre  l'erreur  des  Italiens,  qui  l'appellent  Nigroponte;  com- 
me s'il  y  avoit  quelque  Pont  de  Pierre  noire, qui  paffàt  de  k  Bosocie 
dans  l'ide.  Plufieurs  Auteurs  affment  que  cette  Ifle  faifoit  autrefois  par- 
tie de  la  Bœocie,  Province  de  l'Achaie,'  dont  elle  fut  féparée  par  des 
tremblemens  de  terre, &  par  l'impetuofité  des  flots  delamer  ,quiy  fit 
un  Canal.  Elle  a  trois  cens  foixante- cinq  milles  de  circuir;  quatre-vingts- 
dix  de  longueur,  du  Midi  au  Septentrion  ;  6c  quarante  de  largeur.  Ses 
deux  plus  célèbres  Promontoires,  font  Capo  Tigera  oii  Ccpo  d^Oro:  8i 
Capo  Lithar.  Le  premier  étoit  anciennement  nommé  Capharitts  :  C'ett 
la  où  Nauplius  Roi  de  ce  pa'is ,  fit  allumer  un  grand  feu  la  nuit  pour  y 
attirer  les  Grecs  qui  revenoient  de  l'Expédition  de  Troye;  ce  qui  leur  fit 


NEG. 

prendre  ce  feu  pour  un  Fanal ,  8c  cet  écueil  pour  un  Port ,  où  ils  vin- 
rent brifer  leurs  vaiffeaux.  La  Ville  Capitale  porte  le  nom  de  l'Ifle.  Elle 
ett  fur  le  bord  de  l'Euripe, vers  la  Terre-Fermed'Acha'i'e,oùron  va  par 
un  Pont-levis ,  qui  conduit  à  une  greffe  Tour  que  les  Vénitiens  bâtirent 
autrefois  dans  ce  Canal ,  d'où  l'on  paffe  fur  un  autre  Pont  de  pierre , 
qui  a  cinq  arches.  Les  Galères  &  les  Vaiffeaux  paffent  à  l'endroit  où  eft 
le  Pont-levis,qui  fe  levé  moitié  du  côté  de  la  Tour,  8c  moitié  du  côté 
de  la  Ville.  Elle  a  environ  deux  milles  de  tour,  mais  il  y  açlusd'habitans 
dans  les  Fauxbourgs ,  qui  font  peuplez  de  Chrétiens  Grecs ,  qu'il  n'y  eii 
a  dans  la  Ville,  où  il  ne  demeure  que  des  Turcs  8c  des  Juifs.  On  y  voit 
quatre  Mofquées ,  dont  l'une  étoit  autrefois  l'Eglife  Cathédrale  dédiée 
à  S.  Marc.  Cette  Eglife  étoit  un  Evêché' Suffragant  d'Athènes,  lequel 
fut  après  érigé  en  Archevêché.  Les  Jefuites  ont  auffi  une  Maifon,  dans 
les  Fauxbourgs ,  pour  enfeigner  lajeuneffe.  Le  Gouverneur  de  cette  Ifle 
eft  un  Capitan  Bâcha ,  qui  commande  aufli  dans  l'Acha'ie.  Sous  le  règne 
du  Doge  Pietro  Ziani ,  l'Empereur  de  Conftantinople  fit  une  donation  de 
cette  Ifle  à  la  République  de  Venife;8c  Pietro  Zanco  en  fut  le  premier 
Baile. 

Les  Turcs  l'attaquèrent  au  mois  de  Juin  1469.  avec  une  flote  de  trois 
cens  voiles, Mahomet  II.  s'y  trouva  en  perfonne.à  la  tête  de  plus  de 
fix-vingts  mille  hommes.  Les  afficgez  s'étant  défendus ,  avec  toute  la  vi- 
gueur pofljble ,  furent  contraints  de  céder  à  la  force  d'une  Armée  li 
nombreufe.  Ceux  qui  gardoicnt  la  Porte  Buraliana,  l'abandonnèrent  le 
iz.  Juillet ,  dont  les  Turcs  s'en  étaiit  apperçus.ilsmonterentfurlesmu- 
railles,8c  delà  entrèrent  dans  la  Vflle ,  où  Calbo  &i  Bondulmiero,  deux  des 
Commandans  de  la  Place , furent  tuezles  armes  à  la  main.  Erizzo ,  Pro- 
vediteur  8c  troifiéme  Commandant  ,fe  retrancha  dans  un  endroit  affez 
fort,  8c  ne  fe  rendit  que  fous  la  parole  du  Sultan,  qui  lui  promit  la  vie, 
mais  ce  Barbare  manqua  de  foi ,  &  le  fit  icier  par  le  milieu  du  corps.  Il 
laiffa  une  fille  nommée  Anne,  que  l'on  préfenta  à  Mahomet, parce 
qu'elle  étoit  extrêmement  belle  :  mais  cette  génereufe  Demoifelle  mé- 
prifa  toutes  fes  careffes;ce  qui  irrita  tellement  le  Sultan, que  changeant 
fon  amour  en  rage ,  il  lui  coupa  lui-même  la  tête  avec  fon  fabre.  Elle  n'a- 
voit pas  encore  vingt  ans,  quand  elle  fouffrit  ce  martyre ,  plutôt  que  de 
tomber  entre  les  mains  d'un  Infidèle.'  Ce  Barbare  exerça  après  toute  for- 
te de-jLtuautez  contre  la  Garnifon  ,  8^  contre  les  Chrétiens, qu'il  trou- 
va dans  laVflle.  Cette  Ifle  eft  fi  fertile  ,  qu'après  là  Bataille  de  Lepante 
gagnée  fur  les  Turcs  en  i57r.  le  Pape  Fie  V.  vouloit  que  l'Armée  des 
Chrétiens  attaquât  Negrepont ,  parce  que  fon  terroir  pouvoir  fournir 
dequoi  facilement  entretenir  une  grande  Armée.  La  livre  du  moutoii 
n'y  vaut  pas  tout-à-fait  un  foû  de  nôtre  monoye:lalivredepoiffonné 
coûte  que  trois  liards  :  la  mefure  de  vin ,  qui  fait  environ  une  pinte  de  Pa- 
ris ,  fe  donne  pour  un  foû  ;  les  confitures  de  coîfts ,  de  poires ,  8c  d'amaii- 
des  au  vin  cuit, qui  eft  meilleur  là  qu'en  aucun  lieudn  monde, ne  va- 
lent que  quinze  deniers  la  livre.  Proche  de  Capo  Figera ,  eft  la  'Ville  E- 
pifcopale  de  Carifto,que  les  François  nomment  Chàteau-roux,SuflTà- 
gante  de  l'Archevêché  de  Negrepont.  Rocco ,  entre  la  Ville  de  Negre- 
pont 8c  Carifto,  étoit  le  fiege  d'un  autre  Evêché.  La  Montagne  de  Carif- 
to ,  proche  la  ville  du  même  nom ,  eft  célèbre  à  caufe  du  beau  Marbre  ql'e 
l'on  en  tire  :  8c  de  la  Pierre  Amiante ,  qui  pouffe  des  filamens  en  forme 
de  filaffe,dont  on  fait  de  la  toile,  qui,  au  lieu  de  fe  brûler,  fe  blanchie 
au  feu.  L'Ifle  de  Negrepont  produit  une  fi  grande  quantité  de  coton  , 
qu'elle  peut  fournir  des  toiles  à  une  flote  entière.  Il  y  a  deux  rivierei 
dans  ce  pa'is ,  le  Simflio ,  8c  le  Cereo ,  dont  l'une  rendôit  la  laine  des  m  ou- 
tons  blanche, §c  l'autre  noire  , fi  l'on  en  croit  les  Poètes.  ■•  P. Coroneir 
li,  DefcriptioK  de  la  Morée.  Spon ,  Voyage  en  1675.  SU  P. 

(t5*  Les  nouvelles  deVenifedu3.  Août,  1688.  portent  que  M.  Mo- 
rofini,Doge  de  cette  République ,  étoit  allé  mettîe  le  Siège  devant  Ne- 
grepont. Si  cette  nouvelle  eft  véritable,  il  y  a  apparence  qu'il  s'en  ren- 
dra maître ,  les  rebellions  qui  continuent  toujours  dans  les  Etats  des 
Turcs,  leur  ôtant  tout  moyen  de  défendre  ni  fecourir leurs  places  lors 
qu'elles  font  affiegées.  [Cela  n'eft  point  encore  arrivé,  hc  il  n'y  a  patf 
grande  apparence  que  la  Républiqiie  prenne  cette  place  en  1 693 .  ] 

NEGRES,  peuples  d'Afrique,  dont  le  pais  s'étend  des  deux  cô'-' 
tez  du  Fleuve  Niger ,  entre  le  'Z.aara ,  8c  la  Guinée.  Les  plus  riches 
font  ceux  que  les  Arabes  appellent  de  Genéoa ,  qui  demeurent  fur  les 
bords  du  Niger,  parce  que  c'eft  le  chemin  que  prennent  les  Marchands 
qui  vont  au  Levant ,  8c  il  y  aborde  quantité  de  gens  de  Barbarie ,  du 
Biledulgerid  ,&  d'autres  endroits.  Ceux  qui  habitent  le  long  de  la  Côte 
de  l'Océan, fe  font  civilifez , depuis  que  les  Portugais  ont  négocié  avec 
eux,  8c  plufieurs  même  ont  embraffé  le  ChriftiaA'ifrne.  On  trouve  auiîi 
quelque  civilité  en  ceux  qui  font  du  côté  d'Orient  vers  la  Nubie  ,  8c  qui 
confinent  avec  le  pa'is  des  Abiflins.  Mais  ceux  qui  demeurent  au  dedans 
du  païs ,  que  les  Arabes  appellent  les  peuples  du  Zinque ,  font  farou- 
ches 8c  brutaux.  La  plupart  des  Nègres  fe  font  continuellement  la  guer- 
re ,  &i  tous  ceux  qu'ils  peuveM  prendre  de  leurs  ennemis ,  hommes , 
femmes, 8c  enfans,  ils  les  vendent  aux  Africains,  aux  Arabes, 8c  aux 
Portugais,  qui  trafiquent  ordinairement  fur  leur  Côte,  2c  le  long  de 
leur  Rivière.  Ils  prennent  d'eux  en  échange,  des  chevaux,  des  draps, 
des  toiles,  de  l'huile,  du  vin,  8c  d'autres  marchandifes  qu'on  y  porte 
de  l'Europe.  Ce  pais  eft. chaud;  mais  le  voifinage  du  Niger,  8c  d'au- 
tres rivières  qui  le  traverfent ,  le  rend  un  peu  humide.  H  y  a  auffi  plii-^ 
fieurs  grands  Lacs  qui  viennent  du  débordement  des  rivières.  Ces  Lacs 
font  environnez  de  Bois ,  où  l'on  trouve  plufieurs  Elephans ,  8c  autres 
bêtes  fauvages.  On  n'y  feme  ni  blé,  ni  orge,  mais- feulement  du  mil- 
let :  leur  principale  nourriture  eft  de  certaines  racines  qu'Us  appellent' 
Cnames;  &  d'une  efpece  de  châtaignes ,  qu'ils  nomment  Gores.  Ils  ont 
auffi  des  pois  d'une  groffeur  extraordinaire  58c bigarrez  de  diverfescou- 
leurs:8c  de  greffes  fevesd'unrougevif8c  éclatant.  Les  inondations  du 
Niger  fuppléent  au  défaut  de  la  pluye ,  qui  n'y  tombe  qu'au  mois  de 
JuiUet ,  d'Août  ,8c  de  Septembre.  11  n'y  a  point  de  vignes  dans  tout  le 
pais,  8c  l'on  y  fait  du  vin  d'une  liqueur  qui  dittille  de  certains  Palmiers  ^ 
8<  qui  eft  de  couleur  de  vin  paiUet.  Pour  la  faire  fortir  on  donne  deux 
ou  trois  coups  de  coignée  fur  le  tronc ,  8c  on  met  des  calebaffes  deffous 
pour  la  recevoir.  Chaque  Palmier  en  rend  trois  ou  quatre  pintes  dans 
l'efpace  de  vingt-quatre  heures.  Cette  liqueur  eft  douce  le  premier  jour 
qu'on  la  rëcueuille  ;  mais  deux  ou  trois  j  ours  après ,  elle  devient  plus  forte. 

Elle 


NEH.  NEK.  NEM. 


Elle  ne  fe  garde  pas  long-tems ,  car  dès  le  cinquième  ou  iîxiéme  jour 
elle  commence  à  fe  tourner  envinaigreb*Marmol,(/e/'^/r/î«e  .//■z'.  i. 
SU  P.  Voyez  Négritie. 

NEHAUSEL.  Cherchez  Newhaufel.      ' 

NEHEMIAS,  Juif,  étoit  Echunfon  du  Roi  Artaxcrxès  Longue- 
main  ,  &  fon  mérite  lui  avoir  aquis  beaucoup  d^  part  en  l'eftime  de 
ce  Prince.  Il  s'inforraoït  avec  foin  de  l'état  de  la  Ville  de  Jerufalem  ;  & 
ayant  fù  d'un  nommé  Hanani,  qui  fe  trouva  à  Sufe.que  la  ruine  de 
cette  Ville  ,  &  fur  tout  de  les  murailles  ,  caufoit  de  grandes incommo- 
ditez  à  ceux  qui  y  étoient  retournez  ,  il  en  fut  touché  jufqu'au  fond 
du  cœur.  Même  fa  trillelfe  parut  ii  fort  furfon  vifage  .quekRoilui  en 
demanda  la  caufc.  Nehemias  l'avoua  fincerement,&  pria  le  Prince  de 
lui  permettre  d'aller  revoir  et^core  une  fois  la  Ville  où  répofoienc  fes 
percs;  &  d'en  rebâtir  les  murs,  ce  qui  lui  fut  accordé.  11  vint  à  jeru- 
falem, l'an 3609.  du  Monde, &  en  dépit  des  epnemis  de  fa  Nation, il 
fit  achever  ce  grand  ouvrage.  Enfuite  on  en  fit  la  Dédicace  folemnel- 
lement.  Ce  fut  alors  que  le  feu  facré,qu*i  avoit  été  caché  par  Jeremie, 
fe  trouva;  ou  plutôt  que  l'eau  épailTe  qu'on  avoit  rencontrée  .s'alluma 
aux  rayons  du  Soleil ,  ayant  été  répandue  fur  le  bois  &  fur  le  facrifice. 
Torniel  fuivant  Melchior  Canus  &  Ribera,&  quelques  autres, eftime 
que  l'on  retrouva  auffi  l'Arche  d'Alliance  &  l'Autel  de  l'encens  ;  mais 
cela  n'eft  pas  bien  prouvé.  Quoi  qu'il  en  ibit,  Nehemias,  depuis  fon 
arrivée  à  Jerufalem ,  gouverna  les  Juifs  durant  l'efpace  de  douze  ans , 
avec  autant  de  fagefle  que  de  pieté  ;  n'oubliant  rien  pour  les  faire  de- 
meurer fidèles  dans  la  nouvelle  alliance  qu'ils  avoient  contradtée  fo- 
lemnellement  avec  Dieu.  Il  aflembla  une  grande  Bibliothèque, que  les 
uns  veulent  qui  fût  compofée  de  toute  forte  de  Livres,  &  les  autres  de 
ceux  là  feulement  qui  regardoient , bu  la  Religion,  ou  l'ctat  des  Juifs 
L'an  362.1.  il  revint  à  la  Cour  d'Artaxerxès,  &  durant  fon  abfence, 
les  Juifs  déchurent  de  la  pieté  où  il  les  avoit  rétablis,  &  violèrent  la  Loi 
en  plulieurs  chofes  de  confequence.  Nehemias  apprit  ces  chofes  avec 
une  douleur  extrême;  il  pria  le  Roi  de  Perfedelui  permettre  de  revenir 
à  Jerufalem  ;  il  l'obtint ,  &  à  fon  retour,  qui  fut  l'an  3619.  il  corrigea 
ces  abus.  On  ne  fait  pas  s'il  vécut  long  tems  après  cela.  Nous  avons 
un  Livre  de  l'Ecriture  fous  fon  nom  *  Efdras,  I.  €/  II.  Eufebe  ,  in 
Chron.o-lib.  8.  Demonft.  fxjaw^.  SalijJJR  Sponde  &iTom\â, in  Annal, 
■vet.  Teji.  A.  M.  3609.  3611.  ->,6%iy.  tsc. 

NEKIR ,  ou  N  E  K  E  R  :  nom  de  l'un  des  Anges  Inquifiteurs ,  qui 
viennent  examiner  le  mort  dans  le  fépulcre ,  félon  la  fuperftition  des 
Wahometans.  Quelques  Hiftoriens  l'appellent  Guanekir, mms  c'eftune 
erreur  qui  vient  de  ce  que  les  Arabes  nomment  les  deux  Anges  Exa- 
minateurs, Manguir  gua  Neguir  :  c'eft-à-dire ,  Monkir ,  &  Nekir  :  &  ceux 
qui  n'entendoient  pas  l'Arabe,  ont  pris  guaneg:iir  pour  le  nom  du  fé- 
cond Ange,  y  joignant  la  particule  ^rt« ,  qui  lignifie  c/.  Voyez  Azabe- 
kaberi.  *  Rkmi,de  l'Empire  Ottoman.  [  Les  Mahometans  croient  qu^es 
âmes  &  les  corps  font  dans  leurs  fépulcres,jufqu'au  jour  du  Jugement, 
&  que  d'abord  après  la  fépulturc  l'Ange  Munkir ,  armé  d'une  pefante 
maffue  ,  avec  un  autre  nommé  Nekir,  fe  préfente  .aux  rnorts  &  leur 
fait  ces  quatre  demandes:  i.  Qui  eft  ton  Dieu.''  i. Qui  efl; ton  Prophè- 
te.'' 3.  Quelle  eft  ta  créance  .'4.  Quel  eft  le  lieu  de  ta  dévotion  .'Ceux  qui 
ont  fait  conllamment  profeffion  de  la  Religion  Mahometane  répondent 
fans  crainte  :  Mon  Dieu  eft  celui  qui  t'a  créé  auffi  bien  que  moi  ;  mon 
Prophète  eft  Mahomet;  ma  créance  eft  Iflam  (c'eft-à-dire,  la  créance 
ftlutiire)  le  lieu  de  ma  dévotion  eft  Caba, c'eft-à-dire ,1e  temple  de  la 
Mecque.  Ceuxq.ui  meurent  hors  de  la  Foi  fontfaifisdecrainteàla  vûë 
de  l'Ange ,  à  «aufe  de  fon  extrême  grandeur ,  &  le  prenant  pour  Dieu 
lui-même,  l'adorent;  ce  qui  leur  attire  un  coup  de  mafluë,  &  les  fait 
renfermer  dans  leurs  fépulcres,  fans  qu'ils  voient  rien  de  ce  qui  fepafle 
au  dehors.  Mais  les  fidèles  fe  repofent  tranquillement ,  &  voient  par 
une  petite  fenêtre  ce  que  l'on  fait  dans  le  Ciel. -^^/-tgé  £/ei«f«ii/«r»m, 
dans  le  IV.  Tome  des  Oeuvres  à'IJaac  Barrow.  ] 

NEMBROD,  (Nimrod)  fils  de  Chus  &  petit-fils  de  Cham ,  vivoit 
en  1879.  du  Monde.  L'Ecriture  dit  que  c'étoit  un  Chafleur  iniigne  * 
&  qu'il  commença  d'être  puiflant.  Elle  ajoute  :  Fuit  autem  princiftum 
regni  ejus  Babyton,  e/  Arach ,  O'  Achad ,  ZJJ'  Chalanne  in  terra  Scn- 
naar.  Ce  qui  nous  perfuade  que  ce  Nembrod  eft  le  même  que  le 
Bel  ou  Beliis  des  Profanes.  Je  iài  bien  que  le  Berofe,tel  que  nous  l'a- 
vons ,  fuppofé  par  Anniiis  jle  Viierbe  ,  dit  que  ce  Ne'mbrod  eft  le  même 
que  le  Saturne  des  Anciens  ;  &  que  Gérard  Mercator  veut  qu'il  foit 
Ninus;  mais  comme  ce  fentiment  eft  contraire  aux  Auteurs  anciens  & 
modernes,  je  me  tiendrai  à  l'opinion  la  plus  raifonnable.  C'eft  que 
Nembrod  dont  le  nom ,  félon  famt  Ifidore  ,  veut  dire  Tyran  ,  eft  le 
Bel  qui  fignifie  Seigneur.  *  Eufebe  dit  qu'il  régna  65.  ans  Genefe  10. 
Saint  Jean  Chryfoftome ,  hom.  29.  in  Genef.  Saint  Jérôme  ,  in  Trad.Hcbr. 
in  Genef.  Saint  Epiphane,(>  P<îk«Wo , Saint  Auguftin,//.  16.  e?  i'&.  de 
Ctjit.  D«;.Rupert,//.4.i»  Gen  (;.43.Jofeph.  ii.  !../<»<.  c.  4.^6.  La  Chro- 
nique d'Alexandrie,  Eufebe,  i?7  Chron.  Mercator  ,inChron.7txtx\mli. 
ij.  Comment. in  Gen.  nom.  64.  Bellarmin  ,  Genebrard ,  Gordon ,  Abu- 
lenfis,  Cajetan,  Oleafter,  Del  Rio ,  Torniel,  Salian,  Sponde,  &:c. 
Cherchez  auffi  Bel.  \_Nimrodne.  fignifie  pas  tynn  en  Hébreu;  mais  plu- 
tôt un  Tigre.  11  y  a  bien  de  l'apparence  que  les  Grecs  ont  confondu 
leur  Bacchus  avec  Nimrod ,  comme  Bochart  le  fait  voir  dans  fon  Ca- 
naan,lÀh.  I.  c.  2.  Voiez  Bacchus.  Il  eft  remarqué  qu'il  étoit ^rawicA^î/- 
/êj/r, parce  qu'au  commencement  que  les  Colonies  du  Genre  humain 
fe  répandoient ,  il  falloit  qu'on  s'appliquât  à  la  chafte ,  pour  ne  pas  être 
accablé  par  les  bêtes  fauvages.  On  peut  apprendre  la  mêmechofe ,  dans 
plufieurs  fables  Gréques.  Voicz  celle  à! Hercule  dans  le  2.T.dela/>;W«- 
thecfue  Univerfelle.  ] 
_  NEME'E,  Ville  des  Argiens,où  l'on  inftitua  environ  la  LI. Olym- 
piade,des  Jeux  à  l'honneur  d'Hercule.  Ce'a  étoit  bien  long-tems  après 
ceux  qu'on  dit  avoir  été  établis  d  abord  après  la  mort  d'Archemorefils 
de  Lycurgue.  Eufebe  en  parle  dans  la  Chronique. 

NEME'E  fleuve  de  la  Morée,  dit  Langia,  où  Periclès  défit  les  Si- 
cyoniens  l'an  301.  de  Rome. 

NEME'E ,  grande  forêt  du  Peloponefe ,  maintenant  de  la  Morf  e , 
dans  le  pais  d'Argos,  à  prefent  la  Roraanie,  fameufe  pour  avoir  été 
le  Théâtre  d'un  des  plus  illuftres  travaux  d'Hercule.  Elle  fervoit  de  re- 


traite  à  un  Lîoïi  d'une  effroyable  grandeur ,  qui  tenoit  quelquefois  la 
campagne  &  que  les  grands  defordres,  qu'il  avoit  faits,  dans  le  pais,  a- 
voient  rendu  redoutable.  Hercule,  venant  d'égorger  le  fils  de  Molorchus 
un  des  premiers  Citoyens  d'Argos ,  fe  fignala  par  la  défaite  de  ce  Lion  qu'il 
étoufa,  8c  on  inftitua  à  Argos  les  jeux  Neméens ,  pour  étcrnifer  la  mémoi- 
re de  cette  illuflre  aftion.  *  Strabon ,  Diodore  de  Siple ,  Hygin. 

NEMESIANUS  (  Aurelius  Olympius  )  Voë'k  Latin  de  Carthage-, 
célèbre  par  fon  efprit,  vivoit  dans  le  III.  Siècle,  vers  l'an  î8r.  fous 
l'Empire  de  Carus  &  de  fes  fi's  Carinus  ScNumerianus.  Vopifcus  par- 
lant de  ce  dernier  dit:  Qu'il  eut  tant  d'inclination  pour  les  versvqu'il 
en  contefta  même  la  gloire  à  Olympius  Nemefianus,  qui  avoit  écrit  de 
la  pêche  &  des  chofes  maritimes.  Nous  avons  encore  de  lui  lePoëme 
intitulé  Cynegeticum  &  quatre  Eglogues.  Paul  Manuce  les  publia  en 
r538.  Banhius  en  procura  une  autre  édition  en  161 3.  &  nous  en  avons 
encore  une  de  Leiden  en  1653.  avec  des  Notes  de  Janus  Vlitius.  Li- 
lio  Giialdi  raporte  un  fragment  de  Nemefianus  que  Sannazar  lui  avoit 
fait  voir.  C'eft  Sannazar,  lequel  ayant  trouvé  les  Ouvres  de  ce  Poète 
écrites  en  Lettres  Gotiques ,  les  fit  mettre  en  beaux  carafteres  &  les 
envoya  à  Paul  Manuce._  Le  célèbre  Prélat  Hincmar  de  Reims  écrivant 
à  Hincmar  de  Laon  fon  nei.'eu,  parle  du  Livre  de  Nemefianus ,  comme 
d'un  Ouvrage  qu'on  lifoit  su  Collège:  Aliter  refpondere  nonpotui,  nifi 
ut  -venatores  fer£  lufira  fequentes  ageres  ,audttu  cr  leôîione puer  Scholarius 
in  libro ,  cjui  infcrsbitur ,  Cynegeticon  Carthaginenfis  Aurelii  didici ,  crc 

[NEM  ESI  EN  ,  Officier  de  l'Empereur  Conftanfe  en  CCCCXXX. 
11  en  eft  parlé  dans  le  Code  Theodofien.  Voyez  la  Profopographie  de 
^Uifues  Godefroi.'] 

NEMESIS ,  Déefle  que  quelques-uns  faifoient  fille  de  Jupiter  8j 
de  la  Néceffité ,  &  les  autres  de  l'Océan  &  de  la  Nuit.  Elle  avoit  foin 
de  venger  les  crimes, que  lajuftice  humaine  laiffoit  impunis;  &  avoit 
auffi  le  nom  à'Adraftée ,  parce  qn'Adraftus  fut  le  premier  qui  lui  dé- 
dia un  Temple, '&  de  Rhamnufie ,  parce  qu'elle  fut  adorée  dans  un. 
Bourg  de  ce  nom.  *  Paufanias  in  Arcad.  Cartari,Je  Imàg.  Deur.Boca- 
ce  ,in  Geneal.  Deor.  vc.  Voyez  la  Théogonie  d'Hefiode  avec  les  notes 
imptimées  à  Amfterdam  en  1701. 

[NEMESIUS.de  Philofophe  devenu  Chrétien,  &  Evêque  d'Emc- 
fc,a  vêcu,fclon  les  uns,  vers  l'an  380  &  félon  les  autres,  dans  le  cin- 
quième fiecle.  On  en  a  un  livre  de  Natura  Hominis,  imprimé  à  Ox- 
ford en  Grec  &  en  Latin  en  167 1.] 

NEMESTRIN,Dieu  des  Forêts, chez  les  Gentils, ainfi  nomméde 
Nemus ,  Bois  ou  Forêt.  *  Arnobe  ,  lib.  4.  S.  Auguftin  ,  de  Civit.  Dei.  Ii.  4. 

NEMORALES  ,Fêtes--'Ses  anciens  Payens,en  l'honneur  de  Diane, 
Déefle  des  Bois.  '*  Pline ,  Ii.  35. 

NEMO  URS ,  fur  la  Rivière  de  Loing ,  Ville  &  Duché  de  France  dans 
le  Gâtinois.  Ellea  eu  premierementfesSeigneurs,puis  fes  Comtes,  juf- 
qu'en  1404.  queleRoi  Charles  VI.  en  fit  une  Duché  &Pairie  ,  commejc 
le  dirai  dans  la  fuite.  La  ville  de  Nemours,  que  les  Auteurs  Latins  nom- 
ment Nemojium  ,  eft  agréable ,  à  1 8.  lieuës  de  Paris.  Elle  a  le  Prieuré  de  S. 
Jean  avec  un  Fauxbourg  dit  de  S.  Pierre ,  où  eft  une  Paroifle  de  ce  nom  6c 
l'Abbaïe  de  Nôtre-Dame  de  la  Joye,des  Religieufes  de  Citeaux.  Ne- 
mours a  donné  autrefois  fon  nom  à  une  Maifon  noble. 

NEMOURS, Maifon.  La  Maifon  de  Nemours  qui  a  pris  fon  nom 
de  la  Ville  de  Nemours,  a  eu  de  grands  Hommes;  Philippe  de  Ne- 
mours I.  du  nom, Sieur  de  Guercheville ,  vivoit  dans  le  XÏI.  Siècle, 
fous  le  règne  de  Philippe  Augufte.  Il  fut  père  de  Gautier  II.  Sieut 
de  Nemours  Maréchal  de  France  en  1214.  Celui-ci  fut  père  de  Phi- 
lippe II.  Sieur  dé  Nemours , Chambellan  de  France, qtii  époufa  en  r. 
noces  Marguerite  Dame  d'Afcheres  &  en  2.  Elifabeth,  Dame  de  la 
Haye  &  de  PalTavant.  De  la  i.  il  eut  Gautier  lII..Sieur  de  Nemours, 
mort  fans  lignée;  Philippe  qui  vendit  la  Seigneurie  de  Nemours  au 
Roi  Saint  Louis  :  Jean,  Sieur  de  Guercheville  Chanoine  de  Noyon 
&  de  Tours,  qui  vendit  auffi  l'an  1274.  au  Roi  Philippe  le  Hardi  les 
Droits  qu'il  avoit  fur  Nemours  :  Aubert  Chanoine  de  Paris  ;  Et  Guil- 
laume qui  époufa  Agnès  Dame  Du  Moulin.  De  fa  2.  femme  il  eut 
Gautier  de  Nemours,  qui  époufa  Clémence  de  Dreux,  dont  il  eut 
Blanche ,  femme  de  Guillaume  de  Precigni  &  deux  autres  filles.  De- 
puis le  Roi  Charles  VIL  érigea  Nemours  en  Duché  &  Pairie,  qu'il 
échangea  pour  d'autres  terres  avec  Charles  III.  dit  le_  Noble  ,  Roi 
de  Navarre.  Ce  fut  le  19.  Juin  de  l'an  1404.  Ce  Duché  retourna  à  la 
Couronne  en  1425.  &  il  y  fut  jufques  en  1461.  que  le  Roi  Louis XI. 
le  céda  à  jaques  d'Armagnac  qui  prétendoit  y  avoir  quelques  droits. 
Jaques  laiflajean  &  Louis, morts  fans  enfans  mâles.  Ainfi  le  Koi  ren- 
tra dans  ce  Duché  ,  conformément  à  une  claule  de  Lettres  de  l'an  1404. 
ce  qui  avoit  été  obfervé  après  la  mort  de  Charles  le  No'le ,  qui  n'eut 
que  Blanche,  Reine  de  Navarre.  Cependant  Pierre  de  Rohan ,  Sieur 
de  Gié,  qui  avoit  époufé  Marguerite  fille  de  Jean  d'Armagnac,  pré- 
tendit encore  au  Duché  de  Nemours.  Il  mourut  fans  enfans;  8c  cette 
mort  termina  le  procès  en  1507.  Le  Roi  Louis  XI!.  céda  Nemoursà 
fon  neveu  Gaston  de  Foix  qui  fut  tué  à  la  bataille  de  Ravenne ,  l'an 
i^ti.  Trois  ans  après,  le  Roi  Erançois  I.  le  donna  à  Julien  de  Me- 
Dicis  qui  avoit  époufé  Philibertc  de  Savoye,  tante  de  ce  Monarque. 
Enfuite  le  même' Roi  mariant  en  1528.  Philippe  de  Savoye  fon  On- 
cle, Comte  de  Genevois,  8cc.  avec  Charlotte  d'Orléans,  fille  de  Louis 
d'Orléans  I.  du  nom ,  Duc'de  Longueville  ,il  lui  fit  encore  don  de  ce 
Duché  rachetable  de  la  fomme  de  cent  mille  livres.  Ce  Philippe  de 
Savoye  mourut  à  Marfeille  le  25.  Novembre  1533.  l.iilTant  Ja- 
ques de  Savoye  qui  fuit  ;  &c  Jeanne  -2.  femme  de  Nicolas  de 
Lorraine  Duc  de  Mercœur.  Jaqjues  de  Savoye  prit  allian- 
ce avec  Anne  d'Eft,  Comtefle  de  Gifors,  veuve  de  François  de 
Lorraine  Duc  de  Guife.  Il  mourut  le  15.  Juin  de  l'an  1585.  Ses 
enfans  furent  Charle.s-Emanvel,  Duc  de  Nemours ,  mort  en 
1595.  fans  avoir  été  marié,  Henri  qui  fuit  8c  Marguerite,  mor- 
te en  enfance.  Henri  de  Savoye,  Duc  de  Nemours,  8cc. 
mourut  en  1632.  Ce  Duc  fit  en  1623.  un  Traité  avec  le  Roi 
Louis  XIII.  au  fujet  de  Nemours,  qui  refta  toujours  rachetable. 
11  eft  vrai  qu'en  1625.  le  même  Roi  voulant  gratifier  ce  Duc 
lui  donna  un  Brevet  du  23.  Octobre  ,  qui  porte  que  ni  fa 
Majefté  ,    ni    les    Rois    fes     fuccefleurs     ne     pourront    reiinir 

le 


j6 


NEN.  NEO. 


le  Duché  de  Nemours  &  le  Comté  de  Gifors  à  la  Couronne ,  du  vivant 
de  ce  Duc  &  de  fes  enf.ins.  Le  Traité  de  1613.  terminaks  prétentions 
des  Ducs  de  Nem  ours,  q  ui ,  fous  les  règnes  de  CliarlesIX.  Henri  III.-& 
Henri  IV  ,avoient  fait  des  demandes  extraordinaires ,  fous  prétexte  des 
Droits  d'Anne  d'Eft.iille  de  Renée  de  France.  Henride  Savoyeépouia 
en  1618.  Anne  de  Lorraine  tille  unique  de  Cliarles  Duc  d'Aumale;  dont 
il  eut  I.  François  de  Paule,  mort  en  enfance:  2.  Louis  Duc  de  Ne- 
mours, mort  en  1641.  3.  Charles- Amede'e  de  Savoye  qui  tut  tué 
■en  duel  à  Paris  en  1652.  laiflantEliiabeth  de  Vendôme,  Marie-Jeaniie- 
Baptifte  Demoifelle  de  Nemom'S ,  depuis  Ducheffe  de  Savoye ,  &  Mariç- 
Françoife-Elizabeth  Demoifelle  d'Aumale  ,  depuis  Reine  de  Portugal; 
Et  4.  Henri  de  Savoïe  II.  du  nom  Duc  de  Nemours.  Celui-ci 
avoit  été  Archevêque  de  Rheims.  Après  lamortdefonfrere  ,ilépoufa 
le  vingt-deuxième  Mai  i6<;7-  Marie  d'Orléans,  fille  de  Henri  II.  Duc 
de  Longiieville ,  &c.  &  de  Louïfe  de  Bourbon  Soiffons  fa  première  fem- 
me,&  décéda  fans  cnfans, le  quatrième  Janvier  1659.  Ainfifinitenfa 
perfonne  la  Branche  des  Ducs  de  Nemours  de  la  Maifon  de  Savoye,  qui 
a  fubfitté  environ  150.  ans  en  France,  depuis  Philippe  Duc  de  Gene- 
vois &  de  Nemours,  fils  puiné  de  Philippe  Duc  de  Savoye,  &  de  Clau- 
dine de  Broffe  Bretagne  fa  femme.  *  Du  Chefne,  Recher.  des  jimiq. 
-  des  Villes  de  France.  Du  Pui ,  Droits  du  Roi.  Sainte  Marthe ,  Hifi.  Géneal. 
de  'France.  Guichenon  ,  Uifi.  de  Sauoye ,  zyc. 

N£NIE,en  Latin  Ar^»M,étoit  une  Déeffe  du  Paganifme,  à  laquelle 
les  anciens  Romains  avoientbâti  un  Temple'hors  delà  Ville  de  Rome, 
près  de  la  Porte  Viminale.  Nenie  prélidoit  aux  chants  lugubres,  qu'on 
avoit  accoutumé  de  faire  dans  les  Funérailles  en  l'honneur  des  Morts  ;& 

•  ces  chants  contenoit  les  louanges  de  la  perfonne  qui  venoit  de  mourir , 
mifes  en  vers,  &  prononcées  d'une  voix  lamentable  au  fon  des  flûtes 
&  autres  inftrumens,  par  une  femme  qui  fe  louoit  pour  cela  &  qui 
s'appelloit  dans  cette  fonâion  Prsjîca.  Ce  fut  Sirnonide  Poète  Lyri- 
que, natif  de  l'Ifle  de  Cée,une  des  Cyclades  dans  la  Mer  Egée,  qui  in- 
troduifit  le  premier  cette  manière  de  vers  &  cette  façon  de  les  chanter,  fi 
nous  en  croyons  Horace  en  fapremiereOde  du  Livre  II.  Ces  chants  fu- 
nèbres s'appelloicnt  N4»;<e,du  nom  de  laDéeffequiypréfidoit.  Ovide 
croit  que  ce  nom  vient  du  mot  Grecveiarov ,  qui  veut  dire  dernier ,  à  caufe 
que  c'étoit  la  dernière  chofe  qu'on  chantoit  pour  une  perfonne;  maisA- 
cron  prétend ,  avec  affez  de  vrai-femblance ,  que  Nxnii  eft  un  mot  fait  na- 
turellement ,  pour  exprimer  le  ton  trifte  &  dolent  de  ces  Chanteufes.  D'où 
vient  qu'on  trouve  encore  ce  mot  en  quelques  endroits ,  pour  fignifier 
toutes  fortes  de  chants  defagréables ,  &  même  toutes  fortes  de  dilcours 
ineptes:  &  S.Jerôme  s'en  eft  fervi  en  ce  dernier  fens  contre  Ruffin.  *  Fef- 
tus ,  Varron ,  de  -vet.  fopul.  Rom.  Ciceron  ,  de  leg.  2. 

.NENNIUS  ,  Duc  de  Loëgrie,  &  fils  d'Helius  Roi  des  Bretons 
anciens  peuples  d'Angleterre ,  fit  paroître  fon  courage  dans  la  guerre 
qu'il  foûtint  contre  les  Romains,  Il  tua  dans  une  bataille  Labienus  Tri- 
bun,&  defarma  Jule  Cefar,  qui  lui  porta  néanmoins  un  coup  dont  il 
moiurutl'an  du  Monde  3980.  Il  fut  enterré  à  Londres  avec  l'épée  de  Ce- 
far, comme  il  l'avoit  ordonné.  *  Pitfeus,  de  illuft.  Angl. 

N  E  N  N I U  S ,  ou  Nenius  ,   Abbé  ,  Anglois  de  nation  ,  difciple 

4  d'Elvoduge  Probus ,  &  puis  de  Beulan  Eccleliaftique ,  étoit  en  eflime 
environ  l'an  620.  Il  fit  un  Livre  de  l'Origine  des  Bretons  Infulaires , 
&  quelques  autres  Traitez,  dont  Pitfeus  ôcBalaeus  font  mention  i/e5cn/>^ 
.Angl. 

NEOCESARE'E,  Métropole  de  Cappadoce  ou  du  Pont,  célèbre 
pour  avoir  eu  pour  Prélat  S.  Grégoire  Thaumaturge.  Leunclavius  lui 
donne  le  nom  de  Ntxar ,  &  le  Noir  celui  de  Tocato.  J'oubliois  de  dire , 
qu'elle  efl  fur  le  fleuve  de  Lycus  ,que  les  Turcs  appellent  Cholelit.  Ja- 
ques GalTot  ,qui  fit  imprimer  fonvoyagedeVenifeà  Conflantinopleen 
3606.  dit  qu'il  y  avoit  tout  auprès  un  Château  fituéfur  une  montagne 
fort  haute  qui  n'étoit  pas  tout-à-fait  ruiné ,  où  l'on  voyoit  un  Tombeau 
qu'on  difoit  être  d'un  Roi  dePerfe.  Sleplianus de  Byianceaffure  qu'elle 
eut  le  nom  d'Adrianople.  La  Ville  deNeocefarée  fut  renverfée  en  343.  ex- 
cepté l'Eglife.  L'Evêque  8c  ceux  qui  fe  trouvèrent  dedans  furent  fauvez. 

Conciles  de  Neocefarée. 

Saint  Grégoire  Prélat  de  Neocefarée  aflembla  environ  l'an  deux  cens 
foixante-un,  un  Synode  en  cette  Ville.  On  eftime  qu'on  y  écrivit  une 
Epître  contre  ceux  qui  mangeoient  les  viandes  offertes  aux  Idoles.  Elle 
eft  rapportée  dans  le  Droit  Grec.  Environ  l'an  3 13. ou  314.  treize  des 
Prélats, qui  avoient  convoqué  le  Concile  d'Ancyre,  en  célébrèrent  un 
autre  à  Neocefarée ,  où  ils  firent  quatorze  Canons.  Gabriel  de  l'Aubefpi- 
ne  Evêque  d'Orléans,  a  fait  de  très-belles  Remarques  fur  les  VI.  & 
XII.  de  ces  Canons.  Le  L  dépofe  le  Prêtre  qui  fe  mariera.  Le  II.  ordon- 
ne pénitence  à  ceux  qui  fe  marient  fouvent.non  pas  pour  condamner 
les  noces,  mais  parce  que  cela  fait  trop  voir  d'incontinence.  LeVI.ell 
au  fujet  des  femmes  Catéchumènes  qui  font  groffes.  Le  VII.  défend  aux 
Prêtres  de  fe  trouver  aux  fellins  des  féconds  mariages.  Le  XI.  ordonne 
qu'un  Prêtre ,  qui  avant  fon  Ordinarion  aura  commis  un  péché  d'im- 
pureté, s'il  le  confefle ,  n'ofîre  point  l'Euchariftie  ,  mais  qu'il  exerce  feu- 
lement les  autres  minifleres  de  fon  Degré.  11  ajoute  que  l'opinion  de  plu- 
fieurs  eft, que  les  autres  péchez  font  effacez  par  l'Ordination.  LeXII. 
eft  contre  les  Cliniques,  ou  ceux  qui  rece  voient  le  Baptême  étant  malades. 
Nous  avons  ce  Concile  de  l'interprétation  de  Denys  le  Périt ,  dans  le  Re- 
aieil  d'Ifidore  Mercator ,  &  dans  les  dernières  Editions  des  Conciles. 

NEOCESARE'E  dite  Euphratefiene ,  Ville  de  Syrie.  Les  Auteurs  Ec- 
cleCaftiques  &  les  Martyrologes  parient  de  Paul  Evêque  de  cette  Ville  ,  à 
qui  Diocletien  fit  couper  les  mains  &  brûleries  parties  qui  diftinguent  le 
fexe ,  pour  avoir  continué  d'enfeigner  l'Ecriture  à  quelques  femmes. 

NEOMENIE,  c'eft-à-dire  nouvelle  Lune  (de»é®-,  nouveau  & 
f/,t^n.  Lune:')  OU  commencement  du  mois  Lunaire.  Les  Juifs  font  ce 
jour-là  une  Fête  ,  qui  eft  marquée  au  Livre  des  Nombres ,  chap.  10.  & 
chap.  28.  C'étoit  au  Sanhédrin  ou  aux  Juges  de  Jerufalem  ,  de  détermi- 
ner le  jour  de  la  nouvelle  Lune,  parce  qu'il  étoit  de  leur  Jurifdiélion 
d'arrêter  les  jours  de  Fêtes.  R.  Léon  de  Modene  dit  que  du  tems  du 
Sanhédrin  ces  Juges  envoyoient  ordinairement  exprès  deux  hommes  , 
qui  revenoient  les  avertir  fi-tôt  qu'Ds  avoient  découvert  la  Lune,& 


NEO.  NEP. 

fur  leur  rapport  ils  faifoient  publier  que  le  mois  étoit  commencé  ce 
jour-là  ;  mais  depuis  la  ruine  du  Temple ,  ils  le  font  par  des  fupputarions , 
&  l'on  imprime  tous  les  ans  un  Calendrier ,  qui  leur  fert  pour  favoir 
les  nouvelles  &  les  pleines  Lunes ,  les  quatre  faifons  de  l'Année,  les  Fê- 
tes &  autres  chofes^  de  cette  nature.  Cette  Fête  répond  quelquefois 
à  deux  jours,  favoir  à  la  fin  de  l'un ,  &  au  commencement  de  l'au- 
tre. Il  n'eft  point  défendu ,  continue  Léon  de  Modene ,  de  travailler 
ni  de  faire  des  affaires;  les  femmes  feulement  ont  coutume  de  s'acfte- 
nir  de  leur  travail ,  &  l'on  fait  un  peu  meilleure  chère  qu'à  l'or- 
dinaire. Le  foir  du  Sabbat ,  qui  fuit  le  renouvellement  de  la  Lune ,  ou 
un  autre  foir  fuivant  lorfqu'on  apperçoit  le  Croiflant ,  tous  les  Juifs 
s'aifemblent  &  font  une  prière  à  Dieu, le  nommant  Créateur  des  Pla- 
nètes ,  &  le  rettaurateur  de  la  nouvelle  Lune  ;  puis  fe  haufTant  vers  le 
Ciel ,  ils  demandent  à  Dieu  qu'ils  foient  exempts  de  tous  malheurs;  & 
après  avoir  fait  mémoire  de  David»ils  fe  faluënt  &  fe  féparent.  Pour 
égaler  les  années  Solaires  avec^cellesae  la  Lune , ils  font  un  cycle ,  ou  ré- 
volution de  19.  ans.  Et  de  ces  19.  ans,  il  y  en  a  fept  de  treize  mois 
chacun  :  fi-bien  que  de  deux  ou  de  trois  ans  l'un  eft  de  treize  mois ,  qu'on 
appelle  AfeaW , c'eft-à-dire  intercalé.  Quand  cela  -.'.rriveiron  compte 
deux  fois  lemois  ^iar;  de  forte  qu'il  ya  alors  Adar  premier  &Adar  fé- 
cond, que  les  Juifs  nomment  Ve-Adar.  Voyez  Léon  de  Modene  ,fii/ej  , 
des  Juifs,  part.  3.  chap.  2.  SU  P. 

NEON,  Hiftorien,  vivoit  dans  le  II.  Siècle  du  tems  de,  M.  Aure- 
le,8c  il  écrivit  les  Aftes  du  Martyre  des  faints frères  Speufippe  &  Me- 
leufippe.que  nous  avons  dans  Surius.  Les  Doéles  eltiment  qu'il  avoit 
écrit  en  Giec,&  que  ce  qui  nous  refte  n'eft  qu'une  tradudlion  Latine. 
*  Baronius,  in  Annal.  Surius,  T.  I.  die  17.  Januar.  vc. 

[NEOPHYTE  Prêtre  &  Moine  Grec,  qui  vivoit  vers  l'anMCXC. 
Il  compofa  un  Mwxsdesmaiheursdel' JJledeCyprepnfepar  les  Anglais, ^VlS 
l'on  trouve  dans  le  2.  Tome  des  Monuments  de  l'Eglife  Greque  par 
Cotelier,  Cave  Chartophyl.\ 

NL.OPHYTES,  nom  des  nouveaux  Chrétiens,  c'eft-à-dire  de 
ceux  qui  ont  quitté  depuis  peu  le  Judaifme ,  ou  le  Paganifme ,  pour 
embrafler  la  Foi.  On  a  aufli  donné  ce  nom  à  ceux  qui  étoient  nouvel- 
lement reçus  dans  l'état  Eccldàftique ,  ou  dans  un  Ordre  Religieux. 
Il  vient  de»  é®-,  mot  Grec,  qu^%nifie  nouveau,  &  de  ^ktôï  qui  figni- 
fie  pl.mte,  comme  qui  diroit  nouvellement  plantez  dans  le  champ  de 
l'Eglife ,  ou  nouvelles  plantes.  [  Macer ,  in  Hierolex.  ] 

NEOPHON   ou  Neophron  ,   Poète  Grec  qui  compofa  diverfes 
Tragédies.   U  étoit  ami  particulier  de  Callifthene  ,  &  Alexandre  le 
Grand  les  fit  mourir  l'un  &  l'autre  la  CXIII.  Olympiade, 426.  de  Ro-  . 
me.  Confultez  Suidas. 

[NEOTERIUS  Préfet  du  Prétoire  fous  Theodofe  le  Grand  de- 
puis l'an  CCCLXXX.  Il  en  eft  fouvent  parlé  dans  le  Code  Theodq- 
fidt.  Jm.  Gothofredi  Profopographia  Cod.  Theodos.  ] 

NhPER  (Jean)  Ecoffois  inventeur  des  Logarithmes  d'A- 
rithmétique, vivoit  en  1614.  U  étoit  Baron  de  Merchifton.  Sa 
fcience  le  fit  eftimer.  Il  publia  diversTraitez  de  Mathématique.  Canon 
ad  fingula  quadrantis  minuta  compofitus ,  Khabdologia,  crc.  *  Gru- 
ger   ,    Pnf.     in     Praxin     trigonù??>etri£  ,    VofTius   ,    de-    Mathem. 

NEPHALIES  ,  Sacrifices  &  Fêtes  des  Grecs,  ainfi  appeliez  de 
yii(pâ'Mi^ ,  fohre ,  parce  qu'on  y  ofl'roit  de  l'hydromel,  &  non  du  vin 
comme  aux  autres.  Les  Athéniens  faifoient  d'ordinaire  ce  Sacrifice 
au  Soleil  &  à  la  Lune,  à  la  Mémoire,  aux  Nymphes,  à  l'Aurore,  &  à 
Venus ;&  y  brûloient  toutes  fortes  de  bois,horfmis  ceux  delà  vigne, 
du  figuier ,  &  du  meurier,  parce  que  ces  arbres  font  les  fymboles  de 
l'vvreffe.  *  Erafrae,  en  fes  ChiUades. 
'  NEPHTALI  fils  de  Jacob  8c  de  Bala  fervante  de  Rachbl,  nâquic 
l'an  1187,  du  Monde,  &  donna  fon  nom  à  une  des  Tribus  d'Ifraël, 
qui  eut  fon  partage  vers  la  mer  de  Galilée.  *  Genefe ,  cap.  30.  Tor- 
niel ,  A.  M.  2287.  ».  I.  2291.  n.  5. 

NEPI,  en  Latin  Nepet  èc  Nepita  ,  Ville  d'Italie,  vers  la  rivière 
de  Pozzolo.  Elle  eft  dans  le  Patrimoine  de  S.  Pierre ,  8c  a  titre  d'E- 
véché  uni  à  Sutri. 

NEPOS,  Evêque  d'Egypte,  qui  vivoit  environ  l'an  264.  fotî- 
rint  l'erreur  des  Millénaires,  difant  qu'après  le  Jugement  univerfel , les 
prédeftinez  demeureroient  fur  la  terre,  où  ils  jouïroient  de  toutes  for- 
tes de  délices  du  corps  Se  de  l'efprit.  Il  fondoit  cette  rêverie  fur  un 
paffage  de  l'Apocalypfe  mal  entendu;  comme  avoient  fait  Papias  , 
Saint  Irenée ,  &z  plufieurs  Pérès.  Nepos  étoit  recommandable  pour  fa 
fcience,  &  pour  beaucoup  d'Hymnes ,  qu'il  avoit  compofez  pour  UE- 
glife.  Denys  d'Alexandrie,  qui  lui  rend  ce  témoignage ,  ajoute  que 
quoi  qifeil,  honorât  fon  mérite ,  ?c  aimât  fa  perfonne  ,  néanmoins  il  ai- 
moit  davantage  la  vérité.  Ainfi  il  réfuta  fon  opinion ,  par  écrit  &c  de 
vive  voix  ,  dans  une  Conférence  ,  où  il  répondit  fi  bien  à  un  Livre ,  dont 
les  défenfeurs  de  cette  impureté  faifoient  leur  bouclier  ,  qu'un  des 
principaux  nommé  Coracion  changea  de  fentiment,  8c  fut  imité  par 
plufieurs  autres.  Eufebe ,  /i.  7.  Hijl.  c.  19.  S.  Jérôme ,  Praf.  in  Ifdi. Baro- 
nius, A.  C.  264. 

NEPOS.  Cherchez  Cornélius  Nepos. 

NEPOS  (Julius)  fils  de  Neporien  8c  d'une  fœur  de  Marcellin  Pa- 
trice, ôta  l'Empire  à  Glycerius  l'an  474.  8c  fe  fit  déclarer  Augufte  à  Ra- 
venne.  Oreftes  l'obligea  de  quitter  l'Italie  en  475. 11  fe  retira  dans  une 
de  fes  maifbns  près  de  Salone  en  Dalmatie,  où  il  fut  alTaffiné  par  deux 
de  fes  gens.apoftez  par  Glycgrius.  *  Jornandes,;»  C^rc». Caffiodore , 
Evagre,  &:c. 

NEPOTIEN  (Flavius  Popilius)  étoit  fils  d'Eutropie  fœur  de  Conftan- 
tin  le  Grand.  Après  la  mort  de  l'Empereur  Conftans,il  prit  parle  droit 
du  fang  la  qualité  d'Empereur  à  Rome,  le  3.  Juin  de  l'an  350.  dans 
le  même- tems  que  Magnence  ufurpoit  la  même  puiflànce  dans  les 
Gaules.  Nepotien  ne  jouit  de  ce  titre  que  25.  jours,  au  bout  def^ 
quels  Anicet,  Prévôt  de  la  Ville,  gagné  par  Magnence,  lui  ôta  le 
Diadème  8c  la  vie,  le  28.  jour  du  même  mois.  *^olime,/i.  2.  Viélor, 
in  Ep.  Bifl.  Socr.  lih.  2.  vc 

NEPTUNE  ,  eftimé  Dieu  de  la  Mer  ,  étoit  fils  de  Saturne  8c 
d'Ops,6c  frère  de  Jupiter  &  de  Pluton,  Il  époufa  Amphitrite,  8c  eut 

diver- 


NEP.  NER. 

diverfes  maîtreffes  qui  lui  firent  plufieuis  enfjns.  On  dit  qu'ayant  été 
chafle  du  Ciel  avec  Apollon  pour  avoir  confpirc  contre  Jupiter,  il  bâtit 
les  murailles  de  Troye.  Il  eut  encore  difpute  avec  Minerve  ,  pour  don- 
ner le  nom  à  Athènes  ;  oii  il  fit  naître  un  cheval  avec  un  coup  de  Trident. 
C'eft  pour  cette  raifon  que  les  Anciens  luifacrifioient  cet  animal,  &  que 
les  Romains  avoient  inftitué  les  jeux  Circe»fes,où  l'on  faifoit  des  cour- 
fes  de  chevaux  à  l'honneur  de  Neptune.  *  Hygin ,  ;»  FS.  Ovide,  Mttajn. 
Cartari ,  de  Imag.  Deor.  c?c. 

NEPTUNAlES,  Fêtes  des  Romains  ,  qu'ils  célebroient  au  mois 
de  Juillet ,  en  l'honneur  de  Neptune ,  Dieu  de  la  Mer.  *  Tertullien  ,  /;.  de 
SfeBac.  c.  S.  [Neptune ,  que  l'on  nomme  en  Grec  noo-«  J'»» ,  avoir  été  un 
ancien  Pirate,  qui  s'étoit  rendu  fi  redoutable  fur  la  mer  ,  qu'il  en  eut 
l'Empire  pendant  fa  vie,  parmi  les  Grecs,  &  qu'après  fa  mort  on  crût 
qu'il  en  étoit  devenu  le  Dieu ,  &  qu'il  dépendoit  de  lui  de  la  troubler 
quand  il  vouloit.  Pofed-oni ,  en  Langue  Phénicienne  dont  on  lé  fcrvoit  a- 
lors  dans  la  Grèce ,  lignifie  Brifenr  devAiffeau.  Sil'on  vouloit  qu'ON  ne 
fût  qu'une  fimple  terminaifon ,  on  pourroit  tirer  Pafadon ,  briiéur ,  de  Pa- 
/ad,  rompre,  comme  Mharon  à' Achar ,  Jlbaddon  à'Abad.  Ces  noms 
conviennent  fort  bien  à  un  Pirate.  'Voyez  Bibliothèque  UriiverJ.  T.  VI. 
defcription  des  Myfteres  de  Cerès.] 

NERAC,  'Ville  de  France  dans  la  Guienne,  capitale  du  Duché  d'AI- 
bret.  Elle  eft  fituée  furla  Rivière  de  la  Baïfe ,  qui  la  divife  en  deux  parties , 
dites  le  grand  &  petit  Nerac ,  environ  trois  lieues  au  deflbus  de  Condom, 
&  deux  de  la  Garonne.  Les  Sires  d'Albret  y  firent  bâtir  un  Château,  où 
il 'y  a  de  beaux  jardins.  Le  Roi  Henri  IV.  pafla  aflézlong-teras  à  Ne- 
rac, où  l'on  mit  d'abord  la  Chambre  de  l'Edit;'  mais  on  l'ôta  depuis, 
parce  que  les  habitans  de  cette  "Ville  avoient  lùivi  le  parti  des  Hugue- 
nots. Nerac  étoit  aulficonfiderable  dans  ce  parti.  La  Reine  Catherine  de 
Medicis  y  tint  une  Conférence  avecle  Roi  de  Navarre  en  1579.  on  y  fit 
un  Traité  avec  les  Huguenots:  les  Murailles  en  furent  rafées,  dans  les 
dernières  guerres  civiles. 

NERATIUS  (Lucius)  Romain  ,  dont  il  ell  parlé  dans  l'Hiftoire  à 
caufe  du  mauvais  ufage  qu'il  faifoit  de  lés  richefiés.  11  ne  marchoit  ja- 
mais par  la  "Ville,  qu'il  ne  fût  fuividun  efclave,  qui  porcoit  une  bourfe 
pleine  d'argent.  D'abord  qu'il  rencontroit  quelqu'un  qui  n'étoit  pas  de 
qualité  ,  pour  lui  faire  craindre  fa  vengeance ,  il  ne  manquoit  pas  de 
lui  donner  un  foufflet ,  &  prenant  aufli-tôt  vingt-cinq  fols  dans  fa  bour- 
fe, qui  étoit  la  fomme  ordonnée  par  les  Loix  des  douze  Tables,  pour  la  ré- 
paration de  cet  afiront ,  il  fatisfaifoit  ainfi  celui  qu'il  avoit  mal- traité. 
*  Aul.  Gellius ,  1. 10.  cap.  i.  [Les  bonnes  éditions  d'Aulu-GelIe  nomment 
cet  homme  Veracius ,  &  non  Neratius.] 

NERATIUS  PRISCUS ,  ancien  Jurifconfulte  ,  vivoit  l'an  110.  du 
temsdeTrajan  ,  qui  avoit  beaucoup  d'amitié  pour  lui,  &  voulut  même 
k  nommer  fon  fuccefleur  à  l'Fmpire.  Il  fit  divers  Ouvrages ,  comme 
Mtmbrananim  Li  VlLS^u/ifl.  III.Reffonf.V.  EpiJi.IV.  E.PUtitioX.  Re- 
gular.XV.  De  Ktiptiis  I.  crc.  qui  font  citez  dans  les  Livres  des  Pandefles, 
&c.  Aulu-Gellefaitmentiondecet  Auteur,  en  parlant  du  Livre  des  No- 
ces qu'il  avoit  publié.  *Rutilius,  in  Vit.Jurifi.  Aulu-Gelle,  /i.  4.  c.  4. 
îiofi.Attic.  Gefner,  in'Bibl.zp'c.  ' 

NERE'E,  étoit  fils  de  rOcean  &  de  Thetys.  IlépoufafafœutDoris, 
8:  en  eut  cinquante  filles  qu'on  nomme  ordinairement  les  Nymphes 
NïRiiDEs,  dont  les  Poètes  parlent  fouvent.  Nerée  étoit  une  Divinité  ma- 
rine. *  Homère,  li.6.  lliad.  Orphée,  in  Hymh.  Nereid. 

NERG  AL ,  Idole  des  Samaritains  repréfentée  fous  la  figure  d'un  Coq, 
qui  étoit  le  Symbole  du  Soleil.  Cette  idolâtrie  avoit  été  introduite  dans  la 
Samarie  par  lesCuthéens ,  Peuples  originaires  dePerfe,  oùl'on  adoroit 
le  Soleil  &  le  Feu.  Nergal  en  Langue  Samaritaine  fignifie  Coq.  *Kir- 
cher,  Oedipus .^g«jptiacus ,  tom.l. 

NKRI.  Cherchez  Nery. 

NERICIE,  Province  du  Royaume  de  Suéde,  dans  la  Suevonie ,  ou 
Suéde  propre.  Elle  eft  entre  la  Weftmanie,  la  Sudermanie Scia Gotie. 
Orebo  en  eft  la  "Ville  capitale,  les  autres  font  Linnesberg,  Carelskog, 
&c.  peu  confiderables. 

NtRIGLISSAR,  que  le^Tanon  Aftronomique  nomme  Nericaflb- 
lafTar ,  Roi  de  Babylone  eft  le  même  que  Balthaflar  fils  d'Evilmerodach , 
&  petit-fils  de  Nabuchodonofor  le  Grand.  Cherchez  Balthaffar.  [  Petau 
croit  que  Neriglijfar  ou  Neriglojfor  avoit  époufé  la  fœur  d'Evilmerodach , 
de  laquelle  il  eut  Labojfardach ,  qui ,  félon  lui ,  eft  le  même  que  BaltuJJar. 
Nérigiiflar  tua  Evilraerodach ,  fit  reconnoître  fon  fils  en  fa  place  ,  &  con- 
duifit  l'Etat  en  qualité  de  Tuteur ,  pendant  quatre  ans ,  après  quoi  il 
mourut.  Rationar.  Tempor.  Lib.  1.  c.  ilY.] 

NERO,  lieu  fort  agréable,  proche  de  la  "Ville  d'Antioche  en  Syrie: 
les  AncienslenommoientDiî/^wi.  Le  nom  de  Nero  lui  aéré  donné,  à 
caufe  de  l'abondance  de  fes  eaux;  car  Nertn  Syriaque  fignifie  Fontaine  ou 
Fleuve:  &  Nero  dans  la  Langue  Gréque  moderne  ,  veut  dire  eau.  Les 
anciens  Grecs  même  appelloient  Néron,  un  lieu  arrofé  d'eau.  Le  bois 
qui  entouroit  ce  lieu ,  étoit  de  lauriers ,  de  cyprès ,  &  d'autres  grands  ar- 
bres. Il  y  avoit plufieurs  belles  fontaines,  &  des  jardins  femez  de  fleurs 
odoriférantes.  C'étoit  un  lieu  de  plaifirs ,  &  l'on  n'y  entroit  point ,  fans 
être  accompagné  d'une  MaîtreiTc.  Il  étoit  consacré  à  Apollon  ,  dont  le 
Temple  &  l'Idole  furent  renverfez  par  la  foudre ,  du  tems  de  l'Empereur 
Julien  r^poftat,  en  361.  *Procope,  Perfic.l.z.  Sozomene,  i.j.f.  18. 
Baronius,  A.C.-^6i., 

NERON  (Domidus)  Empereur  ,  étoit  fils  de  Cajus  Domirius 
Enobarbus,  &  d'Agi-ippine  fille  de  Germanicus,  laquelle  ayant  époufé 
PEmpereur  Claude  fon  oncle ,  fit  fi  bien  que  ce  Prince  adopta  Neton 
dans  fa  Famille;  ce  qui  lui  ouvrit  le  chemin  à  la  Souveraineté ,  au  pré- 
'  judice  de  Britannicus  fils  de  Claude.  Il  lui  fucceda  à  fa  dix- huitième 
année,  le  i3.0â:obre  de  l'an  54.  de  l'Ere  Chrétienne.  Au  commence- 
ment de  fon  règne  ,  il  protefta  qu'il  vouloit  imiter  Augufte  en  fon 
Gouvernement  ;  &  ne  paifa  aucune  occafion  de  témoigner  fa  libéralité, 
&  fa  clémence.  Il  foulagea  le  peuple  par  la  fuppreflion  ,  ou  par  la  dimi- 
nution des  impôts,  &  fit  de  grandes  liberalitez.  Un  jour  comme  on 
lui  préfenta  à  figner  la  fcntence  d'un  homme  condamné  à  mort  :  Je 
youdrois,  à\y\\,  ne  /avoir  pas  écrire.  Le  Sénat  lui  rendant  grâce  de  fa 
jufte  adminiftration-,  il  répondit  avec  une  grande  modeftie  :  Ce  fira 
quand  je  l'aurai  mérité.  Enfin  ,  durant  les  cinq  premières  années  de 
Tomi  IV. 


fon  Empire  ,  il  prononça  de  belles  Sentences  ,  qui  mentent  bien  le 
grand  jour  où  les  a  mifes fon  Précepteur  Seneque  ,  dans  les  Livres  delà 
Clémence.  Mais  depuis  il  paffii  le  refte  de  fa  vie  dans  des  defordres  &  dans 
des  crimes  honteux.  Il  montoit  lur  le  théâtre  avec  les  Comédiens,  où 
pour  chanter ,  ou  pour  réciter  des  vers ,  &  quelquefois  eh  habit  de  fille. 
Il  fe  faifoit  porter  au  milieu  d'une  tioupe  déjeunes  débauchez,  dont  il 
époufoit  celui  qu'il  jugcoit  le  plus  digne  de  fes  abominables  faveurs; 
comme  ce  Sporus  qu'il  tint  en  fa  maifon  ,  en  qualité  de  femme.  Surquoi 
quelqu'un  dit  afl'ez  plai&mment:  §}jie  le  monde  eut  été  bien  heureux  ,  Jr 
fon  pcre  Domitius  eut  eu  une  telle  femme.  Il  fe  proftitua  tellement  à  toute 
forte  d'aétions  indignes  d'un  homme  raifonnable,  qu'il  n'y  avoit  parrie 
de  fon  corps  qui  n'en  fût  fouillée.  Il  inventa  même  une  forte  de  volupté 
tout-  à-  fait  monftrueufe  :  car  s'étant  couvert  de  la  peau  d'une  bête ,  il 
fortoit  de  fa  cage  &  fe  jettoit  fur  des  hommes  8c  des  femmes ,  qu'il  fai- 
foit attacher  toutnuds  à  un  poteau,  puis  ayant  affouvi  fa  brutaUié  abo- 
minable, il  fe  proftituoit  à  Doryphore  fon  affranchi.  Sa  cruauté  n'étoit 
pas  moins  grande  que  fes  infamies  étoient  déteftables;  Il  fit  mourir  fa 
mcre  l'sn  cinquante-neuf,  fa  femme  Odavia  en  foixante-deux ,  puis  il 
tua  Poppée  en  foixante-quatre.  II  perfccuta  fes  amis ,  8c  fouhaitoit  bruta- 
lement que  tout  le  Genre  humain  n'eût  qu'une  tête  ,  pour  avoir  leplai- 
fir  de  la  couper.  Pour  avoir  la  gloire  de  rebâtir  Rome,  8c  de  lui  faire 
porter  fon  nom  ,  il  y  mit  le  feu  l'an  foixante-quatre ,  &  comme  s'il  eût 
voulu  ajouter  l'infulte  à  une  fi  épouvantable  cruauté ,  il  monta  fur  une 
tour,  &  s'habillant  en  Comédien,  il  chanta  un  Poëme  fur  l'embraze- 
ment  de  Troye.  L'Incendie  dura  fixjours ,  8c  de  quatorze  quartiers  de  la 
"Ville,  quatre  feulement  demeurèrent  entiers.  Pour  fe  décharger  de  la 
haine  quelui  atriroit  une  fi  épouvantable  aélion  ,  il  la  rejetta  fur  les  Chré- 
tiens, 8c  commença  la  première  perfécution  contr'eux.  Il  ne  fe  contenta 
pas  de  les  pourfuivre  dans  Rome ,  il  fit  publier  des  Edits  rigoureux  con- 
tre eux ,  de  forte  que  par  tout  ils  fe  virent  expofez  au  danger  de  perdre 
leur  liberté  ,  leurs  biens,  8c  leur  vie.  II  entreprit  deux  voyages  à  A- 
lexandrie ,  8c  en  Achaïe  ;  mais  il  ne  fit  que  le  dernier  Van  foixante-fix ,  8c 
ce  fut  alors  qu'il  entreprit  de  percer  le  détroit  entre  les  deux  Mers,  on 
l'Ifthme  de  Corinthe  ,  l'an  foixante- fept.  Ses  dépenfcs  n'étoient  pas 
mieux  réglées  que  fa  vie  :  Il  jouoic  ordinairement  dix-miile  écus  à  un 
coup  de  dé:  il  pêchoit  avecun  filé  doré,  dont  les  cordes  étoient  teintes 
en  écarlate ,  8c  croyoit  que  le  plaifir  des  richeflTes  confiftoit  dans  la  pro- 
fufion.  Dans  cet  état  tout  le  mondele  déteftoit ,  comme  un  rtionftre  auiîi 
exécrable  en  fes  abominations  qu'en  fa  cruauté,  qui  le  faifoit  paroîtrené 
pour  la  ruine  de  l'Empire,  8c  du  Genre  humain.  Dans  les  Gaules  l'ar- 
mée Romaine  quitta  fon  fervice, 8c dans l'Éfpagne Galba  fe  révolta  con- 
tre lui.  Ces  dernières  nouvelles  le  mirent  au  defefpoir  :  il  voulut  s'empoi- 
fonner ,  puis  aller  trouver  Galba ,  enfuite  demander  pardon  au  Peuple,  ou 
prendre  la  fuite  ;  mais  il  ne  trouva  en  cette  occafion ,  comme  il  a  dit  lui- 
même,  ni  ami  ni  ennemi.  Car  tout  le  monde  l'abandonna,  de  forte  qu'il 
fut  obligé  de  fe  déguifer  8c  de  prendre  la  fuite  lui  cinquième.  Cependant 
comme  on  le  pouri'uivoit  de  tous  cotez  pour  le  facrifîer  à  la  Vengeance 
publique ,  8c  comme  il  fe  vit  fur  le  point  d'être  pris  ,  il  fe  donna  lui- 
même  la  mort ,  ne  pouvant  fans  doute  avoir  de  plus  infarrié  bourreau 
que  lui-même.  Il  étoit  aloi'senla3i.année  de  fon  âge,  ayaht  gouverné 
l'Empire  treize  ans,  fept  m  ois  8c  18.  jours,  depuis  le  treizième  Odobre 
de  l'an  cinquante-quatre,  jufqu'au  dixième  Juin  foi.'tante-huit.  Plufieurs 
Auteurs  Orthodoxes  ont  eftimé  qu'il  étoit  l'Antechrift,  à  caufe  que  faint 
Paul  dit  de  lui  qu'il  exerçoit  le  myftere  d'iniquité.  Mais  en  cet  endroit 
il  ne  peut  parler  de  Néron ,  qui  n'étoit  pas  Empereur  quand  il  écrivit 
la  féconde  Epître  aux  Thefl'aloniciens ,  d'où  ces  paroles  font  tirées.  Saint 
Auguftin  rapporte  deux  autres  opinions  de  quelques  Auteurs  encore 
plus  extravagantes.  L'une  ibûtenoit  qu'il  dcvoit  refl"ulciter  pour  être 
1  homme  de  péché:  L'autre  qu'il  n'étoit  pas  mort,  8c  qu'il  viendroità 
la  fin  du  monde  pour  coriibattre  le  Fils  de  Dieu.  Sulpice  SeVere  femble 
croire  cette  rêverie.  Suétone  ?<.  Tacite  parlent  d'un  impofteut  qui  fe  di- 
foit  être  Néron ,  8c  qui  trouva  beaucoup  de  Partifans  qui  le  fuivirent  ; 
mais  qui  fut  enfin  reconnu  8c  puni  de  fa  fuppofiuon.  *  Suétone  >  invita 
Neronis,  Aurelius 'Viétor ,  deCéifar.  Tacite,  in  Annal. ll.\T,.-ii\.i^.v 
16.  CT-  li.  1.  Hijl.  Sulpice  Severe ,  //.  1.  Hijl.  Saint  Auguftin,  li.  10.  de  Civit. 
Dei,  c.iç.  Eufebe,  8cc. 

On  fera  bien  aife  de  voir  ici  fon  Portrait ,  tiré  de  fes  Médailles  èc  des 
Hiftoriens.  Ses  inclinarions  étoient  natm-ellement  peintes  fur  fon  vifa- 
ge:  car  il  avoit  les  yeux  petits  8c  couverts  de  graiffe,  legofierScle  men- 
ton joints  enfemble,  le  cou  gras,  le  ventre  gros ,  lesjambes  minces.  Le 
tout  enfemble  le  rendoit  aflez  femblable  à  un  pourceau ,  qu'il  n'imitoit 
pas  mal  par  fes  infâmes  plaifirs.  Il  avoit  auflS  le  menton  un  peu  relevé , 
qui  étoit  un  indice  de  fa  cruauté.  Ses  cheveux  blonds,  fes  jambes  me- 
nues, fon  vifage  plutôt  beau,  que  majeftueux,  le  faifoient  reconnoître 
pour  un  efféminé.  Seneque  dans  fa  Satire  contre  Claudius ,  fait  parier 
Apollon  trouvant  Néron  femblable  à  lui  en  beauté  : 

}lle  mihi  JJmilis  viilttt ,  Jîn>ilijque  décore ,  erc. 
mais  c'eft  une  flatterie  indigne  de  ce  Pnilofophe  :  car  cet  Empereur  ne 
pouvoit  pafler  pour  fort  beau ,  puifqu'il  avoit  les  yeux  trop  petits ,  le  cou 
trop  gras.  Se  lesjambes  trop  minces,  8c  mal  proportionnées  à  lagrofTeur 
de  fa  taille.  *Spon,  Recherches  curieujès  d'Antiquité. 

NERON  :  fameux  Impofteur  qui  parut  l'an  71.  de  Je  sus- 
Christ  ,  deux  ans  après  la  mort  de  Néron,  Empereur  de  Rome, 
n'étoit  qu'un  Efclave  du  Royaume  de  Pont,  ou  félon  d'autres  un  Af- 
franchi d'Italie.  Ce  qui  contribuoit  à  appuyer  fa  fourbe  ,  eft  qu'ou- 
tre la  redemblance  de  vifage  qu'il  avoit  avec  ce  Prince  ,  il  favoit 
parfaitement  bien  comme  lui  jouer  des  inftrumens  ,  8c  chantoit  de 
même.  De  forte  qu'ayant  attiré  dans  fon  parti  quelques  vagabonds, 
aufquels  il  fit  de  grandes  promeffes ,  il  en  compofa  une  armée  ,  8c  fc 
mit  fur  mer  où  il  commença  à  faire  le  mêder  de  Pirate  ,  attaqua  Si- 
fenna  qui  commandoit  dans  l'Ifle  de  Delos  ,  8c  le  contraignit  de  fc 
retirer.  Ce  fuccès  auroit  beaucoup  fortifié  fon  Parti  ,  fi  l'Empereur 
Galba  n'y  eut  mis  promptement  ordre,  en  lefaifant  pourfuivre  par  Cal-* 
purnius  Afprenas  ,  qui  commandoit  dans  la  Galatie  8c  la  Pamphylie 
Provinces  de  l'Afie  Mineure  ,  lequel  fit  avancer  deux  Galères,  à  là 
rade  de  cette  Ifle,  8c l'attira  à  un  combat,  dans  lequel  cet  Impofteur 
fut  tué.  Son  corps  fut  porté  à  Rome  ,  où  l'on  admira  la  relTem- 
C  blaQcç 


îS.  NEk.  NES. 

bhnce  qu'il  avoit  avec  l'Empereur,  duquelil  avoit  voulu  faire  le  perfon-  , 
mge.  ^Tiche,  Hijl  li.r.  7.omns,  j^nnd.GrM.tom.z. 

N&RVA  (Cocceius)  fut  élu  Empereur  après  la  mort  de  Domitien, 
qui  l'avoit  autrefois  envoyé  en  exil  Cela  arriva  l'an  96.  de  l'Ere  Chré- 
tienne. Il  travailla  d'abord  à  faire  revenir  ceux  qu'on  avoit  exilez  pour 
la  Religion  .étendant  tnême  fa  faveur  fur  les  Juifs:  &n'oubIia  rien  pour 
remettre  l'Empire  dans  fon  ancien  hiflre.  Mais  comme  fon  grand  âge 
fembloit  s'oppofer  à  ce  deiTein ,  il  adopta  Trajan  eftimé  pour  fa  vertu  ôc 
pour  fon  courage.  Nerva  mourut  Iei7.janvierderan98.  danslafoixan- 
te-lixiéme  année  de  fon  âge  ,  ou  la  foixante-  douzième  ,  félon  Eutro- 
pe.  Il  régna  un  an ,  quatre  mois  &  onze  jours.  Il  s'étoit  élevé  aux  premiè- 
res dignitez  de  l'Armée  qu'il  commandoit  dans  les  Gaules ,  quand  il  fut 
nommé  Empereur.  *  Dion  ,  in  Ner-va ,  Aurelius  Vidor ,  de  Csfar.  -^  u- 
trope,  /i.  8.  Herodien,  &c. 

NER  VIENS ,  peuples  de  l'ancienne  Gaule,  Nervii ,  dont  Céfar  loue 
le  courage  &  la  conduite,  llsétoient  du  Diocefe  de  Cambrai,  qui  tient 
la  place  de  l'ancienne  Bavai,  qui  eft  le  Baganum  de  rtolpmée  ou  Bagacum, 
comme  écrivent  les  Itinéraires  Romains.  *  Céfar ,  li.  z.  Comment.  Briet , 
Geogr.  Sanfon ,  Remai-t^ues  fur  l'ancienne  Gaule.  Claudien ,  de  Bello 
Gildon. 

NERI  (S.  Philippe  de)  Fondateur  de  la  Congrégation  des  Prêtres  dé 
l'Oratoire  d'Italie,  étoit  de  Florence,  fils  de  François  Neri  &  de  Lu- 
crèce de  Soldi.  Ceux-ci  l'envoûtèrent  chez  un  de  fes  oncles,  Marchand  à 
S.Germain,  Ville  du  Royaume  de  Naples,  pour  s'inttruire  aux  affaires 
du  Négoce;  mais  Dieu,  qui  le  deftinoit  pour  le  trafic  des  âmes,  lui  donna 
d'autres  penfées.  Il  vint  à  Rome,  y  étudia;  &  à  l'âge  de  38.  ans,  il  fe 
fit  Prêtre  par  ordre  de  fon  Confeflfeur.  Son  attachement  à  l'Oraifon  étoit 
incomparable ,  il  paflbit  les  quarante  heures  de  fuite ,  dans  de  faintes 
communications  avec  Dieu:  &  il  n'en  fortoit  que  pour  travailler  pour  le 
bien  des  peuples.  Le  foin  qu'il  eut  de  vivre  en  Communauté  avec  de  fa- 
ges  &  vertueux  Ecclefiaftiques  ,  donna  commencement  à  la  Congré- 
gation de  l'Oratoire ,  dont  l'établiflement  a  été  fi  utile  à  l'Eglife ,  comme 
je  le  dis  ailleurs.  S.  Philippe  mourut  âgé  de  80.  ans,  le  jour  de  la  Fê- 
te-Dieu ,  en'  1595.  &  il  fut  canonizé  par  le  Pape  Grégoire  XV. 
en  1612.  *  Sponde,  &  Raynaldi,  in  Annal.  Antoine  Galon,  m  fa 
Vie. 

NESLE,  petite  Ville  de  France  dans  le  San- terre  en  Picardie,  avec 
titre  de  Marquifat.  Elle  elt  fur  le  RuiiTeau  dit  l'Ignon  qui  fe  jette  dans 
la  Somme  à  deux  lieues  de  Ham  &  prefque- entre  Peronne  &Noyon. 
Les  Auteurs  Latins  la  nomment  Nigella.  Charles  le  Téméraire ,  Duc  de 
Bourgogne  ,'prit  Nèfle  d'affaut  l'an  1472.  Elle  éprouva  toutes  fortes 
de  cruautez ,  parce  que  fes  habitans  avoicnt  tué  un  Héraut  d'armes ,  qui 
étoit  allé  les  fommer,  &  qu'ils  avoient  traité  de  même  deux  hommes, 
durant  une  trêve  qu'on  leur  avoit  accordée.  Le  refped  des  Autels  ne  fau- 
va  point  le  peuple  innocent,  qui  s'étoit  réfugié  dans  l'Eglife;  &  ceux  qui 
échappèrent  à  la  fureur  du  foldat  furent  tous  pendus,  ou  eurent  le  poing 
coupé. 

NESLE,  Maifon.  Cette  Ville  a  donné  fon  nom  à  la  Maifon  de 
Nesle  qui  a  eu  de  grands  Hommes  &  de  belles  alliances.  La  branche 
de  l'aîné  finit  en  Jean  II.  Sire  de  Nèfle.  Gcrtrude  fa  fœur  fut  fon  héri- 
tière. Elle  époufa  Raoul  de  Clermont  1.  du  nom  Sieur  d'Ailli ,  d'où 
vint  Simon  père  de  Raoul  II.  Sieur  de  Nèfle,  Connétable  de  France  qui 
fut  tué  à  la  bataille  de  Courtrai,  le  11.  Juillet  1302.  La  Branche  des 
puînez  eut  Jean  de  Nesle  I.  du  nom  ,  Sieur  d'OfFemont ,  grand 
Queux  de  France  en  1346.  11  mourut  le  virgt-cinquiéme  Mai  1351. 
laiflTant  de  Marguerite  de  Mello  fa  femme  Gui  de  Nesie  II.  du 
nom.  Sieur  d'Oifemont  &  de  Mello.  Celui-ci  fut  Maréchal  de  Fran- 
ce en  I34Î.  Il  fut  établi  Capitaine  Général  es  parties  de  Flandre  & 
d'Artois ,  l'an  1350.  L'année  d'après  les  Anglois  le  firent  prifonnier 
dans  un  combat  donné  le  premier  lour  d'Avril  en  Xaintonge,  &  il  fut 
tué  au  combat  de  Moron  en  Bretagne,lequatorziéme  Août  1352.  Ce 
Maréchal  époufa  en  premières  noces  Jeanne,  fille  de  Thomas ,  bieur  de 
Bruyères,  &  en  fécondes  Ifabeau  deThouars.  11  eut  entre  autres  enfàns 
de  la  première ,  Jean  de  Nîsle  II.  du  nom  ,  Sieur  d'OfFemont,  d'oij 
vint  Gui  IIL  qui  fuit:  Louis,  Doyen  de  Beauvais  en  1421.  &  deux  fil- 
les. Gui  de  Nesle  III.  du  nom  ,  Sieur  d'OfFemont  &  de  Mello , 
Grand-Maitre  d'Hôtel  de  la  Reine  Ifabeau  de  Bavière  ,  en  141 3-  époufa, 
par  Contrat  de  l'an  1383.  Marguerite  de  Couci,  Dame  de  Rommeni, 
&  il  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincourt,  l'an  1415.  Ses  enfans  fiirent  Jean 
DE  Nesle  III.  du  nom  ,  Sieur  d'OfFemont.  Gui  IV.  qui  fuit:  Un  fils 
tué  à  la  même  bataille  d'Azincourt,  &  deux  filles.  Gui  de  Nesle  IV.  du 
nom  Sieur  d'OfFemont,  &c.  époufa  enr427.  Jeanne  fille  de  Thomas  IV. 
MarquisdeSaluires,&  mourut  en  1473,  ayant  eu  Jean  iV.  qui  fuit,  & 
trois  filles.  Jean  de  Nesle  IV.  du  nom  ,  époufa  en  145 1.  Jaqueline  de 
Crou'i,  fille  de  Jean,  Sieur  de  Chimai&:  dé  Marie  deLalain.  On  met  fa 
mort  en  1469.  Il  laifTa  une  fille  unique  Louïfe  de  Nèfle ,  Dame  d'OfFe- 
mont &  de  Mello ,  mariée  en  premières  noces  à  Jean ,  Sire  d'Humieres, 
&  en  fécondes  à  Jean  de  Bruges ,  Sieur  Dandanghien ,  Senêchal  d'Anjou. 
*  La  Morliere ,  des  Famill.  de  Picard.  Le  Fcron ,  Godefroi ,  le  P.  Anfel- 
me,&c.  Cherchez  Clermont. 

NESSE,  Centaure.  Voyez  Dejanire. 

NESTOR  de  Laranda  en  Lycaonie ,  Poète  Grec  qui  fit  unPoëme 
Epique ,  intitulé  l'Iliade ,  dont  le  I.  Livre  n'avoit  point  d' A ,  le  II .  n'avoit 
point  de  B.&ainfî  des  autres.  Hefychius,  Suidas  &  divers  autres  parlent 
de  lui ,  mais  on  ne  fait  pas  bien  en  quel  tems  il  a  vécu. 

NESTOR  de  Pyle  en  Arcadie ,  dont  les  Poètes  parlent  afTez  fou- 
vent,  vainquit  lesEIicns.  On  dit  auûTi  qu'il  combattit  les  Centaures  qui 
vouloient  enlever  Hippodamie  ,  &  il  fe  trouva  l'an  2870.^^0  la  Création 
du  Monde  ,  au  fiege  de  Troye  ,  avec  Agamemnon  qui  eftimoit 
beaucoup  fa  prudence.  On  dit  que  ce  Neftor  vécut  trois  cens  ans.  Ju- 
venal,  Sat.  10.  Ovide,  ii.  12.  Metamorph.  TibuUe,  ii, 4.  Properce,//. 
2.  c?c. 

NESl'OR  de  Tarfe ,  Auteur  Grec  qui  vivoit  en  la  CLXXXVII. 
Olympiade  726.  de  Rome.  Il  fut  Précepteur  de  Marcel  fils  d'Odavie, 
fœur  de  l'Empereur  Augufte.  Net! or  écrivit  des  Commentaires  du  Théâ- 
tre, &c.  *btrabon,  /i.  14.  Athénée,  //.  10. 

NESTORIENS  ,  c'eft  le  nom  qu'on  a  donné  aux  Difciples  de 


KES. 

Ncftorius.  La  mort  de  cet  Hérefiarque ,  les  anîthêmes.  des  Conciles , 
l'union  des  Prélats ,  &  les  Edits  des  Empereurs ,  ne  purent  fi  bien  étouffer 
le  Neftorianifme  ,  qu'il  ne  fe  répandit  dans  tout  l'Orient ,  qu'il  n'ait 
même  pénétré  dans  les  Indes ,  &  qu'il  ne  fe  foit  confervé  jufqu'à  nôtre 
Siècle.  Ils  ont  eu  leur  Patriarche  à  Moful  qui  eft  l'ancienne  Seleucie , 
dite  Babylone,  à  Caramit  &  ailleurs.  Il  faut  pourtant  avouer  que  tous 
leurs  fentimens  ne  font  pas  fi  hérétiques ,  que  ceux  de  Neftorius ,  comme 
on  le  peutvoirpar  leurs  Confeffions  de  Foi.  Ils  fe  font  fouvent  foûmis 
à  l'Eglife  Latine  :  comme  du  temps  d'Eugène  III.  &  en  1274.  que 
l'Archevêque  de  Nifibe  Neftorien ,  envoya  fa  confeflTion  du  Foi  au  Pape. 
Peu  de  tems  après  le  Concile  de  Florence ,  lors  que  le  Pape  Eugène  IV. 
tenoit  encore  quelques  ScflSons  à  Rome ,  les  Neftoriens  de  Cypre ,  avec 
leur  Métropolitain  Timothée ,  s'y  transportèrent  pour  fe  reconcilier  à 
l'Eglife  Romaine.  Sous  le  Pontificat  de  Jule  II.  quelques  Neftoriens 
firent  la  même  chofc ,  &  le  Pape  leur  donna  pour  Patriarche  un  Reli- 
gieux de  S.  Pacôme  nommé  Simon  Sulacha,  qui  établit  fon  Siégea  Ca- 
ramit en  Mefopotamie.  On  fait  qu'Abd  Jefu  rendit  la  même  obe'if^ 
fance  à  Pie  IV.  &  qu'il  fe  trouva  au  Concile  de  Trente  ;  &  qu'Elie 
Patriarche  des  Chaldéens ,  envoya  à  Paul  V.  Adam  Archidiacre  de  la 
Chambre  Patriarchale ,  &  Supérieur  des  Religieux  de  Chaldée.  Ce  qui 
donna  fujet  à  Pierre  Strozza  Secrétaire  du  Pape ,  de  faire  fon  Traité  dt 
dogmatibus  Chaid&orum.  Confultez  cet  Auteur ,  Bzovius ,  Sponde  & 
Raynaldi,  ^.  C.  1247. 1445. ct-c. 

NESTORIENS,  appeliez  auflr  Chaldéens,  font  des  Chrétiens  ,dè 
l'Orient  ,  qui  fuivent  encore  aujourd'hui  les  erreurs  de  Neftorius  ,■ 
Evéque  de  Conftantinople  ^  lequel  fut  condamné  au  Concile  d'Ephe- 
fe.  De  toutes  les  hérefîes,  c'eft  celle  qui  a  eu  le  plus  d'étendue  :  car 
non  feulement  la  plupart  des  Chrétiens  qui  habitoient  la  Mefopotamie  , 
&  un  très-grand  nombre  de  ceux  qui  demeuroient  au  deçà  de  l'Euphrate , 
en^furent  infeâez  :  mais  ce  venin  fe  répandit  encoreau  delà  du  Tigre,  8î 
mêmejufquesdansles Indes,  &auxextrémitezderAfie.  EnefFet,Marc 
Paul  Vénitien ,  qui  vivoit  dans  le  XIII.  Siècle  ,  &  qui  a  demeuré  long- 
tems  parmi  les  Tartares  &  les  Chinois ,  nous  aflïire  qu'il  y  avoit  trouvé 
beaucoup  de  Chrétiens  qui  fuivôient  la  dodrinc  de  Neftorius  ,  &  qui 
avoient  leurs  Eglifc  dans  les  Provinces  de  Tangu  ,  d'Erginul ,  &  dé 
Mongul,  qui  font  delà  Tartarie;  &  dans Cinghianfu,&Quinfai, gran- 
des villes  de  la  Chine.  Cela  eft  très-conforme  aux  Relations  des  Portu- 
gais, qui  découvrirent  le  chemin  des  Indes  Orientales  par  le  Cap  de  Bon- 
ne Efperance  ,  en  1497.  Car  leurs  Hiftoriens  rapportent  que  tous  les 
Chrétiens  qu'ils  virentfhrlacôteOccidentale  &  Orientale  des  Indes,  à 
Goa,  à  Cochin,à  Angamala,  àMeliapor,à  Bengala,  &  dans  la  Terre 
ferme  de  l'Inde  vers  le  Gange  ,  particulièrement  dans  l'Empire  dii 
GrandMogol,  étoient  tous  Neftoriens,  &  qu'ils  obeïftbient  au  Patriar- 
che de  Babylone  en  Chaldée,  dont  le  Siège  étoit  à  Moful,  ville  bâtie  fur 
les  ruines  de  Ninive;  lequel  prenoit  le  titre  de  Catholique  ou  Univerfel, 
comme  font  tous  les  Patriarches  des  autres  Seftes.  C'eft  pourquoi  ces 
Chrétiens  font  appeliez  indifféremment  Neftoriens  8c  Chaldéens.  Jo- 
feph,  Chrétien  des  Indes,  qui  vint  rendre  compte  du  Chriftianifme  de 
l'Orient  au  Pape  Alexandre  VI.  vers  l'an  1500.  dit  la  même  choie,  &af- 
fûre  que  ce  Patriarche  créoit,  outre  les  autres  Evêques,  deux  Primats, 
l'iui  pour  l'Orient  dans  le  Catai ,  &  l'autre  pour  les  Indes.  Car  c'eft 
principalement  dans  les,  Indes  que  les  Neftoriens  étabhrent  leur  do- 
mination, fous  un  Prêtre  Neftorien,  nommé  Jean  ,  qui  fe  fit  Roi 
dans  rindoftanï,  vers  l'an  1145.  &  qui  ,  par  les  grandes  vidoires  qu'il 
remporta  fur  les  Perfes ,  les  Medes  &  les  Aflyriens  ,  fe  rendit  très-cé- 
lebre  dans  le  monde,  fous  le  fameux  nom  de  Prête-Jean , qu'on  don- 
na long-temps  à  fes  fuccelTeurs.  *  Maimbourg  ,  Hifioire  du  Schifme 
des  Grecs. 

La  plupart  des  Neftoriens  du  Diarbeck  fe  font  faits  Catholiques 
avec  leur  Evêque,  &  s'appellent  à  préfent  Chaldéens,  auffi  bien  que 
tous  les  autres  qui  renoncent  à  leur  hérelie.  Cet  Evêque  a  été  déclaré 
Patriarche  depuis  huit  ou  dix  ans  ,  par  un  commandement  du  Grand 
Seigneur,  à  la  follicitation  des  Capucins  :^fî  bien  que  les  Catholiques  de 
ce  p?,is-là  n'en  reconnoifTent  point  d'autiv.  L'an  1681.  ce  Patriarche  re- 
çut avec  tous  les  honneurs  pofFibles  l'Evêgue  de  Cefarée ,  nommé  aupa- 
ravant l'Abbé  Piquet ,  lorfqu'il  pafla  au  Diarbck  ,  pour  aller  en  Perfc. 
Ce  que  firent  auiîi  les  Grecs  &:  les  Arméniens,  par  une  louable  ému- 
lation. Les  autres  Neftoriens  ont  deux  Patriarches ,  qui  confervent  de 
bons  fentimens  pour  la  Religion  Catholique  ;  mais  ils  n'ofent  en  faire 
profeffion  publique  ,  dans  1  apprehenfion  qu'ils  ont  des  Hérétiques  & 
des  Turcs.  Il  n'y  a  pas  cent  ans  qu'une  partie  des  Neftoriens  s'étoit  réii- 
nie  à  l'Eglife  Romaine ,  &  qu'un  Patriarche  s'étoit  fait  confaaer  à  Ro- 
me ;  mais  ayant  été  foupçonnez  d'avoir  une  intelligence  fecrete  avec 
les  Francs  ,  ils  ne  purent  continuer  leur  bon  deffein.  Le  Patriarchat 
eft  comme  héred'uiire  parmi  eux,  &  fe  donne  toujours  au  neveu,  ou 
au  plus  proche  parent  du  Patriarche ,  quand  même  il  n'auroit  que  huit 
ou  neuf  ans;  de  forte  qu'ils  le  confacrent  alors  Supérieur  de  la  Narion, 
avant  qu'il  fâche  lire ,  comme  il  eft  arrivé  depuis  peu  en  la  perfonne 
du  Patriarche  Mar  Elias,  qui  fait  fa  rélidence  proche  de  Ninive.  Celui 
qu'on  deftine  à  la  Dignité  Patriarchale  ne  dit  point  avoir  été  marié.  On 
l'élevé  pour  l'ordinaire  dès  fon  bas -âge  chez  le  Patriarche  fon  oncle, 
qui  l'accoutume  à  s^abftenir  de  viandes,  fuivant  la  coutume  de  la  plupart 
_des  Religieux  d'Orient,  qui  font  confifter  toute  leur  fainteté  dans  ces 
obfervances ,  qu'ils  fe  fout  eux-mêmes  prefcrites.  Leurs  Prêtres  peu- 
ventife  remarier  deux  ou  trois  fois ,  comme  les  Séculiers,  contre  la  pra- 
tique des  autres  Sedes  Chrétiennes  de  l'Orient ,  qui  obligent  leurs  Prê- 
tres devivre  dans  le  célibat,  après  k  décès  de  la  Prêtreffe  leur  époufe.  Ils 
ofiîcient  en  Langue  Chaldaique ,  &difcnt  que  c'eft  h  plus  ancienne  des 
Langues.  Les  Neftoriens  parient  Grec,  Arabe ,  ou  Gourde , félon  les  lieux 
qu'ils -habitent.  Le  Prince  des  Gourdes  fe  fert  d'eux  pour  fa  garde, 
&  ne  fe  maintient  que  par  leur  moyen  contre  la  puiffance  des  Turcs. 
Quelques-  uns  demeurent  dans  les  Villes ,  où  ils  exercent  toutes  fortes 
d'arts  &  de  méders  :  mais  la  plupart  vivent  à  la  campagne ,  où  ils  culrivenc 
les  terres.  On  appelle  ceu3t-ci  Techolas.  Michel  le  Fevre ,  Jhéatre  de  la 
Turcjttie. 

Il  y  a  des  Sa  vans  qui  prétendent  qu'il  n'y  a  plus  véritablement 
d'hérefie  Nellorienne  :  ce  qu'ils  prouvent  par  les  Ades  que  les  Nef- 
toriens 


NES. 

toriens  mêmes  ont  produit  à  Rome  fous  le  Pape  Paul  V.  &  qui  ont  été 
imprimez  dans  le  Recueil  de  Stroza ,  à  Rome  en  i6 1 7.  E'ie,qui  étoit  alors 
Patriarche  des  Ncftoriens ,  joignit  à  la  Lettre  qu'il  écrivit  au  Pape ,  la 
Confcflion  de  Foi  de  fon  Eglife ,  où  il  témoigne  avoir  des  fcntimens  or- 
thodoxes touchant  l'Incarnation ,  bien  que  fes  expreflions  ne  foient  pas 
toujours  les  mêmes  que  celles  des  Latins.   Voici  quelle  eft, félon  ces  Sa- 
vans,  la  croyance  des  Neftoriens  à  l'égard  de  ceMyftere.  Ils  alTurent 
que  jEius-CijRisT  a  pris  un  corps  de  h  Sainte  Vierge;  qu'il  eft  parfait 
tant  en  l'ame  qu'en  l'entendement,  &  en  tout  ce  qui  appartient  à  l'hom- 
me ;  que  le  Verbe  étant  defcendu  en  une  Vierge ,  s'eft  uni  avec  l'hom- 
me, &  qu'il  eft  devenu  une  même  chofe  avec  lui;  que  cette  unité  eft 
fans  mélange  ni  confufîon,  èc  que  c!eft  pour  cela  que  les  proprieiezde 
chaque  nature  ne  peuvent  être  détruites  après  l'union.  Pour  ce  qui  eft 
du  reproche  qu'on  leur  fait ,  qu'ils  n'appellent  point  fi  Vierge  Mère  de 
Dieu  ,  mais  Mère  de  Jesus-ChuIst  :  Le  Patriarche  Elie  répond,  qu'ils 
parlent  de  cette  manière  pour  condamner  les  Apollinariftes ,  qui  pré- 
tendent que  la  Divinité  eft  fans  l'Humanité;  &  pour  confondre  Thé- 
miftius,  qui  afliiroit  que  Chritt  n'étoit  que  f  Humanité  fans  la  Divinité. 
Ce  Patriarche  n'ayant  pu  venir  à  Rome,  dépêcha  vers  le  Pape  les  plus  ha- 
biles de  fon  Eglife,  après  avoir  compofé  avec  eux  uneConfefîiondeleur 
Foi ,  où  il  montre  qu'elle  ne  diffère  que  de  nom  de  celle  de  l'EglifeRo- 
maine,  avec  laquelle  elle  convient  en  toutes  chofes,  à  la  réferve  des  céré- 
monies.   Il  réduit  les  points  de  créance  ,  dans  lefquels  on  dit  que  ces 
deux  Eglifes  ne  conviennent  point  à  cinq  chefs;  favoir,cn  ce  que  les 
Neftoriens  n'appellent  point  la  Vierge  Mère  de  Dieu,  mais  Mcre  de 
■Chrift;  en  ce  qu'ils  recônnoiiTent  en  Jesus-Christ  deux  perfon- 
nes  ;  en  ce  qu'ils  ne  mettent  en  lui  qu'une  puiiïànce  &  une  volonté  ;  en 
ce  qu'ils  diïefit  firaplemeut  que  le  S.  Efpnt  procède  du  Père  ;&  enfin  en 
ce  qu'ils  croyent  que  la  lumière  qu'on  fait  le  lour  du  Samedi  Saint  au  fé- 
pulchre  de  Nôtre-Seigneur,  eft  une  lumière  vérirableinegt  miraculeufe. 
L'Abbé  Adam,  qui  étoit  un  des  députez  du  Patriarche  ,&  qui  étoit  char- 
gé de  rexpofitioD  de  la  Foi  des  Neftoriens ,  juftifia  à  Rome  ce  que  fon 
Patriarche  avoit  avancé.  Je  ne  parlerai  point  des  deux  derniers  articles , 
qui  font  communs  à  tous  les  Orientaux.  A  l'égard  du  premier,  cet  Abbé 
feit  voir  qu'il  eft  facile  de  concilier  l'Eglife  Romaine, qui  appellera  Vierge 
Mère  de  D/e»,  av'éclaNeftorienne,  qui  l'appelle  jWcre ^^  C^r;j? ;  parce 
que  c'eft  un  principe  reçu  des  deux  Eglifes  que  la  Divinité  n'engendre 
■point,  ni  n'efl  point  engendrée;  qu'il  eft  vrai  que  la  Vierge  a  engendré 
Jisus-Christ,  qui  eft  Dieu  &  Homme  tout  enfemble;  que  néanmoins 
ce  ne  font  pas  deux  Fils ,  mais  un  feul  &  véritable  Fils.  Il  ajoute  que 
les  Neftoriens  ne  nient  pas  qu'on  ne  puifTe  appeller.  la  Vierge  Mère  de 
Dieu,  parce  que  JeSus- Christ  eft  véritablement  Dieu.    Pour  ce  qui 
eft  du  fécond  article,  il  eft  conftant  que  les  Latins  reconnoifTent  en 
Jesus-Christ  deux  natures  &  une  feule  perfonne  ;   au  lieu  que  les 
Neftoriens. difent  qu'il  y  a  en  lui  deux  perionnes,  &  une  parfipa,  ou 
ferfonrtevijibk;?:C  outre  cela,  qu'il  n'y  a  auffi  en  Jesus-Christ  qu'une 
pmflance  ou  vertu.    L'Abbé  Adam  concilie  ces  deux  fentimens  qui 
paroifTent  contraires ,  par  l'explication  qu'il  donne  de  ce  Myfiere.  Les 
Neftoriens, félon  lui,diftingucnt  en  leur  entendement  deux  perfonnes, 
conformément  aux  deux  natures  qui  font  en  Jesus-Christ;  mais  ils  ne 
voient  de  leurs  yeux  qu'un  feul  Jesus-Christ,  qui  n'a  que  la  parfipa  ou 
apparence  d'une  feule  filiatiori:&  c'eft  en  ce  fens  qu'ils  ne  reconnoifTent 
qu'une  puifTance  ou  vertu  en  lui,  parce  qu'ils  ne  le  regardent  que  comme 
une  farfopa  ou  perfome  vijthle.  Mais  dans  l'Eglife  Romaine  on  diftingue 
ces  puiflances  ou  vertus  en  Divine  &  Humaine ,  parce  qu'on  les  confidére 
par  rapport  aux  deux  natures:  Scainti  cette  diverlité  de  fentimens  n'eft 
qu'apparente  ;  puifqae  les  Neftoriens  avouent  avec  les  Latins  qu'il  y  a 
deux  natures  en  Jesus-Christ,  &que  chaque  nature  a  fa  puifTance  &  fa 
vertu.  Enfin  cet  Abbé  Neftoricn  concilie  le  fcntiraent  des  Neftoriens  fur 
letroifiéme  article  avec  celui  de  l'Eglife  Romaine,  par  le  même  princi- 
pe,  s'appuyant  fur  ce  qu'il  n'y  a  qu'une  filiation;  8c  comme  cette  filia- 
tion ne  fait  qu'un  Jesus-Christ,  les  Neftoriens  difent  par  rapport  à 
cela,  qu'il  n'y  a  en  lui  qu'une  volonté  &  qu'une  opération  ,  parce  qu'il 
eft  en  effet  un,,  &  non  pas  deux  Jesus-Christ:  cequi  ne  les  empêche 
pas  de  recohhdître  deux  volontez  &  deux  opérations  en  lui ,  par  rapport 
aux  deux  natures  ;  &  de  la  même  manière  que  les  Latins.  Voilà  de  quelle 
manière  les  plus  habiles  de  la  Sede  des  Neftoriens  juttifierent  la  créan- 
ce de  leur  Eglife  devant  le  Pape  Paul  V.  *Stroza  de  dogmatibus  Chaldio- 
rum.  Richard  Simon.  SU  P. 

NESTORIUS^Herefiarque,  Evêque  de  Conftantinople ,  étoit  de 
Germahicie  Ville  de  Syrie.  Il  s'étoit  formé  à  la  vertu  dans  un  Monalîe- 
re,  &  exêrçoit  les  fondions  du  Sacerdoce  dans  Antioche ,  avec  beau- 
coup de  réputation ,  de  doflrine ,  d'éloquence  &  de  pieté ,  quand  il 
fut  mis  en  418.  fur  le  Siège  de  Conftantinople ,  à  la  place  de  Synefius. 
Trois  mois  après  fon  ordination  ,  il  fut  amené  dans  fon  Eglife ,  où 
après  avoir  été  confacré  Evêque ,  fur  le  champ  ilfitundifcours  à  f  Em- 
pereur ,  auquel  il  adrefla  ces  paroles  qui  furent  eftimées  de  lout  le 
monde:  Donne-moi,  ô  Prince,  la  terre  purgée  d'hérétiques  ,a' je  te  don- 
nerai le  Ciel  :  Prête-moi  ton  Jecours  pour  les  exterminer ,  £?■  je  t  aiderai 
À  extermiyier  les  Per/es.  Il  agit  d'abord  contre  les  hérétiques ,  avec  un 
zélé  apparent  ;  mais  on  connut  bien-tôt  qu'il  avoit  des  fentimens  par- 
ticuliers. Il  avoit  amené  avec  lui  d'Antidche  ,  Ànaftafe  Prêtre  fon 
grand  confident,  qui  eut  l'impudence  de  prêcher  qu'on  ne  devoitpoint 
appeller  la  fainte  Vierge,  Mère  de  Dieu.  Neftorius,au  lieu  d'appaifer 
le  fcandale  que  cette  doétrine  excita ,  la  loua  publiquement,  ôtant  a  la 
Vierge  Sainte ,  le  titre  de  Mère  de  Dieu.  Il  difoit  qu'il  falloit  confi- 
dérer  en  Jesus-Christ  deux  Hypoftafes  ou  Perfonnes,  comme  il  y 
avoit  deux  Natures  ;  &  qu  ainfi  il  y  avoit  deux  fils ,  l'un  Dieu  Si  l'autre 
Homme.  Ce  qui  faifoit  qu'on  ne  devoit  pas  appeller  Marie  Mère  de 
Dieu ,  Theotocon  ;  mais  Chrijlotccon ,  Mère  de  C  h  r  i  s  t  feulement  :  le- 
quel après  fa  naiflànce  avoit  mérité  d'être  uni  au  Verbe  par  fes  bonnes 
œuvres,  non  pas  d'une  union  hypoftatique,  mais  d'une  union  d'habita- 
tion du  Verbe  en  l'humanité,  &  comme  dans  un  Temple,  par  com- 
munication ,  par  rapport  &  par  focieté  morale.  Ainfi  il  détruifoit  le 
Myfterede  l'Incarnation  du  Fils  de  Dieu,  qui  confifte  en  l'union  de  deux 
Natures ,  divine  &  humaine  ,  en  la  perfonne  du  Verbe;  d'où  réful- 
te  un  Homme-Dieu  appelle  Jesus-Christ,  duquel  par  ce  moyen 
Jome  ly. 


NET.  NEU.-  '  tp 

ksaéiions  font  theandriques  ,x'eii-z-à\re  divinement-humaines,  &  hu- 
mainement divines,  &  pat  conféquentd'un  mérite  infini;  telles  qu'elles 
dévoient  être  pour  latisfaire  la  jullice  de  Dieu  infinie.  Neftorius  employa 
encore  Diodore  Evêque  dépofé  de  Marcianopolis ,  pour  prêcher  cette  er- 
reur, &.la  publia  dans  des  Livres  qu'il  envoya  aux  Monafleres  d'Egypte 
Saint  Cyrille  d'Alexandrie  en  étant  averti,  combattit  cette  impieté  par 
divers  Ouvrages,  qu'il  envoya  à  l'Empereur  Theodolé  k  Jeune  Sck?u[- 
chene&Eudoxe,fœur3  de  ce  l'rince.  Il  écrivit  contre  lui  au  Pape  Ce- 
kftin  ,,  que  Neftorius  avoit  voulu  prévenir  :  mais  le  Saint  Pontife  con- 
noilTant  fes  irapietçz,le  condamna  dans  un  Synode  qu'il  tint  à  Rome 
en  430.  S.  Cyrille  encélébra un  autre  à  Alexandrie,  où  ^l'on  drefla  douze 
anathêmes  ou  articles  qu'on  fit  lignifiçr  à  Neftorius ,  afin  qu'il  y  foufcri- 
vit  ùncerement:  Mais  l'Hérefiarquc  s'en  moqua.  Cependant  on  afTem- 
bla  contre  lui  le  Concile  général  d'Ephefc  en  43 1 .  Neftorius  alla  en  cette 
Ville ,  mais  il  ne  youlut  jamais  comparoître  devant  la  fainte  AflTembiée 
quoique  cité  trois  ou  quatre  fois  juridiquement,  de  forte  qu'il  fut  con- 
damné &  dépofé  le  zz.  du  mois  de  Juin:  &  plus  de  deux  cens  Evêques 
fignerent  cette  fentence.  Depuis  Théodôfc  le  renvoya  dans  fon  Mo- 
naftere,  mais  comme  il  ne  ceflbit  point  de  publier  fes  impietez,  il  fut 
banni  dans  la  ville  d'Oafis  en  Egypte.  Mais  les  Blemmiens  ayant  ruiné 
cette  Ville ,  &  ce  malheureux  Prélat  errant  de  lieu  en  lieu,  fans  revenir  à 
fon  devoir,  enfin  les  vers  mangèrent  fa  langue,  tout  fon  corps  fe  pourrir, 
&  il  fe  rompit  le  col  d'une  chute  qu'il  fit.  *  Les  Ades  du  Concile  d'Erhe- 
fe,  Caffien,  lib.delncam.  S.Cyrille,  eont.NeJior.  Socrate,/;^.  7.  Eva- 
gre,  lib.i.  Sandere,  her.ioo.  Baronius,  A.  c.  418.  n.  29.30  31  £s'c 
[Il  y  eut  beaucoup  de  violence  &  d'irrégularité  dans  la  condamnatioix 
de  NeftçriHs,.  Voyez-en  iHiftoire  dans  la  Bibliothèque  de  Xi»  Pi», 
T.  III.  p.  z.]     .         ,  . 

NETTER  V^ALDENSIS,  ou  de  Waldcn,(Thomas)  ainfi  nommé 
parce  qu  il  étoit  natif  d'un  village  de  ce  nom  en  \ngleterre,  prit  l'habit  de: 
Religieux  Carme  à  Londres.  Quelques  Auteurs  ont  pris  le  nom  de  Wal- 
denpour  celui  de  fa  famille  qui  étoit  Netter,ce  que  les  Curieux  pour- 
ront remarquer  dans  Pitfeus  ,  &  les  autres  Ecrivains  Anglois.  Il  fut 
Provmcial  de  fon  Ordre,  &  les  RoisHenriJV.V.&VI.  fe  fervirentde 
lui  pour  traiter  diverfes  affaires  importantes.  II  parut  avec  éclat  au 
Concile  de  Conftance;  &  ce  fut  principalement  en  cette  bccafion  qu'il 
contondit  les  HafiTites  &  les  Scftatears  de  Wiclef.  Depuis  il  écrivit  contre 
ces  dévoyez  fon  Traité  intitulé  DoHrinde  antiqmtatum  Fidet  Ecde/ix 
Cathohci,  dédié  au  Pape  Martin  V.  &  il  en  compofa  divers  autres,  qui 
font  un  témoignage  de  fon  favoir,  &  de  fa  pieté.  Il  mourut  en  1430. 
*  Trithême  &  Bellarmin  ,  De  Script.  Eccl.  Luce  ,  in  Bibl.  Carm.  Alegre  , 
inPar.Carm.  Pitfeus,  Poflevin,  Cochlaeus,  &c. 

NEUBOURG,  Ville  d'Allemagne  en  Bavière,  avec  titre  de  Du.ché.' 
Elle  eftfituée  fur  la  rive  droite  du  Danube,  entre  Dona  vert  &Ingolftat, 
Des  Auteurs  Latins  la  nomment  Neeburgum,  &  quelquefois  Novnm  Cafi 
trum.  C'eft  ce  qu'on  voit  dans  le  4.  livre  d'un  Itinéraire  d'Allemagne  en 
ces  termes, 

imramus  Boii  pr£daram  Trincipis  urhem ,    . 
Indigent  cives  tjuam  Nova  Cafira  vocani, 

NEUBOURG,  Maifon.  Cette  Ville  a  donné  fon  nom  à  la  Maifoil 
de  Neubourg,  qui  eft*ne  Branche  de  celle  de  Bavière.  Elle  quitta  ea 
1569.  Deux-Ponts  dont  elle  eft  aînée.  J'ai  remarqué  fous  le  nom  de  Ba- 
vière &  Deux-Ponts  .qu'Etienne,  fécond  fils  de  rHmpereUr -.Robert  k 
i^««,  eut  Frédéric  &  Louis  kNoir.  Celui-ci  laififa  Alexandre  le  Boiteux, 
Duc  de  Deux-Ponts ,  Père  de  Louis  II.  qui  eut  'Wolfgang.  Je  dis  que  ce 
dernier  mourut  en  France  l'an  1569.  laifTant  Phihppe- Louis  qui  fuit, 
tige  des  Ducs  de  Neubourg.  Jean,  Duc  de  Deux-Ponts,.  Stc.  Je  dois  en- 
,  cote  remarquer,  qu'en  la  guerre  de  SmalcaldeOthon  Henri,  Prince  Pa- 
■■  latm,perdit  fes  Etats.  Il  y  rentra  par  le  Traité  de  PafTaw  en  ijjz.&qua- 
treans  après  il  fut  Eleûeuraprès  la  mort  de  Frédéric  IL  dit  le  Sage, font 
oncle.  Cet  Othon-Henri  mourut  fans  enfans  en  1559;  Frédéric  IIL 
Comte  Palatin  de  Simmeren,  &c.  lui  fucceda  en  l'Eleftoràl,  &  Wolf- 
gang Duc  de  Deux-Ponts  eut  le  Duché  de  Neubourg  qui  fut  le  titre  de 
Philippe  Louis  fon  filsaîné.  Celui-ci  né  lez.  jour  d'Ocflobre  de  l'an  1547. 
époufa  en  1574.  Anne  fille  de  Guillaume  Duc  deCleves;  Sec*  cequi  lui 
;  donna  droit  -à  la  fuccefllion  des  biens  de  cette  Maifon,  comme  je  l'ai 
i  remarqué  afîez  fouvent ,  fans  qu'il  foit  nécefTaire  de  le  répeter.  Philip- 
I  pe-Louïs  eut  de  grandes  affaires,  pour  l'adminittration  de  l'Eleftorat, 
:  pour  le  Duché  de  Neubourg ,& pour  la  fuccelTion  de  Cleves.  Jlmou- 
rut  le  iz.  Août  de  fan  1614.  ayant  eu  Wolfgang  Guillaume  qui  fuit; 
Augufte  cjui  a  fait  la  Branche  des  Comtes  Palatins  de  Sultzbach  :  Othon 
Henri  né  leiS.OdlobreisSo.&mortenisSr.  Anne-Marie  qui  épou- 
fa l'an  1591.  Frédéric-Guillaume,  Duc  de  Saxe,  &  morte  en  1643.  Et 
deux  autres  filles  mortes  fans  alliance.  Wolfgang -Guillaume  Duc 
de  Neubourg,  &c.  naquit  le  vingt-huitième  Oélobre  de  l'an  1^78.  &: 
il  fe  fit  Catholique  en  1614.  11  eut  part  aux  affaires  d'Allemagne,  & 
une  très-longue  guerre  pour  la  fucceffion  de  Cleves.  Le  Duc  mourut 
lezo.  Mars  de  l'année  1653.  en  la  79.  de  fon  âge.  Il  avoit  époufé  le  10. 
Novembrede  l'an  1613.  Madeleine,  fille  de  Guillaume  Duc  de  Bavière  ^ 
il  prit  une  féconde  alliance  avec  Catherine  Charlotte ,  fille  de  Jean  II. 
Palatin  de  Deux-Ponts;  &une  troifiéme  avec  Marie-Françoife  fille  de 
François  Egon,  Comte  de  Furftemberg.  De  la  première  il  eut  Philippe- 
Guillaume  qui  fuit,  &  de  la  féconde ,  deiix  fils  &c  une  fille  morts  en  en- 
fance.^PHiLippE-GuiLLAUME,  Duc  de  Neubourg,  de  Juhers, de  Mons , 
&c.  naquit  le  Z3.  Novembre  de  Pan  1615.  &  il  s'eft  aquis  une  grande 
réputation  par  fa  conduite  fage  &  prudente ,  par  fa  pieté  folide  &  par  fà 
génerofité.  Il  époufa  en  i.  noces  Anne-Catherine  Conftance  de  Pologne 
fille  deSigifmond  III.  Roi dcPologne,  morte  le?. Oélobre  1651.&  il  a 
pris  en  1653.  une  2.  alliance  avec  Eh-Mbeth-Amelie  de  HeflëDarmftat, 
fille  du  Landgrave  George  &  de  Sophie-Eleonor  de  Saxe.  Elle  fe  fit  Ca- 
tholique d'abord  après  fon  mariage.  Leurs  enfans  font  Jean-Guillaume- 
Jofeph-Ignace  Prince  de  Neubourg,  né  le  19.  Avril  de  l'an  lôjS.&marié 
lezy.Oâobre  de  l'an  1678.  avec  Marie- Anne-Jofcph  d'Autriche,  fille 
de  l'Empereur  Ferdinand  Ut  &  de  fa  3.  femme  Eleonor  de  Gonzague, 
&  fœurde  l'Empereur  Leopold:  Wolfgang  Guillaume  le  5.  Juin  1659: 
Louis- Antoine ,  né  en  i66o>  Abbé  de  fefcarop  en  Normandie  :  Char- 


^o  NEU.  NEV. 

Îes-Philippe ,  né  en  1661.  Alexandre-Sigifmond  né  le  16.  Avril  1663. 
François-Louis,  né  le  14- JuiH"  1664.  Frederic-GuiUaume.^ne  le  zo. 
Tuillet  1665.  Philippe-Guillaume- Augufte,  ne  le  18.  Novembre  1668. 
Anne-Marie-Jofeph,  née  le  6.  Janvier  165;.  &  manee  le  14.  Décembre 
1676  avec  l'Empereur  Leopold:  Marie-Sophie-Elizabeth ,  née  le  16. 
Août  1666.  &  mariée  à  D.  Pedro  Roi  de  Portugal ,  elle  cft  morte  en  1698 
Marie-Anne, née  lezS.  Oftobre  i667.6cmanée  à  Charles  II.  Roidt-f- 
paan<-  Dorothée-Sophie.née  le  5.  Juillet  1670.  Et  Hedwige-Elizabetli- 
Ameiie,  née  le  18.  Juillet  1673.  [Cette maifon  eft en  pofîeffion de  1  E- 
ledorat.qui  étoit  dans  la  maifon  Pahtine,&que  le  Duc  deNewbourg 
hérita  en  1684.  du  dernier  Eledeur  Proteftant.] 

NEUBOURG  ou  Nyburg,  Neoburgum,  place  forte  du  Royau- 
me de  Dannemark  dans  la  partie  Orientale  de  Flfle  de  Funen,fur  les  cotes 
du  détroit  de  Belt  Sund,  commença  d'être  bàtie  en  1 175.  par  Canut  hls 
de  Prebcflas  Duc  de  Laland  qui  eft  une  111e  du  même  Royaunie.  Cet- 
te Ville  qui  fut  autrefois  h  demeure  des  Rois  de  Dannemark ,  le  liege 
duFarlèment,&où  Chriftiérne  II.  Roi  de  ce  païs  naquit  en  1481.  a  un 
beau  port  oij  fe  retire  fouveht  la  flote  de  cet  Etat  ,8c  une  Citadelle  qui 
commande  fur  le  détroit ,  pour  faire  payer  le  droit  que  doivent  au 
Roi  les  petits  vaiffeaus,  qui  ne  voulant  pas  s'expofer  aux  dangers  du  dé- 
troit du  Sund ,  paffent  par  celui-ci  où  ils  ont  moins  à  craindre.  *  Bau- 

drand,  Pontan.  .        .      „       v  -    -.. 

NKUBRIGE  (Guillaume  de")  Anglois ,  Chanoine  Reguher ,  a  écrit 
l'Hiftoire  d'Angleterre  depuis  l'année  io66.  jufques  en  1 197.  &eftmort 
en  v-o8.  Voyez  Litle. 

NEUCASTEL.  Cherchez  Newcaftel  après  Neuville. 
NEUCHAISES  (Charles de)  Gentil-homme  de  la  Chambre duRoi 
Charles  IX.  vivoit  dans  le  XV ..  Siècle.  Il  recueillit  les  Mémoires  du  Ma- 
réchal de  Tavanes ,  qui  étoit  fon  onde  ,  &  d'autres  pièces  qu'on  pu- 
blia en  1574.  Confultcz  la  Bibliothèque  delà  Croix  du  Maine.  Charles 
deNeuchaifes  étoit  Sieur  de  Francs.  Sa  Famille  a  encore  eu  Jaques  de 
Neuchaises  ou  Ncucbezes  de  Francs  Evêque  de  Châlons  fur  Seine , 
qui  vivoit  encore  en  1650.  Divers  Auteurs  parlent  de  lui  avec  éloge; 
ce  qu'on  pourra  voir  dans  le  Traité  des  Ecrivains  de  Châlons,  du  Père 
Louis  Jacob. 

NEUCHASTEL,  Cherchez  Neufchaftel. 

NEVE  R  S  fur  Loire,  où  fe  perd  la  petite  Rivière  de  Nièvre ,  Ville 
de  France,  Capitale  du  Nivernois,  avec  Evêché  Suifragant  de  Sens.  Elle 
ell  fort  ancienne ,  &  Cefar  en  fait  mention  dans  fes  Commentaires ,  fous 
le  mot  Noviodunum  in  y£duis.  Car  il  avoit  choifi  cette  Ville, pour  en 
faire  une  place  d'armes  &  un  Magazin.  Les  Auteurs  Latins  la  nomment 
diverfement ,  Nhenis,  Nivernium,  Vailkafflum,  Nevemum,  Nivernum , 
lHoviodunutn  ,Augufionemetum  ,ii!ic.  Elle  fut  érigée  en  Comté  fous  nos 
premiers  Rois,  &  Charles  VII.  en  fit  une  Duché  &  Pairie  l'an  14s 7- 
vérifiée  en  1459.  Ce  que  le  Roi  Louis  XI.  confirma  en  faveur  de  Jean 
de  Bourgogne  Comte  de  Nevers  en  1464.  Le  Roi  Louis  XII.  en  tjoj. 
pourEngilbertdeCleves;  &  le  Roi  François  I.  en  1521.  en  faveur  de 
Marie  d'Albret  ComtelTe  de  Nevers,  ce  que  je  marquerai  ailleurs  plus 
en  particulier  dans  la  fuite,  en  parlant  des  Comtes  &  Ducs  de  Nevers. 
On  y  voit  le  Château  des  Anciens  Comtes,  dans  la  partie  que  l'on  appel- 
le la  Cité,  &qui  comprenoit  anciennement  toute  la  Ville ,  &  de  fortes 
murailles.  Nevers  a  une  Chambre  des  CoiTipte#,  &  un  Bailliage  qui  ref- 
fortit  au  Prélidial  de  S.  Pierre  le  Mouiller.  Sa  fortereffe,  fon  Pont  de  vingt 
arches  fur  la  Loire ,  fes  ouvrages  de  verre  &  de  fayence  font  des  chofes 
que  les  voyageurs  n'y  négligent  point  de  voir.  L'Eglife  Cathédrale  étoit 
autrefois  dédiée  aux  Saints  Gervais  &  Protais  ;   mais  le  Roi  Charles  le 
Chauve  l'ayant  agrandie,  la  fit  confacrer  fous  lenomdeS.Cyr.  Les  Au- 
teurs parlent  d'un  Concile  tenu  à  Nevers  l'an  763.  IlyaonzeParoifles 
dans  la  Ville ,  avec  un  Chapitre  confidérable,  &  diverfes  autres  Maifons 
Ecclefiaftiques  £<  Religieufes.    Le  Nivernois  eft  entre  la  Bourgogne , 
dont  il  a  fait  partie ,  le  Bourbonnois ,  le  Berri  &  le  Gaftinois.     En  la 
dernière  Affemblée  des  Etats  du  Royaume ,  les  Députez  de  cette  Pro- 
vince comparurent  fous  le  grand  Gouvernement  de  l'Orleanois.  Elle  a 
environ  zo.  lieues  de  longueur  &  prefque  autant  de  largeur.  Ses  Villes 
après  Nevers,  font  la  Charité,  S.  Pierre  le  Mouftier,  Decize  ,Donzi. 
Clameci ,  Vezelai ,  ikc.     .Montenoifon  eft  une  forterelTe  au  milieu  du 
Païs.  Arquient  &  l_,angeron  ont  titre  de  Marquifat.  LaRoche-MiletSc 
la  l'erté-Chauderon  font  des  Bsronics.  La  Roche-Milet  a  des  Foires  con- 
iid-rrables.  i.eBarondelaFertc-Chauderon  fe  dit  Maréchal  &  Sénéchal 
du  Nivernois.  Cette  Province  a  auffi  plufieurs  bois,  des  mines  de  fer, 
quelques  mmes  d'argent ,  8c  diverfes  carrières  de  très-belle  pierre.  Les 
Auteurs  parlent  affez  diverfement  des  anciens  Comtes  de  Nevers,  com- 
me de  Ratier  qui  tcnoit  en  800.  ce  Comté  en  foi  &  hommage  de 
Richard  le  lurricier.  Duc  de  Bourgogne.   Il  fut  fuivi  de  Seguin  mari 
de  Berthe ,  &  peie,a  ce  qu'on  crovoit ,  de  Rodolphe  qui  de  Liurgardefa 
fem  ne  eut  Gereerge  Comteffe  de  Nevers  mariée  en  premières  no- 
ces à  Albert  Marquis  d'Ivrée.   E(  autres  en  parient  diverfement.  Quoi 
qu'il  en  f'iit,  on  p. étend  que  Gerberge  eut  Otho-Guillaume  Comte 
de  Bourgogne  &  de  Nevers  qui  mourut  en  987.  Mathiide  fa  fille 
Coratefle  de  Nevers,  ik  morte  en  looj.pritalliance  avec  Landry,  Sieur 
de  ~'-'aërz  &  de  Monceaux.    Leurs  enfans  furent  Renaud  I.  qui  fuit; 
Bodon  de  Nevers,  marié  avec  Alix  d'Anjou,  '"omtefte  de  Vendôme, 
&  Gui  de  Nevers.  Renaud  I.  de  ce  nom,  Comte  de  Nevers,  époufa 
Alix  de  Normandie  fille  de  Richard  II.  &  de  Judit  de  Bretagne  dont  il 
eut  Guillaume  I.  qui  fuit  :  Henri,  qui  vivoit  en  1067.  Gui  Religieux 
de  la  Chaize-Dieu  en  Auvergne  vivoit  encore  l'an  1081.  Et  Robert  de 
Nevers,  furnommé  le  Bourguignon,  Sieur  de  Craon  en  Anjou.  Il  épou- 
fa en  premières  notes  Avoye  furnommée  Blanche  ,  Dame  de  Sablé ,  fille 
&  héritière  de  Geofroi  hvieil.  Sieur  de  Sablé;  &  il  prit  une  féconde 
alliance,  avec  Berthe  de  Craon  ,  veuve  de  Robert  I .  du  nom.  Sieur  de  Vi- 
tré, &  fille  unique  de  Guerin ,  Sieur  de  Craon.  Robert  mourut  après  l'an 
1097.  11  eut  de  fa  première  femme,  Renaud  le  Bourguignon,  Ti- 
ge des   anciens   Seigneurs  de  Craon  :    Robert  ,   dit  le  Jeune  &  le 
Bourguignon,  qui  fit  la  Branche  des  Seigneurs  de  Snblé.  Geofroi  Henri  , 
Sieur  du  Liond'Agers:  Alix,  Et  Mahaiid,fem;Tied'AlardII.  dunom, 
,     dit  le  rie;/.  Sieur  de  Château-gontier.  Guillaume  1.  Comte  de  Nevers, 
&d'Auxerre,  époufa  l'héritière  de  Tonnerre:  &il  mourut  Van  1184.  ou 


NEV. 

Sj.laiffant  Renaud  II.  qui  fuit:  &  Robert  de  Nevers  Evêque  à' Auxerrej 
mort  en  1096.  Renaud  II.  Comte  de  Nevers,  d'Auxerre  &  de  Ton- 
nerre époufa  la  fille  de  Lancelin  Sieur  de  Boigenci ,  dont  il  eut  G  u  i  l- 
laumeII.  Celui-ci  mort  en  1 148.  eut  Guillaume  III.  qui  fuit;  EtRe- 
naud  Comte  de  Tonnerre  qui  ne  laiffa  point  de  lignée.  Guillaume  III. 
Comte  de  Nevers,  &c.  mourut  vers  l'an  iiôo.ayant  eu  Guillaume  IV^ 
Comte  de  Nevers ,  mort  l'an  1168.  dans  la  Paleftine,  fans  laiflér  pofte- 
ritéd'Alienor,  Dame  de  S.  Quentin  &  de  Valois,  fille  de  Raoul  II.  Gui, 
qui  fuit:  Renaud,  Comte  de  Tonnerre,  mort  l'an  1191.  fans  enfans, 
au  Siéged'Acre:  Anne  femme  de  Guillaume  VII.  Comte  d'Auvergne  j 
&c.  Gui  1.  de  ce  nom,  Comte  de  Nevers,  &c.  prit  alliance  avec  Ma- 
haud  de  Bourgogne ,  Comteffe  de  Crignon ,  fille  de  Raimond  de  Bour- 
gogne &  d'AgnèftDame  de  MontpenCer;  alors  veuve  d'Eudes  III.  du 
nom.  Sieur  diffoudun.  Le  Comte  Gui  mourut  en  1176.&  Mahaud  fa 
femme  prit  une  troiliérae  alliance  avec  Pierre  d'Alface,  dit  de  Flandres 
ik.  une  4.  avec  Robert  II.  du  nom ,  Comte  de  Dreux.  Confultez  pour 
cela  la  Chronique  de  Robert,  Abbé  du  Mont  S.  Michel ,  fous  l'an  117  7. 
Gui  eut  Guillaume  V.  Comte  de  Nevers  &  d'Auxerre  qui  mourut  fans 
enfans  l'an  II 80.  Et  A  g  ne' s  quifucceda  à  fon  frère  &  à  fon  oncle  Re- 
naud. .Elle  époufa  en  1184.  Pierre  II.  du  nom  SieurdeCourtenai&de: 
Montargis ,  dont  elle  eut  Mahaud  de  Courtenai,  Comteflc 
de  Nevers,  d'Auxerre  &  de  Tonnerre.  Celle-ci  fut  accordée  au  mois 
de  Mai  de  l'an  1 193  avec  Philippe  de  Hainaut  fécond  fils  de  Baudouin 
V.  dunom  ,  Comte  de. Hainaut:  mais  le  mariage  n'ayant  pas  été  accom- 
pli, elle  époufa  fur  la  fia  de  fan  11 99.  Hervé'  W.  du  nom  Sieur  de: 
Donzi  après  la  mort  duquel  elle  reprit  une  1  alliance  avant  l'an  1216. 
avec  G  u  I G  u  E  s  IV.  du  nom ,  Comte  de  Forez.  Depuis  elle  fc  rendit 
Religieufe  à  Fontevraut,  011  elle  mourut  le  12.  Oâobre  de  l'an  1254. 
De  ion  mariage  elle  eut  un  fils,  mort  jeune  ;  &  Agnes  II.  Comteffe  de 
Nevers,  &c.  E)tme  de  Donzi,  de  S.  Agnan,8cc.  Elle  fut  promife  à  Henri 
fiis  aîné  de  Jean  Roi  d'Angleterre  :  mais  le  Roi  Philippe  -  Augufte 
ayant  empêché  l'exécurion  de  ce  traité,  elle  fut  accordée  l'an  12 17.  avec 
Philippe  de  France^  fils  aîné  duRoîLouis  VIII.  mais  ce  Prin- 
ce étant  mort  l'an  1218.  Agnès  pr:t  une  2.  alliance  avec  Gui  de 
Chastillon  I.  du  nom, Comte  de  S.  Fauï;  d'où  vint  Ioland 
DE  Chastillon,  Comteffe  de  Nevers ,  d'Auxerre  ,  de  Tonnerre, 
&c.  Celle  ci  mariée  avec  Archambaud  IX.  Sire  de  Bourbon  eut  deux 
filles, Mahaud  qui  fuit;  &  Agnès  Dame  de  Bourbon  .mariée  en  1274. 
avec  Jean  de  Bourgogne,  Sr.  de  Charolois,  2.  fils  d'Hugues  IV.  Duc  de 
Bourgogne  &d'loland  de  Dreux;  d'où  vint  Beatrix  de  Bourgogne,  Da- 
me de  Bourbon,  mariée  à  Robert  de  France,  tige  de  la  Royale  Maifon 
de  Bourbon  ,  comme  je  le  dis  ailleurs.  Mahaud  de  Bourbon, 
Comteffe  de  Nevers ,  d'Auxerre  &  de  Tonnerre ,  fut  mariée  par  contrat 
paffé  en  1247.  avec  Eudes  de  Bourgogne,  fils  aîné  du  même 
HuguesIV.  Duc  de  Bourgogne  &  frère  de  Jean.  Eudes  mourut  à  Acre 
l'an  1269.  Mahaud  étoit  déjà  morte  avant  l'an  1262.  Ils  laifferent  Io- 
land de  Bourgogne,  Comteffe  de  Nevers ,  &c.  mariée  par 
traité  de  l'an  1265.  avec  Jean  de  France  dit  Trijlan,&c  de  Damiette, 
fils  du  Roi  S.  Louis.  Ce  Prince  mourut  de  pelle  au  Camp  de  Tunis  le 
3.  Août  1270.  Ioland  prit,  en  1272.  une  2  alliance  avec  Robert  III.  du 
nom  Comte  de  Flandres.  Elle  mourut  le  2.  Juin  de  l'an  1280.  8c  fuï 
enterrée  dans  l'Fglife  qui  eft  aujourd'hui  aux  Recolets  de  Nevers,  où 
l'on  voit  fon  Epitaphe.  Elle  eut  de  fon  2.  mari  Louis  qui  fuit;  Robert 
Sr.  de  Caffel ,  mort  l'an  1331.  Jeanne  mariée  en  1288.  avec  Enguerrart 

IV.  Sire  de  Couci,  8c  morte  en  1333.  Ioland,  mariée  l'an  1290.  avec 
Gautier  II.  du  nom.  Sr.d'Anguiens;  ScMahaud,  femme  de  Matthieu  de 
Lorraine,  Sieur  de  Florines.  Louis  de  Flandres ,  Comte  de  Nevers  8c  de 
Rhetel,  caufade  grands  defordres  en  France,  8c  mourut  de  triiteffe  à  Paris 
le  22.  Juillet  de  l'an  1322.  Le  Comte  Robert  fon  Père  vivoit  encore. 
11  avoit époufé  en  1290.  Jean  Comteffe  de  Rhetel, fille  unique  de  Hu- 
gues IV.  dont  il  eut  Louis  II.  qui  fuit  ;  8c  Jeanne  ,  femme  de  Jean  IV.  du 
nom  Duc  de  Bretagne.  Louis  11.  dit  de  Creci,  Comte  de  Flandres,  de 
Nevers,  8c  de  Rhetel ,  époufa  Marguerite  de  France,  fille  du  Roi  Phihppe 

V.  dit  le  Long  ;  8c  il  fut  tué  à  la  Bataille  de  Crcci  l'an  1 346.  laiffant 
Louis  III.  dit  de  Maie  ou  de  Malain.  Celui-ci  né  en  1330,  fut  marié  l'arr 
1347.  avec  Marguerite,  fille  puînée  de  JeanllI.DucdeBrabant;  &C  il 
mourut  à  Saint  Orner  le  dixième  Janvier  de  l'an  1353.  Son  corps  fut  en- 
terré dans  l'Eglife  de  Saint  Pierre  de  Lille;  il  eut  de  ion  Mariage  Mar- 
guerite Comteffe  de  Flandre ,  de  Nevers ,  8cc.  mariée  en  premières 
noces  avec  Philippe  furnommé  de  Rouvre,  dernier  Duc  de 
Bourgogne  de  la  Branche  de  Robert  de  France  ;  Et  en  fécondes ,  à  F  h  i- 
LippE  de  France  furnommé  le  Hardi,  fils  du  Roi  Jean,  8:  tige  de 
1»  féconde  branche  Royale  des  Ducs  de  Bourgogne.  Cette  Princeife 
mourut  d'apoplexie  à  Arras, comme  je  le  dis  ailleurs.  Philippe 
de  Bourgogne  fon  troifiéme  fils  fut  Coir.te  de  Nevers,  ix.  de  Rethel , 
Baron  de  Donzi  8c  Chambrier  de  France.  11  fe  joignit  à  Jean  Duc  de 
Bourgogne  fon  frère  en  la  querelle  contre  la  Maifon  d'Orléans ,  8c  en  la 
guerre  contre  les  Liégeois;  8c  il  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincourt,  le  vingt- 
cinquième  Oftobre  de  l'an  1415.  Son  corps  fut  enterré  dans  l'Abbaie 
d'Eftellans  au  Palais  de  Rhetelois.  Ce  Comte  époufa  en  premières  no- 
ces, à  Soiflons,  le  23.  Avril  1409.  Ifabelle  de  Couci,  Comtefle  de 
Soiffons  en  partie,  fi:lle  puînée  d'Enguerran  VII.  Sire  de  Couci,  8cc. 
&C  d'ifabelle de  Lorraine  fa  féconde  femme.  Elle  mourut  en  141 1.  ayant 
eu  Philippe  ii.  Marguerite  morts  au  berceau.  Le  Comte  prit  une  fé- 
conde alliance, le  vingtième  Juin  de  l'an  141 3.  avec  Bonne  d'Artois, 
fille  aînée  de  Philippe  d'Artois  ,  Comte  d'Eu  8c  de  Marie  de  Berri  ; 
dont  il  eut  Charles  Si  Jean  qui  fuivent.  Charles  de  Bourgogne, 
Comte  de  Nevsts  8c  de  Rethel,  Baron  de  Donzi ,  8cc.  demeura  en  fa 
jeuneffe  fous  la  tutelle  de  fa  mère.  Depuis  il  fervit  le  Roi  Chartes  VII. 
à  la  guerre  contre  les  Anglois  8c  à  la  conquête  de  la  Normandie,  il  fe 
troûva-au  Sacre  du  Roi  Louis  XI.  où  il  repréfenta  le  Comte  de  Flandres , 
8c  il  mourut  l'an  1464.  Son  corps  fut  enterré  dans  l'Fglife  Cathédrale  de 
Nevers.  Ce  Prince  avoit  époufé  l'onzième  Juin  de  l'an  1456.  Marie 
d'Albret,  fille  aînée  de  Charles  II.  du  nom.  Sire  d'Albret  S>c  d'Anne 
d'Armagnac,  dont  il  n'eut  point  d'enfans.  11  en  laiffa  trois  naturels, 
qui  furent  légitimez  en  1463.  favoir  Guillaume  ,  né  d'Heliote  Mùail- 
Ict,  Jean  de  Bonne  de Seaulieu;  Et  Adrienne ,  dToland  le  Long.  Jean 

de 


NEV: 

de  Bourgogne ,  Comte  de  Nevers ,  &c.  Pair  de  France ,  Chevalier  de 
la  Toifon  d'or  ,  &  Gouverneur  de  Picardie  naquit  à  Clameci  ,1e  vingt- 
cinquième  Oftobre  de  l'an  141  j.  Le  Duc  Charles  de  Bourgogne  l'obli- 
jgea  par  un  contrat  forcé ,  f  afle  le  zi.  Mars  de  l'an  146^.  de  renoncer 
aux  Diichez  de  Brabant  &  de  Limbourg  &  aux  Terres  d'Outre- Meufe. 
Depuis  il  fuccéda  au  Comté  d'^u  après  la  mort  de  Charles  d'Artois  fon 
oncle  en  1471.  Il  prit  le  titre  de  Duc  de  Brabant ,  &  il  mourut  le  25. 
Septembre  de  l'an  1491.  à  Nevers  où  il  fut  enterré  dans  l'Eglife  Ca- 
thédrale. Ce  Comte  époufa  en  premières  noces,  l'an  1435.  Jaqueline 
d'Ailli,  Dame  d'Englemonfter,  fille  aînée  de  Raoul  d'Ailli  Sieur  de 
Pequigni  &  Vidame  d'Amiens ,  ik  de  Jaqueline  de  Bethune.  Il  fe  re- 
maria l'an  1475.  avec  Paule  de  Brofle  dite  de  Bigtagne,  fille  de  Jean 
Comte  de  Ponthievre  &  de  Nicole  de  Blois;&#pr-it  une  troifiéme  al- 
liance en  1479.  avec  Françoile  d'Albret  ,file  d'Arnaud-Amanjeud'Al- 
bret  Sieur  d'Orval  &  d'ifabelle  de  la  I  our.  Du  premier  lit  il  eut  ihilip- 
pe,mort  en  enfance  l'an  1452.  &  Elizabeth,  dont  je  parlerai  dans  la 
fuite.  Du  fécond  mariage  il  eut  Charlotte  de  Bourgogne ,  Comteffe 
de  Rhefei,  qui  fut  accordée  en  1481.  avec  harles  d'Orléans  Comte 
d'Angoulême,  &  puis  mariée,  par  Traité  du  ij.  Avril  i486,  avec 
Jean  d'Albret, Sieur  d'Orval,  d'oil  vmt  Marie  d'Albret,  Comteffe  de 
Rhetel , alliée  avec  Charles  de  Cleves  j  Comte  de  Nevers,  comme  je 
le  dirai  dans  la  fuite.  Jean  Comte  de  Nevers  eut  encore  trois  fils  na- 
turels, Jean  Doyen  de  l'Eglife  de  Nevers ,  Pierre  ,  légitimé  par  Lettres 
du  Roi  l'an  1479.  Et  Philippe  qui  époufa  Marie  de  Roye,  &  apr;s 
la  mort  de  fa  femme  il  fe  fit  Religieux  de  l'Ordre  de  Saint  François, 
&  mourut  fort  âgé  au  Convent  de  Bethléem  près  Méiieres  l'an  1522 
Elizabeth  de  Bourgogne,  Comteffe  de  Nevers  &  d'Eu,  fut 
inariée.l'an  1445.  à  Bruges  avec  Jean  L  du  nom  ,Duc  de  Cleves,& 
Comte  de  la  Mark,  &  elle  mourut  le  21.  Juin  1483.  Je  parle  ailleurs 
de  fes  enfans,fous  le  nom  de  Cleves.  tNGiLBERi  qui  étoit  le  troifîé- 
ine  fils  fut  Comte  de  Nevers.  11  époufa  par  contrat' du  23.  Février 
1489.  Charlotte  de  Bourbon  ,  fille  de  Jean  de  Bourbon  II.  du  nom  ,  Com- 
te de  Vendôme,  &c.  8c  d'ifabelle  de  Beauveau;&:  il  mourut  le  21.  No- 
vembre 1506.  La  Princeffe  fa  veuve  fe  fit  Religieufe  à  Fontevraut ,  où 
elle  mourut  le  quatorzième  Décembre  de  l'an  1520.  Leurs  enfans  iu- 
rent  Charles  Comte  de  Nevers  quifuit: Louis, Comte d'Auxerrc mort 
fans  lignée, de  Catherine  d'Amboife,Dame  de  Chaumont , l'an  1545. 
François ,  Abbé  de  Saint  Michel  de  Treport,  mort  en  1545;.  Et  En- 
gilbert,mort  jeime  en  [489.  Charles  de  Cleves ,  t  omte  de  Nevers , 
époufa  le  vingt-cinquième  Jander  de  l'an  1504.  Marie  d'Albret,  fille 
aînée  &  héritière  de  Jean  d'  \lbret ,  Sieur  d'Orval  &  de  Charlotte  de 
Bourgogne,  comme  je  l'ai  dit;  &  il  mourut  en  prifon  au  Château 
du  Louvre  à  Pa,BS,  le  27.  Août  de  l'an  i52i.laiffant  François  de 
Cleves  I.  du  nom.  Duc  de  Nevers,  &c.  celui-ci  né  à  Notent  le 
îj.  Oftobre  de  l'an  15 16.  fut  marié  par  Traité  paffé  à  t^aris  au  Châ- 
teau du  Louvre, le  dimanche  dix-neuvième  janvier  1538  avec  Mar- 
guerite de  Bourbon ,  Fille  de  Charles  de  Bourbon  ,  Duc  de  'Vendôme  , 
&c  &  de  Françoife  d'Alençon  ;  &  il  mourut  eh  1 56t.  Le  Roi  François 
1.  lui  érigea,  l'an  1538.  Nevers  en  Duché  &  èairie.  Ses  enfans  fu- 
rent François  de  Cleves  II.  du  nom  Duc  de  Nevers,  né  le  31. 
Mars  1539.  &  mort  en  1562.  le  jour  delà  bataille  de  Dreux  d'un  coup 
de  pifbolet  que  Jui  déchargea  par  imprudence  l'un  de  fes  Gentilshom- 
mes: Jaqijes,  r:>uc  de  Nevers,  né  le  i.  Odobre  1544.  mort  fans 
lignée  ,  a  Montigni  près  de  Lyon  ,  le  6.  Septembre  1 564.  Henri 
Comte  d'Eu  ,  mort  fans  alliance:  Henriette  Ducheffe  ^e  Nevers, qui 
fuit:  Catherine  de  Cleves,  Comteffe  d'Eu, mariée  en  premières  noces 
iavec  Antoine  de  Croui,  Prince  de  Porcien,&  en  fécondes  avec  Henri 
de  -orraine.  Duc  de  Guife.Pair  &  Grand  Maître  de  France, morte 
à  1  arisleii.  "^'ai  del'in  1633  âgéede  85.ans.  Et  Marie  de  Cleves,  pre-. 
miere  Femme  de  ►enri  de  Bourbon  I. dunom  ,PrincedeCondé,  mort 
l'an  1574.  Henriette  de  C'eves,  Ducheffe  de  Nevers  &  de  Rhetel, 
naquit  le  31.  Ofto^re  del'an  1542  &  tut  mariée  le  4.  Mars  de  l'an  1^65. 
avec  Louis  de  Gonzague,  Prince  de  Mantouë,  &c.  Gouverneur  de 
Champagne;  &  elle  mourut  le  24.  Juin  de  l'an  1601.  Son  corps  fut 
enterré  avec  celui  de  fon  mari  dans  l'Eglife  Cathédrale  de  Nevers  Je 
parie  ailleurs  de  leur  pollenté  fous  le  nom  de  Gonyague.  Ils  ont  été 
tige  des  derniers  Ducs  de  Mnntouë,  de  qui  le  Cardinal  Mazarin  aquit 
les  Duchez  de  Nevers  &  de  Whete,.  Ce  ardinal  obtint  au  mois  d'Oc- 
tobre de  l'an  1660.  de  nouvelles  Lettres  de  Duché  &  <  airie  pour  Ne- 
vers, qu'il  laiffa  à  Philippe  Mancini  Mazarin  fon  neveu  aujourd'hui 
Duc  de  Nevers,  Pair  de  France,  &  Chevalier  des  Oidres  du  Roi. 
Celui-ci  époufa  le  ij.  Décembre  1670.  Diane-Gabrielle  de  Damas ,  fille 
de  Claude  Leonor ,  Marquis  de  Thiange,  &  de  Galirielle  de  Roche- 
choûart  Mortcmar,  comme  je  l'ai  remarqué  fous  le  nom  de  VJazarin. 
*Cefar,  //.  7.  Comm.  c.  10.  Gui  Coquille,  Hifloire  de  Nevers.  Juftel, 
Jiijl.  d'Auverg.  Du  Bouchct,  Hîft.  de  Court.  Michel  Cotignon  ,  Ca- 
tal.  Hift.  des  Euêq.  de  Nev.  Du  Chefne,  Rech  des  Antiq.  des  Villes  de 
:France  ,  Sincerus ,  Itimr.  GallU.  Sainte  Marthe  ,  Gall.  Chrijtiana  , 
ce. 

NEVEU  (Magdelaine)  Dame  des  Roches  en  Poitou,  vivoit  dans 
le  XVI.  Siècle ,  &  s'eft  attiré  les  éloges  de  tous  les  Doftes  de  fon  tems. 
Elle  époufa  en  premières  noces  André  Frandonnet ,  &  elle  eut.Catheri- 
lie  aufli  illuftre  que  fa  merc  Depuis  elle  fut  mariée  à  François  Eboiffard  , 
Sieur  de  la  Ville ,  Gentilhomme  Breton.  Cette  Dame  étoit  favante,& 
les  Ouvrages  qu'elle  donna  au  public  le  témoignent  allez.  Sa  Mailbn  étoit 
iine  Académie,  où  les  gens  d'erpritfetrouvoient  ordinairement  ou  pour 
faire  approuver  leurs  Ouvrages',  ou  pour  examiner  ceux  des  autres,  ou 
pour  y  apprendre  quelque  chofe.  Scevole'de  Sainte  Marthe ,  qui  a  placé 
l'Eloge  de  la  mereSc  de  la  fille,  entre  ceux  des  Doftes  François  defon 
tems , s'explique  en  ces  termes:  Aderant  autem  quotidie  flurimi  littera- 
rum  ej-  etegantm  amantes  -viri  qui  ad  zllarum  sdes  tanquam  ad  aliqi'.am 
.Academiam»cufid:Jfim'e  cenfluebant  :  Nec  ullus  erat  qui  non  inde  rediret 
phtior.  La  <  Toix  du  Marne  en  parle  encore  dans  fa  Bibliothèque  en 
ces  termes  :  Magdelaine  Neveu ,  Dame  des  Roches  en  Poitou ,  mère  de 
Catherine  des  Roches ,  toutes  deux  fi  dotles  e?  (i  favantes ,  que  la  'France 
peut  fe  -Oanter ,  les  ayant  engendrées  ,  d'avoir  produit  en  elles  deux  Us  per- 
les de,  tout  le  Poitou,  vc,  Llies  moururent  de  pefte  en  1587.  •  Sain- 


NEU.  îî 

,te  Marthe  ,  in  Ehg.  li.  3.  Du  Verdier ,  Vauprivas,   Viiliot.  Frase. 
i  Louis  Jacob,  Biùl.  Fœmin.  Hilarion  de  Cofte,   Elog.  des  Dames  ilUifi, 

NEUFCHASTEL  ou  Nevccastfl  ,  'Novum  Caftrun ,  Ville 
d'Angleterre  dans  le  Tomté  de  Northumberiand.  El'e  eft  fituée  fur  la 
Rivière  de  Tine  ou  deTon.affcz  bien  fortifiée  à  trois  ou  quatre  lieues 
de  la  Mer. 

NEUFCHASTEL ,.  Ville  de  France  en  Normandie ,  dans  le  pa'ïs 
de  Caux.  Elle  eft  fur'  un  Ruifleau  qui  fe  joint  enfuite  à  la  Bethune ,  à 
fept  ou  huit  lieues  de  Dieppe,  &  à  quatre  d'Aumale.  NL-ufchaftelrèfifta 
fur  la  fin  du  XVI.  Siècle  au  Koi  Henri  le  GraW,  durant  lesguerresde 
la  Ligue  :  mais  elle  Te  foûmit  après  que  Hallot  &  Guitry  eurent  défait 
huit  cens  hommes  des  Ligueurs; 

NEUFCHASTEL,  ou  Nçwemb6ur(}  ,  Neocomum  ,  Vife  de 
Suiffe  fur  un  Lac  de  même  nom ,  à  huit  lieues  de  Laufane  &  un 
peu  moins  de  Berne.  Elle  eft  alliée  aux  Cantons  Suiffes,&  un  c"omté 
^'ouverain.  Jeanne  de  Hochberg  le  porta  en  1504.  dans  la  Maifon  de 
Longueville ,  pac  fon  mariage  avec  LouïsdOrleansI.dun  -ui ,  Ducde 
Longueville.  Elle  étoit  fille  unique  &  héririere  de  Philippe,  M.irquis 
de  Hochberg ,  Comte  Souverain  de  Neufchaftel ,  Sieur  dé  Kothelin , 
Sec.      ,  , 

N  E  U  F  M  A  R  C  H  E'  ,  bu  le  Neuf  marché  ,  Novus  Mercatus  , 
Bourg  de  France  dans  le  Diocefe  de  Rouen  en  Normandie.  Il  eft  litué 
furl'Epte  à  une  lieuè  de  Gournai ,  &  a  été  autrefois  plus  confidéra- 
ble  qu'il  n'eft  aujourd'hui.  Henri  II.  Roi  d'Angleterre  y  fit  célébrer 
en  1161  un  Concile.  L'on  y  reconnut  le  fape  Alexandre  III,  &  ie  faux 
onti'e  Vidor  y  fut  recette.  Bini,  Starovolfcius ,  &  quelques  autres 
parlent  de  cette  Affemblée,  comme  d'un  Concile  d' 'Angleterre. 

NEUFVILLE  ,  Maifoi;!  la  Maiion  de  N  euf  v  1  l  le  a  produit 
de  grands  Hommes.  Nicolas  deNeufville  I.  du  nom. 
Chevalier,  Sieur  de  Villeroi ,  d'Alincourt  ,  de  Magni  ,  de  Bon- 
convilliers,  du  Pleflis  Banthcleu  &  d'Hardeville,  fut  -ecretaire  des 
Finances  &  Tréforier  de  l'L'rdinairé  des  Guerres,  Lieutenant  Gé- 
néral au  Gouvernement  de  l'ifle  de  France,  Gouverneur  de  Pon- 
toife.  Mante  &  .vjeulan  ,  &  Prévôt  des  Marchands  de  la  Ville 
de  Paris,  en  1568.  Pierre  le  Gendre,  Tréforier  de  France  ^  lui 
donna  la  Terre  de  Villeroi.  Il  èpoula  Jeanne  Preudhomnie,  fille 
de  Guillaume,  Sieur  de  Frelchincs  &  de  Fontenai  en  Brie, Tréforier 
de  l'tpargne;  &  il  mourut  fort  âgé  en  1599.  laillant  Nicolas 
DE  Neuf  VIL  le  II.  du  nom  ,  Secrétaire  d'Etat.  Celui  ci  épou- 
fa Magdelaine  de  Laubefpine,  fille  de  <  laude.  Sieur  de  ■.  hâteau- 
neuf.  Secrétaire  d'Etat,  &  de  Jeanne  Bochetel  fr  première  femme. 
Je  parle  ailleurs  de  cette  Dame  illuftre  par  ion  efprit.  Ils  eurent 
Charles  de  Neufville  ,  Marquis  d'Alincourt  Sieur  de  Villeroi ,  de 
Magni ,  &c.  Chevalier  des  Ordres  du  Roi ,  Gouverneur  de  la  'Ville 
de  Lyon  &  du  Lyonnois,  Forêts  &  Beaujolois.  Ce  ui-ci  fe  fignala  en 
diverfes  occafions  &  iùr  tout  en  fon  Ambaffade  à  Rome ,  &  il  vomrut  à 
Lyon  le  18.  Janvier  de  l'an  1642.  âge  de  76.  ans.  Il  époufa  en  preuiieres 
noces  l'an  1588.  Marguerite  Mandelot,  Dame  dePaci  ,&c.  fille  unque 
de  François ,  Sieur  de  Mandelot ,  Chevalier  des  Ordres  du  Roi ,  Gou- 
verneur de  Lyon  ,  &  d'Eleonor  Robertet  :  &  en  fécondes ,  l'an  1 596. 
Jaqueline  de  Harlai,  fille  de  Nicolas,  Sieur  de  Sanci ,  Chevalier  des 
Ordres  du  Roi,  &  de  Marie  Moreau.  De  la  première  il  eut  un  fils, 
mort  en  bas  âge  :  Magdeleine ,  première  femme  de  Pierre  Briîlart  Mar- 
quis de  Silleri  &  de  Puilieux  Secrétaire  d'Etat  ;  '-t'  atherine  ,Damede 
Paci,&c.  Dame  d'atour  de  la  Reine  Anne  d'Autriche,  &  femme  de 
Jean  de  Souvré  II.  du  nom,  Marquis  de  Courtenvau,  Chevalier  des  Or- 
dres du  Roi,  morte  en  1657.  Du  lecond  lit,  il  eut  Nicolas  de  Neufvil- 
le III.  du  nom,  qui  fuit:  Charles  Comte  de  Buri,  mort  en  1628.  au 
retour  du  fiege  de  la  Rochelle,  fans  laiffer  des  enfans  de  Françoife  Phe- 
lipeaux-d'Arbaut  fa  femme  :  Camille,  Archevêque  &  Comte  de  Lyon, 
Commandeur  des  Ordres  du  Roi,  Abbé  d'Aifnai,  de  l'Ifle-Barbe,  de 
Foigni ,  &c.  1  ieutenant  Général  au  Gouvernement  de  Lyon  ,  Lyon- 
nois, Forêts  &  Beaujolois,  facrée  dans  l'Eglife  îvlèl^opole  de  Saint  Jean 
de  Lyon  ,1e  29.  Juin  1654.  &  mort  le  3,  Juin  i693.Ferdinand,  Evêquedc 
Saint  Malo  ,  en  1644.  puis  de  Chartres  en  1657.  Abbé  de  Saint  Van- 
drille  de  Belleville  ,  de  Mauzac ,  &c.  Lion-François  Chevalier 
de  Malte,  Commandeur  de  Saint  Jean  de  l'Ifle  &  Mettre  de  Camp 
du  Régiment  Lyonnois,  tué  au  fiege  de  Turin  l'an  1639.  ht  Marie  de 
Neufville ,  qui  époufa  en  premières  noces  Alexandre  de  Bonne,  Comte 
de  Tâllart,  &  en  fécondes  Louis  de  Cham plais, Marquis  de  Courcel- 
les.  Lieutenant  Géneralde  l'Artillerie  de  France.  Nicolas  de 
Neufville  III.  du  nom,  Duc  de  Villeroi,  Pair  &  Maréchal  de 
France,  Marquis  d'Alincour,  Sieur  de  Magni,  &c.  Chevalier  des 
Ordres  du  Roi  &  Gouverneur  de  la  Ville  de  Lyon ,  &  du  Lyonnois ,  Fo- 
rêts &  Beaujolois ,  fut  élevé  enfant  d'Honneur  auprès  du  Roi  Louis 
XIII.  &  rcçri  en  furvivance.  Gouverneur  de  Lyon,  l'an  i6iç.  11 
fuivit  le  Maréchal  de  Lefdiguieres  en  Italie,  où  il  fe  trouva  aux  fieges  de 
Feliffan,  de  la  Roque,  8cc.  l'an  mil  fix  cefis  dix-fept  :  puis  à  fon  retour 
en  France,  il  fer  vit  encore  à  celui  de  Saint  Jean  d'Angeli  en  mil  fix 
cens  vingt-un.  11  commanda  im  Régiment  d'Infanterie  au  fiege  de 
Montauban,  &  un  Corps  de  fix  mille  hommes,  à  celui  de  Mont- 
pellier. Après  la  prife  du  pas  de  Suze  ,  il  y  fut  laiffé  avec  huit  mille  hom- 
mes ;  &  il  fervit  au  Combat  de  Carignan.  En  mil  fix  cens  trente- 
'trois  il  commanda  à  Pigncrol  &  à  (  azal  jufqu'en  mil  fix  cens  tren- 
te cinq ,  qu'il  fe  trouva  au  fiege  de  Valence  ;  l'année  d'après  il  fut  à 
celui  de  Dole  dans  la  Franche-Comté ,  où  il  prit  diverfes  places.  En- 
fuite  il  conduifit  le  corps  d'Armée  qu'il  commandoit  au  fiege  de  Tu- 
rin, en  1640.  Il  fervit  en  1644.  en  Catalogne ,  puis  en  Lorraine,  &  on 
le  choifit  en  1646.  pour  être  Gouverneur  de  la  perfonne  du  Roi  qiiile  fit  ■ 
Maréchal  de  France  ,1e  20.  Oftobre  de  la  même  année.  M.  de  Villeroi 
repréfenta  la  perfonne  du  Grand  Maître  au  Sacre  de  fa  Majefté,  qui  le  fit 
Chef  de  fon  Confeil  Royal  des  Finances  en  1 66 1 .  Chevalier  du  SaintEfprit 
en  1662.  &  Duc  &Pair  le  15.  Décembre  1663.  llépoufaeniôn-  Ma- 
deleine de  Crequi ,  Dame  de  Mions ,  Chaponai ,  &c.  féconde  fille  de 
Charles ,  Sire  de  Crequi ,  Duc  de  Lefdiguieres ,  Pair  &  Maréchal  de 
France ,  Se  de  Madelaine  de  Bonne  fa  première  femme.  Cette  Dame 

C  3  '     mourut 


zz  NEU. 

mourut  à  Paris,  le  3i.Janvieri67î.  Leurs  enf.ins  ont  été  Charles,  Mar- 
quis d'Alincourt.mort  le  25.  Janvier  1645.  âgé  d'environ  dix-neuf  ans: 
François,  Duc  de  Villeroi,qui  fuit  :  Françoife  de  NeufviUe ,  mariée  en 
premières  noces  avec  Jult-Louïs ,  Comte  deTournon  ,fecondementa 
Henri- Louis  d'Albert  dit  d'Ailli  ,  Duc  de  Chaulnes,  Vidame  d"A- 
miens,&c.  &  en  troifiémes  à  Jean  Vignier,  Marquis  d'Hauterive;  Et 
Catherine  de  NTeufvilIè ,  mariée  lefeptiéméOâobre  1 660.  avec  Louis  de 
Lorraine ,  Comte  d'Armagnac ,  Grand  Ecuy  er  de  France.  François 
DE  Neufvi'lie,  Duc  de  Vilkroi ,  reçu  en  furvivance  du  Gouver- 
nement de  Lyon,  &c.  Collonel  du  Régiment  Lyonnoisi  &c.  fe  trouva  au 
combat  de  Raab  en  Hongrie,  donné  contre  les  Turcs  en  1664.  Ilfuivit 
l'an  1668.  le  Roi  à  la  conquête  de  la  Franche-Comté,  où  il  fediftingua 
à  la  prife  de  Dole.  Depuis  il  fervit  quelque  tems  à  l'Armée  de  l'Evêque 
de  Munfter ,  &  il  s'eft  fignalé  en  diverfes  ocçalions  durant  les  dernières 
guerres,  où  il  a  commandé  avec  beaucoup  de  prudence  &  de  bonheur. 
Il  époufa  le  vingt  -  huitième  Mars  mil  fix  cens  foixante-deux  i  Marie- 
Marguerite  de  Cofle, fille  de  Louis,  Duc  de  Briflàc,  &  de  Catherine 
de  'Gondi ,  dont  il  a  eu ,  entre  autres  enfans ,  François ,  Marquis  d'Alin- 
court:  Camille,  mort  en  bas  âge,  le  feptiéme  Juillet  1671.  Made- 
leine, &c.  ♦  De  Thou,  Hifoir.  Mémoires  de  Sulli,  Mémoires  de  "Ville- 
roi ,  Davilla,  &c.  fiifioh:  Matthieu  &  Perefixe,  Hijîo'tr.  de  Henri  IV. 
Dupleix,  Hi/?o;V.  Fauvelet-Du-Toc ,  H(/2oir.  des  Secret. d'Etat.  Godefroi 
&  le  P.  Anfelme ,  Hiji.  des  Ôffic.  de  la  Cour.  Mezerai ,  &c. 

NEUFVILLE  (  Kficolas  de  )  Sieur  de  Villeroi ,  d' Alîncourt ,  de 
Magni,&c.  Confeiller,  &  Secrétaire  d'Etat  &  Grand  Tréforier  des  Or- 
dres du  Roi, s'eft  rendu  confidérable  parfesfervicesiraportansfousqua- 
tre  de  nos  Rois.  Dès  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  fe  diftingua  par  fa  pruden- 
ce &  par  fon  efprit;  &  de  Laubefpihe  Secrétaire  d'Etat,  un  des  plus 
habiles  'hommes  de  fon  tems ,  le  choifit  èpur  être  fon  gendre.  Cette 
alliance  &  fon  mérite  lui  aquirent  l'eftime  de  la  Reine  Catherine  de  Me- 
dicis,  qui  l'employa. deux  ans  après  dans  les  grandes  affaires:  Car  elle 
l'envoya  d'abord  en  Efpagne,pour  l'exécution  de  quelques  Articles  du 
Traité  de  Gâteau  Cambrefis  ,en  1559.  &  enfuite  à  Rome ,  où  le  Pape 
Pie  IV.  établit  comme^unechofeinconteftableleDroitdepréfcanceque 
nos  Rois  ont  fur  lesautTes  Princes,  &  particulièrement  fur  les  Rois  d'Ef- 
pagne  qui  y  prétendoient.  Ces  commencemeiis  firent  connoître  qu'on 
devoir  efperer  de  grandes  chofes  de  l'habileté  du  Sieur  de  Villeroi.  Le 
Roi  Charles  IX.  le  reçût  l'an   mil  cinq  cens  foixante  -  fept  Secré- 
taire d'Etat,  en  furvivance  de  Laubefpine  fon  bcau-pere , qui  mourut 
le  onzième  Novembre  de  la  même  année.  Dès  le  jour  d'après,  cette 
mort,  il  exerça  cette  Charge,  quoi  qu'il  ne  fût  âgé  que  de  vingt-quatre 
ans.  Son  application  ,  &  fon  intelligence  fuppléerent  au  défaut  des  an- 
nées. 11  avoue  lui-même  dans  fes  Mémoires  que  les  fages  o' prudens 
lonfeils    de    Meljteurs    de    Moi-illier   a'   de  limoges ,  tous  deux  fes  al- 
liez V    les  plus  conpdérahles    dans    Tes   affaires   di  ce  tems- là  ,   lui 
foumijfoient   ce   que   l'expérience   ne  lui   avait  pas    encore  donné,    Le 
premier    étoit  Jean   de   Morvillier  ,    Evêque  d'Orléans  ,    qui  Tut 
Garde  des  Sceaux  de  France  ;  &  l'autre  étoit  Sebaftien  de  Laubefpine , 
Evêque  de  Limoges.  'Villeroi  remplit  fi  bien  tous  les  devoirs  de  fa 
Charge ,  &  il  fut  fi  agréable  au  Roi  Charles  IX.  que  ce  Prince  ne  le  nom- 
rnoit  ordinairement  que  fon  Secrétaire.  11  l'envoya  l'an,  mil  cinq  cens 
foixante-neuf  en  Allemagne  pour  y  régler  les  Articles  dé  fon  mariage 
avec  Elizabeth  d'Autriche ,  fille  de  1  Empereur  Maximilien  II.  &  il  l'em- 
ploya dans  les  affaires  les  plus  importantes  &  les  plus  délicates  de  fon 
tems.  Auffi ,  De  Thou  remarque  fort  bien  que  ce  Roi  déferoit  beau- 
coup à  la  prudence  &  à  la  fidélité  de 'Villeroi,  qu'il  fit  recommander  en 
mourant  au  Roi  Henri  III.  fon  frère,  lui  marquant  èxprefTément-; 
Qu'il  croyoit  n'être  pas  moins  obligé  de  lui  faire  cette  recommanda- 
tion,  par  l'affeélion  qu'il  avoit  pour  lé  bien  de  l'Etat,  que  parlarecon- 
noiflance  qu'il  devoir  aux  fêrvices  d'un  fi  fidèle  Miniftre.  Henri  III. 
continua  à  fe  fervir  de  lui.  Il  lui  communiqua  fes  defTeins ,  &  particuliè- 
rement celui  qu'il  avoit  d'inftituer  l'Ordre  du  Saint  Efprit,  laiiTant  au 
Chancelier  de  Chivérni  &  à  lui  le  foin  de  drelTer  les  Statuts  de  cet  Ordre , 
dont  il  lui  donna  la- Charge  de  Grand  'Tréforier,  à  la  première  promo- 
tion, le  trentième   Décembre  mil   cinq   cens  foixante-dix-huit.  Le 
Roi  avoit  encore  employé  le  Sieur  de  'Villeroi  à  faire  revenir  à  la  Cour 
le  Duc  d'Alençon  &  le  Roi  de  Navarre  ,  qui  en  étoientfortis  en  cachette 
pour  s'aller  mettre  à  la  tête  dès  Huguenots.  ïl  reliffitheureufement  en 
tout  ce  qu'il  entreprit.   Cepen4ant  le  pouvoir  des  favoris  lui  fit  tort  à 
lui  &  l  tous  lesbonsConfeillersduRoi.  LêDùcd'Efpernonquiétoitde 
ceux-là  traita  affez  mal  le  Sieur  de  Villeroi  dans  le  Confeil  même.  Ce 
fut  en  mil  cinq  cens  quatre-vingts  huit.  L'année  d'après  le  Roi  lui 
commanda  de  forfir  de  la  Cour.  Le  Chancelier  de  Chiyerni ,  Pom- 
pone  de  Bellievre,  Suf-Intcndant  des  Finances,  &  Pinard,  Secrétaire 
d'Etat ,  reçiirent  un  même.ordre.  Ce  fut  un  peu  avant  le  voyage  de  Blois, 
où  M.  de  Guife  fut  tué.  Ce  malheur  fut  fuivi  de  la  révolte  de  Paris,  & 
de  la  mort  funefte  dii  Roi.  Nicolas  de  Neufville  fe  vint  jetter  dans 
Paris ,  &  quoi  que  du  parti  de  la  Ligue  ,il  s'employa  néanmoins  très- 
utilement  pour  éluder  les  delfeins  des  Efpagnols  &  pour  faire  reconnoî- 
tré  le  Roi  Henri  IV.  La  Conférence  de  Surene  qu'on  devoir  à  fes  foins, 
&  fes  négociations  fecrettes  avancèrent  la  converfion  du  Roi  SclaPaix 
que  ce  Prince  fit  avec  fes  fujets,  en  mil  cinq  cens  quatre  vingt  treize. 
L'année  d'après  il  remit  le  Sieur  de  Villeroi  en  la  Charge  de  Secrétaire 
d'Etat,  qui  vaqua  parla  mort  du  Sieur  de  Revol ,  arrivée  au  mois  de  Sep- 
tembre. Alors  il  fe  vit  dans  le  même  crédit  oùil  avoit  été  auparavant ,  & 
il  fit  connoître  le  befoin  qu'on  avoit  dans  l'Etat  d'une  perfonne  de  cette 
expérience  &  de  ce  ftiérite.  Il  eutaulfi  part  aux  principales  négociations 
de  fon  tems.  Il  commença  en  1598.  celles  de  la  Paix  de  Vervins,par 
les  Conférences  qu'il  eut  fur  la  frontière  avec  le  Préfident  Richardot. 
En  mil-fix-cers  il  traita  avec  le  Duc  de  Savoye  pour  la  reftitution 
■  du  Marquifat  de  Saluccs;&  en  mil-fix-cens-fix ,  dans  la  réfolution  où  le 
Roi  étoit  d'entreprendre  le  voyage  de  Sedan ,  il  s'avança  jufques  à  Ter- 
ci  pour  conférer  avec  le  Waréchalde  Bouillon;  &  il  tourna  fi  bien  fon 
efprit  qu'il  l'obligea,  par  les  raifons  de  fon  devoir  &  de  fon  intérêt, 
à  fe  foûmettre  à  un  Monarque  qui  étoit  le  meilleur  maître  du  monde. 
Toutes  les  autres  années  de  ce  règne  font  fignalées  par  les  fêrvices  de  M. 
de  Villeroi.  Le  Roi  çnétoittrès-perfuadéjauflîparlantunjourdeMM. 


NEU.  NEW. 

de  Sulli, de  Silleri  &  de  Villeroi, il  dit  ces  mots  du  dernier,  ffiuanp  as 
troifiéme  il  a  une  grande  routine  ey  une  connoijfance  entière  aux  affai- 
res qui  ont  pajfé  de  fon  tems ,  efquelles  il  a  été  employé  des  fa  premiè- 
re jeunejft  plus  que  nul  des  deux  autres;  t'ignt  grand  ordre  en  l'admi- 
mflrat'iou  de  fa  Charge  v  en  la  diflrihution  des  expéditions  qui  ontàpaf- 
fer  par  fes  mains  ,  a  le  cœur  généreux,  ntfl  nullement  adonné  à  T  avari- 
ce, CP' fait  paroitre  fon  habileté  en  fon  filenc'e ,  ej/ grande  retenue  à  par- 
ler en  public.  Après  la  mort  de  Henri  le  Grand,  en  1610.  la  Reine 
Marie  de  Medicis  confîdéra  d'abord  Villeroi  comme  un  des  plus  fermes 
appuis  de  fa  Régence,  &  comme  un  des  plus  fidèles  Miniftres  du  Roi 
fon  fils.  Elle  continua,  auffi  à  lui  confier  la  conduite  des  plus  confidéra- 
bles  affaires  de  l'Etat.,  Il  s'en  aquitta  avec  fon  affeiflion  ordinaire.  Dans 
la  fuite  le  Maréchal  ÂAncre ,  qui  avoit  recherché  fon  alliance ,  le  mit  mal 
dans  l'efprit  de  la  Rejue.  Nicolas  de  Neufville  fe  retira  à  fa  Maifon  de 
Conflans  en  1614.  Il  revint  peu  apjès  à  la  Courd'une  manière  qui  lui  fut 
bien  glorieufe.  Car  l'AfiTemblée  des  Etats,  qui  fe  tenoit  alors  à  Paris, 
ayant  fait  quelque  bruit  fur  un  éloignement  fi  extraordinaire  ;.&  fur  le 
tort  que  l'on  faifoit  aùRôi.en  lui  ôtant  un  fi  fidèle  Mini(lre,.la  Reine 
le  rappella  d'abord  &  le  remit  dans  le  Confeil.  L'année  d'après  il  conclut 
le  Traité  de  Loudunavecle  Prince  de  Coridé.  LeMaréchald'Anaequi 
ii'y  trouva  pas  fon  compte,  lui  fit  de  nouveau  des  affaires  qui  l'obligèrent 
de  s'éloigner  de  la  Couf.  Après  la  mort  de  ce  Favori ,  le  Roi  témoi- 
gna qu'il  vouloit  avoir  auprès  de  lui  les  bons  ferviteurs  de  fon  père.  Ce 
font  les  termes  de  ce  Prince,  Il  fit  venir  au  Louvre  Villeroi  &  lui  r,emit, 
comme  auparavant,  le  foin  de  fes  plus  importantes  affaires.  Mais  peu 
après  le  zélé  qu'il  avoit  de  les  faire  reùffir  heureufement  pourlefervice 
du  Roi ,  l'ayant  engagé  à  fuivre  ce  Prince  en  Normandie ,  il  y  mourut  d'u- 
ne relaxation  de  boyau,  le  douzième  Novembre  de  l'an  161 7.  âgé  de  74. 
ans.  Ce  fut  dans  létemsqu'ontenoitl'AflembléedesNotablesà  Rouen. 
Cinquante-iix  années  de  fervice  fous  quatre  denos  Rois  lui  avdient  don- 
né une  merveilkufe  expérience  des  affaires;  &  lui  aquirent  la  réputar 
tion  d'avoir  été  le  plus  fage  Mihiflre  &  le  plus  habile  Politique  de  fon 
Siècle.  Ilétoitbon  ,  généreuse ,  ami  fidèle  &  qui  ne  manquoit  jamais  au  be- 
foin; &  fe  faifoit  fur  tout  un  grand  plaifir  de  protéger  les  Hommes  de 
Lettres  &  de  vertu,  ^-es  Cardinaux  du  Perron  &  d'Offat  lui  dévoient  leur 
élévation ,  &  fur  .tout  le  dernier ,  que  Villeroi  appeUoit  avec  ràlfon  fon 
Cardinal.  J'ai  parlé  ci-devant  de  fa  femme  &  de  fà  pofterité.  Son  corps 
fut  enterré  dans  une  Chapelle  de  l'Eglife  de  Magni,  où  le  Marquis  d'Ar 
lincourt  fon  fils  fît  iriettre  l'Epitaphe  qu'on  y  voit.  Nous  avons  des  Mé- 
moires fous  le  nom  de  ViUeroi.         .  ....... 

NEUFVILLE  (Nicolas  de)  néà  Lyon,  le  14.  Ôélobre  1589.  fut 
élevé  à  la  Cour  en  qualité.d'fnfant  d'Honneur  du  Roi  Louis  XIII.  & 
dorina  dès  ce  tems-Ià  des  marques  d'une  conduite  &. d'une  prudence 
toute  e}itraordjnaire.  Ce  qui  donna  lieu  à  Sa  Majeflé'defe  fervir  de  kit 
en  plufieurs  emplois  très-importans,où  il  fit  paroître  une  fidélité  inyior 
lable.  En  l'année  jôij.  le  Roi  lui  accorda  la  furvivance  du  Gouverne- 
ment de  Lyon,  du  Lyonnois,  Forêts  &Beaujolois,  que  polTedoit  le  Mar^ 
qiiis  d'Alincourt  fon  pere,&  enfuite  il  lui  donna  le  commandement  dq 
fes  Armées  en  Italie ,  dans  la  Franche-Comté ,  en  Catalogne  &  en  Lorr 
raine.  L'an  1,646.  il  fut  choifipour  Gouverneur  du  Roi  Louis  XI V.  &; 
la  mêmeanhée  il  reçût  le  Bâton  de  Maréchal  de  France,  En  rôôi.SaMar- 
jefté  le  fit  Chef  de  fon  Confei)  des  Finances  ;  en  1661.  Chevalier  delfe? 
Ordres;  &  en  1663.  Duc  de  Villeiroi,&  Pair  de  France.  IlmourutàPà- 
ris,  le  virigt-huitiéfne  Novembre  1685.  . 
MEUHAUSEL.  Cherchez  Newhaufel ,  ci-après.     .     .  -,  .  .  „:^_, 
[NEVITTà,  Conful  avec  Màmertin  l'an  cccLxii. Voyez .<f www» 
MarcelUn  Liv.  ii.J 
NEVIUS.  Cherchez  Nxvius.       .      ...         ...         .;■._,, 

NEUMARK,que  les  Auteurs  Latins  nomment  Novainarchia f'Vtl.i 
lé  de  Tranfl^lvanie,  capitale  des  peuples  appeliez  Cicules. 
NEUMARK,  autre  'Ville  d'Allemagne ,  dans  le  Palatinat  de  Bavière' 
NEU  S.  Cherchez  Nuis.  .       , 

.  NEUSTAT ,  Ville  d'Allemagne ,  en  Autriche ,  avec  Evêché  fon- 
dé par  le  Pape  Paul  II.  en  1468.  &  Suflragant  de  Saltzbourg.  Elle  eft 
affez  agréable ,  fituée  fur  la  Rivière  de  Brifchaw ,  à  fix  lieues  de  Vien- 
ne en  Autriche.  Les  Auteurs  Larins  li  boniment  Nova  CivitàsèzNeO' 
fladtum.     ,      ,      .  .    .  ..   ,        '. 

NEUS'rRÏE  ou  'Weftrie ,  ancienne  partie  du  Royaume  de  France', 
qui  étoit  f  Occidentale  &:  comprenoit  ce  qui  étoit  depuis  la  Saône  &  la 
Meufe  jufques  à  h  Loire  &  l'Océan.  Ce  nom  a  été  commun  aux  Ecri- 
vains du  tems  de  Çharlemagne ,  &  de  fes  fils.  Il  a  été  changé  en  ce- 
lui de  Normandie,  bien  que  cette  Province  ,  telle  qu'elle  etl  aujourd'hui, 
ne  fût  qu'une  partie  de  l'ancienne  Neuftrie,  comme  je  le  remarque 
ailleurs. 

NEUVILLE.  Cherchez  Neufville. 
NE'WCASTEL.  Cherchez  Neufchaftel. 
NE'WENBURG.  Chetchez  Neufchaftel.      ... 

NEWHAUSEL ,  Ville  de  Hongrie ,  que  ceux  du  pa'is  nomment 
Owar,  &  les  Auteurs  Latins  NeofeUum.  Elle  eft  fur  la  Rivière  de 
Neutra  ou  Nitrach ,  à  deux  lieucs.de  Komorre  fur  le  Danube.  Newhau- 
fel eft  une  petite  Ville ,  mais  forte ,  bien  fituée  &  capitale  d'un  grand 
Pa'is.  Les  "rurcs  la  prirent  en  1663.  mais  elle  fut  reprife  le  19.  Août 
1685.  paf  le  Général  Caprara  fous  les  Ordres  du  Duc  Charles  de  Lorr, 
raine;,  après  un  iiege  de  40.  jours,  &  tous  les  ennemis  furent  paiTcz  au  É 
de  l'épée.  .  ■      . 

Elle  eft  bâtie  dans  une  plaine  marécageufe  ,  mais  dont  le  fonds  eft: 
bon  ,  en  forte  qu'on  y  peut  pafler  par  tout.  Elle  eft  fortifiée  en  forme  d'é- 
toille  à  fix  rayons ,  ayant  à  chaque  pointe  un  B.aftion  fort  élevé.  Cette 
Place  eft  entourée  d'un  foflé  rempli  d'eau  ,  d'une  toife&  demie  de  pro- 
fondeur ,  &  de  dix-huit  de  largeur.  Elle  n'a  que  deux  portes ,  &  au  de- 
vant de  chacune ,  il  y  aune  demi-lune  de  terre  paliffadée  fans  autres  de- 
hors qu'un  chemin  couvert.  Le  9. Juillet  1685. le  Prince  Chajlesaccom- 
pagné  des  Princes  de  Conti,  de  la  Roche-fur-Yon ,  de  Commerci.de 
Vaudemont ,  de  Turenne ,  de  Wirtemberg ,  &  de  la  plupart  des  Géné- 
raux de  l'Armée ,  alla  reconnoître  la  Place.  On  tint  eniuite  Confeil  de 
guerre ,  &  il  y  fut  réfolu  qu'on  l'attaqueroit  par  l'endroit  où  les  Turcs 
l'a  voient  attaquée  en  1663.  Le  i6.  Août  il  y  eut  un  combat  près  de  Gran , 

chtre 


N 


NEW.  NIC.  - 

entre  l'armée  des  Chrétiens,  &  celle  du  Seraskier,  quivenoitau  fecours 
de  Neuhaufel.  Les  Turcs  turent  défaits ,  &  les  Impériaux  les  rendirent 
maîtres  du  Camp  de  ces  Infidèles.  On  y  trouva  vingt-trois  pièces  de  ca- 
non, quelques  mortiers,  quantité  de  bombes,  &  autres  munitions  de  guer- 
re, avec  quarante  Etendards.  Le  Sera;|kier  avoit  déjà  fait  prendre  les 
devans  à  une  partie  de  fon  bagage,  &  ainfi  il  fauva  fix  mulets  qui  por- 
toient  Ion  argent.  Pendant  que  le  Prince  Charles  travnilloit  avec  tant 
de  liiccès,  pour  empêcher  le  fecours  de  Neuhaufel ,  le  Comte  Caprara 
mcitoit  tous  fes  foins  à  réduire  cette  Place.  Il  y  donna  l'affaut  le  19. 
jftoàt&  fut  fécondé  par  le  Prince  deCommerci,qui  revenant  de  lalba- 
taille,  arriva  lorfque  les  troupes  commençoient  à  entrerdansla  Ville.  On 
y  trouva  quatre-vingts  pièces  de  canon  de  fonte,  8c  beaucoup  de  muni- 
tions. Le  butin  monta -à  plus  de -deux  millions,  outre  quantité  de  meu- 
bles précieux  &  de  vailTelle  d'argent.  *  Hifioire  des  troubles  de  Hongrie. 
SU  P. 

N:  WPORT ,  Ville.principale  de  l'Ile  de  Wight,  vers  la  côtedeSôut- 
hampton ,  en  la  partie  méridionale  de  l'Angleterre.  Proche  de  cette 
ville  ett  le  Château  de  Caresbrock  ,  qui  y  fert  de  Citadelle.  Ce  fut  là  où 
les  Rebelle^j'arlementaires  d  Angleterre,  tinrent  prifonnier  le  Roi  Charles 
1.  d'où  ils  le  tirèrent  pour  le  faire  mourir  fur  un  échafaut,  par  une 
aftion  digne  de  l'horreur  de  tous  les  fiécles  à  venir.  *Baudrand. 

NI. 

ICAGOR AS ,  Sophifte  d'Athènes,  étoit  fils  de  l'Orateur  Mne- 
fée,&vivoit  dans  le  III.  Siècle,  fous  l'Empire  de  Philippe  &  de 
Decie.  Il  écrivit  quelquesVies  des  Hommes  Illuftres,&c.  Suidas 
en  a  fait  mention. 

NICAGORAS  de  Cypre,  qui  eft  cité  par  Arnobe  &  par  d'autres. 
*Arnobe,  //.  4.  Fulgence ,  li.  1.  Mythol.  lyc. 

NlCAiSK  dit  Du.  VOhRDA  de  Malines,  étoit  en  grande  efti- 
tne  dans  leXV. Siècle.  On  confrderaen  lui,  comme  un  miracle,  qu'é- 
tant aveugle  dès  l'âge  de  trois  ans, il  avoit  connoiffance  des  Sciences  les 
plus  relevées.  Il  fut  Dofteur  de  Louvain ,  &  fit  divers  Ouvrages.  Auffi 
fon  mérite  étoit  fi  g'éneralement  reconnu  ,que  le  Pape  lui  permit  de  fe 
faire  confacrer  Prêtre  ;  il  s'occupoit  à  la  prédication  ,  &  à  entendre  les 
Confeffions.  Nicaifede  Voërda  mourut  en  1491.  Tritheme  parle  de  lui, 
&  Valere  André  en  fait  auffi  mention  dans  la  Bibliothèque  des  Ecrivains 
du  Païs-Bas. 

NICANDRE  ,  Auteur  Grec  ,  fut  non  feulement  Grammairien, 
mais  encore  Poète  &  Médecin.  Il  vivoit  environ  la  CXXXIV.  Olym- 
piade ,  512,.  de  la  Fondation  de  Rome,  du  tems  d'Attalus,furnommé 
Galatonkés,  Roi  de  Pergame,  qui  avoit  défait  les  Gaulois-Grecs.  Sui- 
das dit  qu'il  étoit  fils  de  Xenophanes  de  Colophon  , "Ville  d'Ionie,&ciue 
d'autres  le  faifoient  Etolien  de  nation.  Mais  il  eftalfuré,  par  le  témoigna- 
ge même  de  Nicandre,  qu'il  étoit  de  Claros.  Le  Scholiafte  a  bienaufli 
remarqué  que  le  Poète  nomme  fon  père  Damnée.  Quoi  qu'il  enfoit,  il 
écrivit  divers  Ouvrages  qiri  font  fonvent  citez,  par  les  Anciens,  &  dont 
il  ne  nous  relte  .que  Jheriaca  &  Alexipharmaca.  Nous  avons  des  Epi- 
grammes  à  fa  louange  dans  le  i.  Livre  de  l'Anthologie.  *Ciceron,i/è. 
deOrat.  Macrobe ,  i/è.  5.  Saturn.  c.  21.  Athénée,  Pline,  Suidas,  &c. 
citez  par  Gefner,  in  Bibl.  parVoffius,  lil>.4.  de  Hift.GrM.de Poét.GrM. 
e.S.  zj'de  Philo/,  c.  rr.  §.  36.  Caftellanus,  inVit.Medic.  Lilio  Giraldi, 
Dial.  il,,  de  Po'ét.  Hijl,  Jufte ,  Chron.  Medic.  Vander  Linden ,  de  Script. 
Med.  zs'c. 

NICANDRE  d'Alexandrie,  Hiftorien  Grec ,  qui  écrivit  un  Traité  des 
Difciples  d' Ariftote ,  félon  Suidas.  11  eft  différent  de  N  i  c  a  n  d  r  e  de 
Chalcedoine,  Hiftorien  cité  par  Athénée,  li.  ir. 
_  NICANOR,  Général  de  l'Armée  de  Demetrius  Soter ,  Roi  de  Sy- 
rie ,  fe  rendit  conlidérable  par  fon  courage  &  par  fes  entreprifes.  Il  fut 
envoyé  en  Judée  pour  affifter  Alcime;  mais  fes  deffeins  n'eurent  pas 
unfuccès  favorable.  Dans  un  fécond  voyage  qu'il  fit  quelque  tems  après, 
il  jura  de  ruiner  le  Temple  &la  Ville  de  Jerufalem.  Judas  Machabèe  , 
avec  trois  mille  hommes  feulement ,  s'oppofa  à  fes  deffeins  &  tua  trente- 
cinq  rnille  des  Infidèles ,  avec  ce  Général  impie.  Cela  arriva  l'an  3893. 
du  Monde,  la  CLIV.  Olympiade  &  cinq  cens  quatre-vingts- douze  ou 
quatre-vingts-treize  de  Rome.  *  I.  des  Machabées ,  c.7.  IL  c.  14.  c?-  15. 
Jofeph  ,  li.  II.  Antiq.  c.  17. 

NICANOR  ,  natif  de  l'Ile  de  Cypre  ,  fut  un  des  fept  Diacres 
choifis  par  les  Apôtres.  On  dit  qu'il  prêcha  dans  fon  pais  &  qu'il  y 
fut  martyrifé.  *-A(fles  des  Apôtres,  ch.  6.  Baronius,  in  Annal,  e/ 
Martyr. 

NICANOR  d'Alexandrie  ,  qui  avoit  écrit  l'Hiftoire  d'Alexandre 
le  Grand.  Il  pourroit  être,  fans  doute,'  le  même  que  ce  Leandre  Ni- 
canor  dont  je  parle  ailleurs.  D'autres  doutent, mais  avecpeuderaifon, 
que  ce  ne  foit  Seleucus  N  i  c  a  n  o  r  Roi  de  Syrie.  Caries  Anciens  par- 
lent de  divers  Auteurs  de  ce  nom,  comme  de  Nicanor  Médecin  Grec, 
&c.  *Laaance,  li.ï.de  faUâ  Relig.  cap.6.  Vofrius,&c. 

NICANOR  de  Sariios  Hiftorien  Grec,  qui  a  fait  un  Traité  des 
Fleurs ,  félon  Plutarque.  On  ne  fait  pas  en  quel  tems  il  a  vécu. 

NICARAGUA,  Province  de  l'Amérique  Septentrionale,  dans  la 
Nouvelle  Efpagnc ,  entre  Honduras  &  Cofta  Ricca.  Ses  Villes  font 
Léon  de  Nicaragua,  Grenade,  la  Nouvelle  Segovie  &  Jaën.  On  donne 
auflTi  à  cette  Province  le  nom  de  nouveau  Royaume  de  Léon,  5c  il  y  a  le 
Lac  de  Nicaragua  ,  qui  eft'  très-important.  Ce  Lac  eft  long  de  130. 
lieues.  Il  a  flux  &  reflux,  &  fe  décharge  dans  la  Mer  du  Nort.  On  Fa 
voulu  communiquer  à  celle  du  Sud;  mais  on  a  craint  les  inondations, 
cette  Mer  étant  plus  haute  que  celle  du  Nort.  Le  Nicaragua  fut  d'abord 
noriimé  le  Paradis  de  Mahomet,  à  caufe  de  fa  fertilité  &  de  fes  richef- 
fes. 

NICARAGUA  ,  Province  du  grand  Gouvernement, ou  Parlement 
de  Guatimala,  dans  la  nouvelle  Efpagne  ,  en  l'Amérique  Septentrio- 
nale. Quelques-uns  l'ont  nommée  autrefois ,  Nouveau  Royaume  de 
Leon._  Ce  païs  eft  fertile  en  maiz  ,  mais  il  n'y  croît  point  de  froment. 
Les  pâturages  y  font  excellens,  &  l'on  y  voit  force  bétail, à  lareferve 
des  brebis.  On  y  recueuille  quantité  de  Coton  :  &  les  forêts  y  font  plei- 
nes de  grands  arbres,dontquelques-uus  font  fi  gros  que  quinze  hommes 


NIC.  25 

fe  tenans  par  la  main,  n'en  peuvent  embrafifer  le  tronc.  On  trouve 
des  perles  vers  leCapBlanco  fur  la  mer  du  Sud,  mais  elles  n'ont  pas  une 
beHe  eau,  &  elles  ne  ^irvent  gueres  qu'à  falfifier  les  vrayes,  par  leur 
mélange.  Prefque  tous  les  Sauvages  de  cette  Province  lavent  la  Langue 
Efpagnole,&  font  fort  adroits  dans  les  Arts  mécaniques.  Le  Lac  de  Ni- 
caragua eft  remarquable  par  fon  étendue,  qui  commence  à  trois  ou 
quatre  lieues  de  la  mer  du  Sud  ,  ik  va  jufques  à  la  mer  du  Nord  par  le 
moyen  d'un  grand  Canal  qui  s'y  décharge,  à  l'endroit  nommé  le  Port 
S.Juan:  on  dit  qu'il  a  plus  de  cent  trente  lieues  détour.  Il  nourrit  une 
infinité  de  poifTons ,  &  wi  grand  nombre  de  Crocodiles.  Le  flux  &  re- 
flux s'y  remarque  comme  dans  l'Océan.  La  Ville  principale  de  cette 
Province,  eft  nommée  Léon  de  Nicaragua:  elle  eft  fituée  fur  le  bord 
du  grand  Lac  :  le  Gouverneur  de  la  Province,  &  les  autres  Officiers  du  Roi 
y  font  leur  fcjour  ordinaire.  C'eft  auffi  le  fiege  d'un  Evêque  fuffragant 
de  l'Archevêque  de  Mexique.  A  trois  lieues  de  la  Ville,  on  yoitun  Vul- 
can  fur  une  montagne  fort  haute  ,  qui  jette  le  foir  &  le  matin  une  fu- 
mée épaifl~e,  &  vomit  une  grande  quantité  de  pierres  brûlées.  La  fécon- 
de Ville  de  cette  Province  eftGr3nada,à  feize  lieues  de  Léon.  Les  Efpa- 
gnols  y  cultivent  des  cannes  de  fucre,&  font  d'excellent  vinaigre  des  ce- 
lifcs  qui  y  croiflTent.  A  tèpt  heuës  de  Granada ,  on  trouve  encore  un. 
Vulcan,dont  le  fommet  ne  laiftè  pas  d'être  couvert  de  plufieurs  arbres 
fruitiers.  *  De  Laët ,  Hiftoire  du  Nouveau  Monde. 

NICARIA,  Ifle  de  l'Archipel  vers  l'Afie,  étoit  anciennement  ap- 
pellée  Icaria.  Elle  regarde  au  Levant  Samo ,  au  Couchant  Nazia ,  au  ' 
Nord  Chio,  &  au  Sud  Patmos,!fles  fameufes  de  la  même  mer.  Son 
circuit  n'eft  que  d'environ  40.  milles ,  "&:  elle  eft  beaucoup  plus  longue 
que  large.  Il  y  avoit  un  Temple  nommé  Tauropolion,confacré  à  Dia- 
ne. Paufanias  dit  qu'elle  eut  le  nom  de  Macris ,  (c'eft-à-dire  longue,  en 
Grec)  puis  celui  de  Pergame,  &  enfuite  celui  d'Icaria,  à  caufe  d'Ica- 
re fils  de  Dédale, qui  tomba  dans  la  mer  en  cet  endroit.  Le  terroirdc 
l'Ille  elï  bon,  s'il  étoit  bien  cultivé,  rftais  les  liabitans  négligent  de  le  faire 
valoir ,  parce  que  les  Corfaires  les  viennent  Ibuvent  piller.  Sur  la  côte 
qui  regarde  l'Orient,  il  y  a  une  haute  tour  où  l'on  tient  du  feu  allumé 
toute  la  nuit  pour  fignal ,  à  ceux  qui  courent  ces  mers ,  de  ne  pas  aller 
heurter  contre  des  écueils  dangereux  qui  font  entre  cette  Ifle  8c  Samo. 
Depuis  environ  deux  fiécles  que  les  Turcs  l'ont  Ôtée  aux  Juftiniani  de 
Gènes,  à  qui  elle  appartenoit  avec  l'Ifle  de  Chio,  elle  eft  fous  leSangiac 
ou  Gouverneur  de  Gallipoii.  Elle  avoit  une  Ville  de  même  nom,  qui  étoit 
le  fiege  d'un  Evêque  fuffragant  de  Rhodes.  Ch.  Becman  ,  Hifi.  inful. 
cap.  5. 

NICASTRO  ,  que  les  Latins  nomment  Nicaflrum  ou  Neocaflrum, 
Ville  du  Royaume  de  Naples  dans  la  Calabre Ultérieure', avec  Evêché 
fuffragant  de  Reggio.  Cette  Ville  eft  perite ,  fituée  au  pied  du  Mont 
Apennin ,  à  cinq  ou  fix  milles  de  la  Mer. 

NICAULIS,  Reine  d'Egypte  &  d'Ethiopie.  Jofeph  eftime  que  c'eft 
cette  Reine  de  Saba ,  à  laquelle  quelq«iès-uns  donnent  le  nom  de  Ma- 
keda ,  qui  ayant  ouï  parler  de  la  Sageffe  de  Salomon ,  vint  vers  l'an 
trois  mil  quarante-fix  du  Monde  ,  du  fond  du;  Midi  à  Jerufirlem  , 
pour  reconnoître  fi  tout  ce  qu'on  difoit  de  ce  jeune  Prince  étoit 
véritable.  Quelques  Auteurs  ont  eftimé  qu'elle  venoit  de  l'Arabie  Heu- 
reufe.  Province  affez  proche  de  la  Paleftine;  mais  d'autres  foûtien- 
nent  qu'elle  venoit  d'Ethiopie,  au  delà  de  la  Mer  Rouge.  Quoi  qu'il 
en  foit ,  il  eft  bien  difficile  de  rien  dire  d'affuré  fur  ce  fujet.  L'Ecriture 
dit  qu'après  qu'elle  eut  vii  la  magnificence  de  ce  Roi ,  Se  qu'elle 
eut  remarqué  la  fageffe  de  fes  difcours,  fa  pénétration  dans  les  chofes  les 
plus  cachées ,  l'ordre-  de  fa  Maifon ,  8c  le  nombre  de  fes  Officiers ,  elle 
étoit  ravie  en  admiration:  ce  qu'elle  témoigna  à  Salomon  par  des  dif- 
cours très-obligeans ,  eftimant  heureux  ceux  qui  avoient  l'avantage  de 
vivre  auprès  de  lui.  Elle  fit  de  riches  préfens  à  ce  Prince,  fix-vingtsta^ 
iens  d'or,  qui  font  près  de  huit  millions  de  livres,  des, perles  très-pré- 
cieufes,  8c  grand  nombre  de  parfums.  Après  avoir  avoué  que  Salomon 
inéritoit  d'être  confideré  comme  la  merveille  de  fon  Siècle, elle  fe  re- 
tira comblée  dejoye  de  tout  ce  qu'elle  avoit  vu  Se  ouï,  8c  ce  Prince 
lui  donna  des  préfens  beaucoup  plus  précieux  que  n'étoient  ceux  qu'elle 
lui  avoit  offerts.  *III.  des  Rois,  ch.  10.  II.  des  Paralipomenes,  ch,  9, 
jofeph,  liv.  8.  Antiq.  c.  2. 

a5*  Quand  je  rapporte  le  fenriiuent  de  Jofeph  au  fujet  du  nom  qu'il 
donne  à  cette  PrincefTe ,  qu'il  prétend  être  la  Reine  de  Saba:  je  n'ai  pas 
deffein  de  le  propofer  comme  une  opinion  affurée.  Je  fai  qu'Abulenfîs 
a.un  fentiment  oppofé  à  celui-ci;  8c  je  fuis  perfuadé  en  mon  particulier, 
que  la  Reine  de  Saba  qui  fut  rendre  vifite  à  Salomon ,  pouvoir  être  def- 
cenduë  d'Abraham,  parCethura;  comme  je  le  remarque  ailleurs:  ce 
que  les  Curieux  pourront  voir  dans  les  Auteurs  que  je  cite.  *Origene, 
Hom.ij.inGenef.  Baronius,  A. Ci.  Torniel,^.  Af.  3043.».  13  C7'i4. 
Abulenfis,  inc.  ro.  3.  Reg.q.l.crc.ç.lib.z.  Parai,  q.i. 

NICE,  Ville  de  Provence,  au  DucdeSavoye,  avec  titre  de  Comté  8î 
Evêché  Suffragant  d'Ambrun.  Les  Anciens  Auteurs  Latins  l'ont  nom- 
mée diverfement  Nicea ,  Nicaa ,  Nica ,  Nicia ,  8c  les  Grecs  ntxaix. 
Elle  a  aufll  eu  d'autres  noms,  comme  zt\aià.<iBelianda,  8c les  Italiens 
lui  donnent  aujourd'hui  celui  de  Nizza,  Son  nom  primitif  qui  veut 
dire  Vidloire ,  lui  fut  donné  par  les  Marfeillois ,  qui  en  font  les  Fonda- 
teurs; 8c  qui,  félon  toutes  les  apparences,  la  bâtirent  après  avoir  rempor- 
té quelque  victoire  fur  les  Liguriens.  11  eft  pourtant  afliiré  que  la  Vflle 
deNicen'étoitpas  fi  confidérabledans  fes  commencemens;  8c  qu'elle  ne 
s'eft  augmentée  que  fur  les  ruines  de  Cimelle  ou  Cemelle,qui  étoit  la 
capitale  des  Vediantiens,&  le  Siège  de  l'Evêché,  qu'on  transfera  à  Nice, 
comme  je  le  dis  fous  lenomdeCemelle.'  Quant  à  Nice,  elle  fut  premiè- 
rement Colonie  des  Marfeillois;  enfuite  elle  a  été  foûmife  aux  Rois 
de  Bourgogne,  8c  aux  Comtes  de  Provence;  8c  enfin  elle  eft  pafTée  Ibus 
la  domination  des  Ducs  de  Savoye.  Les  peuples  de  Nice  avoient  fouvent 
tâché  de  fecouer  le  joug  de  l'obéiflance  qu'ils  dévoient  auxCo.ntesde 
Provence  leurs  Souverains.ce  que  les  Hiftoriens  de  cette  Province  prou- 
vent par  la  guerre  que  leur  firent  Raimond  Berenger  III.  en  mil  cent 
foixante-fix ,  &c  Raimond  Berenger  V.  en  mil  deux  cens  vingt-neuf. 
Amé  ou  Amedée  VII.  ufurpacePaïs  à  Jeanne  Comteffe  de  Provence, 
dans  le  tems  qu'elle  étoit  occupée  aifleurs,  durant  les  Troubles  du  Royau- 
me de  Naples.  Ils  n'ont  pu  pallier  leur  ufurpation.  Mais  ils  diiènt  que 

leurs 


24 


NIC. 


leurs  droits  fur  ce  Comté,  font  fondez  fur  une  ceffioti ,  qu'ils  prétendent  i 
leur  avoir  été  faite  en  mil  quatre  cens  dix-huit,  où  mil  quatre  cens  dix- 
neuf  par  loland ,  mère  &  tutrice  de  Louis  III.  Comte  de  Provence ,  & 
Roi  de  Naples ,  qui  laifla  Nice  pour  une  prétention  de  cent  foixante 
mille  livres,  qu'Ame  de  Savoyediioit  lui  être  dûë.  Cependant  les  Dépu-  \ 
tez  de  nos  Rois  leur  ont  fait  voir  en  diverfes  occafions  que  ce  droit  ell  | 
imaginaire,  &  qu'Ioland  ne  pouvoir  pas  céder  Nice, quand  même  les  ; 
prétentions  du  Duc  de  Savoye  auroient  été  raifonnables.  Cette  Ville  eft 
belle  &  marchande.  Il  y  a  un  des  Souverains  Sénats  du  Duc  de  Savoye, 
&  un  Château  des  plus  forts  de  l'Europe.  Auffi  la  Ville  ayant  été  prife 
par  l'Armée  du  Roi  François  I.  conduite  par  François  de  Bourbon , 
Comte  d'Anguien,&par  les  troupes  du  Turc  fous  BarberoufTe,  le  lo. 
Août  1543.  le  Château  ne  pût  être  pris.  Le  fapePaul  III.  étoit  venu 
l'an  1538.  à  Nice,  où  fe  fit  l'entrevûë  du  même  Roi  François  1.  &  de 
l'Empereur  Charles  V.  avec  une  trêve  pour  dix  ans,  le  18.  Juin.  Louis 
XIV.  prit  Nice  l'an  1691.  Nice  eft  une  belle  Ville.  L'Eglife  Cathédrale 
eft  dédiée  à  Ste  Reparée  ou  Reparate.  Il  y  a  encore  trois  Paroifles,  un 
Collège,  &  diverfes  Maifons  Religieufes.  Le  Comté  de  Nice  eft  divifé  en 
Vicariat  de  Nice,  Vicariat  de  Barcelone,  Vicariat  de  Sofpello,  &:  Vicariat 
de  Fuerin  ;  &  a  encore  Ibus  foi  les  Comtez  de  Bueil  &  de  Tende.  La 
Ville,  fituée  dans  une  campagne  extrêmement  fertile,  eft  au  pied  des 
Alpes.&aubord  de  la  Mer,entre  la  Rivière  du  Var&  Ville-Franche,  qui 
eft  le  Port.  Au  relte.r  Amphithéâtre,  les  Infcriptions&  les  autres  Monu- 
niens  qu'on  voit  en  cette  Ville, font  des  témoignages  de  fon  antiquité. 
Pierre  Jofred  en  a  écrit  l'Hittoire.François  Raftni  dit  Martininguc,Evêque 
de  Nice,  publia  en  mil  fix  cens  vingt  des  Ordonnances  Synodales.  *Pto- 
lomée,  tab.  3.  Eur.  Strabon,  liv.  4.  Pline,  liv.  5.  ch.  4.  Pomponius 
Mêla,  li.z.e.4.vc  Pierre  Jofred ,  in  Nic£.iCivit.  Ferdinand  L'ghel , 
Tom.  IV.  Ital  Sacre.  Sainte  Marthe ,  Tom.  m.  Gall.  Chrift.  François- 
Auguftin  de  la  Chiefa  ,  in  Chron  Epifc.  Sabau  c?  Corona  Regiâ.  Guiche- 
non,  Hifi.  de  Savoye,  Vincent  BaTralis ,  in  Chron.  Lirin.  Rufi,Hift.des 
Com.deProv.  Nottradamus  &  Bouche,  Hili.de  Prov.  Caftan  &  du  Pui, 
ncch.  des  droits  de  France,  Uomguts,  furies  Statuts  de  Prov. &c.  Cher- 
chez Cemele. 

NICE  de  la  Paille,  Ville  d'Italie,  dans  le Montferrat.  Ceux  du  païs 
la  nomment  Nizzadetta  Paglia.  Elle  eftentre  Aft&  Aqui,&  elle  louf- 
frit  beaucoup  durant  les  guerres  d'Italie.  Cherchez  aufli  Nifte. 

[NICEAS,  Evêque  de  Romaciane,  dans  la  Mefte  fuperieure ,  au 
commencement  du  cinquième  Siècle.  Il  ne  nous  refte  aucun  de  fes 
Ecrits ,  fur  lefquels  on  peut  confuker  Genmde.~] 

NICEE,  Ville  de  Bithynie  dans  l'Afie  Mineure.  Antigonus  fils  de 
Philippe  en  Fut  le  Fondateur,  &  la  nomma  Antigonie,  nom  que  depuis 
Lyfimachus  lui  changea,  pour  lui  faire  porter  celui  de  Nicée,en  l'hon- 
neur de  fa  femme  Nicea ,  fille  d'Antipater.  Pline  la  nomme  Oll>ia,&c 
Etienne  de  Byzance  Ancore.  On  lui  donne  aujourd'hui  le  nomd'Ifhich, 
de  celui  d'un  grand  Lac  voilin.  Il  eft  vrai  que  Leunclavius  la  nomme 
Nichor,  &  Sophien  Nichea.  Quoi  qu'il  en  foit,  cette  Ville,  qui  étoit  Mé- 
tropole de  Bithynie ,  riche  &  grande ,  a  été  plus  célèbre  par  fes  deux  Con- 
ciles Généraux ,  dont  je  vais  parler,  que  par  tous  fes  autres  avantages. 
*  Strabon, /.li.  Pline,/.5.c.»/f.  Etienne,  deUrbib.  Sophien,  &c, 

I,  Concile  Général  de  Nicée. 

L'hérefie  d'Arius  fut  le  fujet  de  la  convocation  de  ce  L  Concile  Gé- 

neral.affembléen  trois  cens  vingt-cinq  fous  le  Pontificat  de  faintSilveftre, 
&  l'Empire  de  Conftantin  le  Grand.  Ce  Prince  avoit  écrit  à  Arius ,  & 
n'avoit  rien  oublié  pour  s'oppofet  à  fes  erreurs  ;  mais  voyant  fes  foins 
inutiles,  il  crût  devoir  ufer  d'un  plus  grand  remède,  pour  arrêter  le  cours 
d'un  fi  grand  mal.  Soit  que  ce  fût  à  la  perfuafion  d'Ofius  de  Cordouë 
&  d'Alexandre  d'Alexandrie,  comme  quelques-uns  le  difent;  foit  que 
ce  fût  de  fon  propre  mouvement,  il  le  perfuada  qu'un  Concile  compofé 
d'Evêquesde  toutes  les  parties  du  Monde,  étoit  l'unique  moyen  ^ui lui 
reftoit  pSur  réunir  toute  l'Eglife  fous  une  même  créance.  Ainfi  il  écrivit 
aux  Prélats  de  toutes  les  Provinces  de  l'Empire,  des  Lettres  très-refpec- 
tueufes ,  par  lefquelles  il  les  prioit  de  fe  trouver  à  Nicée ,  pour  un  jour 
qu'il  leur  marquoit.  Et  afin  qu'ils  s'y  pùffent  rendre  plus  commodé- 
ment, il  donna  ordre  qu'on  leur  fournît  des  voitures,  tant  pour  eux  que 
pour  ceux  qui  lesaccompagneroient  dans  ce  voyage.  11  en  vint  de  toutes 
les  Provinces  ,&  le  nombre  en  monta  jufqu'à  trois  cens  dix-huit.  Ofius 
de  Cordouë  ,  Vitus  &  Vincent  Prêtres  de  l'Eglife  de  Rome,  y  vinrent 
Légats  de  la  part  du  Pape  Silveftre  ;  foit  qu'ils  y  préfidaflentenfon  nom, 
comme  lèvent  le  Cardinal Baronius  ;  foit  qu'ils  y  tinffent  feulement  fa 
place,  comme  l'afllirent  Gelafe  de  Cyzique,  Photius  &  plufieurs  autres. 
Les  principaux  Evêques  qui  compofoient  cette  illuftre  afl'emblée, 
étoientConfelfeursde  Jesus-Christ,  &  ils  en  portoient  les  marques  fur 
le  corps.  On  y  vit  Alexandre  d'Alexandrie  avec  fon  Diacre  Athanafe,  qui 
eft  fi  renommé  dans  l'Eglife ,  Euftathiusd'Antioche,  Macaire  de  Jeru- 
falem ,  Paphnuce  de  la  haute  Thebaïde  ,  Potamon  d'Heraclée  fur  le 
Nil ,  Jaques  de  Nifibe ,  Afclepe  de  Gaze,  Amphion  d'Epiphanie,  Léon- 
ce de  Cefarée ,  Nicolas  de  Mire ,  Cecilien  de  Carthage ,  &  divers  au- 
tres illuftres  Prélats.  Arius  y  eut  auffi  des  Partifans;  il  eft  vrai  qu'ils  y 
étoient  en  petit  nombre.  Us  voulurent  pourtant  troubler  le  Concile,  en 
accufantde  crime  les  Evêques  Catholiques;  mais  l'Empereur  fit  brûler 
leurs  libelles  diffamatoires.  L'AflTemblée  fe  tint  dans  le  Palais  Impérial  ; 
&  ce  fut  environ  le  dix-neuviéme  Juin  de  l'an  325.  qu'on  fit  l'ouverture 
du  Concile.  Conftantin  y  entra  vêtu  de  pourpre  &  tout  couvert  d'or  : 
11  prit  fa  place  au  milieu  des  rangs  des  Evêques;  &  ne  voulut  point  être 
afÉs, dansun  trône, biffant  cet  honneur  à  l'Evangile  de  Jesus-Christ. 
Ce  Prince  y  fit  un  très-beau  difcours,  par  lequel  il  déclara  publiquement 
qu'il  ne  lui  appartenoit  pas  de  juger  des  queftions  de  la  Foi ,  &  qu'il  en 
laiffoit  la  décilion  aux  bvêques.  Arius  entra  auffi  dans  le  Concile;  il  y 
parla  avec  toute  liberté,  &  y  prononça  d'horribles  blafphemes.  Mais  il  y 
fut  convaincu  par  les  Evêques ,  &  particulièrement  par  faint  Athanafe  ; 
&,nnfi  fes  erreurs  y  furent  condamnées,  auffi  bien  que  fes  Ouvrages,  & 
fur  tout  fon  Livre  intitulé  Thalie.  On  y  établit  la  Confubiîantialité  du 
Verbe,paruneProtefriondeFoi  ou  Symbole,  qui  y  fut  dreffé  par  ordre 
même  du  Concile ,  qui  fit  auflî  un  règlement  touchant  la  Fête  de  Pâ- 


NIC. 

ques,  ordonnant  de-lâ  célébrer  en  un  même  jour.  Eteh  effet, ce  Concile 
avoit  été  convoqué  pour  deux  motifs,  dont  l'un  qui  regardoit  la  doftri- 
ne,  étoit  la  necefTité  de  s'oppofet  aux  erreurs  d' Arius,&  l'autre  qui  concer- 
noit  la  difcipline  de  l'Fglife  ,  étoit  fondé  fur  l'obligation  de  fixer  un 
jour  certain ,  auquel  la  Fête  de  Pâques  devoit  être  célébrée  par  tous  les 
Chrétiens.  Il  y  avoit  d'autres  Reglemens  à  faire ,  touchant  la  difcipline 
de  l'Eglife;  le  Concile  y  pourvût  par  20.  Canons  qui  ont  fervi  de  régie 
à  tous  les  Siècles  futurs  ;  &  que  Théodorct  appelle  les  Loix  de  la  Police 
Ecclefiaftique.  Le  i .  de  ces  Canons  défend  d'ordonner  ceux  qui  avoient 
été  volontairement  mutilez.  Le  2.  défend  l'Ordination  des  Néophytes. 
Le  3.  marque  quelles  femmes  peuvent  demeurer  avec  les  Clercs.  Le  4.  ré- 
gie l'Ordination  des  Evêques.  Les  autres  prefcri  vent  les  choies  néceffaires 
pour  la  difcipline,  foit  pour  le  règlement  des  Eglifes,  les  Excommunica- 
tions, les  Pénitences,  l'Ordination  des  Clercs,  &c.  Je  ne  dois  pas  oublier 
que  Rufin  met  22.  Canons,  mais  comme  ils  ne  contiennent  rien  davan- 
tage que  les  20.  dont  j'ai  parlé,  la  chofe  ne  mérite  pas  d'être  confiderée. 
Je  dis  le  même  pour  ce  grand  nombre  de  Canons,  que  les  Arabes  attri- 
buent au  Concile  de  Nicée,  &  dont  les  Pères  Alphonle  Pifan,  &  François 
Turrian  Jefuites ,  auflî  bien  qu'Abraham  hcchelleniis  Mafonlte,  ont 
fait  des  Verfions  que  nous  avons  dans  la  dernière  édition  des  Conciles  ; 
puifqu'au  fentiment  des  Dodles,  il  n'y  a  rien  de  plus  vifiblement  apo- 
cryphe que  cette  compilation,  qui  a  été  inconnue  à  toute  l'Antiquité. 
* Eufebe ,  Vita  Confiant  Rufin ,  lib.  i.  Hift.  Theodoret  &  Sozomene, U, 
I.  Gelafe  de  Cyzique,  inColleâî.  Hicephore,  in  Chron.  Baronius,  .i.  c. 
325:.  CabaflTut, wo/«. Con«/.  t\trmnn,li.2..delaViede S.  Athamtf.T.lI. 
Concil.  Abraham  Rcchellenfis,*/^  Prim.  Rom.  Hj/ifc.  cyc  [Voyez  l'Hiitoire 
de  ce  Concile  dans  le  TomeX.de  la  Bibliothèque  Univerf.  dans  la  Vie 
d'Eufebe  de  Cefarée.]  • 

77.  Concile  de  Nicée,  VII.  Général. 

Ce  Concile  qui  eft  le  VII.  Général ,  fut  afl'emblé  en  787.  contre  les 
IconomaquesouBrife-lraages.  Les  Empereurs  d'Orient  avoient  foûte- 
nu  les  erreurs  de  ces  Hérétiques  ;  &  avoient  perfécuté  ceux  qui  hono- 
roient  les  faintes  Images.  Après  la  mort  de  Léon»  IV.  en  780.  l'Eglife 
commençaderefpirercn  Orient,  durant  le  règne  de  Conftantin,  fous  la 
conduite  de  fa  mère  Irène  ,  qui  s'empreffa  beaucoup  pour  rétablir  les 
Images.  Et  en  effet,  après  avoir  fait  mettre  S.  Taraife  fur  le  Siège  de 
Conftantinople ,  elle  agit  fi  bien  que  le  Pape  Adrien  I.  trouva  bon  qu'on, 
célébrât  un  Concile  General ,  &  il  y  envoya  en  qualité  de  fes  Légats, 
Pierre  Archiprêtre,  &  un  autre  de  ce  nom  Abbé  de  faint  Sabas.  U  s'y 
trouva  360.  Evêques  d'une  éminente  doftrine  &  pieté.  Ce  Concile  fut 
ouvert  le  vingt-quatrième  Septembre ,  &  conclu  le  douzième  Oétobre 
de  la  mêmeannée787.  Les  Evêques  s'affemblerent  fept  fois,  cequ'on 
exprime  en  fept  Aftions  ou  Sefïïons.  On  y  lûtles  Lettres  du  Pape  à  l'Em- 
pereur &  aux  Patriarches  d'Orient,  avec  les  réponfes;  &  tout  ce  que  les 
Anciens  Pères  avoient  dit  à  ce  fujet.  Enfuite  on  ordonna  tout  d'une  voix: 
que  Ton  rètabliroit  les  Images  de  J  fi  s  u  s-C  h  r  i  s  t  ,  de  fa  Mère  &  des 
Saints,  pour  exciter  les  hommes  à  imiter  leurs  vertus,  à  les  révérer,  8c  à 
rapporter  aux  Originaux  les  honneurs  qu'on  leur  rend.  On  ordonna  aufïi 
qu'on  revercroit  les  Reliques  des  Saints,  que  ceux  qui  auroient  des  fenti- 
mens  contraires ,  feroient  excommuniez  &  que  s'ils  étoient  Evêques , 
ils  feroient  dépofez.  Après  cela  on  apporta  l'Image  de  j  esus- Christ  nô- 
tre Sauveur,&  chacun  l'adora  le  genouil  en  terre,  en  le  fuppliant  de  leur 
faire  la  grâce  de  voir  l'exécution  de  leurs  Décrets.  On  revit  enfuite  les 
Aftesd'un  faux  Concile,  que  les  Iconomaques avoient  tenu  à  Conftan- 
tinople ;&  après  avoir  renverfépar  des  raifons  &  des  paffagesdel'Ecritu- 
re,les  argumens  qu'on  y  alleguoit ,  contre  les  I  mages,le  Concile  prononça 
anathême  contre  cette  Affemblée  de  méchans,&  contre  ceux  qui  par  leur 
lâcheté  avoient  augmenté  la  fureur  des  Empereurs  Iconomaques.  On 
y  drefla  aulTi  22.  Canons.  Le  2.  de  ces  Canons  défend  d'ordonner  ceux 
qui  pour  le  moins  ne  favcnt  pas  le  Pfeautier.  Le  3.  eft  encore  pour  '" 
l'èledlion  des  Evêques.  Le  7.  défend  de  confacrer  destglifes  ou  des  Au- 
tels où  il  n'y  a  point  de  Reliques  des  Saints.  Le  14.  règle  l'Ordination  des 
Clercs ;&  le  15.  leur  défend  d'être  attachez  à  deux  Eglifès,  c'eft-à-dire, 
qu'il  défend  la  pluralité  des  Bénéfices.  Le  16.  leur  défend  de  porter  des 
habits  trop  beaux  &  trop  feculiers.  Le  17.  s'oppofe  aux  nouvelles  fonda- 
tions des  M  onafteres;  &  le  20.  conforme  aux  Règles  de  faint  Bafile,  au 
28.  Canon  du  Concile  d' Agde ,  tenu  en  506.  &  à  l'onzième  du  II.  de  Se- 
ville,tenuen6i9.  défend  les  doubles  Monafleres  d'hommes  &  de  filles; 
c'eft-à-dire  qu'il  ne  veut  point  que  les  uns  &  les  autres  habitent  dans  une 
même  maifon  T«  ^(n-Aa  iA.maç>ie^».  Le  Pape  Innocent  III.  avoit  de^ 
puis  ordonné  la  même  chofe.  J'ai  parlé  ailleurs  de  ce  que  fit  contre  ce 
Concile  celui  de  Francfort,  aflemblé  fous  Chariemagne  en  794.  *  Inno- 
cent III.  i» ''«g- 15.  ef.  80.  4(/iïe/e».JS/ii/c.  Voyez  auffi,  Lex  fanâîiff.  44, 
Cod.  de  Epifi.  £7  Cleric.  T.  VU.  Concil.  Baronius ,  A.  C.  787. 

.  Taux  Concile  de  Nicée. 

Commele  Schifme  eft  le  carafterele  plus  commun  de l*hérefie,les  Ariens 
5près  avoir  divifé  l'Eglife  fe  partagèrent  eux-mêmes,  ayant  propofé  dif- 
férentes Confeffions  de  Foi  au  Concile  de  Sirmich  en35:7.  L'Empereur 
Confiance  leur  protedeur,  ayant  deffein  de  les  réunir ,  fit  le  projet  d'un 
Concile  Oecumenique,qui  fe  devoit  aflembler  à  Nicomedie  en  3  58.  Mais 
un  tremblement  de  terre  qui  ruina  cette  Ville ,  empêcha  l'exécution  de 
ce  deffein.  Conftance  ne  fâchant  à  quoi  fe  déterminer,  confulta  Bafile 
-d'Ancyre,  qui  lui  confeilla  de  convoquer  ce  Concile  à  Nicée,  puifque  les 
Prélats  étoient  déjà  en  chemin.  L'Empereur  approuva  ce  deffein  ,&  or- 
donna que  les  Evêques  fe  trouveroient  à  Nicée  au  commencement  de  l'E- 
té de  l'an  3^9.  que  ceux  qui  n'y  pourroient  pas  venir  y  envoyeroientdes 
Députez  pour  porter  leurs  fentimens;  ôc  quel' Affemblée  en  nommeroit 
enfuite  dix  d'Orient,  &  dix  d'Occident ,  pour  lui  venir  apporter  l'arrêté 
du  Concile,  afin,  difoit-il,  qu'il  vit  auffi  s'il  étoit  conforme  auxEcritures ,  ' 
&  qu'il  jugeât  ce  qu'il  auroit  à  faire.  Ce  qui  étoit  leur  fignifier  qu'il  en' 
vouloir  être  le  maître  ,&  en  former  les  décifions.  La  divifion  des  Ariens, 
l'inconftance  de  fEmpereur  ,  &  le  tremblement  de  terre  qui  avoit 
auffi  rumé  Nicée ,  empêcha  encore  l'exécution  de  ce  deffein.  Us  ne 
laifferent  pourtant  pas  de  tâcher  à  furprendre  les  Fidèles ,  par  un  Sym- 
bole qu'ils  datèrent  de  Nicée  dans  la  Province  de  Thrace,  où  quelques- 
uns 


NIC. 

uns  s'affemblerent;  mais  cela  n'eut  point  de  fuite.  *  Sozomene,  U.  4- 
Theodoret ,  li.  i.  S.  Athanafe ,  de  Syn.  Baronius ,  in  Annal.  - 

[NICENTIUS  ,  Préfet  des  Vivres  {Pr/ifettus  Annoiia)  fous  Va- 
lentinien  le  '^eune,  en  ccclxxxv.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  /.  5. 
Cod.  Jufim.  de  diver/is  refcriptis.  ] 

S.  NICEPHORE  I.  de  ce  nom  ,  Patriarche  de  Conftantinople , 
fuccéda  à  Taraifeen  806.  11  étoit  fils  de  Théodore ,  qui  avoit  été  Secré- 
taire des  Empereurs  d'Orient.  Nicephore  exerça  cette  charge ,  pendant 
quelque  tems.  Mais  dégoûté  de  la  Cour  il  fe  retira ,  dans  le  defléin  de 
palfer  le  relie  de  fes  jours  dans  im  Monaftere.  On  l'élût  pour  remplir 
fa  place  de  Taraifc ,  quoi  qif il  ne  fût  pas  encore  Clerc ,  &  quoi  qu'il 
s'oppofât  à  cette  promotion.  On  l'obligea  de  tenir  un  Synode, qui  le 
mit  en  mauvaile  réputation ,  mais  fa  conduite  &  fa  profeffion  de  foi , 
qu'il  envoya  au  Pape  Léon  III.  témoignèrent  quels  fentimens  on  devoit 
avoir  de  fa  pieté.  Auffi  l'Empereur  Léon  i'^rwzewié'»  qui  releva  l'hérefie 
des  Iconomaques ,  ne  pouvant  fouffrir  le  zèle  avec  lequel  Nicephore 
s'oppofoit  à  fes  erreurs,  le  relégua  dans  un  Monaftere  qui  eft  de  l'autre 
côté  du  détroit  de  Conftantinople , oià  il  mourutiaintement,âgéde7o. 
ou  71.  ans,  en  818.  après  y  avoir  paifé  quatorze  ans  en  exil.  Le  Mar- 
tyrologe Romain  en  fait  mention  le  13.  Mars,  &  le  Menologe  des 
Grecs  au  1.  de  Juin.     Nous  avons  de  lui  un   Abrégé  Hittorique  , 
BiftorU  Breviarium  ,  depuis  la  mort  de  l'Empereur  Maurice ,  jufqu'à 
Léon  IV.  que  le  P.  Petau  publia  en  16 16.  &  qu'il  fit  depuis  mettre  dans 
!e  Corps  de  l'HiftoireByzantineen  1648.  Ce  Prélat  compofa  auffi  un  au- 
tre Ouvrage  intitulé  Chronologia  Tr/f^irma ,  qu'Anaftafe  le  Bibliothécai- 
re avoit  traduit  en  Latin;  &  que  Jofeph  Scaliger,  le  P.  Jaques  Goar 
Jacobin ,  &  divers  autres  ont  publié.  Je  fai  bien  que  quelques  Auteurs 
ont  attribué  cette  pièce  à  un  autre  Nicephore,  qu'ils  nomment /ejfea- 
m ,  mais  les  Modernes  font  perfuadez  qu'elle  eft  du  Patriarche  de  Conf- 
tantinople, &  qu'Anaftafe  y  fit  une  addition.  Nous  avons  encore  de  lui 
fa  Confeffion  de  Foi  dont  j'ai  parlé,  que  le  Cardinal  Baronius  rapporte 
dans  le  IX.  Tome  de  fes  Annales.  On  lui  attribue  aufli  les  Opufcules 
contre  lesBrife-linages.  Je  ne  dois  pas  oublier  que  le  Corps  de  ce  Con- 
feffeur  ayant  été  trouvé  entier  dix-huit  ans  après  fa  mort ,  le  Patriarche 
Methodius  le  fit  porter  à  Conlfantinople.  L'Empereur  Michel  III.  fe 
trouva  à  cette  Tranflation ,  portant  un  flambeau  auprès  dh  Corpsfaint. 
*  Théodore  Studita ,  in  Efiji.  Theophanes ,  in  Orat.  Encomiaftica  apud 
Surium  d.   13.  Mart.  Photius,  cod.  66-  Cedrenus,  Zonaras  &  Glycas, 
in  Annal.  Bellarmin  ,Poffevin  ,  Le  Mire ,  Voflius , /i.  2.  c.  zj.  de  Htft. 
Cric,  e?  in  adden.  Labbe  ,  in  Affar,  Hifi.  Byzant.  Baronius ,  in  Annal.  ©■ 
'Marfjrol. 

NICEPHORE  II.  Archevêque  d'Ephefe,  fut  mis  fur  le  Siège  de 
l'Eglife  de  Conftantinople  après  Arfene,en  1260.  8c  il  mourut  l'année 
d'après.  *  Gregoras ,  li.  4. 

NICEPHORE  I.  de  ce  nom.  Empereur  de  Conftantinople ,  dit 
Logothete,  étoit  Intendant  des  Finances  &  Chancelier  de  l'Empereur. 
11  fe  révolta  contre  l'impératrice  Irène, veuve  de  Léon  IV.  &  l'ayant 
leleguée  dans  l'ifle  de  Metelin ,  il  fe  mit  fur  le  trône,  le  dernier  jour 
d'Odobre  de  l'an  801.  On  attendoit  beaucoup  de  fon gouvernement, 
mais  on  fut  bien  trompé ,  car  il  ne  fut  jamais  de  Prince  plus  cruel  & 
plus  impie  que  lui.  Ilfavorifoit  les  Iconomaques  &  les  Manichéens  en 
toutes  rencontres,  5c  ne  parloit  jamais  qu'avec  mépris  de  l'Eglife  Ro- 
maine &  des  Prélats.  Ceux  qui  ont  écrit  de  lui ,  avouent  qu'il  étoit 
rempli  de  toute  forte  de  vices  ;  quoi  qu'il  tâchât  de  les  déguifer ,  fous 
l'apparence  de  quelques  verfus.  Il  envoya  des  Ambafladeurs  à  Charle- 
magne,8c  pour  affermir  l'Empire  dans  fa  Famille  ,il  fit  couronnerfon 
fils  Staurace.  Les  Sarrafins  le  défirent  en  804  8c  il  leur  paya  tribut. 
Cependant  quelque  avantage  qu'il  remporta  fur  les  Bulgares  le  rendit 
infolent.  Crumme  Roi  de  ces  peuples, lui  avoit  demandé  la  paix  avec 
toute  forte  de  foùmiffion.  Nicephore  voulut  la  guerre  avec  plus  d'opi- 
niâtreté que  de  jullice  :  il  la  fit ,  8c  les  Bulgares  ayant  fait  de  nuit  une 
attaque  ,  mirent  fon  armée  en  déroute  Se  le  tuèrent  dans  fatente,  le  26. 
Juillet  de  l'an  8n.  Staurace  fon  fils  ne  fe  fauva  qu'avec  peine,  étant 
bleffé  dangereufement.  *  Theophane ,  in  Chron.  Cedrene  8c  Zonare ,  in 
Annal.  Gnc, 

NICEPHORE  II.  furnommé  Phocas  ,  avoit  commandé  les  ar- 
mées du  tems  de  Romain  le  3e«««,ôcavoitprisrifledeCandie  aux  Sar- 
rafins. Depuis  il  fut  mis  par  les  foldats  à  la  place  du  même  Romain , 
dont  les  fils  étoient  encore  trop  jeunes  pour  gouverner.  Le  Patriarche 
Polyeuéte  le  couronna  le  feiziéme  Août  de  Tan  neuf  cens  foixante-trois. 
Nicephore  époufa  Theophanie ,  veuve  du  même  Romain.  Cet  Empe- 
reur ne  fut  pas  moins  illuftre  par  fes  triomphes ,  qu'il  avoit  été  aupara- 
varit.  Il  prit  aux  Sarrafins  la  Syrie ,  la  Cilicie ,  l'ifle  de  Cypre ,  avec  Antio- 
che  8c  Tripoli.  Mais  fon  avarice  corrompit  toutes  fes  belles  adtions.  Pour 
y  fatisfairc  il  opprimoit  fes  fujets,il  leur  ôtoit  leurs  biens  avec  injuftice, 
Se  il  laiflTa  la  Ville  de  Conftantinople  dans  une  extrême  difette  de  blé. 
On  dit  même  que,  pour  recompenfer  fes  foldats ,  iï  leur  permettoit  le 
pillage  des  Egliies.  Ainfi  la  haine  domeftique  furpaCTant  la  gloire  que  les 
armes  lui  avoient  aquife,  il  ne  pût  éviter  les  embûches  que  lui  dreife- 
rent  quelques  Seigneurs  de  fa  Cour ,  que  l'Impératrice  Theophanie  fai- 
foit  agir  pour  favorifer  Jean  Zcmifcès  fon  galant.  Ces  conjurez  tuèrent 
Nicephore  dans  fon  Palais ,  l'onzième  Décembre  de  l'an  969.*  Curopa- 
late  8c  Cedrene ,  in  Annal. 

NICEPHORE  III.  furnommé  Botoniates ,  commandoit  les  trou- 
pes de  l'Empire  en  Afie.  Il  devint  confidérable ,  8c  alTifté  d'une  armée 
des  Turcs, fe  rendit  maître  de  Conftantinople,  où  il  fut  déclaré  Empe- 
ieiir,le  2j.  Mars  de  l'an  1078.  Enfuite  ayant  relégué  dans  un  Monaftere 
■Michel  Parafinace, zvec  fa  femme  &:  fon  fils  Conftantin,  il  commença 
de  régner  depuis  le  7.  Avril,  jour  de  Samedi  faint  de  la  même  année, 
jufques  fur  la  fin  du  mois  de  Mars  1081.  qu'il  fut  contraint  de  quitter  la 
pourpre  Impériale ,  pour  prendre  l'habit  de  Moine  ,  laiflant  le  trône  à 
Alexis  Comnene.  *  Jean  Guropalate ,  Anne  Comnene , Zonare,  Cedre- 
ne, &c. 

NICEPHORE,  Diacre  de  Phrygie,  Auteur  Grec    II  avoit  écrit 
l'Hiftoire  de  fon  tems,  comme  nous  l'apprenons  de  Jean  Guropalate 8c 
de  George  Cedrene ,  in  Pnf.  Hifi. 
KICEPHORE ,  Philofophe  6c  Orateur,  vivoit  dans  le  X.  Sie- 
Jome  IV. 


NIC. 


îj 


cle.  Il  prononça  l'Oraifon  funèbre  d'Antoine ,  Patriarche  de  Conftan- 
tinople ,  mort  en  901.  Nous  avons  cette  pièce  dans  Surius ,  T.  1.  d.  12. 
'Bebr. 

[NICEPHORE  Chartophylax  ,  que  l'on  foupconne  avoir  vécu 
vers  l'an  dccc.  Il  y  en  a  quelques  Ouvrages  traduits' en  Latin  ,  dans' la 
Bibliothèque  des  Pères,  8c  dans  le  Recueuildu  Droit  Grec-Romain.  Cave 
Chartophyl.  ] 

[NlCtPHORE  Sryennc,  Macédonien,  qui  eut  premièrement  la 
dignité  de  Panhyperfei/afie,&c  fut  après  Ce/ar.  Anne  Comnene  en  parle 
dans  fon  Alexiade.  Il  mourut  l'an  MCXXXVII.  On  a  de  lui  en  Grec, 
un  Ouvrage  intitulé  Cemwentarii  de  rébus  £y*fl«*i»;5,quelcP.Pofljna 
publié  à  Paris  en  i66j.  avec  des  Notes.  Du  Gange  a  aulfi  fait  des  remar- 
ques fur  cet  Auteur, qu'il  a  fait  imprimer  en  i670.àlafindeCinwflOTe. 
Cave  Chartophyl.~\ 

NICEPHORE  dit  liaa-ixûxi®^ ,  Frofefl"eur  de  Rhétorique  à  Conf- 
tantinople,  vivoit  environ  l'an  1 181.  8c  il  lailfa  quelques  petits  Traitez 
recueuillis  avec  ceux  d'Heraclite ,  de  Libanius  &c  de  quelques  autres  par 
Léo  Allatius;  8c  imprimez  à  Rome  en  1641.  Nicetas  Choniates  parle 
de  lui,  ec  d'autres  en  font  auffi  mention.  *  Nicetas,  /;.  7.  Manuel. 
Comn.  8c  Jean  Cinname,  /;.  4.  Hifi.  liom.  Voflius,  li.  4.  de  Hifi. 
Gr^c.  eyc. 

NICEPHORE  dit  Blemmidas,  Religieux  Grec,  qui  vivoit  dans 
le  XIII.  Siècle,  qui  refufa  d'être  Patriarche  de  Conftantinople.  Il  fit 
divers  Ouvrages.  ^^  Gefner,;»  Bibl.  ?oS:c\in ,in Afpar.Sacr.Soonde&i 
Rainaldi ,  in  Annal. 

NICEPHORE  dit  Cailiste,  parce  qu'il  étoit  fils  de  Callifte,  85 
Xanthopule ,  Hiftorien  Grec,  vivoit  dans  le  XIV.  Siècle,  fous  l'Empire 
d'Andronic  Paleologue  ï  Ancien,  Ae.  Michel  èi  d'Andronic  le  Jeune.  Il 
compofa  une  Hiftoire  Ecclefiaftique  en  vingt-trois  Livres ,  dont  il  ne 
nous  en  refte  que  18.  qui  contiennent  ce  qui  s'eft  paflTé  depuis  la  naiflàn- 
ce  du  Fils  de  Dieu,  julqu'à  la  mort del'EmpereurPhocasenôio. Nous 
avons  l'Argument  des  cinq  Livresfuivans,depuisle  commencement  de 
l'Empire  d'Heraclius ,  jufques  à  la  fin  de  celui  de  Léon  le  philofophe ,  mort 
en  91 1 .  Il  dédia  à  l'Empereur  Andronic  Paleologue  l' Ancien  cet  Ouvrage  , 
que  Jean  Lange  traduiiit  en  Latin.  Nous  en  avons  diverfes  éditions,  de 
Bâle  en  1553.  <^^  Paris  en  1562.  8c  1630.  Cette  dernière  faite  par  les 
ioins  du  P.  Fronton  le  Duc,  eft  la  plus  ellimée.  On  attribue  à  Nice- 
phore d'autres  Traitez ,  dont  on  verra  le  dénombrement  dans  les  Au- 
teurs que  je  cite.  *  Guillaume  Eifengrein  , i»  Catal.  Eccl.  Script.?oRe.- 
vm ,  m  Appar.  Sacr.  Voffius ,  it.z.de  Hifi.  Grac.  c.  29.  Bellarmin,  Sixte  de 
Menne,  8<c. 

NICEPHORE  GREGORAS,  Hiftorien  Grec,  floriffoit  dans  le 
quatorzième  Siècle.  Il  compofa  une  Hiftoire,  qui  contient,  en  onze 
Livres,  ce  qui  s'eft  pafiTé  depuis  l'an  1204.  que  Conftantinople  fut  prife 
par  les  François,  jufqu'à  la  mort  d'Andronic  Paleologue  le  Jeune,  en 
1341.  Nous  avons  cette  Hiftoire  avec  la  traJudtion  Latine  de  Jérôme 
Wolf,  imprimée  à  Bâle  en  1561.  èc  à  Genève  en  1615.  Nicephore  in- 
terpréta un  Traité  de  Synefius,  de  infomniis ,  que  Turnebe  publia  en 
lî  53.  8c  que  nous  avons  de  la  verfion  de  Jean  Pichon,  parmi  les  Oeuvres 
du  même  Synefius.  Jean  Cantacuzene  parle  très-mal  de  cet  Auteur. 
*  Jean  Cantacuzene ,  //.  4.  Hifi.  c.  24.  25./;.  7.  8. 9.  Jufte  Lipfe,  innot.  li,  i. 
Politic.  Bellarmin  ,  Poflevin ,  Voflius ,  le  Mire ,  8cc. 

NICETAS  I.  de  ce  nom.  Patriarche  de  Conftantinople,  étoit  Ef- 
clavon  de  nation ,  Eunuque  8c  Hérétique  Iconomaque.  Cette  averfîon 
qu'il  avoit  pour  les  faintes  Images  le  rendit  cher  à  l'Empereur  Conftan- 
tin Copronyme,  qui  ayant  chafle  un  de  fes  partifans  du  Siège  de  Conf- 
tantinople ,  y  mit  celui-ci  en  766.  Il  fe  maintint  par  fes  lâchetez  dans 
cette  Dignité  qu'il  conferva  jufques  à  fa  mort,  arrivée  en  780.  *  Guro- 
palate &(.  Cedrene ,  in  Compend.  Baronius  in  Annal. 

•NICETAS  II.  dit  Mundanus  fucceda  en  1186.  à  Bafile  Camaterc, 
que  l'Empereur  Sfaac  l'Ange  avoit  dépofé.  11  gouverna  cette  Eglife  fit 
ans  èc  fîx  mois,  mais  fon  grand  âge  fut  caufe  qu'onlui  donna  en  1193. 
Léonce  pour  fuccefl^eur.  *  Nicetas  Choniates ,l^.^.  in  Ifaac.  Ang. Baro- 
nius ,  in  Annal. 

NICETAS  ACOMINAT  dit  Choniates,  parce  qu'il  étoft 
de  Chone  ou  Colofle,  Ville  de  Phrygie,  Hiftorien  Grec,  qui  vivoit 
dans  le  XIII.  Siècle.  Il  avoit  eu  des  emplois confidérables  à  la  Cour  des 
Empereurs  de  Conftantinople  ;  i^  quand  cette  Ville  fut  prife  par  les 
François  en  1204.  il  fe  retira  avec  une  fille  qu'il  avoit  enlevée  aux  enne- 
mis,8c  qu'il  époufaàNicéeenBithynie,oûilpa(ralereftede  fesjours.  Il 
compofa  une  Hiftoire  ou  des -Annales,  depuis  la  mort  d'Alexis  Comne- 
ne en  1118.  jufqu'à  celle  de  Baudouin  en  1205.  Cet  Ouvrage  que  nous 
avons  de  la  traduâion  de  Jérôme  Wolf,a  été  imprimé  à  Bâle  en  1557. 
puis  àGeneveen  IS93.*C  dès  l'an  1647. il  fut  mis  dans  le  Corpsdel'Hif- 
toire  Byzantine,  de  l'impreflTion  du  Louvre.  Pierre  Morcl  de  Tours  tra- 
duifit  dans  le  XVI.  Siècle  les  cinq  premiers  Livres  du  Thréfordela  Foi 
Orthodoxe,  attribuez  à  Nicetas.  Ils  furent  imprimez  à  fzminoSlavot'u. 
rj8o,8c  on  les  a  depuis  mis  dans  le  XII. Volumede  la  Bibliothèque  des 
Pères  de  Cologne.  Nous  avons  encore  d'autres  fragmens  de  cet  Auteur , 
comme  de  ce  qui  s'obfcrve  quand  un  Mahometan  fe  fait  Chrétien ,  8cc. 
Michel  Choniates  frcre  de  Nicetas ,  compofa  à  fa  mort  un  de  ces  Chants 
Lugubres  dits  Monodia ,  que  le  même  Morel  a  auflj  traduit.  *  Jérô- 
me Wolf,  in  Pr^fat.  PolFevin ,  in  Appar.  Sacr.  Bellarmin ,  de  Script, 
Eccl.  Voffius,  de  Hifi.  Grue.  lib.  2.  cap.  28.  Leo  Allatius,  de  Nicetis, 

NICETAS  DAVID,  Hiftorien  Grec,  que  quelques-uns  font  na- 
tif de  Paphlagonie ,  vivoit  fur. la  fin  duJX.  Siede.  Il  écrivit  la  Vie  de 
faint  Ignace  Patriarche  de  Conftantinople,  que  Frédéric  Metius,  Evê- 
que  de  Termuli,  avoit  traduite.  Le  Cardinal  Baronius  s'étoit  fervi  de 
cette  Verfion;  nous  en  avons  une  autre  du  P.  Matthieu  Radere,  impri- 
mée à  Ingolftadt  en  1604.  Confultez  Nicephore  Callifte, au  Li.  14. ch. 
28.  de  fon  Hiftoire,  Jean  Guropalate,  Cedrene,  8cc.  Baronius,  Bel- 
larmin, Poflevin,  Volftus,  Le  Mire,  Leo  Allatius ,  8cc.  Il  y  a  eu  quel- 
ques autres  Auteurs  de  ce  nom,  dont  Geûier  8c  le  même  Leo  Allatius 
font  mention. 

[NI  CET  A  S 'de  Maronie,  de  Chartophylax  delà  grande  Egli- 
fe devenu  Archevêque  de   Theflalonique ,  a  vécu  vers  l'an  MCC. 

D  îl 


2é 


NIC. 


Ilaéte  aflei  favorable  aux  Latins,  &  l'on  peut  voir  la  lifte  de fes Ecrits 
dans  Léo  AlUtius  de  Eccléf.  Occid.  &  Orient.  Confenf. 

TNICETAS  Moine  de  Conftantinople  qui  a  vécu  vers  lan  mcxx. 
&  qui  a  écrit  pour  le  Concile  de  Chalcedoine,  contre  le  Prince  d'Arme- 
H'e.  Léo  AUat.de  Ecclef.  Occident,  e?  Orient.  Confenf]  _ 

fNICETA'S  furnommé  PeHorat,  Moine,  Grec,  qui  a  vécu  lur  le 
milieu  de  ronziéme  fiécle,&  qui  a  écrit  des  Az.ymes  contre  les  Latins. 
Cave  Cai-lophyl.  ]  „  .  .       , 

fNICETAS  furnommé  Seidus,  que  Ion  croit  avoir  vécu  au  com- 
mencement du  dîîiiémefiécle,  a  écrit  quantité  d'Ouvrages  contre  les 
Latins  ,  fur  lefquels  on  peut  confulter  Matins  de  Occtd.  e?  Orient.  Ec 

clef  Confenf]  ,,  .       ,    ,  j    t-  v 

[NICETAS  furnommé  Serfon,Dhcx&  &  Maître  de  la  grande Egli- 
fe ,  &  enfuite  Archevêque  d'Heraclée ,  contemporain  de  Theophyladte,  a 
vécu  vers  l'an  mlxxvii.  Allatius  le  confond  mal  à  propos  avec  Nicetas  de 
Paphlagonie  Nous  avons  de  lui  des  Commentaires  en  Grec  &  en  Latm 
{m  Grégoire  de  Naz.ianze,Sc  Caiena  in  Jobum,S<.  quelques  autres  Ou- 
vrages de  la  même  nature.  Cave  Cartophyl.  ]  ^       .,     ,,  „ 

rNICETlUS  Evêque  de  Trêves,  qui  affifta  a  un  Concile  d  Auver- 
gne en  Dxxxv.  On  a  quelques  Ouvrages  de  lui  que  l'on  trouve  dans  les 
Recueuils  des  Conciles  &  de  Luc  d'Acheri.  Cave  Cartophyl.} 

(NICETUS  ,  Evêque,  qui  avoit  écrit  un  Livre  de  fide,  quon 
joignoit  à  ceux  de  S.  Ambroife  adrefîez  à  l'Empereur  Gratien.  Caffw- 
<:?i;rÊ,  Divin*  Litter.  c.  XVI.] 

NICIAS  (Curtius)  Grammairien,  vivoit  en  705.. de  Rome,  il 
étoit  grand  ami  de  Pompée  &  de  Memmius.  Ciceronleconfideroitaufli 
beaucoup;  &  en  écrivant  à  Dolabella  il  lui  dit  qu'ayant  été  étabb pour 
juge  entre  Nicias  &  Vidius ,  pour  une  affaire  pécuniaire ,  il  traiteroit 
favorablement  le  premier ,  qu'il  nomme  jucundiffimuso-vu^iàrr,!;,  ce  qui 
fait  voir  qu'il  étoit  des  amis  particuliers  de  Ciceron.*  Suétone,  rfê5  ««a//. 

Gramm.  ch.  14.  ,      ,.  ,-         ., 

NICIAS,  Capitaine  Athénien  ,  étoit  fils  de  Niceratc,  que  fa  vertu 
Se  fes  richeffes  avoient  rendu  confidérable  à  ceux  de  fon  pais.  Il  s  éleva 
par  fon  mérite  à  divers  emplois  de  la  guerre,  car  il  fut  General  des  Ar- 
mées de  Mer;  &  il  remporta  des  avantages  très-glorieux  a  fa  patrie.  11 
perfuada  aux  Athéniens  de  confentir  à  une  trêve  de  cinquante  ans ,  avec 
ceux  de  Sparte.  Depuis  la  guerre  de  Sicile  ayant  été  refolue,  il  fut  nom- 
mé pour  être  un  des  Chefs.  Mais  cette  entreprife  ne  leur  fut  pas  fa- 
vorable ■  leur  armée  fut  défaite  par  ceux  de  Syracufe ,  qui  prirent  Ni- 
cias prifonnier  &  le  firent  mourir, la  XCI. Olympiade, 441. de  Rome. 
*  Thucydide ,  /i.  4.  5.  6.  cy  7.  Bifl.  Diodore  de  Sicile ,  h.  11.  Flutarque , 

NiClÀS  ,  Médecin  du  Roi  Pyrrhus,  loiié  dans  les  vers  de  Theo- 
crite  &  dans  Stobée,&qui  parle  de  fon  Livre  de  Lapidibus.  Ilvivoitla 
CXXV.  Olympiade.         -x     .  „    ,  .    ,       „ 

NICIAS  de  Nicée,  écrivit  la  Vie  des  Philofophes  ,&  quelques  autres 

.  Traitez ,  alléguez  par  Athénée.  Elien  parle  d'un  Peintre  de  ce  nom  ,  & 

Plutarque  fait  mention  d'un  autre  Auteur  Grec.  *  Athenee,  ^.46.^- 

10  Elien,  diverf  Hifi.?\\.\W(\^t,  in parallel.  mm.  cap.  13. 

-    NICIAS  ,   Peintre  Athénien  ,   peignoit  les  femmes  en  perfeftion. 

11  fit  un  Tableau  où  il  avoit  reprefenté  l'Enfer  de  la  même  forte 
qu'Homère  l'a  décrit:  &  il  en  refufa  foixante  talens, aimant  mieux  le 
donner  à  fa  patrie ,  que  de  le  vendre.  *  Felibien ,  Entretiens  fur  les  Vies  des 

PGÎHtfSSt 

NICOCHARES  ,  Poëte  Comique  d'Athènes  ,  fils  de  Philonide 
auffi  Poëte,  vivoit  du  tems  d'Ariftophane,  la  XCVII.  Olympiade.  Il 
laiffa  diverfes  pièces  citées  par  Athénée,  Suidas ,  &c. 

NICOCLES,  Eunuque,  tua  Evagoras  Roi  de  Cypre,  &  régna  à 
Salamine.  Xenophon  parle  d'un  fils  d'Evagoras,  de  ce  nom.  Voyez  Eva- 

^°NICOCLES ,  Roi  de  Salamine  dans  l'Ifle  de  Cypre ,  fils  d'Evago- 
ras II.  reçut  la  Couronne  &:  le  titre  de  Roi  de  Paphos,  des  mains  d'O- 
Chus  Roi  de  Perfe.  Après  la  mort  de  Nicocreon  fils  de  Protagoras,  il  re- 
monta fur  le  trône  de  Salamine,  par  la  proteftion  dePtoloméeLagus: 
mais  ayant  quitté  ce  Bienfaiteur  pour  prendre  le  parti  d'Antigone ,  il 
fut  accufé  de  perfidie,  &  fon  palais  étant  environné  de  foldats,  par  ordre 
de  Ptolomée ,  qui  l'avoit  condamné  à  la  mort ,  il  fe  tua  lui-même.  Sa  fem- 
me voyant  ce  trifte  fpeflacle.tua  fes  fils  &  fes  filles,  &fe  donna  enfuite 
un  coup  de  poignard  dans  le  fein.  Py  thagoras  &  Protagoras ,  qui  reftoient 
feuls  de  la  race  des  Teucrides.ou  defcendans  de  Teucer,  finirent  cette 
funefte  tragédie  en  mettant  le  feu  au  palais, où  ils  fcjetterent  dans  les 
fiâmes.  *  Diodore ,  //.  2.0.  .    .     .    ,  „ ,  .„_ 

NICOCLES ,  Poëte  Comique  Grec,  qui  vivoit  du  tems  d  Arifto- 
phane ,  en  k  XCVI.  Olympiade ,  366.  de  Rome.  Cafaubon  ,  Animad.  in 
Athen.  li.%.  c.  'i-  ,       ,    r  -, 

NICOCRATE ,  Tyran  de  Cyrene  dans  la  Libye ,  etoit  un  Prmce 
extrêmement  cruel.  Il  tua  Phœdime  pour  époufer  fa  femme  nommée 
Aretaphile ,  dont  la  beauté  l'avoit  charmé.  UaifaffinaMenalippe  Grand 
Prêtre  du  Temple  d'Apollon ,  &  s'attribua  le  Sacerdoce.  De  peur  que 
quelcun  ne  fe  fauvât  malgré  lui  de  Cyrene  en  fe  faifant  porter  dans  un 
cercueuil  comme  mort,  il  faifoit  donner  des  coups  d'épée  à  tous  les  ca- 
davres &  les  brûloir  en  divers  endroits.  Ces  cruautez  inouïes  obligèrent 
fa  femme  de  lui  préparer  un  poifon  ;  mais  ce  delfein  n'ayant  pas  réilffi , 
elle  le  fit  tuer  par  le  moyen  du  Prince  Leandre.  Voyez  Aretaphile. 
'  Plutarque ,  i-/«î  vertus  des  femmes.  [Cet  article  a  été  refait  fur  les  Origi- 
naux. ]  .,,  « 

NICOCREON ,  Tyran  de  Cypre.  Voyez  Anaxarque. 

NICODEME  Pharifîen  ,  Sénateur  du  Grand  Sanhédrin,  qui  alla 
voir  de  nuit  Jésus- Christ,  &  avec  qui  nôtre  Seigneur  eut  la  converfà- 
tion  que  l'on  trouve  au  Ch.I IL  de  S.  Jean.  Nicodeme  eut  auffi  foin  de  la 
fépulture  de  nôtre  Sauveur  ,  comme  on  le  voit  dans  le  Ch.  XIX.  du  mê- 
me Evangile.  On  attribue  à  Nicodeme  un  Evangile  que  nous  avons  en 
Latin. 

NICOLAI  Qean)  Sieur  de  S.  Vidlor  ,  Maître  des  Requêtes  & 
puis  premier  Préfident  en  la  Chambre  des  Comptes ,  a  vécu  fous  le  règne 
d"e  Charles  VIII.  &  de  Louis  XU.  Il  fut  premièrement  Confeiller  au 
parlement  de  Toiûoufe,&  le  Roi  Charles  VIII.  informé  de  fon  mérite. 


NIC. 

voulut  qu'il  l'accompagnât  au  voyage  du  Royaume  deNaples.  Il  l'em- 
ploya en  diverfes  négociations  importantes  chez  les  Princes  d'Italie  ,  & 
après  la  conquête  du  même  P,.oyaume  de  Naples,  il  l'y  laifla  en  qualité 
de  Chancelier.  Aprèsla  perte  de  cet  Etat  il  continua  en  France  fes  fervi- 
ces  au  Roi  Louis XII.  qui  lui  donna  une  Charge  de  Maîtredes  Requêtes, 
le  troifiéme  Juin  1504.  l'année  d'après  il  eut  celle  de  Premier  Prélident 
en  la  Chambre  des  Comptes  dont  il  fit  les  fondions  jufqu'en  1518.  qu'il 
la  refigna  à  un  de  fes  fils,  &  fes  defcendans  l'ont  confervée  dans  leur  Fa- 
mille. Ce  Jean  iaiflaAimarNicolaï,  père  d'Antoine  I.  reçu  Premier  Pré- 
fident en  la  Chambre  des  Comptes  à  la  placede  fon  père  l'an  1553.  Ce- 
lui-ci eut  JeanII.de  ce  nom,  père  d'Antoine  II.  du  nom,  qui  a  laifféN'i- 
colas  Nicolaï.  Chevalier ,  Marquis  de  Gouflainville ,  Confeiller  du  Roi 
en  fes  Confeils,  Premier  Préfident  en  la  Chambre  des  Comptes,  reçu  le 
10.  Mars  i6j6.  Ainfi  il  efl:  le  fixiéme  de  fa  Famille  qui  a  occupé  cette 
Charge. 

NICOLAI  ,  (Laurent)  Jefuite,  natif  du  Royaume  de  Norwege, 
fut  envoyé  de  Rome  en  Suéde  l'an  1577.  en  habit  déguifé,  pour  y 
fervir  la  Reine  Catherine ,  Epoufedu  Roi  Jean  111.  &  chercher  avec  elle 
les  moyens  de  rétablir  la  Foi  Catholique  dans  ce  Royaume.  Cette  Prin- 
ceffe  le  préfenta  aU  Roi ,  qui  lui  donna  la  Chaire  de  Théologie  dans  le 
Collège  de Stockolm, qu'il  venoitde  fonder.  Là,  fans  fe  déclarer, il  fa- 
poit  adroitement  dans  fes  Leçons  publiques ,  tout  le  fondement  du  Lu- 
theranifme ,  dont  le  Principal  du  Collège ,  &  un  Curé  de  cette  Ville , 
s'apperçûrent  &  voulurent  s'y  oppofer:  mais  le  Roi  les  chafla  comme 
des  Calomniateurs,  &  donna  la  Charge  de  Principal  au  Profeflèur  Laurent 
Nicolaï ,  qui  fit  une  Apologie ,  contre  les  écrits  de  ces  deux  exilez. 
Deux  ans  après ,  il  arriva  que  ce  Prince ,  qui  avoit  embrafle  la  Religion 
Catholique  ,fe  laiffa  féduire  par  les  Luthériens.  Alors ,  il  fit  fortir  le  Père 
Nicolai  de  fon  Collège ,  o'ù  il  remit  les  Hérétiques.  *  Maimboutg,  Hifîoirt 
du  Lutheramfme. 

NICOLAI  (Nicolas)  Gentilhomme  de  Dauphiné,  Sieur  d'ArfeuilIé, 
Auteur  de  quelques  Traitez  de  Navigation  ,  citez  par  la  Croix  du 
Maine,  &  par  duVerdierVauprivas,  étoit  un  homme  de  grand  favoir. 
11  mourut  à  Paris,  le  vingt-cinquième  Juin  de  l'an  1583. 

NICOLAITES  ,  Hérétiques  qui  s'élevèrent  dans  l'Eglife,  du  tems 
même  des  Apôtres.  On  e[\  en  peine  de  favoir  fi  Nicolas,  un  des 
fept  premiers  Diacres ,  étoit  l'Auteur  de  cette  Sefle.  Quelques  Pères 
l'affurent,&  difcnt  qu'ayant  été  blâmé  parles  Apôtres,  de  ce  qu'il  avoit 
repris  l'a  femme,  dont  il  s'étoit  feparé  pour  garder  la  continence,  il  in- 
venta une  erreur  brutale ,  pour  éxcufer  fon  procédé ,  enfeignant  que , 
pour  aquerir  îe  falut  éternel ,  il  étoit  neceffaire  de  fe  fouiller  tous  les 
jours  dans  toute  forte  d'impuretez.  D'autres  rapportent  que  les  mêmes 
Apôtres  lui  ayant  reproché  d'être  jaloux  de  fa  femme,  qui  étoit  fort  bel- 
le, il  la  fit  venir  en  pleine  affemblée,&  lui  permit  de  fe  marier  à  qui  elle 
voudroit  :  Et  que  comme  s'il  eût  enfeigné  par  cette  aétion  à  s'abandon- 
ner aux  plaifirs  de  la  chair ,  quelques  libertins  formèrent  une  hérefie ,  à 
laquelle  ils  donnèrent  fon  nom  fort  injuftement;  n'ayant  jamais  eu  d'au- 
tre femme,  que  la  première  qu'il  avoit  époufée.  Ils  ajoutent  que  fes  fil- 
les &  un  fils  qu'il  avoit ,  moururent  vierges  ;&  que  pour  lui,  il  fut  éta- 
bli Evêque  de  Samarie.  Quoi  qu'il  en  foit ,  les  Nicolaites  nioient  la  Di- 
vinité de  J  E  s  u  s-C  H  R I  s  T  par  l'union  hypoftatique ,  &  difoient  que 
Dieu  avoit  feulement  habité  en  lui.  Ils  foûtenoient  que  les  plus  illégiti- 
mes voluptez  du  corps  étoient  bonnes  6c  faintes;  8c  que  l'on  pouvoit 
manger  des  viandes  offertes  aux  Idoles.  Quelque  tems  après  chan- 
geant leur  nom,  qui  les  faifoit  trop  connoître,  ils  prirent  celui  de  Gnot 
tiques.  Ils  fe  diviferent  encore  en  d'autres  Sedes ,  Se  furent  appeliez 
Phibionites  ,  Stratiotiques ,  Levitiques  8c  Borborites.  Saint  Epiphane 
en  décrit  les  ordures  qu'on  ne  peut  lire  fans  horreur.  Cette  hérefie 
fe  renouvelloit  dans  l'onzième  Siècle ,  par  l'incontinence  de  quelques 
Clercs  qui  vouloient  fe  marier.  Le  Cardinal  Pierre  Damienfervit  beau- 
coup à  l'extirper.  *  S.  Ignace ,  Epifl.  ad  Trall.  c  ad Philadel.S.  Irenéci, 
li.  i.  c.  17.  G-  H.  3.C.  II.  Clément  Alexandrin,/;,  j,-  ■Strom.  Eu&he ,  li.  ■}. 
Hifi.  Saint  Epiphane , /;.«r.  25.  Theodoret,  hur.fab.  li.  3. Baronius ,  ^. 
C.  68.  1059.  c?  fei^.  Godeau,  Hift.  Eccl.  l.  i. 

S.  NICOLAS,  Evêque  de  Myre  en  Lycie ,  vivoit  au  commence- 
ment du  IV.  Siècle.  Son  nom  eft  auffi  célèbre  dans  l'Eglife,  que  fa 
'vocation'à  l'Epifcopat  avoit  été  miraculeufe.  Car  comme  les  Evêques 
étoient  en  peine  de  choifir  un  homme,  pour  remplir  le  Siège  de  Myre, 
ils  furent  divinement  avertis  d'ordonner  celui  qui  le  lendemain  fetrou- 
veroit  le  premier  à  l'ouverture  de  l'Eglife.  L'Efprit  de  Dieu  y  conduifît 
Nicolas ,  8c  quelque  réfiftance  qu'il  apportât  à  fon  Ordination ,  elle  fut 
faite  avec  un  applaudiffement  univerfel  du  peuple.  Il  furpaffa  les  efpe- 
rances  qu'on  avoit  conçues  de  lui,  par  fa  douceur,  8c  par  fa  charité.  Ufut 
pris  durant  la  perfecution  de  Licinius,  8c  envoyé  en  exil.  Son  re- 
tour ,  après  la  mort  de  ce  Tyran ,  fut  très-glorieux  :  Il  fit  la  vifite  de  fon 
Diocefe ,  8c  abbatit  autant  de  Temples  8c  d'Idoles  qu'ily  en  trouva.  C'eft 
l'opinion  commune ,  qu'il  affifta  au  Concile  Général  de  Nicée,  l'an  trois 
cens  vingt-cinq ,  8c  qu'il  s'y  oppofa  fortement  à  Anus.  11  eft  fait  men- 
tion de  lui  dansla  Liturgie  de  faint  Jean  Chryfoftome.  L'Empereur  Juf- 
tinien  bâtit  une  Eglife  en  fon  honneur ,  que  Bafile  repara  avec  magnifi- 
cence. Il  fortit  de  fon  tombeau  une  liqueur  qui  gueriffdit  toute  forte 
de  maladies  ;  ce  que  nous  apprenons  d'une  Nouvelle  de  l'Empereur  Ema- 
nuel,  rapportée  par  Balfamon.  Son  corps  fut  tranfporté  dans  l'onziè- 
me Siècle ,  à  Bari  en  Italie ,  où  il  a  continué  à  faire  des  miracles.  *  Meta- 
phrâfte  8c  Surius,  J.  6.  Vecemb.  Baronius , in  Annal is-  Martyr.  Godeau , 
Hifl.  Eccl. 

NICOLAS  I.  de  ce  nom ,  Pape ,  dit  le  Grand,  Romain  de  nation,  fuc- 
céda  à  Benoît  111.  8c  fut  confacré  dans  l'Eglife  de  fiint  Pierre ,  en  pre- 
fence  de  l'Empereur  Louïs  II.  le  14.  Avril  de  l'an  858.  C'eft  avec  raifon 
qu'il  fut  furnommé  GM»i,  n'ayant  jamais  eu  que  des  penfées  fublimes 
8c  des^deffeins  avantageux  pour  le  bien  de  l'Eglife;  8c  s'étant  efforcé 
d'égaler  le  mérite  de  faint  Léon  ^  de  fairit  Grégoire ,  par  la  gran- 
deur de  fon  courage,  8c  par  la  gloire  de  fes  aélions.  Michel  III.  fur- 
nommé  le  Beuveur ,  Empereur  d'Orient,  ayant  chaffé  S.  Ignace  Patriarche 
de  Conftantinople ,  Si  mis  Photius  à  fa  place ,  pour  autorifer  cette  adion , 
envoya  fous  de  faux  prétextes,  prier  le  Pape  Nicolas  de  trouver  bon 
qu'on  affemblât  un  Concile.  Nicolas  y  envoya  fes  LegatsàZacharieSc 
"     ^  RadoaL 


NÏC. 

Radoalde  ;  mais  ayant  fù  que  cette  affemblée  &  d'autres  s'étoient  fai- 
tes contre  les  formes ,  il  les  condamna;  &  les  traita  même  de  briganda- 
ge, en  écrivant  à  cet  Empereuv ,  Latrocimlis  Synodus.  11  s'oppola  cou- 
rageufement  à  toutes  les  eritreprifes  des  Grecs  ;  &  ayant  fù  que  l'info- 
lence  de  Photius  étoit  paflëejulques  à  le  vouloir  dépofer,  il  reprima  cette 
audace  par  écrit,  &  engagea  Hmcmar  de  Rheims ,  &  les  autres  Evêques 
de  France ,  à  prendre  le  parti  de  l'Eglife  Romaine ,  en  répondant  aux 
objedlions  des  Grecs ,  qu'il  leur  envoya.  Cependant  il  frappa  d'Anathê- 
me  Photius.  l'ai  déjà  marqué  ailleurs,  avec  quelle  fermeté  il  agit  en 
l'affaire  de  Lothaire  Roi  de  Lorraine,  &Valdrade:  &  ce  qu'il  fit  après 
le  Concile  de  Mets,  célèbre  pour  cette  affaire  enS63.  Il  excommunia 
auflijean  Archevêque  de  Ravenne,  que  fon  arrogance  rendit  desobéif- 
£int  à  l'Eglife;  mais  dès  que  par  iafoùmiffionil  eût  témoigné  du  repen- 
tir, Nicolas  leteçut  avec  toute  forte  de  bonté  &  de  douceur.  Il  célébra 
divers  Synodes  pour  la  reforme  des  mœurs;  il  travailla  à  la  converiîon 
des  Bulgares  ;  il  s'oppofa  à  quelques  Hérétiques  qui  s'élevèrent  de  fon 
tems ,  "&  qui  renouvelloient  les  erreurs  des  Theopafchites,  &  enfin  dans. 
le  delîein  qu'il  avoit  d'ordonner  faintement  toutes  chofes ,  il  écrivit  un  fi 
grand  nombre  d'Epttres ,  qu'on  en  a  publié  un  Volume  ;  auffi  Baronius  en 
cite  quatre-vingts  &  deux ,  &  nous  en  avons  plus  de  quatre-vingts  &  dix  , 
dans  les  éditions  des  Conciles.  Ce  grand  Pontife  mourut  le  treizième 
Novembre  867. ayant  gouvernérEglife9.  ans,  i.mois&io.jours.  Ileft 
enterré  au  'Vatican,  oii  l'on  voit  fon  Epitaphe.  Pour  fa  Vie  confultez 
Anallafe  le  Bibliothécaire,  Platine,  Onuphre,Ciaconius,PapyreMaf- 
fon.  Du  Chelhe,  Baronius,  &c.  &  pour  fes Ecrits  voyez  Adrien  IL 
Hincmar  de  Rheims,  S.  Antoine,  Tritheme,  Bellarmin  ,  Poffevin, 
Gefner,  &c. 

NICOLAS  II.  dit  Gérard  de  Bourgogne,  François,  ou,  félon  d'au- 
tres, Savoyard,  fut  mis  àla  place  d'Etienne  IX.  en  1059.  Son  éleftion  fe 
fit  à  Sienne.  Quelques  faftieux  pouflez  par  le  Comte  de  Frefcati ,  ■  firent 
conlàcrer  par  violence  Jean  furnommé  Nincius,  tvêquede  Velitri,  qui 
prit  le  nom  de  Benoît  X.  Nicolas  le  condamna  dans  un  Concile  tenu  à 
Sutri,  &  l'obligea  de  fe  venir  jettera  lès  pieds,  &  implorer  fa  clémence. 
Il  lui  permit  de  vivre  à  fainte  Marie  Majeur,  fans  pouvoir  exercer  aucune 
fonélion  Sacerdotale.  Cependant  étant  venu  à  Rome  ,  &  ayant  calmé 
divers  troubles  en  cette  Ville,  &  dans  l'Etat  Ecclefiaftique ,  il  confirma 
à  Robert  Guichard  les  Duchez  delà  Fouille  &  de  la  Calabre  ;  &  à  Richard 
la  Principauté  de  Capoué.  Il  célébra  auffi  un  Concile  où  Berenger  abjura 
fon  hérelie ,  &  promit  de  fe  corriger.  Ce  Pape  mourut  à  Florence  le 
3.  Juillet  de  l'année  1061.  après  deux  ans  &  fixmois  de  Siège.  *Lcon 
d'Oftie, -ft. 3.  c.  iz.  lyyêg'.  Baronius,  in  Annal. 

NICOLAS  III.  Romain  ,  de  la  Maifon  des  Urfîns ,  nommé  Jean 
Cajetan ,  Cardinal  Archidiacre ,  fucceda  à  Jean  XXI.  le  Siège  ayant  va- 
qué lix  mois  &  quatre  jours.  Il  fut  élu  à  Viterbe  le  vingt-cinquième 
Novembre  jour  de  fainte  Catherine ,  de  l'an  1177.  On  dit  qu'étant  en- 
core enfant ,  faint  François  lui  avoit  prédit  qu'il feroit un  jour  Pape;  & 
que  c'eft  pour  cette  raiibn  qu'il  avoit  toujours  été  leProtefteur  de  fon 
Ordre ,  que  ce  Saint  lui  avoit  recommandé.  Ce  Pape  étoit  fa  vaut ,  ami 
desgens  de  Lettres,  ne  donnoit  des  Bénéfices  qu'aux  perfonnes  déméri- 
te ;  &  étoit  fi  prudent ,  qu'avant  fon  Pontificat  on  le  nommoit  ordinaire- 
ment le  Cardinal  compofé,  Cardinalis  compofitus.  Il  eut  un  foin  parti- 
culier de  ramener  les  Schifmatiques  à  l'Eglife ,  &  de  travailler  à  la  con- 
verfion  des  Payens.  Pour  cela  il  envoya  des  Légats  à  Michel  VIII.  Em- 
pereur d'Orient ,  &  des  Miffionnaires  en  Tartarie.  Mais  comme  il  étoit 
perfuadé  qu'il  ne  pouvoir  venir  à  bout  de  cesdeffeins  fans  le  fecours  du 
Ciel,  il  le  lui  demandoit  avec  un  très-grand  zèle;  &  fur  tout  au  faint 
facrifice  de  la  M-efle,  qu'il  n'offiit  jamais  fans  verfer  des  larmes.  En- 
fin la  gloire  de  ce  Pontife  auroit  été  très-éclatante ,  s'il  ne  l'eût  ternie , 
par  un  trop  grand  attachement  à  fes  parens  ,  qui  lui  fit  commettre 
des  injyftices  pour  les  enrichir  &  les  élever  ;  &  par  la  haine  injutte 
qu'il  eut  contre  Charles  d'Anjou  ,  Roi  de  Sicile ,  ou  parce  qu'il  ne 
l'avoir  pas  favorifé  en  fon  élection  en  qualité  de  Sénateur  &  Gouver- 
neur de  Rome,  &  Vicaire  de  l'Empire,  ou  parce  qu'il  avoit  méprifé 
fon  alliance ,  ou  parce  qu'il  avoit  fait  mourir  quelqu'un  de  fes  parens. 
Quoi  qu'il  en  foit  ,  Nicolas  obligea  ce  Roi  de  lé  démettre  de  fes 
Charges  de  Vicaire  de  l'Empire ,  &  de  Sénateur  de  Rome  :  ce  qu'il 
fit  pour  le  bien  de  la  paix.  Le  Pontife  ne  fut  pas  fatisfait  de  cette 
vengeance,  il  fit  avec  le  Roi  d'Arragon  une  Ligue, qui produifit  bien- 
tôt après  le  maflacre  des  François  en  Sicile  :  ce  qu'on  a  nommé  les  Vê- 
pres Siciliennes.  11  n'en  fut  pas  néanmoins  témoin,  étant  mort  d'apo- 
plexie deux  ans  auparavant ,  après  avoir  publié  fa  Bulle  Exiit  tjui  fe- 
minat ,  çs'c.  Cette  mort  imprévue  arriva  à  Suri ,  Maifon  de  plaifance 
au  Diocefe  de  Viterbe,  le  12,.  Août  1180.  après  z. ans,  9.  mois  &  3. 
jours  de  Siège.  On  lui  attribue  un  Traité  de  Eleâiione  dignitamm. 
*  S.  Antonin,  Tit.  zo.  c  3.  Vilkni,  li.  7.  Platine  &  du  Chefne,  en 
fa  Vie,  Gilies  Cardinal  de  Viterbe,  in  M.  S.  X.  x.  S&cul.  Bifi.p.iTi. 
Sponde ,  Bzovius  8c  Rainaldi  ,  in  Annal.  Eccl.  Louis  Jacob  ,  Biil. 
Pontif.  crc. 

Ni  COLAS  IV.  Religieux  de  l'Ordre  de  faint  François ,  fucceda  à 
Honoré  IV.  en  iiSS.  le  Siège  ayant  déjà  vaqué  près  d'onze  mois. 
Il  étoit  natif  d'Afcoli  en  la  Marche  d'Ancone ,  &  nommé  F.  Jérôme. 
L'Infcription  qu'on  voit  fur  fon  tombeau  ,  à  fainte  Marie  Majeur  à 
Rome,  y  fut  mile  par  les  foins  d'un  Religieux  de  fon  Ordre,  F.  Félix 
Perretti,  depuis  Cardinal  de  Montalte&  Pape,  fous  le  nom  de  Sixte  V. 
Elle  nous  apprend  que  ce  Pontife  étoit  Philofophe  8c  Théologien ,  que 
Grégoire  X.l'avoit  envoyé  à  Conftantinopleôc  en  Tartarie  pour  travail- 
ler à  la  réunion  des  Grecs,  &  à  la  converfion  des  Infidèles  ;  qu'il  fut 
Général  de  fon  Ordre  après  faint  Bonaventure ,  que  Nicolas  1 1 1.  le 
fit  Cardinal,  &  que  ce  Pape  &  Honoré  IV.  l'avoient  employé  en  diver- 
fes  Légations.  Il  fut  élû  le  zz.  Février ,  &  couronné  deux  jours  après, 
ayant  voulu  prendre  le  nom  de  Nicolas ,  en  mémoire  de  celui  qui  l'avoit 
élevé  à  la  dignité  de  Cardinal.  Il  gouverna  l'Eglife  avec  beaucoup  de 
foin,  ayant  appaifé  les  diffenfions  dans  Rome,  dans  l'Etat  Ecclefiafti- 
que, &  mis  en  paix  divers  Princes  Chrétiens  ,  &  entr'autres  le  Roi 
de  Sicile  &  d'Arragon.  Il  s'empreflTa  auffi  beaucoup  pour  la  converfion 
des  Tartares  &  des  Efclavons ,  &  pour  le  recouvrement  de  la  Terre- 
Sainte  i  mais  il  n'eut  pas  la  confolation  de  voir  la  fin  de  fes  heureufes 
2esi,  iV.  -  -      -     -  ' 


NIC. 


^7 


entreprifes ,  étant  moitié  4.Avriliz9z.  après  avoir  fiegé  4.  ans  un  mois' 
&i4.jours.  On  lui  attiibue  des  Commentaires  fur  fEcriture  Sainte,  fur 
le  Maître  des  Sentences,  des  Sermons,  &c.  *  Bzovius,  Sponde  & 
Rainaldi ,  in  Annal.  Rai.  Luc  'Wadinge ,  in  Annal.  Min.  François  Gon- 
zague,  Henri  Sedulius,  Vlarc de  Lisbonne  .Bernardin  de Befl'a,  Pierre 
Rodolphe ,  &  Peregrinus  de  Bologne ,  in  Hift.  Seraph.  Henri  Willot  in 
Athcn.Franc.y.H.  <i^  N,  Du  Chefne,  en /a  Vie.  Vidtoiel,  Addit.  ad 
Nicot.  III.  cyc. 

NICOLAS  V.  nommé  premièrement  Thomas  de  Sar^.ane,  Cardi- 
nal de  fainte  Sufanne,  fut  elû  après  Eugène  IV.  le  6.  Mais  de  l'an  1447. 
&  couronné  le  r  9.  du  même  mois.  Il  prit  le  nom  de  Nicolas ,  enmemoi- 
re  du  Cardinal  Nicolas  Albergati,  fon  bienfaéleur  &  fon  ami.  La  Scien- 
ce &  les  rares  qualitez  de  ce.grand  Homme,  lui  firent  d'autant  plus  mé- 
riter la  première  Dignité  du  Monde ,  que  la  modeftie  fail'oit  qu'il  s'en 
jugeoit  indigne,  &  qu'aulieu  que  les  autres  briguent,  pour  y  parvenir, 
la  taveur  des  Cardinaux ,  celui-ci  fe  jettpit  à  leurs  pieds,  pour  les  prier 
de  ne  le  pas  élire.  La  première  choie  qu'il  fit  étant  affis  fur  le  Trô- 
ne Pontifical  ,  fut  de  travailler  à  la  paix  de  l'Eglife  &  de  l'Italie  :  il 
y  rèuffit  allez  heureulèment ,  après  avoir  fait  trouver  bon  à  l'Antipa- 
pe Félix  V.  de  renoncer  aux  droits  qu'il  pouvoir  avoir  à  la  Papauté. 
Nicolas  le  traita  très-génereufement  ,  en  le  faifant  Doyen  des  Cardi- 
naux, &  Légat  du  faint  Siège  en  Allemagne.  Cette  modération  lui  ac- 
quit l'amitié  du  peuple ,  &  de  l'autorité  parmi  les  Princes  d'Italie ,  qui 
firent  confcience  d'être  en  guerre ,  quand  Dieu  donnoit  la  paix  à  fort  • 
Eglife,  après  un  long  Schifme;  &  par  l'ouverture  d'un  Jubilé,  en  1450. 
Nicolas  canoniza  durant  ce  tems  S.  Bernardin  de  Sienne.  Deux  ans 
après  il  couronna  à  Rome ,  l'Empereur  Frédéric  IV,  avec  fa  femme  Eleo- 
nor  de  Portugal.  Jufques  alors  ce  Pape  fe  pouvoir  glorifier  d'être  un  des 
plus  heureux,  qui  euffent  gouverné  l'Eglife.  MaisIa  conjuration  formée 
contre  lui  &  contre  les  Cardinaux,  par  un  perturbateur  éloquent  &  cou- 
rageux, nommé  Etienne  Porcario  ,  dont  il  avoit  éprouvé  le  mauvais 
efprit  dès  l'entrée  de  Ion  Pontificat  ;  &  la  prife  de  Conftantinople  par  les 
Turcs  en  i4<;3.  lui  cauferent  un  déplaifir  extrême.  Mais  fur  tout  cette 
dernière  infortune  l'accabla  d'une  fi  gninde  trifi:efle  ,  que  ce  chagrin , 
&  la  douleur  des  goûtes  le  mirent  au  tombeau  en  1455.  au  grand  regret 
de  toute  l'Fglile,  qu'il  avoit  gouvernée  huit  ans  &  dix-neuf  jours.  Sous 
fon  Pontificat ,  les  belles  Lettres,  quiavoient  été  comme  enfevelies  du- 
rant plufieurs  Siècles,  refl'ufciterent  glorieufement.  Outre  que  ce  Pape 
étoit  favant ,  il  étoit  Proteèleur  des  doéles ,  qu'il  attiroit  auprès  de  lui 
par  fijs  bienfaits.  Il  eut  un  foin  extrême  de  recueuillir  de  tous  les  lieux 
du  monde  les  plus  beaux  manufcrits  Grecs  &  Latins,  pour  en  enrichir 
fa  Bibliothèque.  11  faifoit  traduire  les  Tr^utez  Grecs ,  è:  recoin  penfoit 
magnifiquement  ceux  qu'il  employ  oit  ou  à  cestradudlions ,  ou  à  la  re- 
cherche des  Livres  :  Et  il  avoit  même  promis  cinq  mille  Ducats  à  celui 
qui  lui  apporteroit  l'Evangile  de  faint  Matthieu  en  Hébreu.  Outre  cela 
les  Ouvrages  pubhez dans  Rome  &  ailleurs,  les  Palais,  les  Eglifes,les 
ponts  ,  les  fortifications  ,  les  maifons  particulières ,  les  Grecs  &  les 
Gentils-hommes  aflîftez:  par  fes  hberalitez,  les  filles  mariées  honorable- 
ment, les  Bénéfices  &  les  Charges  Confiées  au  mérite;  les  Vafes  facrez 
&  les  ornemens  faints  ;  &  enfin  mille  autres  grandes  chofes  ,  témoi- 
gnent combien  ce  Pontife  étoit  libéral ,  magnifique  &  zélé  pour  le  bien 
du  peuple ,  &  pour  la  gloire  de  la  Religion.  Plufieurs  Auteurs  parlent 
très-avantageufement  de  ce  Pontife ,  &  fur  tout  S.  Antonin ,  .S.neas  Syl- 
vius,  depuis  Pie  II.  Philelphe,  Poggio ,  Jean  Manetius ,  Gilles  Cardinal 
de  Viterbe,  Blondus, Platine, Vidorel,  Sponde ,  Rainaldi,  PolTevin,  du 
Chefne,  &c. 

NICOLAS ,  Antipape.  Cherchez  Jean  XXII.  &  Pierre  de  Corbe- 
ria  ou  Ranuche. 

NICOLAS  I.  de  ce  nom  dit  Mystique,  qui  eft  un  nom  de  Digni- 
té ,  Patriarche  de  Confl:antinople ,  fucceda  à  Antoine  en  890.  &  gouver- 
na cette  Eg'.ife  avec  beaucoup  de  probité.  Jean  Curopalate  nous  apprend 
que  l'Empereur  Léon  VI.  le  chaflTa  de  fon  Siège  en  901.  parce  qu'iln'a- 
voit  pas  voulu  approuver  un  quatrième  mariage  de  ce  Prince  avec  Zoë, 
ces  noces  fifouvent  réitérées  étant  contre  les  Canons.  En  effet  Nicolas 
en  écrivit  lui-même  au  Pape.  Cependant  Alexandre  Empereur  le  rétablit 
en9ii.&ilfuttuteurdeConftantinPoiphyrogenete.  Il  envoya  des  Lé- 
gats au  Pape  Jean  X.  pour  l'union  de  l'Eglife  Greque  avec  la  Latine,  & 
avertit  le-Roi  des  Bulgares,  de  ce  qu'il  devoir  au  faint  Siège.  Il  mourut 
en930.  *Curopalate,  in Compend.  Hift. Bzwnius,  inAnnal. 

NICOLAS  II.  dit  Chrysoeerge  ,  fucceda  à  Antoine  Studite  en 
98i.&gouverna  avec  affez de  douceur  fon  Eglife, jufqu'en  995.  *  Cu- 
ropalate &  Baronius ,  ^.  C.  98 1 .  er  99  5 . 

NICOLAS  III.  furnommé  le  Grammairien,  perfonnage  fort  efti- 
mé  parmi  les  Grecs,  fucceda  à  Euflathius  en  1089.  Quelques-uns  lui 
donnent  auffi  le  nom  de  Mufalon.  Théodore  Balfamon  cite  quelques  Ca- 
nons de  ce  Prélat.  Nous  avons  auffi  de  lui  divers  Décrets,  &uncEpître 
Synodale.  Il  mourut  en  1117.  *Zonaras,  in  Annal.  "Théodore  Bal- 
famon, inSynod.Tul.  c.ô-^.vinCant.c.ïi.  Photius,  in  Nom  oc.  tit.  ï^^, 
c.  z.  inConcAntioch.c.T,.  Le  Code  du  Droit  Oriental ,  //.  3.  Baroniijs, 
in  Annal. 

NICOLAS  ABBE'.  Cherchez  Tudefchi. 

NICOLAS  DE  BUGEI,  ainfi  nommé  du  lieu  ori  il  eft  né,  étoit 
Prêtre,  &  Aumônier  de  l'Evêquc de  Londres.  11  vivoit  vers  l'an  1440. 
&  il  a  fait  un  Ouvrage  Ilirtorique  intitulé  Adunationes  Chronicorum, 
*  Pitfeus ,  de  Script.  Angl. 

NICOLAS  DE  CLAIRVAUX,  fut  difciple  &  Secrétaire  de  faint 
Bernard  :  Mais  depuis  ayant  apoftafié  il  fut  l'ennemi  déclaré  de  ce  grand 
Saint.  Jean  Picard,  Chanoine  Régulier  de  Saint  Viélor  de  Paris,  publia 
un  volume  d'Epîtres  de  ce  Nicolas,  que  nous  avons  dans  la  Bibliothèque 
desPeres.  *  Voyez  Manriquez,  inAnnal.Cifier.A.  C.  1145.  48.  51.  £?■. 
71.  Charles  de 'Vifch ,  inBiU.Cifter.  Bellarmin, &c. 

NICOLAS  DE  CUSA,  Cardinal,  dit  auffi  C»/4Kai ,  étoit  en  gran- 
de cftime  dans  le  XV.  Siècle.  Son  nom  de  C«(/<î  eft  celui  d'un  petit  bourg 
fur  la  Mofelle,  au  Diocefe  de  Trêves.  Ce  grand  homme  y  naquit  de 
parens  pauvres  ;  mais  il  les  rendit  illuftres  par  fon  efprit.  C'cft  une 
chofe  aflèz  furprenante ,  qu'Onuphre  qui  a  écrit  la  Vie  des  Papes ,  l'Abbé 
Pennctto  Auteur  d'une  Hiftoire  Tripartite ,  8c  Hippolyte  Maraccio ,  à 
D  2  9"^ 


a8 


NIC. 


qui  nous  devons  la  Bibliothèque  Manane,  ou  de  ceux  qui  ont  écrit  de  la 
^inte  Vierge,  ayent  ofé  dire  que  Nicolas  de  Cufa  a  voit  été  Chanoine 
Rculier  &  Prévôt  du  Monaftere  de  Vartobergen;  &  qu'Antoine  de 
Sienne  &  ftltbnfe  Fernandez  le  faffent  Dominicain  ;  puis  qu'il  eft  très- 
fûr  par  le  témoignage  de  divers  Auteurs  irréprochables ,  qu'il  n'a  fait 
profeflion  dans  aucun  Ordre  Religieux  ;  mais  qu'il  fut  feulement  Doyen 
de  S  Florent  de  Confiance,  Archidiacre  de  Liège,  Evêque  de  Bnxen  en 
Allemagne  ,&  Cardinal  du  titre  de  faint  Pierre  aux  Liens.  Son  mente 
feul  l'eleva  à  ces  dignitez-  Bien  qu'il  eût  une  connoiffance  fort  étendue 
pour  le  tems ,  il  excelloit  dans  la  Jurifprudence  &  dans  la  Théologie. 
Le  Pape  Eugène  IV.  le  donna  au  Cardinal  Nicolas  Albergati,  qu'il  en- 
voyoit  Légat  en  Allemagne;  où  il  fut  depuis  encore  envoyé  en  quahte 
de  Nonce.  Cependant  Nicolas  V.  fucceffeur  d'Eugène,  perfuade  du 
mérite  de  Cufa, le  recompenfa  par  la  dignité  de  Cardinal,  le  io.  Décem- 
bre 1448.  &  deux  ans  après  lui  donna  l'Evêché  de  Brixen,  dans  le  Comte 
de  Tirol  Cette  Prélature  étoit  vacante ,  &  les  Chanoines  de  la  Cathé- 
drale avoient  nommé  Léonard  Wifmer ,  Chancelier  de  Sigifmond  Ar- 
chiduc d'Autriche  Comte  de  Tirol.  Le  Pape  ne  voulut  point  confirmer 
cette  éleaion:Ce  qui  fut  caufe  que  Sigifmond  eut  lahardiefledefaire 
arrêter  prifonnierle  Cardinal  de  Cufa,  au  grand  mépris  de  fa  dignité,  & 
du  !>  Mé°e  Cette  affaire  eut  eu  des  fuites  tacheufes,  h  elle  n  eut  eteme- 
B^gée  ôcwr  le  Cardinal  &  par  l'Empereur  Frédéric  IV.  Cependant  ce 
premier  fut  renvoyé  en  1 45 1  •  Légat  en  Allemagne ,  pour  y  faire  prêcher 
laCroifade.  La  fauffe  politique  des  uns,  &  la  crainte  mtereflee  des  au- 
tres ,  firent  échouer  les  defleins  du  Légat ,  qui  pour  n'être  pas  mutile , 
afîembla  un  Concile  à  Magdebourg ,  reforma  les  Monaileres ,  publia  le 
Jubi'é  &  fit  des  Ordonnances  très-utiles  pour  la  difcipline  Ecclehalti- 
que.  l'i  retourna  à  Rome,  fous  Calixte  III.  &  fe  trouva  à  la  création  de 
Pie  II  qui  le  laiflà  Gouverneur  de  Rome,  quand  il  partit  pour  Mantoue, 
où  il  avoir  affemblé  les  Princes  pour  la  guerre  contre  les  Turcs.  Ce  grand 
Homme  mourut  à  Todi ,  Ville d'Ombrie,  le  onzième  Août  de  1  an  r466. 
âgé  de  63  ans.  Son  corps  fut  enterré  à  Rome  dans  lEglife  de  Saint  Pierre 
aux  Liens,  qui  étoit  fon  titre  de  Cardinal, &  fon  cœur  fut  porte  dans 
TFoIi^e  de  l'Hôpital  de  faint  Nicolas ,  qu'il  avoit  fonde  près  de  Cufa  ,&J 
enrtchi  d'une  ample  Bibliothèque  de  Livres  Grecs  &  Latins.  Ceux  que 
lui-même  a  compofez  font  l'ornement  de  celles  des  Curieux.  Nous 
avons  tous  fesTraitez  en  III.  Volumes  de  l'impreffiqndeBafle,eni565. 
*  Onuphre ,  Platine ,  Ciaconius ,  Vidorel,  in  Vit.  Pont.  Tntheme  &  Bel- 
larrain  de  Script.  Ecd.  Sponde & Rainaldi , i»  jinnal.  Eccl.Voffevm,!» 
Appar.  Sacr.  Auberi ,  Vie  des  Cardin.  T.  II.  Sixte  de  Sienoe ,  Bibl.  .5.  Jaques 
Faber ,  Jean  Aventin ,  Cochlïeus ,  &c.  ,.,        .        . 

NICOLAS  DE  DAMAS,  ainfi  nomme  parce  quil  avoit  pris 
naiflance  dans  la  Ville  de  ce  nom ,  a  été  eftimé  entre  les  plus  fa  vans  Hom- 
mes de  fon  Siècle.  Il  vivoit  du  tems  d'Augufte,&  eut  beaucoup  de  part 
aux  bonnes  grâces  de  cet  Empereur,  8c  en  celles  d'Herode/eGr«»i  Roi 
des  Juifs  II  étoit  Philofophe  Féripateticien,  Poète  &Hiftonen.  Quel- 
ques fragmens  qui  nous  relient  de  ces  belles  pièces, nous  font  plaindre 
le  malheur  que  nous  avons  eu  de  les  avoir  perdues.  JefaibienqueGef- 
ner  femble  affurer  que  IHiftoired'Affyrie  de  Nicolas  de  Damas  eit  a  Ve- 
Eife,  mais  il  eft  aifé  de  voir  que  le  bon  Homme  s'en  eftlaifiéimpofer. 
Cette  Hiftoire  qui  devoit  être  univerfelle ,  étoit  compofèe  de  LXXX. 
Livres  félon  Suidas,  de  CXXIV.  félon  Jofeph,& de CXLlV. comme 
le  témoigne  Athénée.  Il  avoit  compofé  d'autres  Pièces  confiderables  ; 
comme  nous  l'apprenons  de  divers  Auteurs.  *  jofeph,  lih.  i.  (sr  16. 
jintio.  Athénée,  Il  6.  Strabon  ,  li.  i  î-Eufebe,  li.  9.  Pr^p.  iî-aw^.Photius , 
cod.  189.  Suidas,  Voffius,  Gefner,  &c.  [Il  faut  ajoiiter  a  ce  que  nô- 
tre Auteur  dit  de  Nicolas  de  Damas ,  c^ Henri  de  Valois  a  publié  a  Pans  en 
16^4  en  Grec  &  cnL^m,\esKecusm\squeConJianiinPorphyrogenéte 
avoit  faits  de  divers  Ouvrages  de  cet  Auteur.  Ces  Recueils  appartenoient 
iNic  de  Peir«/c,  qui  les  avoit  fait  acheter  dans  l'ille  de  Cypre.] 

NICOLAS  DE  DURHAM  ,  Religieux  Anglois  de  la  Congré- 
gation de  Cluni, vivoit  environ  l'an  11 69.  &  laiOa  quelques  Ouvrages 
Hiftoriques.  *  Amonl  VVion,  in  ligne  wj*.  Matthieu  Pans,  ;»iy««r.  //. 
Pitfeus,  Voffius,  Sec.  . 

NICOLAS  EUBOICUS.  Cherchez  Euboicus. 

NICOLAS  DE  LIRE,  ou  Lyranus,  Religieux  de  1  Ordre 
de  faint  François ,  étoit  en  eftime  dans  le  XIV.  Siècle.  Son  nom  de  Lire 
lui  a  été  donné  de  celui  de  fa  patrie,  qui  eft  un  Bourg  de  Normandie, 
dans  leDiocèfed'Evreux.  Et  pour  en  être  perfuade,  il  ne  faut  que  Urc  ce 
tjui  eft  dit  de  fa  naiffance , dans  fon  Eloge  rapporté  par  desAuteursde 

"fon  Ordre.  \ 

I 
Lya  brevis  vtcus ,  Normanna  in  gente  alehrîs. 
Prima  mihi  vita  janua ,  for/que  fuit. 

De  là  il  faut  conclurre ,  qu'il  n'étoit  ni  natif  de  Lire  en  Brabant ,  ni  Fla- 
mand, ni  Anelois,  comme  plufieursl'ontécrit.  Ses  parens  étoient  Juifs. 
■Il  n'eut  point'de  part  au  malheur  de  cette  naifl'ance;  car  s'ctant  taitbap- 
tifer,  il  prit  l'habit  de  Religieux  de  S.  François ,  dans  le  Monaftere  de 
Verneuil,  &  enfuite  envoyé  à  Paris.  11  étudia  en  cette  Ville,  après 
il  y  enfeigna  durant  plufieurs  années ,  &  y  compofa  la  plupart  des  Li- 
vres qui  nous  reftent  de  lui.  Son  mérite  lui  fit  avoir  les  principales  Char- 
ges de  fon  Ordre, &  lui  aquit  l'eftime  des  Grands.  Nous  voyons aufiTi 
dans  le  Codicile  du  Tellament  de  la  Reine  Jeanne  Comtefle  de  Bour- 
gogne ,  femme  du  Roi  Philippe  V.  dit  le  Long,  que  cette  Princeffe  le 
nomme  entre  les  exécuteurs  de  fon  tellament,  en  qualité  de  Provin- 
cial de  fon  Ordre  en  Bourgogne.  C'étoit  en  iszj.  Nicolas  de  Lire  mou- 
rut le  14.  Oftobre  1439.  félon  quelques  Auteurs;  mais  plutôt  le 23.  du 
même  mois  de  l'an  1340.  comme  d'autres  l'afl'urent.  Il  a  lalffé  des  Pof- 
tilles  ou  petits  Commentaires  fur  toute  la  Bible  ;  Un  Traité  du  Corps 
de  J  E  s  u  s-C  H  R I  s  T ,  contre  les  Juifs  ;  des  Commentaires  fur  le  Maî- 
tre des  Sentences;  De  la  vifion  Beatifique,  des  Sermons,  &c.  *Trithe- 
me  &  Bellarmin  ,  à  Script.  Ecd.  Henri  Villot ,  in  Athen.  Franc.  Luc  Wa- 
dinge ,  in  Bibl.  ©•  Annal.  Minor.  Poflevin  ,  in  Appar.  S(zcr.  Valere  André , 

£ibl.  helg.  crc.  ,_,,,. 

NICOLAS  DE   LORRAINE  ,   Comte  de  Vaudenaont  ,  étoit 
fécond  fils  d'Antoine  Duc  de  Lorraine,  &  de  Renée  de  Bourbon,!  Il  fe 


NIC. 

fignala  en  diverfes  occafions  importantes.  Le  Roi  Charles  IX.  le  créa 
Duc  de  Mercœureni569.  Ce  Duc  époufa  en  premières  noces,  l'an  1549. 
Marguerite  d'Egmont ,  fille  de  Jean  III.  Comte  d'Egmont;  en  2. Jean- 
ne de  Savoye  fille  de  Philippe  Duc  deNevers;&en3.ranr;69. Cathe- 
rine de  Lorraine  fille  de  Claude ,  Duc  d'Aumale.  Du  premier  mariage  il 
eut  deux  filles  mortes  jeunes, un  fils  auffi  mort  en  enfance;  &  Louïfe 
qui  fut  Reine  de  France, &  époufe  du  Roi  Henri  III.  Les  enfans  du 
fécond  lit  furent  Philippe  Emmanuel  de  Lorraine  Duc  de  Mercœur,  qui 
fe  fignala  en  Hongrie  contre  les  Infidèles,  comme  je  le  dis  ailleurs;  Char- 
les &  Jeanmortsjeunes;Margueritefemmed'AnneDucdeJoyeufe,& 
puis  de  François  de  Luxembourg  Duc  de  Pineij Claude,  &  François 
Marquis  de  Chauflein.  De  fa  troifiéme  époufe,  il  eut  Henri  Comte  de 
Chaligni,  Chrittine ,  Antoine ,  Louïfe ,  &  Henri  Evêque  de  Verdun  & 
puis  Capucin.  Nicolasde  Lorraine mouruten  1577. *G6defroi,Gi!'»M/. 
de  Lorraine.  Vignier ,  Sainte  Marthe ,  &c. 

NICOLAS  DE  ODDIS.  Cherchez  de  Oddis,  &c. 

NICOLAS  DE  ORBELLIS.  Cherchez  de  Orbellis,  &c. 

NICOLAS  DE  SAINT  ALBAN,  qui  y  fut  Religieux,  &  puis 
Abbé  d'un  Monaftere  de  la  Congrégation  de  Cluni.  Il  fit  deux  Livres  de 
la  Conception  Immaculée  de  la  fainte  Vierge,  qu'il  dédia  à  Hugues  de 
S.  Rémi ,  8c  il  lui  addreffa  un  Volume  de  Lettres.  Nicolas  vivoit  vers 
l'an  1140. 

NICOLAS  TUDESCHI.  Cherchez  Tudefchi. 

NICOLAS,  Plongeon  de  Sicile.  Cherchez  Pesce-cola. 

NlCOLAS-STUR,fils,à  ce  que  l'on  difoit,  de  Stenon  Stur,Roi 
de  Suéde ,  Se  de  Chriftine ,  fut  proclamé  Roi  par  les  peuples  de  la  Pro- 
vince de  Dalecarlie ,  après  la  mort  de  Stenon  qui  avoit  été  tué  dans  une 
bataille  contre  les  Danois  en  1510.  Cefut  l'Archevêque  de  Nidrofîe  qui 
le  préfenta  aux  Dalecarliens  comme  le  légitime  fucceliéur  de  la  Couron- 
ne :  mais  Chriftine ,  qui  prétendoit  époufer  Guttave ,  fit  tous  fes  eflbrrs  . 
pour  perfuader  à  ces  peuples ,  qu'elle  n'avoir  plus  de  fils,  8c  que  celui  qui 
paroiflbit  fous  ce  nom ,  étoit  un  impofteur.  Ainfi  Nicolas-Stur  aban- 
donné de  cette  Princeflè  ix.  des  peuples  qui  l'avoient  reconnu  pour  leur 
Souverain  ,  fut  contraint  de  s'enfuir  en  Norwege ,  où  il  demeura  quelque 
tems  caché  à  Marftrand.  Puis  il  alla  chercher  un  afyledansia  Ville  An- 
featiquedeRoftoc,oùGuftave  le  fitemprifonner.  Son  procès  lui  fut  fait 
par  le  Sénat  de  cette  Ville,  fur  un  grand  nombre  d'Informations  envo- 
yées de  Suéde;  8c  il  fut  condamné  à  avoir  la  tête  tranchée ,  après  avoir 
été  déclaré  convaincu  d'lmpofture,de  Rébellion, 8c  decrimedeLeze- 
Majefté:  Ce  qui  aflura  la  Couronne  de  Suéde  à  Guftave.  ■*  Varillas, 
Hiftoire  des  Révolutions  en  matière  de  Religion. 

NICOLAS  dit  de  Ultricurxa,  certain  Dodeur  qui  vivoit 
dans  le  XI V.  Siècle.  L'Univerfité  de  Paris  condamna  foixante  de  fes  pro- 
pofitions.  Nous  avons  l'Ade  de  cette  cenfure  dans  la  Bibliothèque  des 
Peres. 

NICOLE  GILLES  ,  Secrétaire  du  Roi  Louis  XII.  &;.  Control- 
leur  de  fon  tréfor ,  vivoit  environ  l'an  1500.  lia  écrit  félon  le  finie  8c  la 
manière  de  fon  tems  les  Annales  5c  Chronique  de  France,  depuis  la  def- 
trudlion  de  Troye  jufqu'en  1466.  Denis  Sauvage, François  Belleforett, 
Gabriel  Chapuis,  8c  quelques  autres  ,y  ont  fait  à  diverfes  fois  des  addi- 
tions. *  La  Croix  du  Maine, KiW.  Franc,  p.  358.  Du  Chefne,BiW.  des 
Bifl.  de  France. 

NICOLE  (Nicolas)  Médecin  de  Florence ,  que  Leandcr  Alberti 
met  entre  les  hommes  illuftres  de  cette  Ville ,  vivoit  dans  le  XV.  Siècle. 
Outre  des  Livres  de  Médecine,  il  en  avoit  écrit  d'autres  de  Philofophie 
&c  de  Cofmographie.  Nous  avons  deux  Lettres  pour  lui,  entre  celles  de 
Philelphe.  On  lui  reproche  d'avoir  fait  chaffer  divers  hommes  dodtes  de 
fa  patrie,  où  il  mourut  en  1430.  âgé  de  73.  ans. 

NICOLINI  (Angelo)  Cardinal,  Archevêque  de  Pife  étoit  né  à 
Florence  dans  une  Famille  noble  &  ancienne.  Il  s'aquit  la  réputation  de 
célèbre  Orateur  èc  de  favant  Jurifconfulte.  Cofme  deMedicis,Ducde 
Florence  le  fit  fon  Confeiller  d'Etat,  l'employa  dans  des  affaires  impor- 
tantes ,  8c  l'envoya  Ambaffadeur  auprès  du  Pape  Paul  lU.  §c  enfuiteà 
la  Cour  de  l'Empereur  Charies  V.  Nicolini  s'aquitta  très-  bien  de  ces 
coramiffions.  A  fon  retour,  il  fut  Gouverneur  de  Sienne.  Cependant 
fa  femme  étant  morte,  il  fe  fit  Ecclefiaftique  8c  on  lui  procura  l'Archevê- 
ché de  Pife.  Le  Pape  PielV.le  fit  Cardinal  en  1565. Son  mérite  le  fitva- 
loir  dans  le  facré  Collège.  On  y  attendoit  de  grandes  chofes  de  lui;  mais 
il  mourut  peu  après  le  il.  Août  de  l'an  1567.  âgé  de  66.  ans.  Son  corps 
■fut  enterré  dans  l'Eglife  de  fainte  Croix  de  Florence ,  où  l'on  voit  fon 
-tombeau.  *  Ammirato ,  Hifi.  Famigl.  Flor.  Ughél ,  Ital.  Sacr.  Petra- 
jnellario  ,  Auberi,  8cc. 

NICOMACHUS,  Hiftorien  Grec,  vivoit  du  tems  de  l'Empereur 
Aurelien,dans  le  III.  Siècle.  Vopifcus  en  fait  mention  dans  la  Vie  de  ce 
Prince.  On  croit  même  que  c'eft  celui  qui  a  écrit  la  Vie  d'Apollonius 
Tyanéen.  Sidonius  Apollinaris  parle  de  lui.  *  Sidonius ,  li.  8.  Ep.  3.  Vof- 
fius, U.  2.  de  Hift.  Grdcis. 

NICOMACHUS  ,  père  d'Ariftote,  comme  nous  l'apprenons  de 
Diogene  Laërce.  Ce  Philofophe  avoit  aufiTi  un  fils  de  même  nom ,  à  qui  il 
dédia  fes  Livres  de  Morale.  Athénée  en  cite  un  qui  avoit  fait  un  Traité 
des  Pierres,  8c  Suidas  parle  de  quelques  autres  de  ce  nom. 

NICOMACHUS,  Poète  Grec,  étoit  d'Athènes,  8c  il  vivoit  en- 
viron la  XC.  Olympiade,  l'an  334.  de  Rome. 

NICOMACHUS ,  ou  Virius  Nicomachus  Flavianus  ,  qui  vivoit 
du  tems  d'Arcadius  èc  Honorius  dans  le  V.  Siècle.  L'infcription qu'on 
trouva  à  Rome ,  témoigne  que  c' étoit  un  perfonnage  fort  confidéré. 
Voyez  Voflius,  li.  3.  de  Hift.  Lat. 

NICOMACHUS  GERASENUS  ,  qui  avoit  fait  deux  Livres, 
Arithmeticorum Thefflogicorum ,c'tR-ï-à\re ,de\' Ariûimetiqvie  appliquée 
aux  chofes  divines, ou  des  fpeculations  Pythagoriciennes  fur  les  nom- 
bres. *  Photius,  cod.  187. 

NICOMEDE,  Roi  de  Bithynie,  étoit  un  des  alliez  du  Peuple  Ro- 
main. Mithridate  le  chafla  de  fon  Etat;  mais  il  y  fut  rétabli  8c  depuis 
mourant  fans  enfans  environ  l'an  679.  de  Rome,  il  fit  le  Peuple  Romain 
fon  héritier.  Il  ne  faut  pas  confondre  ce  Nicomede  avec  un  autre  Roi  de 
Bithynie  de  ce  nom ,  fils  de  Prufias.  Velleius  Paterculus,  U.  1.  Titc- 
Live ,  Florus ,  Polybe ,  8cc. 

'  NICO- 


NIC. 

NICOMEDE  II.  furnoromé  Epiphane  ,  cinquième  Roi  de  Bithy- 
nic  ,  fut  mené  à  Rome  &  recommandé  au  Sénat  par  fon  père  Pru- 
fias.  S'étant  aquis  l'amitié  du  Sénat ,  &  des  Bithyniens ,  il  conçût  une 
haine  mortelle  contre  fon  père  ,  qu'il  fit  mourir  après  s'être  faifî  de 
Nicomedie.  11  fit  bâtir  Apamée  du  nom  de  fa  mère.  Enfin  il  fouffrit 
un  parricide  pareil  à  celui  qu'il  avoir  commis,  &  fut  tué  par  fon  pro- 
pre fils  Nicomcde  III.  Pline  rapporte  que  fon  cheval  fut  fi  touchéde  fa 
mort,  qu'il  felaiffa  mourir  de  faim.  *  Apçian ,  de  bello  Mithrid.  Strabon, 
li.  II.  Pline,  /i.8. 

NICOMEDIE  ,  que  quelques-uns  appellent  Comidia,  &  d'autres  Ni- 
cor  ou  Ifmide  ,  Ville  capitale  de  Bithynie  dans  l'Afie  Mineure.  Elle 
étoit  fituée  fur  le  rivage  de  la  Propontide,  que  nous  appelions  Merde 
Marmora.  Nicomedie  a  été  une  Ville  très-confiderable  &  une  des  plus 
importantes  de  tout  l'Orient.  Strabon  dit  qu'elle  fut  bâtie  par  un  des  Ni- 
comedes  Rois  de  Bithynie  qui  lui  donna  fon  nom.  Elle  fut  foûmife  aux 
Romains,  &  depuis  elle  devint  le  Siège  de  l'Empire  fous  divers  Empe- 
reurs Romains.  L'an  358.  un  tremblement  déterre  la  ruina  de  fond  en 
comble  ,  dans  le  tems  que  l'Empereur  Confiance  y  devoir  faire  tenir 
un  Concile  par  les  Ariens.  Ammien  Marcellin  fait  une  defcription  affez 
particulière  de  ce  tremblement.  Divers  Auteurs  anciens  ont  auffi  parié 
de  Nicomedie,  de  fa  grandeur,  de  fes  richefl'es,' de  la  magnificence  de 
fesbâtimens.    Ammien  Marcellin ,  /i.  17.  Strabon,  li.  i^.vc 

NICOMEDIE,  que  l'on  nomme  vulgairement  Cow/i/4  ,  &  que 
les  Turcs  appellent  Ijmid;  Ville  delà  Natolie,versla  côtedelaMer  de 
Marmora.  Elle  eft  fituée  au  fond  d'un  Golfe  à  qui  elle  donne  fon 
nom  ,  fur  le  penchant  d'une  petite  colline  embellie  de  fontaines  ,  & 
chargée  de  vignes ,  de  blé  ,  &  d'arbres  fruitiers.  Les  Melons  qui  y 
croillent  font  célèbres,  &  ne  cèdent  point  en  bonté  à  ceux  de  Cachan 
en  Perfe ,  que  l'on  eilime  par  delfus  tous  les  autres.  On  trouve  dans  la  Vil- 
le quantité  de  belles  I  nfcriptions  Latines  8c  Gréqucs.  Il  y  a  plufieurs  Mof- 
quées,  &  Eglifes  Gréques  d'une  riche  fti-uftiire;  &  le  Peuple  qui  l'ha- 
bite peut  faire  le  nombre  de  trente  mille  hommes ,  Grecs,  Arméniens, 
Juifs,  &  Turcs,  qui  exercent  ptefquetoutie  commerce  defoyes,  co- 
tons, laines,  toiles  &  autres  marchandifes.  Ce  fut  à  Nicoanedie  où  fe 
retira  Annibal après  toutes  fes déi-aites ,  &  où  il  s'empoifonna,de  peur 
d'être  livré  aux  Romains  par  Prufias  Roi  de  Bithynie.  Le  Grand  Conf- 
tantin  mourut  aufiTi  proche  de  cette  Ville,  dans  un  bourg  nommé  Acci- 
ron.  Sainte  Barbe ,  S.  Adrien  ,  S.  Pantaleon  ,  &  un  grand  nombre  d'au- 
tres Martyrs  étoient  de  cette  Ville,  laquelle  a  été  une  des  premières  qui  ait 
reçu  la  Foi  Chrétienne.  Le  Golfe  de  Nicomedie  a  environ  une  demi  lieuë 
de  large,  &efl;afrez  long.  On  y  fabrique  la  plupart  des  grands  Vaifleaux, 
Saïques ,  &  autres  Bateaux  des  Marchands  de  Conftantinople  ;  qui  font 
fort  grands  &  de  très-haut  bord ,  mais  très-méchans  voiliers ,  &  de  fa- 
cile prife.  A  l'Occident  de  Nicomedie ,  &:  à  la  droite  du  Golfe ,  on  trou- 
ve une  Fontaine  d'eau  minérale,  dont  les  Turcs  &  les  Grecs  difent  des 
merveilles  Ils  y  vont  en  troupes  de  tous  cotez ,  &à  les  entendre  parler, 
il  n'y  a  gueres  de  maladies  que  cette  Fontaine  ne  guerifle.  *  Grelot,  Vo'ja- 
ge  de  Conftantixople. 

S.  NICON,  furnommé  Ats^anoETTï,  c'eft-à-dire  Pœniteniiam  agite , 
Moine  Arm.enien ,  vivoit  fur  la  fin  du  X.  Siècle.  Ce  fut  par  la  fainteté  de 
fa  vie  &  par  des  exhortations  continuelles ,  que  portant  le  peuple  à  la 
pénitence,  il  en  eut  ce  furnom  ,  qui  veut  dire  :  Faites  pénitence.  11  travail- 
la à  la  converfion  des  Arméniens,  &  des  Peuples  voiiins;  &  puis  paflant 
dans  l'Ifle  de  Crète,  quiétoit  entre  les  mains  des  Sarrazins,  il  y  prêcha 
avec  un  zélé  merveilleux,  confirmant  fa  miflion  par  des  miracles  conti- 
nuels. Saint  Nicon  mourut  le  vingt-lixieme  Novembre  ,  environ  l'an 
986. ou  987.  Voyez  les  Adtes  de  fa  Vie,&  Baronius,  in  Annal. 

[NICON  ,  nom  d'un  Ane  ,  qui  fignifie  vainqueur.  Le  matin  de  la 
bataille  d'Adlium ,  Augufte  étant  forti ,  pour  faire  la  reviie  de  fa  flotte , 
rencontra  un  homme  fur  un  âne,  &  lui  demanda  qui  il  étoit.  Cet  hom- 
me répondit  qu'il  fe  nommoit  Eutychius  [c'ell-à-dire, heureux)  &  fon 
Ane  Nicon  (vainqueur)  ce  qu'AuguHe  prit  a  bon  Augure.  Il  fut  fi  tou- 
ché de  cette  rencontfe ,  qu'après  fa  vidloire ,  il  mit  dans  le  trophée ,  qu'il 
éleva  dans  ce  lieu ,  une  fiatue  de  bronze  d'un  homme  fur  un  Ane.  plutar- 
tjHe ,  in  Vit.  Aug.  Les  Anciens  fc  donnoient  rion  feulement  à  eux-mêmes 
des  noms  de  bon  augure ,  mais  aulfi  aux  animaux  dont  ils  fc  fervoient. 
JVico»  fut  encore  le  nom  d'un  Eléphant  de  Pyrrhus.  Plut,  in  Vit.  Pyrrh.'] 

NICON  ,  fameux  Athlète  de  l'Antiquité,  remporta  plufieurs  fois 
le  prix  dans  les  Jeux  de  la  Grèce,  c'efl:  pourquoi  on  lui  érigea  une  ila- 
tue  en  l'Ifle de Taflùs ,  appellée  aujourd'hui  "Taflbjdans  la  Mer  Egée, 
ou  Archipel.  Après  fa  mort,  quelqu'un  s'étant  approché  de  cette  fta- 
tue  pour  la  fouetter,  elle  tomba  fur  lui  &  le  tua.  Les  enfans  du  défunt 
firent  faire  le  procès  à  la  ftatue,  laquelle,  fuivant  les  Loix  de  Dracon  Athe^ 
nien,  qui  avoir  ordonné  des  peines  même  contre  les  chofes  inanimées, 
fut  condamnée  au  banniffement  &  fut  jettée  dans  la  Mer.  Quelque 
tems  après, les  habitans de  cette Ifle  étant  tourmentez  de  quelque  mal- 
heur, confulterent  l'Oracle,, qui  leur  répondit  que.pour  s'en  délivrer  il 
falloir  qu'ils  rétabliflent  cette  ftatue  en  fon  premier  état;  &  comme  ils 
étoient  en  peine  de  la  pouvoir  trouver  ,  des  pêcheurs  la  tirèrent  dans 
leurs  filets.  *  Suidas. 

NICOl'IN,  ville  de  Danncmark,  capitale  de  l'Iflc  de  Fafter. 

NICQPIN  en  Latin  Nicopia,  Ville  dans  la  Sudermanie,  Province 
du  Royaume  de  Suéde.  Elle  eft  près  de  la  Mer,  Baltique,  &  a  un  Châ- 
teau qui  fervit  affez  long^temps  de  priTon  à  Charles ,  Duc  de  Sudermanie, 
comme  je  le  dis  ailleurs. 

NICOPOLIS,  Ville  Métropole  deMyfie,  que  quelques-uns  nom- 
ment Nigeboli,&  les  Turcs,  au  rapport  de  Leunclavius,  Sciltaro.  Am- 
niien  Marcellin  dit  que  l'Empereur  Traj.an  la;6t  bâtir,  après  avoir  vain- 
cu Decebale  Roi  des  Daces. 

NICOPOLIS,  Ville  de  Bulgarie  fur  le  Danube,  &  vers  la  Valachie, 
ou  les  Chrétiens  furent  battus  par  les  Turcs  ,  du  tems  de  Sigifmond 
Roi  de  Hongrie,  en  1396.  commejeledis  ailleurs.  Bajazet  l'avoit  em- 
portée en  pleine  paix  l'an  1390. 

NICOPOLIS,  Ville d'Epire,  dite  la  Frevefa,  félon  Sophien.  Elle 
fi-tt  bâtie  près  du  lieu  où  Augufte  avoit  remporté  la  \  idloire  fur  Marc- 
Antoine  en  713.  de^Rome.  C'eft  à  ce  fujet  qu'un  Poète  a  dit, 
Urbi  Nicppoli  nornen  viSior'ia  fecit. 


NIC.  NID.  NIE.  NîG. 


1'^ 


NICOPOLIS  ,  Ville  Epifcopale  d'Arménie,  fous  la  Métropole  de 
Sebafte.  Caftelde  la  nomme  GwBic;:.,  &  les  autres  C^ww«.  Les  Auteurs 
Ecclefiaftiques  remarquent  comme  elle  fut  troublée  par  les  Ariens ,  nprès 
la  mort  de  fon  Evêque  Théodore  en  370.  Les  Hérétiques  avoient  in- 
troduit Phorane  qui  étoit  de  leur  parti  ;  mais  les  habitans  delà  Ville  de 
Nicopolis  fe  féparerentdc  fa  Communion,  &  on  fut  obligé  de  leur  en 
donner  un  Orthodoxe.  Après  cela  S.  Bafile  leur  écrivit  une  Lettre,  pour 
les  exhorter  à  être  bien  unis  avec  leur  Pafteur. 

NICOPOLIS,  Ville  Epifcopale  de  la  Judée,  eft  la  même  qÙ'Em- 
matis,  à  qui  on  donna  ce  nom  ,  qniYmtdÏK  Ville  de  la  viiloire.  Cher- 
chez Emmaiis. 

[NICOPOLIS  ,  nom  d'une  riche  Courtifane  ,  qui  étant  devenue 
amoureufedeSylla,  le  fit  fon  héritier  en  mourant.  Plutarque  in  Sytla.'] 

NICOSIE,  que  les  Latins  8c  les  Italiens  nomment  Nico/ia  ,  Ville 
capitale  de  l'Ifle  de  Cypre,  avec  Archevêché.  Quelques«uns  eftiment 
qu'elle  eut  autrefois  le  nom  de  Jhremithnm.  Cette  Ville  étoit  marchan- 
de 8c  bien  fortifiée.  Elle  fut  emportée  par  les  Turcs  au  mois  de  Septem- 
bre de  l'an  1570.  après  un  fiége  de  41.  jours.  Voyez  Chiprc» 

NICOSTRATE ,  Orateur  dont  Suidas  fait  mention. 

NICOSTRATE  de  Trebizonde  ,  Sophifte  qui  vivoit  fous  l'Empi- 
re de  Claude  8c  de  Valerien  dans  le  troifiéme  Siècle.  Il  fit  l'Hiftoire  de 
Philippe,  de  Gordien,  de  Dece,  8c  de  quelques  autres.  Evagre,  li.  k, 
Hift.  c.  ult.  Voulus ,  de  Hifi.  Grsc.  8cc. 

[NICOSl'RATE,  autrement  nommée  Carwente  ,îemme  d'Ev^n- 
dre ,  chef  d'une  Colonie  d'Arcadiens  ,  qui  vint  s'habituer  dans  le  La- 
tium.  Elle  avoit  le  don  de  prédire ,  d'où  vient  que  les  Latins  la  nommè- 
rent Carmenta  ,  à  carminibHs ,  enchantemens ,  ou  prédidlions.  P/«- 
tarque  in  Romulo.] 

?;?  NICOT  (Jean)  Sr.  de  Villemain ,  Maître  des  Requêtes  dé  l'Hôtel 
du  Roi,  étoit  de  Nîmes  en  Languedoc.  Son  mérite  lefiteftimer.  On 
lui  confia  diverfes  afîkires  importantes, qu'il  négocia  avec  beaucoup  de 
prudence.  Il  fut  Ambafladeur  en  Portugal  l'an  1559.  60.  8c  61.  &  il 
en  rapporta  cette  plante  qu'on  a  nommée  de  fon  nom  Nicotianc ,  dite  au- 
trement Peiun  8z  herbe  k  la  Reine ,  parce  que  Nicot  la  préfentn  à  la  Reine 
Catherine  de  Medicis.  Il  compofa  divers  Ouvrages ,  comme  un  Diffio- 
nâire  François-Latin  in  folio.  Un  Traité  de  la  Marine,  8cc.  Nicot  nioia- 
rut  à  Paris  le  10.  Mai  de  l'an  1600.  6c  il  fut  entevré  dans  l'Eglife  de  S. 
Paul  oùl'on  voit  fon  Epitaphe.  *  La  Croix  du  Maine,  £;W.  franc.  Blan- 
chard ,  Hift.  des  Maît.  des  Requét.  8cc. 

NICOTERA  ,  ViUe  de  la  Calabre  Ultérieure,  dans  le  Royaume 
de  Naples ,  8c  fur  le  bord  de  h  Mer  Tyrrhene ,  avec  titre  d'Evêché. 
Elle  eft  peu  confiderable. 

NIDDE,  Rivière  en  Angleterre,  dans  le  Pais  de  Northumberlatid. 
Environ  l'an  705.  on  célébra  près  de  cette  Rivière  un  Concile,  où  Beiu- 
valdc  de  Cantorberi  préfida ,  ce  que  nous  apprenons  de  Bede ,  8>i  de  Guil- 
laume de  Malmesburi.  *Bede,  li.^.  Htfi.c.io.  Guillaume  de  Malmes- 
buri, /i.  3.  c/e  ;><;«.  >4»_j/. 

NIDROSIE  ,  Fleuve  de  Norwege.  Ce  nom  eft  encoïe  commun 
à  NiDRosiE,  Ville  autrefois  capitale  du  même  pa'is  avec  Archevêché  j 
vulgairement  Drontheim  Se  Trontheim.  Elle  eft  affez  confiderable  par 
le  commerce.  Les  Suédois  en  étoient  maîtres  depuis  l'an  1658.  mais  par 
un  Traité  plus  nouveau  elle  eft  revenue  au  Roi  de  Danncmark.  Cher- 
chez Drontheim. 

NIEMEN.  Cherchez  Memel. 

NiEPER,  Fleuve  de  Pologne  qui  a  fa  fourcÈ  en  MofcoVié.  Cher- 
chez Borifthene. 

NIERE^!BERG  (Jean-Eufebe)  Jefuite, étoit  de  Madrid  où  il  nâqujt 
en  1595.  d'un  père  qui  étoit  Aflemand.  Il  avoit  de  la  Science  &  beau- 
coup de  pieté.  Le  P.  Nieiemberg  mourut  le  lèptiéme  Avril  de  l'an 
1658.  âgé  de  foixante-trois  ans.  Nous  avons  divers  Ouvrages  de  fa  fa- 
çon. De  arte  voluntatis.  Theopoliticas.  Stromata  facr^  Scriptum.  No- 
moglyphica.  De  origine  [acre  Script ur£.  Doilrime  Afcetics..  PandeSls, 
HomiitiL  catenat.  CLiros  Varones  de  la  Compagnia  de  Jefus ,  G'c.  *  Alegam- 
be,  Bibl.  Script.  Soc.  J.  Nicolas  Antonio,  Bibi.  Hifp. 

NIEUPORT  ,  que  les  Latins  nomment  Novas  PoriUsj  Ville  dei 
Flandre,  dite  autrefois  Sfî;2/Ao/> ,  avec  un  Portfurla  mer  Germanique; 
8c  la  Rivière  d' Yperlée.  Nieuport  eft  entre  Fumes ,  Oftende,  Ipre  8c  Dun- 
kerque.  Elle  a  été  fouvent  aflrégée  durant  les  guerres. 

NIEUPORT  en  Hollande ,  fituée  à  un  quart  de  lieuë  de  Schoon- 
hoven.  Elle  a  été  autrefois  plu^confiderable qu'elle  n'eftaujourd'hui- 

NIGEL  VVIREKER,  Anglois.  Cherchez  Wreker. 

NIGEON  :  lieu  dans  la  Paroifle  de  Chillot  ,  proche  de  Paris ,  au 
bout  du  Cours- la-Reine ,  oùétoitl'HiSteldeNigeon.quebReineAnne 
de  Bretagne,  Epoufe  de  Louis  XII.  donna  en  1493.  aux  Religieux  de 
l'Ordre  de  Saint  François  de  Paule ,  pour  en  faire  un  Monaftere.  Fljc 
leur  fit  encore  bâtir  une  Eglife  à  l'e'ndvoit  où  étoit  une  Chapelle  fous  le 
titre  de  Nôtre-Dame  de  Grâces.  Et  enfuite  on  commença  celle  qu'on 
voit  aujourd'hui  qui  fut  achevée  Si  dédiée  en  1578.  On  appelle  com- 
munément ce  Lieu ,  les  Bons-hommes, ,  qui  eft  le  nom  que  l'on  donna  aux 
Religieux  de  cet  Inftitut ,  parce  que  les  Rois  Louis  XL  8c  Charles  VIII'. 
nommoient  ordinairement  ainfîleur  Fondateur  S.  François  de  Paule,  8c 
fesDifciples  ,en  confideration  de  leur  douceur  8c  deleurfimplicité.  *Le 
Maire ,  Paris  Ancien  v  Nouveatt. 

NIGER  ou  Nijar  ,  grand  Fleuve  d'Afrique.  Il  a  fa  fou'rce  dans 
l'Ethiopie,  d'un  Lacquilui  donneifon  nom;  delà  coulant  un  peu  vers 
l'Occident,  il  divife  en  deux  parties  le  pais  des  Nègres  ,  le  traverfant 
d'Orient  en  Occident,  duranthuitcenslieuës;  8cacrû  parles  eaux  d'un 
grand  nombre  de  Rivières,  dont  nous  ignorons  le  nom,  il  fedécharg,e 
par  fix  embouchures  dans  l'Océan  Atlantique,  près  duCap  Verd.  Mais 
il  n'eft  pas  vrai  qu'il  coule  d'un  même  Lac  où  eft  la  fource  du  Nil , 
comme  quelques-uns  l'ont  crû.  Ses  embouchures  prennent  des  noms  di- 
vers, comme  de  Senega,  deGambia,  de  Rio  grande,  8cc. 

NIGER,  Fleuve  d'Afrique,  qui  donne  le  nom  aux  pais  des  Nègres, 

ou  qui  a  pris  fon  nom  de  ces  Peuples.     C'eft  une  chofe  rem.irquable, 

qu'au  delà  de  ce  Fleuve  vers  le  Midi ,  les  hommes  y  font  fort  noirs ,  ro- 

buftes ,  &  bien  proportionnez ,  8c  la  terre  affez  fertile.    Mais  au  deçà 

,  vers  le  Septentrionr,>ils  font-blancs, ou  un  peu  bazanez,  petits  8c  foi- 

■^03  blés 


3° 


NïG.  NIL. 


bles:  &la  terre  eft  fort  fterile.  La  Marée,qui  croit  &  diminue  de  fixen 
fixheures,  porte  fon  flux  plus  de  vingt-cinq  lieues  au  dedans  dupaistcdt 
pourquoi  pour  y  entrer  on  attend  quelle  monte:  car  alors  elle  couvre 
les  bancs  de  fable  ,  &  facilite  l'entrée  aux  Vaiileaux.  Sur  les  bords  de 
ce  Fleuve  &  d'autres  rivières  qui  s'y  rendent,  font  les  habitations  les 
plus  célèbres  d'entre  les  Nègres:  &  comme  il  croît  &  décroît  en  même 
tems,&de  la  même  manière  que  le  Nil,  il  couvre  toute  la  campagne, 
6c remplit  les  vallées;  de  forte  que  les  Nègres  y  vont  avec  des  barques. 
Son  débordement  commence  à  la  mi-Juin,  &  dure  quatre-vingts  jours 
tant  à  croître  qu'à  diminuer.  Ptoloraée  s'elt  trompe,lorfquil  a  dit  qu  il 
V  avoit  un  bras  du  Niger,  qui  alloit  vers  l'Orient  :  car  les  Marchands  qui 
vont  de  Gualata,&  des  Jalofes  au  Grand  Caire  , affurent  quiis  remon- 
tent toujours  le  long  de  ce  Fleuve,  en  y  allafit;  &  qu  ils  reviennent  en 
defcendant  fur  cette  rivière  depuis  Tombât,  jufqua  la  Gumee,  &  a 
l'Océan.  *Ivlarmol,  de  l' Afrique ,  l'i.  i. 

NIGER.  Cherchez  Brutidius. 
.  NIGER.  Cherchez  le  Noir. 

NIGER  (C.  Pefcennius  Juftus.)  Cherchez  Pefcennius. 

NIGIDIUS  FIGULUS ,  qui  a  été  eftimé  le  plus  doéte  d  entre  les 
Romains, après Varron, étoit Philolophe  delà Sede de Pythagore.  Mais 
comme  les  Pythagoriciens  étoient  foupconnezde  magie,  il  fut  envoyé  en 
esihoù  il  mourut  en  709.  de  Rome.  Ciceron  le  loué  &d  autres  parlent 
avantageufementde  lui.  Janus  Rutgerfius  a  recueuiUi  avec  foin  tous  es 
fragmens  qui  relient  de  Nigidius  Figulus,dans  les  anciens  Auteurs  La 
Popeliniere  eftime  qu'il  a  écrit  des  Annales  ;  mais  cela  eft  peu  iur.  Uct- 
lon,  li.de  univerf.  LzVo'pàmiere,  II.  s-de^'fl: 

NIGRITIE  ou  pais  des  Nègres,  grande  Région  d  Afrique ,  dans  la 
Libye  Ultérieure,  entre  les  déferts  de  Zaara  à  l'Orient  &  au  Septentrion  ; 
la  Guinée  au  Midi;  l'Océan  Atlantique  au  Couchant,  Scie  long  du  Fleu- 
ve Niger    On  le  divife  pour  l'ordinaire  en  plufieurs  Royaumes ,  dont 
les  plus  connus&quiont  leurs  Villes  de  même  nom  ,  font  au  Septentrion 
du  Fleuve  Niger,  Borno,Guangara,  Caiio,  Caflena    Agades ,  Tom- 
but,  Canvia,  Gualata,  Genehoa,  Fouh     Au  Midi  du  Niger  il  y  a 
ceux  de Zanfara,  Zegzeg,  Gago,  Bangana,  Canton  Mandinga,  Caragou- 
lis,  Soufos,  Beccabena  ,Melli  ;  aux  embouchures  du  Niger  font  les  peu- 
ples Biafares ,  Jalofes,  Gambaye,&c.  Prefque  tous  les  peuples  de  ce 
pais  fontMahomctans.  Il  y  a  auffi  quelques  Idolâtres,  &d  autres  dans 
lesdeferts,  qui  font  fans  Religion.   Les  Nègres  font  brutaux  dans  leurs 
amours ,  pareffeux  ,  groffiers  &  ignoran,s.    Ils  font  prefque  tous  trafic 
d'efclaves  qu'ils  enlèvent  chez  leurs  voiiins.  Souvent  même  les  Nègres 
vendent  leurs  enfans  &  leurs  propres   femmes  aux  Portugais ,   aux 
Efpagnols  &  aux  Hollandois,quiles  mènent  en  Amenque  pour  y  tra- 
vailler aux  moulins  de  fucre.  ,       c  •    » 
■     NIL    grand  Fleuve  d'Afrique,  que  Ton  nomme  quelquefois  Aea- 
Hius    Âbahuis  &  Abanhi ,  comme  pour  le  qualifier  le  père  des  Fleuves, 
à  caufe  qu'après  avoir  long-tems  ferpenté,  il  fait  fortir  fes  eaux  par 
divers  bras  &  canaux ,  dont  fe  forment  de  nouvelles  Rivières    II  a  fa 
fource  dans  la  haute  Ethiopie,  au  Royaume  des  Abyiïins,  &  dans  une 
terre  dite  Sacahela,  habitée  par  un  peuple  appelle  Agaus.   Cette  four- 
ce  eft  dans  de  hautes  &  prodigieufes  montagnes.  D  autres  difent  que  le 
Nil  a  deux  fources  dont  la  plus  grande  palTe  a  travers  le  Lac  de  Zem- 
bre  ou  Zaïre,  &  l'autre  fortant  auffi  des  mêmes  montagnes  qui  font 
celles  de  la  Lune,  traverfe  le  Lac  Zaflan.  Quoi  quil'en  foit,  les  pre- 
miers foûtiennent  que  le  Nil,  acrû  de  la  Rivière  de  Gema,  &  des 
Fleuves  Kelti  &  Branti , forme  le  grand-Canal,  quon  nomme  auffi  la 
grande Cataraâe;  &fe  jette  dans  le  Lac  Dambce.    D  autres  ne  met- 
tent cette  Catarafte  ou  gros  bras  ,  qu'après  que  le  Nil  a  paflTe  dans  e 
même  Lac.  11  reçoit  les  Fleuves  Gemala  Se  Abea,  dans  le  Royaume  de 
Goiama,  le  Fleuve  Baxile  dans  le  Royaume  deBagamidn  ,  &  le  Ruec- 
ca    dans  les  Provinces  d'Araaharam  &  Olecam.  Enfuite  ,il  pafle  dans 
les'Provinces  de  Gans,  Gafates,  Bizame,  Gongas,  &  dans  fon  che- 
min s'étant  groffi  des  eaux  de  quelques  autres  Rivières ,  il  fe  détourne 
vers  le  Septentrion,  &  palTe  le  long  des  terres  de  Fafculo;  puis  étant 
venu  iufques  aux  peuples  Bugihos  &  Balloos ,  il  fe  joint  au  Fleuve  Ma- 
lecq     &  enfuite  au  Tacaze,  près  d'un  Bourg  dit  Jalac.  Enfin,  il  arro- 
fe  1  Egypte  ,  qu'il  rend  féconde  par  fes  débordemens.    En  fortant  du 
Caire    il  forme  le  Delta, ainfi  dit  du  nom  de  cette  Lettre  Greque  A; 
gc  il  fe  décharge  dans  la  Mer  par  neuf  embouchures ,  félon  Ptolomee; 
ou  par  fept  au  fentiment  des  Anciens:  Ce  que  Virgile  a  exprimé  amfa, 
Itb.  6.  JEneid. 

Etfeptem  gemini  turbant  trépida  oftîA  Nili.- 

Et  par  quatre,  comme  veulent  les  Modernes.  Au  refte  ,  le  Nil ,  que  les 
Latins  appellent  Nilus,\ti  Efpagnols  &  les  Itahens  N;/»,&lesAbyffins 
^acui  ic  Abanhi,  eft  auffi  nommé  le  Confervateur  de  la  haute  Egypte 
pour  fon  débordement  ;&  le  père  de  la  bafle,à  caufe  de  fonlimon.  Il 
venaquiontfoûtenuavec  faint  Ifidore,  que  cetoit  le  Gehon,  un  des 
quatre  Fleuves  du  Paradis  terreftre.  Ce  Fleuve  fe  déborde  ordinaire- 
ment en  Eté  durant  les  grandes  chaleurs ,  lorfque  les  autres  Rivières 
font  baffes;  ce  qui  eft  néceffaire  à  l'Egypte ,  parce  qu'il  n'y  pleut  pref- 
que jamais.  On  feme  la  terre  d'abord  après  la  décrue  du  Fleuve.  Les 
Anciens  &  les  Modernes  ont  inventé  diverfes  raiions ,  pour  trouver 
l'orieine  de  cette  merveille.  Quelques-uns  veulent  que  ce  déborde- 
ment foit  caufé  par  des  vents  Etéfiens,  qui  s'oppofant  au  cours  du  Nil, 
le  font  fortir  de  fes  bornes.  D'autres  foûtiennent  qu'il  vient  de  la  com- 
munication de  la  Mer.  D'autres  foûtiennent  qu'il  provient  des  pluyes, 
qui  tombent  en  abondance  dans  l'Ethiopie.  II  y  en  a  qui  eftiment  que 
le  fable  qui  s'amaffe  vers  fes  embouchures  en  eft  la  caufe  ;  &  d'autres 
ont  cru  qu'on  la  devoir  chercher  dans  la  terre  nitreufe  d'Egypte.  Les 
Curieux  confulteront  les  Auteurs  que  je  citerai  dans  la  fuite.  Je  ne  dois 
pas  cependant  oublier  que  les  Egyptiens  Idolâtres  s'imaginoient  que  leur 
Dieu  Serapis  étoit  l'auteur  de  ce  débordement  merveilleux  du  Nil;  & 
qu'ils  portoi-nt  la  marque  de  l'accroiffement  dans  le  temple  de  cette 
Divinité  Mais  depuis  qu'ils  furent  éclairez  des  lumières  de  l'Evangile , 
ils  la  portoient  dans  les  Eglifes.  »  Hérodote ,  Ptolq^e ,  Pline,  Stra- 
bon,  Ortelius,  Solin,  Voffius,  de  ï^fiè-'^-ilMl^  Chambre,  du, 


.     NÎL.'NIM. 

débord,  dit  Nil.  Thevenot ,  Vincent  le  Blanc, &c.  Veyag.YMkv ,Préf. 
de  l'Egypte  de  Miirt.  Kircher,  de  l'orig.  du  Nil,i3-c.  [Le  Nil  fe  nomme 
Ab.-izvi  en  langage  à'Amar.i,Sc  ce  mot  fignifie  paternel, de (ortequ'oa. 
ne  peut  pas  l'interpréter  père  des  fleuves.  En  eff"et  le  Nil  reçoit  une  in- 
finité de  fleuves  dans  fon  cours,  mais  il  n'en  produit  point.  Pour  ce  qui 
eft  de  fon  accroiflement ,  on  ne  doute  plus  qu'il  ne  vienne  des  pluyes 
exceffives,qui  tombent  alors  en  Ethiopie.  Voyez  Ludolf.  Hijt.Aithiop.i 
Lib.  I.  c.  8.] 

S.  NIL ,  a  été  célèbre  par  fa  pieté  &  par  fon  favoir ,  dans  le  V.  Siecler 
fous  l'Empire  de  Theodofe  le  Jeune .  11  fut  difciple  de  faint  Jean  Chry- 
follome,&  Préfet  de  la  Ville  de  Conftantinople , où  fa  vertu  le  f.-ifoiC 
autant  confidérer  que  fa  qualité.  L'amour  de  la  pénitence  lui  fit  quitter 
fa  Magiftrature ,  pour  fe  retirer  dans  un  défcrt.  Sa  femme  &  fa  fille  en- 
trèrent dans  un  Monaftere  de  Vierges  ;  &  pour  lui  il  embraffa  la  vie  So- 
litaire fur  le  Mont  Sinai ,  avec  fon  fils  Theodule.  Les  Sarrafins  y  vinrent 
troubler  fon  repos,  tuèrent  les  Prêtres  du  Monaftere, &  emmenèrent 
captifs  plulieurs  Solitaires ,  entre  lefquels  fe  trouva  fon  fils.  Saint  Nil  a 
décrit  cet  accident  dans  une  Hiftoire  qu'il  a  corapofée.  Nous  l'avions 
autrefois  dans  Lipoman;mais  en  un  miferable  état.  LePereFoffin  Je- 
fuite  en  a  donné  une  édition  Gréquc  &  Latine ,  depuis  l'an  mil  fix  cens 
trente-neuf,  en  un  Volume  in  quarto.  Elle  a  été  faite  fiir  un  Manufcrit 
tiré  de  la  Bibliothèque  de  Charles  de  Montchal ,  Archevêque  de  Toulou- 
fe.LeP.  BoUandus  a  mis  cette  Hiftoire  dans  fa  Vie  des  Saints  au  quator- 
zième Janvier.  Le  premier  y  ajouta  une  Oraifon  à  la  loiiange  d' Albain , 
fameux  Anachorète  :&  depuis  l'an  mil  fix  cens  cinquante-Iépt ,  il  a  pu- 
blie dans  un  autre  Volume  in  quarto, Xwis  cens  cinquante-cinq  Epîtres 
de  ce  Saint,  qu'il  a  titées  de  la  Bibliothèque  du  Grand  Duc  de  Tofcane. 
Elles  font  en  drec  &  en  Latin,avec  des  Remarques  curieufes.  Nous  avons 
dans  la  Bibliothèque  des  Pères, les  Exhortations  de  faint  Nil  à  la  vie  Mo- 
naftique ,  réduites  en  deux  cens  vingt-neuf  Articles.  Nous  avons  auffi  fa 
Form  e  de  prier ,  mais  non  pas  telle  que  Photius  l'avoit  vue ,  c'eft-à-dire  en 
cent  cinquante-trois  Chapitres.  Saint  Nil  fut  confidéré  comme  un  des 
grands  maîtres  de  la  vie  Ipirituelle  &  de  la  profeffion  Religieufe ,  &  il  en 
compofa  urf  Traité  intitulé  de  la  Philofophie  Chrétienne.  Les  Pères  du 
VII.  Synode,  tenu  en  la  caufe  des  Images,  lurent  deux  de  fes  Epîtres, 
l'une  à  Heliodore  Silentiaire ,  &  l'autre  au  Préfet  Olympiodore.  Saint  Nil 
mourut  environ  l'an  410.  Il  fut  enterré  à  Conftantinople  avec  Theodule 
fon  fils ,  qu'un  Evêque  acheta  des  Sarrafins.  Le  Menologe  des  Grecs , 
&  le  Martyrologe  Romain  en  font  mention  au  11.  Novembre.  *  Pho- 
tius, Cod.  153.  a-  201.  Nicephore  Callifte,  li.  14.  c.  14.  c/  53.  Sixte 
de  Sienne  ,  Beilarmin ,  Baronius ,  Pofl'evin ,  Godeau ,  en  fa  Vie ,  8cc. 

NIL,  Patriarche  de  Conftantinople,  dans  le  XIV.  Siècle,  fuccéda 
à  Macaire,en  1378.  &  gouverna  cette  Eglife  environ  vingt  ans.  *Onu- 
phre ,  in  Chron. 

NIL,  Archevêque  de  ThelTalonique ,  vivoit  dans  le  XIV.  Siècle, 
environ  l'an  mil  trois  cens  cinquante-cinq.  Décrivit  deux  petits  Traitez 
contre  la  Primauté  des  Papes.  Le  Concile  deFlorencerejetta  depuis  fes 
erreurs  contre  le  Saint  Efprit.  ConfultezSponde,  .^i.  C.  1355.  «a»».  7. 

NILUS  DOXAPATRIUS,  Ecrivain  Grec  ,  qui  prend  le  nom 
à!  Archimandrite ,  ou  Abbé ,  a  écrit  par  ordre  de  Roger  Roi  de  Sicile  , 
un  Traité  des  cinq  i^atriarchats ,  vers  la  fin  du  XI.  .Siècle.  Léo 
Allatius ,  qui  avoit  cei  Ouvrage ,  en  a  fait  imprimer  dans  fon  Livre,  i.  De 
confenju  Eccl.  Occid  (jr  Orient,  un  long  Fragment  qui  contient  la  no- 
tice des  Eglifes  qui  dépendent  du  Patriarche  de  Conftantinople.  Etien- 
ne le  Moine  a  fait  imprimer  depuis  en  168;.  le  Traité  entier 
de  Doxapatrius  en  Grec  &  en  Latin.  Nilus  traite  en  particulier  des 
Patriarchats  de  Rome  , d'Antioche ,  d'Alexandrie,  de  Jerufalem  &  de 
Conftantinople,  affignant  à  chacun  leurs  limites,  &  les  Eglifes  qui  en 
dépendent.  11  reconnoît  pour  les  trois  premiers  Patriarchats,  Antioche, 
Rome  &  Alexandrie;  parce  que  S.  Tierre  a  fondé,  félon  lui,  ces  trois 
Eghfcs, ayant  refidé  à  Antioche  &  à  Rorae,&  ayant  envoyés. Marc 
à  Alexandrie  dans  la  Libye  fous  laquelle  ètoitcomprifelal'aleftine,  où 
étoit  fituéejeruf.ilem.  Il  donna  au  Patriarche  de  Rome  toute  l'Europe  , 
autrement  ce  qu'on  appelle  l'Occident  :  a  celui  d'Antioche ,  toute  l'Âfie 
ou  l'Orient,  &  même  les  Indes ;&  au  Patriarche  d'Alexandrie , toute 
la  Libye,  l'Ethiopie  jufqu'à  la  Marmarique  &  Tripoli  d'Afrique  ,  6c 
toute  l'Egypte  avecla  Paleftine.  Il  explique  enfuite  l'ètabliflement  des 
deux  autres  Patriarchats  qui  font  Jerufalem  &  Antioche ,  en  marquant 
auffi  leurs  dépendances  &  leurs  limites.  A  la  fin  de  fon  Traité ,  il  parle 
de  Rome ,  de  la  Lombardie  &  de  la  Sicile ,  &  de  l'accord  qui  fut  fait  pour 
ces  païs-là  entre  le  Pape  &  Charlemagne  Roi  de  France,  à  qui  le  Fape 
donna  la  Couronne  &  le  titre  d'Empereur.  Leur  Traité,  dit-il,  poitoic 
que  Charles  occuperoit  la  Lombardie  &  les  pais  adjacens,que  le  Pape 
auroit  la  Tofcane,  &  les  pais  qui  font  depuis  Rome  jufqu'à  la  Lombar- 
die, &  la  Sicile ,  qu'enfin  Charles  rendroit  les  honneurs  dûs  au  Pape  &  à 
fes  Succeffeurs  :  lequel  accord  fut  fait  avec  ferment  de  part  &  d'autre  de 
n'y  point  contrevenir.  Nilus  Doxapatrius  remarque  qu'il  s' eft  obfervé 
religieufement  jufqu'à  fon  tems.  *  Richard  Simon. 

NIMEGUE  ,  que  les  Latins  nomment  Noviomagns  ou  Noviema- 
gum,&c  les  habitans  Nimwegen  tVille  du  Pa'is-Bas ,  Capitale  de  la  Baffe 
Gueidre.  Elle  eft  fituée  fur  cette  partie  du  Rhin,  qu'on  nomme  Va- 
hal,  entre  Raveftein ,  Rureraonde&Utrecht.  C'eft  une  place  ancienne, 
puiffante ,  riche ,  forte  &  bien  peuplée.  Elle  fut  fouvent  prife  &  reprife 
dansleXVI.  Siècle,  par  les  Hollandois  &  lesEfpagnols.  Elle refta  enfin 
aux  premiers,  l'an  1591.  &  c'eft  à  eux  que  Louis  XIV.  la  prit  durant 
la  campagne  de  1671.  Elle  revint  enfuite  aux  Hollandois,  peu  de  tems 
après, &  cefut  dans  cette  Ville  quelapaix  fut  conclue  en  i678.queron 
nomme ,  à  caufe  de  cela  ,  la  paix  de  Nimegue.  Confultez  Paul  Merula  & 
Jean  Ifaac  Pontanus. 

NIMETULAHITES  :  forte  de  Religieux  Turcs  ainfi  nommez 
de  leur  Fondateur  Nimetulahi.  Ils  s'affembloient  tous  les  Lundis,  la  nuit, 
pour  chanter  des  Hymnes  à  la  loiiange  de  Dieu.  Ceux  qui  veulent  être  re- 
çus dans  cet  Ordre,  font  obligez  de  faire  une  quarantaine,  c'eft-à-dire,  de 
demeurer  pendant  quarante  jours  enfermez  fans  compagnie  dans  une 
chambre ,  où  on  ne  leur  donne  qn'environ  quatre  onces  de  nourriture 
par  jour.  Au  fortir  de  cette  chambre  après  les  quarante  jours  de  jeûne, 
les  autres  Religieux  prenneiit  le  No  vice  par  la  main,  8c  danfent  à  la  Mo- 

refque. 


NIM.  NIN.  NIO.  NIP. 

refque,  en  fAifant  quantité  de  geftes  extravagants.  Dans  cet  exercice ,  il 
arrive  ordmairement  que  ce  Novice  tombe  à  terre  tout  étourdi ,  &  re- 
çoit,  dilent-ils ,  quelque  vifion  pendant  cette  extafe.  *  Ricaul ,  de  T Em- 
pire Ottoman. 

NIMPHIS,  {Nymphis)  Hillorien  Grec,  étoit  d'Heraclée,  Ville  de 
Pont, fils  de  Xenagoras.  Il  écrivit  XXIV.  Livres  de  l'Hiftoire  d'Alexan- 
dre &  de  lesfuccelleurs ,  XIII.  de  la  Ville  d'Heraclée ,  &  divers  autres  qui 
font  citez  par  les  anciens  Auteurs.  Nimphis  a  vécu  vers  l'an  600.  de 
Rome.  *Elien  ,  /;.  17.  de  anim.  c.  3.  Athénée,  li.  li.zy  13.  SuidaSj 
yoffuis,  deHift.Gru.li.ï.c.16.  Gcfner,  in  Bibl. 

NIMPHODORE  {Nymphodore)  d'Amphipolis.  Auteur  Grec.  Nous 
ne  favons  pas  en  quel  tems  il  vivoir.  Il  a  écrit  uneHiftoiredes  Loix& 
des  Coutumes  des  peuples  d'Afie ,  que  Clément  Alexandrin  cite.  D'au- 
tres l'allèguent  auffi  diverfement ,  ce  qui  a  trompé  Ange  Politien ,  & 
d'autres  qui  fe  font  imaginez.  queNymphodoreavoit  fait  divers  Ouvra- 
ges, bien  que  ce  ne  foit  que  le  même.  Ce  que  le  do(fle  Voffius  a  bien  fù 
remarquer.  *  Clément  Alexandrin,/;,  i .  Strom.  VoiTiuSj/J.  3.  de  Hift.  Gnc. 
NIMPHODORE  de  Syracufe  ,  Auteur  Grec,  qui  éaivit  une 
Hiltoire  de  Sicile.  Pline,  Stephanus  de  Byzance,  ôcc.  citent  l'un  8ci' autre 
de  ces  Auteurs. 

NlNIAS,  fils  de  Ninus.  Cherchez  Zameis. 
NINIVE,  Ville  d'Affyrie,  fur  le  Tigre,  bâtie  par  Affur  ou  Ninus. 
L'Ecriture  dit  au  dixième  Chapitre  de  la  Genefe  :  De  terra  Ma  (Sen- 
raar)  egrejfus  efi  Âffiir,  qui  s.dificavit  Ninivem.  Plufieurs  Auteurs  efti- 
ment  que  cet  Affur  ef!  le  fils  de  Sem.  Et  en  effet,  Jofeph  dit  en  ter- 
mes formels  :  Ajfur,qui  étoit  le  fécond  fils  de  Sem  ,  bâtit  la  Ville  de  Ni- 
itive ,  c?  donna  le  nom  d'AJfy riens  àfes/ujets,  qui  ont  été  extraordinai- 
rement  riches  c?  puijjgns.  Ceux  qui  font  de  ce  iéntiment ,  eftiment  que 
Ninus  fils  de  Belus  ou  Nemrod  de  la  famille  de  Cham.prit  depuis  cette 
■Ville ,  l'augmenta  &  lui  donna  fon  nom.  Cependant  les  autres  affurent 
que  c'eft  le  même  Ninus  qui  bâtit  Ninive,  &  qu'il  n'eff  nommé  AJfur 
dans  l'Ecriture,  que  parce  qu'il  avoit  conquis  l'Affyrie.  Quoi  qu'il  en 
foit ,  cette  Ville  etoit  grande  &  vafte.  Diodore  de  Sicile  en  fait  une 
defcription  magnifique  ;  &  pffure  que  le  circuit  étoit  de  480.  ftades. 
Nous  voyons  auffi, que  quand  Jonas  fut  envoyé  pour  prêcher  aux Nini- 
vites,  l'Ecriture  dit  que  Ninive  avoit  trois  journées 'de  chemin:  Et  Ni- 
nive erat  civitas'magna  itinere  trimn  dierum^.  Ce  qu'on  doit  pourtant 
entendre  du  tour  de  la  Ville,  comme  S.  Jérôme  &  divers  autres  le  croyent. 
La  deftrudion  de  Ninive  fut  prédite  par  le  i'rophete  Nahum ,  &  par  To- 
bie.  Elle  fut  auffi  ruinée  par  Arbaces  &  Belefe  fous  Sardanapale,  par 
Merodach&parNabuchodohofor.  Au  refl:e,il  ne  faut  p.is  oublier  que 
prefque  tous  les  Géographes  de  ce  tems  eltiment  que  Mofol  ouMoful 
d'aujourd'hui,  eft  la  même  qiie  la  Ninive  d'autrefois.  Cependant,  un 
Voyageur  moderne  tait  voir  le  contraire ,  par  des  raifons  affez  con- 
vainquantes, aifurant  que  Mofol  n'eil-pas  dans  l'Affyrie,  mais  dans  la 
Mefopotamie,  Sclur  le  bord  Occidental  du  Tigre.  11  fe  fert  auflî  du  té- 
moignage de  ce  Sulaka  qui  fut  envoyé  par  les  Neftorkns  à  Rome  en 
1553.  &  qui  dit  :  Mofiol  jita  eft  ad  ripatn  flumïnis  Tigrts ,  a  qua  ex  al- 
téra parti  ripa,  abeft  Nmive,bis  mille  paffibus ,  (^c.  *  Genef  10.  Nahum 
i.Tobie,  c.»/r.  Jofeph, ii.  1. 10. zifc.Ant.  Diodore, ii. 3.  Jullm,Strabon, 
Pline,  &c.  Salian,Torniel&Sponde,  Annal.  vet.Jeftam.  Pererias,  in 
Cen,  [Bochart  a  fait  voir  qu'il  n'eft  pas  dit  ({\x  Affur  bâtit  Ninive,  mais 
que  Nimrod  étant  allé  dans  le  pais  i  Afftir  il  y  bâtit  Ninive,  &c.  Phal. 
Lib.iV.c.ii.  On^eut  trouverdanslemême  Auteur  c.  10.  un  Recueuil 
de  ce  qui  nous  refte  dans  les  Ecrits  des  Anciens  touchant  Ninive ,-  8c 
ce  qu'on  peut  dire  de  fa  fituation.] 

NINUS  ou  Affur,  qix'Eulébe  fait  Roi  de  la  première  Monarchie 
des  Affyriens ,  étoit  fils  dé  Belus ,  auquel  i!  fuccéda  ,  félon  1  opinion  la 
•plus  raiîbnnable ,  environ  l'an  1944.  du  Monde.  J'ai  déjà  dit  qu'on  le 
prend  pour  l'Affur  de  l'Ecriture.  Il  fit  bâtir  dans  Babylone  un  "Temple 
•à  fon  père,  voulant  qu'il  y  fut  adoré  comme  une  Divinité.  Depuis  il 
bâtit  ou  augmenta  Ninive  ,  vainquit  Zoroaftie  Roi  de  la  B.idriane, 
époufa  Serairamis  qui  étoit  d'Afcalon;  fubjugua  prefque  toute  l'Ane,  & 
mourut  après  un  règne  de  51.  ans,  en  1996.  du  Monde.  Torniel  & 
d'autres  ne  mettent  cette  mort  qu'en  1048.  *  Genefe,  c.  10.  Hérodote, 
'  li.i.ouCiio ,  Diodore  de  Sicile,  i/.3.  Eufebe,  in  Chron.  Genebrard  , 
U.ï.Chron.  Torniel  &  ^lûizn,  in  Annal.  vet.Teft.  Scaliger,  Petau,  Lan- 
ge, Calvitius,&c.  [Il  n'y  a  aucune  certitude  que  \'AJ}nr  de  l'Ecriture 
foit  le  Ninus  des  Anciens,  fils  de S«/aj;  ôcnôtre  Auteur,  qui  croyoit  que 
Nimrod  elï  le  Belus  des  Païens ,  ne  le  fauroit  affurer  fans  fe  contredire, 
puis  qu' Affur  étoit  fils  de  Sem  ôC Nimrod  de  Chus.  Il  y  a  bien  plus  d'ap- 
parence que  Nmus  n'a  vécu  que  du  tems  de  Debora,  ik  qu'il  fit  embellir 
Ninive,  dont  Nimrod  n'avoit  jette  que  les  fondemens ,  &  lui  donna  le 
nouveau  nom  de  Ninive,  qui  lignifie  la  demeure  de  Ninus.  Voiez  Vojf. 
Chronolog.  e?-  Difc.  Jur  l'Hift.  Univerf.  de  M.  de  Memix.] 

NIOBE',  fille  de  Tantale  &  femme  d'Amphion  Roi  de  Thebes. 
Elle  étoit  bien  faite  &  féconde,  &ellefe  vantoit  avec  arrogance  de  fes 
cnfans,  qu'elle  préferoit  à  ceux  de  Latone.  Ce  mépris  fâcha  li  fort  cette 
dernière,  qu'elle  les  lui  fit  tuer.  Niobé  en  témoigna  une  douleur  extrême, 
&elle  fut  métamorphofée  en  rocher.  Ovide  en  fait  mention, dans  le  6. 
Livre  des  Metamorphofes.  Elle  eft  différente  de  Niobe',  fille  de 
Fhoronée  &  mère  d'Argus  &  de  Pelafgue.  [La  fable  dit  que  Niobé  f  ut 
changée  en  ftatuë  de  pierre,  parce  que  la  douleur  qu'elle  eut  de  la  mort 
de  fes  enfans  la  tua,&  la  rendit  par  conféquent  auffi  immobile  qu'une 
,  pierre.  Ainfi  ii  eft  dit  i. Sam. XXV. 37. que  JJ<ii«/,q^i mourut  de  cha- 
■grin ,  devint  pierre.^ 

NIPHATE,  dit  Curdo,  partie  du  Mont  Taurtis ,  entre  l'Arménie 
Sx.  la  Mefopotamie.  Les  Auteurs  anciens  en  parlent  fouvent.  Virgile  en 
a  fait  mention  ,  li.  3.  Georg. 

Addam  urbes  Ajia.  domitas ,  pulfumque  Niphatem. 

.  _  Il  fort  de  cette  montagne  un  Fleuve  de  même  nom,  qui  paffedans 
l'Arnaenie  &  la  Mefopotamie ,  &  fe  décharge  dans  le  Tigre. 

NiPHON,  Ifle.de  l'Afie,  à  l'Orient  de  nôtre  Continent,  la  plus 
grande  de  celles  du  Japon.  Meacoen  aété  la  Capitale;  mais  maintenant 
c'eft  lendo.  On  ladivile  en  cinq  parties,  qui  font  jamaifoit,  Jetfengo  , 


NIP.  NIS. 


3^ 


Jetfegen  ,  Ochio  &  Quanto.  Ce  nom  de  Niphon  veut  dire  fource  de 
lumière.  Cette  Ule  a  près  de  foixante  lieiiès  de  circuit.  On  y  compre- 
noit  autrefois  cinquante-trois  Royaumes.  *  Briet  &:  Sanfon ,  Ccogr.. 
Voyez  Japon. 

NIPHON  ,  Evêque  de  Cyzique ,  fut  fait  Patriarche  de  Conftanti- 
nople  dans  le  XIV.  Siècle,  en  131 1.  Il  étoit  ignorant,  bien  qu'aflcz 
adroit  pour  les  chofes  temporelles.  Son  avarice &fes  impietez  le  firent 
chaffer  en  1315.  *  Nicephore  Gregoras,  li.  7.  Sponde,  A.  C.  12.11. 
n.  18.  c?"  iBiJ.  n.  8. 

NIPHON  II.  étoit  du  Peloponnefe  ;  &  de  Métropolitain  de  Theffa- 
lonique,  on  le  fit  Patriarche.,  Il  étoit  dodte  &  pieux.  Le  peu  d'ern- 
preffement  qu'il  eut  à  payer  une  fomme  d'argent  au  Thrcforier  du 
Grand  Seigneur,  fut  caufe  que  Bajazet  le  chaffa  d  abord  après  fon  éleâion 
en  1481.  *  Sponde,  in  Annal. 

NIPHUS  dit  EuTYCHius  &  Philotheus  (Auguftin)  étoit 
de  Seffa  qui  eft  une  ville  d'Italie  dans  le  Royaume  de  Naples.    Paul 
Jove  dit  qu'il  étoit  originaire  de  Tropea  dans  la  Calabre.  Il  enfeigna  la 
Philofopliie  dans  prefque  toutes  les  Univerfitez  d'Itahe  ,  &  trouva  par 
tout  des  amis  &des  Protedeurs.  Outre  qu'il  étoit  très-favant,  il  étoit 
agréable  en  compagnie ,  &  faifoit  un  conte  de  bonne  grâce.  Le  PapC 
Léon  X.  le  vouloir  avoir  continuellement  auprès  de  lui,  &  lui  permit  de 
prendre  le  nom  &  les  armes  de  Medicis.    L'Empereur  Charles  V.  lui 
donna  auffi  un  brevet  de  Confeiller  d'Etat.  On  dit  que  cet  Empereur 
ayant  demandé  à  Niphus  comment  les  Princes  pourroient  bien  gou- 
verner leurs  Etats;  Ce  yêra,  lui  répondit  hardiment  Niphus,  en  fe  fervant 
de  mes  femblables  ;  Il  vouloir  dire  d'un  Philofophe.  Mais  le  bon  hom- 
me fe  trompoit  furieufement.    Comment  auroit-il  gouverné  un  Etat 
lui  qui  ne  fe  favoit  pas  gouverner  foi-même  ?  A  l'âge  de  foixante  &  dix 
ans  il  avoit  encore  des  maîtreffes,&  quoi  que  vieux  &  goûteux,  il  paf- 
foit  les  nuits  entières  à  chanter  &  à  danfer  avec  elles.    Niphus  avoit 
époufé  Angelella  qui  étoit  une  Dame  très-fage  &  très-vertueufe ,  de  la- 
quelle il  eut  divers  enfans ,  &  cependant  il  avoit  des  courtifanes.    H 
en  aima  une  nommée  Phaufina,  à  laquelle  il  dédia,  fous  le  nom  de 
l'Aurore,  fon  Livre  du  Courtifan;  De  aulico  vira.  Et  il  avoue  lui-même 
qu'il  eut  une  très-forté  paffion  pour  une  certaine  Hippolyte  qu'il  ap- 
pelîoit  g«i»/'«,  parce  qu'elle  étoit  la  dnquiéme  de  fes  maîtreffes.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  ce  Philofophe  fi  tendre  &  fi  paffionné  mourut  vers  l'an 
1537.  car  Paul  Jove  dit  que  ce  fut  la  même  année  qu'Alexandre  de 
Medicis  fut  affaffmé.  Il  a  laiffé  divers  Ouvrages,  des  Commentaires  fur 
Ariftote,  un  Traité  de  l'immortalité  de  l'ame  contre  Pomponatius, 
des  Opufcules  de  Morale  &  de  Politique  que   Naudé  fit  imprimer 
l'an  1645.  à  .Paris  ,   en  un  Volume  in  quarto.     Des  Epîtres  ,   Ad- 
verfiis  Aftrologos.     De  inirnicitiarum  lucro.    De  armoriim  e?  lilerarum 
eomparatione.     De  Tyranno  ct'  Rege.     De  Auguriis.     De  diebus  criti- 
cis  ,  zsfc 

Auguftin  Niphus  eut,  entre  autres  enfans.  Jaques  qui  fut  père  de  Fabio 
Profeffeur en  Médecine  àPadouë;  mais  en  ayant  été  chaffé parce  qu'il 
fuivoit  les  nouvelles  opinions  dans  la  Religion,  il  vint  à  Paris,  &  il 
enfeigna  les  Mathématiques  à  Meffieurs  d'tibene.  De  là  il  paffa  en 
Angleterre ,  puis  il  revint  en  Hollande  où  il  enfeigna  quelque  tems  à 
Leyden.  Il  compofa  un  Ouvrage  intitulé  Ophinum,  qui  n'a  été  publié 
qu'en  i6r7.  Mais  enfin  n'étant  pas  fatisfait.il  réfolut  de  venir  en  Flan- 
dre où  il  fe  maria,  &  il  laiffa  Ferdinand  Niphus.  Ce  dernier  a  été  uti 
homme  de  Lettres;  il  fit  imprimer  l'an  1644.  à  Louvairi  un  Traité  de 
Caramuel  intitulé  Methodus  difputandi.  L'Epître,  qu'on  voit  à  la  tête  de 
cet  Ouvrage ,  eft  de  fa  façon  ôc  il  y  parle  de  fes  parens.  *  Paul  Jove, 
inelog.  dotl.  c.ç/i.  Opmeer,;»  Chr.  Le  Mire,  de  Script.  Xl^l.s^c'.Hux- 
dé ,  m  Prdf.  ad  Opujc.  Polit.  Augufl.  Niph.  c?c. 

NISAN  ,  premier  mois  du  Calendrier  des  Hébreux ,  qui  répondoit 
à  nôtre  Mars  &  Avril.  Il  étoit  confiderable  par  le  facrifice  du  premier 
jour,  &par  la  Fête  de  Pâques.  *Sigonius,/»  Calend.Hebr.  Torniel, 
A.  M.  2J4J. 

NISE  ou  N I  s  N  E ,  qu'on  appelle  auffi  Niffi  Novogorod  ,  ou  petite 
Novogorod,  Ville  de  Mofcovie,  que  le  Grand  Duc  Bafile  fit  bâtir  fur 
le  Confluant  de  l'Occa ,  &  de  la  Volga.  11  lui  donna  ce  dernier  nom  à 
caufe  que  la  plupart  des  habitans  y  étoient  venus  de  Novogorod.  Nife 
eft  fort  marchande  ,avec  des  Fauxbourgs  confidérables.  Elle  efthabitée 
par  des  Mofcovites,  Tartares,  HoUandois,  &c.  Les  Latins  la  nomment 
Novogordia  inferior. 
NISI.  Cherchez  Niffe. 

NISIBE,  Ville  de  Mefopotamie,  dite  aujourd'hui  Nifibin,  dans  le 
Diarbech.  Elle  a-  été  illuftre  pour  la  réliftance  qu'elle  avoit  faite  aux 
Perfes  &  aux  Barbares ,  lors  qu'ils  farfoient  des  courfes  dans  les  terres 
de  l'Empire.  Les  Médailles  que  ceux  de  Nifibe  a  voient  frappées  à  l'hon- 
neur de  "Trajan  &  de  Severe ,  comme  l'affureGoltzius,  témoignent  que 
cette  Ville  étoit  une  Colonie  Romaine.  Les  Auteurs  Écclefiaftiques  par- 
lent fouvent  de  la  protedion  que  Nifibe  reçût  de  S.  Jaques  leur  Evêque; 
&  fur  tout  quand  elle  fut  nfliegée  par  5apor  Roi  de  Perfe  en  1338.  Ce 
faint  Prélat  diffipa  par  fes  prières  l'armée  des  ennemis  de  Dieu  ;  &  mê- 
me après  fa  mort  il  garantit  cette  Ville  des  invafîons  des  Perfes.  Elle  fut 
fouvent  prife  par  ces  Infidèles.  *  Theodoret ,  /;.  2.  Pline  ,  Stra- 
bon.,  &c.  * 

NISITA,  en  Latin  Nesis,  petite  Ifle  d'Italie  dans  la  Terre  de  La- 
bour, au  Royaume  de  Naples,  à  trois  milles  de  Pouzzol.  L'an  ij^o.' 
on  y  découvrit  un  Sépulcre  de  marbre  d'un  Citoyen  Romain ,  où  l'on 
trouva  une  lampe  alliimée  dans  une  bouteille  de  verre,  qui  n'avoit  aucu- 
ne ouverture ,  ce  qui  étoit  fort  extraordinaire  :  toutes  les  autres  lampes 
ayant  été  renfermées  dans  des  urnes  qui  n'étoient  point  bouchées,  ou 
mifes  dans  des  Sepulchres ,  qui  pouvoient  recevoir  de  l'air  par  quelques 
fentes.  On  caffa  cette  bouteille  de  verre ,  &  la  lumière  s'éteignit  auffi- 
tôt  qu'elle  futexpofée  à  l'air.  Le  feu  de  cette  lampe  étoit  extrêmement 
vif,  &  le  verre  n'etoit  tâché  en  aucun  endroit,  ce  qui  fit  croire  que  ce  feu 
ne  jettoit  point  de  fumée.  *  Licetus ,  de  Lucemis  antiej.  Ub.  2. 

NISMES  ,  Ville  de  France  dans  le-  Bas  Languedoc ,  avec  Evcché 
Suffiragant  de  Narbonne.  Les  Latins  la  nomment  Nemaufus,  ou  Volca- 
rum  Arecomicorum  Nemaufus.  Elle  eft  célèbre  par  fon  antiquité,  dont 
on  voit  encore  de  beaux  monumens.    Le  plus  confiderable  eft  l'Am- 

phitheatre^ 


3^ 


NIS. 


phitheatre ,  que  ceux  du  païs  appellent  les  Arènes.  Sa  forme  cft  ronde,  & 
il  eft  bâti  de  pierre  de  taiile  dune  longueur  &  d'une  grandeur  extraordinai- 
re, avec  plufieurs  lièges  pour  la  commodité  des  Speftateurs.  Le  dehors 
eft  environné  de  colomnes ,  avec  leurs  corniches ,  ciil'on  voit  les  Aigles 
Romaines,  &  des  figures  deRemus&Romulus  allaitez  par  une  louve. 
La  Maifon  qu'on  nomme  Quarrée  eft  un  ancien  Maufolée ,  dont  on  ad- 
mire lesreftes.  On  va  encore  voir  dehors  la  "Ville,  le  Temple  de  Diane, 
la  Tourmagne  ,  &  diverfes  autres  antiquitez. 

Quelques-uns  eftiment  que  cette  Ville  fut  bâtie  parun  fils  d  Hercule  ; 
mais  ce  fentiment  eft  difficile  à  bien  établir.  Il  eft  fur  qu'elle  fut  Colo- 
nie des  Romains ,  &  féconde  en  grands  Hommes.  Les  anciennes  Mé- 
dailles témoignent  que  c'étoit  une  Colonie  des  Soldats  qu'Augutte  avoit 
ramenez  d'Egypte,  après  la  conquête  de  cette  Province.  Nous  y  voyons 
une  palme  où  eft  attaché  un  Crocodile ,  avec  ces  mots  COL.  NEM. 
qu'on  explique  ainli  Colonia  Nemaufus ,  ou  Nemaufenfiam  ,  &:  non  pas 
coUigavit  Nemo,  comme  Paradin  &  d'autres  l'ont  expliqué,  pour  dire 
qu'avant  Augufte  perfonne  n'avoit  enchaîné  le  Crocodile ,  qui  eft  le  Sym- 
bole de  l'Egypte.  Cette  Med:iil!e  forme  aujourd'hui  les  armes  de  Nif- 
mes.  Sa  fituation  eft  la  plus  charmante  de  la  Province,  ayant  d'un  cô- 
té des  collines  couvertes  de  vignes ,  &de  toutes  fortes  d'arbres  fruitiers; 
&  de  l'autre  une  grande  campagne  fertile.  La  'Ville  eft  belle ,  &  outre 
l'Evêcbé  elle  a  Préfidial,  Senechauflee  &  Collège.  Elle  fut  foûmife  aux 
Goths  jufqu'au  tems  de  Charles  Martel ,  &  depuis  cent  ans  elle  avoit  été 
fouvent  un  des  boulevarts  des  Calviniftes.  Mais  les  armes  de  Louis  h 
Jufte,  la  fagefl"ede  Louis  XIV.  &  le  zélé  de  fesEvêques  l'ont  réduite  à 
l'on  devoir.  La  Ville  de  Nifmes  a  eu  autrefois  des  Comtes  &  des  Vicom- 
tes. Li'Hiftoire  de  Carcafl'onne  dit  que  Bernard  Atton  époufa  la  Com- 
teffe  Cécile  de  laquelle  il  eut  trois  enfans ,  "&  que  par  fon  teftament  de  1  an 
II 29.  iilaiffa  Nifmes  au  troifiéme.  Il  y  a  encore  que  Mantiline&  Païen- 
ne ,  filles  du  même  Bernard  Atton,  cédèrent  en  1152.  le  droit  qu'elles 
avoient  fur  Nifmes  à  leur  frère.  Les  Comtes  de  Touloufe  fuccederent 
aux  Vicomtes  de  Nifmes.  Raymond  V.  prenoit  la  qualité  de  Comte  de 
Mifmes;  en  1188.  il  donna  des  Privilèges  à  quelques  Ouvriers  de  cette 
Ville;  ôceniipS.  il  fit  des  Ordonnances  touchant  l'éleâion  des  Confuls. 
Les  héritiers  de  Bernard  vivoient  encore  en  ce  tems.  Ils  fe  fournirent 
premièrement  aux  Rois  d'Arragon  ,  &:  puis  aux  Comtes  de  Provence 
pour  avoir  une  protedion  contre  les  Comtes  de  Touloufe  ;  &  enfin ,  un 
Bernard  céda  en  1114,  les  droits  qu'il  avoit  fur  le  Comté  de  Nifmes  à  Si- 
mon .Comte  de  Montfort ,  &  c'eft  par  celui-ci  que  ce  Comté  a  été  uni  à  la 
Couronne.  * Ptolomée ,  /.  ^. c.  10.  Mêla,  /.  2.  c  5.  Pline,  h.  3. c.4.  Suéto- 
ne ,  in  liber.  Antonin,  in  Itiner.  Aufone,  in  Defcr.  Burdig.  Strabon,  /;.  4. 
^emYo\Ao,Difcours de V Antiq.de Kifmes.  Craffer,  Antii.  Nemaufen.Btïïe, 
Jiifl.  de  Carcajj  Sainte  Marthe,  Gall.  Chrift.  Du  Chefne  ,  ^ech.  des  Ant.  des 
Tilles.  Sinccrus,  Itiner.  Gdlu.  Catel ,  //.  5.  Hifi.  de  Lang.  Deyron,  &c. 


Conciles  de  Nifmes. 

Sulpice  Severe  parle  d'un  Concile  affemblé  à  Nifmes  environ  Tan  389. 
Il  dit  que  S.  Martin  de  Tours  fouhaittant  de  favoir  ce  qui  s'y  étoit  paffé, 
•un  Ange  le  lui  vint  apprendre.  Cela  eft  rapporté  dans  le  i.  Dialogue  de  la 
Vie  de  S.  Martin.  Theodat  de  Narbonne  célébra  en  886.  un  Concile  dans 
le  Territoire  de  Nifmes ,  contre  Selva  Clerc  Efpagnol  ,  qui  fe  faifoit 
Archevêque.  Theodat  y  fut  accompagné  de  trois  autres  Métropolitains, 
&  de  plufieurs  Evêques ,  entre  lefquels  étoit  Gilbert  de  Nifmes.  Les 
Archives  de  l'Eglife  de  Narbonne ,  qui  font  mention  de  cette  Afl"emblée, 
parlent  d'une  autre  tenue  onze  ans  après  en  897.  Hulgaudde  Fleuri,  la 
Chronique  de  Maillezais ,  divers  autres  Aftes  anciens ,  témoignent  que  le 
Pape  Urbain  II.  retournant  à  Rome,  après  la  célébration  du  Concile  de 
Clermont ,  en  affembla  un  en  1 096.  à  Nifmes ,  dont  on  nous  a  donné  de- 
puis peu  zo.  Canons.  Le  même  Pontife  y  donna  l'Archevêché  de  Nar- 
bonne à  Bertrand  Evêque  de  Nifmes. 

NISMES  ,  Ville  du  Bas  Languedoc.  Il  y  a  plufieurs  beaux  monu- 
inens  de  l'Antiquité ,  dont  un  des  plus  confiderables ,  eft  la  Maifon  Quar- 
rée. C'eft  un  Edifice  qui  forme  un  quarré  long ,  ayant  foixante-quator- 
ze  pies  de  longueur ,  &  quarante  &  un  pié  fix  pouces  de  largeur ,  félon 
les  dimenfions  que  nous  en  donne  Jean  Poldo  d'Albenas.  Quelques-uns 
ont  crû  que  c'étoit  la  Bafilique  qu'Adrien  avoit  fait  bâtir  à  Nifmes  en 
l'honneur  de  Plotine,  femme  de  l'Empereur  Trajan:_  mais  cette  Maifon 
n'eft  pas  un  ouvrage  fi  merveilleux,  que  Spartien  dépeint-les  Bafiliques  Et 
de  plus,  les  Bafiliques ,  comme  le  remarque  Claude  Perrault  dans  Vitruve, 
avoient  les  colonnes  par  dedans,  au  lieu  que  les  Temples  les  avoient  par 
dehors ,  comme  font  celles  de  la  Maifon  Quarrée.  D'autres  ont  été  d'a- 
vis que  c'étoit  un  Capitole  ,  c'elf-à-dire ,  une  Maifon  Confulaire  ,  où 
s'affembloient  les  Magittrats  de  la  Ville;  parce  que  le  peuple  lui  donne 
encore  le  nom  de  Capdueil ,  qui,  dans  le  langage  du  pais ,  fignifie  Capi- 
tole ;  Se  que  dans  les  Titres  anciens  de  quatre  ou  cinq  cens  ans,  elle  eft  ap- 
pellée  Capitole;  &: l'Eglife  voifine  S.  Iitiennedu  Capitole.  Mais  on  fait 
qu'il  n'y  avoit  en  ce  tems-là  des  Confuls  qu'à  Rome;  &  on  ne  lit  pas 
qu'il  y  ait  eu  des  Capitules  en  d'autres  Vifles.  Les  Maifons  publiques 
où  les  Proconfuls  &  les  Préteurs  rendoient  la  Juftice ,  s'appelloient  Pré- 
toires. Il  y  a  donc  apparence  que  cette  Maifon  Quarrée  étoit  un  Temple 
bâti  par  les  anciens  Romains,  à  la  manière  des  autres  Temples  quarrez- 
longs,  comme  font  ceux  de  Thefée ,  &  de  Minerve  à  Athènes.  Ce  qui 
marque  plus  précifément  que  c'étoit  un  Temple ,  c'eft  le  fronton  de  la 
façade ,  propre  &  particulier  aux  Temples.  Il  eft  très-difficile  de  favoir 
à  quelle  Divinité  il  étoit  dédié ,  puifque  l'on  n'y  trouve  ni  Infcriptions, 
ni  bas-reliefs ,  qui  en  puiffent  donner  quelque  connoiffance.  Peut-être 
étoit-il  confacré  à  Jupiter  Capitolin  ,  d'où  fetoit  venu  le  nom  de  Capitole. 
:*  Spon  ,  Recherches  curieufes  d  Antiquité. 

NISSE  ou  Ni  SI  ,   Ville  Epifcopale  de  Cappadoce  ou  Arménie , 
célèbre  pour  avoir  eu  S.  Grégoire  pour  fon  Prélat.  On  es  met  une  autre 
dansles  Indes,  bâtie  par  Bacchus. 
NISSENO.  Cherchez  Nizeno. 

NISUS ,  Roi  de  Megare  en  Achaic ,  avoit  parmi  fes  cheveux  blancs , 
quelques  cheveux  de  couleur  de  pourpre  fur  le  haut  de  la  tête,  qu'il  con- 
fervoit  avec  foin,  parce  qu'il  croyoit  que  de  là  dépendoit  la  confervation 


NÎS.  NIT.  NîV.  NIX.  NIZ.  NOA. 

de  fon  Royaume.  Mais  Scylla  fa  fille  le  trahit ,  lorfque  Minos  Roi  de 
Crète  affiegeoit  la  Ville  de  Megare:  &  ayant  conçu  de  l'amour  pour  ce 
Roi ,  elle  coupa  adroitement  ces  cheveux  fatals  à  fon  père ,  8c  livra  fa 
patrie  aux  ennemis.  Nifus  mourut  de  déplaifir  :  &  les  Poètes  ont  feint 
qu'il  fut  changé  en  Epervier.  Ils  ajoûterit  que  Scylla  voyant  que  Minos 
la  méprifoit ,  mourur  aulTi  de  dcfefpoir ,  &  qu'elle  fut  metamorphofée 
en  Alouette.  Cette  Fable  a  quelque  rapport  à  l'Hiftoire  véritable  de 
Samfon  ,  à  qui  Dalila  coupa  les  cheveux  ,  d'où  dépendoit  la  force  de  ce 
Héros.  *Apollodore,  li.'i,.  Ovid. 8.  Metamorph. 

[NISUS,  Auteur  qui  avoit  écrit  de  fOrthographe ,  &  dont  Velius 
Longus  fait  mention.  On  l'avoit  furnommé  Artigraphus ,  c'eft-à-dire, 
le  parfait  Ecrivain.] 

[NITENTIUS  ,  Officier  de  l'Empereur  Valens.  Gratien  en  fait 
mention,  dans  la  loi  2.  ne  Sanâlum  Baptifina,  publiée  en  ccclxxvii. 
Jac.  Cothûfredi  Profopogr.  Cod.  Theodofiani.] 

NITHARD,  Abbé  de  faint  Riquier,  a  été  en  eftime  dans  le  IX. 
Siècle.  Il  étoit  fils  d'un  grand  Seigneur  nommé  Angilbert,  &  de  Berthe 
fille  de  Charlemagne.  Sa  naiflance  lui  donnoit  droit  fur  beaucoup  de 
Terres ,  qu'il  laiffa  à  fon  coufin  Louis  le  Débonnaire ,  pour  vivre  dans  la 
retraite.  Il  fut  tué  par  les  Danois,  environ  l'an  853.  Nithard  écrivit  une 
Hiftoire  des  guerres  entre  les  trois  fils  de  Louis  le  Débonnaire.  Libri  IK 
de  Bifcordia  filiorum  Ludovici  Pii,  (src  Pierre  Pithou  la  fit  imprimer 
la  première  fois  à  Paris,  eni  588.  enunTomei^OiSa^/o,  Sec.  Du  Chê- 
ne lamitdepuisdanslell.VolumedesHiftoriens  de  France.  Cette  Hif- 
toire commence  par  la  mort  de  Charlemagne,  en  814.  &  finit  en  843. 
Dans  le  IV.  Livre  l'Auteur  y  parle  de  fon  père  ;  &  enfuite  d'un  de  fes  frè- 
res, qu'il  nomme  Harnide.  §ui  ex  efu/dem  magni  Régis  filia  ,  nomine 
Béret  ha,  Harnidum  fratremmeum  jO' meNitharâumgenuit  jzyc.  *Bar- 
thius,  Adverf.li.46.  cap.ç.  Voffius,  de  Hift.  Lat.  U.  2.  cap. -^4.  Sainte 
Marthe,  Gall.  Chriji.  T. IV.  de  Abbat.  S.Ricardi. 

NITHESDALE  ,  Province  en  la  partie  Méridionale  deTEcolTe, 
fur  les  confins  d'Angleterre.  C'eft  une  vallée  divifée  par  la  Rivière  de 
Nirhes.  Sa  Ville  Capitale  eft  Dunfreis.  Les  autres  font  Solway ,  Mor- 
ton,  &c.  *Camden,  Defcr.  magn&Britan. 

NITOCRIS,  Reine  de  Babylone,  étoit  mère  de  Labinet  queCy- 
rus  détrôna.  Elle  rompit  le  cours  de  l'Euphrate  ,  en  le  faifant  tour- 
noyer au  deflus  de  la  Ville,  pour  empêcher  les  ennemis  d'y  venir  trop 
promptementenfuivantl'impetuofitédefoncours.  Elle  fit  auffi  bâtir  un 
Pont  fur  l'Euphrate,  &  fon  tombeau  furla  porte  la  plus  confiderable  de 
la  Ville ,  promettant  par  une  Infcription  ,  de  grands  tréfors  à  ceux  qui 
l'ouvriroient.  On  dit  que  Darius  l'ayant  fait  ouvrir,  n'y  trouva  que  ces 
paroles.  Si  tun'euffesété  infatiable d'argent ,  tun'euffespas  violé  la fepuU 
ture  des  morts.  Hérodote,  dansle  1.  Livre  de  fon  Biftoire. 

NITOCRIS  Reine  d'Egypte ,  qui  vengea  la  mort  du  Roi  fon  frè- 
re ,  en  faifant  noyer  ceux  qui  l' avoient  tué.  *  Hérodote ,  //'.  2. 

NITRIE,  montagne  d'Egypte,  illuftre  pour  avoir  été  fanflifiéepar 
la  retraite  de  pjufieurs  Anachorètes. 

NITRIE  ou  Nitracht ,  Ville  dans  la  haute  Hongrie  ,  qui  a  eu  titre 
d'Evêché. 

NIVATA ,  Province  du  Japon  ,  avec  une  Ville  de  même  nom , 
dans  la  Région  dite  de  Quanto.  *Sanfon,  Geogr. 

NIUCHE,  que  les  autres  appellent  Tendue  ou  Charchir,  Royau- 
me de  Tartarie  en  Afie ,  fur  les  confins  de  la  Chine.  C'eft  de  cet  Etat 
que  font  venus  les  Tanares  qui  fe  font  rendus  maîtres  de  la  Chine, 
*  Martini ,  Atlas  Sinic. 

NIVERNOIS,  Province  de  France,  avec  titre  de  Comté  ,1e  long 
de  la  Loire,  entre  la  Bourgogne,  le  Bourbonnois&leBerri.  Neversen 
eft  la  Capitale.  Les  autres  font  Decife,  Clamcci,  S.Pierre  le  Mouflier, 
&c.  Voyez  Nevers. 

NIXES,  Dieux  nommez  parles  Larins  Nixi  DU,  ou  comme  dit  Feftus,' 
Nixii;  de Nixus, qui  tignifie ejfort ,  travail  d'enfant.  Ils  préfidoient  aux 
accouchemens  des  femmes,  &  étoient  trois  qui  avoient  leurs  ftatues  à 
Rome  dans  le  Capitole,  vis-à-visl'autel  de  Minerve.  On  dit  que  ces  fta- 
tues avoient  été  tranfportées  de  Syrie,  après  la  défaite  d'Anriochus  par 
les  Romains.  Elles  repréfentoient  ces  Dieux  tenant  les  deux  mains  en- 
trelacées fur  leurs  genoux  qu'ils  ployoient  avec  effort  ,  de  telle  forte 
qu'ils  avoient  tout  le  corps  fufpendu  fur  les  jarrets  ,  comme  pour  ex- 
primer la  pofture  d'une  femme  dansle  travail  de  l'accouchement.  Fef- 
tus ,  e^  fes  Interprètes.  Lil.  Giraldus  Hifi.  Veorum. 

NIZARD  (Adam)  Grammairien  &  Poète  Anglois ,  a  fleuri  vers  l'an 
1340.  dans  rUniverfité  d'Oxford  où  il  étoit  un  des  ProfefTeurs.  Il  laifla 
quelques  Traitez  de  Grammaire.  *Pitfeus,  de  Script.  Angl. 

NiZENO  ouNissBNo  (Diego)  Religieux  de  l'Ordre  de  faint  Ba- 
file,  étoit  d'Alcazaren  dans  la  Cattille  la  Vieille,  &  il  a  eu  la  réputation 
d'habile  Prédicateur.  Il  eft  mort  à  Madrid  le  16.  Oftobre  de  l'an  1657. 
Nous  avons  divers  Recueuils  de  Prédications  de  fa  façon ,  &  d'autres 
Ouvrages  de  pieté.  Nicolas  Antonio ,  Bibliothèque  des  Ecrivains  d'Ef- 
pagne. 


NO. 

NOACH ,  qu'on  croit  père  de  Zoroafter.  Cherchez  Agonaxi 
NOAILLES  eft  un  Bourg  dans  le  Limofin  ,  qui  a  donné 
fon  nom  à  la  Maifon  de  Noailles. 
NOAILLES  ,  Maifon.  La  Maifon  de  No  ailles  eft  très-an- 
cienne Se  illuftre.  Geraud  Sr.de  Noailles  vivoit  en  1 080.  il  époufa  Nabeus 
de  Segur  dont  defcendit  Pierre  Sr.  de  Noailles ,  mari  d'Alix  de  Rofieres, 
qui  le  rendit  père  de  Hugues  de  Noailles  ,  qui  de  Luce  de  Com- 
born  eut  Elle  Sieur  de  Noailles ,  qui  époufa  Dame  de  Noaillac  dont  il  eut 
Guillaume  Sieur  de  Noailles.  Celui-ci  prit  alliance  avec  Marguerite  Da- 
me de  Monclar,  de  Chambres ,  &c.  dont  il  eut, éntr 'autres  enfans,  Elie, 
Sieur  de  Noailles  II.  du  nom  ,  qui  époufa  Marguerite  de  Mau- 
mont  en  1349.  &  il  eut  de  cette  alliance  Jean  I.  qui  fuit:  Bertrand  & 
Pierre  de  Noailles.  Je  an  I.  de  ce  nom ,  Sieur  de  Noailles ,  époufa 
en  1386.    Marguerite  Leftairie  du  Saillant;  &  il  en  eut  François  qui 

fuit 


NOA. 

fck:  îesîi  Sis-àï  âe  Chambres  &  dé  iviontclar  qui  continua  lâ  {5o|lêritéj 
que  l'on  verra  après  cclie  de  fon  aîné;  Et  Marguerite  femme  d'An- 
toine de  Livron  ,  Sieur  de  Wart  &  de  la  Rivière.    François  L 
de  ce  nom.  Sieur  de  Noaillesis' allia  l'an  1430.  avec  Marguerite  deRufi- 
gnac,  &  en  eut  Jean,  qui  fuit:  Antoine  de  Noailles,  Comte Precen- 
teurde  l'EglifedeSaint  Jean  de  Lyon:  Hugues,  Religieux:  Louïfema- 
riée  à  Pierre,  Sieur  deCofnac;  Et  Blanche  femme  du  Sieur  de  Dnijac. 
JïAN  IIL  du  nom.  Sieur  de  Noailles j  époufa  Gafparde  de  Merle, 
dont  il  n'eut  que  deux  tilles  i  Françoife,  mariée  avec  Louis  de  Mau- 
montiSieurde  S.  Vit;  EtLouïfe,  femme  de  Jean,  Sieùr  de  Montardit. 
Ce  Jean  dé  Noailles  fervit  le  Roi  Louis  XL  dans  fes  guerres  -,  &  étant  ve- 
nu en  Bourgogne  avec  l'armée  du  Roi  pour  réduire  la  Franche-Comté  à 
fon  obéïflance,  il  y  mourut  l'an  1479.  laiflant  fes  bienS  à  Aimar  fon 
coulin:  Jean  de  Noailles  Sieur  de  Chambres,  de  Montclar,  d'An- 
glar,  de  Chauvignac,  &c.  fils  puîné  de  Jean  L  époufa  en  1439.  avec 
difpenfe  du  Pape  Eugène  IV.  Jeanne  de  Gimel  fa  couiine  au  4.  de- 
gré, fœur  aînée  de  la  Vicomtelfe  de  Turenne.  Il  mourut  le  10.  Sep- 
tembre 1479.  lailTant  Aimar,  Sieur  de  Noailles,  de  Noaillac  ,   de 
Chambres,  de  Montclar,  &c.  qui  fut  héritier  de  fon  coufin,  com- 
me je  l'ai  remarqué.  Il  prit  alliance,  le  2.3.  Oftobre  1481.  avec  An- 
toinette de  S.  Exuperi,  fille  de  Guillaume,  Sieur  de  Miremont ,  &  d'Anne 
d'Eftaing ,  dont  il  eut  Louis  Sieur  de  Noailles ,  Noaillac ,  &c.  qui  fut 
Capitaine  de  cinquante  Hommes-d' Armes  ;  &  époufa  le  if.  Février 
ijoi.  Catherine  de  Pierre-Buffiere  ,  fille  de  Pierre  Sieur  de  Pierre- 
Buffiere  &  Catherine  Vieomteflede  Comborndont  il  eijt  Antoine,  qui 
fuit:  Hugues,  Archiprêtre  de  Gignac,qui  fut  envoyé  à  Rome  &  en 
EfpagnCj  pour  y  négocier  des  affiiires  importantes:  François,  Evéque  de 
Dax,  dont  je  parlerai  ci-après:  Gilles  j.auffi  Evêquede  Dax  après  fort 
frcre  &  autres.  Antoine,  Sieur  de  Noailles,  de  Noaillac;  de  Merle,  Ba- 
ron de  Chambres,  de  Charbonnières,  de  Montclar,  de  Malemort  &  de 
Brive  en  partie  &c.  Chevalier  de  l'Ordre  du  Roi,  Gentilhommme  or- 
dinaire de  fa  Chambre,  Capitaine  de  cent  Hommes  d'Armes,  fut  Lieute- 
nant de  Roi  en  Guienne ,  Gouverneur  8c  Maire  de  Bourdeaux ,  du  Châ- 
teau d'Ha ,  &c.  11  accompagna  en  1 5  30.  le  Vicomte  de  Turenne  fon  pa- 
rent, en  Efpagne,  qui  alloit  époufer  au  nom  du  Roi  François  I.  Eleonor 
d'Autriche, Reine  Douairière  de  Portugal,  fœur  de  l'Empereur  Char- 
les V.&  il  ligna  le  Contrat  de  Mariage  de  cfettèPrincefle.  Depuis  il  fut 
Anibaflàdeur  en  Angleterre,  &  il  comjnanda  les  Armées  navales  du  Roi, 
avec  commiflîon  d'Amiral  ;  &  le  Roi  Henri  II.  lui  fit  l'honneur  de  le 
choifîr  pour  être  Gouverneur  de  la  perfonne  de  Meiîieurs  fes  fils.    11 
mourut  en  1562.  Il  avoit  époufé  en  1540.  Jeanne  de  Gontaut,  Dame 
de  Lenteur  &  de  Teiffieu,  fille  de  Raimond,  Sieur  de  Cabrerez.  Cette 
Dame  avoit  un  mérite  fingulier.  Elle  ful^Gouvernante  des  fiiles  de  Fran- 
ce^  Dam.e  d'Honneur  de  la  Reine  Catherine  de  Medicis  &  de  la  Reine  de 
Navarre.  Les  enfans  de  cette  alliance  furent  Henri  qui  fuit  :  Châties , 
Protonotaire  du  faint  Siégé:  Marthe  femme  de  Pierre,  Vicomte  de  Se- 
dieres:  Françoife ,  mariée  à  Gabriel  de  Clérmont-Tonnerre ,  Sieur  de 
Touri  :  Marie,  alliée  en  premières  noces  à  François  de  Ferrières,  Sieur  de 
Sauvebeuf,  Gouverneur  du  Château  de  Ha  &  de  Bourdeaux  ;  &  en  fécon- 
des au  Sieur  de  Dirac  Chevalier  de  l'Ordre  du  Roi  ;  Et  Jeanne  femme  du 
Vicomte  de  BifcarolTe.  Henri,  Sieur  de  Noailles ,  de  Noaillac ,  de 
Merie  &  de  Melefle ,  Comte  d'Aïen,  Baron  de  Chambres,  &c.  futGon- 
verneur.  Lieutenant  Général  &  Bailli  du  Hailt-Païs  d'Auvergne  &  Ca- 
pitaine de  cent  Hommes  d'Armes.  11  époufa  en  1548.  jeanne-Gei  m  ai- 
ne d'Efpagne  ,    Dame  de  Launaguer,  &c.  fille  de  Jaques-Matthieu 
d'Efpagne,  Sieut  de  PanalTac,  &  de  Catherine  de  Narbonne,  Dame  de 
Leiran,dont  il  eut  François  III.  qui  fuit  :  Charles  de  Noailles ,  Evêque 
deS.  Flour&depuis  de  Rhodez,  Abbé d' Aurillac  &  de  la  Valette:  Anne 
de  Noailles ,  Marquis  de  Montclar  ;  mort  fans  enfans  de  Camille  de 
Pefteils,  fille  de  Claude ,  Sieur  de  Pefteils ,  &de  Jeanne  de  Levi-Que- 
îus;  Françoife,  Abbeflede  Leime  en  Querci;  Et  Marthe,  mariée  à 
Jean  de  Gontaut,  Sieur  de  S.  Blanchard ,  fils  puîné  d'Armand  de  Gon- 
taut, Sieur  de  Ëiton  ,  Maréchal  de  France.  François  III.  du  Nom , 
Sieur  de  Noailles,  Comte  d'Aïen,  Baron  de  Chambres,&c.  Chevalier  des 
Ordres  du  Roi  ,   Gouverneur  &  Lieutenant  Général  du  Haut-Païs 
d'Auvergne,  &  de  Roiiergueôc  de  Perpignan,  fe  diftingua  beaucoup  par 
fon  mérite  &  par  fon  courage.  11  fut  Maréchal  de  Camp  des  Armées  du 
Roi ,  &  il  fervit  durant  les  guerres  contre  ceux  de  la  Religion  Préten- 
due, au  fiege  de  Montauban  où  il  défit  500.  hommes  qui  fe  vouloient 
jetterdans  la  place;  &  il  s'oppofa  aus  courfes  des  Huguenots  de  Millau, 
de  S.  Antonin ,  &c.  Le  Roi  le  lit  Chevalier  de  fes  Ordres ,  le  14.  Mai 
1633.  ilaHaArabaffadcur  à  Rome  en  1635.  &  il  mourut  à  Paris  je  15. 
Décembre  de  l'an  1645.  Il  avoit  époufé  en  1607. Rofe  deRoquelaiire, 
fille  d'Antoine,  Sieur  de  Roquelaure,  Maréchal  de  France ,  Chevalier 
des  Ordres  du  Roi ,  &c.  &  de  Catherine  d'Ornefan  ;  dont  il  eut  Henri , 
Comte  d'Aïen ,  qui  fervit  aux  guerres  contre  les  Huguenots ,  &  puis 
en  Italie ,  en  Allemagne  ôc  en  Flandres ,  &  il  fut  tué  à  la  bataille  de  Ro- 
croi  l'an  1643.  Antoine  qui  fervit  en  Catalogne,  &  en  Lorraine,  & 
.  mourut  en  1646.  Charles,  mort  des  bleffures  reçues  au  fiege  de  Maf- 
tricht,  l'an  1633.  Anne  qui  fuit  :  Françoife,  AbbefTe  de  S.  Germain 
lez-Rhodez  :   Marie  -  Chrifiine ,  morte  Supérieure  des  Carmélites  de 
Poitiers;  Et  une  autre  de  ce  nom  Religieufe  deja  Vifitarion.  Anne, 
Duc  de  Noailles,  Pair  de  France,  Comte  d'Aïen,  Marquis  de  Mont- 
clar, de  Chambres  &  de  Mouchi ,  Baron  de  Malemort  &  de  Charbonniè- 
res, &c.  premier  Capitaine  des  Gardes  du  Corps  du  Roi,  Chevalier  des 
Ordres  de  faMajefté,  Lieutenant  Général  de  fes  Armées,  Gouverneur 
du  RoulTillon ,  &  de  la  Ville,  Château  &  Citadelle  de  Perpignan ,  s'cft 
fignalé  par  fa  prudence,  par  fa  fidélité  au  fervice  du  Roi  &  par  fon  cou- 
rage. Il  a  fervi  dans  les  armées  avec  beaucoup  de  valeur  depuis  l'âge  de 
II.  ans,  jufqu'en  57.  &  il  a  pafle  dans  toutes  les  Charges  militaires, 
jufques  à  celle  de  Capitaine  Général ,  dont  fa  Majellé  l'honora,  en  i6j2.. 
Le  Roi  le  fit  Chevalier  de  fesOrdrescn  i66i.  &  Duc  &  Pair  en  1^3. 
ce  qui  fut  vérifié  au  Parlement,  le  15;.  Décembre  de  la  même  année. 
Anne,  Duc  de  Noailles ,  mourut  à  Paris  le  Mardi  15.  Février  de  l'an 
1678.  &fon  corps  fut  enterré  le  17.  fuivant  dans  l'Eglife  de  faint  Paul. 

Jl  avoit  époufé  Louïfe  Boïer,  Dame  d'Atour  de  la  feue  Reine  mère,  _      _     ,       ^_ 

fille  d'Antoine,  Sieur  de  Sainte  Geneviève  des  Bois ,  deVille-Moiflbn  'mariées  qu'une  fois,  &  l'Epous  lui  détachoit  fa  ceinture: 
T»m  IV.  E 


MdA.  NOS.  NOG. 

&  du  Père  j  &  de  F'rançoife  de  Vignacourt;dont  il  eutLou'ïs-Juîe'q-aî 
luit:  Louis- Antoine,  Dofteur  de  Paris,  Evêque  de  Cahots  en  1679» 
Abbe  d  Aubrac,  né  le  2.7.  Mai  lôji.  Jaques,  Chevalier  de  Malthe, 
Lieutenant  Général  en  la  Haute-Auvergne,  né  le  3.  Décembre  1653 
Jean-François,  Marquis  de  Noailles, né  le  zi.  Août  1658.  EtLouïfl- 
Anne,  Demoifelle  de  Noailles,  née  le  2.9.  Novembre  1661.  Louïs- 
Anne-Jùle,  Duc  de  Noailles,  Pair  de  France,  Capitaine  delà  pre- 
miere  Compagnie  des  Gardes  du  Corps  du  Roi  ,  Gouverneur  diî 
Comte  de  Rouflillon  ,  Se  de  la  Ville,  Château  &  Citadelle  de  Per- 
pignan ,  eit  né  le  5.  Février  1650.  Il  éçoufa  au  mois  d'Oflobre  de  l'an 
1671,  Marie- Françoife  de  Bournonville  ,  fille  unique  d'Ambroife  ' 
DucdeBournonvillei&deLucrece-Françoife  de  laVieuvillè,dont  il  à 
eu  des  enfans. 

NOAILLES  (François  de)  Evêque  de  Dax  étoit  fils  de  Louis, 
Sieur  de  Noailles ,  &  de  Catherine  de  Pierre-Buffiere.  II  fut  habile 
dans  les  Sciences  &  dans  les  affaires  di^  Mortde ,  de  forte  qu'il  rendit 
des  fervices  impottans  à  l'Etat.  11  fut  envoyé  Ambalfadeur  en  Angle- 
terre ^  à  Rome,  à  Venife,  &  le  Roi  Charles  IX.  le  choifit  en  loi 
pour  l'Ambaifade  de  Conftantinople  ,  à  Selim  II.  Empereur  des 
Turcs  i  où  il  rendit  de  grands  fervices  à  là  Chréi:ienté.  Il  mourut  le 
16.  Septembre  1585.  à  Bayonne,  en  allant  aux  eaux  de  Chambes.  Ce 
Prélat  fut  un  Confeiller  fidèle  de  nos  Rois.  L.e  Roi  Henri  III.  &  la 
Reine  Catherine  de  Médicis  le  voyoient  avecplaifir.  Ce  fut  lui  qiii  leur 
confeilla  en  r585.de  faire  la  guerre  aux  Efpagriols ,  pour  en  délivrer  fes 
EtatSi. 

.NOAILLES  (Gilles  de)  Prere  de  François  qui  étoit  aufTi  très-ha- 
bile ,  lui  fuccéda  à  l'Evêché  de  Daî&  Il  avoit  été  Ambaffadeur,  en  Angle- 
terre, en  EcofTe ,  en  Pologne  &  à  Conftantinople ,  il  mourut  en  i6oOi 
Confultez  de  Thou,  Baudier,  Florimond  de  Raimond,  Ste  Marthe; 
Lurbée,  de  illufl.  Antiq.  Viris,  vc.  .      _ 

NÔBILI  (Robert  de)  Cardinal ,  naquit  à  Montepulciano  d'Une  "Fa- 
mille originaire  d'Orviete.  Il  étoit  fils  de  Vincent  de  Nobili  qui  avoit 
reçu  la  vie  de  Louïfe  de  M«nti,  fœur  du  Pape  Jule  III.  Robert  témoigna 
dès  les  premières  années  de,  fa  vie  une  très-grande  inclination  pour  lâ 
pieté;  &lePapeJuleII!.lefitCardinalenlai3.  ahnéedefonâge.  Ilve- 
eut  avec  tant  de  modération,  &  remplit  fi  bien  tous  les  devoirs  d'un  boti 
Ecclefialtique;  qu'il  fut  l'exemple  du  facrë  Collège  &uh  fujet  d'admi- 
ration pour  tous  ceux  qui  le  connoiiToient.  Le  Pape  Paul  lV.'di!i3it  ordi- 
nairement que  le  Cardinal  de  Nobili  étoit  un  efprit  fans  corps  &  un  Ange. 
Il  mourut  en  réputation  d'une  grande  pieté,  le  Mercredi  18.  Janvier  de 
l'an  1559.  qui  étoit  le  18.  de  fon  âge.  Les  Auteurs  de  fa  Vie  remarquent 
qu'il  fe  contenta  de  l'Abbaïe  de  Spinette&  qu'il  ne  voulut  jamais  d'au- 
tre bénéfice.  *Turrigio,  m  vita  Rob,  Nob.  Viâorel,  Pctramellario  ; 
Auberi  ,  &c.  - 

NOBILIOR.  Cherchez  Fuivius. 

NOBILIUS.  Cherchez  Flarainius.         .  . 

NOCERE,  Ville  d'Italie  en  Ombrie,  dans  le  Patrimoine  de  faint 
Pierre ,  &  fur  les  confins  de  la  Marche  d'Ancone ,  avec  Evêché.  Elle 
eft  ancienne ,  quoi  que  peu  confiderable.  Pline ,  Strabon ,  Ptolomée  ert 
font  mention.  On  eftime  que  c'eft  la  même  que  Tite-  Live  appelle  Alpha 
terna.  Lçs  autres  la  nomment  Jî«cer(î.  Confultez  LeândetAlberti,  De  fer, 
Itd.     _.  -  .  -    , 

NOCERE,  Ville  du  Royaume  de  Naples  dans  la  Principauté  Cite- 
rieure,avec  Evêché  fufFragant  de  Salerne  ;  &  Duché  appartenant  à  la  Mai- 
fon  des  Barberins.  Ceux  du  Païs,  pour  la  diftinguer  de  l'autre  Nocere ,  la 
nomment  Nocera  di  Pagani  parce  qu'elle  avoit  étéprife  par  les  Sarra- 
fins.  Strabon ,  Appien  Alexandrin ,  Tite-Live ,  Florus ,  Tacite,  Vola- 
terran  &  divers  autres  en  font  ihention:  comme  l'a  remarqué  Leander 
Alberti.  Virgili  Evêque  de  cette  Ville  y  fit  des  Ordonnances  Synodales 
en  1606.  &  Simon  Ludonori  cri  1608.     j\       . 

NOCES:  cérem.onies,  du  riiariage.    Oh  né  les  commènçoit  point 
autrefois  parmi  les  Romains  ,  qu'après  avoir  pris  les  augures,  &  lorf- 
qu'on  cefTa  d'obferver  cette  ancienne  coiitume ,  on  ne  lailTa  pas  d'avoir 
des  aufpices  de  noces ,  pour  en  conferver  le  nom ,  quoi  qu'ils  n'en  fif- 
fent  pas  la  fonâion.  L' Epoufé  avoit  une  couronne  de  marjolaine,  une 
ceinture  faite  .de  laine  de  brebis,  &  des  fouliers  de  cuir  jaune.  Elle  cou- 
vroitfa  tête  &  fon  vifaged'un  Voile  jaune,  appelle  Flameum  ,  parce  que 
les  femmes  des  Sacrificateurs  appellées  Flamines  en  portoient  de  pareils 
&  l'on  avoit  choili  cette  forte  de  voile,  à  caùfe  que  le  divofce  étant  défen- 
du aux  Flamines,  ce  voile  étoit  comme  un  bon  augure  pour  l'alliance 
qui  s'alloit  contrafter.  On  feignoit  d'enlever  la  fille  d'entre  les  bras  de 
fa  mère, ou  d'une  proche  parente,  &  on  la  conduifoit  dans  la  maiforî 
de  l'Epoux.  Elle  étoit  précédée  de  cinq  jeunes  garçons,  qui  portoient 
chacun  un  flambeau,  ou  en  l'honneur  de  Cerès,  ou  parce  que  cette  céré- 
monie fe  faifoit  le  foir;  Il  y  avoit  àuffi  des  joueurs  de  flûtes.  Deuxdes 
parens  de  l'Epoufe  la  conduifoicht  par  la  main,&  l'on  portoit  derrière 
elle  une  quenouille  garnie  de  laine,  avec  un  fufeau;  &une  calTette  où 
étoient  fes  bijoux,&  tout  ce  qui  fervoit  à  là  paier.  La  porte  de  la  maifon 
du  mari  étoit  ornée  de  fleurs  &  de  branches  d'arbres.  L'Epoufe  y  étant 
arrivée ,  on  lui  demandoit  qui  elle  étoit  :  &  elle  répondoit  qu'elle  fe 
nommoit  Cdia:  (j'expliquerai  ce  nom  dans  la  fuite.)  Après,  elle  at- 
tachoit  des  rubans  de  laine  aux  deux  cotez  de  la  porte,  &  les  frottoit  d'hui- 
le, puis  elle  fautoitpardefTus  le  pas  dé  la  porte,  où  pliitôt  elle  étoit  por- 
tée fous  les  bras  par  ceux  qui  la  Çonduifoient,  afin  qu'elle  ne  touchât  pas 
au  feuil  delà  maifon;  ce  qui  auroitetéde  mauvais  auguré.  Lorsqu'elle 
entroit,  on  lui  donnoit  des  clefs  :  &  on  la  faifoit  affeoir  fur  un  tapis  de 
laine.  Alors  l'Epoux  lui  préfentoit  du  feu,  8c  de  l'eau,  &  l'introduifoit 
dans  la  faleoù  le  feftin  étoit  préparé.  L'Epoux  après  le  feftin  jettoit  des 
noix  aux  jeunes  garçons  de  la  noce,  8c  ceux-ci  chantoient  deschanfons 
libres  Se  lafcives,  qui  étoient  permifes  en  cette  occafion.  Quand  l'Epoufe 
entroit  dans  la  chambre  du  mari,  les  parens  arrachoient  à  celui  qui 
marchoit  devant ,  le  flambeau  qu'il  portoit.    L'Epoufe  étoit  conduite 
vers  la  Statue  duDieuPriapequi  étoit  dans  un  coin  de  la  chambre,  fur 
un  lieu  fort  élevé ,  où  étoient  repréfentées  d'autres  Divinitez  qui  préfi- 
doient  (félon  la  fuperftition  des  Payens)  à  tous  les  devoirs  du-  mariage. 
Enfin  elle  étoit  mife  au  lit^  par  d'honnêtes  Matrones ,  qui  n'avoient  été 

Le 


* 


34  NOC.  NOD.  NOE. 

Le  Leaeur  fera  peut-être  bien  aife  de  favoir  les  raifons  de  la  plupart 
de  ces  cérémonies ,  que  je  vai  reprendre  en  peu  de  mots.  On  faifoit 
femblant  d'enlever  la  fille,  en  mémoire  du  rapt  des  Sabmes,  parRomu- 
îus  premier  Roi  de  Rome:  ou  pour  montrer  que  l'Epoufe  avoit  de  la 
répugnance  à  quitter  fesparens.  La  quenouille  &  le  fufeauetoient  por- 
tez, devant  l'Epoufe  , en  l'honneurde Tanaquil, femme  de  Tarqum  1  An- 
cien, qui  étoit  une  Princefle  très-vertueufe ,  &  qui  favoit  parfaitement- 
bien  filer  la  laine.  Lors  qu'on  demandoit  à  l'Epoufe  ,  qui  elle  etoit, 
elle  répondoit  qu'elle  fenommoitc^w;  c'étoit  félon  quelques-uns  pour 
dire  qu'elle  imiteroit  cette  même  Reine,  qui  s'appelloit  zuSi  Caia  Cœct- 
lia.  D'autres  font  d'avis  que  l'Epoufe  répondoit  au  mari,  uhtuCmus, 
eto  Caia:  c'eft-à-dire ;  où  vous  ferei  le  maître,  &  Je  perede  famille, 
je  ferai  la  maitrelTe  Scia  merc  de  famille.  On  portoit  1  Epoufe  par-deflus 
le  pas  de  la  porte,  ou  pour  imiter  les  premiers  Romams  qm  enlevèrent 
les  Sabinesdans  leurs  maifons,  ou  pour  marquer  la  pudeur  de  1  Epou- 
fe, qui  y  entroit  comme  par  force.  On  la  faifoit  affeoir  fur  un  tapis  de 
laine  ou  fur  une  neau  de  mouton  couverte  de  fa  toifon,  pour  m  en- 
trer qu'elle  devoit  travailler  à  filer  de  laine,  ou  à  en  faire  des  Ouvrages. 
Le  feu  &  l'eau  que  l'Epoux  préfentoit  à  l'Epoufe,  fignifioient  quils  dé- 
voient vivre  enfemble  :  comme  au  contraire  oninterdiloit  le  feu&  leau, 
àceuxquel'onbanniflbit,  pour  marque  qu'on  les  éloignoit  de  la  Socié- 
té civile.  Les  noix  que  le  mari  jettoit,  marquoient  qu  il  renonçoit  a  tous 
les  jeux  d'enfans,  &  indignes  d'un  homme.  Les  parens  arrachoient  le 
flambeau  à  l'entrée  de  la  chambre ,  parce  qu'ils  croyoïent  que  ce  flam- 
beau pouvoir  fervir  à  un  mauvais  ufage  :  &  que  fi  la  femme  le  cachoit  fous 
le  lit ,  ou  fi  le  mari  le  mettoit  dans  un  fépulcre ,  c'étoit  un  moyen  pour  fe 
faire  mourir  l'un  l'autre.  ^     ,    ,     n 

Il  faut  ajouter  ici  qu'il  y  avoit  des  jours  aufquels  les  Romains  crai- 
«noient  de  célébrer  leurs  noces.  Ces  jours  malheureux  étoient_  les  Calen- 
des ,  les  Nones ,  &  les  Ides  de  chaque  mois;  les  fêtes  des  i^erales ,  au 
mois  de  Février;  les  fêtes  des  Saliens ,  au  commencement  du  mois  de 
Mars;  &  celles  des  Lemuries  ou  Parentales ,  au  mois  de  Mai.  llyavoit 
auffi  des  jours  de  bon  augure  pour  le  mariage  ,  dont  les  plus  heureux 
étoient  ceux  quifuivoient  les  Ides  de  Juin.  *  Rofm,  jtauq.  Rom.  l-s-  c  3  7- 
SVP, 

NOCTURNE:  on  donne  ce  nom  à  cette  partie  del'OflBcc  Eccle- 
fiaftique,  que  nous  appelions  Af<îïi«ej ,  &  qui  eft  divifé  en  trois  Noftur- 
nes  ,  ainfi  nommez  parce  qu'on  ne  les  chantoit  que  pendant  la  nuit. 
Ce  qui  s'obferve  encore  en  quelques  Eglifes  Cathédrales,  qui  chantent 
Matines  à  minuit.  La  coutume  des  Chrétiens  de  s'affembler  de  nuit,  eft 
dès  le  tems  des  Apôtres;  ce  qui  fut  caufe  que  les  Païens  chargèrent  de 
plufieurs  calomnies  les  premiers  Chrétiens ,  à  l'occafion  de  ces  Aflem- 
bléesnoaurnes,  comme  il  paroît  parles  Apologies  de  Juftin,  d'Athena- 
goras  de  Tertullien ,  &  de  quelques  autres  Pères.  On  recitoit  dans  ces 
AfTemblées  quelque  chofe  des  Pfeaumes ,  des  Prophètes  ,  &  du  nou- 
veau Tellament.  D'où  il  eft  aile  de  juger  que  l'Office  Ecclefiaftique 
qu'on  appelle  préfentement  Matines,  eftnéavecleChnftianifme,  bien 
qu'il  ne  fût  pas  alors  dans  la  même  difpofition  qu'il  eftaujourd  hui.  Car 
on  n'y  lifoit  rien  que  de  l'Ecriture  Sainte;  fi  ce  n'eft  que- les  veilles  des 
Jours  confacrei  à  honorer lamémoire  des  Martyrs,  oli  récitoit  devant 
tout  le  monde  les  Aftes  de  leur  Martyre:  d'où  ett  enfuite  venue  la  cou- 
tume d'infeicr  dans  l'Office  l'Hiftoire  des  Saints,  dont  on  fait  la  Fête. 
*  R.Simon.  SU  P.  ,      ^  .  .,,.    . 

[NOCTURNUS.  Les  Latins  donnent  quelquefois  ce  nom  a  1  étoi- 
le de  Venus,  pour  exprimer  le  mot  Grec  Heffems,  qui  figmfie  l'étoile 
du  foir.  Plaute,  Amphit.Aâl.l.  S.  l.] 

NODIN,  étoit  un  Dieu  adoré  par  les  anciens  Romains  ,  comme 
celui  qui  préfidôit  aux  nœuds  qui  ferrent  les  grains  de  bled  dans  l'épi. 
Saint  Auguftin  en  parle  après  Varron  ,  &  dit  que  ces  anciens  Païens 
attribuoient  à  Proferpine  le  foin  du  blé,  lors  qu'il  germoit  dans  la  ter- 
le  •  au  Dieu  Nodin,  lors  que  chaque  grain  fe  rangeoit  dans  1  epi ,  & 
que  ces  petits  nœuds  fe  formoient  ;  à  la  Déefle  Volutine ,  lors  que 
croiffbit  cette  paille  qui  enveloppe  la  tige  &  l'épi;  a  la  Deefle  Patèle- 
ne  lors  que  la  tige  s'ouvroit  pour  laifTer  fortir  l'épi;  a  la  Deelie  Hof- 
tiline  ,  lofs  que  la  tige  étoit  de  toute  fa  hauteur  :  à  quoi  il  ajou- 
te encore  plulieurs  Divinitez.  *  Varron ,  S.  Auguftin ,  Be  Ctvit.  Det. 

SU  P.  ..... 

NODUTE,  ou  NoDiTE  ,  en  Latin  Nodutus  ou  Noditts,  étoit  un 
Dieu  adoré  par  les  anciens  Romains,  qui  croyoient  qu'il  préfidoit  au  blé 
pendant  qu'on  le  battoit  pour  leféparer  du  nœud  de  l'épi  &  de  la  paille. 
*Arnobe,  ^4.  contra  Gent.  S.  Auguftin,  deCivit.Dei.  SU  P. 
'  NOE',  Patriarche,  étoit  fils  de  Laraech,  &  il  naquit  l'an  1057. du 
Monde.  Dieu,  quine.pouvoit  plus  fouffrir  les  abominations  des  hommes, 
léfolut  d'exterminer  la  terre ,  par  un  Déluge  univerfel ,  mais  Noé  pa- 
rut jufte  devant  Dieu ,  qui  lui  commanda  de  bâtir  une  Arche  afin  de 
s'y  retirer  avec  fa  Famille.  Ainfi  Noé  faifant  ce  que  le  Seigneur  lui  a  voit 
commandé ,  s'appliqua  àla  conftruftion  de  l' Arche  ;  &  demeura,  comme 
l'on  croit,  cent  ans  à  la  bâtir;  fans  que  pour  cela  les  hommes  fiflent  pé- 
nitence durant  ce  long  efpace  de  tems ,  qui  leur  fut  donné  pour  cela.  Le 
tems  que  Dieu  avoit  marqué ,  pour  perdre  la  terre ,  étant  arrivé ,  il  com- 
manda à  Noé  de  prendre  de  la  nourriture  pour  lui  &  pour  les  animaux 
qu'il  devoir  conferver.  Et  quand  cela  fut  exécuté,  le  rftême  Patriarche 
entra dansl' Arche, avecfes trois enfàns Sem  ,Cham&Japhet, fa  femme 
&  les  trois  femmes  de  fes  fils  ,  &  lors  qu'ils  y  furent  entrez  l'Ecriture 
marque  que  Dieu  ferma  la  porte  de  l'Arche  par  dehors.  Quand  Noé  fut 
dans  l'Arche ,  les  eaux  du  Ciel  fe  répandirent  fur  la  terre  ,  &  Dieu  fit 
pleuvoir  durant  quarante  nuits  &  quarante  jours.  Les  hommes  ,  les 
animaux  de  la  terre ,  &  les  oifeaux ,  périrent  dans  cette  inondation .  L' A  r- 
che  îeuie ,  que  les  faints  Pères  remarquent  comme  la  figure  de  l'Eglife , 
fauva  ceux  qui  étoient  dedans.  Cependant  les  eaux  ayant  tenu  toute  la 
terre fubmergée  pendant  cent  cinquante  jours.  Dieu  fe  fouvint  de  Noé. 
llfit  foufler  un-grand  vent  fur  la  terre ,  qui  commença  à  faire  diminuer 
les  eaux;  &  fept  mois  après  le  commencement  du  Déluge  l'Arche  fe  re- 
pofafur  les  Montagnes  d'Arménie.  S.  Jérôme  croit  que  c'eft  celle  que 
nous  nommons  T<î«r«; ,  &  qui  a  leFleuved'Araxesaupied.  Lesautres 
fe  fondant  fur  une  autorité  plus  ancienne  ,  penfent  que  ce  fut  un  des 
monts  nommez  Gordiens,  Gordes,  Courduens  ou  Gordiens,  en  Ar- 


NOE.  NOG. 

menie.  S.Epiphane,  qui  en  fait  mention ,  affûre  même  que  jufques  â 
fon  temps  on  y  montroit  quelques  relies  de  l'Arche.  Cela  femble 
pourtant  peu  vrai  -  femblable.  Quoiqu'il  en  foit ,  Noé  ayant  fait  for- 
tir  le  Corbeau  &  puis  la  Colombe  ,  il  en  fortit  enfin  lui-même  357. 
jours  après  y  être  entré,  l'an  1657.  de  la  création  du  Monde.  La  pre- 
mière chofe  que  Noé  fit  en  fottant  de  l'Arche  ,  fut  d'élever  un  Au- 
tel, pour  offrir  î  Dieu  un  Sacrifice,  en  reconnoiflance  d'une  proteffion 
fi  particulière.  Dieu  agréa  ce  Sacrifice  ,  bénit  Noé  &  fes  erifans ,  fit 
une  alliance  éternelle  avec  eux ,  &  voulut  que  l'Arc-en-Ciel  en  fût  com- 
me le  figne  ;  afin  que  toutes  les  fois  qu'il  paroîtroit  il  fe  fouvint  de  ce 
paifte  qu'il  faifoit  avec  eux ,  &  qu'il  empêchât  les  eaux  d'inonder  enco- 
re une  fois  la  terre.  L'Ecriture  marque  que  Noé  s'exerça  à  cultiver 
la  terre,  &  qu'il  planta  la  vigne;  Mais  qu'ayant  bû  de  fon  fruit,  dont 
il  ne  connoiffoit  pas  la  force,  il  tomba  dans  l'y  vreffe,  durant  laquelle  il 
fe  trouva  découvert  d'une  manière  contraire  à  la  pudeur.  Cham  fon 
fils  l'ayant  vu  en  cet  état,  s'en  moqua  &  en  avertit  fes  frères,  qui  cou- 
vrirent la  nudité  de  leur  père.  C'eft  pour  cela  que  Noé  maudit  Cham 
comme  je  le  dis  ailleurs.  Ce  faint  Homme  mourut  âgé  de  950.  ans,  en 
zoo6dela  création  du  Monde,  350.  après  le  Déluge.  *Genefe,  c.6. 
13'  9.  Ecclefiaftique,  c.  44.  Jofeph,  \i.  i.  Antïoi.  Jud.  Pererius,  in 
Genejtm,  Liranus Abulenfis ,  Torniel,  Salian,  Sponde,&c.  Bochart, 
Geogr.  facra. 

NOËL.  Cherchez  Cornes  Natalis. 

NOELLET  (Guillaume)  Cardinal,  étoit  François,  né  dans  le  Dioce- 
fe  d'Angoulême.  Il  s'étoit  avancé  dans  les  Lettres ,  &  par  elles  il  fut 
confideré  à  laCourdesPapesquifiegeoientà  Avignon, où  il  fut  Audi- 
teur du  facré  Palais,  &  puis  Référendaire  du  Pape  Grégoire  XI.  qui  le  fit 
"Cardinal en  1371.  Noëllet  s'éleva  ainfi  par  fon  propre  mérite.  On  le 
nomma ,  pour  examiner,  avec  le  Cardinal  Pierre  Flandrin ,  les  fentimens 
d'un  certain  Raimond  dit  le  Néophyte,  qu'on  accufoitde  foûtenir  des 
erreurs.  Il  fut  depuis  Légat  à  Boulogne.  Il  fe  trouva  à  l'éledion  d'Ur- 
bain VI.  &  à  celle  de  Clément  VII.  &  il  mourut  à  Avignon  fous  l'obéïf- 
fance  de  celui-ci ,  le  4.  Juillet  1394.  *  Sigonius ,  //.  3.  de  Epifi.  Bono». 
Théodore  de  Niem  ,  de  Schifm.  c.  2.  Frizon ,  Gall.  Purp.  Auberi ,  Sponde, 
Onuphre,  &c. 

NOEMI ,  femme  d'Elimelech  ,  fut  mère  de  Mahalon  &  Chelion , 
maris  d'Orpha&  de  Ruth.  Voyez  le  I.  Chapitre  du  Livre  de  Ruth,  Tor- 
niel fous  l'an  Z748.  &c. 

NOEMI ,  fille  de  Lamech  &  fœur  du  Tubalcain ,  dont  il  eft  parlé  dans 
la  Genefeauc^i!/',  4. 

NOET  ou  NoETus  ,  Herefiarque  ,  maître  de  Sabellius  ,  qui 
confondoit  la  Nature  &  les  Perfonnes  de  la  Trinité.  Voyez  Sabel- 
lius. ,  -  ,  :       - 

NOG ARO  ou  NoGAROL  fur  le  Modou. ,  Ville  de  France ,  capitale 
du  Bas  Comté  d'Armagnac,  avec  Siège  Royal  &  une  Eglife  Collégiale. 
Elle  eft  fur  la  Rivière  au  deffus  de  Monlefun.  Les  Auteurs  Latins  la  nom- 
ment Nogariolum  ou  Nugariolum. 


Conciles  de  Nogaro, 


Amanée  ou  Amanjeu  d'Armagnac  Archevêque  d'Auch ,  célébra  ua 
Concile  Provincial  à  Nogaro,  le  Samedi  après  la  Fête  de  l'Aflomption 
de  l'an  1290.  Ce  fut  au  fujet  de  SancheEvêque  deLafcar  qui  fe  plai- 
gnoit  de  ce  que  Roger  Bernard ,  Comte  de  Fois,  pilloit  impunément  les 
biens  de  l'Eglife.  Nous  avons  encore  les  Ailes  de  ce  Concile,  tirez  des 
Archives  de  l'Eglife  d'Auch.  Le  même  Prélat  qui  avoitun  foin  extrême 
delà  difcipline  Ecclefiaftique ,  célébra  deux  autres  Conciles  à  Nogaro  en 
1303. &  1316. 

NOGAROLE  (Antoine)  Dame  de  Vérone  ,  fiit  illuftre  dans  le 
X"V. Siècle,  parfonfavoir,  par  fa  beauté  8c' par  fa  vertu.  Elleépoufaun 
Seigneur  delà  Maifon  de  Bonalcoti ,  petit-fils  de  Paflarini ,  Prince  &  Sei- 
gneur de  Mantouë.  La  famille  de  Nogarole  a  produit  d'autres  perfonnes 
illuftres,  comme  Louis  Nogarole  dode  Médecin  ,  &  des  Dames  fa- 
vantes,  dont  divers  Auteurs  ont  fait  l'éloge;  comme  Angele  ou  A  n- 
GELiQpE  Nogarole  ,  fille  d'Antoine  qui  favoit  les  Langues,  l'Ecritu- 
re ,  &  qui  fit  des  Poëfies  facrées.  Elle  fut  mariée  à  Antoine  Comte  de! 
Arco.  IsoTA  Nogarole  fiUe  de  Léonard  &  de  Blanche  Borromée,  étoit 
auffi  favante.  Elle  prononça  des  harangues  devant  les  Papes  Nicolas  V. 
8c  Pie  II.  8c  le  Cardinal  Belfarion  ayant  admiré  quelques-uns  de  fes  Ou- 
vrages, voulut  voir  celle  qui  les  publioit.  Et  en  effet,  il  fit  pour  cela  un 
voyage  exprès  à  Vérone ,  où  charmé  autant  de  la  vertu  que  de  la  Science 
dlfota  Nogarole  ,  il  dit  qu'elle  étoit  une  Vierge  plus  divine  qu'humaine. 
Elle  expliquoit  le  Nouveau  Teftament,  Scies  Oeuvres  de  Saint  Auguf- 
tin 8c  de  Saint  Jérôme.  On  dit  qu'elle  mourut  en  1466.  âgée  de  38.  ans. 
Cherchez  Isotta  ou  Isota  Nogarole.  Ses fœurs  Geneviève  Sx.  Laure 
étoient  aufli  lavantes.  La  première  époufa  Bruno  Gambara  de  Brefle, 
Se  l'autre  Nicolas  Troni  de  Venife.  Plufieurs  Auteurs  parlent  avec  eftime. 
de  ces  trois  fœurs.  *  Fanvini ,  iw  Antiq.  Veron.  Tomafini  ,in  Elog.  Betiiffi, 
délie  Donne  Illuft.  Cefar  Ca^iacio ,  de  Mul.  llluft.  Auguftin  délia  Chiefa 
Teat.  de  Donne  llluft.  Louïs  Jacob ,  SiM.  Vœmin.  Hilarion  de  Cofte,  Etog. 
des  Dames  llluft. 

NOGENT  L'ARTAUD,  Bourg  de  France  en  Champagne  fur  la 
Marne ,  au  deflbus  de  Château  Thierri. 

NOGENT  LE  ROTROU ,  Ville  de  France  fur  la  Huifne ,  capi- 
tale du  Haut  Perche.  Elle  ne  pafle  ordinairement  que  pour  un  Bourg , 
un  des  plus  beaux  de  toute  la  France,  riche  8c  confiderable  par  fes  ma- 
nufaéhires  de  Serges,  de  Toiles  8c  de  Cuirs.  Le  Comte  de  Salisburi  prit 
Nogent  IcRotrou,  durant  les  guerres  des  Anglois,  S^  fit  pendre  pref^ 
quÊ  tous  les  habitans.  Depuis  le  Roi  Charles  VII.  le  reprit  en  1449.  Il  eft 
au  deflbus  de  Condé  fur  Huifne.  La  petite  Rivière  de  Ronne  s'y  vient 
jetter  dans  la  même  Huifne,  quidefcendenfuiteàlaFerté-Bernard.  Les 
Auteurs  Latins  nomment  diverfement  Nogent  le  Rotrou  ,  Nogentium 
Retrudum  ,  No-viodunum  Ik  Neodunum.  Le  Bourg  de  S.  Clou  avoit 
autrefois  le  nom  de  Nogent ,  avant  qu'il  prît  celui  du  Fils  du  Roi  Clodo- 
mir,  commeje  le  dis  ailleurs, 

NO- 


NOG.  NOÏ. 

NOGENT  LE  ROI  dans  la  Beauffe.fitué  fur  l'Évre ,  entre  Dreux 
&  Chartres. 

NOGENT  SUR  SEINE,  jolie  Ville  de  Champagne  fur  la  Seine, 
qu'on  y  pafle  fur  un  pont  de  pierre. 

NOGtNT,  (Pierre)  Dodeur  de  Paris  vivoit  dans  le  XV.  Siècle  en 
1404.  Il  écrivit  fur  le  Maître  des  Sentences,  &  d'autres  Ouvrages  qui  lui 
aquirent  beaucoup  de  réputation.  Confultez  l'Hiftoire  de  l'Univerlité 
de  Paris. 

NOGUERA  (Jaques  ou  Diego)  Doyen  de  l'Eglife  de  Vienne  en 
Autriche,  &  Aumônier  de  l'Empereur  Ferdinand  vivoit  dans  le  XVI. 
Siècle,  &  fe  diftingua  par  fon  favoir.  OnalTure  qu'il  étoit Efpagnol de 
Nation,  &  il  y  a  apparence  qu'il  eft  le  même  Jaques-GuibertdeNogue- 
rasquifut  Evêque  d'Alife  dans  le  Royaume  de  Naples  ,  en  156 1.  &  qui 
mourut  en  1570.  Quoiqu'il  en  foit,Noguera  publia  en  1560.  un  Volu- 
me i»  folio  ,  fous  ce  titre ,  De  Ecclejia  Chrifti  ab  h^reticorum  concdlabulis 
dignofcenda.  Latinijs  Latinius  parle  avantageufement  de  lui  dans  fes 
Epîtres.  *Eifengrein  ,in  Catal.  left.  lerit.  t-imler,  in  efit.  Biùl.  Gefn. 
)  IJghd,  Ital.Sucr.T.VIII.  \leMhx,deScniit.Sac.XVI.  Nicolas  Antonio, 
£iH.  Hifj>.  &c. 

NOIA,  Principauté  du  Royaume  de  Naples  proche  de  Bàri.  Il  ne  la 
faut  pas  confondre  avec  un  Duché  de  ce  nom ,  qui  eft  dans  le  même 
Royaume,  en  la  Baiilicate,  &  proche  de  la  Calabre. 

NOIERS  (Miles  le)  Sieur  de  Noiers  &  de  Vendeiivre  ,  Grand  Bou- 
teiller  de  France,  rendit  de  grands  fervices  au  Roi  Philippe  leBel,  qui  le 
fit  Maréchal  de  France  avant  l'an  1 304.  Il  fut  nommé  l'un  des  Exécu- 
teurs du  Teftament  du  Roi  Louis  Hutin,  l'an  13 16.  Depuis  en  1316.il 
porta  rOriflame  à  la  bataille  de  Montcaflel,  contre  lesFlamans,&  il  fut 
Bouteiller  de  France  en  1336.  &  1343.  Sa  Famille  tirojt  fon  origine  de 
Miles  I.  Sire  de  Noiers  qui  vivoit  en  ir4o.  &  ce  Maréchal  avoir  reçii  la 
vie  de  Miles  V.  Sire  de  Noïers,&  de  Marie  de  Châtillon.  Il  époufa  en  r. 
nôce&,  JeannedeDampierre,  ScenLuneDamede  laMaifon  de  Mont- 
cornet,  dont  il  eut  entr'antrcs  enfans  Miles  de  Noiers  VII.  du  nom  , 
dont  la  Pofterité  finit  en  Miles  IX.  mort  fans  lignée  ;  Et  Jean  de  Noiers  I. 
du  nom.  Comte  de  Joignit  de  Vendeuvre,  qui  laiffaMiles  I.  père  de  Mi- 
les II.  d'où  vint  Jean  de  Noiers  II.  du  nom,  Comte  de  Joigni,&c.  mort 
fans  enfans  l'an  1392..  Louis  Sieur  d'Aubigni  &  puis  Comte  de  Joigni, 
mort  fans  pofterité  l'an  1406.  Et  Marguerite,  héritière  de  fes  frères  mariée 
l'an  1409.  à  Gui  de  la  Tremouille,  Sieur  d'Uffon,  &c.  *  Du  Chefne,  Hift. 
deC^aftil.  LeFeron,  Godefroi,  le  P.  Anfelme,  &c. 

NOION  près  de  la  Rivière  d'Oife,  Ville  de  France  en  Picardie ,  & 
dans  le  Gouvernement  de  Flfle  de  France ,  avec  titre  d'Evêchéôc  Com- 
te, l'une  desdbuze  anciennes  Pairies  du  Royaume.  Cefar  la  nomme  Wo- 
•viodnnum  Belgarum ,  Ptolomée  Noviomagus  Vadicaffîum  :  mais  aujour- 
d'hui elle  eft  nommée  par  les  Auteurs  Latins  Noviomm.  Cette  Ville  eft 
très-ancienne,  &  Céfar  en  fait  mention  dans  fes  Commentaires.  Nico- 
las Sanfon  montre  dans  fes  Remarques  fur  la  Carte  de  l'ancienne  Gaule 
que  le  Noviodunum  que  Céfar  affiegea  eft  Soiflbns  &  non  pas  Noyon. 
Cela  n'empêche  pas  que  la  Ville  de  Noyon  ne  foit  très-ancienne.  L'E- 
▼êchédeVermandois  y  fut  transféré  environ  l'an  520.  que  la  capitale  di- 
te yf«^«7?a:^;r(;«7«»i^«or«»î,  fut  ruinée  par  les  Barbares.  S.  Lambert  en 
étoit  alors  Evêque.  S.  Eloi  a  été  un  de  fes  fuccefleurs.  L'an  859.  les 
Normans  pillèrent  Noyon  ,  &  firent  prifonnier  l'Evêque  Immon  ; 
comme  nous  l'apprenons  de  la4i.  Epître  de  Loup  Abbé  de  Feriieres. 
Cette  Ville  fut  brijlée  avec  fon  Eglile  Cathédrale  en  1131.  &  elle  a  eu 
le  même  malheur  deux  ou  trois  autres  fois,  eniiji.&iiîS.  Le  Roi 
Henri  le  Grand,  l'enleva  à  la  Ligue  en  1591.  Ce  fut  le  18.  du  mois 
d'Août ,  après  que  trois  fecours  qui  s'étoient  éforcez  d'y  enti'er  eu- 
rent été  répouflez.  Le  Duc  de  Mayenne  la  reprit  au  commencement 
de  l'an  1593.  avec  le  fecours  des  Efpagnols,  conduits  par  Charles  Com- 
te de  Mansfeldt.  Depuis  le  Roi  r'affiegea  cette  Ville  au  mois  de  Septem- 
bre de  l'an  1 594.  Defcluleaux  qui  en  étoit  Gouverneur  la  rendit  le  1 8. 
d'Odobre.  Noyon  fut  choilie  en  1516.  pour  y  faire  le  Traité  de  Paix 
«itre  le  Roi  François  I.  &  Charles  d'Autriche  depuis  Empereur.  Il  fut 
négocié  par  les  Sieurs  de  Boifl  &  de  Chèvres ,  comme  je  dis  ailleurs. 
Noyon  eft  une  belle  Ville ,  bien  bâtie,  avec  de  jolis  édifices,  des  fontai- 
nes, &:  de  magnifiq-aes  EglifeS ,  entre  lefquelles  eft  celle  de  Nôtre-Dame , 
qui  eft  la  Cathédrale.  Elle  a  la  commodité  de  la  rivière  d'Oife,  qui  n'en  eft 
qu'à  un  quart  de  lieuë.  Il  y  a  le  Port,  à  Pont  l'Evêque.  La  Ville  eft  arrofée 
de  la  Verfc,qui  reçoit  la  Galliole  &  la  Marguerite.  La  Paroifle  de  S.  Mar- 
tin eft  la  plus  grande  de  Noyon.  Il  y  a  aulTi  les  Abbaïes  de  fainr  Eloi  & 
de  faint  Barthelemi  ;  avec  diverfes  Maifons  Religieufes.  Celles  des 
Chartreux  eft  dehors  la  Ville ,  fur  le  Mont  faint  Louis.  Noyon  a  été 
la  patrie  de  Calvin.  Il  y  a  divers  Sièges  de  Juftice,  &  quatre  Faux- 
Bourgs.  L'Evêque  eft  Comte  &  Pair  de  France.  *  Du  Chefne,  Rec/jer. 
desAnt.  de  France,  Jaques  le  Vafleur  ,  Annal,  de  Noyon.  Robert  8c 
Sainte  Marthe,  G«//.  Chrifi.  PapyreMaflbn,X)«/c.f/«w,G«A  DeThou. 
&c. 

Conciles  de  Noyon. 

Walfàire  Métropolitain  de  Rheims,  célébra  en  8  r 4.  un  Concile  à 
Noyon  ,  pour  régler  quelques  différends  qu'avoient  VValdemar  de 
Noyon&Rotarde  deSoiflbns,  au  fujet  de  quelques  Paroifles  que  l'un  & 
l'autre  foûtenoit  être  de  fa  Jurifdidion.  Flodoard  en  fait  mention  dans 
le  1.  Livre  de  l'Hiftoire  de  Rheims  ch.  18.  Quelques-uns  mettent  un  au- 
tre Synode  en  1017.  mais  je  n'ai  pastrouvé  à  quel  fujet  il  fut  célébré. 
Onentintunen  1171.  ou72.pour  les  libertezde  l'Eglife.  Gui  desPrez 
étoit  alors  Evêque  de  Noyon.  Jean  de  Vienne  Archevêque  de  Rheims, 
y  en  aflerobla  un  autre  en  1344. 

NOIR.  Cherchez  Pallade  dit  le  Noir. 

NOIR,  Niger,  ouNigrini,  (Antoine  le)  Médecin  de  Breflau 
en  Silefie ,  qui  a  fait  quelques  Ouvrages  de  Médecine.  Il  eft  mort  en 

NOIR  (Dominique  Mario  le)  ou  Dominicus  Marius  Niger, 

Vénitien ,  vivoit  fur  la  fin  du  quinzième  Siècle ,  environ  l'an  1490.  Il 

donna  au  public  vingt-fix  Livres  de  Géographie,  XI.  de  l'Europe,  au- 

teHt  de  l'Afie,  &  IV.  de  l'Afrique.   U  ne  parle  point  de  l'Amérique, 

Tme  IV.  ■ 


Nor.  NOL.  NOM. 


if 


ce  qui  fait  connoitre  qg'il  compofa  cet  Ouvrage,  avant  qu'Americ 
Velpuce  eut  découvert  cette  quatrième  partie  du  Monde  en  1491. 
Wolfgang  de  Weiffemburg  l'a  corrigé,  &  fl  fut  imprimé  à  Bile  l'an 
1557- 

NOIR  (Etienne  le)  de  Crémone,  vivoit  dans  ieXVI.Siècie  enisio.' 
ilenfeigna  longtems  à  Milan,  traduifit  les  Héros  de  Philoftrate  en  Latin, 
&  fit  un  Dialogue  où  il  faifoit  entrer  tout  ce  que  P.mfr,nias  dit  de  mé- 
morable delà  Grèce.  Il  dédia  cet  Ouvrage  à  JeanGroliîf,  Secrétaire  du 
Roi  François  I.  &  Tréforieï  de  Milan ,  d'où  il  fortit  lorfaue  cf  ttaVille 
fut  pnfe  par  les  Efpagnols  fous  François  Sforce.  Il  perdit  fes  biens  &fc 
retira  a  Crémone  où  il  mourut  malheureufement.  *Pierius  Valerianus, 
//'.  2.  de  infelic.  Lit  ter. 

NOIR  ou  Atratus  (Hugues  le)  Cardinal  dans  le  XIII.  Siècle, 
étoit  Anglojs ,  natif  d'Evesham  dans  le  Diocèfe  de  Worcetter.  On 
l'éleva  avec  foin  dans  les  Lettres ,  &  comme  il  avoit  des  dilpofttions 
pour  les  Sciences  ,  il  y  fît  de  grands  progrès,  particulièrement  danj 
la  Philofophie,_dans  les  Mathématiques,  ôc  dans  la  Médecine.  11  fe 
rendit  fur  tout  fi  habile  Médecin ,  qu'on  le  furnommoit  ordinairement 
lel'hemx.defon  tems.  LePape Nicolas  III.  fouhaitta  de  le  voir  à  Ro- 
me ,  où  il  répondit  très-bien  a  l'eftime  qu'on  avoit  conçiîë  de  fa  fufiifan- 
ce.  Peu  après  Hugues  le  Noir  fe  fit  Prêtre ,  &  le  Pape  Martin  IV. 
le  fit  Cardinal,  le  2.3.  Mars  de  l'an  ii8i.  Il  remplit  très-bien  tous 
les  devoirs  de  fon  Miniftere,  &  mourut  de  pefte  en  1287.  On  lui 
attribue  quelques  "  Ouvrages.  De  Genealogiis  hftmanis.  Problema- 
ta.  Canones  Médicinales.  *  Pitfeus  ,  de  Script,  Anglic.  Auberi  , 
&c. 

NOIR  ou  Niger  (Jérôme  le)  ProfefTeur  en  Médecine  dansl'U- 
niverfité  de  Padouë  a  été  en  eftime  dans  le XVl. Siècle,  8c  il  mourut 
en  1600.  Il  étoit  père  d'ANTONio  Niger  autii  Médecin, que  le  Pape 
Clément  VIII. eftimabeaucoup.  Celui-ci  mourut  en  1626.  Voyez  leur 
éloge  parmi  ceux  des  Hommes  illuftres  de  Padouë  de  Jaques  Philippe 
Tomafini. 

NOIR  (Radulphe  le)  Auteur  de  divers  Ouvrages  Hiftoriques ,  étoit 
Anglois  de  Nation  ,  &  il  vivoit  en  1217.  félon  Pitfeus. 

NOLASQUE.  Cherchez  Saint  Pierre  Nolafque. 

NOLE,  Ville  d'Italie  dans  la  Terre  de  Labour ,  àvecEvêchéfuffra- 
gant  de  Naples.  Elle  eft  très-ancienne.  Annibal  l'affiegea  inutilement 
l'an  5:40.  de  Rome;  &  ce  fut  aux  portes  de  cette  Ville, que  le  Conful 
Claudius  Marcellus  lui  préfenta  la  Bataille,  Noie  étoit  affedionnée  aux 
Romains.  L'Empereur  Augufte  y  mourut  le  19.  Août  de  rani4.du 
falut,  comme  je-le  dis  ailleurs.  Mais  elle  eft  bien  plus  illuftre  &  plus 
renommée  par  les  vertus  de  Saint  Paulin  fon  Evêque,  dont  les  Auteurs 
Ecclefîaftiques  parlent  avec  tant  d'éloge.  Les  Anciens  font  fouvent 
mention  de  la  Ville  de  Noie  ;  8c  Silius  Italicus  la  décrit  en  ces  ter- 
mes, i.  8. 

Campo  Nola  fedet ,  crtbrts  ctrcumdata.  in  orbei» 
Turribus ,  zy  celfo  facilem  tutatur  adiri 

I  Planitiem  vallo,  vc. 

« 

Noie  n'eft  plus  fi  confiderable  aujourd'hui  qu'elle  l'a  été  autrefois.' 
Confultez  les  Auteurs  citez  par  AmbroifeLioni,  dans  l'Hiftoire  de  No- 
ie; 8c par  LeandreAlberti, dans  la Defcription  d'Italie.  Fabricio  Galli, 
Evêque  de  Noie,  publia  des Ordqpnances Synodales,  eni588.8cony 
tint  un  Synode  en  159 1. 

NOLI,  Ville  d'Italie  fur  la  Côte  de  Gènes ,  avec Evêché fufFragant 
de  Gènes.  Elle  eft  fituée  entre  Savonne  Se  Albengua ,  dans  une  alTez 
grande  plaine.  .C'ètoit  autrefois  une  petite  Seigneurie ,  mais  aujour- 
d'hui elle  dépend  de  la  République  de  Gènes.  NoH  a  été  autrefois 
plus  importante:  Les  Auteurs  Latins  la  nomment  Nanl»m  ou  Nait- 
lium. 

NOMADES,  anciens  peuples  d'Afîe,  qu'on  trouvoit  auffi  en  Europe 
Sx.  en  Afrique.  C'étoient  proprement  des  Pafteurs  qui  n'avoient  point 
d'habitation  airurèe.  Strabon  8c  Pline  en  font  aiTez  fouvent  mention. 
Virgile  en  parle  auffi,  li.  8.  jEneid. 

■    Hoc  Nomadutn  genus ,  v  diftinHos  muUiber  Afroi, 

[Ce  mot  n'eft  pas  proprement  le  nom  d'un  peuple.mais  marque  feu- 
lement la  manière  de  vivre  de  diverfes  Nations  de  l'Europe ,  de  l'Afie,  8c 
de  l'Afrique.  NÉftEoJa/  veut  dire  en  Grec  paître, &i  de  là  -vient  Nomas, 
qui  fignifie  quelquefois  des  troupeaux  paiffans ,  mais  qui  fe  prend  ordi- 
nairement pour  ceux  qui  négocient  &c  qui  vivent  de  bétail.  Quelques 
peuples  ne  faifant  autre  chofe ,  on  leur  a  donné  le  nom  de  Nomades, 
comme  aux  Scythes,  aux  Arabes,  8c  à  quelques  peuples  de  laNumidie, 
dont  Saltifte  dit  que  le  nom  ejl  une  corruption  de  celui  de  Nomade.'] 

NOMBRE- DE  DIOS  ou  Nom-de  Dieu,  Nomen  Dei  ,  £i  Ono- 
matheopcUs ,  Ville  de  l'Amérique  Méridionale,dans  la  Province  de  Terre 
ferme,  qui  eft  dans  la  Caftille  d'Or.  Nombre-deDios  eft  fituée  fur  laMgj 
duNort,à  l'Orient  de Poito-Bello.  Elle  eft  aujourd'hui prefque ruinée, 
&  le  mauvais  air  l'a  faite  abandonner. 

NOMBRE  D'OR  :  marque  que  l'on  mettoit  dans  le  Calendrier, 
pour  montrer  le  jour  du  mois  Solaire  ,  auquel  la  nouvelle  Lune  com-. 
mençoit.  Cette  marque  étoit  un  des  dix-neuf  chifres  du  Cycle  Lunaire, 
dont  on  fe  fervoit  ainfi.  La  première  année  de  ce  Cycle  on  marquoic  les 
nouvelles  Lunes  par  r.  Lafecondeannéeon  les  défignoit  par  le  chitre  2.  : 
La  troifiéme,  par  3.  continuant  jufques  à  19.  puis  recommençant  par  i. 

II  a  été  appelle  Nombre  d'Or,  parce  qu'on  l'écrivoit  en  carafteres  d'or, 
ou  à  caulede  fon  excellence. &de  la facilitéqu'ildonnoitau commence-' 
ment  à  trouver  les  nouvelles  Lunes.  On  imprime  encore  ce  nombre 
d'or  dans  les  Calendriers,  pour  l'ufage  de  quelques  Nations  qui  n'ont  pas 
voulu  recevoir  la  réformation  du  Calendrier  faite  par  le  Pape  Grégoire 
XIlI.  en  1582.  8c  pour  entendre  quelques  Hiftoriens  des  Siècles paflez, 
mais  on  ne  s'en  fert  plus  pour  connoître  les  nouvelles  Lunes,àcaufede 
l'erreurque  ce  nombre  d'or  avoit  paufée,  8c  qui  eft  expliquée  dans  l'Ar- 
ticle, (Cycle  Lunaire.)  On  connoît  les  nouvelles  Luties  par  les  Epades. 
*  Denys  Petau ,  de  DoH.  Tcmper.  S  UF. 

~  E  i  NOM- 


î« 


NOM.  NON. 


NOMBRES,  Livre  Canonique  de  l'ancien  Teftament  &  le  quatriè- 
me des  cinq  que  MoiTe  écrivit.  Les  Hebreiâ  nomment  le  Livre  des 
Nombres  Vajedabber,  c'eft-à-dire  Locutufiiue  ,  parce  qu'il  commence 
par  ce  mot.  Il  contient  trente-lix  Chapitres:  &  on  lui  donne  le  nom  de 
Nombres,  parce  qu'il  expoie  au  commencement  le  dénombrement  du 
peuple,  fait  par  Mo'ife  &  par  Aaron.  11  rapporte,  dans  la  fuite,  com- 
me ceux  de  la  Tribu  deLevi  forent  employez  aux  exercices  de  la  Reli- 
gion ,  fuivant  leurs  Offices  Sc-leurs  Miniftcres.  Il  fait  enfin  mention  de 
la  desobéilTancê  des  Ifraëlites ,  des  fupplices  desméchans,  &  des  bien- 
faits qu'ils  reçurent  fans  ceffe  de  Dieu.  CÔnfultez  les  Interprètes ,  qui 
ont  écrit  fur  le  Livre  des  Nombres. 

NOMEDIUS.  Cherchez  Ambrofius  ou  Ambroife  Nomedius. 

NOMENTO  ouNomentano,  Ville  autrefois  Epifcopale ,  dans  le 
pa'is  des  Sabins.  Ce  n'êft'plus  aujourd'hui  qu'un  village  du  Duché  de 
Monte-rotondo  ,  dans  l'Etat  Eccleliaftique.  Elle  étoit  capitale  des  No- 
mentiens ,  dont  les  Auteurs  anciens  parlent  fouyent.  Ovide  ,  li.  4. 
TaJÎ. 

Hac  miht  Nomento  Romam  cum  luce  fedirem. 

NOMENI ,  en  Latin  Nomen'mm ,  petite  Ville  de  Lorraine ,  dans  le 
Païs-Meffin.  Elle  eft  fituée  fur  la  Rivière  delaSeille,  entre  Vie  &  Mets  ; 
&  a  beaucoup  foufFert  durant  les  guerres. 

NOMOCANON,  Recueuil  de  Canons,  aufquels  on  a  joint  les 
Loix  Civiles  qui  y  ont  rapport,  &  y  font  conformes.  Ce  nom  eft  com- 
pofédes  mots  Grecs' Nô^®-,  Loi;  &  Ka»»»  Canon.  Jean  d'Antioche, 
Patriarche  de  Conftantinople  fit  le  premier  Nomocanon  vers  l'an  554. 
divifé  en  50.  Titres ,  aufquels  il  réduifit  les  matières  des  affaires  Eccle- 
fiaftiques.  Photius  Patriarche  Schifmatique  de  Conftantinople  fit  un 
autre  Nomocanon,  ou  Conférence  des  Loix  avec  les  Canons,  envi- 
Ton  l'an  883.  Les  matières  y  font  réduites  fous  14.  Titres.  BalfaiBon  y  fit 
un  Commentaire  vers  l'an  1180.  marquant  ce  qui  étoit  ou  n' étoit  pas 
en  ufage  de  l'on  temps  ;  les  endroits  des  Bafiliques ,  c'eft-à-dire  des 
Ordonnances  des  Empereurs  de  Conftantinople  ,  ou  quelque  Loi  du 
Digefte  &  du  Code ,  ou  bien  quelque  Chapitre  des  Novellcs  de  Jufti- 
nien,  avoient  été  inférez  pour  compofer  ce  Nouveau  Corps  de  Droit 
gui  étoit  alors  reçu  parmi  les  Grecs.  L'an  1155.  Arfenius  Moine 'du 
Mont  Athos,  &  depuis  Patriarche  de  Conftantinople,  dreffa  un  nou- 
veau Nomocanon,  où  il  ajouta  des  Notes  pour  faire  voir  la  conformité 
des  Loix  des  Empereurs,  atec  les  ordonnances  des  Patriarches.  Ma- 
tliieu  Blaftares  Moine  de  l'Ordre  de  Saint  Bafile  fiteacoreen  1335.  un 
Recueuil  de  ConttitutionsEcclefiaftiqucs,  accompagnées  desCivilesqui 
yétoient  conformes:  &  itappellace  Nomocanon  Syntagma,  c'eft-à-di- 
re Aflemblage  de  Cauons  &  de  Loix  par  Ordre.  *Doujac,  Hifloire  'du 
Droit  Canon.  -  ■' 

NOMPAR-DE-CAUMONT.  Cherchez  Caumont,  &c. 
NONA,  Ville,  Evêché  &  Port  ,de  Mer  de  Dalmatie,  fur  la  Mer  A- 
driatique,  entre  Zara  &  Segna.  Son  Eyêchéellfugragant  de  la  Métropo- 
le de  Zara.  Elle  eft  aux  Vénitiens.  Les  Efclavons  la  nomment  Nin  ,  & 
les  Latins  N  o  n  a  ;  &  quelques-uns  la  prennent  pour  l'iEnona^des  An- 
ciens. ■ 

NONANCOUR  (  Nicolas  de  )  Cardinal  de  la  noble  &  ancienne 
Maifon  de  Nonancour  ,  fut  mis  dans  le  facré  Collège  en  1194.  par  le 
Pape  Celeftin  V.  Depuis  il  fe  trouva  à  Naples ,  à  réleûion  de  Boniface 
VIII.  lorfque  le  même  Celeftin  eut'fait  abdication  du  Pontificat.  On 
l'employa  dans  les  affaires  importantes ,  &  il  mourut  en  mil  deux  cens 
nonante-huit,  ou  99.  *Auberi,  Hifi..cksCard.  Onuphre,  Ciaconius, 
Frizon ,'  &c. 

NONDINE ,  en  Latin  Nundina ,  étoit  une  Déefle  adorée  des  anciens 
Gentils  ,  qui  croyoient  qu'elle  préfidoit  à  la  Purification  des  enfans. 
Comme  c'étoit  le  neuvième  jour  d'après  la  naiffance  qu'on  purifioit 
les  Garçons ,  on  avoit  fait  le  nom  de  la  DéefTe  du  Mot  Nonus ,  Neu- 
vième :  quoique  ce  fut  le  huitième  jour  qu'on  purifioit  les  filles.  Cet- 
te Purification  s'appelloit  Luflration.  *  Macrobe,  Saturn.  li.-i.  ch.  16. 
SU  P. 
NONE,  DéefTe.  Cherchez  Partule. 

NONES:  le  neuvième  jour  devant  les  Ides;  c'eft-à-dire,  le?,  ou  le 
5.  du  mois:  car  les  Romains  comptoient  en  rétrogradant.  Aux  mois  de 
Mars,  de  Mai,  de  Juillet,  &  d'Odtobre,  les  Nones  étoicnt  le  feptié- 
mc  jour  :  aux  autres ,  elles  étoient  le  cinquième.  *  Roim.  Antiq.  l.  4.  c.  4. 
Voyez  Kalendes. 

NONIUS  MARCELLUS  ,  Grammairien  célèbre ,  &  Philofophe 
Peripateticien  ,  étoit  de  Tibur.  Il  fit  un  Traité ,  De  proprietate  fermo- 
nam ,  que  nous  avons  en  dix-neuf  Chapitres,  imprimez  l'an  1614.  àPa- 
ris,  avec  les  Notes  de  Jean  le  Mercier. 
NONIUS  on  NuNEz  de  Gusman.  Cherchez  Guzmafi. 
NONNITUS  ,  Evêque  de  Gironne  en  Efpagne  ,  vivoit  dans  le 
VII.  Siècle ,  fous  le  règne  de  Suintile  &:  Sifenaud  en  615.  &  35.  C'étoit 
un  Prélat  d'un  mérite  fingulier ,  &  qui  rempliiîoit  très-bien  les  devoirs 
,Sk  fon  Miniftere  ,  comme  nous  l'apprenons  de  S.  Ildephonfe ,  qui  a 
fait  l'éloge  de  Nonnitus  ,  parmi  ceux  des  Ecrivains  Ecclefiaftiques , 
c.  10. 

NONNOSE,  Auteur  Grec  qui  vivoit  dans  le  VI.  Siècle,  fous  l'Em- 
pire de  Juftinien.  11  publia  quelques  Ouvrages,  Scentr'autresla  Relation 
d'une  Ambaffade  qu'il  avoit  faite  en  Ethiopie ,  &  chez  les  Sarrazins  &  di- 
vers autres  Peuples  Orientaux.  Nous  en  avons  quelques  fragmens  dans 
Photius,  Cad.  3. 

NONNUS ,  Abbé ,  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé  de  Narrationibus 
Cr£corum  ,  qui  eft  Manufcrit  dans  la  Bibliothèque  de  l'Efcurial. 

NONNUS, Médecin  Grec  qui  vivoit  dans  leX.  Siècle,  &  qui  fit, 
par  ordre  de  l'Empereur  Conltantin  Porphyrogenete  ,  un  Traité  intitulé 
Comfendimn  Morboru-m ,  que  Jereraias  Martius  tira  de  la  Bibliothèque 
d'Augsbourg,  &  la  publia  avec  fa  tradudlion  Latine.  Jérôme  Velichius 
en  a  promis  une  nouvelle  Edition. 

NONNUS,  Poète  Grec,  de  Panopolis  en  Egypte ,  félon  Suidas,  a 
vêcudans  le  V.  Siècle.  Il  fit  un  Poème  en  vers  Héroïques ,  Dionyfiacortim 
Lib.XLVllI,  que  Gérard  Falclœmburg  tira  de  la  Bibliothèque  de  Jean 


NOR. 

Sambuc,  &  le  fit  imprimer  à  Anvers  l'an  mil  cinq  cens  foixante-neuf. 
Depuis  Eilhard  Lubin,  ProfeifeuràRoftoc,  letraduifiten  Laiin,  &i 
a  été  réimprimé  l'an  lôio.àHanaw,  aveclesNotesdequelquesSavans. 
Le  mêmeNonnus  fit  encore  une  Paraphrafe  en  vers,  fur  l'Evangile  de 
faint  Jean.  Aide  Manuce  la  publia  la  première  fois  en  Grec,  à  Venife 
l'an  150t.  Dans  la  fuite  ChriftophleHegendorph,  Jean  Bordât  &  Erard 
Hedeneccius  ont  traduit  en  Latin  cet  Ouvrage ,  dont  nous  avons  diverfes 
Editions  avec  des  Notes  de  François  Nannius ,  de  Daniel  Heinfius  &  de 
Sylburgius.  On  l'a  auffimife  dans  la  Bibliothèque  des  Pères.  Suidas,  V. 
Nôvt^  ,  Sixte  de  Sienne,  BMioth.  San.  Le  Mire,  de  Script.  Eul.  Pofle'vin,' 
mAppar.Sac.  Nannius,  Heinfius,  Sylburgius,  &c. 

NORBERT.  .Cherchez  Nortbert. 

NORCIA,  Ville  d'Italie ,  autrefois  dans  le  Pais  des  Sabins,  &  aujour- 
d'hui en  Ombrie ,  Province  de  l'Etat  Ecclefiaftique.  Elle  a  eu  titre  d'E- 
vêché.  Les  Auteurs  Latins  la  nomment  NKr/?^.  Elle  eft  fit;uée  entre  les 
Montagnes,  furie  ruilTeau  de  Freddara,  Scelle  eft  cçlebre  pour  avoir  été 
la  patrie  de  faintBenoît. 

NORDEN,  Ville  d'Allemagne  dans  la  Weftphalie  &  dans  la  Frifc 
Orientale,  ouOoftfrife,  avecunPortconfiderablc  fur  l'Océan  Germa- 
nique. Elle  augmente  tous  Icsjours  par  le  commerce.  Le  Prince  d'Ooft- 
frife  eft  maître  de  Norden ,  que  les  Auteurs  Latins  nomment  Norde- 
num. 

NORDWICH.  Cherchez  Norwich. 

NUREMBERG.   Cherchez  Nuremberg. 

NORES  (Jafon  de)  vivoit  dans  le  XVI.  Siècle,  &  fe  diftingua  par 
fon  favoir.  Il  étoit  natif  de  Nicofie  dans  l'ifle  de  Cypre  ;  mais  lorfque 
cette  Ville  fut  prife  par  les  Turcs  l'an  15  70..  Noues  fe  retira  en  Italie,  & 
il  s'établit  à  Padouë ,  011  il  enfeigna  avec  afl"ez  de  réputation,  &  y  mourut. 
Il  a  fait  divers  Ouvrages  en  profe  &  en  vers.  Voyez  fon  éloge  dans  le 
Théâtre  des  Homm es  de  Lettres  de  f  Abbé  Gliilini.' 

NORFOLK  ou  Norfolksliire ,  Comté  &  Province  d'Anlgleterre  en- 
tre la  Mer  d'Allemagne,  &  les  Comtcz  de  Cambridge,  &  de  SufFolk.  Ses 
Villes  principales  font  Nordwich ,  Yarmouth,  Cromer ,  &c. 

NORICH.  Voyez  Çalaminus.  , 

NORIN ,  Fort  de  la  Dalmatie ,  entre  le  fleuve  Narenta ,  &  la  ri- 
vière de  Norin,  qui  eft  un  bras  de  ce  fleuve,  lequeWa  retomber  dans  le 
Narenta.  Quelques-uns  croyent  que  cette  rivière  a  été  ainfi  appellée,  à 
caufe  d'une  Ville  que  Néron  fit  bâtir  fur  fes  bords;  &  à  laquelle  il  donna 
fon  nom ,  qui  a  été  corrompu  par  la  fuite  des  temps.  Ce  Fort  apparient 
à  la  République  de  Venife.  AfTez  proche  de  Norin,  vers  le  Septentrion  » 
eft  la  petite  Ville  de  Metrovich ,  où  toutes  les  maifons  des  Turcs  font 
diftinguées  par  des  tours.  Les  Chrétiens  qui  y  demeurent  font  Grecs 
Schifmatiques.  De  l'autre  côté ,  à  .environ  deux  milles  de  la  Tour  de 
Norin ,  vers  le  Midi ,  il  y  a  une  Ifle  appellée  Opus ,  formée  par  les 
deux  bras  de  Narenta ,  &  les  eaux  du  Golfe  de  Venife,  où  les  Vénitiens 
bâtirent  en  1685.  un  Fort  dans  une  fituation  fi  avantageufe  ,  qu'il  les 
rend  maîtres  de  la  Rivière.  *  P.  Coronelli  ,  Defcripûon  de  h  Mcrve. 
sup. 

NORKOPPING,  Ville  de  Suéde,  dans  la  Province  d'Oftrogothland 
ou  Gotie  Oripntale ,  entre  deux  étangs.  Les  Auteurs  qui  écrivent  en  La- 
tin la  nomment  Norcopia.  File  eft  à  cinq  lieues  dans  la  mer  Baltique  au 
Couchant,  entrele  Fleuve  Motala,  &  le  Lac  dit  Veter.  ,     , 

NORLINGUE,  que  ceux  du  Pais  nomment  Nortlingeri,  Ville  Im- 
périale d'Allemagne ,  dans  la  Souabe.  Les  Auteurs  Latins  la  homrnent 
Ah  ou  Ar&Flaviéi&cNerolinga.  Elle  eft  fituée  fur  un  ruifl'eau  dit  Eger,  à 
quatre  ou  cinq  lieues  de  Donavert ,  8c  à  dix  d'Ingolttadt.  Norlihgue  eft 
célèbre  pour  fes  Foires;  mais  plus  encore  par  les  deux  grandes  Batailles 
qu'on  y  a  données  dans  le  xvir.  Siècle, en  moins  de  douze  ans.  La  premiè- 
re fut  gagnée  le  fixiéme  Septembre  1634.  parles  Impériaux  fur  les  Sué- 
dois; Scies  François  gagnèrent,  fous  le  Duc  d'Enguien  ,  la  féconde  fur 
les  Bavarois.  CefutletroifièmeAoûtde  l'an  1645.  Le  Général  Merci  y 
fut  tué ,  comme  je  le  dis  ailleurs  en  parlant  de  lui.  [Merci  fut  feule- 
ment pris  prifonnier,  dans  cette  Bataille.  Voyez  Pufendorf.  Hifi.  Suie, 
ad  an.  r64f.  1 

NORMANDIE,  grande  Province  de  France, avec  titre  débuché; 
un  des  plus  importans  Gouvernemens  du  Royaume  ,  à  caufe  de  fon 
afliettefurla  Mer,  8c  du  voiCnage  d'Angleterre.  Elle  comprend  une  pai:- 
tiede l'ancienne Neuftrie,  qui  étoit  de  la  France  Occidentale,  &C  fous 
les  Romains  delà  féconde  Lyonnoife,  en  la  Gaule  Celtique.  Elle  a  la  Pi- 
cardie 8^  rifle  de  France  au  Levant;  l'Océan  ou  Mer  Germanique  au  Sep.- 
tentrion;  la  Bretagne  au  Couchant;  8c  laBeaufle,  le  Maine  &  le  Perche 
au  Midi.  Sa  longueur  depuis  Gifors  jufqu'à  Cherbourg  eft  d'environ  foi- 
xante  8c  douze  lieues;  fa  largeur  de  trente;  8c  fon  circuit  de  deux  cens 
quarante.  On  divife  quelquefois  cette  Province  par  fes  Villes  Epifcopa- 
les,  Lifieux,  Bayeux ,  Coûtances ,  Evreux ,  Avranches  &C  Seez ,  fous 
la  Métropole  de  Rouen  ;  dont  le  Diocefe  comprend  quatre  Pais ,  qui 
font  Caux  ,  Brai,  Vexin  Norman  &c  Roumois.  La  plus  commu- 
ne divifion  de  la  Normandie ,  eft  en  haute  Sc'Baffe.  La  haute  contient 
quatre  Bailliages ,  favoir  Rouen  ,  Evreux,  Caux  8c  Gifors;  La  Bafle 
en  comprend  trois ,  favoir  Alençon ,  Caën  &  Coutantin.  Rouen  eft  la 
Ville  Capitale ,  avec  Archevêché  8c  Parlement.  Les  autres  font  Avran- 
ches ,  Bayeux  ,  Evreux ,  Lifieux ,  Seez  ,  Coûtances  avec  Evéché, 
comme  je  l'ai  dit;  Caën  avec  Univerfîté ,  Dieppe,  Falaife,  le  Havre 
de  Grâce,  Pont  de  l'Arche,  Argentan,  Alençon,  Gifors,  Caudebec, 
Cherbourg ,  Saint-Lo ,  Vire ,  Carentan ,  Quillebeuf ,  Honfleur ,  Lire, 
Vernon ,  STc.  La  Normandie  eft  ftoide ,  mais  allez  fertile ,  8c  abonde  en 
bleds ,  en  bétail ,  en  fruits ,  ?>c  fur  tout  en'  pommes  8c  en  poires ,  qui  fer- 
vent à  faire  le  cydre  8cle  poiré ,  dont  les  habitans  de  la  Province  font  leur 
boiflbn  ordinaire  ,  mais  elle  manque  de  vin  prefque  par  tout.  Elle 
eft  arrofée  des  Rivières  de  Seine  ,  d'Eure  ,  Rille,  Touque,  Dive, 
Orne,  Vire,  Selune,  Sée  ,  Soûle,  OuveScEu,  qui  font  les  principa- 
les. Les  Forêts  les  plus  confiderables  font  Arques ,  Brai ,  les  Lions , 
Eu ,  Molineaux ,  Romare ,  Breteuil ,  Evreux ,  l'Aigle ,  Couche ,  Beau- 
mont  ,  le  Neubourg ,  Brotonne ,  Touques ,  Hiefmes ,  Argentan,  Cerifî, 
la  Lande  pourrie ,  Ailles ,  Bribec ,  Singlais ,  8cc.  Le  nom  de  Norman» 
die 'eft  tiré  de  celui  des  Peuples  Septentrionaux  qui  y  vinrent  s'établir; 
car  en  Allemand  Nortman  fignific  homme  du  Nort,  On  y  tronve 
•  >  auflj 


NOR. 

aufli  grand  nombre  de  carrières, des  eaux  médicinales,  plufieurs  mines 
■fie  fer,  &  quelques-unes  de  cuivre,  &  d'autres  métaux.  La  Norman- 
-die  a  produit  de  grands  Hommes.  Ceux  de  cette  Province  font  ingé- 
nieux, mais  colères  &  chicaneurs.  Le  reproche  qu'on  fait  auxNormans 
ne  fe  doit  prendre  que  pour  ceux  de  la  lie  du  peuple.  Les  autres  font  bra- 
ves &  généreux.  Toute  cette  Province  eft  beaucoup  peuplée.  11  n'y  en  a 
point  en  France  qui  ait  un  fi  grand  nombre  de  Gentilshommes.  On  y 
compte  plus  de  cent  Villes,  &  cent  cinquante  gros  Bourgs.  Les  peuples 
de  Normandie  font  commerce  de  bétail, de  toiles, &  d'herbes  propres 
pour  la  teinture  ,  comme  de  la  Carence ,  du  Paftel ,  de  la  Guefde ,  &  du 
charbon.  Clovis  reduifit  ce  pais  en  Province ,  &  elle  fit  une  partie  du 
Royaume  de  Soiffons.  Depuis  les  Normans,  peuples  fortis  du  Nort,, 
après  avoir  piraté  le  long  des  côtes  de  la  Mer ,  fe  jettercnt  dans  la  France , 
^du  tems  de  Charles  le  Chauve ,  &  ils  y  iii'eni:  des  dégâts  incroyables. 
Ces  courfes  durèrent  environ  quatre-vingts  ans  :  la  réfiftance  fut  fou- 
vent  inutile;  il  en  fallut  venir  à  des  tributs  honteux ;&  toutes  ces  fem- 
mes d'argent  ne  faifoient  qu'attirer  davantage  les  Barbar'es.  Ils  affie- 
gerent  trois  fois  Paris;  &  elFrayerent  fi  fort  les  habitans  de  cette  grande 
Ville  dans  le  IX.  Siècle,  que  dans  les  Oraifons  publiques  ils  prioient 
Dieu  qu'il  les  délivrât  de  la  fureur  des  Normans.  Le  Roi  Char- 
les le  Simplt  fit  un  traité  avec  les  Normans ,  &  donna  fa  fille 
Gifle  à  Kollon  ou  Raoul  Chef  de  ces  peuples.  11  lui  donha  auffi  la 
Normandie  avec  le  titre  de  Duc,  à  condition  qu'il  tiendroit  cette  Pro- 
vince à  fgi  &  hommage  de  la  Couronne.  Cela  fe  fit  en  9 12.  RoUon  fe 
.  St  baptifer,8c  il  prit  le  nom  de  RobertauBaptême.  Les  Normans  eu- 
rent tant  de  tfonlidération  pour  la  grande  équité  de  ce  premier  Duc, 
qu'ils  femblent  encore  l'appeller  à  leur  fecours  par  leur  cri  de  Haro, 
comme  s'ils  difoientH/t  Rou.  Cette  clameur  n'a  lieu  que  chez  eux.  Roi- 
Ion  ou  Robert  fut  père  de  Richard  I.  dit  le  Vieil ,  &  i\xmommé  fans-  Peur  , 
qui  laiflâ  Richard  II.  dit  l'Intrépide;  Sx.  celui-ci  eut  pour  fuccefl'eur  Ro- 
bert II.  qui  d'Herleve  femme  d'un  Gentilhomme,  eut  Guillaume  dit 
le  Bâtard,  &  puis  le  Conquérant ,  parce  qu'il  conquit  l'Angleterre;  il 
mourut  eii  1087.  Ce  Roi  laifta  Robert  dit  Courtecuijfe ,  Guillaume  le 
Roux  &  Henri  I.  qui  ufurpa  le  Royaume  d' Angleterre,  &  n'eut  qu'une 
fille, nommée  Mahaud,qui  porta  fes  ttats  à  Geofroi  V.  de  ce  nom, 
dit  Martel,  Corait  d'Anjou.  De  ce  Mariage  fortit  Henri II.  Roi  d'An- 
gleterre ,  Duc  de  Normandie ,  &  père  d'Henri  dit  le  Jeune ,  ou  au  Court- 
maniel,  mort. avant  fonpere  en  1183.  de  Richard  furnommé  l'Orgueil- 
leux ou  le  Cœur  de  Lion;  de  Geofroi  &  de  Jean.  Celui-ci  furnommé 
Sans-Terre ,  fit  mourir  fon  neveu  Artus ,  qui  étoit  fils  de  Geofroi  ;  de  for- 
te que  pour  ce  parricide ,  &  pour  plufieurs  autres  crimes  de  félonie ,  il 
fut  ajourné  devant  la  Cour  des  Pairs ,  &  privé  par  Arrêt ,  de  fa  Duché 
de  Normandie  j  en  iioz.  Ainfi  cette  Province  revint  au  Roi  Philippe 
i^ugufie;&  elle  fut  réunie  à  la  Couronnejufqu'àcequelesAngtoisl'u- 
furperent  à  la  France  fous  Charles  VI.  Son  fils  Charles  VU.  la  recouvra. 
jTiois  Princes  de  la  Maifon  de  France  portèrent  le  titre  de  Ducs  de  Nor- 
îDandie ,  Jean  fils  de  Philippe  de  Valois ,  Charles  fils  du  Roi  Jean ,  & 
Charles  fils  de  Charles  VIL  &  frère  de  LouïsXl.  Elle  fut  donnée  à'ce 
Prince  5  après  là  guerre  dite  du  Bienpublic,  comme  je  le  marque  en  par- 
lant de  lui.  11  la  rendit  bien-tôt;  de  forte  que  depuis  ce  tems,  elle  n'a 
point  été  defunie  de  la  Couronne.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  Tancrede  de 
JHautevillc ,  Seigneur  Norman  ,  envoya  dans  le  X.  Siècle ,  fes  fils  en  Ita- 
lie ,  qui  fe  rendirent  maîtres  de  la  Poaille ,  de  la  Calabre ,  &  de  la  Sicile  ; 
ce  que  je  remarque  ailleurs  fous  le  nom  de  Naples.  Après  cela  je  dois 
inarquer  la  fucceffion  Chronologique  des  anciens  Ducs  de  Normandie 
depuis  le  Baptême  de  RoUon  ,1'an  pu.  jufques  à  Jean  Sans-Terre ,  en 

ïlOi.  .  ;_.;., 

SucteJJton  Chronologique  des  Ducs  de  Normandie. 

En  pu.  Rollon  ou  Raoul,  dit  Robert  durant  5.  ou  8.  ans. 

917.  ou  920.  Guillaume  I.  furnommé  Longue-Epée.        3,6.  ou  zt,. 

P43.  Richard  I.  dit  le  Vieil ,  l'Ancien  ,  ou  Sans'Peur ,  mort  en  996. 98. 

99.  ou  félon  d'autres ,  ,    ,    en  1002.  ou  1003. 

,j,    .    Kichiid  dit  Sans-Peur  o\i  r Intrépide  mort  cà  1026. 

1026.  Richard  III.  2. 

ioi8.  Robert  II.  '  .  ■  •      _  ■  7. 

1035.  Guillaume  furnommé  le  Bâtard,  Roi  d'Angleterre.  82. 

1087.  Robert  III.  dit  Courtecuijfe  ou  Courteheuffe ,  mort  en    1107. 

Guillaume  dit  Cliton. 

Guillaume  II.  dit  le  Roux,  Roi  d'Angleterre,  tué  en     iioo. 

1107.  Henri  I.  Roi  d'Angleterre.  18. 

1135.  Mahaud  d'Angleterre  morte  eii  ,  1167. 

1135.  Geofroi  V.  Comted' Anjou, dit ^drtef, Mari  deMahaud,  16. 

i  151.  Henri  II.  Roi  d'Angleterre,  &c.  38. 

Henri  dit  le  Jeune  ou  au  Court-mantel ,  mort  avant  foii  père , 

en  1183. 

II 89.  Richard  IV.  dit /'Of-g««/Ze«;i;.  10. 

iipp.  Jean  dit  .î*?»^- Terre,  dépouillé  de  la  Normandie  en'  1101.  & 

mort  en  1216. 

Ï331.  Jean  de  France,  depuis  Roi. 

1355.  Charles  de  France,  depuis  Roi  V.  du  nom,  dit  le  Sage, 
1464.  Charles  de  France,  fils  du  Roi  Charles  VII.  &  frère  de  Louis 
XI. 
Divers  Auteurs  font  mention  de  la  Normandie  ,&  entre  ceux-là  il  faut 
principalement  confulter  Dudon  Doyen  de  Saint  Quentin ,  Guillaume  de 
Jumieges ,  Ordcric  Vitalis,&  les  Hiftoriens  qui  ont  écrit  des  affaires  des 
Normans,  depuis  l'an  838.  jufqu'en  1220.  ce  qu'on  peut  voir  dans  la 
Relation  qu'André  du  Chefne  fit  imprimer  à  Paris  en  Ail  fix  cens  dix- 
neuf,  i»/"»/;».  Kecherch.  'c  Antiq,  de  Normand  *  Jean  Nagerel ,  De/cr.  (/e 
Normand.  Claude  du  Moulin ,  Htfl.  Gêner,  de  Norm.  <src. 

NOi<MEL  (Jean)  Capitaine  Anglois,  vivoit  dans  le  XIV.  Siè- 
cle ,  &:  fe  fit  eftimer  par  Ion  adreffe  &  par  fon  courage.  Le  Roi  d'An- 
gleterre lui  donna  le  Gouvernement  de  la  Ville  d'Angoulên|e,  &  il  y 
étoit  en  1345.  lors  que  Jean  Duc  de  Normandie  y  alla  mettre  le5iege.  Ce 
brave  Capitaine  le  foûtint  affez  long-tems  :  mais  ne  fe  voyant  quafi  plus 
en  état  de  défendre  cette  Ville ,  il  parut  aux  créneaux  de  la  muraille,  une 
veille  de  h  Chandekitr ,  &  demanda  une  Tiêvc ,  pour  le  lendemain  feule- 


NOR. 


37 


ment,  en  confidération  de  cette  Fête  de  la  Vierge.  Le  Ducla  lui  ayant 
accordée,  cet  adroit  Capitaine  commanda  le  lendemain  matin  à  tous  fes 
Soldats  de  s'armer,  &  de  charger  leur  bagage  ,&  fortit  avec  eux  de  la  Vil- 
le ,  à  la  vûë  des  ennemis ,  qui  à  caufe  de  la  "Trêve  ne  voulurent  rien  entre- 
prendre. Par  cette  rufe ,  Normel  fe  lauva  lui  &  fes  gens  avec  tous  leurs 
biens ,  d'entre  les  mains  des  François,  &  le  retira  dans  la  Ville  d'Aiguil- 
lon ,  tenue  par  les  Anglois.  *  Guillaume Paradin,  ./*»»«/« (/eficar^o^we, 
l'ivre  II.  SVP.  ■.,,.,.. 

NORRI  (Jean  de)  Archevêque  de  Vienne  &  puis  de  Befançon  s 
-dans  le  XV.  Siècle  ,  étoit  fils  de  Pierre  Sieur  de  Norri  en  Auvergne ,  &: 
de  Jeanne  de  Montboiffier.  Il  fut  premièrement  Maître  des  Requêtes 
de  l'Hôtel,  fous  le  règne  de  Charles  VI.  &  on  l'employa  dans  les  af- 
faires imf>ortantes  Depuis  en  mil  quatre  cens  dix-fept ,  fon  grand 
mérite  le  fit  élever  fur  le  Siège  Métropolitain  de  l'Eglife  de  Vienne  en 
Dauphiné ,  &  en  cette  qualité  il  affilia  au  Concile  qu'on  célébra  en  la 
même  année  à  Confiance,  où  il  fe  diftinguapar  fonfavoir.  L'Eglife  de 
Befaiiçon  le  choifitaufïi  pour  fon  Archevêque, &  il  mourut  l'an  1433. 
lorfqu'il  en  alloit  prendre  pofTeflîon.  *  Robert  &  Sainte  Marthe ,  GalL 
Chr'ifl.  Blanchard,  H'tji.  des  Mait.  des  Requét.  &c. 

NORT  (Olivier  de)  Originaire  de  Rotterdam,  ayant  pafTé  le  Dé- 
troit de  Magellan ,  entra  dans  la  Mer  du  Sud ,  où  il  côtoya  le  rivage  de 
Chili  ;  de  là  ayant  pris  la  route  vers  les  Indes ,  il  arriva  en  l'Ifle  de  Bornéo. 
Il  revint  enfuite  proche  du  Cap  de  Bonne-hfperance  ;  &  enfin,  après 
avoir  prefque  fait  le  tour  du  Monde ,  il  arriva  en  Hollande  en  i6oi.&y 
fit  le  récit  de  fes  nouvelles  Découvertes.  *  Hugues  Grotius ,  .ii»K<i/,  & 
Hifloire  des  troubles  des  Pais-Bas ,  liv.  10.  SU  P. 

S.  NORTBERT,  Archevêque  de  Magdebourg  ,  &  Fondateur  de 
l'Ordre  de  Prémontré,  vivoit  dans  le  XII.  Siècle.  Il  étoit  natif  d'un 
Bourg  près  de'Cleves ,  fils  d'un  père  illuftre  par  fa  nobleflé ,  qui  étoit 
Comte  de  Gennep;mais  qu'il  rendit  encore  plus  illuflre  par  fafainteté, 
La  naiffance  de  Nortbert  l'obligea  de  fe  trouver  à  la  Gourde  l'Empereur  „ 
mais  il  en  fut  bientôt  dégoiité.  Il  quitta  une  Chanoinie  qu'il  avoit 
dans  fon  pa'is,  &  .vint  en  France, où  il  fonda  l'Ordre  de  Prémontré, 
fous  la  Règle  de  Saint  Auguilin.  Le  Chef  d'Ordre  eft  dans  le  Diocefe  de 
Laon.  Barthelemi ,  qui  en  étoit  Evêque  ,  affigna  à  Saint  Nortbert  le  de- 
fert  dit  Vofage  où  il  fe  retira.  C'étoit  environ  l'an  ii20.En  iii6.il  alla 
.  à  Rome  pour  ia  confirmation  de  Ion  Ordre  ;&  depuis  il  fut  élu  Evêque 
de  Magdebourg.  Il  travailla  beaucoup  pour  le  bien  de 'l'Eglife, contre 
les  erreurs  deTanchelin,8cmouraten  1134.  Le  Pape  Grégoire  XIII,  le 
canoniza  en  1582.  'On  lui  attribue  quelques  Ouvrages,  &  entre  au>- 
tres  III.  Livres  de  fes  Vifions,&  divers  Sermons.  Voyez  fa  Vie  qu'on 
croit  être  de  la  façon  de  Hugues  fon  luccefTeur ,  &  rapportée  par  Surius. 
Son  corps  étoit  relié  a  Magdebourg ,  mais  parce  que  cette  Viile  étoit  de- 
venue Protettante ,  on  le  transfera  l'an  1627.  à  Prague, où  il  eft  dans  le 
Monaftere  de  fon  Ordre, dit  StrohoflT.  *  Surius  ,au  6.  Jii'm.  Guillaume 
Einfèingrenius , /»  Cat  teji.  verit.  Jean  le  fage,  in  Btbl  Prs-m.  Mau- 
rice du  Pré,  in  Annal.  Prsm.  Baronius,  in  Annal.  Eccl.  Aùbert  le 
Mire,  in  chron.  Pmm.  Valere  André,  in  Bibl.  Eetg.  &c.  Cherchez 
Prémontré. 

NORT-CAP.  Cherchez  Nort-Kaep. 

NORTGOEW,  partie  de  la  Bavière,  qui  étoit  ailtrefois  le  Pa'is 
des  anciens  Narifques ,  au  delà  du  Danube.  L'Auteur  d'un  ancien  Itir 
nerairc  d'Allemagne  en  fait  mention ,  dans  le  VI.  Livre  en  ces  termes; 

inde  Narifiorum  veferes  accejfîmuî  eràs, 

Sjuo  funt  Coburg£  mœn'ta  jiruSla,  hco ,  &C. 

NORTHAMPTON  ,  Ville  &  Province  d'Angleterre  dans  l'an- 
cien Royaume  de  Mercie,  avec  titre  de  Comté,  vers  le  milieu  du  Pais. 
Northampton  en  eft  la  Ville  capitale  :  les  autres  font  Brackley ,  Daven- 
try,  &c.On  y  célébra  un  Concile  en  1138.  &  une  autre  AfTemblée  con- 
tre Saint  Thomas  de  Cantorbic,  en  1164. 

NORTHAUSEN  fur  le  Zorge,  en  Latin  Northujsa,  Ville  Im- 
périale en  Thuringe ,  Province  d'Allemagne ,  entre  Erfort  &  Halber- 
ftadt.  Quelques  Auteurs  parient  d'une  Afi^emblée  Ecclefiaftique  qui 
s'y  rint  environ  l'an  iioy. 

NORTHUMBERLAND,  ou  Northumbrie,  Province  &  Com- 
té d'Angleterre ,  en  la  partie  Septentrionale  du  Royaume.  Elle  a  eu 
autrefois  fes  Rois  particuliers ,  comme  je  le  remarque  fous  le  nom 
d'Angleterre.  Toute  la  Northumbrie  comprend  fix  Comtez,  Yorck, 
Durham ,  Lancaftre ,  Weflmorland ,  Cumberland  &  Northumberiand. 
Les  Villes  de  celui-ci  font  Newcaftel ,  Barwick,  Alnwick,  &c.*Bedes 
Polydore  Virgile,  Du  Chefne,  Hift.  dAngl.  Camden,  Defc.  ^ngl. 

NORT-KAEP  ,  ou  Nort-Cap  ,  que  ceux  qui  écrivent  en  Latin  nom- 
ment Ruhet  Promontor'ium ,  Promontoire  de  Norwege ,  le  plus  Septen- 
trional de  l'Europe.  Il  y  a  un  Cap  de  même  nom  en  Guiane,  Province 
de  l'Amérique  Méridionale.  *  Ortelius ,  Sanfon  &  Briet ,  Geogr. 

NORTWALES  ,  ou  Galles  Septentrionale,  que  ceux  du  Pais 
nomment  Gwiaeth  ;  ancien  Royaume  d'Angleterre  dans  la  Principauté 
de  Galles.  Les  Latins  le  nomment  Fenciofia.  Rodericledivifal'an  870. 
en  trois  Régions  j  dont  Aberfraw  étoit  la  Capitale.  *  Jean  Speed  ôc 
Camden,  Defc.  Mag.  Bntan. 

NORTWEGE  ou  plus  fouvent  Norvège,  Royaume  d'Eu- 
rope ,  au  Roi  de  Dannemark ,  a  pris  fon  nom  du  lieu  de  fa  fituation  ; 
parce  que  Nort  en  Alleman  fignifie  Septentrion ,  comme  fi  on  difoit  Che- 
mifi  du  Septentrion.  Les  Latins  le  nomment  Norvegia,  ceux  du  païs 
Norrige ,  8c  par  abrégé  Norge ,  &  les  AUeraans  Nortwegen ,  ou  Nor- 
wegen.  On  le  divife  ordinairement  en  cinq  Gouvernemcns ,  qui  font 
Aggerhus,  Bergenhus,  Dronthemhus ,  qui  a  fous  foi  Salten  ;  Ward- 
hus  &  Bahus  qui  eft  préfentement  au  Roi 'de  Suéde,  avec  une  Ville  de 
ce  nom.  Les  bornes  de  la  N'ortwege  font  au  Levant ,  la  Rivière  de  Cla- 
ma &  une  longue  chaîne  de  Montagnes , dites  le  Moni Sevo, on Savo, 
qu'on  appelle  diverfement  fur  les  lieux.  On  met  là  le  païs  des  peuples 
dits  Sithones.  La  mer  Balthique  &  l'Océan  l'arrofent  du  côté  du  Midi 
8^ du  Couchant;  &  au  Septentrion  elle  a  l'Océan  Septentrional.  La 
Capitale  du  Pais  eft  Dronthcim  que  les  Latins  nomment  N'idrofia.  Les 
autres  font  Opflo ,  Wardhus ,  Tongsberg  ,  Bergen ,  Friderickftad ,  Saltz- 
E  3        V  berg. 


38 


NOR.  NOS.  NOT. 


berg ,  Stavangér  ,'Bahus  qui  eft  aux  Suédois  comme  je  l'ai  dit ,  &c.  Le  , 
Pais  ett  grand,  msis  montueux  &  infertile ,  à  caufe  du  terroir  pierreux  ,  \ 
des  foblons ,  des  forêts ,  Se  du  froid  extrême  qu'il  y  fait.  Il  n'y  a  que  la  ' 
Rivière  de  Glama,  qui  puiffe  porter  de  grands  batteaux.  On  y  trouve  un 
grand  nombre  d'Ifles  le  long  de-la  côte  Septentrionale.  Les  principales 
font  Maghero ,  Suro  ,  Samen,  Trorames ,  Stagen,  Loffoten,Hiteren,&c. 
11  y  a  près  de  cette  dernière  le  tournoyement  ou  gouffre  d'eau  dit 
Maelftrom ,  dans  lequel  les  vaiffeaux  le  perdent  comme  dans  un  abîme. 
Les  habitans  de  Nortwege  font  quelquefois  Magiciens;  à  cela  près  bons 
&  fîraples.  Leur  Religion  eft  la  même  que  celle  des  Danois.  Ils  font  com- 
merce de  la  graifie  de  Baleine,  du  poiflbn  fec,&  du  bois  pour  bâtir  des 
navires.  On  y  découvrit  en  1646.  une  mine  d'or, près  d'Qpflos , mais 
elle  ne  dura  pas  beaucoup.  La  Nortwege  a  eu  des  Rois  particuliersjuf- 
ques  fur  la  fin  du  X!V.  Siècle,  qu'Aquin  époufa  Marguerite  fiile  de 
Valdemar  III.  Roi  de  Dannemark,  &  étant  morts  fans  enfans,  ils  laifle- 
rent  ces  deux  Etats  à  Eric  Duc  de  Pomeranie, fils d'Iiigeburge qui étoit 
fœur  de  Marguerite  de  Dannemark.  Chriftophle  lui  fuccéda  ;  Et  après 
celui-ci,  Chriftierne.fils  de  Thierri  Comte  d'Oldembourg , recueuillit 
cet  héritage ,  environ  l'an  1448.  Les  Auteurs  parlent  de  divers  anciens 
Rois  de  Nortwege ,  dont  lafucceffion  paroît  tout-à-fait  fabuleufe.  11  eft 
mieux  de  la  tirer  de  Suein  ou  Suenon  Roi  de  Dannemark ,  qui  détrôna 
Arold  en  998.  jufques  à  ce  que  le  même  Dannemark  &  la  Nortwege 
eurent  été  unis  fous  Aquin  &  Marguerite. 

■  ■  Succejfion  ChroKolog'tque  des  Rois  de  Nortwege. 


Arold  ou  Araud  &  Herold , 
998.  Suein  ou  Suenon, 
loir.  S.  Olaiis, 
103 1.  Suenon, 
1039.  Magnus  I. 
1055.  Herola  ou  Eruold, 
1070.  Magnus  II. 
iiio.  Magnus  III.  chaffé, 
1138.  Herold  II.  , 

1148.  Magnus  III.  rétabli, 
1158.  Ingo.dit  G'Mus. 
II 76.  ZJn  interrègne  de  4,  ans, 
II 80.  Magnus  IV. 
1131.  Aquin,  Tyran, 
1163.  Ohus  Alt  Angofanus  f. 
iz8o.  Eric  I. 
1300.  Aquin  IL 

1315.  Magnus  V.  Roi  de  Suéde  , 
132.6.  Aquin  III. 
1318.  Magnus  VI. 
1359.  Aquin  IV. 
1375.  Olaus  III. 
1389.  Aquin  &  Marguerite 
I4IZ.  Eric.de  Pomeranie. 


13 

20 

8 

16 

15 
40 
18 
10 
10 
18' 

51 
31 

17 

10 

II 

2 

31 
16 

ï3 


Il  faut  chercher  la  fuite  de  la  fuccefîion  fous  le  npm  de  Dannemark , 
pour  ne  pas  répeter  la  même  chofe.  *  Saxon  le  Grammairien  &  Albert 
Crantz ,  Hift.  Jean  Martin ,  Qhron.  Nortweg.  Pontanus  &  Meurfius ,  Hijl. 
Dan.  Suaningius ,  Chr.  Dan.  Golniti ,  Cluvier  ,  Sanfon  &  Briet ,  Geogr. 

NORWICH ,  que  les  Latins  nomment  Norvicum  8c  Nordovicum , 
fur  le  Jart,  Ville  d'Angleterre  dans  le  Comté  de  Norfolk,  avec  Evêché 
fufFragant  de  Cantorbery. 

NOSTRADAMUS  (Michel)  Médecin  &  célèbre  Aftroîogue  dans 
le  XVL  Siècle,  étoit  de  Salon;  ou,  comme  difent  les  autres,  de  S. 
Rémi  en  Provence.  On  dit  que  fon  ayeul  maternel,  qui  étoit  de  la  mê- 
me Ville  de  S.  Rémi, lui  infpiracetteinclination  pour  la  Science  des  Af- 
tres.  11  étudia  premièrement  à  Montpellier ,  &  après  fes  études  il  voyagea 
à  Touloufe  &  à  Bourdeaux.  A  fon  retout  en  Provence ,  il  publia  en  1555, 
fes  Centuries  Prophétiques ,  dont  on  fit  par  tout  une  fi  grande  eftime ,  que 
le  Roi  Henri  II.  en  voulut  voirrAuteur,que!e  Comte  de  Tende  Gou- 
verneur de  Provence  lui  envoya  à  Paris.  Ce  Monarque  lui  fit  despré- 
fens  conlidérables  ;  &  lui  donna  la  fomme  de  deux  cens  écus  d'or.  En- 
fuite  il  l'envoya  voir  les  Princes  fes.  fils  à  Blois.  Charles  IX.  lui  fit 
auffi  des  préfens ,  en  paffant  en  Provence.  Noftradamus  mourut  le  1.  Juil- 
let 1566.  âgé  de  6x.  ans,  6.  mois  &  17.  jours,  à  Salon,  oîi  il  eft  enterré 
dans  l'Eglife  des  Cordeliers.  On  voit  à  main  gauche  en  entrant,  fon 
portrait  avec  cette  Epitaphe  fur  une  pierre  de  marbre  :  D.  M.  Offu  clarif- 
Jimi  Micha'èUs  Nofiradami ,  unius  omnium  mortalium  jtidicio  digni ,  cu- 
jus  fene  di'vino  calamo ,  totius  Orbis  ex  Jlftrhrum  influxit  ,fitturi  éven- 
tas confcriterentur.  Vixit  annos  LXII.  Menfes  VI.  Dies  XVLI.  Obiit  Sa- 
lons. Cio.  ij.  LXVl.  Sluietem  fefieri  ne  invidete.  Les  Auteurs  parlent 
affez.  diverfement  du  favoir  de  cet  Aftroîogue ,  qui  paroît  à  la  vérité 
très-médiocre.  On  attribue  à  Etienne  Jodelle  ce  Diftique ,  qui  fem- 
ble  repréfenter  le  caraftere  de  Noftradamus , 

Nojfra  damus ,  cîim  falfa  damus ,  nam  fallere  nojlrttm  efl.    . 
Et  cum  falfa  Damus,  nil  nifi  nofira  damus. 

11  fut  père  de  Cefar  NosTRADAMus,qui  publia  fes  ouvrages ,  où 
l'on  voit  un  abrégé  de  la  Vie  de  cet  Alfrologue ,  frère  de  Jean  N  o  s  t  r  a- 
DAMus.  Celui-ci  étoit  Procureur  au  Parlement  d'Aix,  &  compofa 
l'Hiftoirede  Provence,  &  la  Vie  des  Poètes  du  même  Fais.*  Voyez  la 
Viede  Noftradamus  au  commencement  de  fes  Centuries,  François  de  la 
Croix  du  Maine  &  du  Verdier-Vauprivas ,  Bibl.  Franc.  Naudé ,  Apol. 
des  Homm.  accufex,  de  magie,  ch.  16.  Bouche,  H'tfi.  de  Prov.  li.  10. 
Sponde ,  in  Annal.  A.  C.  1566.  n.  3^.  O'c 

NOTAIRES  DE  ROME  ,  appeliez  depuis  Protonotaires.  Pen- 
dant les  perfécutions  de  l'Eglife  naiffante,  le  Pape  Saint  Clemenfe, 
Difciple  de  S.  Pierre,  &  fon  fucceffeur  après  S.  Lin  &  S.  Clete,  établit 
fcpt  Notaires  pour  les  quatorze  Quartiers  de  la  Ville  de  Rome  ,  afin  de 
rédiger  par  écrit  tout  ce  qui  fe  pafferoit  dans  l'cmprifonnement  ,&  dans 


NOT.  NOV.      . 

les  fupplices  des  Martyrs.  Depuis  S.  Babien  créa  fept  Soûdiacres ,  poitf 
prendre  garde  que  ces  Notaires  s'acquitaffent  fidèlement  de  leur  Com- 
miflion;  &  les  obligea  de  mettre  ces  Aftes  entre  les  mains  des  Diacres , 
pour  les  lui  préfenter  &  aux  autres  Papes  fes  Succeffeurs,  comme  il  fe 
pratiquoit  déjà  du  tems  de  S.  Anterre  fon  prédeceifeur ,  duquel  il  eft 
dit  qu'il  avoit  grand  foin  de  fe  faire  apporter  les  Regiftres  des  Notaires, 
&  de  les  mettre  dans  les  Archives  publiques  de  l'Eglilé ,  pour  y  être  fidè- 
lement conferyez.  Ce  qui  fe  faifoit  à  Rome  avec  tant  d'exaditude par 
l'ordre  des  Souverains  Pontifes ,  le  faifoit  auffi  dans  les  autres  Dioce- 
fes  par  le  zélé  des  Evêques ,  des  Prêtres ,  &  des  Diacres.  Ainfî  nous  lifons 
que  les  Ecclefiaftiques  d'Achaie  eurent  foin  de  mettre  par  écrit  l'Hiftoire 
du  martyre  de  S.  André ,  dont  ils  avoient  été  témoins  :  Que  celle  du  mar- 
tyre de  Saint  Polycarpe  fut  recueillie  par  fon  Clergé  de  Smyrne:  Que 
les  Eglifes  de  Vienne  &  de  Lyon  dans  les  Gaules  envoyèrent  aux  EgU- 
fcs  d'Afie  &  de  ^hrygielerécitdesfoufFrâncesdeS.Photin,deSteBlan- 
dine,&  d*s  autres  Martyrs  qui  avoient  été  mis  à  mort  dans  leurs  Villes, 
fous  l'Empereur  Marc-Aurele  :  Et  que  S.  Denys  d'Alexandrie  fit  un  Li- 
vre ,  pour  apprendre  à  la  potterité  les  Martyres  que  beaucoup  de  fes 
Diocefains  venoient  de  fouftiir  dans  la  perlécutioii  de  Dece.  S.  Pon- 
ce Diacre ,  témoigne  auffi  qu'on  avoit  eu  foin  de  toute  antiquité  dans 
l'Eglife  d'«Afrique ,  d'écrire  les  aélions  des  Martyrs ,  &  que  ces  Mé- 
moires s'étoient  confervez  jufques  à  fon  tems.  M.  de  KaulTai ,  Evêque 
de  Toul,en  fa  Préface  du  Martyrologe  de  France , remarque  qu'après 
que  ces  Âéles  avoient  été  dreffez  &  examinez  dans  les  Eglifes  particu- 
lières, on  les  envoyoit  à  Rome, pour  paffer  encoreparfaCenfureduS. 
Siège.  *  Anaftâfe  le  Bibliothécaire,  m  Clémente,  Antero,  o'  Fabiano. 
De  SaulTai,  MarlyroLge  de  France.  SU  P. 

NOTGER  ou  NoïKER,  Evêque  de  Liège  dans  le  X.  Siècle  fuc- 
céda à  Ewrard,  l'an  972.  11  travailla  avec  beaucoup  de  foin  à  l'etri-^ 
belliflement  de  fa  Ville  Epiicopale  ,  &  c'eft  pour  cette  raifon  que  Le  Mi- 
re dit  qu'il  en  fut  un  fécond  fondateur.  Il  établit  une  Eglife  Collégiale; 
&  contribua  à  divers  grands  projets  qu'on  fit  de  fon  tems.  Notger  ne 
raanquoit  pas  auflj  de  favoir.  Il  écrivit  la  Vie  de  S.  Landoalde Prêtre  , 
que  Surius  rapporte  au  19.  Mars;  &  quelques  autres  i'ieces  qui  font 
un  témoignage  de  fa  pieté.  Alberic,  in  Chron.  Voffius,  U.  i.  de  Hift. 
Lat.  c.  41.  Valere  André,  Eibl.  Belg.  Le  Mire,  in  Faft.  Bel.  Ste  Mar- 
the, Gall.  Chrifl.  ècc.  _  ,  .  .■■ 
tij'^  11  ne  faut  pas  confondre  ce  Prélat ,  avec  trois  Moines  de  Saint  Gai , 
du  même  nom  de  Notger  ou  Noiker.  Le  premier  dit  le  Bègue, 
Balbulas ,  vivoit  dans  le  X.  Siècle,  &  on  lui  attribué  le  Martyrologe 
que  Henri  Canifius  rapporte  dansle  VI.  Tome  de  fes  anciennes  Leélu- 
res;  &  d'autres  Vies  de  quelques  Saints ,  cpmme  de  S.  Fridolin ,  de  S.  Gai , 
atc  L'autre  Notker,  furnommé  le  Piquant  ou  le  grain  de  Poivre,  Pi- 
teris  granum,  étoit  illuftre  par  fa  pieté  &  par  fa  dodrine,  auflî  bien 
que  le  troifiéme,  dit  le  Phyjicien,  qui  fut  depuis  Abbé.  *  Eckerard, 
in  Vita  Notkeri  Balbuli.  Jefle  Metzlefer ,  li.  de  lllufir.  Vir.  S.  Coll.  Ca- 
nifius ,  in  Not.  tint.  Le6l.  Voulus,  lib.  3.  de  Hift.  Lat. 

NOTGER  ou  NoTKER  nom  de  trois  Moines.  Voyez  la  Remarque 
qui  eft  après  Notger  ou  Notker  Evêque. 

NOTHELME  ou  Nothbert  de  Londres,  Prêtre  &  puis  Ar- 
chevêque de  Cantorber-y,  étoit  un  Prélat  eftiraé  par  fon  favoir  &  par 
fa  pieté.  11  travailla  dans  le  VIII.  Siècle,  avecBede,  pour  l'Hiftoire 
d'Angleterre.-  Avant  qu'il  fut  Evêque, il  fit  un  voyage  à  Rom^e,pour 
recouvrer  du  Pape  Grégoire  II.  des  mémoires  propres  pour  ce  deffein  ; 
&  il  eut  une  copie  desLettresenvoyéesouécritesparAuguftin,  Apôtre 
d'Angleterre.  Nothelme  compofa  divers  Traitez;  &  Bede  voulant  lui 
témoigner  fon  amitié ,  lui  dédia  fes  trente  Queftions  fur  les  Livres  des 
Rois.  Nothelme  mourut  l'an  739.  *  Godwin,  de  Epife.  Angl.  Pit- 
feus ,  de  llluft.  Angl.  Script.  Voffius ,  de  Hift.  Lat.  l.  2. 

NOTO,que  les  Auteurs  Latins  nomment  diverfement  Nea,  Nea, 
Nitlum ,  Netum  &  Neetum ,  Ville  de  Sicile  qui  donne  fon  nom  à  la 
Province  dite  Valle  di  Noto.  Elle  fait  la  troifiéme  partie  de  la  Sicile,  & 
a  la  Val  di  Mazara  au  Couchant ,  celle  di  Demona  au  Septentrion  ;&  la 
Mer  au  Levant  &  au  Midi.  La  Ville  de  Noto  eft  à  quatre  ou  cinq  lieues 
de  la  Mer,  vers  l'embouchure  de  l'Abifo,  près  du  Cap  Paflaro.  Les 
autres  Villes  de  la  Province  font  SarragoITe ,  Augufte ,  Terra  Nova ,  Mo- 
tica ,  Camarana ,  &c. 

NOTRE-DAME  DU  LIS,  Ordre  Militaire.  Cherchez 
Lis. 

NOTTEBOURG ,  Ville  forte ,  Capitale  de  l'Ingrie ,  Province  de 
Suéde.  Elle  eft  fur  le  Lac  de  Ladoga ,  fur  les  frontières  de  la  Mofco- 
vie.  Le  Roi  Guftave-Adolphe  la  prit  en  1614.  aux  Ruffiens,  qui  la 
nomment  Oreska ,  c'eft-à-dire  la  Noix. 

NOTTINGHAM,  Comté  &  Province  d'Angleterre  ,  avec  une 
Ville  de  ce  nom.  La  Ville  eft  petite ,  fur  la  Rivière  de  Trent.  Le  Com- 
té a  celui- de  Lincolne  au  Levant,  Derbishire  au  Couchant,  ScLeicefter 
au  Midi. 

NOVANTUS  (Hugues)  Normand,  puis  Evêque  de  Chefter,  de 
Coventry,  &  de  Litchfield  en  Angleterre,  floriffoitran  11 90.  11  écri- 
vit l'Hiftoire  mémorable  de  la  difgrace  de  Guillaume  de  Longshamou 
Longchamp, Evêque  d'Elgin  ,  &  Chancelier  du  Roi  Richard.  Hugues 
mourut  l'an  H98.  On  lui  attribue  d'autres  Ouvrages. 

NOVARE ,  Ville  d'Italie  dans  le  Milanois  ,  Capitale  d'un  petit 
Pais  de  même  nom ,  avec  Evêché  fufFragant  de  Milan.  Les  Latins  la 
nomment  Novaria.  Elle  eft  illuftre  pour  avoir  étélelieudelanaiifance 
de  Pierre  Lombard ,  Evêque  de  Paris ,  le  Maître  des  Sentences.  Cefar 
Spaciani  Evêqu^de  Novarc ,  publia  des  Ordonnances  Synodales  en  1 590. 
Cette  Ville  a  été  fouvent  le  théâtre  delagucrre.  Les  François  y  prirent 
en  1500.  Louis  Sforce.  Ils  affiegerent  en  1 5 13.  cette  Ville,  oiilesSuiffes 
les  défirent,  les  ayant  attaquez  durant  la  nuit.  Depuis  en  1515.  les 
François  les  chaflerent  de  Novare.  Ils  prirent  encore  cette  Ville  au  mois 
de  Mars  dcl'an  1522.  fur  Philippe  Torniel , homme  barbare  &redouté 
par  fes  croîutez ,  qu'ils  firent  pendre.  Deux  ans  après  le  Château  de 
Novare  fe  rendit  à  Sforce.  Cette  Ville  eft  fituée  fur  une  éminence.Sc 
bien  fortifiée. 

NOVARINI  (Louis)  de  Vérone,  Clerc  Régulier  de  l'Ordre  des 
Theatins ,  dans  le  XVil.  Siècle ,  avoit  dans  le  monde  le  nom  de  Jérôme , 

mais 


NOV.  NOU. 

mais  renonçant  au  monde ,  il  le  quitta  pour  prendre  celui  de  Lotiis. 
Il  fa  voit  les  Langues  Latine,  Gréque,  Hébraïque  &  Chaldéene.  No- 
varini  eut  divers  emplois  importans  dans  fon  Ordre  ;  &  fut  aimé  des 
Princes  &  des  Doftes  de  fon  tems.  Le  Pape  Urbain  VIIL  eftima  parti- 
culièrement le  mérite  &  les  Livres  de  Novarini.  Il  a  laiflé  divers  Ouvra- 
ges de  fa  façon.  Les  plus  confiderables  font  Arcana  myftica  TheologU. 
Sanâîitas  honorata.  Adagia  finfiorum  Patrum.  Amoris  delicia ,  &c. 
*  Francifco  Bolviti  ,  Nomend.  Script.  Ordin.  Cleric.  Regul.  Ghilini , 
leat.  dHuom.  Letter.  Le  Mire  ,  de  Script.  Ssc.  XV 11.  Laurenzo 
Craflb,  î.log.  dHuom.  Letter.  Jérôme  Caraccioli ,  &  J.  Baptifte  de 
,Tufo ,  Hift.  Theat. 

NOV  AT  ou  NovATUs,  Evêque  d'une  Eglife  d'Afrique  dont  on 
ne  fait  pas  le  nom ,  étoit  tout-à-fait  indigne  de  cette  qualité.  Il  vivoit 
dansle  III.  Siècle.  S.  Cyprien  parle  de  Novat  comme  d'un  homme  perfi- 
de, flateur,  arrogant  &  avare  jufques  à  la  fordidité,  qui  avoit  lailTé  mou- 
rir fon  père  de  faim  ,{k  qui  pilloit  impunément  les  biens  Ecdeiialtiques , 
les  pupilles ,  &  les  pauvres.    Pour  éviter  la  punition  de  fes  crimes ,  il 
réfolutdeformerunSchifme,  afin  de  fe  fauver  dans  l'orage.  Il  fut  de  la 
cabale  de  Feliciffime,  Prêtre  d'Afrique, qui  s'éleva  contre  S.  Cyprien, 
comme  je  le  marque  en  parlant  de  lui.  En  151.  il  pafla  à  Rome  durant 
l'éledion  du  Pape  Corneille.    Il  y  trouva  Novatien  Prêtre  ambi- 
tieux, à  qui  l'Eloquence  &  la  Philofophieavoient  aquis  une  grande  ré- 
putation. Il  murmuroit  de  ce  qu'on  ne  l'avoit  pas  élevé  au  Pontificat,  à 
la  place  de  Corneille.  Novat  fit  amitié  avec  lui;  &  cette  union  funefte 
caufa  non  feulement  le  premier  Schifrae  dans  l'Eglife;  mais  encore  une 
hérefîe.   Ils  publièrent  des  calomnies  atroces  contre  le  Pape;  &  ils  fu- 
rent fi  bien  les  colorer  que  plufieurs  s'y  laiflerent  abufer.  Ils  firent  venir 
trois  Prélats  fimples,  ignorans  &  inconnus  ;  &  après  les  avoir  fait  boire, 
ils  les  obligèrent  d' ordonner  Novatien  Evêque  de  Rome.    Il  y  avoit 
plufieurs  défauts  en  fa  perfonne,  qui  l'excluoient  de  cette  grande  dignité , 
quand  l'éleâioa  n'auroit  pas  été  fchifmatique.  Car  outre  qu'il  avoit  été 
poffedé  du  diable ,  &  délivré  par  les  Exorcifmes  de  l'Eglife ,  il  avoit  reçu 
le  Baptême  au  lit  de  la  mort,  &n'avoit  point  été  confirmé;  irrégularitez. 
capitales,  félon  les  Canons.  ■.  Après  cette  ordination  fi  peu  régulière  , 
Novatien  écrivit  à  S.  Cyprien  de  Carthage,  à  Fabius  d'Antioche,&  à 
Denys  d'Alexandrie  ;  mais  le  premier  ne  voulut  point  qu'on  vît  ces  Let- 
tres, &  excommunia  fes  députez.    11  en  avoit  même  déjà  envoyé  à 
•Rome  pour  faire  celTer  le  Schifme.    Fabius  fe  moqua  de  Novatien , 
i&  Dcnys  lui  manda  qu'il  ne  pouvoit  mieux  faire  connoître,  qu'on  l'avoit 
élu  malgré  lui ,  qu'en  quittant  fon  Siège  pour  le  bien  de  la  paix.  Cepen- 
•dant  l'Antipape  devint  Hérefiarque ,  difarit  qu'il  ne  faloit  pas  recevoir  à 
pénitence  ceux  qui  étoient  tombez  dans  quelque  péché  après  le  Baptê- 
me. Ses difciples qu'on  nomma  Novatiens  prirent  auffi  le  nom  de 
Cathares,  pu  Purs.  Ils  ajoutèrent  à  fes  £rreurs  de  nouvelles  faufietez, 
comme l'improbation  des  fécondes  noces;  &  outre  ces  rêveries  ils  re- 
fcaptifoient  les  pécheurs...  Ces  errans  demeurèrent  obftinez  dans  le  IV. 
Siècle  après  le  Concile  de  Nicée  ,.  qui  fit  des  régleraens  pour  la  forme 
«le  leur  réception  à  l'Eglife.  Depuis  ils  fe  diviferent  entr'eux,  &  Seba- 
tius  un  de  leurs  Prêtres,  qui  avoit  été  Juif,  introduifit  le  Juda'ifme 
dans  leur  Seéie.;  *  S.  Cyprien  ,  ep.  46.  47.  erc.    Eufebe,  It.  6.  Hift. 
S.  Epiphane,  hir.  59. v. S.  Augultin,  hAf.  38.    S.  Jérôme  ,  de  Script. 
Eecl.  Baronius,  iri  Annal.  ?>:c.  \_No-vat  n'étoitpas  Evêque,  mais  Prê- 
tre à  Carthage,  comme  il  paroit  par  la  LU.  Lettre  de  S.  Cyprien,  (félon 
l'Ed.  à'Oxford.)  Il  avoit  été  cité  devant  fon  Evêque  l'an  CCXLIX.  étant 
accufé  d'avoir  donné  un  coup  de  pied  à  fa  femme ,  qui  étoit  groffe,  Se 
qui  à  caufe  de  cela  avoit  fait  une  faufle  couche.    La  perfécution  que 
Decius  excita  l'année  fuivante,  depuis  le  commencement ,  ayant  obligé 
S.  Cyprien  de  fe  retirer ,  Novat  fut  délivré  de  la  crainte  de  comparoî- 
tre  devant  lui.   Il-fe  joignit  peu  de  tems  après  à  Felicijfîme  Diacre,  & 
foûtenoit  qu'on  devoir  recevoir  les  Tombez,  à  la  communion,  fans  aucune 
■pénitence.  Cependant  Novat  étant  allé  à  Rome  fe  joignit  à  un  parti 
qui  étoit  d'un  fentiment  tout  oppofé ,  fans  que  l'on  voye  que  S.  Cy- 
prien lui  ait  reproché  cette  inconltance,  quoi  qu''il  ne  lui  pardonne  rien. 
Novat  revint  enfin  en  Afrique,  mais  l'on  ne  fait  ce  qu'il  devint.  Voyez 
fes  Annales  Cyprianiques  de  J.  Pearfon,  &  la  Vie  de  S.  Cyprien ,  dans  le 
XII.  Tome  de  la  Bihliothéque  Univerfelle.'] 
NOVATIEN ,  &N0VATIENS.  Voyez  Novat.     " 
NOUE  (  François  de  la  )   dit  liras-de-Fer ,  Gentilhomme  Breton , 
fut  non  feulement  un  grand  Capitaine ,  mais  un  parfaitement  honnête 
Homme ,  qui  fe  diftingua  dans  toutes  les  occafions  par  fa  prudence 
&  par  fa  valeur.    11  naquit  l'an  mil  cinq  cens  trente-un ,  de  François 
de  la  Noue  II.  du  nom  ,  &  de  Bonaventure  l'Efpervier.  Dès  fon  jeune 
âge  il  voyagea  en  Italie  „&  y  porta  les  Armes.  A  fon  retour  en  Fran- 
ce ,  il  donna  dans  les  fentimens  de   ceux  de  la   Religion  Préten- 
due Réformée,  qui  s'étoit  établie  en  Bretagne  ,   dès  l'an  1557.  La 
Noue  rendit  de  grands  fervices  à  ceux  de  ce  parri;  mais  quoi  que 
Huguenot,  il  faut  avouer  de  bonne  foi  que  fa  probité,  fa  valeur,  &  fa 
fagelfe  furent  toujours  en  admirarion  aux  Catholjques.    11  avoit  une 
connoifl"ance  affez  paflâble  des  bons  Auteurs  &  des  belles  Lettres  -,  il 
étoit  brave,  honnête,  libéral  &  bienfaifant,  &  s'il  eût  toujours  com- 
battu pour  la  défenfe  de  la  Religion  Orthodoxe ,  comme  il  s'expofa 
fouvent  pour  établir  par  les  armes ,  le  Schifme  &  les  nouvelles  opi- 
nions ,  il  eût  mieux  mérité  les  éloges  que  Scevole  de  fainte  Marthe 
&  divers  autres  Auteurs  lui  donnent  avec  raifon.    Mais  c'étoit  le 
malheur  de  fon  tems.    La  Noue  prit  Orléans  aux  Catholiques ,  le 
vingt -huitième  Septembre  1567.  en  chalTa  le  Gouverneur  Catholique 
qui  s'étoit  retranché  à  la  Porte  Bannière.    11  conduifoit  l'arriere-garde 
dans  la  bataille  de  Jarnac ,  l'an  1 569.  &  fe  trouva  en  mille  occafions,  où 
il  donna  par  tout  des  marques  d'une  merveilleufe  prudence  ,   &  d'une 
baute  générofité.    Ceux  de  fon  parti  l'avoient  fait  Gouverneur  de 
Mâcon ,  que  le  Duc  de  Nevers  lui  prit.    Après  la  bataille  de  Jarnac , 
la^  Noue  attaqua  un  Fort  que  Pui-gaillard  Capitaine  Catholique  avoit 
bâti  à  Luçon  fur  l'avenue  des  Marez.    Celui-ci  ralTembla  fes  troupes , 
&  alla  défendre  fon  Fort;  mais  il  fiit  défait  entre  fainte  Gemme  &  Lu- 
çon. Enfuite  la  Noue  prit  encore  Fontenai ,  Oleron ,  Marennes ,  Sou- 
bife  &  Brotiage.    Ce  fut  à  la  prife  de  Fontenai  en  Poitou  qu'il  reçût 
lui  coup  au  bras  gauche,  qui  lui  en  brifa  l'os.    On  le  lui  coupa  à 


NOV. 


39 


la  Rochelle,  &  il  s'en  fit  faire  un  de  fer,  qui  lui  a  laiffé  le  furnom 
de  Bras  de  fer.  La  Noiië  s'en  fcrvoit  très-bien  pour  tenir  la  bride  de 
fon  cheval;  &  cela  ne  l'empêcha  point  d'agir  comme  auparav.mt.  En 
1571.  il  tut  envoyé  avec  Genlis  dans  le  Pais-Bas,  où  il  furprit  Valen- 
ciennes.  A  fon  retour  en  Fiance,  après  la  Saint-Barthelemi ,  le  Roi 

I  envoya  à  la  Rochelle.  Il  en  fut  Général  en  1573.  &  ayant  réfolu 
que  ceux  de  fon  parti  prendroient  les  armes,  le  dixième  du  mois  de 
Mars,  il  trouva  le  moyen  d'enlever  Méfie  &  Lufignan  aux  Catholi- 
ques. Mais  comme  il  falloir  s'aquitter  de  deux  Charges  aufli  incom- 
patibles que  celle  de  Chef  des  Rebelles,  &  de  l'homme  du  Roi,  fans 
perdre  fa  réputation ,  &  même  iims  donner  du  foupçon ,  il  prit  réfo- 
lution  de  chercher  une  mort  honorable  dans  les  forties  que  les  Affiegez 
firent,  &fe  mêla  une  fois  fi  avant,  qu'il  y  eût  été  tué  fans  un  Gentilhom- 
me nommé  Marcel ,  qui  fe  mit  au  devant  du  coup  mortel ,  dont  il 
alloit  être  percé.  Depuis,  l'an  1578.  il  fuivit  dans  le  Pais-Bas  le  Duc 
d'Alençon,  qui  l'envoya  avec  trois  mille  hommes  aux  Etats.  La  Noue 
leur  rendit  de  grands  fervices.  Philippe  de  Melun ,  Vicomte  de  Gand', 
qu'on  appelloit  le  Marquis  de  Risbourg,  le  fit  priibnnier  l'an  1580.  en 
une  rencontre  près  du  Château  d'Ingelmonftcr.  La  Noue  avoit  pris  peu 
auparavant  Ninove  &  le  Comte  d'Egmont  qui  étoit  dans  cette  Place.  Les 
Efpagnols  témoignèrent  une  grande  joye  de  la  prife  de  ce  grand  Chef, 
&  ne  le  mirent  en  liberté  que  l'an  1585.  en  échange  du  même  Comte 
d'Egmont,  8c  en  leur  payant  cent  mille  écus  de  rançon.  Depuis ,  au 
commencement  des  guerres  de  la  Ligue,  il  fe  retira  à  Genève.  Guillau- 
me-Robert de  la  Marc,  Duc  de  Bouillon,  Prince  de  Sedan,  &c.  y  mou- 
rut le  premier  Janvier  de  l'an  1588.  laiflant  fa  fœur  Chariojtte  héritière 
de  fes  biens.  Il  nomma  de  la  Noue  exécuteur  de  fon  Tellamenr, 
8cle  fit  Tuteur  de  cette  Princefire,&  Gouverneur  de  fes  Terres  fouve- 
raines.  Mais  comme  diverfes  raifons  empêchèrent  ce  grand  Homme 
de  fe  rendre  dans  le  Pais-Bas,  auffi-tôt  qu'il  eût  déliré,  la  pupille  fut  pres- 
que opprimée.    II  ne  négligea  pourtant  rien  pour  rétablir  fes  affaires. 

II  y  travailloit  lorfque  le  Roi  de  Navarre,  qui  s'étoit  uni  avec  le  Roi 
Henri  III.  le  manda  avec  leDucdeLonguevilie,  pour  aller  au  devant 
d'un  fecours  que  Sanci  .amenoit  de  Suiflè.  Ce  fut  un  peu  avant  la  mort 
du  Roi;'La  Noue  continua  fes  fervices  à  Henri  le  Grand;  &  fut  tué 
aufiegedeLambale,;  l'an  1591.  Commeil étoit  monté  fur  une  éc'nelle 
pour  reconnoître  ce  qu'on  faifoitdans  la  place,  il  fut  blefl"é  à  la  tête  d'un 
coup  de  moufquet,  dont  il  mourut  quelques  jours  après,  regretté  pref- 
que  également  des  amis  &  des  ennemis,  grand  Homme  de  guerre,  & 
plus  grand  Homme  de  bien.  Sa  Maifon  étoit  noble  &  ancienne  en  Bre- 
tagne. II  époufa  Marguerite  de  Teligni ,  dont  il  eut  Odet  de  la  Noue, 
Théophile  qui  prit  le  nom  de  Teligni,  &  une  fille  mariée  au  Marquis 
de  la  MoufiTaie.  Ses  fils  furent  héritiers  de  les  bonnes  qualitez.  L'aîné , 
qui  avoit  été  quatre  ans  prifonnier  aux  Pais- Bas,  venoit  après  fa  déli- 
vrance fe  réjouir  avec  fon  père;  mais  il  trouva  qu'il  n'avoir  plus  d'autres 
devoirs  à  lui  rendre  que  ceux  des  funérailles.  *  Moife  Amirault,  Vie  de 
la  Noué.  DeThou,  Davila,  La  Popeliniere ,  Strada ,  Ste  Marthe,  in 
elog.  Doùi.  Gall.  Mezerai ,  Dupleix ,  &c. 

NOVE  (Paul  de)  Doge  de  Gènes,  étoit  Teinturier  de  fon  métier, 
&  en  r  ;o6.  les  Génois  s'étant  révoltez ,  le  choifirent  pour  leur  Duc. 
Mais  Louis  XII.  Roi  de  France  les  ayant  remis  à  leur  devoir ,  &  fait 
prendre  de  Nove,  il  lui  fit  couper  la  tête  publiquement.  *Enguerrant 
deMonftrelet,  Chronique.  SU  P. 

NOVELEFKE.  Cherchez  Laodicée. 

NOVELLl  ou  de  Nouveau  (Arnaud)  Cardinal,  eft  forti  d'une 
des  plus  riches  &  des  plus  nobles  familles  de  Guienne.  Dès  fon  jeune 
âge ,  il  fit  connoître  que  fa  plus  forte  inclination  étoit  pour  la  pieté  & 
pour  les  Lettres.  Il  prit  l'habit  dans  l'Ordre  de  Cîteaux ,  &  on  le  choi- 
fit  pour  être  Abbé  de  Font-froide  dans  le  Diocèfe  de  Narbonne.  Le 
Pape  Clément  V.  qui  le  connoiffoit  très-parriculierement  le  pourvût  de 
l'Office  de  Vice-Chancelier  de  l'Eglife ,  &  enfuite  il  le  créa  Cardinal  le 
dix-neuvième  Décembre  de  l'an  1318.  Quelque  tems  après  il  l'envoy.i 
Légat  en  Angleterre,  &  dans  toutes  les  occafions  il  lui  témoigna  qu'il 
avoit  des  égards  très-particuliers  pour  fon  mérite.  Le  Cardinal  Ar- 
naud Novelli,  ou  Nouvel  mourut  à  Avignon  l'an  13x7.  *  Walfin- 
gam ,  Hift.  Angl.  A.  C.  13(1.  Thomas  de  la  Moor  ,  in  Edouar.  IL 
Frizon  ,  Gall.  l'urp.  Auberi ,  Hiji.  des  Cari.  Sainte  Marthe ,  T.  IV. 
Gall.  Chrift.  u^c. 

NOVELON,  Evêque  de  Soiflbns  étoit  fils  de  Gérard,  Sieur  de 
Cherifi  &  de  Muret.  Guntherus  dis  qu'il  étoit  homme  d'une  grande 
fainteté  ,  &  fort  éloquent  :  Vir  magnu.  Jan£litatis  v  dulcis  facundix.  il 
fut  élu  Evêque  de  Soiflbns  l'an  117;.  ou  feptante-fix  ,  &  il  fe  croifa 
pour  le  Voyage  d'outre-mer ,  où  après  la  prife  de  Conftantinople  par 
les  François  en  12.93.  il  fut  un  de  ceux  qu'on  nomma  pour  élire  un  Em- 
pereur. Enfuite  on  lui  donna  en  douze  cens  quatre  ,  l'Archevêché 
de  ThefTalonique ,  que  le  Pape  Innocent  III.  lui  permit  de  tenir  avec 
l'Evêché  de  SoilTons ,  jufqu'à  ce  que  les  François  fiiflent  paifibles  pof- 
fefleuVs  de  l'Empire.  Novelon  vint  depuis  en  France  pour  y  chercher 
du  fecours  ;  &  donna  à  l' Abbaie  de  Nôtre-Dame  de  Soiflbns ,  grand 
nombre  de  Reliques ,  dont  nous  avons  même  l'Hiftoire  de  leur  Trans- 
lation ,  rirée  des  Archives  de  la  Cathédrale  de  cette  Ville.  11  retourna  à 
Conftanrinople ,  avec  des  forces  confiderables  ,  comme  nous  l'appre- 
nons du  Conrinuateur  de  Sigebert.  Ce  fut  vers  l'an  1207.  Peu  après 
ayant  été  renvoyé  vers  le  Pape ,  il  mourut  à  Paris ,  où  il  fut  enterré 
da.ns  l'Eglife  de  fiint  Nicolas  ,  félon  Alberic.  *Herman  ,  //.  i.  di 
mirac.  S.  Maris,  Laud.  c.  i .  Alberic ,  in  Chron.  Du  Chefne ,  Hift.  de 
Chaftil.  If.  II.  c.  5.  Ste  Marthe,  Gall.  Chrift.  Du  Cange,  Obfervat. 
fur  Vill.  Hard.  &c. 

NOVEMVIRS,  neuf  Magiftrats  d'Athènes ,  dont  le  gouvernement 
duroit  un  an.  Le  premier  de  ces  Magiitrats  fe  nommoit  Archonte, 
ou  Prince;  le  fécond  Bafileus ,  ou  Roi;  le  troifiéme, Polemarque,  ou 
Chef  d'Armée:  &  les  fix  autres,  Thefmothetes ,  ou  Legiflateurs  :  Ils 
faifoient  ferment  d'obferver  exaèlement  les  Loix ,  à  faute  dequoi  ils 
s'obligeoient  de  donner  à  la  République  une  Statue  d'or  de  leur  gran- 
deur. Ceux  qui  s'aquittoient  de  leur  Charge  avec  honneur,  étoient 
enfuite  reçus  Sénateurs  de  l'Aréopage.  *Plutarque  ,  in  Solonec^Pericle, 
SU  P. 

NOVEN-: 


'4© 


NOV. 


NOVENDIALj  Sacrifice  que  les  Romains  continuoient  pendant 
neuf  jours  pour  détourner  les  malheurs ,  dont  ils  étoient  menacez  par 
quelque  prodige  ,&  pour  appaifer  les  Dieux  qui  paroiflbient  irritez.  Le 
Sénat  rendoit  alors  un  Décret,  addreiîé  au  Grand  Pontife, ou  au  Pré- 
teur de  la  Ville,  qui  ordonnoit  cette  Fête  au  peuple.  Ce  fut  TuUus  Hof- 
tilius  quatrième  Roi  de  Rome,  qui  inftitua  ces  Sacrifices,  lorsqu'on 
lui  eut  apporté  la  nouvelle  de  cette  grêle  prodigieufe , qui  tomba  furie 
Mont  Alban ,  dans  le  pais  Latin ,  &  dont  la  groffeur  &  la  dureté  fit  croire 
que  c'étoient  dés  pierres.  *  Tite-Live,  li.  i.SUP. 

NOVENSILES ,  certains  Dieux  des  anciens  Romains ,  ainfî  appel- 
iez ,  parce  qu'ils  étoient  venus  des  derniers  à  leur  connoiffance.  Tels 
ëtôientlàSanté.la  Fortune,  Vefta,  Hercule.  Quelques  uns  néanmoins 
prétendent  que  les  Dieux  appeliez  Novenfiles  étoiént  ceux  qui  préfi- 
doient  aux  nouveautez ,  gc  qui  faifoient  renouveller  les  chofes  :  d'autres 
ont  dit  que  ce  nom  ne  tiroit  point  fon  origine  ànmoi  novus  nouveau: 
mais  plutôt  de  »«w«! ,  neuf ,  parce  que  ces  Dieux  étoient  au  nombre  de 
neuf  ,  favoir ,  Hercule ,  Romulus ,  hfculape ,  Bacchus ,  Enée ,  Vefta ,  la 
Santé,  la  Fortune,  &  la  Foi.  Mais  ces  Auteurs  ne  difent  pas  ce  que  ces 
neuf  Dieux  avoient  de  commun  entr'eux&  ce  qui  les  diftinguoit  des  au- 
tres Dieux.  Il  y  a  plus  d'apparence,  à  ce  que  d'autres  ont  crû,  que 
c'étoient  les  neufMufes  qui  étoient  appellées  de  ce  nom.  *  Lil.  Giraldi , 
de  Synta^m.  Deor.  S  UP.  . 

NOVOGROD  ,  que  ceux  du  païs  appellent  Novogrod  Veliki  -, 
cea-z-dite, Novogrod  la  grande, ViWs  de  iVIofcovie,  d'une  Principauté 
de  même  nom  ,  avec  titre  d' Arche  vêché,eftrituée  fur  la  rivière  de  Vol- 
kou.ou  Volga, laquelle  fort  du  Lac  d'Ilmeniàune  demi-lieuë au det 
fus  de  la  Ville, &  va  traverfer  le  Lac  de  Ladoga: d'où  elle fe décharge 
dans  le  Golfe  de  Finlande.  Vithold ,  Grand;Duc  de  Lithuanie ,  &  Géné- 
ral de  l'armée  de  Pologne, fut  le  premier  qui  obligea  le  peuple  de  cette 
Ville  en  1517.  de  payer  un  tribut  de  deux  cens  mille  écus.  JeanBafile 
Giotsdin ,  Tyran  de  Mofcovie, s'en  rendit  maître  en  1477.  &ymitun 
Gouverneur.  Peu  de  tems  après ,  il  y  alla  en  perfonne,  &  pilla  la  Ville,  d'où 
il  emmena  trois  cens  chariots  chargez  d'or,  d'argent,  &  de  pierreries,  & 
plufîeurs  autres  chariots  pleins  de  riches  étofes  ,&  de  meubles  précieux , 
qu'il  fit  porter  à  Mofcou,où  il  fit  venir  tous  les habitans  de  Novogrod , 
&  envoya  des  Mofcovites  en  leurplace.  Jean  Bafilovits,  Grand  Duc  de 
Mofcovie,  y  exerça  encore  plus  de  cruauté  en  1569.  car  fur  un  fimple 
foupçon  de  révolte, il  fit  tuer  oujetterdansla  rivière  deux  millefept  cens 
foixante-dix  perfonnes ,  fans  compter  un  nombre  infini  de  pauvres  gens 
qui  furent  écrafez  par  la  Cavalerie  qu'on  lâcha  fur  eux.  Après  avoir  pillé 
le  riche  Temple  de  fainte  Sophie,  &  tous  les  thréfors  des  autres  Eglifes, 
il  fit  auffi  piller  l'Archevêché;  puis  il  commanda  à  l'Archevêque  de  mon- 
ter un  cheval  blanc;  ce  que  ce  Prélat  ayant  fait,  on  lui  lia  les  jambes, 
on  lui  pendit  au  col  une  viele,  &  on  lui  mit  un  flageolet  à  la  main.  Il 
fut  ainfi  conduit  à  Mofcou ,  &  en  fut  quitte  pour  cet  opprobre  ;  mais  tous 
les  Abbez  &  Moines  furent  taillez  en  pièces,  ou  noyez.  Les  Suédois  pri- 
rent la  Ville  de  Novogrod  en  161 1.  mais  ils  la  rendirent  peu  de  tems 
après.  C'étoit  autrefois  la  première  Ville  de  tout  le  Septentrion  pour  le 
commerce,  qui  y  faifoient  non  feulement  les  Livonois  Scies  Suédois, 
mais  aufTi  les  Danois ,  les  Allemans  &  les  Flamands  :  Elle  jomffoit  de  plu- 
fieurs  privilèges  fous  fon  Prince ,  qui  ne  reconnoilToit  point  le  Grand 
Duc  de  Mofcovie  :  &  elle  étoit  devenue  fi  puifTaute ,  que  l'on  difoit  en 
commun  proverbe  ,  fl«<  eji-ce  qui  fe  peut  effofer  à  Dieu,  c'  à  la 
erande  Ville  de  Novogrod?  11  y  en  a  qui  la  veulent  mettre  en  parallèle 
pour  fa  grandeur  avec  la  Ville  de  Rome,  mais  ils  fe  trompent; car  ce 
n'eft  plus  cette  grande  Ville ,  que  l'on  vantoit  tant  auttefois.  Il  eft  vrai  ' 
que  le  nombre  de  fes  Clochers  promet  de  loin  quelque  chofe  de  beau  & 
de  grand,  &  oti  y  compte  jufqu'à  foixante-dix  Monafteres;  mais  en 
approchant  de  la  Ville,  on  n'y  voit  que  des  murailles  de  bois,  &  des 
maifons  bâties  de  poutres  &  de  folives  defapin.  L'Hiftoiredupaïs  dit, 
qu'avant  que  la  Ville  de  Novogrod  eut  reçu  le  Chriftianifme ,  il  y 
avoit  une  Idole  que  l'on  appelloit  Perun ,  c'elt-à-dire  le  Dieu  du  feu , 
car  Perun  en  Langue  Mofcovite  lignifie  le  feu,  On  repréfentoit  ce 
Dieu  tenant  la  foudre  à  la  main ,  &  l'on  entretenoit  devant  lui  un  feu 
perpétuel ,  où  l'on  ne  brûloit  que  du  bois  de  chérie.  On  puniffoit  de 
mort  ceux  qui  en  avoient  foin  ,  s'ils  le  laiffoient  éteindre.  Ce  peuple 
ayant  reçu  le  Baptême,  jetta  cette  Idole  dansl' eau.  On  croit  que  le  Con- 
vent ,  que  l'on  appelle  Perunski ,  eft  bâti  au  lieu  où  étoit  autrefois  le 
Temple  de  ce  faux  Dieu.  Hors  de  la  Ville,  &  de  l'autre  côté  de  la 
Rivière,  il  y  a  un  Couvent  dédié  à  S.  Antoine ,  où  les  Mofcovites  gar- 
dent une  pierre  de  moulin,  fur  laquelle  ils  difent  que  ce  Saint  eft  venu 
de  Rome  en  ces  quartiers- là ,  defcendant  par  le  Tibre  ,  &  paflant  la 
Mer, puis  montant  dans  la  rivière  de  Volkou .jufqu'à  Novogrod.  On 
voit  une  Chapelle ,  où  ilsaflurent  que  S.  Antoine  eft  enterré,  &  que  fon 
corps  y  ctt  tout  entier  fans  aucune  corruption.  *  Olearius,  Voyage  de 
Mofcovie.  SUP. 

NOVOGRODEK,  furnommée  Litawiski ,  Ville  de  Pologne 
dans  la  Lithuanie ,  capitale  d'un  Palatinat  de  ce  nom.  Elle  eft  à  4. 
ou  î.  lieues  du  Fleuve  Niemed.  Le  Palatinat  de  Novogrodek  eft  en- 
tre la  Polaque  &  la  Polefie.  On  y  trouve  Wolkowiska  ,  Lako- 
■wicz,  Mir,  Slonim,  &c.  qui  font  les  principales   Villes  après  la 

Capitale. 

NOVOGRODEK  SEVIERSKI,  Ville  de  Lithuanie,  autrefois 
à  la  Pologne,  &  depuis  quelque  tems  à  la  Mofcovie. 

NOUVEAU-MEXIQUE.  Cherchez  Mexique. 

NOUR-MAHAL,  Reine  des  Indes,  femme  de  Jehan-guir, 
Grand  Mogol  en  i6io.  Elle  avoit  deux  noms: l'un  étoit  Nour-gehan- 
beeum  ,  qui  fignifie ,  la  Lumière  du  Monde  :  &  l'autre  Nour-Mahal , 
c'eft-à-dire  ,  la  Lumière  du  Serrail.  Cette  Reine  étant  fort  ambitieufe , 
ne  s'étudioit  qu'à  complaire  au  Roi ,  pour  venir  plus  aifément  à  bout 
de  fes  deffeins  :  &  ayant  une  grande  palTion  d'éternifer  fa  mémoire  ,  elle 
crut  n'y  pouvoir  mieux  réuITir  qu'en  faifant  fabriquer  en  fon  nom  quan- 
tité de  monnoye ,  ce  qu'elle  fit  avec  une  adrefl"e  admirable.  Pendantl'ab- 
fence  de  Sultan  Kourom ,  fils  du  Roi ,  qui  pouvoir  s'oppofer  à  fon  def- 
fein ,  elle  pria  Jehan-guir  de  lui  permettre  de  régner  feulement  vingt-qua- 
tre heures,  avec  une  autorité  fouveraine.  Cette  demandefurpritlcRoi, 
qui  aimoit  paffionnément  Nour-Mahal ,  8c  étoit  bien-aife  de  ne  lui  rien 


NOU.  NOY. 

refuferjmais  la  chofe  lui  paroilToit  d'une  dangereufeconfequence.  En'^ 
fin  il  fe  laifTa  gagner  par  les  carefles  de  la  Reine ,  &  lui  dit  qu'il  s'alloit 
retirer  pour  vingt-quatre  heures ,  Se  qu'elle  pouvoit  monter  fur  le  trô- 
ne pendant  ce  tems-là ,  pour  commander  fouverainement.  En  même 
tems,  il  fit  venir  en  fa  préfence  tous  les  Grands  qui  étoient  à  la  Cour, 
leur  ordonnant  de  lui  obéir  comme  fi  c'étoit  lui-même  qui  parlât.  Il  y 
avoit  long-tems  que  cette  Reine  avoit  fait  tous  fes  préparatifs ,  qu'elle 
avoit  fecretement  amaflTé  quantité  d'or  &  d'argent  dans  toutes  les  Villes 
où  l'on  bat  monnoye  ,&  qu'elle  y  avoit  fait  diftribuer  tous  les  coins  pour 
marquer  les  pièces.  Les  feuls  Maîtres  des  Monnoyes  avoient  part  à  foa 
fecretjSc  aucun  des  Grands  n'en  avoitpû  rien  découvrir.  Le  jour  étant 
donc  venu  qu'elle  s'affit  fur  le  trône ,  elle  envoya  en  diligence  des  Cou- 
riers  dans  toutes  les  Monnoyes  du  Royaume  j  avec  ordre  de  battre  de.? 
Roupies  d'or  8c  d'argent  jufques  à  la  fomme  de  deux  millions;  (la  Rou- 
pie d'or  vaut  environ  vingt  &c  une  livres  de  France  :  Si  la  Roupie  d'argent, 
trente  fols.)  Chaque  pièce  portoit  d'un  côté,  la  figure  d'un  des  douze 
Signes  du  Zodiaque ,  8c  de  l'autre  le  nom  de  Jehan-guir  avec  celui  de 
Nour-Mahal.  La  chofe  fut  fi  promptement  exécutée ,  fur  tout  dans  la 
Ville  où  elle  étoit  alors,  que  deux  heures  après  qu'elle  futfur  le  trône, 
elle  fit  jetter  au  peuple  quantité  de  ces  pièces  d'or  6c  d'argent ,  qui  eurent 
cours  pendant  le  règne  de  Jehan-guir:  Mais  Sultan  Kourom,  nommé 
depuis  Cha-gehan ,  ayant  fuccédé  à  fon  père ,  fit  mettre  ces  Roupies 
aii  billon,  de  forte  qu'il  ne  s'en  trouve  gueres;  8c  il  y  a  dés  Curieux 
qui  ont  donné  jufques  à  cent  écus ,  pour  une  Roupie  d'or ,  qui  n'en 
valoir  que  fept.  Le  Père  de  cette  Reine  étoit  Perfan ,  8c  n'étant  en  foa 
païs  que  fimple  Capitaine  de  Cavalerie ,  il  pafîa  aux  Indes  pour  fer- 
vir  le  Grand  Mogol,  qui  étoit  alors  Jehan-guir.  Dès  que  le  Roi 
l'eut  vu,  il  eut  bonne  opinion  de  lui  »  8c  après  avoir  éprouvé  fon  cou- 
rage 8c  fa  conduite ,  il  le  fit  Général  de  fon  armée  :  Mais  dans  h  fuite  du 
tems,  oubliant  les  bienfaits  qu'il  avoit  reçus  du  Roi,  il  fe  joignit 
avec  Sultan  Koufrou ,  fils  aîné  de  Jehan-guir ,  qui  vouloit  détrôner  fon 
père ,  8c  fe  faire  Roi.  11  fut  furpris  dans  cette  rébellion ,  8c  comme 
le  Roi  le  tenoit  en  prifon  dans  le  defTein  de  le  faire  niourir,  la  femme  8ê 
la  fille  de  ce  Général  d'armée  vinrent  fe  jetter  aux  pieds  du  Roi,  pour 
demander  fa  grâce.  Jehan-guir  fut  fi  charmé  de  la  beauté  de  cette  fille  j 
qu'il  lui  accorda  ce  qu'elle  demandoit ,  8c.  lui  donna  enfuite  toutes  fes 
affèâions.  Elle  favoit  le  Perfan  ,  l'Indien  8c  l'Arabe ,  Hc  avoit  un 
Génie  capable  de  conduire  un  Royaume.  C'eft  pourquoi  le  Roi  lui 
ayant  permis  de  régner  un  jour  entier  en  fa  place,  il  lui  confia  de- 
puis prefque  toute  fon  autorité ,  8c  c'étoit  elle  qui  donnoit  le  branle 
aux  plus  importantes  affaires  de  l'Etat.  *  Tavernier ,  Voyage  des  Indesi 
su  Pi 

NOUVELLE  ANGLETERRE ,  partie  de  l'Amérique  Septèii^ 
trionale,  que  les  François  mettent  dans  le  Canada,  8c  les  Anglois 
dans  la  Virginie.  Elle  eft  fituée  prefque  au  milieu  de  la  Zone  tempé- 
rée: c'eft  pourquoi  elle  devroitjoiiir  delà  même  température  d'air  que 
la  France  ;  mais  on  y  éprouve  le  contraire  :  car  le  pais  qui  eft  vers  la 
mer ,  eft  plus  froid ,  8c  ceux  qui  font  au  milieu  des  terres ,  font  un  peu 
plus  chauds.  Les  endroits  qui  regardent  le  Soleil  levant  font  auffi  plus 
froids  que  ceux  qui  regardentlecouchant:8clcs  vents  du  foir  y  font  plus 
chauds ,  que  ceux  du  matin.  La  terire  y  eft  très-fertile ,  félon  le  récit 
des  Anglois ,  8c  ne  rapporte  pas  feulement  du  mayz  que  les  Sauvages 
ont  accoutumé  d'y  femer,  mais  encore  du  blé  de  l'Europe ,  que  les 
Colonies  y  cultivent.  Le  rivage  eft  fourni  de  bons  ports ,  &  bordé 
de  plufieurs  Ifles  fort  propres  à  être  habitées.  Les  Sauvages  y  font 
affez  traitables ,  pourvu  qu'on  ait  l'adrefTe  d'en  bien  ufer  avec  eux. 
La  mer  y  eft  extrêmement  poiffonneufe,  8c  fort  commode  pour  les  fali- 
nes  :  le  dedans  du  païs  eft  rempli  de  divers  oifeaux ,  comme  de  coqs- 
d'Inde,  de  perdrix,  de  pigeons,  d'oyes,  de  canes,  de  cygnes, 8c  de 
grues.  Les  cerfs  y  font  en  grand  nombre,  8c  les  biches  y  font  quelque- 
fois trois  ou  quatre  faons.  On  y  fait  trafic  avec  les  Sauvages  de 
riches  peaux  de  caftors,  de  loutres,  de  martes,  8c  de  renards  noirs, 
qu'ils  donnent  pour  peu  de  chofe.  Il  y  a  des  vignes,  8c  des  mines  de  fer; 
^  les  Anglois  difent  qu'on  y  a  trouvé  des  perles  j  8c  de  l'ambre-gris. 

*  De  Lact,  Hifi.  du  Nouv.  Monde.  SUP, 

NOUVELLE  HOLLANDE,  partie  de  l'Amérique  Septentrio- 
nale ,  que  les  François  mettent  dans  le  Canada ,  Se  les  Anglois  dans  la 
Virginie.  Elle  eft  au  Midi  de  la  Nouvelle  Angleterre.  Ce  païs  eft  ex- 
trêmement fertile ,  félon  le  récit  des  Anglois.  On  y  voit  de  très-grands 
arbres ,  propres  non  feulement  pour  bâtir  des  maifons ,  mais  auffi  pour 
Gonftruire  de  fort  grands  navires.  Il  y  a  quantité  de  vignes  fauvages , 
que  l'on  peut  cultiver,  le  mayz  y  vient  en  abondance  :  8c  en  cultivant  la 
terre ,  on  y  peut  aifément  faire  venir  du  blé  d'Europe ,  du  lin ,  &c  du 
chanvre ,  comme  on  a  déjà  fait.  Les  forêts  font  pleinesde  gibier;  prin- 
cipalement de  cerfs.  Les  rivières  font  pleines  de  faumons  ,  d'étur- 
geons  &c  d'autres  poifTons  excellens.  Les  coqs-d'Inde ,  les  perdrix ,  Se 
toutes  fortes  d'oifeaux  de  bois  ou  de  rivières ,  s'y  trouvent  en  grande 
quantité,  8c  leur  chair  eft  très-délicate.  Il  n'y  a  que  le  bétail  8c  les  bêtes 
de  charge  qui  y  manquent ,  mais  il  n'eft  pas  difficile  d'y  en  tranfporter 
de  l'Europe.  L'air  y  eft  aflTez  tempéré ,  û  n'eft  point  incommode  aux 
nouveaux  habitans.  Les  Sauvages  y  font  divifez  en  plufieurs  Nations , 
beaucoup  diff'erentes  en  langage, mais  peudifTemblablesenmœursScen 
coutumes  de  ceux  qui  habitent  dans  la  Nouvelle  France.  Leurs  habits 
font  de  peaux  de  caftors ,  de  renards ,  ou  d'autres  bêtès  fauvages ,  dont 
ils  fe  couvrent  tout  le  corps  pendant  l'hyver ,  mais  l'Eté  ils  ne  portent 
que  quelque  peau  légère.  Leurs  armes  font  l'arc  &  les  flèches.  Leur 
principale  nourriture  eft  de  gâteaux  faits  avec  du  mtyz ,  8z  de  poiflbn , 
de  venaifon ,  ou  de  volaille.  Quelques-uns  vont  errans  çà  8c  là  :  d'au- 
tres ont  une  demeure  arrêtée  dans  les  cabanes  faites  de  grandes  pièces 
de  bpis.  Ils  n'ont  en  effet  aucune  Religion ,  mais  feulement  quelque 
culte  fuperftitieux  pour  leur  Menetto ,  qui  eft  un  nom  dont  ils  appel- 
lent ce  qu'ils  admirent,  8c  ce  qui  eft  au  deffus  delà  condition  humaine. 
Ils  donnent  le  nom  de  Sagamos  aux  Chefs  des  familles ,  qui  en  font  com- 
me les  Gouverneurs  ,8c  ils  n'ont  point  d'autre  Gouvernement  Politique, 

*  De  Laet ,  Hijioire  du  Nouveau  Monde.  S  UP. 

NOYERS  (Hugues  de)  Evêque d'Auxerre , étoit  de  cette  noble  5e 
ancienne  Famille  qui  porte  le  nom  de  la  Ville  de  Noyers  en  Bourgogne. 


'NOY,  NTO.NUB.  ,     . 

il  eut  de  fâcheux  démêlez  avec  ie  Comte  d'Aiixerre,  qui 'tâclia  de  noir-  i 
civ  la  bonne  réputation  de  ce  Prélat  par  toute  ','orte  de  calomnies.  Hugues  i 
ic  fervant  du  pouvoir  que  l:v  Dignité  lui  donnoit,  excommunia  ce  Ca- 
lomniateur &  tous  fes  Officiers  ,&  les  priva  de  la  fepulturé  Ecclefîalli- 
quejcequi  irrita  fi  fort  ce  Comte  qu'il  fit  enterrer  le  corps  d'un  enfant 
dans  une  desfales  de  l'Evêcné ,  &  chalîa  tous  les  Ecclefiaftiques  de  l' t'gli- 
fe  Cathédrale.  Cette  excommunication  dura  allez  long-teras,&  ne  fut 
levée  qu'après  la  fatisfadfion  du  Comte  d' Auxerre ,  qui  fut  obH-gé  de  dé- 
terrer lui  -même  le  Corps  de  cet  enfant  ,&  dé  l'apporter  nudspiez&  en 
chemife  dansie  Cimetiere.pour  l'y  enterrer  en  preience  de  toutic  peu- 
ple. Ce  Prélat  mourut  à  Rome  le  19.  Septembre  de  l'année  1106.  Le 
Pape  accompagné  de  tous  les  Cardinaux  affifta  à  fon  enterrement. 
^Sainte-Marthe,  Gnllia  Chrijimna.  SUP. 

NOYERS  Cherchez  Noïers. 

NOYON.  Cherchez  Noïon. 

NT. 

"Y  TOUPI,  nom  que  les  Grecs  donnent  aux  Excommunicz,après 
leur  mort,  parce  que  leurs  Corps,  difent-ils,  ne  pourriffent  point 
en  terre,  mais  s'enflent  &  réfonnent  comme  un  tambour,  quand 
on  les  roule.  On  dit  que  l'on  vit  un  e  preuve  de  cette  vérité  ,  fous  le  règne 
de  Mahomet  II.  Empereur  des  Turcs:  car  ce  Sultan  ayant  entendu  parler 
de  la  force  des  Excommunications  dans  l'Eglife  Gréque,il  envoya  dire 
à  Maxime  Patriarche  de  Conftantinople  qu'il  eûtà  trouver  le  Cadavre 
d'un  homme  excommunié  &  mort  depuis  long-tems,  pour  connoître 
en  quel  état  ilferoit.  Le  Patriarche  fut  d'abord  furpris,  &  communiqua' 
cet  ordre  a  fon  Clergé ,  qui  ne  fut  pas  moins  embarraifé.  A  la  fin  ,  les  plus 
anciens  fe  reilouyinrent  que  fousle  Pontificat  de  Gennadius,  il  y  avoit 
iine  très-  belle  femme  veuve,  qui  ofa  publier  une  Calomnie  cor.tre  ce  Pa- 
triarche ,  tâchant  de  perfuader  au  peuple  qu'il  avoir  voulu  la  corrompre  : 
&  que  ce  Prélatayant  affemblé  fon  Clergé ,  fut  contraint  del'excommu- 
nier.  Qu'enfuite  cette  Femme  étoit  morte  au  bout  de  quarante  jours,  & 
que  fon  corps  ayant  étéretiréde  terre  long-temps  après  .pourvoir  l'ef- 
fet de  l'excommunication  :  il  fe  trouva  entier,  Se  fut  inhumé  une  fécon- 
de fois.  Maximes'informa  du  lieu  de  fa  fepulturé ,  Se  après  l'avoir  trouvé 
en  fitavertir  le  Sultan,  qui  y  envoya  des  Officiers,  en  préfencedefquels 
on  ouvrit  le  tombeau,  où  le  cadavre  parut  entier,  niais  noir  &c  enflé 
comme  un  balon.  Ces  Officiers  ayant  fait  leur  rapport  .Mahomet  en 
fut  extrêmement  étonné,  &  députa  -^es  Bâchas,  qui  vintent  trouver  le 
Patriarche  ,  vifiterent  le  corps ,  &  le  firent  tranlporter  dans  une  Chapelle 
del'EgUfedePammacarifla ,  dontilsfcellerent  la  porte  avec  le  cachet  du 
Prince.  Feu  de  jours  après ,  les  Baçhas ,  fuivant  l'ordre  qu'ils  en  eurent 
du  Sultan,  retirèrent  le  cercueil  de  la  Chapelle, &  le  préfenterent au 
Patriarche  .  pour  lever  l'excommunication  ,  &  connoître  l'effet  de  cette 
cérémonie,  qui  remettoit  les  corps,  dans  l'état  ordinaire  des  autres  ca- 
davres. Le  Patriarche  ayant  dit  la  Liturgie ,  c'eft  à-dire  les  Prières  pref- 
crites  en  cette  occafion  .commença  à  lire  tout  haut  une  Bulle  d'abfolu- 
tion  pour  les  péchez  de  cette  femme  ,&  en  attendit  i'elïet  avec  des  lar- 
mes dezele,  &desafpirationsà  Dieu.  Les  Grecs  difent  qu'il  fe  fit  alors 
tin  miracle  dontune  foule  incroyable  de  gens  furent  témoins:  car  à  me 
fure  que  le  Patriarche  recitoit  la  Bulle  ,  on  entendo'it  un  bruit  fourd  des 
nerfs  &  des  os ,  qui  craquetoient  en  fe  relâchant ,  &  en  quittant  leur  fi- 
tuation  naturelle.  Les  Bâchas,  pour  donner  lieu  à  la  diffolution  entière 
du  corps,  remirent  le  cercueil  dans  la  Chappelle,  qu'ils  fermèrent  & 
fcellerent  avec  le  Seau  du  Sultan,  Quelques  jours  après,  ils  y  firent 
leur  dernière  vifite;  &  ayant  vtique  le corpsfc  reduiioit  en  poudre, ils 
en  portèrent  les  nouvelles  à  Mahomet,  qui  plein  d'étonnement  nepi'it 
s'empêcher  de  dite  que  la  Religion  Chrétienne  étoit  admirable.  Il  ne 
faut  pas  confondre  les  Ntoufi ,  dont  je  viens  de  parler  .avec  les  ^rowa- 
lacas,  ou  faux  reffufcitez.  qui  font  encore  aujourd'hui  beaucoup  de 
bruit  parmi  les  Grecs.  A  leur  dire,  les  Broucolacas  fontaulfi  des  Cada- 
vres de  perfonnes  excommuniées;  mais  au  lieu  que  les  Jir/i7/<:/>i  font  feu- 
lement incorruptibles,  jufqu'à  ce  qu'on  ait  levéla  Sentence  d'Excom- 
munication ,  les  Broucolacas  font  animez  par  le  Démon  qui  fe  fert  de 
leurs  organes, les  faitparler,  marcher  .boire  &  manger.  Les  Grecs  di- 
fent que .  pour  ôter  ce  pouvoir  au  Démon ,  il  faut  prendre  le  cœur  du 
Broucolacas .  le  mettre  en  pièces ,  &  l'enterrer  une  féconde  fois.  *  Guillet, 
Sfloire  du  Règne  de  Mahomet  II,  SUP. 

NU.  • 

N  UBÀ.eft  le  nom  que  Gabriel  Sionita&  Jean  Hefronita  Maro- 
nites donnent  à  l'Auteur  d'une  Géographie  écrite  en  Arabe,  & 
imprimée  à  Rome  en  isçT-.fousleûliedeGéographieUniverfel- 

/e.  Scaligcr  parle  dans  fes  Lettres  de  cette  Géographie  qui  a  été  traduite 
en  Latin  par  les  deux  Maronites  que  nous  venons  de  nommer;  leur  ver- 
lion  a  été  imprimée  à  Paris  en  16 1 9.  Ce  Géographe  a  fait  une  Defcription 
de  tout  le  Monde,  principalement  de  rAfîei>c  de  l'Afrique.  Sonexafti- 
tude  paroît  en  ce  qui  regarde  l' Arabie  où  il  n'oubhe  rien  ;  mais  il  n'eft  pas 
cxaét  dans  la  defcription  de  l'Europe  où  il  n'avoit  point  voyagé,  fi  ce 
n'eft  en  Efpagne.  Il  yaauflî  un  grand  nombre  de  fautes  dans  les  noms 
propres:  ce  qui  arrive  à  toutes  ces  fortes  de  Livres,  fur  tout  étant  écrits 
dans  les  Langues  Orientales.  Les  Interprètes  en  ont  rétabli  quelques- 
uns.  Cet  Auteur  Arabe  vivoit  il  y  a  au  moins  500.  ans  fous  Roger  II. 
Roi  de  Sicile.  On  ne  fait  pas  bien  de  quelle  Religion  il  étoit.  Cafau- 
bon  a  crii  qu'il  étoit  Mahometan  ;  mais  les  deux  Maronites  qui  l'ont 
traduit  en  Latin  rapportent  quelques  paflages  de  fa  Géogtaphie ,  d'où 
ils  prétendent  prouver  qu'il  a  étéChtétien.  Ils  ajoutent  qu'il  ne  s'eft 
pas  voulu  déclarer  ouvertement  fur  la  Religion ,  afin  que  fon  Livre 
fût  lu  également  desOhtétiens  &  desMahometans.  Pource  qui  eu  de 
fon  Fais ,  ils  lui  ont  donné  le  nom  de  Naèa  ,croyantqu'il  étoit  de  Nu- 
bie, ce  qu'ils  tâchent  d'inférer  d'un  endroit  de  ion  Livre  :'C'efl:  pour- 
quoi on  a  appelle  cette  Géogtn'phie Geographia  Nitbimjls.  *  R.Simon. 
S  UP.  [Nuba  n'eft  pas  un  nom  propre ,  mais  un  nom  de  Nation  ,  qui 
marque  que  cet  Auteur  étoit  de  Nubie.  Voici  comme  en  ^iûejean 
Gravius  pag.  3  7 1.  de  fes  notes  fur  les  Tables  à^Abulfeda  Sçharifol  Adrifi, 
1m.  iV,  "  " 


NtJB.  NUC,  NUD^TSIUL         4! 

cbmme  qui  diroit,  l'illiiflre  dcjundant  i'^irfm.  LelirotdeScVw/eft  un 
titre  que  prennent  lesdefcendans,  ou  les  parens  de  Mahomet.  Voici 
fon  num&l'csrurnoms:  Abu  Abdollah  ,  Mohammed, Ebn  Moham>7ted, 
Ebn  Abdollah  ,  Ebn  Adris  Imperatoris  Fideliiim.  Adris  &  les  Adrifides 
femblent  avoir  autrefois  régné  en  quelque  endroit  de  l'Afrique.  Roger 
II.  Koi^de  Sicile  ,  qui  vivoit  au  XI  r.  Siècle,  avoir  engagé  cet  Arabe  à  écri- 
re de  Géographie ,  pour  expliquerles  noms  des  lieux  ,  qui  étoient  fur  un 
Globe  terreftre  d'argent  que  ce  Prince  aVoit  fait  faire,  &  qui  pefoit 
.(00.  hvres  Gréques,  dont  chacune  contient  m.  dragmes.  Voyez 
aulE  Bibliothèque  Urientate,  de  Barth.  Dherbelot,  au  mot  Scher'tf  al 
Edrijfi.] 

NUBIE,  grande  région  d'Afrique  qne  ceux  du  pais  nomment 
Nouba,  &  les  Auteurs  It.rliens  Nubia.  C'eft  l'ancien  pais  des  Nubes, 
Nubeens  ou  Nubades,  que  quelques-uns  ont  nommé  petite  Egypte.  . 
Elle  eft  le  long  du  NilKc  du  Fleuve  Nubio, entourée  de  Montagnes; 
entre  ce  fleuve  &  les  défcrts  de  Barca  ,  qu'elle  a  au  Septentrion  ;  ceux  de 
Zaara  au  Couchant  ;&  l'Ethiopie  Supérieure  ou  pais  des  Abyffins ,  aa 
Levant  &  au  Midi.  Sa  Ville  capitale  eft  Dancara,&  les  autres  principa- 
les font  Nubia,  Cufa,  Gualva,  Jalac  &Sula .  Le  pais  eft  aflTez  riche  &  fer-' 
tile  vers  le  Nil.  On  en  tire  du  bois  de  Sandal,de  lor,  de  la  civette* 
de  l'ivoire;  &  le  paisproduit, félon  Jean  deL,eon,unpoifontrès-vio- 
lent,  dont  un  grain  pourroit  faire  mourir  dix  perfonnes.  Les  Nu- 
biens font  alfez  courageux  &  lùbtils.  Ceux  que  nous  connoiffons  aiment 
le  trafic  &  le  l.ibourage.  Leur  Pais  produit  des  cannes  de  fucre  j 
mais  ils  ne  lavent  pas  le  faire  valoir.  l_es  Nubiens  obeïlfent  à  un  Roi, 
quia  ordinairemenr  des  troupes  fur  la  frontière,  pour  s'y  oppofer 
aux  Turcs  &  aux  Abiffins.  LeSchenf  Adrifi,  Auteur  de  la  Géogra- 
phie de  Nubie,  étoit,  comme  le  croient  quelques-uns,  de  cePais.Cpn- 
fultez  Ptolomée,PUne,StrabonJean  de  Leon&Mannol  Defcr.Afr, 
[Voyez  auffi  Bibliothèque  Orientale  de  Barth.  Dherbelot ,  au  mot 
Noiibah.  ] 

NUBUNANGA,  Roi  du  Japon  ,  qui  ôta  la  Souveraineté  au  Dai- 
ro,à  qui  cet  Empire  appartenoit,&  lui  laifli  feulement  la  qualité  de 
Prince  en  1570  11  eut  pour  fuccelîeur  TaxibaQuaba,  en  1586. après 
lequel  régna  Tarkofamma  qui  prit  le  titre  d'Empereur  du  Japon  ,  en 
1 600.  ayant  obligé  le  Daifo  de  renoncer  a  toutle  droit  qu'il  pouvoir  pré- 
lendre  a  fEmpire.  *  Hornius ,  Orb.  imfer.  SUP. 

NUC  A  (Jean)  dernier  Grand-Juge  d'Arragon.  Ce  Grand-Juge, 
(que  l'on  appelloit  ordinairement  la  Juttice  d'Arragon) étoit  un  Ma- 
giftrat  Souverain,  que  le  Peuple  élilbit  pour  foûtenir  fes  privilèges; 
&  le  Roi  d'tfpagne-  étoit  obligé  de  faire  ferment  à  genoux ,  &  la 
tête  nue  en  fa  préfence  ,  qu'il  n'ordonneroit  aucune  chofe  contre  les 
immunitez  &  les  franchifes  des  Arragonnois.  On  pouvoir  préfenter 
à  ce  Grand-Juge  des  plaintes  contre  le  Roi  même,  &:  l'accufer  des  inr 
juftices  qu'il  auroit  commîtes.  Le  pouvoir  de  ce  Magiftrat  étant 
odieux  &  infupportable  aux  Kois,  ils  tâchèrent  de  le  détruire  peu  à 
peu.  L'an  .'469.  on  créa  dix-fept  Cenfeurs  ou  Inquifiteurs,  à  qui 
le  Grand  Juge  d'Arragon  devoir  rendre  compte  de  la  conduite  tous 
lesans;  &  enfin  l'an  1591.  Philippe  II.  Roi  d'Efpagne,  alla  affieger 
Sarragoffe  , qu'il  prit,&  fit  couper  la  tête  àNuca.abohflantainfîune 
autorité  qui  tenoit  en  bride  la  puilTance  fouveraine  des  Rois.  *  Hor- 
nius ,  Orb.  Imp.  s  UP. 

NUCHESES.  Cherchez  Neuchaifes. 

NUDI  PEDALES,  Sacrifices  que  les  Juifs  faifoient ,  ayant  les 
piez  nuds,  pour  être  délivrez  de  quelque  grande  afïlidlion.  Après 
avoir  fait  des  prières  pendant  trente  jours, qu'ils  s'abftenoientaufii  de 
vin ,  ils  fe  rafoient  les  cheveux  8c  alloient  nuds  piez  au  Temple  ,  où 
ils  facrifioient  des  Vidimes,  Les  Juifs  fe  voyant  opprimez  par  les 
vexations  de  Florus  Gouverneur  de  la  Judée  pour  l'Empereur  Néron, 
firent  la  cérémonie  des  NudipeQales,avec  une  folemnité  extraordinai, 
re.  Bérénice  même  fœur  du  Roi  Agrippa  ,  alla  à  Jerufalem  ;  & 
après  avoir  donné  des  marques  publiques  de  fa  pieté,  dans  le  Tem- 
ple ,  elle  fut  fe  préfenter  devant  le  tribunal  de  Florus  ayant  auffi  les 
piez  nuds  ;  mais  elie  ne  piit  rien  obtenir  en  faveur  des  Juifs.  *Jo- 
feph,  Eell.  Jud.  lib.  2.  S.  Jérôme,  adverfus  Jovinian.  Les  Grecs, 
les  Romains  .'■:  plufieurs  autres  peuples  ont  auffi  obfervé  ces  mêmes 
folemnitez.  Tertullien  en  parle  en  fon  Apologétique,  cap.  40.SUP. 

NUDS- PIEDS,  Spiiituels  ou  Séparez,  Anabaptiftes  qui  s'élevè- 
rent en  Moravie  dans  le  XVI.  Siècle.  Us  fe  vantoient  d'imiter  la  vie 
des  Apôtres,  Scpourcelails  vivoientàla  campagne  j  marchant  les  piez 
nuds;  &  ayant  une  extrême  averfion  des  Arm.es,  dés  Lettres,  &  de l'efti- 
me  des  peuples.  *Prateole,  V.  Nttdip.  zy  Spint.  Florimond  de  Rai- 
mond,  li.  1.  c.  16.  n.  g. 

NUIS  ou  Neus,  Ville  d'Allemagne  dans  l'Archevêché  ds  Colo- 
gne ,  fur  le  Rhin ,  en  l'endroit  où  il  reçoit  l'Erpt.  Les  Auteurs  La- 
tins la  nomment  No-uefuim.  Elle  eft  ancienne  ,  forte,  &  célèbre  par 
la  réllftance  qu'elle  fit  à  Charles  le  Téméraire ,  Duc  de  Bourgogne  < 
qui  l'afllegea  durant  un  an.  L'Empereur  Frédéric  III.  lui  donna  de 
grands  Privilèges.  Nuis  a  une  Eglife  Collégiale.  Elle  a  été  fou- 
vent  prife  &  reprife,  durant Jes  guerres  d'Allemagne  du  XVII.  Siècle. 

NUIS  ou  Nuits,  petite  ville  de  France  en  Bourgogne:  fur 
l'Armanfon ,  entre  Mombard  &  Tonnerre.  Elle  a  le  Bailhage  &  Siè- 
ge fubalterne  de  Dijon.  Quelques  Auteurs  ont  eftimé  que  Nuits  eft 
l'ouvrage  des  anciens  Nuirons,  venus  d'Allemagne  avec  les  Bourgui- 
gnons, 

NUIS  ou  Terre  de  Pierre  Nuits,  que  les  Hollandois  nomment 
't  latid  -uan  Pieter  Nuitz ,  partie  de  la  nouvelle  Hollande .  que  Pierre 
Nuits  Hollandois  découvrit  en  lôzj. 

NUIT  :  Efpace  de  tems  depuis  le  coucher  du  Soleil  ,jufques  au  le- 
ver fuivant.  C'eft  une  chofe  aflez  remarquable  que  les  anciens  Gau- 
lois, &  les  Germains  qui  habitoient  au  delà  du  khin  ,  exprimoientle 
tems  par  le  mot  de  nuit,  au  lieu  de  compter  par  jour,  comme  font 
toutes  les  autres  Nations  de  la  Terre.  Peut-être  que  commençant  leur 
jour  civil  au  coucher  du  Soleil,  ils  luidonnoientlenom  de fi  première 
partie, qui  étoit  la  nuit;  comme  nous  l'apprenons  de  ces  paroles  dei 
Moifc,£x  -velpere  vmamfailus  efi  dies  uruts,  *D.Petau,^e  DoHrina 

^""^•^-^"=  E  "  NUIU 


'4% 


NUL  NUM. 


NUIT -Divinité  adorée  par  les  anciens  Payens.Quelques  Auteurs  la 
faifoient  fille  du  Chaos  &  des  Ténèbres  ,  &  quelques  autres  fille^du 
Ciel  &  de  la  Terre.  Elle  époufa  ,  difent  les  Poètes ,  Erebe ,  Dieu  des  bn- 
fers ,  &  en  eut  plufieurs  en  fans,  comme  le  Deftin ,  la  Vieilleffe  ,1e  Som- 
meil'   la  Mort.  *  Hefiode ,  Macrobe  ,  Satur.  /.  i .  c.  lo.  S U P. 

nÛMA  POMPILIUS,  fécond  Roi  des  Romains,  étoit  de  Cu- 
res, Ville  du  Païsdes  Sabyis,&filsde  PomponiusPompilius.  Les  Ro- 
mains étoient  fi  perfuadei  de  fa  vertu  ,  qu'ils  furent  le  prendre  dans  fa 
Ville  pour  le  faire  leur  Roi,  après  la  mortdeRomulus ,  l'an  40.  de  Ro- 
me Il  établit  plufieurs  cérémonies  facrées,afin  d'adoucir  par  la  Reli- 
gion, le  naturel  farouche  d'un  peuple  barbare.  Il  bâtit  un  Temple  a 
Vefta ,  Se  choifit  des  filles  qui  lui  étoient  confacrées,  &  qui  avoient  foin 
de  garder  le  feufacré.  Il  établit  huit  Collèges  de  Prêtres,  &  entre  ceux- 
là  on  voyoit  les  Prêtres  de  Mars ,  les  Augures ,  les  Saliens ,  les  Curions, 
les  Flamines ,  les  Fcciaux ,  &c.  Num'a  ordonna  auffi  qu'on  honorât  Ja- 
nus  à  double  front,  qu'il  prit  pour  Symbole  de  la  paix  &de  la  guérie. 
Il  divifa  l'année  en  douze  mois;  &  publia  des  Loix  très-importantes,  fai- 
fant  accroire  qu'il n'entieprenoit  rien  que  parl'avis  delà  Nymphe  Ege- 
rie  qui  étoit  fon  époufe,  comme  quelques  Auteurs  le  prétendent.  Numa 
avoit  époufé  Tatia ,  fille  de  Tatius ,  Collègue  de  Romulus ,  doniil  eut 
quatre  fils,  chefs  de  quatre  familles,  &  une  fille  mariée  aTuIlus  Hofti- 
Mus  qui  lui  fucceda.  Quelques  Anciens  ont  dit  qu'il  étoit  Pythagori- 
cien ,  mais  il  eft  vifible  qu'ils  fe  trompoient ,  puifque  Pythagore  n'a  vé- 
cu que  fous  Tarquin  ï  Ancien.  Son  règne  fut  de  41  ans  ;  &  il  mourut  en 
la  Si. de  Rome.  *  Tite-Live  ,li.  i .  Florus ,  /i.  i .  c.  1  Aurehus  Viflor , 
de  vir. illufl.  t.  3.  Denys  d'HalicarnaiTe  .  /  1.  n\jl.  Plutarque , en[a  vis. 

NUMAI  (Chrifl:ophle)  Cardinal ,  Evêque  de  Seignia  &  d' Alatro  , 
étoit  natif  de  Forh.  Il  fe  rendit  habile  dans  les  Sciences,  parmi  les  Re- 
ligieux de  l'Ordre  de  Saint  François ,  dont  il  fut  Général;  &  le  Pape 
Léon  X.  le  fit  Cardinal,  le  premier  de  Juillet  de  l'an  mil  cinq  cens  dix- 
fept.  Quelques  Auteurs  difent  qu'il  avoit  étéConfeiTeur  deLouife  de 
Savoye,mere  du  Roi  François  I.  Il  eft  fur  qu'il  fit  un  voyage  en  Fran- 
ce depuis  fapromotion.il  étoit  à  Rome  lorfque  cette  Ville  fut  pnfe 
par  les  Impériaux.  Le  Cardinal  de  Numai  y  fut  très- mal  traite  par  les 
foldats  Proteftans  ,  qui  n'ayant  rien  trouvé  chez  lui,  s'en  prirent  à  fa 
perfonne.  Il  en  mourut  neuf  ou  dix  mois  après  à  Ancone,lcî3.  Mars 
1528.  *U?hel,/M/.  Sacr.  Onuphre  ,  Aubéri,  &c. 

NUMANCE,  ancienne  Ville  d'Efpagne,  qui  a  été  célèbre  par  fes 
guerres  ,&  par  le  Siège  qu'elle  foûtint  contre  les  Romains,  durant  qua- 
torze ans.  Florus  avoue  de  bonne  foi,  que  les  Romains  entreprirent 
cette  guerre  injuftement.  Les  Numamins  reçurent  chez  eux  ceux  de 
Segeda  leurs  parens  &  leurs  alliez,  qui  s'étoient  fauvez  des  prifons  des 
Romains.  Ils  intercédèrent  pour  eux;maisles  derniers  coururent  aux 
armes.    Ainfi  ceux  de  Numance  y  vinrent  auffi ,  &  réduifirent  par 
leur  courage  à  un  Traité  infâme  iïmiUus  Lepidus ,  &  C.  Hoftilius 
Mancinus,  Confuls  en  617.  de  Rome.  On  dit  qu'un  habitant  de 
Numance  preflTé  par  deux  jeunes  hommes  également  confidérables ,  de 
leur  donner  fa  fille  en  mariage ,  qu'ils  aimoient  pafl:ionnément  ;  ce  pè- 
re embarrafle  dans  ce  choix ,  leur  dit  qu'il  donneroit  fafiUe  àceluides 
deux  galans  qui  lui  apporteroit  le  premier  la  main  d'un  Romain. 
Ces  deux  braves  s'approchèrent  du  Camp  des  ennemis,  qu'ils  trouvè- 
rent dans  un  très-grand  défordre.  Ils  retournèrent  enfemble  à  la  Ville, 
&  firent  prendre  les  armes  à  tous  ceux  qui  les  purent  porter.  Enfui- 
te  ils  revinrent  donner  dans  les  retrancheraens  des  ennemis,  qu'ils  em- 
portèrent ;  &  furprircnt  fi  bien  Mancinus ,  qu'il  fut  obligé  pour  fe  ti- 
rer d'affaires ,  de  conclurre  une  paix  très-honteufe  pour  Rome.  Ce 
Traité  deshonora  les  Confuls.  La  faveur  exempta  le  premier  de  la 
punition  de  fa  mauvaife  conduite  ;  &  l'autre  fut  livré  aux  ennemis ,  tout 
nud  &  les  mains  fiées  derrière  le  dos,  par  les  hérauts  d'armes.  Mais 
ceux  de  Numance  refuferent  de  le  recevoir.  Cependant  cette  Ville  qui 
avoit  foùtenu  durant  tant  d'années  l'effort  de  quarante  mille  hommes , 
paflbit  pour  imprenable.  Scipion  l'Afriquain  fit  voir  qu'elle  ne  l'é- 
toit  pas.  Il  enferma  cette  Ville  par  de  grands  travaux  ,  mit  en  fuite  les 
habitans.lesréduifit  à  fe  faire  mourir  de  défefpoir  ;&  enfin  prit  ôcrafa 
Numance  quinze  mois  après  fon  arrivée.  Il  eft  vrai  que  n'ayant  rien 
trouvé  dedans,  letriomphe  ne  fut  que  de  nom.  Les  Numamins  défef- 
perez  brûlèrent  leurs  femmes  &  leurs  enfans,  avec  ce  qu'ils  avoientde 
plus  cher  ;  &  fe  précipitèrent  tous  nuds  dans  les  armes  des  Romains. 
Pline  dit  que  le  butin  de  cette  Ville  puiffante  ne  confifta  qu'en  feptmil- 
,  le  hvres.  Cela  arriva  l'an  (Sio.  de  Rome.  Les  reftes  de  cette  Ville  font 
dans  la  Caftille  Vieille  ,à  unelieuë  de  Soria,  en  un  lieu  que  les  Efpagnols 
appellent  Puente  Garai.  *Tite-Live,  Itb.  56. 57.  Florus,//^.  1.  w/>.  18. 
.Velleius  Paterculus,  li.r.  Appien,  Strabon  ,  Pline,  &c. 
NUMANTANUS  Cherchez  Crefcentius. 
NUM ANTt ANUS.  Cherchez  Rulilius. 

NUMENIUS,  Auteur  Grec,  natif  d'Apamée  Ville  de  Syrie,  étoit 
•an  Philofophc,  qui  fit  un  Traitédes  principes  de  Pythagore  &  de  Pla- 
ton. Il  difoit  que  ce  dernier  avoit  tiré  de  Moïfe  fon  difcours,  dans 
lequel  il  parle  de  Dieu  &  de  la  création  du  Monde  :  ^id  tmm  eft 
Plato  qttkm  Mojes  Atticijjans?  On  croit  qu'il  a  vécu  dans  le  II.  Siè- 
cle. Il  fit  d'autres  Ouvrages  que  celui  dont  j'ai  parlé.  *  Eufebe,  Pnp. 
■  Evang.  li.  11.  13.  ct*  14.  Diogene  Laërce  ,  li.  9.  Athénée  ,  U-v.  7.  g"  9. 
Suidas,  &c.  [Le  Sr.  Moreri  s'eft  lourdement  trompé  en  confondant 
leNumenius,  dont  parle  Diogene  Laërce  Lib  IX. dans  la  viedePyr- 
rhon,  avec  le  Pythagoricien  Nuraenius ,  puifque  le  premier  étoit  Pyr- 
rhonien ,  &  femble  avoir  vécu  du  temps  de  Pyrrhon.  Voïcz  Dio^en. 
Lib.  IX.  §.68.&  loz.  de  l'Edition  d'Amfterdam.] 

NUMENIUS ,  nom  d'un  Rhétoricien ,  dont  Suidas  fait  mention. 
NUMENIUS  ,  difciple  de  s-yrrhon  ,  dont  parle  Diogene  Laërce, 
&  un  d'Heradéecité  par  Athénée.  Diog.  Laërce  Liv.  IX. 

NUMERIE  étoit  dans  le  PaganifmelaDéeflequipréfidoit  àl'A- 
rithmetique ,  on  l'invoquoit  pour  ne  fe  pas  tromper  dans  les  comptes. 
Son  nom,  comme  l'on  voit,  étoitprisde  ««wfraj,  nombre* S.  Au- 
guftin ,  de  Civit  Dei.  S  U  P. 

NUMERIEN,  Empereur,  étoit  fils  de  Carus  &  frère  de  Carin. 
Il  fuivit  fon  père  en  Orient ,  étant  déjà  Ccfar;  &  après  la  mort  de  ce 
Prince, il  fut  déclaré  Empereur.  Comme  ilaimoit  beaucoup  fon  père. 


NUM.NUN.NUP.NUR. 

le  regret  qu'il  eut  de  cette  mort  le  rendit  malade  ;  de  forte  qu'il  fe  faifoiî 
porter  en  litière.  Arrius  Aper  ,  dont  il  avoit  époufé  la  fille,  fefervantde 
cette  occafion  le  tua ,  croyant  qu'il  pourroit  prendre  fa  place.  Ce  fut 
l'an  184.  Mais  les  foldats  demandant  à  voir  l'Empereur,  Scia  puanteur- 
leur  faifant  foupçonner  ce  qui  étoit  arrivé ,  ils  découvrirent  l'aflaffinat, 
&  firent  mourir  falTaflin.  On  dit  que  Numerien  étoit  éloquent,  qu'il 
déclamoit  de  bonne  grace.,&  qu'il  vainquit  en  vers  tous  les  Poètes  de  fon 
tems,  même  Olympius.Nemefianus,  &  Aurehus  Apollinaris.  Celui- 
ci  avoit  écrit  la  vie  de  Carus  en  vers  ïambes,  &  l'autre  avoit  compofé 
un  Poème  de  la  pêche,  &  des  chofes  maritimeSi  •Vopifcus,  i»  Na- 
mer.  Aurelius  Viélor ,  Éutrope ,  &c. 

NUMIDIE ,  Région  d'Afrique  qui  comprend  à  j>éu  près  le  Bile- 
dulgerid  d'aujourd'hui,  ainfi  nommé  a  caufe  du  grand  nombre  de  dattes   , 
qui  font  dans  le  Pais,&  qui  en  fontlaricheffe.Cepaïsa  la  Mer  Atlan- 
tique au  Couchant  ;  le  Délèrt  ou  Zaara  au  Midi  ;  l' Kgy  pte  au  Levant  ;  8c 
la  Barbarie  au  Septentrion. Les  peuplesfontgroffiers.&ordinairement 
ont  la  vue  courte.à  caufe  du  fable  que  le  vent  leur  jette  dans  les  yeux. Les 
dattes  leur  font  tomber  les  dents  de  bonne  heure.  Les  principales  con- 
trées font  Biledulgerid ,  qui  donne  fon  nom  au  refte  du  Pais ,  Sous  avec 
la  Ville  de  Taradunte.'Teflet,  Darha,  Zegelmeife,Tegorarin,Zebj 
Feflen,  le  Défert  de  Barca,&c.  CePâïs  eft  habité  par  les  Originaires  * 
&  par  les  Arabes.  On  y  compte  plufieurs  Princes  Mahometans.qui 
font  fouvent  en  guerre ,  ce  qui  caufe  les  divers  changemens  des  noms 
des  Villes.  Il  y  a  auflî  la  Numidie  propre  ou  particulière  j  qui  a  les 
Royaumes  de  Bugie&ide  Conftantine ,  compris  dans  celui  d'Alger.  Lé 
Golfe  de  Numidie  a  le  nom  de   Golfe  de  Store.  Les  Villes  qui  ont 
■  été  le  plus  confidérables  font  Tebefla ,  ou  Thevefte ,  Tabarca ,  Hippon- 
ne  ouBonne  ,  Migane  ou  Lares ,  Lambefa  ou  Lambcfca, Conftantine  ou 
Cirte,  Amedar,  Antrangues  ou  Sicca  Kewrw , Bii'erte  ou  Utique,  &c. 
Les  Numides  ont  eu  des  Rois  puiif.ms.  Mafllnifla  fervit  fi  bien  les  Ro- 
mains durant  la  dernière  guerre  Punique,  qu'il  profita  de  leurs  conquê- 
tes, il  eut  trois  fils,  Micipfa  qui  lui  fuccéda,  Manaftabal  &  Gululîa; 
Le  premier  laiffa  Adherbal  £c  Hiempfal  ;  8c  Manaftabal  fut  père  de  Ju- 
gurtha  ,  que  les  Romains  foûmirent.   Les  Provinces  de  Numidie 
avoient  autrefois  un  dénombrement differentpour  les  chofes Ecclefiaf- 
tiques.  *Ptolomée,  Strabon ,  Pline ,  Salufte,  &c.&  Jean  de  Léon  8c 
Marmol ,  Tiefcr.  Africx,  Cluvier,  Sanfon ,  du  Val,  &c.  Geogr.  Cher- 
chez Biledulgerid.  [Sallufte  croit  que  le  nom  des  Numides  cil  venu  de 
celui  des  Nomades ,  mais  les  Numides  n'étant  pas  venus  de  Grèce,  il  n'y 
a  pas  d'apparence  que  leur  nom  vienne  d'un  mot  Grec.  Il  Viendroit 
plutôt  du  mot  Moud,  qui  fignifie  en  Arabe  c^dwger  de  demeure,  remuer; 
en  forte  que  la  première  lettre  N.  foit  fervile ,  comme  parlent  les 
Grammairiens.  Le  nom  des  Maures  vient  auflà  d'un  mot ,  qui  fignifie 
partir  ,  changer.'^ 

NUMITOR,  étoit -fils  de  Procas,  Roi  d'Albe  qui  rilotirilt  l'an 
trois  mil  deux  cens  cinquante-neuf  du  Monde ,  &  frère  d'Amulius. 
Procas  les  fit  héritiers  de  fa  Couronne,  à  condition  qu'ils  regneroient 
tout  à  tour  l'un  après  l'autre,  d'année  en  année.  Mais  quand Amulius 
fut  fur  le  thrône,  ilne  voulut  jamais  permettre  à  fon  frère  d'y  monter. 
On  dit  même  que  pour  lui  ôtertoute  efperancede  pofterité ,  il  fit  alTaf- 
finer  fon  fils  Laufus  à  la  chaffe,  &  agit  fibienqueRheaSilvia,quiref- 
toit  fille  unique  de  Numitor,  fut  mife  entre  les  Veftalés.  Mais  cette  fil- 
le ayant  eu  quelque  amourette,  devint  grofle,&  on  publia  que  c'étoit 
l'ouvrage  du  Dieu  Mars.  Remus  &  Romulus  naquirent  peu  après; 
&  étant  devenus  grands,  comme  je  le  dis  ailleurs,  ils  tuèrent  leur 
grand-oncle,  &  remirent  leur  ayeul  fur  le  thrône,  Ce  fut  l'an  3300.  du 
Monde.  *Tite-Live  ,  /;.  i.  Aurelius  Vidor,  des  Hommes illttfi.c.  i. De- 
nys d'Halicarnaffe ,  ôîc. 

NUNNEZ  FERDINAND  DE  GUZMAN.  Cherchez 
Guzman. 

NUNNEZou  Nonnius  (Pierre)  Mathématicien  ,  étoit 
d'Alcazar  de  Sal  en  Portugal,  &  il  vivoit  dans  le  XVI.  Siècle,  en 
1570.  Ses  Ouvrages  lui  acquirent  beaucoup  de  réputation.  Les  prin- 
cipaux font  ,  De  arte  navigandi  Lib.  II.  Be  crepufculis ,  Lib.  r. 
Annotationes  ia  Arift  problema  mechanicum  di  motit  navigii  ex 
remis.  Annotât,  in  Planetarum  Theorias  Georgii  Ptfrbachii  ,  zs'C. 
*  Refendius  ,  in  antiq.  Lufitanar.  Comm.  Nicolas  Antonio.,  Sthl. 
Hifp.  &c. 

NUNNEZDE  AVENDANNO  (Pierre)  Jurifconfulte  Ef- 
pagnol,  étoit  un  Avocat  célèbre  qui  vivoit  en  1530.  &  40.  Covarru- 
vias,  Antonio Padilla  &  d'autres,  parlent avantageufementdelui.il fit 
divers  Ouvrages,  DiHionarium  Hifpanum  vocum  antiquarum,  quibus 
Partitariim  Leges  ct-  estera  régis  Conftitutiones  utuntur  :  De  exeqiiendis 
mandatis  Regum  Hifjxinid ,  qu&  ReHoribus  Civitatum  dc.ntur ,  zirc.  *  Ni- 
colas Antonio ,  Bibl.  Hifp. 
N  U  N I U  S.  Cherchez  Delcadillo. 
N  U  -  P I  E  D  S.  Cherchez  Nuds-pieds. 

NUREMBERG  ou  Norimeerg,  grande  Ville  Impériale 
en  Franconie ,  Province  d'Allemagne.  Les  Latins  la  nomment  Nori- 
corum  mons,   Noriberga,  &   Narimberga.   Elle   eft   confidérable  par 
fon  commerce,  par  fes  belles  rues, 'par  fes  magnifiques Eglifes, par 
fon  Château,  par  fon  Arcenal,  parfes  deux  Foires,  Scpar  fes  manu- 
faélures.  On  en  eftime  fur  tout  les  quinquailles  &  les  horloges.  Cette 
Ville  fituée  fur  le  Peignitz,  qui  l'ayant  traverfée  va  tomber  dans  le  Re- 
duitz,fut  fondèepar  les  Noriciena,  fur  une  colline  de  la  Forêt  Her- 
cinienne;  &elle  leur  fervit  d'azile  contre  la  fureur  d'Attila  en  quatre 
cens  cinquante.  File  s'accrut  dans  la  fuite.  L'Empereur  Henii  V.  la 
ruina.  Conrad  lil.  Henri  VI.  &  Charles  IV.  la  rétablirent  &  l'aug- 
mentèrent. Les  habitans  l'agrandirent  confidérablement  en  mil  cinq 
cens  trente-huit,  &  la  fortifièrent  beaucoup  l'an  163Z.  Elle  a  été  aux 
Ducs   de    Soiiabe.  Frédéric    Barberoujfe    la   rendit  libre.  Henri  le 
Severej  établit  l'an  11 94.  un  Burgraviat,  qu'on  rendit  depuis  con- 
fidérable par  fes  dépendances.  Frédéric  I.  Fleéleur  de  Brandebourg, 
vendit  en    14x7.  ce    Burgraviat  aux  habitans   de  Nuremberg  ;   ce 
qui  fut  un  grand  fujet  de  guerre,  qui  dura  jufqu'en  1551.  qu'on 
la  termina  pat  un  prèfent  de  deux  cens  mille  écus ,  &  de  dix  ca- 
nons  doubles ,  qu'on  fit  à  Albert  de  Brandebourg ,   l'Aicibiade 

Cir- 


Nus.  NYC.  NYE.  NYM; 

Germaniciue.  Nuremberg  a  auflî  une  Académie.  Elle  cft  des  plus  grantîes 
&  des  plus  riches  d'Allemagne.  Les  maifons  font  toutes  bâties  de  pierre 
détaille,  élevées  de  quatre  ou  cinq  étages ,  les  rues  larges ,  Scies  places 
ïégulieres.  ïl  y  a  onze  Ponts  de  pierre ,  dont  l'un  conftruit  d'une  leule  ar- 
che, pàflTe'pourune  merveille;  douze  fontaines;  fîx  vingts  puits  ;  fix 
portes  ,  défendues  chacune  d'une  grofle  tour;  un  Château  au  lieu  le  plus 
éminent ,  un  Arcenal  de  cinq  falcs  deplain  pied ,  de  quatre  vingts  pas  de 
largeur,  avec  trois  cens  pièces  de  canon,  &  des  armes  pour  dix  raille 
hommes;  &  un  Hôtel  de  Ville  très-magnifique.  Le  Gouvernement  de 
Nuremberg  eft  Ariftocratique,  les  Sénateurs  font  en  réputation  d'une 
grande  prudence.  L'Empereur  y  doit  tenir  la  première  Diète  après  fon 
Couronnement ,  &  on  y  garde  pour  cette  cérémonie,  les  ornemens ,  qui 
font  la  Dalmatique-de  Charlemagne,  fon  Baudrier ,  les  gans ,  fa  Couron- 
ne, &c.  Les  habitans  de  Nuremberg  reçurent  des  premiers  la  Religion 
Proteftante,  &fignerentlaConfeffiond'Ausbourg,  eni;3o.  Les  Ca- 
tholiques n'y  ont  qu'une  Fglife.  Elle  fe  fournit  en  1631.  à  Guftave  Adol- 
phe Roi  de  Suéde,  qui  la  délivra  des  Sièges  qu'y  mirent  Tilli,  leii. 
Mars,  &Walftein  en  Août  de  l'an  1631.  Leshabitans  voulant  témoi- 
gner leur  reconnoilTance  à  ce  Prince ,  lui  firent  prefcnt  de  quatre  doubles 
Canons  d'une  fonte  particulière;  &  de  deux  Globes  admirables,  mon- 
tez en  forme  de  vafes.  Ils  étoient  de  vermeil  doré,  l'un  Terreftre  & 
l'autre  Celefte,  &  émaillez  &  enrichis  avec  un  grand  artifice.  Après  la 
paixdeMunfler,  Nuremberg  fut  le  lieu  de  l'Affemblée  qui  ordonna  en 
i6;o.  l'exécution  du  Traité.  Elle  recouvra  en  même  tems  le  droit  qu'el- 
le avoir  perdu ,  d'exiger  des  colleâes  de  fes  fujets  dans  l'Evêché  d'Aich- 
flet.  Le  territoire  de  cette  Ville  eft  aflTez  confiderable.  On  y  fit  une  Af- 
femblée  en  1438.  pour  y  propofer  quelque  accommodement  entre  les 
Pères  du  Concile  deBàle.&lePape  Eugène  I V.  qui  en  tcnoit  un  à  Fer- 
rare,  qu'il  transfera  depuis  à  Florence.  L'Empereur  Frédéric  III.  tint 
ïinel^condeAflemblée  à  Nuremberg  en  1433.  pour  le  même  fujet;  mais 
ellefutfans  eïFet  comme  lapremiere,  &une  autre  qu'il  y  fit  en  1487. 

*  Bertius ,  Defcr.  Germ.  Conradus  Celtes ,  de  Jitu  Norim.  Cluvier , 
Germ.  Sponde,  A.C.  1438.  ».z6.  0-1443.  w.  5.  1487.».  lcp-c.  Cher- 
chez Biete. 

NUSCO,  Ville  du  Royaume  de  Naples  en  la  Principauté  Ulterieu- 
îe  avec  titre  d'Evêché  fuffragant  de  Salerne.  Les  Auteurs  la  nomment 

-  N  Y. 

NYCTELÎES,  Fêtes  en  l'honneur  de  Bacchus,  ainfî  appellées 
parce  qu'on  les  célebroit  de  nuit  :  car  ïf|  en  Grec ,  fignifie  nuit  ; 
8c  TthSt,fMnfier ,  célei/rerleswyjleres.  Ceux  qui  faifoient  cette 
Fête  couroient  de  nuit ,  avec  des  flambeaux  &  des  brocs  de  vin,  com- 
mettant une  infinité  d'infolencesôcd'impuretez.  Les  peuples  s'affem- 
bloient  tousles  trois  ans  pour  cette  infâme  cérémonie ,  vers  le  commen- 
cement du  Irintemps.  Les  Romains  qui  avoient  emprunté  ces  Fêtes  des 
Grecs ,  en  eurent  horreur  enfuite ,  &  défendirent  de  les  célébrer ,  à  caufe 
des  defordres  épouvantables  que  la  licence  du  peuple  y  avoir  introduits. 

*  S.  Auguftin,  deCiv.  Dei,  li.  18.  c.  13.  Dempfter,  Paralipom.inKofin. 
'^nti<!f.  li.  c.  II.  SUP. 

[  N YENBURG ,  Ville  du  Duché  de  Limebourg ,  furie  Wefer ,  à  dix 
ou  douze  lieues  au-deffus  de  Brème.] 

NYMPH/EUS,  ou  Nymphée,  jeune  Seigneur  de  l'Iflede  Melos 
dans  la  Mer  Egée ,  conduifit  une  Colonie  de  Meliens  dans  la  Carie,  Pro- 
vince de  l'Afie  Mineure,  &fe  joignit  aux  habitans  de  la  ville  de  Creffa. 
Ceux-ci  voyant  que  le  nombre  de  ces  étrangers  s'augmentoit  beaucoup , 
8c  craignant  qu'ils  ne  fe  ren  diiTent  feuls  les  maîtres  de  la  Ville ,  réfolurent 
d'aflaflrner  les  principaux  dans  unFeftin.Nymphseus  averti  de  cette  conf- 
piration  par  Cephœna,  Demoifelle  Carienne ,  qui  étoit  fa  Maîtreffe ,  re- 
fufa  des'yrendre,  fi  les  femmes  nétoient  de  la  partie.  LesCariens  en 
furent  d'accord  :  alors  Nymphaeus  ordonna  à  fes  compttriotes  de  fe 
Tendre  au  Feftin  fans  armes ,  &  à  leurs  femmes  de  cacher  un  poignard 
dans  leur  fein ,  &  de  fe  mettre  à  table  chacune  à  côté  de  fon  mari.  Vers 
le  milieu  du  repas  les  Meliens  ayant  apperçû  quelque  fecrcte  émotion 
dans  l'efprit  des  Cariens ,  8c  prévoyant  bien  qu'on  alloit  donner  le  fignal 
contre  eux ,  tirèrent  les  poignards  du  fein  de  leurs  femmes,  8c  fe  jette- 
rent  fur  ces  traîtres ,  fans  leur  donner  le  loifir  de  fe  défendre.  Les  ayant 
tous  tuez,  ilsdemeurerentfeulsenpoffefljondela  Ville  dcCrefla,  8c  la 
rebâtirent  de  nouveau.  *Plutarque,  de  virtut.  MuUer.  SUP.  [i.  La 
ville  fcnommoitCry<a//4,  ècnonCreJJa.  2.  La  Demoifelle  fenommoit 
Caphena.  3 .  Les  Meliens  tirèrent  leurs  poignards,  lorfque  les  Cariens  eu- 
rent donné  le  fignal.  Ce  font  trois  articles  dans lefquels  l'Auteur  s'eft 
éloigné  de  Plutarque.  ] 

NYMPHE'E,  en  Latin,  Njmpheum:  Edifice  public  oij  il  y  avoit  de 
belles  fontaines ,  des  grottes ,  8c  plufieurs  ftatuës  de  Nymphes ,  qui  ren- 
doient  le  lieu  fort  agréable.  Les  Hiftoires  nous  apprennent  que  l'on  avoit 
bâti  de  magnifiques  Nymphées  à  Conftantinople ,  8c  à  Rome  :  mais  il 
n'en  refte  aucune  chofe.  On  voit  encore  un  Edifice  de  cette  manière, 
entre  Naples  8c  le  Mont  Vefuve ,  ovi  Mtnté  di  Somma ,  en  Italie:  Il  eft 
bâti  de  marbre ,  8c  eft  de  figure  quarrée  :  On  y  entre  par  une  feule  porte , 
d'où  l'on  defcend  quelques  degrez  dans  une  g'ande  grotte,  dont  le  pavé 
eft  de  marbre  de  di  verfes  couleurs ,  8c  les  murailles  revêtues  d'un  coquil- 
lage admirable  qui  repréfente  les  douze  mois  de  l'année  ,  8c  les  quatre' 
Vertus  Politiques.  L'eau  d'une  belle  fontaine  qui  eft  à  l'entrée,  remplit 
un  canal  qui  règne  tout  autour  :  ?<  l'on  y  voit  des  ftatuës  8c  des  tableaux 
de  plufieurs  Nymphes  ,  avec  quantité  de  figures  fort  divertiflantes. 

*  Rofin.  Ant'tcj.  Rom.  li.  i.  cap.  14.  SUP. 

NYMPHES,  Déeffes  de  l'Antiquité  Payenne ,  que  les  Poètes  fai- 
foient filles  de  l'Océan  ix.  de  Thetis.  Elles  préfidoient  aux  eaux ,  Sx. 
étoient  diftinguées  en  Néréides  &(.  Naïades:  les  Néréides  exerçoientleur 
pouvoir  fur  la  Mer ,  8c  les  Naïades ,  fur  les  Fleuves  ou  les  Fontaines.  On 
donnoit  auflS  le  nom  de  Nymphes  aux  Déefles  de  la  campagne,  favoir 
aux  Dryades  8c  Hamadryades .  des  Forêts  :  aux  Napées ,  des  Bocages  8c 
des  Prez:  aux  Oreades,  des  Montagnes.  *  Dcnys  d'Halicarnafle , /;V.  i. 
SUP.  [L'opinion  des  Grecs,  touchant  les  Nymphes,  eft  venue  de 
Phénicie ,  auiS  bien  que  leur  nom.  On  appelloit  Nymphes ,  félon  le 
Tomt  IV. 


.     ^YM.  NYS.  O.  ÔaM.     ..  4|^ 

témoignage  de  Porphyre  {de  Ant.  Nymf.)  toutes  les  âmes  des'homméSî, 
&l  en  effet  Mymphe  eft  la  même  chofe  que  Nephes  en  Hébreu  ,  qui  fignifié 
Ame.  On  croyoit  que  les  âmes  des  morts  erroient  autour  des  heux,  qui 
leur  avoient  été  les  plus  agréables  pendant  leur  vie.  Ceft  delàqu'étoit 
venue  la  coutume  des  Orientaux  de  facrifier  fous  les  arbres  verts ,  dans  la 
penfée  que  quelque  Ame  y  faifoit  fon  féjour.  Voyez  Efa.  LVII.  5.  Les 
Grecs  difoient  que  les  Nymphes  fe  réjouïflbient  quand  la  pluye  faifoit 
croître  les  Chênes,8c  qu'elles  pleuroient  lors  qu'il  n'y  avoit  plus  de  feuil- 
les. Callimach.  in  Dd.  Les  ames  des  anciens  habitans  de  la  Grèce ,  qui 
avoient  demeuré  dans  des  bois  étoient  devenues  des  Nymphes  Dryades  ; 
celles  de  ceux  qui  avoient  habité  les  montagnes,  des  Oreades;  celles  de 
ceux  qui  étoient  au  bord  de  la  mer ,  des  Néréides  (ce  mot  vient  de  Nerée  j, 
qui  tire  fa  fource  de  l'Hébreu  Nahar,  fleuve)  celles  de  ceux,  qui  fail'oienç 
leur  féjour  auprès  des  rivières,  8c  des  fontaines ,  des  Naïades.'] 

NYMPHODORË.  Cherchez Nimphodore, 

N  Y  M  P  H I  S.  Cherchez  Nimphis. 

NYSSE.  ChcrchezNilTe. 

O. 

OÇ  E  T  T  È  lettre  a  été  quelquefois  mife  pour  e  ,  comme  vorfiti 
pour  -ver/us  ,  -vo/ler  pour  vefler  ;  &:  pour  u  ,  comme  fervoi 
pour  fervus,  -volgos  pour  vulgus.  On  s'en  eftauffi  quelquefoi's 
fervi  pour  au  ;  comme plodo  ,  cloflra  ,  coda,  Y>our  plaudo  ,  clau/irat 
cauda.  Elle  fert  encore  pour  admirer,  pour  appeller ,  pourdefirer;  8e 
c'eftunevoixde  raillerie,  Se  d'indignation.  O  a  été  auffi  pris  pour  le 
Symbole  de  l'éternité.  Aufone  parleen  ces  termes  de  l'a  des  Latins  ô6 
de  celui  des  Grecs ,  de  litt.  monofyl. 

Hoc  tereti  argutoque  fono  legit  Attica  gens  O     , 
ii  quod  c?  ï  Gntcum  compenfat  Komula  vox  O. 

Grégoire  de  Tours  nous  apprend  que  le  Roi  Chilperic  voulut  ajoûteï 
une  nouvelle  lettre  O  dans  l'Alphabet  des  François;  avec  trois  autres 
lettres.  C'étoient  *  ,  X  ,  e,  i2  ,  qui  fe  prononçoient,  ph,  ch,  thi 
8c  le  grand  O  dont  je  parle.  Il  fit  pour  ce  fujet  des  Ordonnances  très- 
feveres;  mais  comme  ces  lettres  étoient  inutiles,  cela  n'eut  point  de 
fuite.  *  Grégoire  de  Tours,  ii.  5.  Hiji.  c.  44. 

O  (  François  d'  )  Sieur  d'O  ,  de  Frefnes  8c  de  Maillebois ,  Maître  de 
k  Garderobe  du  Roi  Henri  III.  premier  Gentil-homme  de  fa  Cham- 
bre ,  Chevalier  de  fes  Ordres ,  Sur-  Intendant  des  Finances ,  Gouverneur 
de  Paris  8c  de  rifle  de  France,  s'aquit  les  bonnes  gracesdumêmetlenri 
III.  Si  il  s'éleva  à  tous  ces  emplois  importans.  Les  Auteurs  ne  par- 
lent point  avantageufement  de  fa  conduite.  Ils  difentque  d'O  étoit  un 
homme  entièrement  perdu  par  le  luxe,  5c  qu'il  obligeoit  à  toute  heure 
le  Roi ,  de  faire  de  nouveaux  Edits  qu'on  appelloit  Burfaux ,  8c  d'aller 
au  Parlement  le  forcer  parfaprefence  à  les  vérifier.  Après  là  rnort  de 
ce  Monarque  fen  1589.  d'O  s'attacha  au  Roi  Henri  le  Grand.  Il  fe 
trouva  à  l'Affemblée  que  fit  la  Nobleffe  Catholique ,  dans  laquelle  oii 
avoit  refolu  de  déclarer  au  Roi ,  que  la  quahté  de  très-Chrétion  étant  ef- 
fentielle  à  un  Monarque  François ,  il  ne  pouvoir  recueuillir  la  Couronne 
qu'avec  cette  condition.  Le  Duc  de  Longucville  fe  chargea  déporter 
cette  parole;  mais  n'ayant  ofé  s' aquiter  de  ce  qu'il  avoit  promis,  d'O 
le  fit  hardiment.  On  dit  qu'après  la  journée  d'Ivry,  Biron8t  lui  empê- 
chèrent le  Roi  d'aller  àParis,  pour  des  intérêts  particuliers.  Après  la 
reduélion  de  cette  Ville,  le  Roi  en  donna  le  Gouvernement  à  d'O  qui 
mourut  au  mois  d'Oélobrede  l'an  1594.  Un  Hiitorien  moderne  parle 
de  cette  mort  en  ces  propres  termes  :  Au  mois  d'OSlobre  enfuivant , 
Franfûii  d'O ,  Sur-Intendant  des  Finances ,  acheva  de  vivre  dans  fen  Hô- 
tel à  Paris ,  ayant  l'ame  £7"  le  corps  également  gâtez,  de  toutes  fortes  de 
vilainies.  Le  Roi  fe  confia  aifément  de  fa  perte  ,  farce  qu'il  faifoit  des 
effroiables  dijppations ,  C  que  néanmoins  il  le  voulait  tenir  comme  en  tu- 
telle. Il  n'eut  point  d'enfans  de  Charlotte-Catherine  de  Villequier  fâ 
femme ,  fille  de  René  de  Villequier  dit  te  Jeune  8c  le  Gros ,  &C  de  Fran- 
çoifedelaMark.  Ellepritunez.  alliance  avec  Jaques  d'Aumont,  Sieur 
deChappes,  Prévôt  de  Paris,  François  d'O  laiffa  une  fille  naturelle.  II 
étoit  fils  aîné  de  Jean  d'O  ,  Sieur  de  Maillebois,  8cc.  Capitaine  de  la 
Garde  Ecoffoife  du  Roi;  écd'Helened'Illicrs  Dame  de  Manou.  Les 
autres  enfans  de  ceux-ci  furent  Jean  d'O,  Sieur  de  Manou,  8cc.  Che- 
vaher  des  Ordres  du  Roien  15  85. 8c  Capitaine  de  cent  Archers  du  corps, 
qui  époufa  Charlotte  de  Clermont-Tallart,  d'oià  vint  une  fille ,  Louïfe 
d'O  ,  femme  de  Gabriel  du  Quefnel ,  Sieur  de  Coupigni ,  dit  le  Marquis 
d'Alegre:  René,  Sieur  dé  Frefnes,  mort  fans  lignée:  Louis,  Sieur  de 
Perrière,  mort  à  Anvers,  Charles  Abbé  de  S.  Etienne  de  Caën  ,  8c  de 
S.  Julien  de  Tours;  8c  Françoife  d'O  ,  femme  de  Louis  d'Angennes, 
Sieur  de  Maintenon,  Chevalier  du  S.  Efprit.  *DeThou,if/;2.Davilai 
Pierre  Matthieu,  Dupleix,  Mezerai,  d'Aubigné,  8cc. 

O  A. 

OA  N  E ,  fleuve  de  Sicile  que  Fazel  8c  les^utrès  appellent  Frafco- 
lari.  Etienne  de  Byzance  parle  encore  d'une  autre  Ville  de  Ly- 
die de  ce  nom  ;  mais  aujourd'hui  nous  n'en  avons  point  de  con- 
noiffance. 

O  ANNÈS ,  monftre  demi-homme  8c  demi-poiffon ,  qui  a  paru  au- 
trefois en  Egypte.  Il  fortoit ,  dit-on  ,  de  la  Mer  Rouge,  le  matin,  8c 
venoit  aux  environs  de  la  Ville  deBabylone.d'ovi  il  retournoit  le  foir  dans 
la  Mer.  Pendant  le  jour,  il  enfeignoit  à  ceux  qui  l'écoutoient  toutes 
fortes  de  Sciences  8c  d'Arts;  l'Agriculture,  8c  l'Architeélure,  les  Mathé- 
matiques, la  Morale,  la  Phyfique,  8c  la  Médecine.  On  a  vil  quatre 
differens Oannes dans  l'efpace  de  quatre  Siècles,  qui  furent  nommez 
Annedotes  ;  8c  l'on  gardoit  à  Babylone  une  ftatuë  qui  en  repréfentoit  un , 
vers  l'an  du  Monde  37  30.  Hornius  croit  que  c'étoit  un  Démon  qui  fai- 
foit paroître  une  fcience  8c  ime  prudence  extraordinaire  dans  lesenfei- 
gnemens  qu'il  donnoit,  afin  de  s'attirer  l'adoration  des  peuples:  8c  que 
Iles  Egyptiens  l'adorèrent  enfuite  fous  le  nom  de  Dagon,  8c  d'Adargad. 
)  Helladius  Bdantinoiisle  nomme  Oën ,  maislefcntiment  de  Scaliger  eft 
F  2,  .«ju'* 


44  OAS.OAT.OAXOBD.OBE. 

qu'il  faut  lire  Oannes,&  que  cette  abbrevlation  vient  des  Copiées.  *  Be  - 
rofas  Apollodorns  -,  Helladius  Befant.  w  Chreflon,athm ,  beldenus ,  de 
Dih Svis , Hornius ,  Hi/i.  Philofiph. lib.z.  SVP. 

OASIS  nom  de  deux  Villes  d'Afrique  dans  la  Libye.  La  première 
du  côté  duMidi ,  d\  nommée  Alguechet:  La  féconde  qui  eft  plus  Septen  - 
trionale  eft  nommée  f^ecc/'^f  ou  £/octo.C'eft  ce  qu'on  en  dit  par  con- 
ieaure  On  croit  qu'elles  font  toutes  deux  dans  les  déferts  de  Barca. 
C'eft  dans  la  folituded'OafiS,  que  Julien  l'Apottat  relégua  deux  Prêtres 
d'Antioche  ,  Eugène  &  Macaire ,  après  la  tranllation  des  Reliques  de 
S  Babylas.Pour  éviter  la  fureur  des  émiffaires  du  même  Prmce.b.Hi- 
îarion  fe  retira  peu  de  tems  après  dans  la  même  lolitude  d'Oalis ,  ou  1  he- 
refiarque  Neftorius  fut  exilé  j  &  y  mourut  comme  je  le  dis  ailleurs. 
*  Zo2,ime,  li.  5.  Sozomene  H.  s-  S.  Jérôme  m  vita  Hilar.  Olympio- 
'dore,  in  excerpt.  Nicolas  Sanfon  ,  Ceogr.  o-c  iOafis  Cgnifie  en  gêne- 
rai un  amas  de  maifonsj  ou  de  tentes  dans  un  defert  ou  dans  un  heu  lec. 
Les  deux  lieux  d'iigypte,  dont  il  eftqueilion  dans  l'Article  précèdent, 
femblent  avoir  été  nommez  ainfi  par  excellence,  car  autrement  1  Atn- 
que  en  étoit  pleine.  *  Voyez  S<jot.  Bor.hart.Can.  Lé.  IV.  c.  19. 

OATASSENS.nom  d'une  famille  qui  polTeda  le  Royaume  de  fez 
en  Afriquc,après  celle  desMerins.  LesOmmiades  établirent  cette  Mo- 
narchie vers  l'an  800.  de  JesuvChrist,  &  y  régnèrent  jufques  a 
l'an  050.  que  les  Zenetes  ,  peuples  d'Afrique  exterminèrent  entière- 
ment cette  race.  Versl'an  lOSZ.lesAlraoravides  .autres  peuplesd  Afri- 
que châtrèrent  les  Zenetes, &  furent  détrônez  enfuite  par  les  Almo- 
hades ,  dont  le  Chef  etoit  Abdalla  Elm  ohadi ,  qui  de  Maître  d'Ecole  fe  ht 
Roi  l'an  II 39. Les  Almohades  furent  chalTez,  en  rzio  par  les  Merins, 
oui  demeurèrent  en  polîeffion  du  Royaume  de  Fez  jufques  en  1410. 
après  lefquels  Hafcenes  (  hmi  ufurpa  la  Couronne  pendant  un  an,  ôc  fut 
chaflé  par  Saïd  Abra.de  la  famille  d'Oatras,do'nt  lesdelcendansont^re- 
«'néjufquesen  1548.  Durant  leur  règne  HaraedChenf  fe  rendit  maître 
duRoyaumedeMarocenisiz  &:!'on  frère  MuhammedCherif  s'em- 
para duRoyaume  de  Susenisz].  Enfin  Hame  RoideFez,&  le  der- 
nier des  Oatafifens  ,  étant  mort  ,  Muhammed  '.  herif  polfeda  auffi  le 
Royaume  de  Fez,  l'an  1548.  Voyez  Cherif.  *  Hornius ,  Orè.  Imper 

SU  P.  ,  ^    .,  ,,.„     , 

OAXE  fleuve  de  Crète,  extrêmement  froid,  avec  une  Ville  de  ce 
nom  Hérodote  en  fait  mention  dans  le  3.  Livre.  Vibius  SequefterSi 
Varronnomment  la  Ville  Oa.vi^  &  O^î.r/^.  Le  dernier  en  parle  amfi  : 

Et  gem'mh  capiens  telUirem  Oaxida  falmi's.  -, 

Virgile  parle  auffi  du  fleuve  de  ce  nom ,  Egl.  i. 

Pars  Scyih/am ,  aut  Cretx  rapiditm  ■venkmtts  Oaxénti 

OB. 

OBDORE, grand Pa'is  de  laMofcovie  Septentrionale ,  près  <îela 
MerGlaciale,entreleFleuveObi&lal'tovincedePet7.')rcké,ou 
r  etzora.  Il  n'y  a  point  de  Ville ,  mais  feulement  quelques  Forts, 
que  les  Mofcovites  y  ont  bâti  depuis  peu  le  long  de  la  Mer.  Les  Hollan- 
dois  ont  donné  le  nom  de  nouvelle  Frife  Occidentale,  Nieuwe  Wcft- 
TrKpind,z  la  cote  la  plus  Septentrionale. 

OBED,  un  des  ayeuls  de  Je  su  s-CHRisT,felon  lachair.Il  étoit 
filsdeBooz&:deRuth;&ilfutperedeJeflré  oulfaï.qui  lefut de  David. 
Obed  naquit  environ  l'an  1759.  du  Monde,  fon  père  étant  âge  d'environ 
quatre-vingt  quinze  ans.  *  Ruch,  4.  faint  Matthieu,  i .  Torniel ,  &  Salian, 
in  Ami.û.  Veter.  Teftamen. 

OBEDtiDOM  Ifraëlite  de  la  Tribu  deLevi,eutl'avaiitaged'avoir 
chez  lui  l'Arche  durant  trois  m  ois,  &  pour  cela  Dieu  combla  fa  maifon 
de  toute  forte  de  profpetité.  Après  la  mort  d'Isbofeth  toutes  les  Tribus 
s'étantvenufoûmettreàDavid.ce  Prince  voulut  faire  tranfporter  l'Ar- 
che de  chez  Abinadab  chez  lui.  Comme  on  la  portoit  l'an  2990.  du 
Monde, Oza  craignant  qu'elle  ne  tombât, la  toucha  pour  la foûtenir ; 
mais  Dieu  punit  fa  témérité  par  une  mort  foudaine.  Cela  fut  la  caufe 
qu'on  la  remit  chez  Obededom.  *n.  des  Rois, 6. L  des  Paralipome- 

nes,  13. 

(t5»  J'ai  ditqu'ObededométoitIfraëlite  delà TribudeLevi. Cepen- 
dant l'Ecriture  dit  qu'il  étoit  de  Geth.  Divertit  eam  in  domum  Obededom 
Gethni.  JEt  habitavit  Arc»  Domini  in  domo  Obededom  Gethù  tribus  mem- 
Jibiis.  Pour  juftifier  ce  que  j'ai  avancé,  il  faut  fe  fouvenirqu'Obededom 
eft  appelle  Gethéen,  non  pas  qu'il  fut  natif  de  Geth,  qui  étoit  une  Ville 
des  Philiflins;  mais  parce  qu'il  y  avoir  demeuré  avec  David.  Et  en  effet, 
dans  le  15,  &  16.  Chapitre  du  premier  Livre  des  Paralipomencs.lemême 
Obededom  eft  nommé  entre  les  Chantres  Scies  Portiers,  qui  étoient  de 
]a  Tribu  de  Levi.  On  peut  auffi  voir  dans  le  13.  Chapitre  du  fécond  Li- 
\re  des  Rois,que  les  fix  cens  foldats  Hébreux  qui  fuivirent  David  à  Geth, 
&  qui  en  revinrent  avec  lui,  y  font  nommez  Gethéens,  quoi  qu'à  la  vé- 
rité ils  ne  fuifent  pas  originaires  de  cette  Ville.  ConfiilterTorniel  &  Sa- 
lian ,  in  Annal  vet.  Tejt. 

OBFL  (Matthias)  Médecin  ,  natif  de  Lille,  étudia  fous  Rondelet 
à  Montpelher,5c  enfuite  exerça  la  Médecine  dans  le  Pais-Bas.  Mais  com- 

^  meilavoit  une  grandeinclinationpourlaBotanique,il  s'adonna  entiè- 
rement à  l'étude  &  à  la  connoiffance  des  Simples.  C'eft  en  cette  qualité 
qu'il  fut  appelle  par  Jaques  VI.  Roi  de  la  Grand'  Bretagne.  11  écrivit 
l'Hiftoire  des  Plantes  &  diverfes  autres  pièces ,  jufqu'en  1616.  qu'il 
mourut  à  Londres. 

OBELISQUES  d'EGYPTE:  ce  font  des  colonnes  quarrées  d'une 
feule  pierre,  fîniflant  en  pointe,  comme  de  petites  pyramides,  &  rem- 
plies de  tous  cotez  ie  caraâereshieroglyphiqUes  &  myfterieux.  Les  Ara- 
bes les  appellent  Meffakts  Pharaon  ,  c'eft-  à  dire ,  les  Aiguilles  de  Pharaon 

.  parce  qu'elles  ont  été  conftruites  par  les  premiers  Rois  d'Egypte,  qui 
portoient  tous  le  nom  de  Pharaon;commeles  premiers  Empereurs  Ro 
mains .  celui  de  Cefar.  Les  Prêrres  Egyptiens  les  appelloient  lesdoigts 
du  Soleil ,  parce  que  ces  Monumens  étoient  confacrez  à  cet  Aftre.  Le 
premier  Obelifque  d'Egvpte  fut  drelTé  par  le  Roi  Manuftar ,  qui  en  in- 
Uoduifitrufage  l'an  du  Monde  2604.  Son  fils  Sothis  mit  la  dernière  main 


OBE.OBLOBR.OBS.      • 

à  cette  Invention ,  &  fit  dreffer  douze  Obelifques  dans  HeliopoKs.  Si- 
marres  ou  Simannes  en  fit  élever  plufieurs  autres,  du  tems  "du  Roi  Da- 
vid, vers  l'an  du  Monde  1986.  Le  Roi  Mafres ,  ou  Afres ,  fit  conftruire 
un  Obelifque  fans  emblèmes,  l'an  du  Monde  3021.  &  l'Empereur  Clau- 
de le  tranfporta  à  Rome.  Le  Roi  Pfamîîietichus  en  fît  dreffer  uji  dans 
Heliopolis ,  avec  plufieurs  emblêm.es  &  hiéroglyphes,  807.  ans  avant  la 
Naifl^ance  de  Jesu  s-Ch  r  is  t.  Le  Roi  Nedanebus,  ou  félon  d'au- 
tres Neco  ,  720.  ans  avant  Jesus-Chkist,  fit  ériger  un  grand 
Obelifque  à  Memphis,  que  PtoloméePhiladelphe  fît  tranfporter  à  Ale- 
xandrie. La  pliîpart  des  Obehfques  ont  eu  le  même  fort  :  les  Empereurs 
Romains  les  ayant  fait  tranfporter  d' 'Egypte  à  Alexandrie,  8c  d'Alexan- 
drie à  Rome,où  l'on  en  voit  encore  quelques  uns.  On  en  verroit  bien 
davantage ,  n'étoit  que  Cambyfe  Roi  de  Perfe  s'étant  emparé  de  l'Egyp- 
te, l'an  du  Monde  3528.  détruifit  tous  les  Obelifques  qu'il  trouva,  &  fit 
mourir , ou  bannir  lesPrêtreshgyptiens ,  qui  feuls  entendoient'les  fe- 
cretsdescaradlereshiero£lyphiques:ce  qui  fut  caufe,  que  l'on  ne  drefTa 
plus  de  ces  Obelifques.  Les  emblèmes  &  les  caraélcres  qui  étoient  gra- 
vez cachoient  de  grands  fecrets,  &  repréfentoient  les  Mylterés  des  Egyp- 
tiens, dont  peudegens  avoientla  connoiffance.  Comme  les  Prêtres  Se 
les  perfonnes  de  qualité  faifoient  auffi  élever  des  Obelifques ,  ils  n'étoient 
pas  tous  d'une  ftruélure  fi  magnifique  ,  ni  d'une  même  hauteur.  Les  pe- 
tits n'étoient  que  d'environ  quinze  piez,les  autres  montoient  jufqu'à 
cinquante, à  cent,, ou  à  cent  quarante piez  Afin  que  ces  hiéroglyphes 
puffentréfifter  aux  injures  du  tems,  les  Egyptiens  choifirent  une  matiè- 
re fort  lure.  C'eft  une  pierre  que  les  Latins  appellent  pierre  de  Thebes  « 
&  les  Italiens  Granito  roJ[o ,  laquelle  eft  une  efpece  de  marbre  moucheté 
qui  eft  de  la  même  dureté  que  le  porphyre.  La  carrière  d'où  l'on  tire  ce 
marbre  eft  près  de  la  Ville  de  Thebes,dans  des  montagnes  qui  s'étendent 
vers  le  Midi  ,  jufques  aux  Catarades  du  Nil.  Quoi  que  l'Egypte  ne 
manque  pas  d'autre  marbre,  on  ne  voit  pourtant  desObeUiquesquedc 
celui-ci  :peut-être  parce  que  les  Egyptiens  y  trouvoient  quelque  niyfte- 
re  :  car  comme  les  Obehfques  étoient  dédiez  au  Soleil;  &  que  leur  formé 
pointue  figuroit  les  rayons  de  cet  Aftre,  car  on  avoir  choifi  une  matière 
qui  eût  du  rappoit  avec  les  proprietez  du  Soleil  Ce  marbre  étant  mou- 
cheté d'un  rouge  éclatant,  de  violet,  de  petites  taches  de  couleur  de  cryf- 
tal,  de  bleu,  de  cendré  &  de  noir ,  les  Egyptiens  s'imaginèrent  qu'il  cioit 
fort  propre  pourrepréfenterTaflion  du  Soleil  fur  les  quatre  Elemens.Lc 
rouge  !k  le  violet  marquoient  le  Feu  :  le  cryftaj  fignifîoit  l'Air  :  le  bleu, 
l'Eau  de  la  Mer  :  &  le  cendré  &  le  noir ,  la  Terre.  Ainfi  quand  on  trouve 
des  Obelifques  d'un  autre  marbre,  on  peut  conclure  qu'ils  ne  font  pas 
de  la  façon  des  Prêtres  d'Egypte:  mais  bâtis  par  les  Egyptiens ,  après  lé 
banniflement  des  Prêtres  que  Cambyfe  chaffa  .oupar  d'âutresNations. 
Tel  étoit  l'Obelifque  que  les  Phéniciens  dédièrent  au  SoIeil,dont  le  fom- 
met  fpherique ,  &  la  matière  étoit  fort  différente  des  Obelifques  d'Egyp- 
te. 1  el  ctoit  encore  celui  que  l'Empereur  Heliogabale  fit  tranfporter  de 
Syrie  à  Rome.  *  Dapper  ,  Defiription  de  l'Afrique.  SU  P.  [  Augufté 
en  fit  tranfporter  deux  d'Heliopolis  à  Rome.  Confiance  y  en  fit  meneir 
un  autre,  que  l'on  y  voit  encore,  &qui  a  été  décrit  par  AmmianMar- 
cellin.  11  avoir  été  drefi"é  autrefois  par  Rhamefies  Roi  d'Egypte,  com- 
me le  montre  cet  Hiftorien,  en  rapportant  le  fensdes  figures  Hiérogly- 
phiques que  l'on  y  voit.  Ce  même  Obelifque  ayant  été  abattu  futre- 
drelîé  par  Sixte  V.  Ammian  Marcellin  Liv.  XVII.  Vita  di  Si/la  V  du 
Greg   Leti] 

OBKNGIR  ,que  les  Latins  nomment  Oc^«i, Fleuve  qui  a  fa  four- 
ce  près  des  terres  du  Grand  Mogol.  Il  pafle  dans  la  Perfe,  oii  il  arrofé 
Balch&  diverfes  autres  Villes;  &  enfuite  groffi  par  les  eaux  de  quelques 
Rivières, il  fe  décharge  dansI'Oxus  dit  Chajou,  &  Gihon.  Pline  faié 
mention del'Ochus.  Pontanus  en  parle  ainfi,/;.  5.  stelL 

Allitit ,  &  rijis  Ochm  injignitus  opacis. 

OBI  ,qtfon  a  nommé  autrefois  Carambuc,  Fleuve  de  Mofcovîé ,  qùî 
fort  -lu  Lac  Kitafiko  &  fépare  l'Afie  de  l'Europe.  11  coule  du  Midi  au 
Septentrion  dans  la  Tartarie  Mofcovite;  &  groffi  par  les  eaux  de  divers 
autres  Fleuves,  il  fejette  par  fix  embouchures  dans  la  Mer  Glaciale  en- 
tre Obdora  &  Samojeda.  ' 

OBI,  Fleuve  d'Ethiopié,que  les  Latinsnomment  ««/)?«/». 

OBRKCHT  (George)  ProfefTeur  en  Droit, étoit  de  Strasbourg  i 
où  il  naquit  en  1 547.  Il  étudia  à  Tubingc  ,  &  dans  les  principales  Uni- 
verfîtez  de  France,  où  il  fe  trouva  dans  un  tems  afTez  fâcheux.  Depuis  j 
il  prit  les  dégrez  de  Dodeur  à  Bâle ,  8c  étant  de  retour  à  Strasbourg,  on  le 
choifit  pour  être  ProfefTeur  en  Droit,  qu'il  enfeigna  avec  beaucoup  de 
réputation  durant  quarante  ans;  8c  il  mourut  le?. Juin  de  l'année  1612. 
âgé  de  66.  ans.  Obrecht  a  voit  fait  divers  Ouvrages ,  dont  on  n'a  publié 
qu'une  partie ,  Oeconomia  Juris.  Legalis  Tofica.  Jus  Feudale ,  o'c 

OBSEQUENS  (Juleoujuhus)  Ecrivain  Latin ,  vivoit  ,'à  ce  qu'on 
peutconjeaurcr,un  peu  avantrEmpircd'Honorius,&  il  fitun  Livre 
des  prodiges:  ce  qui  fait  croire  qu'il  étoit  Payen.Nous  n'avons  qu'une 
partie  de  cette  pièce  qu'Aide  Manuce  donna  au  pubUc  en  1508.  Conrad 
Lycofthenefit  un  fupplément  de  cet  Ouvrage  qu  il  fit  imprimer  avec  ce 
quini^usreftoitd'Obfequens;8cmarquafon  addition  avec  des  étoiles  ou 
afterifques.  Mais  depuis  Jean  de  Tournes  publia  le  tout  fans  diftindion  - 
.de  forte  que  depuis  ce  tems ,  le  livre  d'Obfequens  &  le  Supplément  dé 
Lycofthene  ne  fontqu'un  même  Ouvrage.  *  Sebaftien  Conrad,  in  &u&li 
p.  41.  Voffius,  de  Hijl.  Lat.  ' 

OBSERNf':  Religieux  Anglois.  Cherchez  Osberne. 

OBSERVATOIRE  :  grand  Bâtiment  conftruit  par  ordre  du  Roi 
Louis  XIV.  au  bout  du  Fauxbourg  S.  Jaques  à  Paris  pour  y  obferver 
les  Aftres ,  8c  faire  des  expériences  de  Mathématique.  Cet  Edifice  eft  de 
figure  quarrée.  Scies  quatre  faces  font  tournées  exadement  aux  quatre 
Parties  du  Monde.  I.e  Bâtiment  eft  élevé  de  quatre-vingts  pieds  au  def- 
fus  du  rez  de  chauffée:  8c  fesfondemens  font  auffi  de  So.pieds  fous  terre, 
à  caufe  des  carrières  qui  s  y  font  trouvées.  Il  a  trois  étages  S<.  eft  cou- 
vert d'une  terraffe,  de  laquelle  on  découvre  toutl'Horifon.On  defcend 
embas  par  un  degré  à  viz;8c  il  y  a  des  ouvertures  dans  les  voiites  des  trois 
étages,  pour  voir  d'embas  les  Etoiles  qui  paffentpar  le  Zenith.  Cet  Ob- 
fervatoire  eft  fourni  d'inftrumens  Aftronemiques  pourfeire  des  obferva- 

tions 


ÔCC.  OCE. 

tîonspen(3antlejour,&p.endantlanuit.  BenediâCaffinî de  l' Académie 
Royale  des  Sciences,  y  a  fait  depuis  l'an  lôfo.  plufieurs  nouvelles  dé- 
couvertes ,  &  il  y  a  exercé  des  Mathématiciens ,  pour  les  envoyer  en  des 
pais  éloignât,  afin  d'y  faire  des  obfervations  correrpondantes  à  celles  de 
rObfervatofre  de  Paris  ;  &  de  connoitrc  fùrement  les  longitudes  &  lati- 
tudes pour  perfedionner  la  Géographie.  "Le Maire,  ParU  Ancien  iy 
'Nouveau.  SU  P. 

OC. 

ce  A,  Fleuve  de  Mofcovie,  qui  n'cft  pas  éloigné  de  la  petite 
ITartarie.  Jl  coule  du  Midi  au  Septentrion  ,  arrofeleDuchéde 

VVorotin,Coluga,Kolum  &c.  &  enluite  acrù  des  eaux  du  Moska 
&  de  quelques  autres,  fe  joint  au  Volga,  à  Nifi  Novogrod,  comme  je 
îe  dis  ailleurs. 

[OCCAM.  VoyezOcA^ïK  comme  l'écrit  Moreri,  quoi  que  mal.] 
OCCASION,  Déefle  que  les  Anciens  confidéroient  comme  celle 
^ui  préfide  au  temps,  qui  eft  le  plus  propre  à  faire  quelque  chofe.  Les 
Grecs  dilbient  que  cctoit  un  Dieu,  qu'ils  nommoient  Ka/^®',  parce 
que  ce  mot ,  qui  (ignifie  Occafion  ,  eft  mafculin  parmi  eux.  On  la  repré- 
fentoit  pour  l'ordinaire  fous  la  figure  d'une  femme  nue  &  chauve  par 
derrière ,  n'ayant  de  chevelure  que  fur  le  devant  de  la  tête.  Elle  avoit  un 
fied  en  l'air,  &  l'autre  fur  une  roue;  un  rafoir  d'une  main,  &  un  voile 
de  l'autre.  Pofidippe  Poète  Grec,  avoit  fait  une  defcriptioningenieule 
de  l'Occafion ,  dans  une  de  fes  Epigrammes.  Aufone  a  fait  le  même 
parmi  les  Latins,  ef.  i%. 


ÔCH. 


4? 


JV^oyet 


Sum  Dea ,  que  rara  o"  pauch  Occajw  nata. 
Sluid  rotuU  infijiis  !  Stare  loco  nequeo.  zS'C, 


\yvjCL  Elle  Vinet  in  Aufon.  Epigr.  Baudoin,  Iconol.  &c. 

OCCATOR,  étoit  un  Dieu  des  Payens  qui  préfidoit  au  travail  de 
teux  qui  herfent  la  terre  à  la  campagne ,  pour  en  rompre  les  mottes 
■&  la  rendre  unie  Occare  veut  dire  heriér ,  d'où  vient  le  nom  de  ce  Dieu. 
Car  les  l'a'iens  donnoient  à  leurs  fauffes  Divinitez  des  noms  pris  des 
diofes  dont  ils  leur  attribuoient  l'intendance:  ainfipour  les  farcleurs, 
ils  avoient  un  Dieu  qu'ils  appelloient  Sarritor  -.  pour  ceux  qui  femoient , 
ils  en  avoient  un  autre  qui  s'appelloit  Sator;  &  ainfi  de  plufieurs  au- 
tres. *  Arnobe ,  Servius ,  m  i    Georg.  S  U  P. 

OCCIDHN'T,  partie  de  l'Horizon  oij  le  Soleil  fe  couche.  L'Hori- 
zon Rationel  eft  fixé  par  les  Géographes  auxlfles  Açores  vers  l'Améri- 
que: l'Orient quiluirépondeftverslejapon.  La  terre  étant  ronde,  & 
le  Soleil  faiiant  continuellement  fon  coursàrentour,  on  ne  peut  pas 
dire  qu'il  y  ait  d'Orient  ni  d'Occident  fixe  ,  &  les  Géographes  ont  pu 
marquer  ces  deux  points  Cardinaux  oii  il  leuraplû.  Ily  a  entr'eux  l'ef- 
pace  d'un  Hemifphere ,  de  forte  que  l'Occident  de  nôtre  Hemifphere  eft 
l'Orient  de  l'Hemifphere  inférieur.  On diftingue l'Occident,  comme 
l'Orient ,  en  Occident  Equinoxial ,  qui  eft  le  point  où  le  Soleil  fe  couche 
dans  les  Equinoxes,  également  éloigné  du  Septentrion  &  du  Midi  ;  &  en 
Occident  Solftitial ,  lors  que  le  Soleil  eft  au  Tropique.  Celui-ci  fe  fub- 
divife  encore  en  Occident  d'hté,  quand  le  Soleil  eft  au  Tropique  du 
Cancer  ;  &  Occident  d'Hy  ver ,  quand  il  eft  au  Tropique  du  Capricorne. 
Aurefte  ce  que  les  Latins  appellent  Occident  eft  nommé  Couchant  par 
les  François ,  Pomme  par  les  Italiens ,  &  Weft  ou  Ou'éfi ,  par  les  Anglois , 
Allemands  &  autres  Peuples  du  Nord.  S  U  P. 

OCCON,  dit  ScARLENsis,  parce  qu'il  étoit  natif  d'un  Village  de 
çenomdanslaFrife,  vivoit  dans  le  X.  Siècle.  Il  écrivit  îles  Origines  de 
Frife,  mais  qui  reffentent  fort  la  Fable.  La  Famille  des  Occon  de  Frife 
a  eu  d'autres  Hommes  de  Lettres,  comme  Adolphe  OccoN,Mé 
decin  j  rnorten  iôjç.  *AlbertCrantz,  //.  roc.  14.  UbboEmmius,  in 
Jiifl.  Frif.  Se  Suffridus  Pétri,  de  Orig.cr Script. Frif.  Valere  André,  in 
ÈiH.Belg.VofBns;  deHift.Lat.  Melchior  Adam,  &c. 

OCCULTES.  Cherchez  Clànculaires. 

OCEAN,  c'eft  la  Mer  qui  environne  la  Terre.  Les  Anciens  en  fai- 
,  foient  unDieu,  filsduCiel&de  Vefta.  11  eft  diffèrent  en  Europe,  en 
Afie  &  en  Afrique;bien  qu'on  le  divifc  ordinairement  en  Océan  Septen- 
trional, Indique,  Atlantique &Ethiopique.  'Voici les difl^erentes par- 
ties, comme  elles  font  à  l'entour  de  la  "Terre.  Oceanus  Gaditanus  eft 
cette  Merque  les  Efpagnols nomment  Golfo  de  las  léguas.  La  ^■^cr  At- 
lantique ,  AtlanticHs  Oceanus.  La  Mer  de  Guinée, tfe/pmaj. La  Mcrd'E- 
*  Xhxo^it,  JEthiopicus.  La  McrdeZanguebar,  Barbaricus.  La  Mer  d'Ara- 
bie, Arabictis-.àzVtxkjPerficus;  d'Inde,  Indiens.  L'Océan  Oriental, 
I,ous.  Merde  Jedzo,  ie.-iw;.  McrdeTartarie,  Scythicus.  De  Mofco- 
vie, Sarmàikus.  De  Petzora ,  Hyperhoreus.  L'Océan  Septentrional ,  Sep- 
tentrionalis.  La  Mer  Glaciale ,  Glacialis,  ou  Cronius.  Merd'Allen^agne, 
Germankus.  D' b'.co{[e ,  Caledonias.  D'Irlande,  Virginius ou Hibernicus. 
La  Manche  ,  Brirannicui.  Mer  de  France,  Gallictts.  De  Gafcogne, 
Aquitanicus.  De  Bifcaye ,  Cfl»Mir;c«i.  L'Océan  Occidental ,  0«;5««i. 
Nous  pouvons  ajoiiter  à  ces  parties  de  l'Océan  ,  celui  de  l'Améri- 
que, qu'on  divife  en  Mer  de  Nort  à  l'Orient ,  &  Mer  du  Sud  ,  ou 
Mer  Pacifique  au  Couchant.  11  y  a  auffi  l'Océan  ou  Mer  Magellaniquc 
,ver  le  détroit  de  Magellan.  •!■ 

OCEAN,  Dieu  de  la  Mer ,  que  les  Poètes  ont  fait  fils  du  Ciel  & 
deVefta,  mari  de  TethysSc  le  père  des  Fleuves  &  des  Fontaines.  On 
ditqu'il  a  été  ainfi  nommé  du  mot  Grec ,  iittvi,  c'eft-à-dife  Vîtc ,  com- 
me Solin  &  '^ervius  l'ont  remarqué.  Les  Anciens  ont  appelle  Océan  le 
père  de  toutes  choies  ;  parce  qu'ils  ont  crû  qu'elles  étoient  engendrées  de 
l'humidité,  ce  qui  eft  conforme  au  fentiment  de  Thaïes ,  qui  établit  l'eau 
pour  le  principe  des  chofes.  Selon  les  G -ographes ,  l'Océan  eft  cette 
vafte&  large  étendue  de  Mers  qui  environnetoute  la  terre,  &quieneft 
auffi  environnée,  de  forte  qu'on  peut  aller  par  Mer  d  un  bout  à  l'autre, 
du  Levant  au  Couchant,  depuis  que  Magellan  ,  le  Maire,  ScBrouvers 
ont  découvert  des  paflages  de  la  Mer  du  Nord  dans  la  Mer  du  Sud  ou 
Pacifique.  Cet  Océan  eft  naturellement  divifé  en  quatre  grandes  parties 
qu'on  appelle  Océan  Oriental ,  Océan  Méridional ,  Océan  Occidental , 
Océan  Septentrional. 

L'Océan  Qmntal  comprend  la  Mer  de  la  Chine,  l'Archipel  de  S.  La- 


zare vcrs'  les  ffles  des  Larrons  &  la  Mer  de  l'Anchidol  vers  riflé  de  Java. 

L'Océan  Méridional,  ou  Mer  des  Indes,  baigne  les  parties  méri- 
dionales de  l'Alie,  &  les  Iftcs  qui  font  aux  environs  des  Indes, avec 
la  partie  Orientale  &  Méridionale  ce  l'Afrique.  Cet  Océan  comprend 
le  Golfe  de  tJengala,  la  Mer  &  le  Golfe  de  Perfe,  là  Mer  &  le  Gol- 
fe d'Arabie,  la  Mer  deZanguebar,  &  la  partie  Orientale  dé  la  Mer 
d'iithiopie  qui  va  jufques  au  Cap  de  Bonne-Efperance-. 

L'Océan  Occidental,  i\m  baigne  nôtre  Hemifphere  comptent  l'autre 
partie  de  la  Mer  d'Ethiopie,  la  Mer  Atlantique,  la  Mer  Méditetranée, 
la  Mer  d'Eipagne,le  Mer  de  France,  la  Mer  d'Irlande,  &  la  Mer  d'E- 
coflfe  du  côté  del'Ôccident.  (ette  dernière  partie  de  la  Mer  d'Ethiopie^ 
s'étend  le  long  de  la  côte  Occidentale  de  rAfrique,dcpuis  le  Cap  de  Bon- 
ne-Efperance,jafqu'aux  environs  de  la  ligne  Equinoifliale>&  baigne  la 
côte  Occidentale  des  Cafres  &  le  Congo.  La  Mer  Atlantique  s'étend 
depuis  la  Mer  d'Ethiopie  .jufques  aux  parties  les  plus  Méridionales  de 
l'Efpagne.  La  Mer  Méditerranée  eft  renfermée  entre  l'Europe,!' Afie,  & 
l'Afrique.  La  Mer  d'Efpagne  baigne  la  côte  Occidentale  &  Septentrio- 
nale del'Efpagne.  La  Mer  de  France  s'étend  le  longdes  côtes  deGuien- 
ne  ôc  de  Bretagne  en  partie.  La  Mer  d'Irlande  eft  entre  1' Angleterre,l'lr- 
lande  &  l' Ecofle.  Et  h  Mer  d' Ecoffe  baigne  les  parties  Septentrionales  de 
l'Irlande  &  de  l'Ecoffe.  Cette  Mer  a  étéappe'lée  Calédonienne. 

L'Océan  Septentrional  td  fubdivifé  en  Mer  deTartarie,  Mer  Glacia- 
le, Mer  de  Noortzée  ou  de  Germanie,  &  Mer  Baltique.  La  Mer  de 
Tartarie  baigne  les  côtes  Méridionales  du  Continent  Septentrional,  8c 
la  côte  Septentrionale  de  la  Tartariejufqu'à  la  nouvelle  Zemble.  La  Met 
,  Glaciale  baigne  les  côtes  de  Groenlande  &c.  l  a  Mer  de  Noortzée  ou 
d'Allemagne  s'étend  le  long  dis  Côtes  deNorwege,deDannemark,d'Al- 
lemagne,  de  l'EcofTe  en  partie,  &  de  l'Angleterre  jufqu'au Canal, oa 
Pas'de  Calais,  qui  eft  entre  la  France  &  l'Angleterre.  La  Mer  Baltique 
elî  renfermée  entre  les  terres  de  Suéde, de  Pologne,  d'Allemagne  & 
de  Dannemark. 

A  l'égard  du  nouveau  Continent ,  les  Géographes  divifentrOceanett 
trois  parties,  qu'ils  appellent.  Mer  du  Nord  ou  Mer  Septentrionale  ;  Mef 
du  Sud,  ou  Pacifique;  8c  Mer  d'Ethiopie  ou  duBrefîl.  *Briet, Gw^r. 
SU  P. 

OCHAN  (Guillaume)  Cordelier  Anglois  de  nation.  &  difciple  de 
Scot ,  fut  le  Chef  des  Nominaux ,  furnommé  Doâîorinvincibilis ,  Venera- 
bilis  Inceptor .  &  Doelor  fingularis.  Il  vivoit  dans  le  XIV.  Siècle.  La  com- 
plaifance  qu'il  eut  pour  Michel  de  Céfene ,  Général  de  fon  Ordre ,  le 
porta  à  prendre  le  parti  de  l'Empereur  Louis  de  Bavière  déclaré  enne- 
mi de  l'Eglife,  &  à  écrire  contre  le  Pape  Jean  XXII.  &  contre  fesfuc- 
cefleurs.  Tritheme  rapporte  qu'Ochan  difoit  pour  l'ordinaire  à  ce 
Prince,  ^eigne'/r,  Prê/ex.-moi  vôtre  épée  pour  me  défendre,  is'ina.  plume 
fera  toujours  prête  à  vous  foûtenir.  Il  fut  auffi  accufé  d'avoir  enfeigné 
avec  Cefene,  que  Je. sus-Christ,  ni  fes  Apôtres  navoient  rien 
poiTedé,  ni  en  commun  ni  en  particulier.  C'eft  ce  qui  fut  proprement 
la  fource  de  cette  plaiftnte  queftion  qu'on  appella  le  pain  des  Corde- 
liers;  &  qui  confiftoit  à  favoir  fi  le  domaine  des  chofes  qui  fe  con- 
fumoient  par  l'ufage,  comme  le  pain  &  le  vin,  leur  apparrenoit , 
ou  s'ils  n'en  avoient  que  le  fimpleufage  fans  domaine.  Jean  XXII.  con- 
damna la  premieie  propofition  comme  hérétique  par  fon  Extravagan- 
te t«w?»/e>-,&  la  féconde  de  l'ufage  fans  domaine,  pat  l'EktraVaganté 
Ad  conditorem.  Ochan  &  Cefene  furent  auflî  excomiîiuniéi ,  parce 
qu'ils  étoient  fortis  d'Avignon  contre  l'ordre  du  Pape,  &  qu'ils  écrivi- 
rent contre  lui  Le  premier  mourut,  à  ce  qu'on  croit  j  l'an  1347. 
abfous  de  fa  cenfure.  Les  Proteftans  fe  fervent  quelquefois  de  quel- 
ques-uns de  fes  Traitez  contre  l'Eglife  ;  &  Melchior  Goldaft  a  fait 
imprimer  dans  l'on  Ouvrage,  de  la  Monarchie,  celui  des  quatre-vingts 
&  treize  Queftions  d'Ochan.  Celui-ci  en  a  compofé  d'autres  de 
Philofophie  &  de  Théologie,  dont  on  pourra  voir  le  Catalogue  dans 
les  Auteurs  que  je  cite.  *Luc  Wadinge,  in  Annal,  o*  Bibl  Minor. 
Pitfeus  ,  Sponde  ,  Bzovius,  Rainaldi,  Tritheme  &  Bellarmin,  de 
Script.  Eccl.  er  U.  4.  de  Rom.  Pont.  c.  14.  S.  Antonin  ,  4.  P.  Sum- 
ms.  Theolog.  tit.  iz.  bandere,  Prateole,  &c.  [11  faut  écrire  Occa^n 
ou  Occham,  mais  ce  mot  fe  prononçant  par  les  Gafcons  comme 
s'il  avoit  une  N  à  la  fin,  l'Auteur  l'a  orthographié  de  même,  & 
en  a  ufé  ainfi  à  l'égard  de  plufieurs  autres  mets.  Au  rcfte  ,  la 
difpute  des  Cordeliers  n'étoit  pas  fi  chimérique  qu'elle  paroît.  Leur 
Régie  ne  leur  permettant  pas  d'être  riches,  Nicolas  II.  qui  avoit 
été  de  leur  Ordre  voulut  les  enrichir  ,  fans  la  choquer,  &  pour 
cela  il  ordonna  qu'ils  n'auroient  que  l'ufufruit  des  biens  qui  leur 
feroient  donnez  ,  &  que  le  fonds  feroit  à  l'Kglife  Romaine.  Par 
cette  voie  ,  il  les  m^ttoit  fous  le  nom  de  l'Eglife  Romaine  ,  en 
poifeffion  d'une  infinité  de  biens.  Ce  fut  pour  cela  que  Jean 
XXII.  révoqua  la  Bulle  de  Nicolas.  C'eft  ce  que  Gobelin  Perfin 
découvre  dans  fa  Chronique ,  &  à  quoi  on  n'avoit  pas  aflez  pris  gar- 
de.] 

OCHIN  ou  Okini,  (Bernardin)  étoit  de  Sienne.  îl  prit  l'ha- 
bit de  Religieux  parmi  les  Capucins,  vers  l'an  1534.  &  fervit  beau- 
coup à  établir  cette  "Congrégation  dont  il  devint  Génerah  II  étoit 
dodle,  éloquent  &  hardi,  &  jamais  homme  n'a  prêché  aveC  plus  de 
fuccès,&  avec  plus  d'ap'plaudiiTement.  Les  plus  plus  illuftres  Prélats,  les 
Princes,  les  perfonnes  de  qualité  fe  faifoient  un  honneur  deluien 
rendre.  Les  plus  célèbres  villes  d'Italie  le  demandoient  à  l'envi ,  afin 
de  l'avoir  pour  Prédicateur,  &  fon  nom  étoit  en  fi  grande  réputation, 
que  les  Curieux  venoient  de  tous  cotez  pour  le  voir  &  pour  l'entendre. 
Pierre  Vermili  dit  Martyr,  le  pervertit,  &:  ilsfortirent  tous  d'eux  d'I- 
tahe  en  1541.  Bernardin  Ochin  prit  l'habitféculierà  Ferrare ,  &  vint  à 
Genève  où  il  époufa  unefille  deLuquesquil'avoitfuivi.Al'agedevô. 
ans,  il  foûtint  que  la  Polygamie  étoit  pcrmife,  il  la  défendit  mêmepar  un 
Ouvrage  particulier.  Ces  defordres  le  rendirent  odieux  aux  Proteftans. 
De  Genève  Ochin  pafla  à  Zurich,  &enfuite  à  Bâle  ,  d'où  étant  chalTéil 
fe  retiradanslaTranfilvanie&puisenPologne,oùil donna  dansleser- 
reurs  des  Sociniens ,  &  y  mourut  en  athée ,  abandonné  de  tout  le  monde 
&  le  plus  miferable  de  tous  Icshommes.  Outre  ce  Traité  de  la  Polyga- 
mie permife,  dont  j'ai  déjà  parlé.  Bernardin  Ochin  fit  en  Langue  Italien- 
ne, des  Comnientaircs  furl'Epître  de  S.  Paul  aux  Romains,  qu=Se- 

F  j  baûiea 


4^        OCH.OCR.OCT. 

baftienChâtiUon  a  mis  en  Latin  &  qui  ont  été  imprimcïàGeneve.à 
Augsbourg,  5i  ailleurs.  11  laiffa  auffi  en  la  même  langue  des  Commen- 
taiies  fur  lès  autres  Epîtres  de  S.Paul.  Les  Proteftans,  comme  je  l'?.i 
déjà  dit,  ne  parlent  de  lui  qu'en  déteftant  Ta  mémoire,  f^Beze  l'appel- 
le x-ir  infœUcis  memsrid.  Rivet  ,  Boxhornius  &  d'autres  font  dans  les 
mêmes  lentimens.  *Sponde,.^. C.  1515. «.z?-  e?  i547.  »■  ij-  San- 
derus  ,  W.  103.  Florimond  de  Raimond  ,  //.  3  c.  5.  n.  4.  Gautier 
&  Genebrard,  Chron.  Crowseus,  elench.  Script,  tn  facr.  Scriptur.  zyc. 
[Cet Article  a  été  corrigé  fur  les  remarques  de  M-Bayle.] 

i'a'oûte  ici  que  quelques-uns  ont  avancé  qu'il  avoit  été  le  Fondateur 
del'Ordre  ou  Congrégation  des  Capucins.  QuelquesProteftans  foutien- 
nent  cette  opinion,&l'appuyent  du  témoignage  d'Antoine  Marie  Gra- 
tiani  ,Evêqued'Amdia,  Catholique  fort  zélé.  Ce  Prélat  raconte  dans 
la  Vie  du  Cardinal  Commendon,  qu'Ochin  ayant  reconnu  que  les  Reli- 
gieux de  l'Oblérvancede  S.François  étoient  extrêmement  relâchez, il 
fe  fépara  d'eux  pour  vivre  dans  la  pureté  de  fa  Règle,  Qu'il  trouva  bien- 
tôt des  Compagnons  de  fa  Reforme,  &  qu'il  remit  l'Inftitut  de  S.Fran- 
cois  dans  fa  première  vigueur ,  en  fondant  l'Ordre  des  Capucins  avec 
Matthieu d'Urbin.homraed' une fainteté  exemplaire  :îyjaiscekn'eft  pas 
vrai,&  le  contraire  fe  prouve,  par  deux  raifons  Chronologiques.  L'u- 
ne, que  l'établilTement  des  Capucins  fe  fit  l'an  i^zs-  fous  le  Pontificat 
de  Clément  "Vll.&qu'Ochinnepritl'habitde  Capucin  qu'en  1534.  c'eft- 
'à-dire,neufansaprès,fouslePontificatdePaulIll. lorsqu'il  y  avoit  dé- 
jà plus  de  trois  cens  Religieux  Profès  dans  cet  Ordre.  L'autre  raifon 
Chronologique,  eft  qu'Ochin  ne  fut  que  huit  ans  Capucin  ,  &  qu'il  jet- 
ta  le  froc  en  1541.  d'où  il  paroît  qu'il  n'avoitcomraencéàl'être, qu'en 
IÎ34-  *  Varillas  ,  Ht/loin  des  Révolutions  en  matière  de  Religion. 
SUP.  .  ^ 

OCHOSIAS,  Roi  d'Ifraël  étoit  fils  d'Achab  ,  qui  l'ailocia  au  goTi- 
venement.  11  régna  feul  après  la  mort  de  fon  père  en  3136.  &  fuivitTes 
irapietez.  Etant  tombé  d'une  fenêtre  &  en  danger  de  mourir  ,  il  envoya 
confuker  Beelzebub  le  Dieu  d'Accaron  ,pour  l'avoir  ce  qui  lui  arrive- 
roit  de  ft  chute.  Le  Seigneur  lui  fit  favoir  par  Elle,  qu'il  mourroit, 
pour  avoir  eu  recours  à  l'Oracle  d'un  Dieu  étranger,  comme  s'il  n'y  eut 
point  eu  de  Dieu  en  Ifraël.Ochofias  ayant  reconnu  que  c' étoit  EUe  qui 
avoit  patléainfi,  envoya  un  Capitaine  avec  cinquante  hommes  pour  le 
prendre.  Elie  fit  defcendre  le  feu  du  Ciel  fur  ce  Capitaine  &  fur  tous  fes 
gens  :  Ce  qu'ayant  fait  encore  à  un  fécond  que  le  Roi  lui  envoya;  le 
troiiiéme  craignant  d'être  brûlé  comme  les  deux  autres,  lui  parla  avec 
tant  de  foumiffion ,  que  le  Prophète  fe  laiffa  fléchir,  &  alla  avec  lui 
trouver  Ochofîas, auquel  il  prédit  fa  mort; qui  arriva  auffi-tôt  après, 
en  la  deuxième  année  de  fon  règne  ,  3138.  duMonde.  Joram  fon  frère 
lui  fucceda.*ill.  des  Rois,  c.uh.lV.ci.Zj-c.  Jofeph , Torniel  &  Sa- 
lian ,  in  Jnnal.  -vet.  Tefi. 

OCHOsIAS  ,  Roi  de  Juda  ,  qui  s'appelloit  auffi  Joachaz,  8i  fé- 
lon quelques-uns  ,  Ozias  &  Azarias ,  étoit  fils  de  Joram  &  d'Athalia. 
I!  s'adonna  à  toute  forte  d'impietez,  imitant  fon  père,  &fuivant  ce  qui 
fepratiquoitdanslamaifon d'Achab, où  il  avoit  pris  fa  femme.  C'étoit 
le  dernier  fils  du  même  Joram ,  les  autres  ayant  été  tuez  par  les  Arabes. 
11  n'avoit  que  vingt-deux  ans  quand  il  commença  de  régner  :  car  il  faut 
lire  ce  nombre  dans  le  1 1 .  Livre  des  Paralipomenes,  au  lieu  de  quarante- 
deux,  auffi-bien  que  dans  le  I"V.  Livre  des  Kois ,  pour  ôter  la  difBculté  de 
lacontradidion  qui  s'y  trouve;  comme  les  plus  doftes  Interprètes  le 
remarquent.  Ochofias  fe  joignit  à  Joram  Roi  d'Ilraël ,  pour  faire  la  guer- 
re à  Hazael  Roi  de  Syrie.  Joram  y  fut  bleffé,  &fe  fit  mener  à  Jezraèl 
où  Ochofias  l'alla  vifiter.  Cependant  Jehu  qu'on  avoit  facré  pour 
Roi  d'Ifraël,  venoit à  Jezraël pour  exterminer  la  maifon  d'Achab.  Les 
deux  Rois  lui  furent  au  devant, &  ils  y  furent  tuez  l'an  3151.  du 
Monde.  C'étoit  la  première  du  règne  d'Ochofias.  *  l'y.  des  Rois, 9. 
II.  des  Paralipomenes  ,  21.  S.  Jérôme,  in  %u£Jl.  Hebraic.  fitp.  Para- 
lip.  Rkh3rd,inCon.Script.Cz}tnn,fap.U.  Paralip.  cap.  il.  Torniel, 
ji.  M.  3118.  n.  I.  3149.  ».  I.  zsi-  feq.  3150.  &  51. 

OCHUS.  Cherchez  Darius  II. 

OCRAZAPE ,  Roi  d'Affyrie  ,  fucceda  à  Ophratan  ,  environ  l'an 
3174.  du  Monde, &  il  régna jufqu'en  3114.  *Eurebe,J»  Chron. 

OCRIDE.  Cherchez  Acride. 

L.  OCTACILIUS  PILITUS  ,  vivoit  du  tems  de  Sylla  &  de 
Marius,  en  650.  de  Rome,  llfutefclave,  &  puis  ayant  été  afranchi  il 
enfdgna  la  Rhétorique,  &  fut  Précepteur  de  Pompée  fcGra»^.  Il  écri- 
vit des  Ouvrages  d'Hiftoire.  Confultez le  Traité  des  Grammairiens  attri - 
bué  à  Suétone, faint  Jérôme  en  fa  Chronique  ,  où  il  faut  hre  Odiaci- 
lius, pour 'Vullacilius  Plotus.  Martial,  U.  10.  Epigr.-jç.  où  il  dit,  Cttcumam 
fecit  Otacilius.  yoPCmsJi.i.deHiJi.Zat. 

OCTAVE  ou  OcTAViEN  César.  Cherchez  Augulïe. 

Cn.  OCTAVE,  Conful  Romain  ,  chaffa  Cinna  fon  Collègue  en 
667.  de  Rome.  On  fubftituaL.  Cornélius  Merula  à  Cinna,  qui  vint  à 
main  armée  pour  fe  vanger  de  cet  affront  ,  s'étant  joint  à  Marius  & 
à  Sertorius;  &  on  fit  mourir  Odave. 

M.  OCTAVE, ancien  Hiftorien  cité  par  l'Auteur  de  l'Origine  de 
la  Nation  Romaine.  Il  pourroit  être  le  même  qu'Octave  Hersen- 
NE  cité  par  Macrobe , /;.  3.  Saturn.  c.  ult. 

OCTAVE ,  Poète  &  Hiftorien  du  tems  d'Horace.  On  dit  qu'il 
mourut  en  beuvant.  Nous  avons  une  Epigramme  qu'on  fit  à  cefujet, 
inappend.  Virgil.  *  Pierre  Vidor.  li.  14.  c.  7,  var.  Letl.  Voffms, 
de  Hift.  &  Po'ét.  Lat. 

OCTAVE ,  de  Fano ,  qui  eft  une  Ville  de  l'Ombrie  ,  &  qui  prit 
le  nom  de  Cleophile,  vivoit  dans  le  XV.  Siècle.  Il  enfeigna  àFoffora- 
brone  &à  Arimini;&  il  fut  aimé  des  Princes  delà  maifon  de  Medicis, 
&deceux  delà  CourdeRome.il  publia  divers  ouvrages  en  vers  &  en 
profe.  On  dit  que  s'étant  mariéàCivitavecchia,fon  beau-pere  l'em- 
poifonna.  II  mourut  âgé  de  43.  ans  cn  1490.  *  François  Poliard  ,  en 
fa  vie  ,  Pierius  Valerianus  ,  li.  2.  de  infel.  Liter.  Voffius ,  de  Bifi. 
Lat. 

OCTAVIE,  fille  d'Oflave  ,  &  fœur  de  l'Empereur  Augufte.  El- 
le fut  mariée  deux  fois,  l'une  à  Marcel,  &  l'autre  à  Marc  Antoine; 
de  Marcel  elle  eut  un  fils  de  ce  nom  ,  qui  épôufa  Julie  fille  d'Augufte  : 
Marcelle  mariée  à  Agrippa  5c  puis  à  un  fils  de  Marc-Antoine,  L'Hiftoi- 


OCT.  OCZ. 

re  ne  dit  rien  d'une  autre  fille  de  ce  nom.  De  fon  fécond  mari  elle  eut 
Antonia  l'ainée,  qui  époufa  Domitius  hnobarbus  ;  &  Antonia  la  jeune  , 
femme  de  Drufus  frère  de  Tibère.  Marc- Antoine  maltraita  tout- à- fait 
Odavie  ;  mais  l'Lmpereur  Augufte  vengea  ce  mépris.  Ljp  Peuple  Ro- 
main fut  admirateur  de  la  conduite  &  de  fa  vertu.  Son  frère  lui  dédia 
un  Temple  &  des  Portiques,  comme  nous  l'apprenons  de  Dion.  Elle 
mourut  l'an  743.  de  Rome.  *  Suétone,;»  ji»^.  Plutarque,  in  Anton. 
Dion  ,  li.  48.  54.  Hifi.  ,       ,    ,  , 

OCTAVIE,  femme  de  Néron  ,  étoit  fille  de  Claude  &  de  Meffa- 
line.  Son  Père  l'avoir  eue  avant  fon  élévation  à  l'Empire  ,  &  l'avoit 
promife  à  Silanus  :  mais  il  la  donna  depuis  à  Néron  ,qui  la  répudia  Se 
la  fit  mourir,  après  avoir  fait  mourir  fon  frère  Britannicus.  *  Suciiohe, 
inClaud.  Nero.Tzdte,Annal.l!.  11..^  14.  Dion , iïi/?. //. 60.  Levinus 
Hulfius,  in  vit.  Cajar. 

La  Famille  des  OcTAVieNs  de  Rome  ,  OBavia  Gens  ;  ctoit  origi- 
naire de  Velitres  ,  comme  Suétone  l'affure.  Tarquinins  Prifcus  les 
mit  dans  le  Sénat  &  Tullus  HoftiUus  la  rendit  Patricienne.  Depuis 
elle  fe  mit  parmi  les  Plébéiennes;  &  Cefar  la  rétablit  dans  fa  premiè- 
re nobleffe  par  la  Loi  Caffia.  Le  premier  de  cette  Famille  qui  a 
été  élevé  dans  les  charges  eft  Cn.  Octavius  RuFusqui  fut  Quef- 
teur;  ce  que  Suétone  a  auffi  marque  dans  la  Vie  d'Augufte.  Cn.  Oc- 
tavius laiffa  deux  fils  qui  firent  deux  Branches  différentes.  Celle  de 
l'aîné  s'éleva  dans  les  premières  charges  de  la  République  ;  &  l'autre 
ne  fut  confiderable  ,  que  pour  avoir  produit  l'Empereur  Augufte. 
Je  parlerai  de  toutes  les  deux.  Cn.  Octavius  ,  fils  aîné  de  Cn. 
Odavius  Rufus  fe  diftingua  par  fa  valeur  &  par  fon  mente.  Il  fut 
Prêteur  en  586.  de  Rome  ,  &  gagna  une  bataille  navale  fur  Perfée, 
Roi  de  Macédoine.  On  l'éleva  l'an  589.  au  Confulat  avec  Titus 
ManUus  Torquatus;'  &  depuis  ayant  été  envoyé  Ambaffadeur  en  là 
Cour  du  Roi  de  Syrie ,  il  y  fut  tué  à  Laodicée  par  Leptine  ,  l'an 
591.  Divers  Auteurs  ont  parlé  de  lui.  Ciccron  en  porte  témoigna- 
ge dans  la  IX.  Philippique  :  Cn.OSlaviiclari  cmàgni  viri,quipriniui 
tn  eam  Familiam ,  i^ux  poflea  viris  fortijfimii  floruit ,  attulit  Confulatum, 
Statuam  videmus  in  roftris.  Il  en  parle  auffi  ailleurs,  comme  je  le  re- 
marquerai dans  la  fuite.  Ce  Conful  laiffa  Cn.  Octavius  qui  fut 
auffi  élevé  au  Confulat  l'an  616.  de  Rome  avec  T.  Annius  Rufus. 
Celui-ci  eut  un  fils  de  même  nom  ,  qui  eft  celui  qui  fut  tué  par  les 
gens  du  parti  de  Marius ,  comme  je  l'ai  remarqué  ci-deffus.  Il  laif- 
fa deux  fils,  C.ouL. Octavius,  Conful  l'an  679.  avec  C.  Aureliiis 
Cotta;  &M.  Oc  T  AVius,pere  de  Cn.Oc  t  avius  ,  Conful  eh  678. 
avec  C.Scribonius  Curio.  C'eft  ce  que  nousfavons  des  grands  Horrt- 
mes  de  la  I.  Branche  des  Odaviens.  La  II.  a  commencé  par  C.Oc- 
t  A  VI  us  Chevalier  Romain  qui  laiffa  un  fils  de  même  nom,  Tri- 
bun Mihtaire  en  Sicile  ,  fous  Paul  Emile.  Celui-ci  fut  père  dé  C. 
Octavius,  qui  mena  une  vie  privée,  content  d'un  patrimoine 
très-confiderable  ;  &  qui  lailTa  un  autre  C.  Octavius,  Edile  du 
Peuple,  &  Préfet  en  Macédoine  l'an  693.  de  Rome.  C'eft  ce  que  nous 
apprenons  d'une  des  Lettres  de  Ciceron  à  Quintus ,  &  par  une  Inf- 
cription  qu'on  voit  à  Rome  en  ces  termes  :  C.  OHavius  C.  F.  C.  N'^ 
P.  Pater  Aiigti/li  ,  TR.  Mil.  bis  g^  JEdilis  Fl.  cum  T.  Torànio.  Jttdei: 
Sjjiéijiionum  ,  Imperator  appelUtus  ,  ex  Provincia  Macedonia.  Odavius 
époula  Attia,  fille  de  Julie  qui  étoit  fœur  de  Jule  Cefar ,  &  en  eut 
l'Empereur  Augufte ,  &  Odavie  femme  de  Marcel  &  puis  de  Marc- 
Antoine.  *  Tite-Live ,  li.  45.  Vellejus  Paterculus ,  1. 1.  Pline ,  l.  34.  c, 
3.  Appian.i»  Syriac.  Ciceron ,</«  Offic.i.Tufe.in Epifi.  Suétone , Caf-_ 
fiodore,  &c.         ■  .  ' 

[OCTAVIEN,  Comte  des  Efpagnes  ,  fous  Conftanriii  le  Grand, 
en  cccxvii.  &  Corredeur  de  la  Lucanie  ,  en  cccxix.'  ^ac,  Gothé-^ 
fredi  Profopographia  Cod.  Theod.]  .     , 

OCTAVIEN ,  Antipape ,  étoit  Romain,  de  la  Famille  des  Com- 
tes de  Frefcari.  Le  Pape  Innocent  II.  le  créa  Cardinal, en  1140.  &  il 
l'envoya  Légat  en  Allemagne.  Après  la  mort  d'Adrien  IV.  Alexandre 
III.  fur  mis  en  fa  place.  Odavicn  qui  prétendoit  au  Pontificat  fe  fit 
élire  par  deux  Cardinaux,  &'prit  le  nom  de  Vidor  IV.  l'Empereur 
Frédéric  I.  foûmit  cet  Anripape ,  qui  eut  d'autres  amis  puiffans.  Cet- 
te protedion  le  rendit  plus  fier,  &:  même  cn  1161.  il  fit  tenir  un 
Conciliabule  à  Pavie,  où  Alexandre  légitime  Pape  fut  dépoté,  &  fut 
contraint  de  venir  en  France ,  azile  ordinaire  des  Pondfes  perfécutez. 
Odavièn  continua  à  triompher,  dans  fa  domination  tyrannique.  On 
dit  qu'il  mourut  de  phrenefie  à  Luques  environ  la  Fête  de  Pâques  de 
l'an  1 164.  *  Roderic. /;.  1.  Othon  de  Frifingen ,  i^e  reb.Trid.  Baronius, 
in  Annal.  T.  XII.     ,  , 

OCTAVIEN  ,  Romain  de  nation ,  fut  fait  Cardinal  par  le  Pa- 
pe Luce  III.  en  ri8z.  Il  fut  Légat  en  Sicile  &  en  France,  pour 
l'affaire  du  Roi  Philippe  Augufte  ,  qui  avoit  quitté  fon  époufe  In- 
geburge  de  Dannemark  ,  pour  prendre  Agnès  de  Meranie  ,  com- 
me je  le  dis  ailleurs.  Le  Cardinal  Odavien  fut  auffi  Evêque  d'Of- 
rie.  On  ne  fait  pas  le  tems  de  fa  mort.  *Ciaconius ,  Onuphre& Ba- 
ronius ,  in  Annal 

OCTAVIEN  de  la  Maifon  des  Ubaldins ,  fut  fait  Cardinal  par 
Inno^cent  IV.  en  1244.  Il  étoit  de  Florence,  fon  mérite  l'éleva  à 
l'Evêché  de  Boulogne,  où  il  avoit  été  Chanoine,  &  piiis  Archidiacre. 
Depuis  fa  promorion  au  Cardinalat ,  il  fut  Légat  dans  la  Romagne  &  en 
Sicile  contre  Mainfroi ,  puis  à  Venife,en  Lombardie  ik  en  France.  Oda- 
vien fut  encore  employé  ailleurs.  Il  mourut  environ  l'an  1274.  *0- 
nuphre  ,  Hift.  des  Papes  ,  Auberi  ,  Hiji.  des  Cardin.  Ciaconius  ,' 
&c. 

OCTAVIEN  DE  MARTINIS.  Cherchez  Marrinis, 

OCTAVIEN  DE  SAINT  GELAIS.  Cherchez  Saint  Gc^ 
lais- 

OZIACOU,  ou  OczAKow,  Ville  de  Pologne  en  Podolie; 
près  de  l'embouchure  du  Boryftene  en  la  Mer  Noire.  Les  Latins  la  nom- 
ment Axiace.  Elle  eft  préfentement  au  Turc. 

OCZKO  d"WLASSlM  (Jean)  Cardinal  Archevêque  de  Pra-' 
gue,  étoit  né  dans  une  des  premières  Maifons  de  Bohême.  Son  mérite 
&  fa  naiffance  le  rendirent  cher  à  Charies  IV.  Empereur  &  Roi  de  Bo- 
hême. Ce  Prince  confîderant  les  bonnes  qualités  deJeanOczko.qui 

étoit 


Ot)A.  ODD.  ODÊ. 

ctoit  ion  Chapelain,  lui  fit  avoir  l'Evêchéd'Olmutz,  enfuite  l'Arche- 
vêché de  Prague, &  enfin  le  Chapeau  de  Cardinal  qu'Urbain  VI.  lui  don- 
na en  1378.  C  etoit  durant  ce  long  Schifme  qui  fut  funeftc  à  l'Egli- 
fe,  fur  la  fin  du  XIV.  Siècle,  &  au  commencement  du XV.  Urham 
qui  craignoit  que  l'Empereurnes'attachàt  à  Clément  VII.  lui  fit  faire 
des  offres  obligeantes,  &  pour  le  le  gagner  entièrement  il  approuva 
l'éleffion  qu'on  avoir  faite  de  l'on  fils  Wenceflas  pour  être  Roi  des  Ro- 
mains; &  mit  au  nombre  des  Cardinaux  Jean  Oczko,  qu'il  nomma  en 
înême  temps  Légat  en  Bohême.  Charles  IV.  mourut  peu  après,  &  ce 
nouveau  Cardinal  fit  fon  Oraifon  funèbre.  Wenceflas  qui  lui  fuccéda, 
mena  une  vie  très-déteglée  ;  s'abandonna  à  des  vices  honteux ,  &  fe  ren- 
dit mepnlable  par  fes  débauches.  Jean  Oczko  Sut  le  feul  qui  lui  parla 
fortement  ,  ôc  le  reprit  de  fes  vices  ;  mais  ce  Prince  en  profita  très- 
peu.  Cependantl'Archevêque  de  Prague  remplit  tousles  devoirs  d'un 
bon  Prélat,  s'oppola  aux  Huflites  qui  commençoient  à  débiter  leurs 
erreurs,  quoi  qu'en  fccret,  fit  diverlés  fondations  pieufes;  &  mourut 
en  réputation  de  fainteté,  au  commencement  de  l'an  138t.  *Auguf- 
tin  Moraw,  de  Epifo.  olomuo.  n.  14.  Théodore  de  Niem,  li,  i,  c.  17. 
jCiaconius,  Aubcri,  &c. 

O  D. 

OD  A  R  D ,  Sieur  Du  Biez.  Cherchez  Bie«. 
OD  DIS  (Nicolas  de)  de  Padouë,  Religieux  8c  Abbé  de 
la  Congrégation  du  Mont  Olivet,  a  été  eftimé  dans  le  XVII. 
Siècle.  Jaques  Thomafini  a  fait  fon  éloge  parmi  ceux  des  Hommes 
îlluftres  de  Padouë.  Nicolas  de  Oddis  mourut  lani  616. 

ODDO  DE  ODDIS,  Profefleur  en  Médecine  dans  l'Univcrfité  de 
Padouë  fa  patrie,  a  été  en  grande  eftime  au  commencement  du  XVI. 
Siècle  ,  Jufqu'en  1530.  &  35.  Il  fit  divers  Ouvrages  de  Médecine. 
Comment,  in  primam  Fen.  Avtcenn£.  Apologia  pro  Galeno.  De  Pe/îis 
gaufis,  crc.  OddodeOddisfutpcre  de  Makc  Oddi,  aufîi  ProfefTeur 
en  Médecine  en  la  même  Univerfîté  de  Padouë.  Nous  avons  de  lui 
Methodus  componendorum  Meditàmentorum.  Apologia  de  putredine ,  cj'c. 
Sa  Famille  a  eu  d'autres  Hommes  de  Lettres ,  comme  Nicolas  de 
Oddis,  Abbé  delà  Congrégation  de  Monte  Oliveto,  morteni6i6. 
comme  je  lai  dit  ci-defTus,  ôcc.  'Thomafini,  in  elog.  illujlr.  Patav, 
Ghiiini,  Theat.dHuom.Letur.  ]\i&\is,inCfjron.Medic.  Vander  Linden, 
de  Script.  Medic.  &c. 

ODENAT,  Roi  desPalmyreniens,  auparavant,  Becurion  de  Pal- 
"t»yre.  VilledeSyrie,  fe  rendit  redoutable  dans  le  III.  Siècle.  11  défen- 
dit courageufement  les  limites  de  l'Empire  Romain  contre  lesPerfes, 
défit  Quietus  &  Balifta  ,  qui  s'étoient  révoltez  ,  &  prit  enfin  le  titre 
d'Augufte.  Sa  femme Zenobie,  que  fonefprit&fon  courage  ont  ren- 
due très-célebre ,  lui  aida  à  fe  rendre  maître  de  tout  l'Orient.  Dans 
cette  grande  profperité ,  Odenat  fut  aflTaffiné  par  fon  neveu  Mœnius , 
fous  le  règne  des  GaUiens.  Ce  fut  environ  l'an  deux  cens  foixante- 
fix.  Odenat  foûmit  d'abord  Nifibe,  avec  toute  la  Mefopotamie,&  mit 
en  fuite  l'armée  des  GaUiens.  Il  avoittrois  fils,  Herode,  Herennien 
&  Timolaiis.  L'aîné  fut  afTaflSné  avec  lui.  Tous  ceux  de  cette  Maifon 
avoient  de  grandes  qualitez.  Je  parle  ailleurs  de  Zenobie.  *  Trebel- 
lius  Pollio ,  des  trente  Tyrans ,  crenla  vie  des  Valer.  v  des  Gall.  [  Tre- 
tellius  Pollio  nomme  l'affaffind'Odenat  Méunius ,  &  dit  qu'il  étoit  fon 
Coufin ,  confobrinus.  ] 

ODENSEE,  Ville  de  rifle  de  Funen,  au  Royaume  de  Danemark , 
avec  Evêché  fuffragant  de  Londertr  Ceux  qui  écrivent  en  Latin  la  nom- 
ment Otbonia ,  ou  Ottonia.  Les  Evêques  du  Royaume  s'y  aflTemblerent 
en  1257.  pour  défendre  la  Dignité  Ecclefi.aflique,  ils  y  firent  des  régi  e- 
mens  que  le  Pape  Alexandre  IV.  confirma  par  des  Lettres  écrites  à 
yiterbe. 

L'ODER,  grand  Fleuve  d'Allemagne,  qui  afafoiirceenunBourg 
dece  nomdanslaSilefie,  aux  confins  de  la  Moravie-  Il  ell:  d'abord  peu 
confidérable,  mais  il  le  devient  étant  acrù  des  eaux  de  l'Oppaw  :  il  paf- 
fe  à  Ratibor,  à  Breflaw,  au  grosGlogau,  ScàCrolTen  dans  laSilefie. 
Enfuîte  il  arrofe  la  Marche  de  Brandebourg ,  Francfort ,  Lebufs ,  &  Cuf- 
trinoùilreçoitle'Wart.  De  là  coulant  dans  la  Pomeranie,  &  recevant 
diverfes  petites  Rivières,  il  fait  près  de  Stetin  un  Lac  ,  que  ceux  du 
pais  appellent  D.is  Grofs  Hajfs,  c'eft-à-dire  le  grand  Lac  ,  avec  deux 
Mes  Lifedom  &  WoUin;  8c  il  fe  décharge  enfin  dans  la  Mer  Baltique, 
par  trois  embouchures ,  dites />/»,  Sevine,  Si  Diwonow.  L'Oder  cil 
nommé  parles  Auteurs  Latins  Oflfer^.  On  l'a  auflS  nommé  Suevus  Gut- 
lalus ,  Viadus  c'  Viadrus.  Confultez  Cluvier ,  Bettius ,  8cc.  L'Auteur 
de  l'Itinéraire  en  fait  mention,  li.  5.  »• 

Hic  Odera,  à  pri/cis  qui  nemina  Suevus  hahehat, 
Nafcitur ,  cr  Codani  prMipiîatur  aquis. 

ODERIC,  Religieux  de  l'Ordre  de  S.François,  &  natif  de  Frioul , 
vivoit  en  1310.  11  publia  divers  Traitez ,  &  entr'autres  un  Livre  de  fes 
"Voyages,  dans  lequel  il  parle  des  coutumes  &  des  mœurs  des  peuples. 
C'ell  cet  Ouvrage  que  Wadinge  appelle  de  mirabilibus  mundi.  Ceux 
<3ui  voudront  mieux  connoître  cet  Auteur ,  pourront  confulter  le  Trai- 
té des  Hiftoriens  Latins  de  VoCSus ,  8c  Bollandus  qui  rapporte  la  vie 
d'Oderic  fous  le  14.  Janvier. 

ODERISE  ,  Cardinal ,  Abbé  du  Mont-Caffin  dans  le  XI.  Siècle, 
étoit  de  la  Maifon  des  Comtes  de  Marfes  dans  la  Terre  de  Labour.  Il 
fut  reçûjeune  dans  l'Ordre  de  Saint  Benoît.  L'Abbé  Richer  prédit  qu'il 
feroit  un  des  grands  Hommes  de  fon  temps ,  8c  il  ne  fe  trompa  pas. 
Oderife  fit  de  merveilleux  progrès  dans  les  Sciences  &  dans  la  Vertu  ;  âc 
le  Pape  Nicolas  IL  lefitCar  iinal,  l'an  1059.  Depuis  il  fut  élu  Abbé  du 
Mont-Cafl!in,  qu'il  augmenta  confidérablement.  Il  mourut  en  réputa- 
tion d'une  grande  pieté,  le  deuxième  Décembre  de  l'an  mil  cent-cinq, 
Oderife  avoit  compolé  divers  Ouvrages  en  profeSc  en  vers^  qui  ne  font 
pas  venus  jufques  à  nous.  'Paul  Diacre,  It.  4.  Hijl.  CaJJïn.  c.  i.  Léon 
d'Oftie,  /;.  3.  c.  14.  Ciaconius,  Auberi,  8cc. 

ODESCALCHI  (  r-ierre- George  )  Evêque  d'Alexandrie  de  la 
Paille ,  puis  de  Vigevano ,  étoit  de  Como  dans  le  Milanois.  Il  fe  ren- 
dit habile  dans,la  connoiffance  du  Droit  C^non,  Se  depuis  ayant  per- 


ôDë.  ôdï.  ôdM.       4^ 

/dufafenimeètant  encore  jeune,  il  fe  fit  Prêtre.  Padl  Odescal- 
^"''  ^J^.f'^'i^^l^'tadiPenni.  8c  Gouverneur  de  Rome,  étoitfon 
I  oncle.  C  en  ce  qui  1  obligea  d'aller  à  la  Cour  du  Pape  ;  où  fon  mérite  hii 
!  s'  xt  V  nni  l  "'  ^'"'r'^u^desemplois  importans.  CarlePape 
S,x  eV.  qui  fe  conno.ffo.t  bien  en  gens,  le  fit  Protonotaire  participant  i 
Reterendarre  de  1  une  8c  l'autre  fignature,8c  Préfet  des  Brefs  qu'on  norn^ 
me  de  Juftice.  Depuis  on  le  choifit  pour  être  Protonotaire  afTiftanteii 
laCanonuationde  fa.nt  Diego  dont  il  prononça  l'élogedev  n  îeil" 
cré  Collège,  8c  dont  il  compofa  la  vie.  Grégoire  XIV.  le  fit  Gouver- 
neur de  Fermo,8c  Clément  VI II  le  fit  Evêque  d'Alexand  ie  &1  envov^ 
Nonce  en  SuiHe.  Odefcalchi  s'aquitta  très-bien  de  cet  emnloi  A  fon 
retour  11  alla  réfider  dans  fon  Diocefe ,  qu'il  gouverna  d'uL  manière 
tres-edifiante.  Hy  abolit  des  coutumes  pernicieufes.  y  rétabht  la  diTc^ 
p^ine;  &fefituneLûi,  dimiteren  tout  la  conduite  de  faint  Charles 
Depuis  on  le  transfera  a  l'Evêché  de  Vigevano,  où  il  continua  fes  mê- 
mes  exercices  ;  8c  il  mourut  le  6.  Mai  de  l'an  i6io.  Pierre-Georee 
Odefcalchi  a  compofé  quelques  Ouvrages  de  pieté.  Sa  Famille  a  pro- 
duit de  grands  Hommes ,  8c  entre  autres  BenoîtOdescalchi* 
Eyeque  de  Novarre ,  puis  Cardinal  en  1645.  &  enfin  Pape  fous  le  nom 
d  Innocent  XI.  comme  je  le  dis  ailleurs.  *Ughel,  ital.Sacr.  Ghilini„ 
Jheat.  a  Huom.  Letter.  " 

ODETDECOLIGNL  Cherchez Coligni 
?  o^T^T^  '^M  ^  capitale  du  Royaume  de  Siam.  Cherchez  S  i  a  rf. 
S.  ODILON,  cinquième  AbbedeCluni,  étoit  d'Auvergne,  filâ 
deBeraudrurnomme  le  orand.  Seigneur  de  Mercœur  8c  de  Gerberee' 
Il  fucceda  a  lamt  Majole  en  994. 8c  gouverna  cette  Congrégation  durant 
56.  ans.  Sa  faintete  eftreconnuë  par  des  miracles.  Il  étoit  fi  bon  qu'on 
lui  reprocha  fa  douceur  comme  un  grand  défaut,  8c  il  répondit  que  s'il 
devoit  être  damne,  il  aimoit  mieux  que  ce  fût  pour  avoir  été  trop  dé- 
bonnaire, que  pour  avoir  eu  trop  deféverité.L'Eglife  de  Lyon  perfjadée 
de  fon  mente ,  le  voulut  avoir  pour  fon  Evêque ,  après  la  mort  de  Bur- 
chard  ;  mais  il  refufa  cet  honneur,  pour  vivre  dans  fa  folitude  Ce- 
pendant il  écrivit  la  vie  de  faint  Majole  fon  prédecefléur  ;  8c  celle  de 
llmperatnce  Adélaïde,  que  Henri  Canifius  avoit  publiée  dans  le  V 
Tome  de  fes  anciennes  Leçons ,  Si  que  le  P.  Martin  Vîarrier  a  raife  dans 
la  Bibliothèque  de  Cluni.  Nous  y  avons  auflS  4.  Hymnes  que  faint 
Odilon  compofa  al  honneur  du  même  faint  Majole,  quatorzeSermons 
pour  les  Fêtes  de  notre  Seigneur ,  de  la  Vierge  8c  des  Saints ,  8c  l'Or- 
donnance quiJ  pubha  dans  fa  Congrégation,  pour  la  Fête  ou  Mémoire 
des  Morts ,  qu  il  établit ,  8c  que  l'Eglife  a  depuis  recûë.  Il  mourut  le  r 
Janvier  de  l'an  1048.  âgéde78.ans.  Le  Cardinal  Pierre  Damien  a  écrit 
fa  vie.  CotjfulrezauflTiGlaber,/;  5.C.4.  Alberic.  inchror,.  Fulbertde 
Chartres,  Hugues  deFlavigni,  Sigebert,  Pierre  de  Blois,  Tritheme 
Baromus,  Bellarmin,  Voflius,  PolTevin  ,  Marrier ,  Sainte  Marthe' 
8c  divers  autres  qui  parlent  de  lui.  ' 

,  i^P-a-^"^/  °^^" '^^^^"'^^"5 Danois,  avant  qu'ils  eufTeritemBrafTé 
le  Chriltianifme.  Il  prefidoit  fur  les  combats,  avec  un  autre  Dieu  nom- 
mé Thor.  Quelques  Savans  croient  qu'Odin  8c  les  autres  Dieux  du  Nord 
étoient  des  Magiciens,  qui  vinrent  en  Suéde  8c  en  Danemark  delà  Scy- 
thieAfiatique;  8cqui,  par  le  moïen  de  la  Magie ,  firent  accroire  aux 
peuples  qu'ils  étoient  les  mêmes  Dieux,  que  l'on  adoroit  déjà;  8c  dont 
ils  prirent  les  noms,  pour  tromper  plus  facilement  les  Amples.  Odin  ne 
pouvant  éviter  la  mort  commanda  qu'on  le  brûlât  ,  dès  qu'il  auroic 
abandonné  fon  corps,  8c  dit  que  fon  ames'enretourneroità^/f<îr(//f , 
d'où  il  étoit  venu ,  pour  y  vivre  éternellement.  C'eil  ainfi  que  fe  nom- 
moitla  capitale  dupais,  d'où  ces  prétendus  Dieux  étoientfortis,  8c  ou 
les  Danois  plaçoient  leur  FatôoW,  ou  champs  Elyfées.  On  dit  qu'ils 
étoient  venus  d'auprès  des  Marais  Méotides ,  du  temps  de  Pompée,  en 
fuiant  les  armes  Romaines.  Si  cela  étoit  vrai,  il  faudroit  que  c'eût  été 
du  temps  quePompée  vainquit  Mithridate,  8c  porta  la  terreur  du  nom 
Romainjufqu'auBofphoreCimmerien.  Mais  comme  il  ne  foûmit  pas 
les  Nations,  qui  font  auNordduPont-Euxin,  il  y  a  peu  d'apparence 
qu'aucun  de  ces  peuples  ait  été  alors  contraint  d  abandonner  pour  ja- 
mais fon  pais ,  8c  moins  encore  que  peu  de  gens  aient  fui  delà  auffi  loin 
quefontla  Suéde  8c le  Dannemaïk.  Rarthol.  Antiq.  Dan.'] 

O  D  I N  G  T  O  N  Anglois,  Religieux  de  l'Ordrede  St.Berioît , étoit 
environ  l'an  1280.  en  ellime  de  favoir  tous  les  fecrets  de  la  Philofo- 
phie  Si  des  Mathématiques.  Il  le  témoigna  par  la  compofition  de  deux 
Traitez  ,ile  premier  intitulé ,  Demotibusphnetarum ,  8c  l'autre  <4»î«m- 
tione  a'éris.  *Pitfeus,  deilluft,  Angl.  Script,  p.-^ôz. 

ODMAN,  ou  Osman,  troifîéme  Calife  ou  fuccefTeur  de  Ma- 
homet ,  fut  élu  en  648.  par  les  Commandans  de  l'armée ,  qu'il  avoit 
gagnez  par  fes  Lberalitcz.  Il  envoya  l'an  649.  fept  cens  Vailleaux  de 
guerre  en  Cypre ,  fous  le  Commandement  de  Moavia ,  Gouverneur 
d'Egypte ,  qui  ruina  la  plus  grande  partie  de  cette  Ifle  ;  8c  y  étant  retour- 
né l'année  fuivante ,  rafa  la  ville  de  Nicofis,  &c  laiflTa  toute  l'Ifle  dé- 
ferre. Cependant  Odman  raflembla  les  mémoires  de  la  Religion  de  Ma- 
homet, ôc  les  faifant  diflribuer  par  Chapitres,  établitlaSeéle  appellce 
Chefaya ,  du  nom  de  l'Auteur  qui  mit  cet  Alcoran  en  ordre.  L'an  651. 
Odman  envoya  Occuba,  avec  une  puifl"ante  armée  en  Afrique,  lequel 
conquit  la  partie  Orientale  de  la  Barbarie,  Scybâdt  la  ville  de  Caira- 
van ,  ou  Carvan ,  à  trente-cinq  lieues  de  Tunis ,  du  côté  de  l'Orient.  Il  y 
peupla  auffi  plufîeurs  endroits,  8c  mêla  les  Arabes  avec  ceux  du  païs, 
pour  faire  un  commun  établiflfcment.  Ibni  Alraquiq  dit  que  ce  furent 
les  premiers  Arabes  qui  portèrent  la  Religion  de  Mahomet  en  Afrique. 
Môavia  d'un  autre  côté  gagna  en  6j4.  une  fameufe  bataille  navale 
contre  l'Empereur  ConftanslI.  qui  croifoitfurlamerdePhenicieavec 
mille  Vaiffeaux,  8c  en  655.  il  prit  l'Ifle  de  Rhodes ,  dont  il  brifa  le 
ColofTe:  puis  il  ravagea  une  partie  de  l'Arménie.  Pendantle  cours  de 
fes  vidoires ,  Ali .  qui  prenoit  le  titre  de  Calife  eu  Arabie ,  envoya  plu- 
fîeurs de  fes  Sujets  pour  tuerOdman;  ce  qu'ils  exécutèrent  en  la  ville 
de  Damas:  quoi  que  d'autres  difent  que  ce  fut  lui  qui  fe  tua  lui-même; 
voyant  fes  ennemis  maîtres  de  fon  Palais ,  de  peur  de  tomber  entre 
leursmains.  Il  vécut87.ans,  8cfutenterréran658.  fansaucunepom- 
pe,  parce  qu'on difoit  qu'il  s'étoit  tué.  ''Marmol,  de  l'Afrique,  l.z. 
SUP.  [  Vçyez  la  Biblioth.  Orient.defidrfA.  DherMot,  au  mot  Oth-. 
man,'\ 


4S 


ODO. 


Ç)DOACRE,  fils  d'Edicon  ou  Edicas,  Roi  des  Erules  ouElureS, 
des  Scirrhes  &  Turci'.ingiens,  peuples  originaires  de  Scythie ,  fut  ap- 
pelle en  Italie  par  ceux  qui  prenoient  le  parti  de  Nepos.  11  y  vint  en 
îjuatrecens  foixante&feize,  &s'étantfaili  dupais  des  Vénitiens  &  de 
la  Gaule  Cifalpine,  il  défit  Orefte&fon  frère  Paul ,  &  lelcguaAuguilu- 
]e  dans  un  Château  près  de  Naples.  De  cette  façon  il  eut  la  puiffance 
entre  les  mains ,  mais  il  en  ufa  avec  grande  modellie  ,  fe  contentant  d'ê- 
tre Souverain  ,  fans  en  prendre  les  ornemens  extérieurs.  Bien  qu'il  fût 
Arien  de  Sede,  il  ne  maltraita  point  les  Catholiques,  au  contraire  il 
leur  accorda  beaucoup  de  grâces  à  la  prière  de  quelques  Evêques.  De- 
puis il  fit  la  guerre  aux  Rugiens ,  peuples  d'Allemagne ,  vers  la  Mer  Bal- 
tique. Illescléfitenbatailleran487.  prit  leur  Roi  appelle  Felethus,  ou 
Pheba,  avecfafemmenomméeGifa,  Bclesenvoyaen  Italie.  Frédéric 
'leur  fils  prit  la  fuite,  &  fut  trouver  dans  la  Mcefie  ,  Theodoric  Roi  des 
Gots ,  qui  lui  donna  des  forces  pour  fe  rétablir  :  ce  qu'il  fit ,  mais  il  en  fut 
encore  chafTé.  Cependantle  même  Theodoric  s'avança  en  Italie,  l'an 
489.  Odoacre  lui  fut  ail  devant,  pour  lui  empêcher  l'entrée,  &il  per- 
dit la  bataille  dans  le  pais  des  Vénitiens.  Il  eut  le  même  malheur  deux 
autres  fois;  &  fe  vit  contraint  de  s'enfermer  en  490  dans  Ravenne  , 
où  Theodoric  mit  le  fiege.  Il  dura  deux  ans,  &ce  Prince  s'ennuyant 
<ie  cette  longueur,  fitla  paix  avec  Odoacre,  &  partagea  l'Empire  d'I- 
talie avec  lui.  Feu  de  temps  après,  Theodoric  le  fit  tuer  dans  un  feftin 
en 493.  *Procope,  /.  i.  de  bell.  Got.  Jornandes,  de  reb.  Got.  Caflio- 
dore ,  in  Chron.  Nicephore ,  Paul  Diacre ,  8cc. 

ODO  ARD,  Duc  dé  Parme.  Cherchez  Edouard  ou  Odouard. 
V  S.  ODON,  fécond  Abbé  de  Cluni,  que  fa  pieté  &  fonfavoirren- 
'direntilluftredansleX.Siécle,  étoitFrançois  denation.  Il  fut  difciple 
de  faint  Rémi  d'Auxerrei-  &  Chanoine  de  iaint  Martin  de  Tours  :  & 
depuis,  l'amour  de  la  folitude  l'ayant  porté  à  Cluni ,  oîi  il  prit  l'ha- 
bit de  Moine ,  fôn  mérite  l'éleva  à  la  qualité  d'Abbé ,  après  Bernon. 
■Rodolphe  Glaber,  &  d'autres  Auteurs,  nous  afl"urent  que  la  fainteté 
d'Odon  fervitmerveilleufement  à  augmenter  la  Congrégation  de  Clu- 
ni, aufli  fut-elleacruë  d'un  très  grand  nombre  de  Monaùeres.  Les  Pa- 
pesse les  Evêques,  auffi  bien  que  les  Princes  féculiersavoient  une  elti- 
mepatticidiere  pour  ce  S.  Abbé,  qu'ils  prenoient  ordinairement  pour 
arbitre  de  leurs  différends.  Il  mourut  en  941.  félon  Flodoard,  OU944. 
comme  veulentles autres.  Jean  d'Italie  fon  difciple,  écrivit  fa  vie  en 
III.  Livres  que  nous  avons.  Nalgode,un  autre  de  fes  difciples ,  l'écri- 
vit auffi':  mais  cet  Ouvrage  s'elt  perdu.  Le  P.Marrierfe  du  Chefne, 
qui  publièrent  la  Bibliothèque  de  Cluni  en  1614.  y  mirent  diverfes 
Pièces  de  S.  Odon ,  comme  la  Vie  de  S.  Gérard  ;  deux  Traitez,  à  l'hon- 
neur de  S, Martin  j  avec  des  Antiennes&desHymnes  pour  le  même 
Saint;  IV.  Sermons,  III.  Livres  de  Conférences,  &diversHymnesdu 
faint  Sacrement,  de  la  Sainte  Vierge,  &defainteMagdeleine.  Depuis 
le  P.Marrier  publia  encore  en  [617.  en  un  Volume  in  oêîavo  trente- 
cinq  Livres  de  Morales  fur  Job ,  de  S.  Odon  ,  qui  avoir  auffi  com- 
poféun  Livre  du  mépris  du  monde,  un  de  la  tranflation  de  faint  Be- 
noît, &  d'autres  que  nous  n'avons  pas,  Confultezles  Auteurs  de  la  Bi- 
bliothèque de  Cluni ,  Flodoard ,  in  Chron.  Aimoin  ,  /;.  2.  de  mirac.  S.  Be- 
«ed.  f.4.  Sigebert,  in  Cat.  c.  114.  crinChron.  Glaber,  Tritheme  Bel- 
larmin ,  Baronius,  PolTevin,  Sainte  Marthe,  Voffius,  &c. 

ODON ,  que  quelques-uns  nomment  Odoard,  Evêque  de  Cambrai , 
étoit  natif  d'Orléans.  Il  fut  premièrement  Abbé  de  faint  Martin  de 
Tournai  ,  &:  enfuite  il  fuccéda  à  ManalTes  II.  environ  l'an  mil  cent 
cinq.  Depuis  ayant  refufé  de  reconnoitre  l'Empereur  Henri  IV.  on 
l'obligea  de  fe  retirer  à  l'Abba'ied'Anchin,  oùilmouruten  1 113.  Les 
Auteurs  de  ce  temps-là  nous  parlent  de  lui.comme  d'un  Prélat  éloquent, 
quientendoit  bien  les  Ecritures ,  qui  étoit  doftc&fubtil.  Il  compofa 
divers  Ouvrages, le  plus  confidèrable  eft  intitulé,  £;f;x/;if;c/io/7«o  ;»  C««o- 
Tiem  Alijfa ,  divi/a  in  j,.Diftinâliones.  Nous  l'avons  dans  la  Bibliothèque 
des  Pères,  où  l'on  a  mis  dans  celle  de  Cologne  ces  autres.  De  peccato 
criginali ,  Li.  III.  De  blafpbtmia  in  Spiritum  S.  Homitia  de  villico  init^uifa- 
iis.  On  lui  attribué  encore  une  Difpute  contre  un  Juif  nommé  Léon  , 
un  Traité  de  l'Incarnation, 'des  Conférences,  &c.  *Molanus,  in  nat. 
SS.  Belg.  V  in  Auêî.  Le  Mire ,  in  cod  donat.  piarum ,  £,73,  Lindanus  in 
lenerem ,  It.  T..  c.z.n. 11.  Tritheme  &  Bellarmin ,  de  Script.  Eccl.  Gazei , 
Hijl.  Eccl.  dti  l'aïs-Sas.  Vulere  André  ,Bibl.  Betg.  Poffevin  ,  in  Appar. 
Sacr.  qui  de  cet  Odon  en  fait  deux  Auteurs,  Sainte  Marthe,  T.l.  Gall. 
Chrift.  Henri  de  Gand,  &c. 

ODON,  Moine  de  faint  Maur  des  Foflez,  eni058.  écrivit  la  vie  du 
ColnteBurchard.  Voyez  les  Renjarqùes  fur  la  Bibliothèque  de  Cluni, 
Co1.6t.6S.  a-  ii-j.crc. 

ODON  ou  Eudes  Régent  du  Royaume  de  France.  Cherchez 
Eudes. 

ODON  ou  Eudes  de  C  ha  t  eau-Roux  ,  qui  fe  dit  natif 
duDiocefe  de  Boiu-ges ,  Chanoine  &  Chancelier  de  l'FgUfe  de  Paris. 
Le  Pape  Innocent  IV.  le  créa  Cardinal  à  Lyon  où  il  célébra  un  Concile 
en  1144,  &  il  accompagna  le  Roi  S.  Louis  en  fon  voyage  d'Outre-mer, 
«n  qualité  de  Légat  du  Iaint  Siège.  A  fon  retour  il  mourut  à  Orvieto  le 
2.  j.  Janvier  117  3 ,  Il  lailTa  deux  Volumes  d'Homélies  de  fa  façon,  *  Guil- 
laume de  Nangis ,  Joinville  8c  Sponde ,  in  .Annal.  Auberi  ,Hift.  des  Card. 
ce. 

O  D  O  N  dit  C  A  N  T I A  N  u  s ,  de  Kent  ,  parce  qu'il  étoit  natif  de 
cette  Province  en  Angleterre ,  vivoit  dânsk  XII,  Siècle,  Il  prit  l'habit 
del'Ordre  defaintBenoît,  où  fa  pieté  &  fon  favoir  relevèrent  bien-tôt 
aux  charges  de  Prieur  &  d'Abbé,  Il  a  eu  Thomas  de  Cantorbie  pour 
ami ,  &  Jean  de  Sali:buri  pour  Pahegyrifte,  Il  compofa  des  Commen- 
taires fur  le  Pentateuque  ,  fur  le  IV.  Livre  des  Rois ,  des  Morales  fur  les 
Pfeaumts ,  fur  l'ancien  Tefianient ,  &  furies  Evangiles  ;  un  Traité  inti- 
tulé, De  onere  Philifihim  ,  un  autre  Demoribus  Ecdefiafticis.  De  -vitiiscr 
■virtutibus  anima. ,  eyc,  Odon  de  Kent  mourut  en  II 60,  *Pitfeus,  de 
illuft.Angl.  Script.  Arnoul  Wion,  in  Lig.  -vit.  Pofl"evin,  in  Appar.  Sacr  c?c 

ODON  DE  MUREMONDE  ,  Anglois ,  qui  fit  fur  Eudide  une 
Chronique,  &c,  U  vivoit  environ  l'an  1 180.  félon  Balée. 

ODON  dit  Sevek,  originaire  de  Dannematk,  naquit  en  Angleter- 
re de  parens  idolâtres.  La  fréquentation  de  quelques  Chrétiens  lui  fit 
gonnoître  la  vérité  de  nôtre  R-cligion  ;  &  il  reçût  le  Baptême.  Cependant 


ODO.  ODY.  OEA.  OEB.  OEC. 

comme  il  favoit  les  Langues  Latine  &  GréqUe  ;  qu'il  compofoit  en  vet*s 
&  qu'il  parloit  bien ,  on  le  fit  connoître  au  Roi  Edouard  ,  qui  l'aima  & 
réleva  à  l'Evêchè  deSalisburi,  &  enfuite  â  l'Archevêché  de  Cantorbie. 
Il  publia  divers  Poèmes,  desEpîcres,  des  Ordonnances  Synodales,  un 
Traité  de  la  prèfence  réelle  du  Corps  de  Jesus-Chrisï  dansl'Eucha- 
riilie  ,  &  quelques  Traitez  Hilloriques.  Odon  ro.ourut  en  959.  Pit- 
feus ,  de  lUuftr.  Angl.  Script,  vc 

ODON  ,  dit  Shirton  ou  Ceritonenf:,  Religieux  de  l'Ordre  de  Ci- 
teaux  d'Angleterre,  fut  confidérépourêticun  des  plus  éloquens  per- 
fonnages  defontemps.  Il  étudia  en  fon  pais  &  en  France,  8c  comme  il 
étoit  Doéleur  en  Théologie  ,  on  le  nommoit  ordinairement  Maître  O- 
don.  Les  Princes  de  fon  temps  faifoient  gloire  de  l'avoir  chez  eux.  Il 
écrivit  des  Homélies,  des  Proverbes,  &  diverfes  autres  Pièces.  On  ne 
fait  pas  en  quel  temps  il  mourut,  mais  feulement  qu'il  a  vécu  fous  le 
règne  de  Henri  II.  Roi  d'Angleterre  en  1 181.  =*  Charles  deVifch,  in 
B/bl.  Ciflerc.  Pitfeus ,  &c. 

O  D  O  R  A  N ,  Moine  de  l'Abbaie  de  S.  Pierre  le  Vif  de  Sens ,  vi- 
voit  dans  le  XI.  Siècle,  enranio4ç.  Il  compofa  une  Chronique  fous 
ce  titre ,  Chronica  rtrum  in  orbe  geflarum.  Pithou  en  rapporte  un 
fragment  dans  fes  Annales  de  France.  Le  Cardinal  Baronius  le  cité 
auffi  fous  l'an  875:.  Confultez  PoflTevin  ,  in  Appar.  Sac.  Voffius,;/* 
Hift.  Lat. 

ODYSSE'E ,  nom  Grec  de  l'un  des  deux  Poëme&d'Homerc ,  lequel 
contient  en  vingt-quatre  Livres  les  Voyages ,  lesAvahtures&les  faits 
Héroïques  d'Ulyffe.  SU  P. 

Ô  É. 

OEASO,  Promontoire  de  Gafcogne ,  verslaMer  deBiJcaye,' 
qu'on  nomme  communément.  Cap  de  Fontarabie  ou  le  Fi- 
guier ,  près  de  l'embouchure  du  Bidaflba.  Il  y  a  auffi  Oeafo  oti 
Oeafopolis,  que  quelques-uns  prennent  pour  Oiarçou  fur  Leço.  Mais  il 
eft:  {(irqu  Oeafopolis  cft  Fontarabie ,  &  Oiarçou  eft  Otarfi. 

O  E  B  A  L I  E ,  nom  d'une  contrée  du  Peloponnefe ,  &  de  la  ville 
de  Tarente  ,  dite  amfi  d'un  Roi  de  ce  nom.  Virgile  en  parle  ainfi , 
li.  7.  Mneid. 

Nec  tu  carminibus  nojîris  indiclus  abibls 
Oebaie ,  çj'c. 

OECHALIE,  Ville  de  theflTalie,  félon  Strabon.  Paufaniaseri 

met  une  autre  de  ce  nom  dans  le  Pais  desMeffeniens,  &  dans  la  Là- 
conie,  8c -Mêla  parle  d'une  autre  dansl'ArcadieSc dans l'Eubée.  Mais 
aujourd'hui  nous  n'en  avons  point  de  connoiffance.  Ovide  ,  U.  9, 
Metam.  ... 

OECOLAMPÀDE  (Jean  )  Allemand  ,  natif  d  uii  village  dit 
Reinfperg  ,  fut  un  des  premiers  qui  donna  dans  les  nouveautez  pour 
la  Religion  ,  dans  le  XVI.  Siècle.  Il  étoit  Religieux  8c  Prêtre  dans  l'Or- 
dre de  fainte  Brigite  ;  mais  ayant  changé ,  il  publia  les  opinions  de  Zuin- 
gle,  contre  la  realité  du  Corps  de  Jésus- Christ  dans  l'Euchariftie;  &: 
fut  MiniftreàBàle  ,  l'an  1515.  Oecolampade  publia  un  Traité  intitu- 
lé ,  De  genuina  expofitione  ijerborùm  Domini  :  Hoc  eft  Corpus  meum ,  id 
eft  figura  ,  fignum  ,  typus ,  fymbolum.  [  Erafme  a  fait  ce  jugement  de  ce 
livre  :  Scripjit  Oecolampadms  tanto  ftudie ,  tôtque  tnachinis  argumente' 
rum,  £7-  taniâ  facundiâ  ut  feduci  pojfint,  ni  •uetet  Deus,etiam  'eleéîi.  „  Oe- 
„  colampade  a  écrit  avec  tant  de  foin,tant  de  raifonnement,8c  tant  d'élo- 
„  quence,  qu'il  y  en  auroit  aflez,  pour  féduire  même  les  Elus ,  fi  Dieu  ne 
„\' emjiêchoit." uid Beddam  an  1 5 1^.]  Les Dofteurs Luthériens  lui  ré- 
pondirent par  un  Livre  qui  avoir  pour  titre  Syngramma:  On  a  crii 
que  Brentius  en  fut  Auteur.  Oecolampade  en  publia  un  fécond;  intitu- 
lé Antifyngrammii  ;  5c  d'autres  contre  le  libre  arbitre  8c  l'invocation 
des  Saints,  fotîtenant  encore  que  les  Chrétiens  ne  pouvoient  pas  faire 
la  gue-re.  On  dit  qu'il  fut  trouvé  mort'dans  fon  lit,  le  premier  Dé- 
cembre de  l'an  15  31.  âgéde49.ans.  Luther  qui étoitfon ennemi, com- 
me de  tous  ceux  qui  n'étoient  pas  de  ion  parti ,  dit  que  le  Démon  T'étran- 
gla. Beze  aflTure  qu'il  mourut  de  pelle.  D'autres  foûtiennent  qu'une 
femme  qu'il  entretenoit,  8c  de  laquelle  il  avoit  eu  trois  enfans,  s'en  dé- 
fit. Quoi  qu'il  en  foit,  fi  cela  eft  véritable,  cette  mort  eft  étrange.  Ceux 
de  fon  parri  nient,  8c  difent  au  contraire,  qu'Oecolampade  mourut 
en  prononçant  le  nom  de  jEsus.  LeshabitansdeBâlelui  élevèrent  un 
Tombeau  dans  le  Temple  ,  avec  cette  Epitaphe:  D.  Joan.  Oecolampa- 
dius ,  Profejpone  Theologus ,  trium  Linguarum  ptritïfpmus ,  AuBer  E-van- 
gehcéL  doSlrins.  in  hac  llrbe ,  primas  er  Templi  hujrts  vmis  Epifcopus ,  ce. 
Oecolampade  favoit  les  Langues,  8c  étoit  Prêtre  avant  que  de  fe  faire 
Religieux.  Il  a  fait  des  Commentaires  fur  divers  Livres  de  la  Bible , 
ôc  d'autres  Traitez  qu'on  a  fouventpuMiez.  "Sponde  in  Annal.  A.  C. 
1515.».  16.  i53i.».7.  Sandere.,  (>£ref.zio.  Genebrard,  inLeoneX.  CJ* 
Clem.ViI.  Prateole,  V.Joan.Occol.  FIorimonddeRaimond,  li.  i.  de 
engin,  htr.  c.  8.  n.  9.  CT"  lo.  Luther  ,  li.  de  Mijja  Priv.  Lavater ,  Hifl.  de 
Sacram.  Simon  Grynaeus ,  de  obitu  Oecolamp.  Sleidan  ,  in  Annal.  Mel- 
chior  Adam ,  m  vit.  Theolog.  Germ.  Wolfgang  Capito ,  in  iiitâ  Oeco- 
lamp. 

OECUMENIQUE.  Ce  nom  flghifie  Général  ,  ou  Vniverfel ,  Se 
vient  du  Grec  cUtifitvii ,  qui  fe  prend  pour  la  Terre  habitable  :  comme 
quidiroit.  Reconnu  par  toute  la  terre,  ou  dont  le  pouvoir  s'étend  par 
toutela  terre.  Cefutati,Concilede  Calcédoine  tenuen45i.  qu'on  em- 
ploya pour  la  première  fois  le  nom  d'Oecuménique.  Les  Prêtres  ?z  les 
Diacres  de  l'Eglife  d'Alexandrie  ,  préfentant  leur  Requête  à  ce  Concile , 
auquel  S.  Léon  prcfidoit  par  fes  Légats ,  donnèrent  ce  titre  au  Pape  , 
lorsqu'ils  s'adrefTerentàluiencestermeSi  comme  s'il  eût  été  prèlènt: 
Au  tr'is-fatnt  er  trïs-hetireux  Patriarche  Oecuménique  de  la  Grande  Ra- 
me ,  Léon.  Les  Patriarches  de  Conftantinople  s'attribuèrent  enfuite  cette 
qualité,  8C  voici  comment.  Le  premier  Concile  de  Conftantinople,  qui 
fetint  en38i.  fous  le  Pape  Damafe  8c  l'Empereur  Theodofe  leGrand, 
fit  un  Canon  par  lequel  il  ordonna  ,  que  l'Evêque  de  Conjfantinople 
auroit  les  prérogatives  d'honneur  après  l'Evêque  de  Rome ,  parce  quelle 

étiiS' 


OEC.  OED.  OEL.  OEN. 

etok  la  nouvelle  Rome:  ce  qui  le  faifoit  non  feulement  Patriarche,  mais 
auffi  le  premier  des  Orientaux.  Cet  honneur  lui  fut  auffi  déféré  par  le 
Concile  de  Calcédoine  en  451.  mais  dans  des  termes  encore  plus  forts: 
carie  18.  Canon  ordonne  que  la  Chaire  deConftantinople  ait  des  pré- 
rogatives égales  à  celles  de  l'ancienne  Rome;  de  forte  que  comme  l'E- 
vêque  dé  Rome,  par  la  prérogative  de  fa  Primauté,  a  Jurifdidlion  fur 
tous  les  Patriarches,  celui  de  Conftantinople  l'ait  auffi ,  après  le  Pape ,  fur 
tous  ceux  de  l'Eglife  Orientale.  Ce  Canon  fut  autorifé  par  les  Loix  Im- 
périales ;  &  les  Patriarches  de  Conftantinople  fe  font  toujours ,  depuis 
ce  temps-là ,  maintenus  en  la  polîeffion  de  ce  titre  d'honneur,  &  de  ces 
droits.  Mais  les  nouveaux  Patriarches  de  Conftantinople  n'en  demeurè- 
rent pas  là  ;  car  voyant  qu'on  avoit  appelle  le  Pape  Léon  Patriarche  Oe- 
cuménique ,  dans  le  Concile  de  Calcédoine ,  ils  prirent  auffi  ce  ritre  ;  qui 
leur  fut  enfuite  déféré  par  les  Empereurs  &  par  les  Conciles  des  Grecs. 
Ainfi  dans  un  Concile  tenu  à  Conftantinople  en  5 18.  Jean  111.  du  nom 
Evêque  de  Conftantinople  fut  appelle  Patriarche  Oecuménique  :  & 
dans  un  autre  Concile  tenu  en  536.  Epiphane  eft  nommé  Evêque  de 
Conftanrinople  la  nouvelle  Rome,  &  Patriarche  Oecuménique.  Mais 
Jean  IV.  furnommé  le  Jeûneur ,  prit  ce  titre  avec  plus  d'éclat  que  les 
autres ,  dans  un  Concile  Général  de  tout  l'Orient ,  qu'il  avoit  convoqué 
fanslaparricipationduPape.  Ce  que  le  Pape  Pelage  II.  trouva  fi  mau- 
vais ,  qu'il  caffa  tous  les  Ades  de  ce  Concile ,  à  la  referve  de  la  Sentence 
qu'on  y  avoit  rendue  en  faveur  du  Patriarche  d'Antioche  ;  &  défendit  à 
Jean  le  Jeûneur  de  plus  prendre  la  qualité  d'Oecuménique,  que  celui-ci 
perfifta  néanmoins  de  s'attribuer  toujours,  mêraedans  les  Aéles  d'un 
Synode  qu'il  envoya  à  Rome. 

11  eft  bon  de  remarquer  ici  quele  mot  d'Oecuménique  eft  équivo'que. 
Car  en  difant  Patriarche  Oecuménique  ou  univerfel ,  on  peut  entendre 
celui  dont  la  Jurifdiftion  s'étend  univerfellemcnt  par  toutle  monde, 
en  ce  qui  legarde  le  gouvernement  général  de  l'Eglife:  ou  celui  qui  fe- 
roit  feul Evêque  ou  Patriarche  dans  le  Monde,  tous  les  autres  n'étant 
dans  leurs  Eglifes  que  fes  Vicaires  ouSubftituts:  ou  enfin  celui  qui  a 
pouvoir  fur  un  e  partie  confidérable  de  la  terre  ;  en  prenant  la  partie  pour 
le  tout ,  par  une  figure  afl'ez  commune  à  l'Ecriture  Sainte,  qui  par  ces  pa- 
roles olxufiév»  toute  la  terre  ,  n'entend  quelquefois  que  tout  un  Pais. 
Pour  le  premier  de  ces  trois  fens ,  qui  eft  lé  plus  sature!,  il  eft  certain 
que  ce  fut  celui  du  Concile  de  Calcedoine,quand  il  approuva  qu'on  don- 
nât le  titre  de  Patriarche  Oecuménique  au  Pape  S.  Léon. Les  Patriarches 
de  Conftantinople  fe  donnèrent  le  ritre  d'Oecumefiique  dans  le  troifié- 
me  fens  ;  car  félon  les  Canons  des  Conciles  de  Conftanrinople  &  de  Cal- 
cédoine ,  ils  ne  pretendoient  que  le  fécond  lieu ,  &  de  porter  la  qualité 
d'Oecuménique  après  les  Papes  dans  l'Eghfe  Orientale ,  &  non  pas  dans 
tout  le  monde.  Pour  ce  qui  eft  du  fécond  fens,  il  eft  évident  que  ce  n'a 
point  été  celui  des  Evêques  qui  compofoient  le  Concile  de  Calcédoine , 
comme  s'ils  enfl'ent  reconnu  le  Pape  pourfcul  Evêque  dans  l'Eglife.dont 
31s  ne  fulTent  que  les  fimples  Vicaires  ;  Et  les  Patriarches  de  Conftantino- 
plenefcfontpointnonplusqualifiez Oecuméniques,  comme  s'ils  enf- 
lent été  les  feuls  Evêques  dans  tout  l'Orient.  S.  Grégoire  le  Grand  pre- 
noit  le  nom  d'Oecuménique  en  ce  fens ,  lors  qu'il  condamnoit\-f,  fort 
ce  titre,  l'appellant  un  blafpheme  contre  l'Evangile,  &  contre  les  Con- 
ciles;pàrce  que,felon  ce  S.  Pape.celui  qui  fe  difoit  Evêque  Oecuménique 
fe  difoit  feul  Evêque ,  &  privoit  tous  les  autres  de  leur  dignité  qui  eft 
d'inftitution  divine.  A  l'égard  des  Conciles,  on  donna  le  nom  d'Oecu- 
méniques, aux  Conciles  Généraux  ou  Univerfels ,  compofez  de  tous  les 
Evêques  du  monde ,  ou  de  la  plus  grande  partie.  *  Maimbourg ,  Hijioire 
in  Pontificat  de  S.  Grégoire  le  Grand.  S  U  P. 

OECUMENIUS,  Auteur  Grec ,  qui  a  abrégé  les  Oeuvres  de 
S.JeahChryfoftome.  On  ne  fait  pas  en  quel  temps  il  vivoit.  Quelques- 
uns  le  mettent  dans  le  IX.  Siècle ,  &  d'autres  dans  le  X.  &  d'autres  enco- 
re dans  le  fuivant.  Nous  avons  fes  Ouvrages  en  Grec&  en  Latin  en 
deux  Volumes,  imprimez  à  Paris  ai  163 1.  On  yjoignit  des  Traitez  at-- 
tribuezàAretas  Evêque  de  Ccfarée  en  Capadoce.  Jean  Henten  Moine 
de  S.  Jerôme,traduifît  toutes  ces  Pieces.qui  font  Enarrationes,  ou  Cateme 
in  A6îa  Apoftolorutn.  Commentarii  in  Epifiolam  S.  Jacobi  &  alias  Canoni- 
cas ,  vc.  *  Sixte  de  Sienne ,  Bibl.  Sacr.  li.  4.  Jaques  de  Billi ,  Bellarmin , 
Polîevin ,  &c. 

OEDIPE,  étoitfilsdeLa'ius&deJocafte,  Rois  desThebes,  Il  fut 
expofé  auffi-tôt  que  né ,  à  caufe  des  funeftes  réponfes  que  l'Oracle  avoit 
rendues  furfanaiflance.  11  fut  trouvé  fur  le  mont  Cytheron,  &  puis  éle- 
vé dans  la  CourdePoIybe,  Roi  deSicyone  ou  de  Corinthe.  Depuis 
ayant  quitté  ce  lieu,  il  vintàThebes,  8c  tua  fon  père,  avec  qui  il  prit 
par  hazard  querelle  ,  fans  le  connoître.  Enfuite  il  délivra  le  pais  du 
Sphinx;  &pourrécompenfeilépourafamere  Jocafte&en  eut  des  en- 
fans.  Cependant  la  connoifl"ance  qu'il  eut  de  fa  naiffance  lui  découvrant 
en  même  temps  fon  incefte,  lui  fit  renoncer  au  Trône,  &  l'obligea  à  fe 
crever  lui-même  les  y  eux,  comme  fe  jugeant  indigne  de  la  lumière  du 
jour.  *Diodorc,  li.  r.  Stacç,  tih.  i.  Theb.  Seneque,  Hygin,  ApoUo- 
dore,  &c. 

_  O  E  L  A  N  D ,  Ifle  de  Suéde  dans  la  Mer  Balrique ,  près  de  la  Pro- 
vince Smaland,  de  laquelle  elle  eft  féparée  par  le  détroit  de  Calmar,  dit 
par  ceux  du  pais  Calmardfund.  Ses  Villes  font  Borkholm  ôc  Ooftenbi , 
ou  Ottembi. 

OENANTHIUS:  Dieu  du  Paganifme  adoré  par  les  Phéniciens. 
C'eft  à  ce  Dieu  qu'Heliogabale  confacra  fon  Vêtement  Impérial.  *Lam- 
pride.  SU  P.  * 

OENOE,  ancienne  ville  du  Pa'isAttique,  Province  de  la  Grèce, 
ctoit  fituée  fur  un  fleuve  dont  les  habitans  de  ce  lieu  arrêtèrent  le  cours , 
pour  conduire  fes  eaux  fur  leurs  terres,  penfant  par  làleurcauferune 
grande  fertilité  :  mais  bien  loin  de  venir  à  bout  de  leur  deffein  ,  ces  eaux 
gâtèrent  enrierement  leurs  campagnes,  où  ils  firent  quantité  de  foffes 
qui  les  rendirent  enfuite  incapables  d'être  culrivées;  d'où  vint  ce  Pro- 
verbe,  Oeno'èsCharadran,  c'eft-à-dire,Foflred'Oenoë  ,  ufité  parmi  les 
Grecs,  qui  rappHquoientàceux  qui  s'âttiroient  un  malheur  par  cela 
même  qu'ils  croyoient  leur  deyoir  être  très-avantageux.  *  Thucydide , 
Strabon  ,  Geograph.  l.  8. 

O  E  N  O  M  A  U  S  ,  Roi  de  Pife  ,  ayant  fû  de  l'Oracle  qu'il  feroit 
*ué  par  celui  qui  époufçroit  la  fille  Hippodamie,  fit  fl  bien  qu'il  fe  dé 


OEN.  OET.  OEU.  OFA.  OFF.  OGE.  49 

faifoit  de  tous  les  Princes  qui  pretendoient  à  -fon  alliance  ,  après  les 
avoirvamcusalacûurfe.  Pelopsfils  de  Tantale,  ayant  eu  l'adrefl-e  de 
taire  enrayer  le  chariot  d'Oenomaus,  vint  à  bout  de  ce  qu'il  fouhaitoit. 
VoyczleS.  Livre  de  Strabon. 

OENOM  AUS  Philofophe  célèbre  dans  le  II.  Siècle  ,  en  no; 

*  Eufebe ,  tn  Chron.  ■' 

OENOTRUS,  RoidesSabins,  fclonVarron.ouArcadien  com- 
me veut  Paufanias,  peupla  la  côte  du  Golfe  de  Tarente,  &  donna  le 
nom  d'Ocnotrie  à  ce  pais ,  qui  ayant  depuis  reçu  de  nouvelles  peupla- 
des de  Grecs ,   prit  dans  la  fuite  des  temps  le  nom  de  grande  Grèce 

*  Virgile, /». 7.  ^«ei(^.  °  '• 

Uinc  ItaU  gentes ,  etnnifcjue  Oenotria  tellus. 

OETA,  Montagne  de  Theffalie,  fur  les  frontières  d' Acha're  ou  Grèce 

particulière,  entre  le  Pinde  au  Septentrion,  ôcleParnafleau  Midi.  Les 

Thermopyles  étoient  un  paflage  de  cette  montagne ,  vers  l'Orient.  On 

l'appelle  aujourd'hui  Bunina,  Cette  Montagne  eft  célèbre  par  la  "mort 

&  par  le  fepulcre  d'Hercule ,  qui  s'y  jetta  dans  un  bûcher  qu'il  avoit  pré- 
paré pour  un  Sacrifice,  après  avoir  mis  la  chemife  que  la  femme  Deja- 
nire  lui  avoit  envoyée.  Voyez  Dejanire.  Ce  fut  de  la,  difent  les  Poètes, 
que  Jupiter  enleva  au  Ciel  l'Ame  de  ce  Héros,  ce  que  Silius  Italicus 
exprime  en  ces  deux  Vers ,  liv.  3 

Inter  cjus.  fulget  facratis  ignibus  Oete , 

Ingentémque  Anhnam  rafiunt  ad  jidera  flammsl 
Comme  le  Mont  Oeta  s'étend  jufques  à  la  Mer  Egée ,  maintenant  l'Ar- 
chipel ,  où  eft  l'extrémité  de  l'Europe  vers  l'Orient ,  les  Poètes  ont  feint 
que  le  Soleil  &  les  Etoiles  felevoientà  côté  de  cette  Montagne ,  &qua 
de  là  venoit  le  jour,  &  la  nuit.  Seneque  m  Hercule  OetM,  en  parlé  ainfi  :  ' 

Hâc ,  hue  renatwn  prima  qui  videt  diem 

Ora  eligatur. 
Silius,  au  Livre  6. 

Vix  dum  clara  dies  fummâ  lu/lrabat  in  Oet»  ' 

Hersulei  monumenta  rogi. 
Et  Virgile  in  Culice  : 

Et  figer  attrato  ftocedit  Vefper  ah  Oeta. 
Tite-Live  en  rapporte  la  raifon,  //t/  46.  lorfqu'il  dit,  Extremos  adOrien- 
tem  montes  Oetam  vacant ,  on  appelle  Oeta  cette  longue  chaîne  de  Mon- 
tagnes qui  eft  à  l'extrémité  de  la  Grèce  vers  l'Orient.  On  fait  que  les 
Poètes  font  fortir  le  Soleil  de  la  Mer  àfon  lever,  &que  les  plus  hautes 
Montagnesenreçoiventles  rayons  les  premières.  Ainfi  le  Mont  Oeta 
étant  fur  le  bord  de  la  Mer  Egée,  &  d'une  hauteur  extraordinaire,  on 
en  a  parlé  comme  de  celui  qui  étoit  le  premier  éclairé  de  la  lumière  du 
Soleil  levant:  c'eft  pourquoi  le  même  Seneque,  in  Hercule  Furente, hit 
cette  dcfcription  du  commencement  du  jour: 

Jam  caruleis  evelîus  equis 

Titan  fumtnum  frofpicit  Oetam. 
Le  Mont  Oeta  eft  couvert  de  Forêts  en  plufieurs  endroits,  &  fertile 
en  très-bon  Ellébore.  Le  Golfe  deZeiton  étoit  autrefois  nommé  Si- 
nusOetms,  pa'ce  que  cette  Montagne  s'étend  îufques-là.  *Ptolomée 
Paufanias,  Phne.  SU  P.  ^ 

OEUF,  Château  de  la  ville  de  Naples,  fituédanslamer,  fur  un  ro- 
cher ,  tenoit  autrefois  au  Conrinent ,  dont  il  fut  féparé  par  l'ordre  de  Lu- 
cuUus,  &  auquel  il  eft  maintenant  rejoint  par  un  beau  pont.  Il  fut  bâti  de 
forme  ovale  par  Guillaume  III.  Normand.  *Guichaidin,  lib.i..  SUP. 

O  F. 

L'  /"^  F  A  N  T  E ,  que  les  Larins  nomment  Aufidius,  Rivière  d'I- 

■      ■  talie  entre  la  Capitanate  &  la  terre  de  Bari ,  fe  décharge  dans 

X^-^  la  Mer  Adriarique. 

OFFA,  Roi  des  Merciens  en  Angleterre,  fe 'mit  fur  le  Trône  par 
la  mortdeBenrcd.  Il  fit  faire  un  large  foffé  pour  la  défenfe  d'une  par- 
rie  de  fes  Etats;  &  fit  la  guerre  à  fes  voifins  les  Rois  de  Kent ,  deWeftfes 
&  d'Eftangle ,  &  aflaflTina  lâchement  ce  dernier  nommé  Ethelbert ,  qu'il 
avoit  attire  chez  lui ,  fous  prétexte  de  lui  vouloir  faire  époufer  fa  fille. 
Après  diverfes  conquêtes  ,  il  voulut  alTurer  fes  vieux  jours  par  d'il- 
luftres  alliances  ;  &  fe  reconcilier  avec  Dieu  par  une  fincere  pénitence. 
Et  en  effet ,  il  fit  un  pèlerinage  à  Rome ,  donna  une  parrie  de  fes  biens 
aux  Eglifes  &  aux  pauvres,  &  remit  la  Couronne  à  fon  fils  Egford  fur  la 
findu VIII. Siècle.  'Polydore  Virgile,/<.4.ii//Z.DuChefne,ayZ./.^;zff/ 

OFFEMBOURG,  Ville  Impériale  d'Allemagne,  capitale  du  pais 
d'Ortnau  en  Alface.  Elle  eft  à  la  Maifon  d'Autriche ,  à  une  licuc  du  Rhin 
&  de  Strasbourg. 

O  F  F  E  N ,  Ville  de  Hongrie.  Cherchez  Bude. 

O  G. 

OG ,  Roi  de  Bafan  de  la  race  des  Geans ,  fe  voulut  oppcfer  au  paf- 
fagedeslfraëlites;  mais  ceux-ci  ruinèrent  fon  périt  Royaume  ^ 
quis'appelloitArgob,  ou  Thraconitide.  %mbres,  ii,  Deu^ 
teronome,  3.  &c. 
OGENTI.  Cherchez  Ugento. 

OGER  ,  dont  le  nom  eft  célèbre  dans  les  anciens  Romans,  fous  celuî 
dOger  le  Danois,  vivoit  du  temps  de  Charlemagne.  Il  y  a  apparence 
qu  il  eft  le  même  dont  parle  le  Moine  de  S.  Gai  ;  lequel  fe  retira  chezBi- 
dier  Roi  des  Lombards;  &  celui  qu'Anaftafe  nomme  Antearius.  Quoi 
qu'il  en  foit,  Oger  rendit  de  grands  fervices  à  Chariemagne  durant  fes 
guerres ,  &  fut  confidéré  en  la  Cour  de  ce  Prin  ce.  Mais  enfin  dégoûté  du 
Siècle ,  il  fe  fit  Religieux  en  l' Abbaie  de  St.  Faron  de  Meaux ,  où  il  attira 
un  de  fes  amis ,  nommé  Benoît.  Ce  fut  à  leur  confidéradon  que  Charie- 
magne donna  la  terre  de  Rez ,  &  fit  d'autres  biens  à  cette  Abbaie ,  où  ces 
deux  bons  Religieux  moururent  dans  le  IX.  Siècle,  en  réputation  d'une 
grande  pieté.  On  y  voit  leur  Tombeau,  undesplusilluftresmonumens 
de  nos  andquitez  du  bas  Empire  ;  &  on  connoît  par  ces  deux  vers ,  qui  y 
font  écrits  en  anciens  caradlercs ,  qu'Oger  avoit  une  fœur  nomméa 
Auda  mariée  au  célèbre  Roland  : 

Auds,  conjugium  tibi  do ,  Rolande ,  fororis , 
Perpetuumque  met  focialis  fœdiis  amoris. 
Le  Père  Antoine  Yepez  a  crû,  après  du  Chefne,  que  le  tombeau  de 
cet  Oger,  étoit  celui  d'un  Gentilhomme  de  ce  nom,  Sieur  de  Char- 
G.  meo-! 


OGÏ.  OGN.  OGY.  OIE.  OIN.  OIS.OKI.  OKÏl.  OLA.  OLB. 


50  OGÏ. 

mentrai  près  deMeaux,  qui  fe  fit  auffi  Religieux  de  faint  Benoît  dans 

la  mêmeAbbaïedeS.Faron,rurlafinduXl.  Siècle.  Ce  fut  à  Foccajion 

d'une  de  fes  fœurs  nommée  Gibeline,  qui  vivoit  reciufe  près  de  la  même 

Abbaïe.  11  y  a  pourtant  bien  des  raifons  qui  perfuadcnt  que  ce  même 

tombeau  eltdu  premier  Oger  :  ce  que  Dom  Jean  Mabillon  prouvefo- 

lidement  dans  le  IV.  Siècle  des  Vies  des  Saints  de  l'Ordre  de  famtBe-  -•  ,  c  r-      !.  c"     j       ^  «^        q  d-    ■  r    ^, 

noit.  Ceftauffi  ce  qu'on peutiugerdel'Epitaphe decetOger &deBe-    Orore,/M.Tormel.!5alian&Sponde,^. Af.zijS.  Ricaoh, Chron  rc 


i  Monde,636.  après  le  Déluge  univerfel  de  Noé,  986.  devant  les  Olympia- 
1  des,  &  1438.  devant  la  mort  d'Alexandre  le  Grand.  Cette  opinion  eft 

autorifée  par  le  témoignage  d'un  ancien  Auteur  ,  cité  par  Cedrene. 

D'autres  en  font  auffi  mention.  *  Cedrene  ,  in  Cotnpend.  Hijl.  Jule 
;  Africain  dans  Eufebe./i.  i.dePnpar.  Evang.  Saint  Auguftin , /;.  10.  de 
j  Civ.  c.  8.  Saint  Juftin  ,/«/■?».  ai |e»*.  Clément  Alexandrin , /i.  i.Strçm, 


noîtcompofé  par  Foulques  ou  Fûlceius  de  Beauvais,  qui  avoit  étudié  a 
Meaux  &  écrivit  dans  le  XI.  Siècle,  avant  la  mort  même  du  Sieur  de 
Charmentrai. Cette Epitaphe, quoique  barbare , n'cft pas  mdigne  de  la 
curiofité  de  ceux  qui  aiment  les  antiquitez.  Gabriel Simeonis  dePio-  ^ 
rence  la  rapporte  dans  fes  Voyages  ;  mais  il  ne  favoit  pas  de  qui  elle  | 
étoit.  La  voici, 

G}uàm  maie  difcermt  quod  amatjvelqualiafpermt, 

Cu!  f lacet  aura  SeLi , difflicet  aura  Poli! 
Exul  in  externâ  procul  à  regione  fufernâ , 

Captus  amorc  vi£ ,  non  meminit  patris. 
Militis  Ogerii  converjîo  digna  videri 

Sujficit  ad  Jpeculum  ,  quo  Jiatuas  ocidum. 
Legis  erat  pondus ,  locitples ,  à  Rege  fecundtts , 

Nobilis  cj'  fapiens  ,ftrenuus  (y-  patiens. 
Tloribus  his  feptus  :  pnftabile  culmen  adeptus 

Omnia  pofihabuit ,  feque  Deo  tribuit, 
'Evocat  inviSîum  rerum  comitem  Benediâîtif» , 

Ut  par  milttii.  participet  patris. 
Criex  fimul  accipitur ,  Crucis  c  locus  ifte  fubitur: 

C(ijar  cr  exuitur ,  Câfar  e?  induitur. 
Ite  pares  anims. ,  per  qudibet  agmina  primi ,     . 

'Fortes  Cefarei  ,fortia  membra  Det. 
Fortes  Athleta  ;  per  fecula  cunâîa  valete.  . 

Par  Crucis  e(i  ipccies ,  par  erit  c  requies. 
O  quàm  par  pukrum  !  par  vivere  ,  parque  fefulcrum , 

Par  fuit  £?■  tiimulns ,  par  erit  v"  cumulus, 

*  Le  Moine  de  Saint  Gai,  *reJ.C;irff/i  Magniji.  z.  c  z6.  Yepez,.^»- 
nul.  Bened.  T.  II.  Dom  Mabillon ,  /.  P.  Ssc.  IV.  ce. 

OGIER  (Charles)  naquit  l'an  1595.  à  Paris,  de  Pierre  Ogier,  Pro- 
cureur au  Parlement.  H 'apprit  les  Langues  &  le  Droit  à  Bourges  &: 
puis  à  Valence  en  Dauphiné.Dansla  fuite  il  fut  Avocat  au  Parlement 
de  Paris;  mais  cette  forte  d'emploi  n'étant  pas  conforme  à  fon  inclina- 
tion, il  fut  Secrétaire  de  Claude  de  Mefmes,  Comte  d'Avaux  que  le  Roi 
Louis  XI IL  envoya  l'an  1637.  AmbalTadeur  en  Suéde , Dannemark 
&  Pologne.  Ogier  fit  un  Journal  de  cette  Ambaflade  qu'on  a  pu- 
blié après  fa  mort, en  1656.  Il  faifoit  affez  hcureufement  les  vers  La- 
tins.&eutpartàl'eftime  des  Hommes  de  Lettres  de  fon  tems.  Au  re- 
tour de  fes  voyageSjil  tomba  dans  une  maladie  fàcheufe  dont  il  perdit 
l'œil  gauche.  Cela  l'empêcha  en  parcie  d'exécuter  un  deflein  qu'il  avoir 
fait  d'entrer  parmi  les  Chartreux.  11  fe  retira  parmi  les  Chanoines  Ré- 
guliers de  fainte  Geneviève  de  Paris  ;  mais  fes  incommoditez  conti- 
nuelles l'ayant  obligé  de  fe  faire  porter  dans  lamaifon  de  fon  père,  il  y 
mourut  9.  mois  après,  le  11. Août  de  l'an  1654.  qui  étoit  1659.  de  fon 
âge.  Son  corps  fut  enterré  dansl'Eglifede  S.Jean  en  Grève.  Il  s'étoit 
lui-même  fait  cette  Epitaphe  qui  eft  comme  l'abrégé  de  fa  vie. 

Plo  Viatori.  * 

Perlege ,  parva  mora  efl;  îumulo  decumhit  in  ijla 

Carolus  Ogerius.    f 
Katus  Parifiis ,  Mederici  fonte  renatus. 

Prima  elemtnta  puer 
Parijiis  didicit.  Humanis  artibus  illum 

Inflituit  Biturix. 
Inde  Valentinà  ,fiudiis  non  fegnibus ,  haujn 

Jura  Latina ,  feholâ, 
Parijio  demum  exercens  utcumque  Senatu  , 

Munera  Caujïdici  ; 
Heu  fat  a  !  heu  levitas!  mutatur  &  ad  nova  verùf 

illico  confilia. 
Ergo  abit  ad  Danos ,  ad  Suecos ,  atque  Polonos , 

Memmiademque  fequens 
Per  mare ,  per  terras ,  vires  amijit  eundo  : 

Atque  Jtniftro  oculo 
Captus  ;  fcribendis  animum ,  qui  plurima  vidit  , 

Apfulit  Hiftorïts. 
Tors  fortem  mutajftt  adhuc  ,fixijfet  in  ifio 

Hune  nifi  mors  tumulo. 

Charles  Ogier  étoit  frère  de  François  O  g  i  e  R,Ecclefiaftique  d'un 
mérite  fingulier  qui  étoit  avec  le  Comte  d'Avaux  à  la  paix  deMunfter 
en  1648.  11  publia  ,  en  1665.  un  recueil  de  fe^  Sermons  fous  le  nom 
d'Aâions  publiques.  C'eft  lui  qui  avoit  auffi  fait  imprimer  le  Voyage 
de  fon  frère. 

OGIGES  {Og'^ges)  fut  Roi  du  ,païs  d'Ogygie  &  d'Afte ,  qu'on  ap- 
pella  depuisBeotie  &Attique.  On  lui  attribue  la  preniieiefondationde 
Thebes  &  d'Eleufine.  C'eft  de  fon  tems  qu'arriva  un  déluge  dont  quel- 
ques-uns croyent  qu'il  fe  fauva  &  d'autres  aflurent  qu'il  y  périt  avec  la 
plupart  de  fes  Sujets.  On  eftauffi  en  peine  de  fixer  le  temps  auquel  ce 
déluge  arriva.  Torniel,  Salian,  Sponde,  Riccioli  5c  divers  autres, fui vant 
les  Anciens,  Jule  Africain, Clément  Alexandrin, &c.  mettent  cette  inon- 
d.ition  célèbre  l'an  deux  mil  deux  cens  cinquante  huit ,  du  Monde , 
en  la  60.  de  Jacob ,  1010.  devant  le  rétablilTement  des  Olympiades,  & 
1043.  devant  la  fondation  de  Rome.  LeP.  Petau  l'a  mis  dans  fa  Chro- 
nique l'an  2951.  ou  58.  de  la  Période  Julienne:  Mais  il  changea  depuis 
de  fentiment.  Car  dans  fon  Regître  des  tems ,  il  place  ce  déluge  en 
l'année  1937.  delà  même  Période  ;fe  fondant  fur  l'autorité  de  l'ancien 
Chronologue  de  Smyrne ,  qui  avoit  gravé  quelques  Epoques  fur  des 
Tables  de  marbre,  tranfportées  en  Angleterre,  par  les  foins  du  Comte 
d'Arondel.  II  y  en  a  d'autres  qui  fixent  cette  Epoque  en  l'année  1291.  du 


Oi 


form.  //.  3 .  £.  I .  ».  4.  Cfc. 

OGINE  ou  O  G  ivE,  Reine  de  France,  femme  du  Roi  Charles  IH. 
dit /e5i»!;)/e,  étoit  fille  d'Edoiiard  I.  &  fœur  d'AdeIftan  ouEdelftanRoi 
d'Angleterre.  Elle  eut  de  Charles ,  Louis  IV.  qu'on  furnomma  d'Ou- 
tremer; parce  que  cette  PrinceflTe  ayant  fû  la  nouvelle  de  la  prifon  du 
Roi  fon  époux  ,  chercha  un  refuge  à  fon  fils  dans  la  Cour  du  Prince 
Anglois  fon  trere.  Auffi  Louis  fut  rappcUé  d'Angleterre ,  pour  être  mis 
fur  le  Trône ,  comme  je  le  dis  ailleurs.  Il  fit  venir ,  vers  l'an  neuf  cens 
trente-huit ,  fa  mère  à  Léon ,  qui  en  fortit  en  95 1.  âgée  de  plus  de  4^. 
ans.  Ogive  fe  remaria  alors  avec  Herbert  de  "Vermandois  Comte  de 
Troyes.fils  de  Herbert  II.  qui  avoit  tenu  Charles  fon  mari  en  prifon. 
Le  Roi  fon  fils  en  témoigna  un  déplaifir  extrême.  De  ce  îecond  maria- 
ge, elle  eut  Etienne  mort  fans  lignée  en  1019.  Se  Agnès  féconde  fem- 
me de  Charles  Duc  de  Lorraine ,  mort  av.e.c  lui  en  prifon  à  Orléans.  * 
Sainte  Marthe ,  Mezerai ,  Hift.  de  France. 

OGNA  SANCHA ,  Comteflfe  de  Caftille,  vivoit  environ  l'an  990. 
Etant  veuve,  elle  devint  paiEonnément  amoureufe  d'un  Prince  Maure, 
&  ayant  réfolu  de  l'époufer ,  elle  forma  le  deflein  d'empoifonner  fon 
fils  Sanche  Garcia  Comte  de  Caftille,  lequel  pouvoir  s'y  oppofer.  Gar- 
cia eu  fut  averti  ;&  étant  à  table,  comme  on  lui  eut  préfenté  du  vin 
empoifonné  par  l'ordre  de  cette  Princefle ,  il  diffimula  ce  qu'il  favoit, 
&  par  civilité  pria  fa  Merc  de  boire  la  première.  Ogna  voyant  fon  cri- 
me découvert,  &  defefpcrant  d'en  obtenir  le  pardon,  bût  tout  ce  qui 
étoit  dans  la  coupe  ,  &  mourut  peu  de  tems  après.  On  dit  que  de  là 
vint  la  coutume  en  Caftille,  de  faire  boire  les  femmes  les  premières: 
Ce  qui  s'obferve  encore  aujourd'hui  en  divers  endroits  d'Efpagne ,  par 
manière  de  civilité.  Le  Comte  de  Caftille  qui  n'avoit  peut-être  point 
d'autre  deflein  que  de  découvrir  la  vérité  ,  parut  fenfiblement  touché 
de  ce  malheur ,  &  fonda  le  Monaftere,  de  S.  Sauveur  d'Ogna ,  d'où  on  a 
depuis  ôté  les  Religieufes,  pour  y  mettre  des  Religieux.  •  Louis  de 
Mayerne  Turquet ,  Hiftoire  d'Efpagne.  S  UP. 

OGYGES.  Cherchez  Ogiges. 

01. 

I E ,  Ville  &  Comté  de  France  en  Picardie,quî  s'étend  depuis  Ca- 
lais jufques  à  Gravelines  &  Dunkerque.  Ce  pais  a  été  plufieurs 
fois  pris  &  repris.  Les  Anglois  l'ont  gardé  durant  plus  de  deux  cens 
ans.  Les  Efpagnols  l'avoient  auffi  pris  durant  les  guerres  civiles  de  la 
Ligue  ;  mais  ils  le  rendirent  par  la  paix  de  Vervins. 
OIE, petite  Ifle  près  de  celle  de  Ré. 

OINGTS;  Hérétiques  Anglois, dans  le  XVI.  Siècle  ,  qui  difoienî 
que  ic'feul  péché  qu'on  pouvoir  faire  au  monde  ,  étoit  de  ne  pas  em- 
bralTer  leur  doélrine.  *Genebrard,  in  Pio  V.  SUP. 

OiSE,  Rivière  de  France,  que  les  Auteurs  Latins  nomment  Oe^a 
ou  j^fîa.  Elle  a  fa  fource  en  Picardie  ,  vers  les  limites  du  Hainaut  & 
de  la  Champagne.à  huit  lieues  au  deflus  de  Guife  près  de  Vervins.  C'eft 
à  Hieflbn  en  "Tierache.  Elle  traverfe  la  même  Province  de  Picardie.arro- 
fe  Guife,  la  Fere  où  elle  reçoit  la  Sarre  ,pafle  près  deNoyon  &  à  Corn- 
piegne;&  reçoit  au  defl"ous  de  cette  Villel'Aifnc,>4A;D»<?,  dont  la  four- 
ce  eft  au  Barrois  fur  Clermont  près  de  Souilli  ;  L'Oife  pafTe  auffi  avi 
Pont  S.  Maixant.à  Creil.à  Beaumont,au  Pont  dit  de  rOife,&  fous 
Pontoife  vers  Poiffi  elle  fe  décharge  dans  la  Seine  ,  au  lieu  dit  Fin 
d'Oife.  C'eft  à  fixlicuës  de  Paris,  du  côté  de  Rouen.  Papyre  MafTon, 
Defc.flum.  Gall, 

OK. 

OKINI.  Cherchez  Ochin. 
OKRAINA ,  Province.  Cherchez  Ukraine. 

OL. 

OLAUS  ou  OLACjRoi  de  Norwege,  vivoit  dans  rc'nziéme  Siè- 
cle. Il  agit  avec  un  zèle  extrême  pour  établir  la  Foi  Orthodo- 
xe dans  fes  Etats;  &  parce  que  certains  hommesquifeméloient 
de  magie  s'y  oppofoient,  il  les  chafla  de  fon  Royaume-  Canut  Roi  de 
Dannemark  &  d'Angleterre, quil'avoitdétrônéune  fais,  fut  caufe  que 
quelques-uns  de  fes  Sujets  l'aflaffinerent.  Ainfî  il  mourut  pour  la  Foi , 
&  le  Ciel  approuva  fa  fainteté  par  des  miracles.  11  mourut  environ  l'an 
ioi8.  *  Adam  deBremen,  li.  r.  Hift.  Fccl.  c.4  cfeq.  Olaiis  Magnus,  &c. 

OLAUS  II.  vivoit  auffi  dans  l'onzième  Siècle.  Les  autres  en  met- 
tent des  Rois  de  Danemark  &  de  Suéde.  Mais  ces  remarques  font  peu 
importantes.  Il  fuffit  de  voir  les  Tables  des  fucceffions  Chronologi- 
ques que  je  mets, fous  les  noms  de  D.innemark  &  de  Suéde, 

OLAUS  MAGNUS.  Voyez  Magnus. 

OLBERT,OsBERT  ou  Ai.bert,  Abbé  de  faint  Jaques  ,  puis  de 
Gemblours.recommandablepar  fa  pieté  &  par  fà  fcience;  &  qui  félon 
Sigebert  ,  devoir  être  préféré  ou  du  moins  comparé  aux  plus  dodes. 
Il  étoit  en  eftime  dans  le  XII.  Siècle.  Il  naquit  à  Ledern  dans  le  Païs- 
Bas;il  fut  élevé  dans  le  Monaftere  de  Lobes,  &  enfuice  étant  venu  à 
Paris,  il  refta  quelque  tems  dans  celui  de  faint  Germain,  où  il  s'adon- 
na à  l'étude,  &  fut  difciple  de  Fulbert  de  Chartres,  &  deBurchard  de 
■Wormes.  Cependant  on  le  fit  Abbé  de  Gembleu  ou  Gemblours.  11  écri- 
vit l'Hiftoire  du  Vieux  &  Nouveau  Teftament ,  &  quelques  Vies  des 
Saints,  &  mourut  en  r  148.  Sigebert  parle  de  lui  en  divers  endroits.  Vol- 
fius  eftime  qu'Olbert  Abbé  eft  différent  de  celui  de  Lobes,  quoi  qu'en 
difent  Arnoul'Wion,  Se  ValereAndié  qui  rapporte  cettfe  Epitaphe  : 

Hic  jacet  Abbatum  fpeculum ,  decus  c"  Monachorum ,  ' 

Abbas  Olhertus  ,flos  ,  paradife ,  tuus. 
Préfuit  Ecctefiis  normali  tramne  binis. 

Legia ,  corpus  habes ,  Cembla  carendo  doles, 

»  Si- 


OLB.  OLD  OLE. 

■^Sigthat,  lie  Script.  Eccl.  c.  141.  e?  in  Chron,  Gimblac.  Amoul  Wioni 
de  Ltgno  vils.  Valere  André ,  Bibl.  Belg^  Le  Mire ,  Bibl.  Bdg.  Voïîius, 

OLBERT  FOLIETA  de  Gènes.  Cherchez  Foglieta. 
OLBERT  DE  LOBES.  Cherchez  Albert,  &C. 
OLBOR.  Cherchez  Osbor. 

OLDCASTEL,  Hérétique  qui  prêchoit  les  erreurs  de  Wiclef*,  par- 
mi lesAngloiS,en  i4i3.Ilétoitfiadroitqu'ilfecachoit  ou  dans  des  ca- 
ves ou  dans  des  bois,  quand  les  Officiers  de  la  Juftice  fe  mettoient  en  état 
de  le  prendre»  Il  eft  vrai  qu'il  fut  à  la  fin  furpris ,  lorfqu'il  pufalioit  fes 
,  impoftures  avec  plus  d'opiniâtreté  &  d'infolence.  Il  fut  livré  au  bras  fé- 
culieren  I4i6.&puni  defes  blafphêmes. * Harpsfeld,  Hifl.  Wiclef.  c.  13. 
Walfingham , ^. C.  1417.  Sponde,  inAnnd.  A.C.  1413.». 3.  141J. 
».  65.  . 

OLDEMBOURG ,  Ville  de  l'Empire  en  Weilphalie.  Elle  eft  fur 
la  petite  Rivière  de  Hont  qui  fejette  dans  le  Vefer ,  où  les  Comtes  d'Ol- 
dembourg  ont  droit  de  péage. CetteVille  eft  la  capitale  d'un  Comté  à  qui 
elle  donne  fon  nom ,  &  qui  eft  entre  la  Frife,  le  Diocéfe  de  Munikr,  le 
Duché  de  Bremen  &laMerGermanique.OnyjointleComtédeDal- 
menhorft.  Cepais  appartient  préfentement  au  Roi  deDanncmark.qui 
eft  de  la  Maifon  des  Comtes  d'Oldembourg.  Je  remarque  fous  le  nom 
d'Ho!face,commeonacnique  cette  Maifon  defcend  de  celle  de  Saxe 
fondée  par  Witikind  le  Grand.  Theodoric  U  fortuné.  Comte  d'Oldem- 
bourg, eut  trois  fils,  comme  je  le  dis  au  même  endroit.  G£RARD,qu'on 
furnomma  le  Courageux,  étoit  le  troifiéme,  &  il  mourut  en  exil  en  1499. 
ou  1500.  Il  avoit  époufé  en  1453.  Adélaïde,  Comtefle  deTecklen- 
bourgqui  mourut  l'an  1477.  &  il  en  eut  cinq  fils  &  cinq  filles  ;  Gérard , 
mort  en  France  :  Diaterich ,  décédé  en  jeunefTe  :  Othon,  mort  en  1 500. 
Adolfe,quiufurparOftfrife,fut  prifonnier durant  fept  ans,&  mourut 
à  la  guerre  en  1500.  Jean  qui  fuit,  &c.  Jean  qui  étoit  le  XIV.  Comte 
d'Oldembourg  de  ce  nom, mourut  en  1516. 11  avoit  pris  alliance  dès  l'an 
1498.  avec  Anne  de  la  Maifon  des  Comtes  d'Anhalt,  morte  l'an  1531. 
Leurs  enfans  furent  Jean  XV.  né  en  1499.  &  mort  en  1548.  George,  né 
en  if,o-L.  &  mort  enijsi.Chriftophle,  né  en  1504.  &  mort  en  1566. 
fans  laifTer  lignée  :  Antoine, qui  fuit;  Et  Anne,  femme  d'Ennon  II. 
Comte  d'Ôftfrife,  née  en  1501.  &  morte  en  157^.  Antoine  qui  fut 
Comte  d'Oldembourg  du  confentement  de  fes  frères,  étoit  né  l'an  1 50^. 
&  il  mourut  le  12.  Janvier  de  l'an  1573.  Ilavoit  époufé  en  r5;37.  So- 
phie DuchelTe  de  Lawembourg,  dont  il  eut  Jean  XVI.  Comte  d'Oldem- 
bourg :  Antoine  Comte  de  Delmenhorft,clont  je  parlerai  après  avoir 
fait  mention  de  fon  amé;  Anne  mariée  à  Gontier^Comte  de  Schwartzen- 
berg, morte  en  1579.  Catherine,  femme  d'Albert  Comte  d'Oye;Et 
Claire  morte  fans  alliance  l'an  1598.  Jean  XVI.  Comte  d'Oldembourg 
naquit  en  1540.  &  époufa  en  1576.  Elizabeth  ,  fille  du  Comte  de 
Schwartzburg ,  dont  il  eut  Jean-Frederic ,  mort  en  enfance, en  1580. 
Antoine  Gontier  qui  fuit  :  Catherine  femme  d'Augufte  ,EJuc  de  Saxe: 
Anne-Sophie ,  née  en  1 5  79.  Marie-Elizabeth ,  née  l'an  1 5  8 1 .  &  Magde- 
leine ,  femme  de  Rodolphe  d'Anhalt ,  Prince  de  Zerbft.  Antoine-Gon- 
't-ier,  Comte  d'Oldembourg  né  le  i.  Novembre  1583.  prit  alliancc^au 
mois  de  Juin del'an  1634. ou 35. avecSophie-Catherinefilled' Alexan- 
dre, Duc  de  Holface-Sunderburg  j  &  il  eft  mort  fans  lignée  en  1667.  Le 
Roi  de  Danemark  &  fes  autres  coufins  paternels  ont  été  héritiers  des 
biens  propres  de  fa  Famille;  Scies  enfans  de  fa  fœurMagdeleine,  Prin- 
celTe  de  Zerbft,  lui  ont  fuccédéau  Comté  de  Jevern  qu'il  avoit  eu  par 
aquifition.  Antoine  d'Oldembourg  ,  Comte  de  Delmenhorftnàquit 
en  1550.  &  mourut  l'an  1619. ayant  eu  de  Sibylle ,  fille  de  Henri, Duc 
de  Brunfvvic-Danneberg  ,   Antoine  Henri ,  né  le  8.  Février  1604.  & 
mort  eni6ii.  Chriftien,néle26.Septembrei6iz.  &  mort  le  13.  Mai 
1647.  Sophie-Urfule.femme  du  Comte  de  Barbi:  Catherine- Elizabeth 
morte  fans  alliance, l'an  1649. Claire  mariée  en  1645.  à  Aiigufte-Phi- 
iippe.  Duc  de  Holface-Sunderburg,  morte  en  1647,  Sidonie,  alliée 
avec  le  même  Duc,  en  1649.  &  morte  eniéjo.Anne  femme  dejean- 
Chrifticrne  ,  Duc  d'Holface-Sunderburg ,  frère  aîné  d'Augufte-Philippe: 
Emilie  mariée  à  Louis  Gontier ,  Comte  de  Schwartzenberg  ;  Et  Julien- 
lie,alliéeen  1652. avec Mainfroi, Duc  de  Wirtemberg  à  Brentz-Weil- 
tingcn.  Voyez  Holface,&  confultez  les  Auteurs  que  je  cite  à  lafinde 
cet  Article. 

OLDENDORPIUS  (Jean)  Jurifconfulte  étoit  de  Hambourg,  ne-' 
Veu  d'Albert  Crantz,  a  été  en  grande  confidération ,  dans  le  feiziéme 
Siècle.  Il  fe  rendit  habile  dans  le  Droit ,  &  l'enfeigna  avec  réputation  à 
Cologne  &  à  Marpurg .  où  il  mourut  le  troifiéme  Juin  de  l'an  1567. 
Nous  avons  plufieurs  Traitez  de  fa  façon,  comme  des  Commentaires 
fur  diverfes  Queftions  du  Droit.  Praâîicaaiîionumforenjîiim.  VaruLec- 
tionesyVc  *  C\\'jX.x«.us ,  in  Saxon.  Nigidius,"»»  e/f»c^o.  Profejf.  Mar- 
furg.  Pantaleon,  It.  3.  Profop.  Melchior  Adam,  in  Vit.  'Jurifc.Ger- 
man.   vc 

OLDENSEL  ou  Oldenseel  ,  Ville  de  l'Over-Iflel  dans  le 
Pais-Bas.  Elle  étoit  autrefois  forte;  mais  les  HoUandois  l'ayant  prife  en 
î6i6.ils  démolirent  les  fortifications;  &  depuis  ce  tems-là  ils  en  font 
les  maîtres.  Oldenfeel  eft  une  affez  jolie  Ville. 
OLDERIC  ou  Orderic  Vitalis.  Cherchez  Vitalis. 
OLDON,  Moine  Efpagnol  de  la  Congrégation  deCluni,  eft  Au- 
teur d'un  Traité  des  divers  Offices, miiulé  , nationale  di-umorum  Offi' 
eiorum  &  de  quelques  Vies  des  Saints.  On  connoît  qu'il  vivoit  dans  le 
XIII.  Siècle  en  1117.  par  ces  deux  vers, qui  fontau  commencement 
du  premier  de  fes  Ouvrages  que  je  viens  de  citer: 

Oldonius  librum  fer  Chrifium  confiât  iflaift 
Bis  dents  annis  feftem  fufra  mille  ducentis. 

OLDRADUS,  natif  de  Lodi  en  Italie  ,  étoit  un  excellent  Jurif- 
confulte qui  vivoit  en  1330.  II  écrivit  divers  Traitez.  Tritheme  parle  de 
lui ,  de  Script.  Eccl. 

OLEARIO  ou  DE  Ulariis  (Barthelemi)  Cardinal,    Evê- 

que  de  Florence  dans  le  XIV.  Siècle,  étoit  de  Padouë.  11  entra  jeune 

parmi  les  Religieux  de  faint  François,  &  s'y  diftingua.  Il  fut  élevé  en 

fuite  fur  le  Siège  Epifcopal  de  Florence  ,  &  aquit  Je  Chapeau  de 

Tom.  lY. 


OLE.  OLG.  OLL  |î 

Cardinal  ,  que  le  Pape  Boniface' IX.  lui  donna  en  1389.  Ce  I^ohti. 
fe  employa  Oleano  en  diverfes  affaires  importantes ,  &  il  l'envoya 
Légat  dans  le  Royaume  de  Naples.où  il  mourut  à  Gayette,]e  i6 
Avril  1396.  *  Angelo  Portaneri .  li.  ^.  ..  9.  Ciaconius/ Wadinge  , 

étn?^S^7^.'^  (Jérôme)  Religieux  de  l'Ordre  de  faint  Dominique 
etoit  natif  de  Lisbonne  en  Portugal ,  ou ,  félon  d'autres ,  de  Azambu  ja 
quidl  un  Bourg  près  du  Tage.  Çeft  peut-être  pour  cette  raifon  que 
les  Portugais  1  ont  furnommé  Oleafter  de  Azambuja.  Quoi  qu'il  en 

YVT  11  ni'^'flP'"'  ^'''"u  ^T'P?  "î""  fon  Ordre  ait  eu  dans  le 
XVI.  Siec  e.  Okafter  etoit  un  bon  Philofophe  de  la  manière  qu'on  l'étoit 
alors;  folide  Thco  ogien  ;  habile  dans  l'intelligence  des  Langues, 
pnncipalement dans  1  Hébraïque, la  Gréque  &  la  Latine. C'eft  parleur 
fecours  qu  il  fit  un  grand  progrès  en  l'étude  de  l'Ecriture  Sainte  Sa 
réputation  le  fit  fouhaiter  en  Italie,  où  il  fit  un  voyage  en  U4c  & 
fut  un  des  Théologiens  que  Jean  III.  de  ce  nom  ,  Roi  de  Portusal 
choifit  pour  affifter  de  fa  part  au  Concile  de  Trente.  Oleafter  s'y  fit 
admirer.  A  fon  retour  en  Portugal,  le  Roi  le  nomma  à  l'Evêché  de 
1  lile  de  S.  -Tome  en  Afrique;  mais  il  s'en  difpenfa.  On  le  fit  depuis 
InquiUteur  de  la  Foi,  il  eut  les  principales  Charges  de  fon  Ordre  dans 
ft  Province;  &  il  mourut  l'an  1563.  Oleafter  avoit  compofé  divers 
Commentaires  fur  l'Ecriture;  mais  nous  n'avons  que  ceux  qu'il  a  faits 
furlePentateuque,  &  fur  Ifaie.  'Antoine  de  Sienne,  Bibl.Domin 
Nicolas  Antonio  &  Andréas  Schotus,  Bibl.  Hifp.  Le  Mire,  de  Script. 

OLEN ,  Prêtre  Grec,  de  la  Ville  de  Dymedans  VAchaïe  ,  Provin- 
f^,n  I^S',^"-^  '  '^°™P°'"»  des  Hymnes  fort  belles  que  l'on  chantoitdans 
1 111e  de  Delos,  pendant  les  cérémonies  que  l'on  y  faifoit  pour  les  mala- 
des, en  jettantfur  eux  la  pouffiere  que  l'on  ramalToit fur  le  fépulcre  de 
la  DeeiTc  Ops  ou  Cybele,  que  les  Grecs  appelloient  Hecaërge ,  c'eft-à-di- 
re,  gut  a  la  vertu  d'opérer  loi».  Quelques-uns  ont  crû  que  ce  Poè- 
te a  été  l'Inventeur  des  Vers  hexamètres.    *  Faufanias  ,  in  Phoc, 

SU  P. 

^t9^^^9^  ou  Oloron  fur  le  Gave  ,  Rivière  dite  d'Oleron, 
Ville  de  France  en  Bearn  ,  avec  Evêché  SufFragant  d'Auch.     Les 


Anciens  1  ont  nommée  diverfement,  lluro,  llurane ,  horonenhum, &  Fh 
lorenimm  civuas,  Elorona  &  Olero.  La  Ville, qui  étoit  grande  &  belle, 
tut  ruinée  par  les  Normans  dans  le  IX.  Siècle, &:  enfuite rebâtie  vers 
lan  1080..  parCentuIle,  Vicomte  de  Bearn&  d'Oleron.  Elle  eft  iituée 
lur  une  eminence,  avec  une  vieille  Tourjarrofée  de  la  Rivière  du  Gave, 
qui  la  fepare  d'un  fauxbourg  dit  de  Sainte-Marie,  où  eft  le  Siège  Epifco- 
pal. Saint  GratEvêque  d'Oleron  affifta  au  Concile  d'Agde,en  506.  U- 
cere  fe  trouva  au  IV.de  Paris  en  cinq  cens  feptante  trois ,  &  au  II  de 
Maçon  en.  sSj.Abienta  foufcrit  au  VIII.de  Tolède  en  fix  cens  cin- 
quante fept.  La  Ville  d'Oleron  fouffrit  beaucoup  dans  le  feiziéme  Siè- 
cle, que  les  Calviniftes  y  étoient  les  maîtres,&  que  Gérard  le  Roux  ou 
Rouflcl  de  leur  parti ,  fut  mis  fur  le  Siège  Epifcopal  de  cette  Ville  par  la 
Reine  de  Navarre.  Le  Gave  d'Oleron  eft  formé  de  ceux  d'Afpe&d'Of- 
feauquifejoignpntaudcfîbusdela  Ville.  *  De  Marca,  Hifi.  de  Bearn. 
ArnouldOihenart,//.3.N«)«>.  utriufque  Vafcon.c.  ït..  Sainte  Marthe 
Gall.  Chrift..  l         j  3  , 

OLERON  ,  Ifle  de  France  fur  les  côtes  de  Xaintonge  ,  avec  une 
Forterefl^edemêmenom.  Les  Latins  la  nomment  Vliarus.  Elle  a  cinq 
lieuës  de  longueur,  &  dix  ou  douze  de  circuit.  C'eft  l'Olarion  deSido- 
iiius  ApoUinaris ,  féconde  en  lapins ,  comme  Savaron  l'a  remarqué.  Sca- 
liger&Merulafe  font  trompez,  en  croyant  queSidonius  vouloir  parler' 
de  la  Ville  de  ce  nom.  Car  Pierre  de  Marca  nous  affure  qu'on  n'y  trouve 
point  de  lapins.  Au  contraire  l'Ifle  d'Oleron  en  a  beaucoup. 

_  OLE VI AN  (Gafpar)  Miniftre  Proteftant  d'Allemagne  ,  étoit  fils 
d'un  Boulanger  de  Trêves ,  où  il  naquit  le  10.  Août  de  l'an  IÎ36.  Il 
étudia  le  Droit  à  Paris  &  à  Bourges ,  &  la  Théologie  à  Genève.  De  là 
étant  revenu  dans  fon  Pais ,  il  voulut  enfeigner  laPhilofophie  &  prêcher 
la  dodrinc  des  Proteftans ,  mais  le  Clergé  de  Trêves  s'y  oppofa,  &  Ole- 
vian  prit  le  parti  de  fe  retirer  à  Heidelberg.  Il  y  enfeigna  quelque  tems, 
il  fut  enfuite  Miniftre  dans  quelques  Bourgs  ;&  mourut  le  15.  ÀJars  de 
ran1587.agedes1.ans.  Gafpar  Olevian  lailTa  quelques  Ouvrages  peu 
importans.  Deux  Livres  de  Dialedique.  Des  remarques  fur  les  évan- 
giles, &c.  Voyez  la  Relation  de  fa  vie  &  de  fa  mort  delà  façon  deTeari 
Pifcator. 

OLGERD.E,  Grand  Duc  deLithuanie,fuccéda  en  i3zs.àfonpe- 
re  Gedimin  ,  qui  mérita  ce  nom  de  Grand  Duc,  parce  qu'il  avoit  fait  Je 
grandes  conquêtes  qui  s'ètendoientjufqu'auPont-Euxin.  Il  mourut  en 
1381.  &  eut  pour  fuccefleur  fon  fils  Jagellon ,  qui  époufa  une  Frincelfe 
Chrétienne,  &  s' étant  fait  baptifer ,  prit  le  nom  d'Uladiflas.*Hornmss 
Orb.  Imper. 

OLIBRIUS  (  Flavius  Anicius  )  fut  fi  confîdéré,  que  Léon  Empe- 
reur d'Orient  lui  fit  donner  en  mariage  Placide  fille  de  Valentinien , 
que  Genferic  Roi  des  Vandales  renvoya  à  Conftantinople,  comme  je  le 
disailleurs.  Depuis  il  fucceda  à  l'Empire  à  Anthemius,  par  la  faveur 
de  Ricimer.  Mais  il  ne  jouît  pas  long-tems  de  cette  dignité,  car  fept 
mois  après  il  fut  tué  par  les  Gots,  qui  mirent Glycere  à  fa  place,  en 
471.  Il  lailTa  une  fille  nommée  Julienne ,  mariée  à  Areobinde,quele 
peuple  voulut  mettre  à  la  place  d'Anaftafe.*Cafliodore  &  Marcellin, 
en  fa  Chron. 

OLIBRIUS,  Général  de  l'armée  de  l'Empereur  Aurelien  ,  à  qui 
cet  Empereur  donna  vers  l'an  274.  la  garde  des  frontières  de  l'Empire  du 
côté  de  l'Euphrate.  Ayant  alors  un  pouvoir  abfolu  dans  toute  la  Pifidie 
Province  de  l'Afie  Mineure,  il  y  perfécuta  les  Chrétiens  avec  beaucoup 
de  cruauté ,  &  fit  mourir  fainte  Marguerite.parce  qu'elle  étoit  Chrétien- 
ne, &  qu'elle  refufa  del'époufer.  *  Pierre  de  Natalibus.  Metaphrafte, 
dans  le  récit  dit  Mariage  de  fainte  Marguerite.  S  UP. 

OLIBRIUS  ou  olybrius  (  Hermogenianus  )  Proconful  d'Afrique , 
fous  Conftantin  leGrattd,  en  CCCLIV.  &  enfuite  Préfet  de  la  Ville. 
ou  Gouverneur  de  Rome.  Il  eft  fouvent  fait  mention  de  lui  dans  le  Code 
Theodofien,&  il  y  a  encore  une  infcription  à  Rome  en  fon  honneur.Il  y 
aeudeuxautresO/yérwfunpeu  plus  récens,  Jac.Gothofredus  in  Profo- 
pogr.  Cod.  Theodofiani.] 

G  3,  OLIER 


n 


O  L  î. 


OLIER  Mâqu")  Inftituteur  &  Fondateur  du  Séminaire  de  faintr 
Sulpice  à  Paris,  naquit  en  cette  Ville  le  lo.  Septembre  1608.  8c  étoit  fils  j 
de  M  Olier  Maître  des  Requêtes.  Après  avoir  fait  fes  études,  &  pris  le  | 
dearé'de  Bachelier  enThèologie  il  fit- un  voyage  à  Rome,&  à  Nôtre-Da- 
me de  Lorette.  Etant  de  retour  à  Paris,  il  fut  aflbcié  par  M.  Vincent  à 
la  compagnie  des  Millionnaires  ;&  après  avoir  reçu  l'Ordre  dePrêtrife 
en  1633.  il  entreprit  de  faire  uneMifTion  en  Auvergne,  où  étoit  fituéc 
fon  Abbaïe  de  Pebarc.  Au  bout  de  fix  mois,  il  fut  obligé ,  par  les  pour- 
fuites  de  ceux  qui  s'oppofoient  à  la  réforme  de  cette  Abbaïe  de  revenir  à 
raris.  Y  étant,  il  quitta  fon  (:arroflre&  fon  train,  8c  fe  prépara  à  une  fe- 
tondeMiffion en  Auvergne.qu'il fit pendant-dix-huit mois,  avec  unluc- 
.cès  admirable.  L'an  1038.  il  fit  un  voyage  en  Bretagne,  pour  y  refor- 
mer unMonaftere  de  Religieufes ,  où  il  rétablit  l'Oblervance  Réguliè- 
re. L'année  fuivante  le  Cardinal  de  Richelieu  lui  écrivit  que  le  Roi 
l'avoit  nommé  à  la  Coadjutorerie  de  l'Evéché  de  Châlons  fur  Marne ,  8c 
lui  envoya  en  même  tems  le  Brevet  ;  mais  Olier  refufa  cette  di- 
gnité :  8c  quelque  tems  après  il  s'engagea  avec  plufieurs  E-clefiafti- 
ques  dans  le  defl'ein  d  établir  un  Séminaire  pour  difpofer  aux  faints 
Ordres  ,  &c  aux  fondions  Sacerdotales  ceux  qui  embraflent  l'Etat 
Ecclefiaftique  :  à  quoi  il  fut  excité  par  le  Père  Condren  ,  Général 
de  la  Con<'régation  de  l'Oratoire.  Olier  fut  deftiné  Supérieur  de  ce  Sé- 
minaire, que  fon  effaya  d'établir  premièrement  à  Chartres  :  mais  enfuite 
on  jugea  à  propos  de  fare  cet  établiiîeraent  à  Paris ,  ou  aux  environs.  Au 
commencement  del'année  1642.  Olierloiia  uneMaifonà  Vaugirard; 
Se  quatre  mois  après ,  M.  de  Ficique ,  Curé  de  faint  Sulpice,  le  pria  d'ac- 
cepter fa  Cure  qu'il  vouloir  quitter  à  caufe  des  defordres  qu'il  voyoit 
dans  la  Paroifle.  Olier  y  confentit ,  parce  qu'il  avoir  un  grand  zélé 
pour  la  gloire  de  Dieu;  8c  après  avoir  refule  un  Evêché,  il  prit  poflTef- 
■fion  de  cette  Cure  au  mois  d'Août  1641.  En  même  tems  il  appella  au- 
près de  lui  ksEcclefiaftiques  qui  écoient  à  Vaugirard ,  8c  appliqua  les  uns 
au  fervice  de  la  Paroiffe,8c  les  autres  à  la  conduite  du  Seminaire.dont  l'é- 
tabliffement  fut  approuvé  8c  confirmé  par  l'autorité  des  Supérieurs  Ec- 
defiaftiques,8c  par  des  Lettres  patentes  du  Roi.  En  1652.  il  tomba  ma- 
lade ,  &i  fe  démit  de  fa  Cure  entre  les  mains  de  l'Abbé  de  S.  Germain  des 
Prez,  qui  la  conféra  à  M.  de  Bretonvilliers.  Etant  réchappé  de  cette  ma- 
ladie', il  alla  établir  un  quatrième  Séminaire  au  Pui  en  Vêlai  :  car  outre 
celui  de  Paris,  il  en  avoir  encore  établi  deux,  l'un  à  Nantes  8c  l'autre  à 
Viviers.  Il  fit  enfuite  une  Million  générale  dans  le  Vivarais ,  8c  rétablit 
l'exercice  de  la  Religion  Catholique  dans  la  ville  de  Privas,d'où  elle  étoit 
bannie  depuis  plus  de  trente  ans.  De  là  il  revint  à  Paris,  pour  y  conti- 
nuer fesfaints  exercices:  mais  l'année  fui  vante,  étant  alors  âgé  de  qua- 
iante-quatreans,il  fut  attaqué  d'une  apoplexie ,  qui  le  rendit  paralyti- 
que de  la  moitié  du  corps  En  1654.  il  envoya  de  fes  Ecclefiaftiques  à 
Clermont  en  Auvergne, pouryetablirunSeminaire.il  en  donna  d'au- 
ttespour  accompagner  une  Colonie  de  François  quialloit  habiter  l'Ifle 
de  Mont-real  dans  la  Nouvelle  France,  8c  pour  travailler  à  la  converfion 
des  Sauvages.  Enfin  après  avoir  rendu  de  fignnds  fervices  à  l'Eglife,  il 
mourut  faintement le  2.  Avril  1657.  âgé  de  quarante-huit  ans  8c  demi. 
Il  a  laiffé  des  Ouvrages  de  pieté ,  qui  font  remplis  de  Dieu  ,  Si  que  toutes 
les  Perfonnes  Dévotes  8c  Spirituelles  elliment  fort.  *  Le  P.  Gui,  Vie 
des  Grands  Serviteurs  de  Dieu. 

OLIMPE  {Olympus)  montagne  de  ThelTalie, près  d'Oiîa  ScdePe- 
lion.  Caftalde  8c  le  Noir  lui  donnent  le  nom  de /lar^a.  Il  y  en  avoir  une 
autre  dans  la  Myfie  en  Afie,  près  de  la  ville  de  Prufe  ,  que  les  Turcs  nom- 
ment diverfement  ,  Anatolaidag  ,  Emerdag  ,  Emiodag  ,  8i  Kefrhifdag. 
Une  dansia  Lycie,  avec  une  Ville  de  ce  nom;  8c  une  dans  Chypre.qu'E- 
tienne de  Luzignan  nomme TrudJe.  Pline, Ptolomée,Strabon 8c Solin 
parlent  de  quelques  autres  Montagnes  de  ce  nom  ;  mais  elles  ne  font  pas 
fi  confidérables.  11  ne  les  faut  pas  confondre  avec  le  mont  Olympe,  en 
Champagne  vers  la  Meufè. 

OLIMPIA  FULVIA  MORATA.  Cherchez  Fulvia  Mo- 
rata. 

OLIMPIAS,  (Olympias)  fœur  d'Alexandre  Roi  dés  Epirotes, 
époufa  Philippe  Roi  de  Macédoine ,  8c  fut  mère  d'Alexandre  le  Grand 
Son  humeur  altiere  la  mit  mal  avec  fon  mari ,  qui  en  époufa  une  autre. 
On  dit  dit  même  qu'il  la  foupçonna  d'adultère.  Après  la  mort  de  Philip- 
pe ,  elle  fe  moqua  de  la  vanité  de  fon  fils ,  qui  vouloit  faire  accroire 
qu'il  étoit  né  de  Jupiter.  Elle  lui  écrivit  de  ne  la  point  mettre  mal  avec 
Junon ,  &  de  ne  la  pas  expofer  à  la  haine  de  cette  Déeffe ,  puis  qu'elle 
n'avoitrien  fait  qui  mérirât  ce  châtiment.  Après  la  mort  d'Alexandre 
en  430  de  Rome,  elle  fit  affaffiner  Aridée,  Eurydice,  Nicanor  8c  cent 
îlluftres  Macédoniens.  Caffander  l'ayant  fû  étant  devant  Tegée  en  Arca- 
die,  vint  afiiéger  Pidne,oii  cette  cruelle  Princeffe  étoit.  111a  prit  8c  la 
fit  mourir,  l'an  438.  de  Rome.  *Flutarque  ,/»  vita  Alexand.  Quinte- 
Curfe ,  lullin  ,  &:c. 

OLIMPIAS  ,  fainte  veuve  Se  Diaconifie  de  l'Eglife  de  Conftanti- 
nople  ,  du  tems  de  S.  Jean  Chryfoftome.  Elle  étoit  fille  du  Comte 
Anilius  ?><.  nièce  du  Préfet  Abla vins ,  célèbre  du  tems  deConftantin  lé 
Grand:  mais  fa  vertu  étoit  encore  plus  illuftre  que  fa  naiflance.  Ne- 
bridius  l'époufa  8c  le  Menologe  des  Grecs  dit  qu'il  mourut  avant  la 
confommation  du  mariage, de  forte  qu'elle  demeura  vierge  ?<.  veuve 
tout  enfemble.  Mais  P?.llade  écrit  qu'elle  demeura  avec  lui  vingt  mois 
feulement.  Les  plus  célèbres  Evèques  de  l'Orient  furent  invitez  à  fes 
noces  ;  8c  faint  Grégoire  de  Nazianze  n'y  pouvant  venir ,  lui  envoya  un 
excellent  Epithalame.  En  perdant  Nebridius ,  elle  étoit  devenue  extrê- 
mement riche;  &  l'Empereur  Theodofe  la  voulut  remarier  à  Elpidius 
qui  étoit  fon  coufin;  elle  le  refufa,  8c'quoi  que  le  Prince  nefutpasfatis- 
fait  de  ce  refus,  elle  vainquit  par  fa  confiance  :8c  par  fa  vie  pénitente, 
elle  fe  rendit  la  gloire  de  l'EghTe  de  Conitantinople  ,  dont  elle  étoit 
Diaconifle ,  comme  je  l'ai  dit.  Elle  n'employa  fes  biens  que  pour  les 
Eglifes  8c  pour  les  pauvres.  On  l'envoya  en  exil  dans  le  tems  que  faint 
Chryfoftome  y  fur  envoyé ,  8c  elle  moUrur  faintement,  vers  l'an  404. 
Le  Menologe  des  Grecs  en  fait  mémoire  le  2  y.  Juillet.  *Pallade,  LauJ. 
Hifi.  c.  41.  £?*  de  Vit.  Chryfofl.  Sozomene  U.  8.  Baronius ,  iw  ^»m«^ 

OLIMPIODORE,  (Oiyw/Wore)  Moine  Grec  que  quelques-uns 
font  Philorophe  Peripateticica ,  &  d'autres  Diacre  de  Conftantinople 


O  L  î. 

ou  d'Alexandrie ,  vivoit  dans  le  IX.  ou  X.  Siècle,  &  même  dans  le  XT.  au 
fentiraent  de  Bellarmin.  11  fit  des  Commentaires  fur  l'Ecclefiafte  & 
fur  Job  que  nous  avons  dans  la  BibUothéque  des  Pères  8c  ailleurs.  Six- 
te de  Sienne  met  deux  Ohmpiodores ,  un  Moine  8c  l'autre  Diacre. 
*  Sixte  de  Sienne  ,  /;,  4.  Bibl  S.  Bellarmin ,  de  Script.  Eccl,  Poflevin , 
in  Appar.   Sacr.  c^c. 

OLIMPIODORE  ,  originaire  de  Thebes  en  Egypte  ,  Hiftorien 
Si  Poète  Payen  ,  vivoit  dans  le  V.  Siècle.  Il  compofa  une  Hiftoire 
qu'il  diftingua  en  vingt-deux  Livres  ,  8c  qu'il  commença  au  leptié- 
me  Comblât  des  Empereurs  Honorius  8c  Theodofe  le  Jeune  ,  à  qui 
il  dédia  fon  Ouvrage.  Elle  va  jufqu'-à  la  première  année  de  l'Empire 
de  Valentinien  ;  c'eft-à-dire,  depuis  l'an  407.  jufqu'en  425,  Son 
ftile  avoir  de  la  clarté,  mais  foible:  de  fortequefa  pièce  ne  pouvoit 
paffer  que  pour  des  Mémoires.  Voyez  ce  qui  nous  en  refte  dans  l'hotius , 
ceid.  80. 

OLIMPIODORE,  dont  parle  Suidas,  qui  étoit  d'Alexandrie, 
Philofophe  Peripateticien, qu'on  fait  Précepteur  de Proclus 8c Auteur 
desCommentairesfur  quelques  Traitez  d'Ariltote  ôc  de  Platon.  Il  vi- 
voit en  480. 

Olimpiques,  (Olympiques)  Jeux  célèbres  de  Grèce.  Hercule  les  inftitua 
environ  l'an  2836.  du  Monde  ;  8c  441,  ans  après  Iphitus  les  rétablit  Ils  fe 
célebroient  de  quatre  en  quatre  ans  versleSolftice  d'Eté,  durant  cinq 
jours,  fur  les  bords  du  Fleuve  Alphé,  proche  de  la  ville  dOlympie, 
dite  aujourd'hui  Langanica,où  étoit  le  fameuxTemple  dejupiter  Olym- 
pien. Athénée  dit  queCorœbus  y  fut  couronné  le  premier,  ayant  lur- 
monté  les  autres  à  la  courfe.  Il  y  avoir  des  prix  pour  d'autres  exercices. 
J'ai  déjà  fixé  ailleurs  le  tems  de  cette  célèbre  Epoque,avant  laq  uel  le  ^'ar- 
ron  ne  trouvoit  que  fables  8c  que  ténèbres  dans  l'Hiftoire  des  Gre^:s.Pour 
ne  pas  répeter  ce  que  j'ai  déjà  dit,  cherchez  Iphitus  8c  confultez  Paul 
Cruùiis ,  ti.de  Epoch.  Origan.  T.I.  Ephem.  Scz\iger ,  de  emendat  Temp. 
li.  I.  e?'  5.  Perau ,  de  doH.  c  in  Ration.  temp.Tormel ,  Salian  8c  Spon- 
de,  in  Annal,  vet.  Te/l.  Lange,  de  Ann,  ChriJlijKizziolifChron.re- 
form.  T.  1.  li.  3.  c.  2.  u-c. 

[  OLIMPIUS  ,  ou  plutôt  Olympius  ,  Maître  des  Offices  dans  la 
Cour  d'Honorius  en  CCCCVllI.Zofîme  en  fait  fouvent  mention, auffi 
bien  que  le  Code  Theodofien;8c  il  y  a  deux  Lettres  de  S.  Auguftin  ,  qui 
lui  font  adrcffées.  Jac.  Gothofredi  Profopographia,  Cod.  Theodofiani.  ] 

OLINDE  ,  Ville  deBrefil  en  l'Amérique  Méridionale,  en  la  Capi- 
tainie  de  Fernambuco  dont  elle  eft  capitale. Elle  eft  fituée  fur  une  coline, 
avec  un  Port  vers  l'embouchure  du  Fleuve  Bibiribe,8c  une  f  -  rterefle  dite 
de  S.  George.  Les  Hollandois  la  prirent  en  1629.  mais  enfuite  ils  l'aban- 
donnèrent; de  forte  que  depuis  ce  tems-là  les  Portugais  en  font  les  maî- 
tres, auffi-bien  que  de  rour  le  territoire. 

OLIVA  (Alexandre)  Général  de  l'Ordre  de  faint  Auguftin  &  puis 
Cardinal,  n'a  eu  pour  caufe  de  fon  élévation  que  fon  mérite.  Il 
naquit  à  Saxoferrato  qui  a  été  honorée  par  la  naiflance  de  Barthole  8c  de 
Nicolas  Perrot  Archevêque  de  Siponte.  Ses  parens  étoient  pauvres  des 
biens  de  la  fortune.  A  l'âge  de  trois  ans  il  reçût  une  féconde  naiirince. 
11  tomba  dans  un  refervoir  d'eau  8c  on  l'en  tira  mort.  Sa  mère  qui  avoit 
beaucoup  de  pieté,  le  porta  dans  une  Eglife  de  la  fainte  Vierge,  8c  il  y  re-, 
vint  en  fanté.  Ce  miracle  fut  admiré  de  tout  le  monde.  Cette  bonne 
mereatoit  fait  vœu  de  confacrer  à  Dieu  lejeune  Alexandre  8c  le  remit 
aux  Auguftins,  Cette  éducation  fainte  fervit  merveilleufement  à  fortifier 
les  inclinations ,  qu'il  avoit  pour  la  pieté  8c  pour  la  fcience.  Il  étudia  à  Ri- 
mini,  -à  Bologne  &  à  Peroufe ,  8c  fit  un  fi  grand  progrès  dans  la  connoif- 
fance  des  Lettres  faintes ,  qu'ayant  profen"é  la  Philofophie  dansia  der- 
nière de  ces  villes,  il  fur  encore  nommé  pour  y  enfeigner  la  Théologie. 
Cependant  il  fut  élu  Provincial  ,  8c  quelque -tems  après  on  l'obhgea 
d'accepter  la  charge  de  Procureur  Général  de  l'Ordre.  C'eftcequi  l'o- 
bligea d'aller  à  Rome,oii  fon  favoir  8c  fa  vertu  furent  admirez,  Ale- 
xandreOliva  cachoir  pourtant  avec  foin  toutes  cesgrandesqualitez;8c 
le  Cardinal  de  Tarenre  Protecteur  de  fon  Ordre  ne  pût  jamais  lui  per- 
fuader  de  fe  trouver  dans  lesdifputespubhques ,  où  tout  le  monde  fou- 
haitoit  d'y  voir  éclater  fa  grande  érudition  8c  fa  (ubrilité.  Il  ne  pût 
pourtant  pasfe  difpenfer  de  prêcher  8c  d'écrire; 8c  comme  il  étoit  fu- 
blime  Théologien  8c  éloquent,  il  écrivoit  8c  prêchoit  avec  tant  de  force 
que  le  vice  8c  le  defordre  ne  lui  refiftoient  que  par  leur  naturelle  opinià- 
rreté.  11  partit  fur  les  Chaires  des  premières  "Villes  d'Italie  ;  8c  Rome ,  Na- 
ples ,  Venife ,  Bologne,  Florence,  Mantouë  8c  Ferrarel'admircrenr  éga- 
lement. Cependant  il  fut  élu  Vicaire  Général  de  fon  Ordre,  puis  Géné- 
ral en  1459.  &c  enfin  Cardinal  en  r46cs.  C'eft  le  Pape  Pie  II.  qui  le  mie 
au  nombre  des  Cardinaux.  Ce  fut  un  effet  du  difcernement  de  ce 
grand  Pape,  qui  étant  Im-même  le  plus  favant  homme  de  fon  tems, 
pouvoit  juger  du  mériteT8c  fefitun  plaifir  d'élever  Alexandre  Oliva. 
Pie  II.  lui  donna  enfuite  l'Evêché  de  Camerino,  &c  fe  fervit  de  lui 
dans  diverfes  occafions.  Ce  grand  homme  mourut  peu  de  tems  après 
à  Tivoli ,  où  étoit  la  Cour  Romaine,  Se  où  on  le  confidéra  comme  un 
Saint.  Ce  fut  le  21.  Août  de  l'année  1463.  en  la  5;.  de  fon  âge.  Son 
corps  fut  porré  dans  l'Eghfe  des  Auguftins  de  Rome  ,  où  l'on  voit 
fon  Tombeau  de  marbre  avec  cette  E^it^çhs:  Alexandre  Oliv^Saxo- 
ferratenfi  Theol.  Clariffîmo  Eremit.  S.  Augu/lini  ab  Infantia  fpei  maxtmét 
Alumn,  Sjui  cum  ejjet  fui  Ordinis  Generalis ,  ob  jingidarem  Doâlrinam  ©• 
vit£  SanHimoniam  Cardinalis  à  Pio  IL  ignorans  creatus  efi.  Vixit  annis  LV, 
Obiit  anno  falutis  M.  CCCC.  LXUJ. 

Vt  tibifola  âedit  probitas ,  non  gratia  foli , 

Digno  cardintum  nomine ,  réque  decus; 
Sic  eadem  indignis  raptum  dum  tollit  ad  aftra , 

Fœlix  hoc,  inquit.  Principe  Koma  foret. 

Alexandre  Oliva  laifla  divers  Traitez  :  De  Chrifli  ortu  Sermones  cen- 
tum.  De  cœna  cum  ApoftoUs  fa^a.  De  peccato  in  Spiritiim  fanc- 
tum.  Orationes  élégantes  ,  Li.  L  <a-t,_  *  Jofeph  Pamphilius  ,  Chron. 
Ord.  S.Aug.  Ambrolius  Coriolanus,  in  Chron.  Auguft.  Onuphre,  in 
Chron.  Thomas  Gratiani,  in  Anaflafi.  Antoine  Poflevin ,  in  Appar. 
facro.  Bzovius  ,  in  Annal.  Eccl.  T.  XVII.  ad  Ann.  1463.  n.  34. 
Cornélius  Curtius,  in  elog,  viror.  illujlr.  Augufi.  Auberi  ,  Hiji.  des 
Cardin.  Hfc. 

OLI- 


OLL 

'OLÎVA  (Jean  Paul)  Général  des  Jefuites, naquit  àGénesehiôo. 
d'une  illullre  famille  qui  a  donné  deux  Doges  à  cette  République.  11  fc 
faifoit  admirer  dans  fes  prédications  &  comme  il  n'avoit  pas  moins  de 
fageiFe  pour  gouverner,  que  d'éloquence  pourperfuader,  onlui  don- 
na la  conduite  du  Collège  des  AUemans,  puis  celle  du  Noviciat  ,&  en- 
fin il  fut  élu  Général  de  l'Ordre  en  1661. 11  ne  quitta  pas  pour  cela  les 
exercices  delaChaire;  &  le  Pape  Innocent  X.  l'ayant  fait  Prédicateur 
du  Palais  Apoftolique.il  continua  cet  emploi  l'ous  trois  autres  Papes, 
Alexandre  'Vil.  Clément  IX. &  Clément  X.  Umouruten  i68i.dansla 
Maifon  du  Noviciat  à  Rome ,  après  avoir  pafle  plus  de  65.  ans  dans  la  So- 
ciété, &  en  avoir  été  plus  de  vingt  ans  Général.  C'eil  lui  qui  a  fait  conf- 
truire  &  peindre  cette  belle  Eglilcdesjefuites,  qui  eft  une  des  merveil- 
les de  Rome.  La  mort  de  ce  grand  homme  fut  beaucoup  regretéé. 
Plufieurs  Perf^pnes  illuftres  fe  faifoient  un  plaifir  d'avoir  commerce 
de  Lettres  avec  lui.  Ce  Père  y  correfpondoit  par  les  liennes,dont  on 
a  fait  un  recueil  impriméà  'Venife  en  1681.  par  lefquelles  on  peut 
juger  de  la  réputation  qu'il  s'étoit  aquifc,  auffi-bien  que  par  fes  au- 
nes Ouvrages  imprimez  à  Lyon.  *Mémoires  du  Tems.  SUF. 

OLIVARES,  Comté  d'tfpagne  dans  la  Caftille  'Vieille,  proche 
de  'Valladolid.  Henri  de  Guzman  Comte  d'Olivarès ,  fut  Ambalfadeur 
à  Rome  fous  Philippe  II.  Roi  d'Elpagne.  La  faveur  de  fon  fils  Gafpard 
deGuzman  Comte-Duc  d'Olivarès  fous  Philippe  IV,  eftauffi  contiuë 
que  la  difgrace.  On  l'accufa  d'avoir  porté  par  fon  orgueil  les  Portugais 
à  la  révolte.  Marguerite  de  Savoye,  autrefois  DuchefTe de Mantouë, 
aVoit  la  'Viceroyauté de  cet  Etat. Michel 'Vafconcellos, Secrétaire  du 
Comte-Duc, y  traitoit  très-durement  les  peuples,  fans  fe  foucier  des 
ordres  de  la  Princelîe.  Après  que  les  Portugais  eurent  fecoué  le  joug 
des  Efpagnols  en  1640.  Marguerite  ôcl^Ambafladéur  de  l'Empereur  en 
firent  leurs  plaintes  au  Roi  d'Efpagne,  &  ils  accuferent  le  Comte-Duc 
d'Olivarès  d'être  feul  la  caufe  des  malheurs  de  l'Etat.  Le  Roi  lui  ccim- 
nianda  de  fe  retirer  de  la  Cour  ;  &  il  en  mourut  peu  après  de  déplaifir. 
11  eut  pour  fucceffeur  en  fa  faveur  Don  Louis  de  Haro-Guzman ,  qui 
étoit  fon  neveu ,  mais  qui  n'avoit  pas  fujet  de  l'aimer.  Celui-ci  a  été 
Duc  de  Carpio,  Comte- Duc  d'Qhvarès,  &c.ScMiniftre  d'Etat.  Il  con- 
clut l'an ^[659.  avec  leCatdinal  Mazarinla  paix  des  deux  Couronnes, 
&  pour  cette  raifon ,  le  Roi  d'Elpagne  lui  érigea  en  1660  le  Mar- 
quifat  de  Carpio  en  Duché  Grandeffe  de  la  première  claffe  ,  il  lui  don- 
na auffi  lefurnom  de  la  Paz,  pour  éternifer  dans  fa  Famille  la  mémoi- 
re de  ce  grand  Ouvrage  de  la  paix.  Nous  avons  dlverfes  Relations  de  la 
difgrace  du  Comte-Duc  d'Olivarès. 

OLIVE.  Cherchez  Olifi.    ■ 

OLIVENÇA ,  Ville  de  Pottugal  dans  la  Ptovince  d'AlertceU.Eile 
eft  fituéefur  la  Guadiana ,  bien  fortifiée  5î  confidérable.  Les  Efpagnols 
la  prirent  en  165  8.  mais  elle  fut  rendue  par  la  paix  de  Lisbonne  de  1668. 
Olivença  eft  au  deflbus  de  Badajox. 

OLIVET,  ou  Mont  des  Olives;  ce  lieu  a  tiré  fon  nom  des  Oli- 
tiers,  qu'on  y  voyoit  autrefois.  Le  Sauveur  du  Monde  s'y  retira  le  foir 
de  fa  Paffion;  &  ce  fut  fur  ce  Mont ,  qu'il  fut  enlevé  aux  y  eux  de  fes  Apô- 
tres. On  ettime  que  ce  fut  en  ce  même  lieu  que  David  fuyantfonfils 
,  Abfalon,  fe  profterna  devant  Dieu.  *  S.  Jérôme ,  de  locis  Hebr.  AH.  Apoft. 
Saint Pauhn,  epifi.  ii.adSev.  Sulpice  Severe,  in  Hifi.  Bede ,  de  loch 
Sanâîisi  c.  7.  Optât,  //.  6,  in  Parm.  Baronius,  A.  C.  34.  Juvencus, 
li.  4. 

Montis  Ollvêti  cohfcindunt  culmina  cm6ii, 

OLI'VET.  Cherchez  Monte-Oliveto. 

OLIVET,  ou  O  LI  vE  Tô.  Principauté  du  Royaume  de  Naples , 
Vers  le  milieu  de  la  Bafilicate. 

OLIVETAN  (Robert)  parent  de  Jean  Calvin,-  eft  le  premier  qui 
ait  ofé  publier  une  Bible  Françoile  fur  l'Hébreu  &  fur  le  Grec  pour  les 
Proteftans  des  Vallées,  qui  l'engagèrent  à  ce  travail.  Elle  a  été  impri- 
mée à  Neufchvitel  en  155:3.  qui  eft  la  première  année  de  la  prétendue 
réformation  des  Huguenots.  Olivetan  entreprit  detraduirela  Biblefur 
l'Hébreu,  fans  avoir  une  connoiffance  fufBfante  de  cette  Lahgue ,  en 
confuhant  les  anciens  Interprètes  derEcriture,auiri-bien  que  les  nou- 
veaux; &  préférant  la  Verlion  des  Septante,  ou  celle  de  Saint  Jérôme, 
lorfqu'il  croyoit  qu'elles  faifoient  un  meilleur  fens ,  que  celles  qui  ont 
été  tirées  des  Rabbins.  Avectout  cela  fa  Traduction  ne  fut  pas  tout-à- 
fait  approuvée  de  Calvin,  qui  la  trouva  écrite  en  un  langage  trop  dur 
&  barbare.  C'eft  pourquoi  il  travailla  dans  la  fuite  du  tems  à  en  adou- 
cir les  expre(rions,ouplûtôtà  la  refaire:  de  forte  qu'il  n'y  a  eu  qu'u- 
ne Edition  de  la  Bible  d'Olivetan ,  qui  eft  devenue  aflez  rare.  On  a  attri- 
bué celle  qui  fuivit  à  Calvin,  qui  aflurément  ne  favoit  pas  plus  d'Hé- 
breu que  fon  parent  Olivetan  :  mais  il  avoit  une  bien  plus  grande  fa- 
cilité que  lui  à  écrire  en  François.  *  Richard  Simon.  SUP. 

OLIVETO,  Général  de  l'Ordre  des  Jeronimitains.  Cherchez 
Loup  d'Oliveto. 

OLIVI  ou  OliVe  (Pierre  Jean)  dé  Sdgnano  àU  Diocefe  de  Be- 
aiers.  Religieux  de  l'Ordre  des  Mineurs, qui  vivoit  dans  le XIII. Siè- 
cle. Il  fut  accufé  d'avoir  foûtenu  par  écrit  des  opinions  particulières, 
au  fujet  de  la  fainte  Vierge,  qui  furent  caufe  qu'on  le  condamna  à 
brûler  fes  Livres.  L'amour  qu'il  avoitpourlapauvrcté&pourl'étroite 
oblervance  de  fa  Règle  ,  lui  fit  des  ennemis  de  fes  frères ,  qui  déterrant 
fon  corps  après  fa  mort ,  arrivée  environ  l'an  mil  deux  cens  quatre- 
vingt-dix-fept ,  le  condamnèrent  comme  hérétique ,  &  brûlèrent  fes 
Livres.  Cependant  Agne  Clareno  Huberrin  de  Cafal,&  d'autres  qui 
ont  écrit  des  Apologies  pour  lui ,  foûdennent  que  c'étoit  un  faint  Hom- 
me, &  que  même  après  fa  mort.  Dieu  approuva  fa  faintetépardes  mi- 
racles. *  Antonin  ,f;f.  14.  c.p.  §.  II.  CP'iS.  Wadinge,  iw  Annal.  Min. 
r.J/.Sponde,.4.C.  1178. «iZo.O"  1x97.».  7.  Sandere,  Sixte  de  Sien- 
ne, &c. 

OLIVIER ,  Abbé.  Cherchez  du  Bois; 

OLIVIER  (François)  Chancelier  de  France,  étoit  fils  de  Jaques, 
Premier  Préfident ,  dont  je  parle  ci-après,  &  de  Geneviève  deTulieu 
fa  premierefemme.il  n'égala  pas  feulement  fon  père  enfcience  &en 


ÔLî.  ÔL 

Vertti;  tftàis.il  lefurpafla  en  dignité  &  en  grandeur:  Car  après  avoit  éfë 
ConfeiUer  de  la  Cour ,  &  s'être  très-bien  aquitté  de  plufieuts  Ambaf- 
fades  importantes  ,enfin  parfon  propre  mérite&à  la  recommandation 
de  Marguerite  Reine  de  Navarre  ,  fœur  du  Roi  François  1.  ce  grand 
Monarque  lui  donna  un  Office  de  Préfident  au  Moitier,  au  Parlement 
de  Paris,  le  douzienie  Juin  1543.  Il  avoit  déjà  été  Chef  du  Confcil  & 
Chanceherde  la  même  Reine.  Il  parvint  à  cette  première- Charge  de  la 
Robe  en  France.  Car  ayant  été  dabord  commis  à  la  Garde  des  Sceaux 
qu'on  avoit  ôtezàMatthieu  de  Longuejouë.il  fut  enfuitenomméChan-  ■ 
telier  de  France,  par  Lettres  données  âRemorentin  le  18.  Avril  iC4<. 
Olivier  étoit  dodle ,  éloquent  .judicieux  ,  fincere  ,  bon  ami ,  &  ce  qui  eft 
plus  confidérable  en  la  pcrfonnc  d'un  fouverain  M.tgiftrat&  d'un  grand 
Miniftre.il  étoit  doué  d'un  courage  inflexible,  &  d'une  force  d'efprit 
qui  ne  fc  relâçhoit  jamais  de  ce  qu'il  devoit  à  fon  Roi  &  à  fa  Patrie  Aorès 
la  mort  de  François  I.  Henri  11.  fon  fils,  àla  perfuaflon  de  la  Duchefle 
de  Valendnois,  lui  ôta  les  Sceaux,  fous  prétexte  delefoulagerdans  fes 
infirmîtez  &  dans  fa  vieilleflTe.  Et  en  effet  ce  grand  homme  avoit  été 
attaqué  de  paralyfie,  &  enfuite  s'étant  remis  un  peutroptôtà^exel■ci- 
:  ce  de  fa  Charge  ,  il  fut  extrémémentincommodéde  la  vue  par  unedet 
I  cente  d'humeur  fur  les  yeux.  En  quittant  fa  Charge  il  en  obtint  là 
I  referve  des  droits  &  honneurs,  par  Lettres  données  àChamborlez. 
;  Janvier  15  51.  Après  cela,  il  fe  retira  chez  lui,  &  en  1559.  le  Roi  Fran- 
;  çois  II.  lerappellaàlaCour  ,&  il  le  remit  en  l'exercice  de  fa  Charge.  II 
!  eft  vrai  que  ce  fut  pour  peu  de  tems  :  car  il  mourut  à  Amboife  le  30. 
[  Mars  1560.  Son  corps  fut  rapporté  à  Paris,  &  enterré  a  faint  Germairi 
!  de  l'Auxerrois  près  de  fon  peie.  Les  Auteurs  parlent  très-avantageufe- 
ment  du  Chancelier  Olivier ,  de  fa  fermeté  &  de  i'on  courage.  L'iimpe- 
reur  Ferdinand  I.  envoya  l'Evêque  de  Trente  ,  Ambaffadeur  en  FrancCj 
pour  y  demander  la  reftiturion  de  Mets ,  Toul  &  Verdun.  Cétoit  au 
commencement  du  règne  de  François  II.  8c  l'Empereur  s'étoit  fervià 
delTein  de  la  conjonfture  favorable  du  règne  d'un  Roi  pupille  pour  ga- 
gner quelqu'un  du  Confeil.  Mais  le  ChanceHer  qui  y  préfidoit  heureule- 
ment,  &  qui  a  voit  trop  d'expérience  pour  ne  pas  découvrir  les  intentions 
de  l'Evêque  de  Trente,  ouvrit  lui-même  les  avis  dans  le  Confeil ,  &  il  dit 
hardiment.  Qu'il  falloit  faire  trancher  la  tête  à  celui  qui  favoriferoit  les 
demandes  de  l'Empereur.  Une  propofition  fi  hardie  ferma  la  bouche  à 
ceux  que  l'Evêque  de  Trente  avoit  gagnez.  Le  Chancelier  Olivier  avoit 
époufé  Antoinette  deCeriiai,  fiUede  Nicolas, Sieur  de  Rivières, dont 
il  eut  entre  autres  enfansjE  AN  OLiviEk  I.  du  nom,  Sieur  de  Leu- 
ville.  Celui-ci  prit  alliance  avecSufanne  de  Chanbanes,  fille  de  Char- 
les Sieur  de  la  PalilTe ,  &  il  eut  Jean  Olivier  II.  du  nom  ,  Sieur  de  Leu- 
ville  mariée  à  Madelaine  Laubefpine,  fille  de  Guillaume,  Sieur  de 
Châteauneuf  &  de  Marie  de  la  Chaftre.  Leurs  enfaris  furent  Louis  qui 
fuit  :  Claude ,  Chevalier  de  Malihe  :  Anne  femme  de  Pierre  de  Mornai^ 
Sieur  de  Villarceaux:  Marie  &MagdeIaine.  Louis  Olivier  I.  du  nom. 
Marquis  de  Leuville,  Maréchal  des  Camps  &  Armées  du  Roi,  époufa 
en  mil  fix  cens  trente- fix  Mari*  Morand,  fille  de  Thomas,  Baron  dii 
Mefnil-Granier  ,  ConfeiUer dEtat  &  de  Jeanne  Couchon  fa  première 
femme ,  dont  il  eut  Louis  IL  qui  fuit  :  Et  Marie- Anne  Olivier ,  femme 
d'Antoine  Ruzé  II.  du  nom ,  Marquis  d'Effiat ,  premier  Ecuyer  de  M, 
le Ducd'Orleans. Louis  OLiviERlI.dunom,  Marquis  deLeuvilIe^ 
Cornette  des  Chevaux-legers  de  la  garde  du  Roi  mourut  au  com- 
mencement du  mois  deNovembre  de  l'an  1671.  fanslaiflerdesenfansde 
N.  de  Laigue ,  fille  de  N.  Sieur  de  Laigue  &  Baron  de  Chandieu  dans  le 
Viennois  en  Dauphiné.  Divers  Aureurs  ont  parié  avec  éloge  du  Chance- 
lier Olivier  &  de  fa  Famille ,  comme  De  Thou  ,  Godefroi ,  &c. 

OLIVIER  (Jaques)  Premier  Préfident  au  Parlement  de  Paris  j 
étoit  en  grande  eftime  au  commencement  du  XVI.  Siècle.  Le  Roi  Louïâ 
XII.  perfuadé  de  fa  capacité  &  defbn  mérite  le  nomma  fon  Avocat 
Général  au  Pariement  de  Paris,  où  il  étoir  déjà  très-confideré.  Les  fer- 
vices  qu'il  rendit  au  Roi  &  au  public  dans  (Jet  emploi  ,perfuaderent  à  fa 
Majefté  qu'il  en  meritoit  de  plus  importans.En  1507,  elle  l'honora  de 
l'Office  d'un  des  Prefidens  à  la  Cour ,  &  trois  ans  après  elle  le  créa  Chan- 
celier de  fon  Duché  de  Milan,  dont  le  brave  Gafton  de  Foix  étoit  Gou- 
verneur. Depuis  le  Roi  François  I.l'éleva  à  la  première  Dignité  du  Par- 
lement de  Paris.  Ce  fut  en  15 17.  &ilmourut  leio.NoverSbreisîçf, 
il  étoit  Seigneur  de  Leuville  ,  Puifieux  ,  Sec. 
OLIVIER  (Jean)  Cherchez  du  Bois. 

OLIVIER  (Séraphin)  Cardinal ,  Evêque  de  Rennes  eii  Bretaghé.' 
étoit  narif  de  Lyon.  Il  étudia  à  Bologne  en  Droit  Civil  &  Canon  ;  &  enr 
fuite  étant  alléàRome,lePapeFie  IV.  le  fit  Auditeur  de  Rote,  dont  il 
fut  Doyen ,  ayant  exercé  cet  emploi  durant  quarante  ans.  Grégoire 
Xill.  Sixte IV.  &  Clément  "VIII.  l'employèrent  en  diverfes  Nonciatu- 
res. Ce  dernier  J'ayantfait  Patriarche  d'Alexandrie,  lui  donna  en  1604. 
le  Chapeau  de  Cardinal ,  à  la  recommandation  du  Roi  Henri  le  Grand. 
Il  fut  Evêque  de  Rennes  après  le  Cardinal  d'Oflat ,  &  il  mourut  en 
i6op.*Jufte  Lipfe,  f/.53.C7'  56.  Cch^.  5.D'Ofl"at //é.  2.  e/).  4.  a' Ub. 
S.  ep.  143.  Frizon ,  Gall.  Purpur.  Sandere,  de  Cardin.  Spondc,  in  An- 
nal. Sainte  Marthe ,  Gall.  Chrift.  de  Epifc.  Redon. 
OLIVIER  DE  CLISSON.  Cherchez  Cliflbn. 
OLIVIER  LE  DAIN,  Barbier.  Cherchez  le  Dain  Olivier. 
OLIVIER  DE  MALMESBURY,  que  d'autres  appellent  El- 
mer  ou  Egelmer,  Religieux  Benedidin,  étoit  Anglois,&  vivoit  dans 
le  XI.  Siècle.  Il  étoit  très-favant  dans  les  Mathématiques ,  particuliè- 
rement dans  l'Aftrologie ,  &  fe  mêloit  de  prédire  l'avenir.  Comme 
il  fe  plaifoit  aux  chofcs  extraordinaires,  il  voulut  un  jour  imiter 
Dédale  &  voler  en  l'air.  Dans  ce  deflein  il  monta  fur  le  haut  d'une 
Tour,  d'oij  il  s'élança  en  l'air,  mais  les  aîles  qu'il  avoit  attachées  à 
fes  bras  à  &  fes  pies  ne  le  portèrent  qu'environ  fix- vingts  pas  loin  de 
cette  Tour;  &  étant  malheureufcment  tombé  ,  il  fe  calla  les  jambes, 
dont  il  mourut  à  Malmesburi  en  1060.  *  Pitfeus ,  de  llhift.  AngU 
SUP. 

OLLER  (Bernard)  dit  communément  Olerius  ScOllenfîs,  Géné- 
ral de  l'Ordre  des  Carmes,  étoit  de  Manrefa  petite  Ville  de  Catalo- 
gne fur  le  Cardonner.il  étoit  favant,  homme  de  bien,  &  bon  Religieux. 
Ces  qualitezle  firent efti mer  dans  fon  Ordre, &  en  1375.  onlechoifit 

G  3  pou? 


54        OLL.  OLM.  OLN.  OLO. 

pour  en  être  le  chef,  dans  le  Chapitre  général  qui  fut  tenu  au  Pui.  Il 
croit  occupé  à  la  vilite  de  fesMonafteres  en  1378.  lors  que  1  Eghje  fut 
déchirée  par  un  Schifme  entre  Urbain  VI.  &  Clément  V 11  Bernard  Ol- 
1er  prit  de  bonne  foi  le  parti  de  ce  dernier.  Ce  procède  offenfa  Urbain, 
qui  fit  élire  Général  Melchior  de  Bologne.  Plufieiirs  Monafteres  furent 
pourtant  toujours  fournis  à  Oller, lequel  mourut  l'an  13S8.  à  Bruges 
dans  le  tems  qu'on  y  tenoit  le  Chapitre  général.  lia  lailîé  quelques  Ou- 
vrages, De  Origine  Ordinis  Carmelttani.  De  Jmmaciilata  Virginis  Conceptio- 
ne  crc.  *  Poffevin ,  in  /ippar.  Sacr.  Boëriius,  in  Catal.  Gemral.  Carm.  Lu- 
ciu's ,  in  Bibl.  Carm.  Alegre,  in  Parad.  Carmcl.  Le  Mire,  in  Autl.  de  Script. 

Eccl.  vc  o  ■        j        1 

OLLIERS:  certains  Anti- Luthériens  ou  Sacramentaires  dans  le 
XVI.  Siècle, qui  fe  regaloient  tour  à  tour  ,&  fe  plaifoient  à  faire  bon- 
ne chère.  * Prateole.  SVP.  , 

OLMO  (Francifco)  Médecin  de  Brefle  en  Itahe,a  ete  en  réputa- 
tion fur  la  fin  duXVl.  Siècle,  11  étoit  favant  en  toute  forte  de  litera- 
ture ,  &  on  le  confulta  fouvent  de  toutes  les  parties  de  l'Europe.  Il 
mourutl'an  1600  à  Difenzano  près  de  Breile.Nous  avons  divers  Ouvra- 
ges de  fa  façon  en  profe&  en  vers.*  Ghilini,X«a*.  dHmm.  Letter.  Van- 

der Linden , fkc.  ,    .  n-        ,       , 

OLNEI  (Jean)  Chartreux  d'Angleterre  ,  efoit  en  eltime  dans  le 
XIV.  Siècle,  vers  l'an  mil  trois  cens  cinquante.  Il  fit  divers  Traitez 
de  pieté,  comme  les  Miracles  de  la  fainte  Vierge  en  cinq  Livres, & 
des  Méditations  folitaires.   ♦  Petreius ,  Bihl.  Cart.  Pitfeus,  de  Script. 

L'OLONOIS  fameux  Aventurier  du  XVII.  Siècle,  natif  de  Poi- 
tou, proche  d'Olone,  dont  il  a  retenu  le  nom.  Il  quitta  laFrancedèsfa 
jeunelle ,  &  s'embarqua  à  la  Rochelle  où  il  s'engagea  a  un  habitant  des 
Jfles  de  l'Amérique, qui  l'y  emmena, &  le  fit  lervir  trois  ans  en  qua- 
lité d'Engagé.  Etant  forti  de  fervitude ,  il  fe  retira  fur  la  Cote  de  S.Do- 
niingue,oii  il  fe  joignit  aux  Boucaniers.  Ayant  mené  cette  vie  quel- 
que tems  ,  il  voulut  aller  faire  quelque  courfe  avec  les  Aventu- 
riers François, qui  fe  retiroient  àVIfie  de  la  Tortue  ,  proche  la  gran- 
de Ifle  Efpagnole.il  fit  fort  peu  de  voyages  en  quahte  de  Compagnon; 
car  fes  Camarades  le  prirent  bien-tôt  pour  Maître  ,  &  lui  donnèrent 
un  VaifTeau.avec  lequel  il  fit  quelques  prifes.  Ayant  été  pris  desEfpa- 
gnols ,  qui  tuèrent  prefque  tout  fon  monde ,  &  le  blefferent ,  il  fe  mit 
parmi  les  morts, &  fauvafavie  par  ce  ftratagême.  Puis  les  Efpagnols 
s'ctant  retirez  ,  il  prit  l'habit  d'un  Efpagnol  qui  avoit  été  tue  dans  le 
combat,  &  s'approcha  de  la  ville  de  Campêche,où  il  trouva  moyen 
de  parlera  quelques  Efclaves,  à  qui  il  promit  de  les  mettre  en  liberté, 
s'ils  vouloient  lui  obéir,  ce  qu'ils  acceptèrent.  Ces  Efclaves  amenèrent 
le  Canot  de  leur  Maître  en  un  lieu  où  l'Olonois  les  attendoit ,  afin  de 
s'embarquer  &  de  fefauver.  Cela  leur  réuffit  fi  bien,  qu'en  peudejours 
ils  furent  à  laTortuë.  Cependant  les  Efpagnols  qui  croyoïent  l'avoir 
tué  ,  firent  des  feux  de  joye  de  fa  mort.  Mais  ils  apprirent  bien-tôt 
qu'il  étoit  en  état deleurfairedelapeitït.LcGouverneur delà Havana 
ayant  été  averti  que  l'Olonois  croifoit  proche  de  cette  Côte,  avec  deux 
Canots.où  il  y  avoit  onze  hommes  dans  chacun ,  fit  équiper  une  Arma- 
dilla ,  c'eft-àdire ,  une  Frégate  légère ,  armée  de  dix  pièces  de  canon ,  & 
de  quatre-vingts  hommes  d'élite  :  mais  après  un  rude  combat,  l'Olo- 
nois s'en  rendit  maître,  &  coupa  lui-même  la  tête  à  tous  les  Efpagnols , 
qu'il  fit  pafler  devant  lui  l'un  après  l'autre,  ne  pardonnant  qu'au  der- 
nier,qu'il  envoya  au  Gouverneur  de  la  Havana,  pour  lui  dire  que  s'il 
pouvoit ,  il  lui  teroit  le  même  traitement.  Il  prit  enfuite  deux  grands 
Vaifleaux  Efpagnols,  &  ayant  attire  à  fon  parti  plufieurs  autres  Aven- 


OLO.  OLY. 

turiers ,  il  forma  une  Flotte  avec  laquelle  il  alla  piller  la  ville  de  Ma- 
racaïbo ,  ou  Marecaye,  dans  la  Province  de  Venezuela ,  fur  le  bord  dû 
Lac  de  Marecaye: puis  celle  de  Gibraltar  fur  l'autre  bord' de  ce  Lac, 
qu'il  fit  brûler.  Après  plufieurs  autres  exploits  où  il  fit  paroître  fon 
courage ,  en  allant  croifer  devant  Carthagene ,  il  fut  engagé  d'aller  à 
terre  pour  piller  quelque  Bourgade ,  où  il  fut  pris  par  les  Indiens  fau- 
vages,qui  le  hachèrent  par  quartiers,  le  firent  rôtir,  8cle  mangèrent* 
*Oëxmelin,Hi/2.  des  Indes  Occidentales.  SU  P. 

OLORON.  Cherchez  Oleron. 

OLYBlUS,Illull:re  Citoyen  de  Padouë,  dans  le  Tombeau  duquel 
on  trouva,  dit-on,  une  Lampe,  qui  y  étoit  allumée  depuis  environ 
1500.  ans,  entre  deux  vafes,  l'un  d'or.St  l'autre  d'argent  ^  remplis  d'u- 
ne liqueur  très-claire, avec  une  Infcription  ,  dont  voici  les  deux  der- 
niers Vers  :  m 

Hortum  hoc  maximum  Maximns  Olybius 
Plutoni  facrum  facit. 

Cette  Lampe  fut  trouvée  en  fouiflant  dans  un  champ  du  terroir 
d'Atefte  ,  maintenant  Elle ,  dans  l'Etat  de  la  Répubhque  de  Venife, 
proche  de  Padouë  ,  vers  l'an  1500.  Quelques-uns  ont  crû  que  cet 
Olybius  étoit  un  Payen  fort  favant  ,  &  qui  croyoit  l'immortalité  de 
l'Ame ,  qu'il  avoit  marquée  par  ce  feu  qui  ne  s'éteighoit  point  :  & 
que  de  ces  deux  phioles ,  celle  qui  étoit  d'or ,  fignifioit  la  Volonté  ;  8c 
l'autre  qui  étoit  d'argent ,  reprefcntoit  l'Efprit.  D'autres  fe  font  ima- 
ginez que  ces  phioles  étoient  pleines  d'une  eflence  qui  contenoit  les 
Elemens  chymiques,8c  la  matière  de  la  Pierre  Philofophale.  *Licet. 
de  Lucernis  Antiq.  S  UP. 

OLYMPE.  Cherchez  Olimpe. 

OLYMPE ,  Evêque  Arien ,  blafphemant  un  jour  à  Carthage  con-ï 
tre  la  Divinité  du  Fils  de  Dieu ,  fut  tué  de  trois  coups  de  foudre ,  & 
fon  corps  réduit  en  cendres  par  le  feu  du  Ciel  ,  comme  le  témoigne 
P.  Diacre.  *  Sigebert ,  en  fa  Chronique,  &  Sabellic ,  li.z.  Ennead.  8.  SUP. 

OLYMPIADE,  efpace  de  quatre  années ,  ainfi  nommé  des  Jeux 
01ympi<îues  qui  fe  célebroient  de  quatre  ans  en  quatre  ans ,  vers  le  Solf- 
tice  d'Eté,  fur  les  bords  du  fleuve  Alphée,  proche  de  la  ville  dePife, 
&  du  Temple  de  Jupiter  Olympien , dans l'Elide,  Province  du  Pelo- 
ponnefe.  Ces  Jeux  furent  rétablis  par  Iphitus  ,  441.  ans  après  qu'ils 
eurent  été  premièrement  inftituez  par  Hercule.  Ce  rétabliflement  fe 
fit  11.  ou  13.  ans  avantlaFondationdeRome,&lesHiftoriensGrecs 
commencèrent  un  nouveau  compte  à  Ja  première  année  de  la  première 
Olympiade.  Il  faut  remarquer , qu'à  pajler  jufte, toute  année  Olym- 
piadique  appartient  à  deux  années  Juliennes  :  favoir  les  fix  premiers 
mois  depuis  Juillet  jufqu'en  Janvier  à  la  précédente,  &  les  fix  derniers 
mois  depuis  Janvier  jufqu'en  Juillet  à  la  fuivante.  Mais  la  plupart 
des  Auteurs  parlent  des  Olympiades  comme  fi  elles  avoient  commen- 
cé au  premier  jour  de  Janvier:  de  forte  que  ,  par  exemple ,  c'eft  le 
même  de  dire:  Cela  s'eft  fait  en  la  i.  année  de  la  6.  Olympiade  ;  que 
de  dire  :  Cela  s'eft  fait  en  l'Année  Julienne  ,  en  laquelle  a  commencé 
la  fixiéme  Olympiade.  Pour  entendre  la  Chronologie  qui  eft  marquée 
par  les  Olympiades  ,  connoître  à  quelles  années  devant  Jesus- 
Christ  elles  fe  rapportent ,  on  ne  peut  trouver  de  moyen  plus 
prompt  ni  plus  certain  que  les  Tables  fuivantes  qui  font  difpofées 
d'une  manière  où  l'on  voit  l'analogie  des  Nombres  entre  les  rangs  & 
les  colonnes.  Chaque  quarré  inférieur  diminuant  10.  du  fuperieur; 
8c  chaque  collatéral, 4.  du  précèdent. 


ta: 


O  L. 


O  L. 


ss 


TABLE 

POUR     LA     REDUCTION     DES     OLYMPIADES 
AUX  ANNE'ES  DEVANT  LA  NAISSANCE  DE  JESUS-CHRIST 


Olynt-     •ytn- 
piadei.   nées. 


s-   Ohm-    ^n-  ! 
Cïgi  pta4^s.     nées. 


xAa)     divMt  &  Olym- 
Cs-^rt  ptaaes. 


nées. 


OiH,   devant   ^  Olym. 

Jefus .  ChrtJI.  f£  fUdes. 


an- 
nées. 


jini-,  devant  f. 
JefKS  -  Chu/!. 


O  L. 


O  L. 


O  L. 


O  L. 


T7 


^ns     àevATit 

Jefus-Chrifv, 

i^^^^ 

240 

239 

238 

^-37 

ZlO 

2ip 

218 

ÎI7 

^^^^ 

ZOO 

1(59 

198 

197 

ï8o 

17P 

178 

177 

^^^^ 

i6o 

159 

ifS 

H7 

140 

I3P 

138 

'57 

*  Le  nombre  des  années  Olympiadiques  ou  Iphitiques ,  jufques  à  la  NaifTance  de  J  e  s  u  s-C  h  r  i  s  t  ,  eft  de  775. 
:elui  des  Années  de  Rome  n'effc  que  de7f3.  parce  que  la  première  Olympiade  commence  zj.  ans  avant  la  Fonda-» 
ion  de  R  omp 


celu 

tion  de  Rome. 

Tome  IV. 


a 


OLYM-: 


js 


OLY.  OMA. 


OLYMPIE,  Villed'ElidedanslePeloponnefe.oùily  avoit  un  fa- 
meux Temple  dédié  à  Jupiter,  furnommé  Olympien, du  nom  de  la 
ville.  La  ftruûure  de  ce  Temple  étoit  admirable,  &  il  y  avoir  des  richef- 
fes  immenfes ,  à  caufe  des  Oracles  qui  s'y  rendoient ,  &  des  Jeux  Olym  - 
piques ,  qu'on  célebroit  aux  environs  en  l'honneur  de  ce  Dieu  :  mais  la 
Statue  de  Jupiter  faite  par  Phidias ,  étoit  ce  qu'on  y  eftimoit  le  plus .  & 
on  la  mit  au  nombre  des  Merveilles  duMonde.Paufaniasen  faitainlila 
defcription.  On  voit  le  Dieu  afTis  dans  unThrône,  quieft  d'or  &  d'y- 
voire,  de  même  que  la  Statue.  11  a  fur  la  tête  une  couronne  qui  femble 
être  de  branches  d'olivier  :  dans  la  main  droite  il  porte  une  Vidoire  d'y- 
voire  .laquelle  a  une  couronne  fur  fa  coëfFure  qui  eft  toute  d'or  ;  &  il 
tient  à  la  main  gauche  un  Sceptre  fait  d'un  alliage  de  tous  les  métaux  , 
&furmonté  d'une  Aigle.  La  chauifure  de  Jupiter  eft  toute  d'or;  &  fur 
fa  draperie ,  qui  en  eft  auffi ,  il  y  a  des  animaux ,  &  des  fleurs-de-Iys  en 
grand  nombre.  Le  Thrône  ell  enriclii  d'y  voire,  d'ébene,  d'or,  de  pier- 
reries, &  de  plufieurs  figures  en  bas  relief:  &  l'on  voit  aux  quatre  piés 
de  ce  Thrône  quatre  "Viaoires,&  deux  aux  deux  piés  de  la  Statue.  Aux 
deux  piés  de  devant  du  Thrône,  on  a  mis  encore  d'un  côté ,  des  Sphinx 
qui  enlèvent  déjeunes  Thebains;  &  de  l'autre ,  les  Enfans  de  Niobé 
qu'Apollon  &  Diane  tuent  à  coups  de  flèches.  Entre  les  piés  de  ce  Thrô- 
ne,ou  a  repréfenté  Thefée  &  les  autres  Héros  qui  accompagnèrent  Her- 
cule ,  pour  aller  faire  la  guerre  aux  Amazones ,  &  plufieurs  Athlètes. 
Tout  le  lieu  qui  environne  le  Thrône,  eft  enrichi  de  Tableaux  qui  re- 
préfentent  les  principaux  combats  d'Hercule,  &  plufieurs  autres  Sujets 
illuftres  de  l'Hiftoire  Au  plus  haut  du  Thrône  .Phidias  a  mis  d'un  côté 
lesGraces,&  del'autreles  Heures, parcequeles  unes  &  les  autres  font 
Filles  de  Jupiter,  félon  les  Poètes.  Sur  le  marchepié,  où  l'on  a  pofé  des 
Lions  d'or,  on  voit  encore  le  combat  des  Amazones  &  de  Thefée.  Sur 
la  bafe  il  y  a  plufieurs  figures  d'or ,  favoir  le  Soleil  montant  fur  fon 
char;  Jupiter.  &  Junon  ;  les  Grâces.  Mercure,  Vefta,  &  Venus  qui 
reçoit  l'Amour.  Outre  ces  figures  on  y  trouve  celle  d'Apollon,  de  Diane, 
de  Minerve,  d'Hercule  ,  d'Amphitrite ,  de  Neptune,  &  de  la  Lune 
que  l'on  a  repréfentée  fur  un  cheval. 'Voilà  ce  qu'en  dit  Paufanias.  Quoi 
que  cet  Ouvrage  ait  été  l'admiration  de  tous  les  anciens,  Strabon  y  a 
remarqué  un  grand  défaut ,  en  ce  qui  regarde  la  proportion  ,  parce  jue 
cette  ftatuë  étoit  d'une  grandeur  fi  prodigieufe,  qu'elle  n'auroit  pu  être 
debout  fans  percer  la  voûte.  Dion  ,  Suétone ,  &  Jofeph  ont  écrit  que 
l'Empereur Caligula  voulut  faire  enlever  ce  Jupiter;  &  ces  Hiftoriens 
rapportent  les  prodiges  quile  détournèrent  de  cette  entreprife.  Il  faut 
encore  ici  remarquer  que  dans  ce  Temple  on  y  voyoit  plufieurs  Au- 
te\s,doni\lY  emyoifandéàié  ^ux  Dieux  Inconnus:  ce  qui  a  du  rapport 
à  l'Autel  d  Athènes,  dont  l'Infcription  étoit  au  Dieu  Inconnu.  *  Che- 
vreau ,  Htfioire  du  Monde.  SU  P. 

OLYMPIENS,  nom  que  les  Athéniens  donnoient  aux  douze 
Dieux  principaux  aufquels  ils  avoient  dédié  un  Autel  fort  magnifique. 
Ces  faufl"es  Divinitez  étoient  Jupiter. Mars, Mercure, Neptune, 'Vul- 
cain  ,  Apollon ,  Junon .  Vefta .  Minerve  ,  Cerès ,  Diane ,  &  Venus.  On 
dit  qu'Alexandre,  après  avoir  conquis  la  Perfc,  écrivit  aux  Athéniens 
pour  leur  demander  que  fa  ftatuë  fut  mife  au  nombre  de  ces  Dieux  &  fur 
le  même  Autel:  ce  que  la  fuperftition  des  Grecs  lui  fit  facilement  ob- 
tenir. *DeiTipfter,/»  Ko/». ,  iElian,/ii'.  5.  SUP. 
'"OLYMPiODORE,  Capitaine  Athénien  ,  vivoit  environ  l'an  du 
Monde  3730.11  commanda  une  armée  pour  les  Atheniens.contreDe- 
metriusfilsd'Antigonus  ,undesfuccefFeiirs  d'Alexandre /e  Grand  ,<\Vl"\\ 
vainquit ,  quoi  qu'il  n'eût  pas  un  fi  grand  nombre  de  Soldats.  Il  reprit  le 
Mufée  dont  les  Macédoniens  s'étoient  emparez,  &  les  ayant  chaflez  de 
ce  Fort ,  il  délivra  fa  ville  de  leur  domination.  11  vainquit  enfuite  Cafl'an- 
der  parlefecours  des Ètoliens :  8c  défit  enfin  les  Macédoniens  dans  un 
troifiéme  combat,  avec  une  troupedEleufiniens.il  mérita  ainfi  qu'en 
reconnoiflance  de  fa  vertu,  &  des  fervices  rendus  à  fa  patrie,  le  Sénat  lui 
décernât  aprèsfa  mortl'honneur  d'une  ftatuë  d'airain  qui  lui  fut  élevée 
à  Delphes.  *  Paufanias,;»  Attic.  SU  P. 

OM. 

OMAN,  Faux  Dieu  des  Perfans,  que  les  Mages  étoient  obligez  d'a- 
-iorer  tous  les  jours,  &  de  lui  chanter  des  hymnes  pendant  une 
lieure ,  ayant  leur  tiare  fur  la  tête ,  &  portant  delà  verveine  à  la 
main. D'autres  le  nomment  Aman.*  Strabon,/;.  15.  Vofllus,^e/(/o/.  5' I7P. 
OMAK  I.  fécond  Calife ,  ou  fucceifeur  deMahomet.il  fut  élevé  à 
cette  dignité  après  laMoit  d'Abubequer  en  634. 11  eut  guerre  d'abord 
contre  Ali,  qui  étoit  le  légitime  fuccefleur  de  Mahomet,  fuivant  l'in- 
tention de  ce  faux  Prophète.  &  qui  s'étoit  retiré  dans  l'Arabie  après 
avoir  été  frjftré  de  fon  droit.  Ayant  défait  Ali,  pris  la  ville  de  Bofra,& 
beaucoup  d'autres  Places  de  l'Arabie,  il  tourna  fes  armes  contre  les  Chré- 
tiens; &  entra  dans  la  Syrie  ,  oîi  il  gagna  la  bataille  contre  Théodore 
Bogairc  ,  frère  -de  l'Empereur  Heraclius  :  puis  il  retourna  viétorieux  en 
Arabie.  L'Empereurqui étoit  alors  à  Jerufalem,  voulant  pourvoir  à  fa 
fureté,  prit  les  Reliques  &  les  ornemens  les  plus  précieux  du  Temple ,  & 
laifl'ant  Théodore  avec  Bahame,fe  retira  à  Conftantinople.  L'an  635. 
Omar  raflembla  fes  troupes  ,  &  marcha  contre  Darnas ,  qu'il  prit 
l'an  636.  &  enfuite  toute  laPhenicie  ,  faifant  mille  violences  pour  con- 
traindre les  peuples  à  embraffer  fa  Religion.  L'année  fuivante  une  partie 
de  fon  armée  prit  la  ville  d' Alexandrie,  &  après,  toute  l'Egypte,  d'oii 
elle  chaiïa  les  garnifons  de  l'Empereur.  Cependant, Omar  allaenper- 
fonne  attaquer  la  villede  Jerufalem, &après  un  fiége  de  deux  ans, il  y 
entra  vidlorieux  l'an 638. llferevétitd'unehaire  &  d'un  habit  de  gros 
drap  pour  aller  au  Temple  de  Salomon ,  &  fit  laver  d'eaux  de  fenteur , 
l'Autel,  &toutes  lespartiesde  cet  Edifice,  voulantparlà  le  purifier, & 
leconfacrer  de  nouveau  pour  l'exercice  de  fa  Religions  Cela  fit  dire  à 
l'Evêc{\ie  So^htomusqusc'étoitVi  l'exécration  abominable  prédite  par  le 
Prophète  Daniel.  Omarréduifitenfuitetoutela  Judée  fpusfon  obéifTan- 
ce  :  &  Jerufalem  fut  poiTédée  depuis  par  les  Infidèles ,  jufques  à  la  con- 
quête de  Godefroi  de  Bouillon  en  1099.  L'an  639.  il  s'affujettit  toute 
laMefopotamie:&encemêmetemsil  fit  bâtir  la  ville  du  Caire,  proche 
des  ruines  de  Memphis  en  Egypte.  Enfin  ran643.  ce  Calife  fe  rendit 
maître  de  la  Perfe.  Depuis  la  prife  de  Jerufalem ,  il  y  fit  fa  réfidence 


OMA.  OMB.OMM. 

ordinaire, &  il  y  bâtit  un  Temple  magnifique  en  l'honneur  de  Mahomet; 
Après  avoir  régné  dix  ans,  il  fut  tué  par  un  Perfan  qui  étoit  de  fes  domef- 
tiques,&  fut  enterré  à  Medine  en  644.  Il  fit  un  Recueil  des  Mémoires  de 
Mahomet ,  qui  fut  nommé  Hanefia,  ou  Afafia ,  c  eft-à-dire  Roi  de  Reli- 
gion &  de  Pieté  :&  ordonna  qu'on  lût  publiquement  cet  Alcoran,  dans 
toutes  les  Mofquées ,  au  mois  de  Septembre.  Voyez  Abubequer.  •  Mar- 
mol,(/e  l'Afrique,  /il),  2.  [Ce  que  l'on  dit  ici  du  "Temple  de  Salomon  8c 
de  fon  autel  eft  ridicule, puifqu'iln'enreftoitrien  du  tout  alors.Voyez 
la  Bibliothèque  Orientale  de  Barth.  Dherbelot. 

OMAR  II.  du  nom  dixième  Calife,  ou  xo.  Succefleur  de  Maho- 
met, fut  élu  après  la  mort  de  fon  coufin Soliman  Hafcein,au  commen- 
cement de  l'année  711.  le  fiége  étant  devant  Conftantinople  :8c  fut  fur- 
nommé  Aced  Ala,  ouLion  de  Dieu.  Il  aflembla  toutes  (es  forces  pour 
battre  la  ville  avec  toutes  les  machines  que  l'artifice  des  hommes  peut 
inventer  ;  mais  les  affiégez  faifoient  merveille  avec  leurs  feux  d'artifice  : 
8c  enfin  il  fut  contraint  de  faire  lever  le  fiege.  A  peine  Marvan  ouMa- 
felma  ,  Général  de  l'armée  étoit-il  hors  du  canal  de  Conftantinople, 
qu'une  eflTroyable  tempête  coula  à  fond  la  plupart  de  fes  vaifTeaux  8c 
quantité  d'autres  furent  confumez  du  feu  du  Ciel,  dont  on  voyoit  bouil- 
lonner la  mer  :  de  forte  que  de  trois  mille  vaifleaux ,  il  n'en  échappa 
que  quinze ,  dont  cinq  furent  pris  par  les  Chrétiens ,  8c  les  dix  autres  al- 
lèrent porter  la  nouvelle  de  la  défaite  au  Calife  Omar:  lequel  s'imaginant 
que  le  Ciel  étoit  irrité  contre  lui,  parce  qu'il  permettoit  aux  Chrétiens 
d'exercer  leur  Religion  dans  fon  Empire  ,  voulut  que  tous  ceux  qui 
étoient  nez  de  père ,  ou  de  mère  Mahometans,  embraflaflent  fur  Iheu- 
re  le  Mahometifme  ,  fur  peine  de  la  vie,  8c  que  nul  ne  fut  fi  hardi  que  de 
manger  de  la  chair  de  pourceau,  ni  de  faire  du  vin,  ou  d'en  boire.  Il 
déchargeoit  de  toutes  lottes  d'impôts  8c  de  tributs,  les  Chrétiens  qui  fe 
rendoient  Mahometans  ,  8c  perfécutoit  cruellement  les  autres.  11  ofa 
même  par  un  faux  zèle, folhciter  l'Empereur  Léon  Ifiurique ,  d'embraf- 
ferfafeâe  ,8c  lui  envoya  un  Renégat,  pour  l'en  inftruire:  mais  il  mou- 
rut bien-tôt  après  ,  n'ayant  régné  que  deux  ans.*Marmol,ie/'4/r;^«*, 
liv.  1.  SU  P. 
OMAR.  Cherchez  Homar. 

OMBIASSES,dans  l'Ifle  de  Madagafcar,  font  les  Prêtres  8c  Doc* 
teurs  de  la  faulTe  Religion  des  peuples  de  ce  pais.  Ils  font  comme  ceux 
qu'on  nomme  Marabousau  Cap-Verd,  c'ert-à-direMédedns,Magiciens 
8c  Sorciers.  Il  y  en  a  de  deux  fortes ,  les  Ompanorats,  8c  les  Ompitfiqui- 
lis:  les  Ompanorats  font  les  maîtres  Ecrivains,  qui  enfeignent  l'Ara- 
be en  apprenant  à  écrire,  8c  fe  font  diftingucz  en  plufieurs  ordres,  qui 
ont ,  fans  comparaifon,  quelque  rapport  à  nos  dignitez  Ecclefîaftiques, 
8c  dont  voici  les  noms.  Malé ,  c'eft  comme  qui  diroit ,  Clerc  qui  ap- 
prend encore  à  écrire:  Ombiajje  ,  Ecrivain  ou  Médecin:  Tibou,  Soû- 
diacre  :  Mouladzi  ,  Diacre  :  Faquihi ,  Prêtre  :  Catibou  ,  Evêque  :  Lamla^ 
way&^î.  Archevêque:  Sabaha,  Pape  ou  Calife.  Us  font  àts  Hitid&i ,  Ow 
Talifmans  8c  autres  charmes ,  qu'ils  vendent  aux  Grands .  8c  aux  riches , 
pour  les  préferver  de  mille  accidens,  8c  pour  faire  périr  leurs  ennemis. 
Ils  donnent  aufli  des  Auli;  qui  font  de  petits  marmoufets  de  bois  .que 
l'on  enferme  dans  des  boëtes ,  d'où  on  les  tire  pour  les  confulter ,  8c 
pour  les  prier  d'être  favorables  dans  les  occafîons  où  ils  ont  du  pou- 
voir :  car  il  y  en  a  qui  rendent  riches ,  d'autres  qui  détournent  les  mal- 
heurs, 8c  d'autres  dont  la  puiftance  s'étend  à  plufieurs  effets  merveilleux. 
Ces  Fourbes  font  fort  redoutez  du  peuple ,  qui  les  tient  polir  S  orciers  ;  *e 
les  Grands  les  ont  employez  quelquefois  contre  les  François  :  mais  leurs 
artifices  ont  été  inutiles,8cils  fe  font  voulu  excufer ,  en  difant  qu'ils  n'a- 
voient  aucun  pouvoir  fur  les  François,  parce  qu'ils  font  d'une  autre  loi 
qu'eux.  Ces  OmbialTes  ont  des  Ecoles  publiques  dans  le  païs  de  Matata- 
ne,où  ils  enfeignent  leurs  fuperftitions  S>i  leurs  factileges.  Les  Ompitfl- 
quilis  s'adonnent  à  la  Geomance,&cfquillent  ou  tracent  leurs  figures  fur 
une  petite  planche  couverte  de  menu  fable.  Les  malades  vont  à  eux  pour 
connoîtreles  moyens  8c  le  tems  de  leur  guerifon ,  les  autres  pour  fa- 
voir l'événement  de  leurs  affaires ,  le  fuccès  d'un  voyage,  8c  femblables 
chofes;car  ces  peuples  n'entreprennent  prefque  rien  fans  confulrer  l'Ora- 
cle du  Squille,  ou  de  la  Geomance.  En  marquant  leurs  figures  avec 
le  doigt  fur  la  planche,  ils  obfervent  l'heure,  la  Planète,  le  figne  8c  les 
autres  fuperftitions  de  cet  Art.  Les  Ombiaffes  ont  plufieurs  Livres ,  dans 
lefquels  il  y  a  quelques  Chapitres  de  rAlcoran:8c  d'autres  pour  appren- 
dre la  Langue  Arabe,  ou  les  remèdes  des  maladies  8c  des  bleffures.  Au 
fond  ce  font  de  grands  Impofteurs,  qui  féduifent  les  Princes  8c  le  peuple. 
*  Flacourt ,  Hijloire  de  Madagafcar.  SU  P. 

OMBRIE,  Province  de  l'Etat  Ecclefîaftique  en  ïtille ,  Ùmbria  ou 
l'Umbra.  On  la divifoit  autrefois  enVilombrieouOmbrie  dedelà l'A- 
pennin, quicontenoit  la  Romandiole,  le  Duché  d'Urbin,  6cc.  &c  en 
Olombrie  ou  partie  de  deçà  l'Apennin  .qui  comprenoitl'Ombrie  pro- 
pre, dire  auffi  Duché  de  Spolete .  qui  eft  fa  Ville  Capitale.  Les  autres  font 
Foligni.  Afîîfe,  Todi,  Terni.  Nocere.  Narni,  Rieti , Norcia, 8cc. ' 
Quelques-uns  ont  eftimé  que  le  nom  d'Ombrie  eft  tiré  de  celui  de 
l'Ombre  de  l'Apennin,  qui  règne  en  divers  endroits  de  cette  Province, 
D'autres  en  cherchent  l'originejufques  au  déluge  Si  tirent  fon  nom  du 
mot  Imber:  mais  cela  eft  trop  fabuleux.  Il  fuffit  de  remarquer  qu'elle  a 
eu  diverfes Provinces:  ce  qu'en  voit  dans  les  Auteurs,  Se  dans  les  an- 
ciennes Infcriptions  :  Umbria  Thufca.  Umbria  Sabina.  Umbria  Cruflomi- 
na.  Umbria  Fidenata,  Senonia  ,vc:  Strabon  //.i. Pline  ,/.  3.  s.  y.  ct"  14. 
Merula ,  P.  11.  Cofmogr.  ïib.  4.  Jacobilli ,  Defcr.'Umbr.  Leander  Alberti, 
Defcr.    ital.  '    ■  .  v 

•  OMMIADES,nomde  la  première  race  des  Rois  de  Fez.  La  famille 
d'Ommias  ayant  été  chaffée  du  Califat  de  Syrie,  par  les  Abbazides,  fe  re- 
tira vers  l'an  800.  d'e  Jesus-Christ,  partie  en  Afrique ,  8c  partie  en  Efpa- 
gne,oùelleétablit  de  nouvelles  Souverainetez.  Un  de  cesPrinces^nom- 
niéldris,  bâtit  la  ville  de  Fez  dans  la  Mauritanie,  qu'il  fit  la  capitale  de 
fon  Royaume,  8c  ptit  le  titre  de  Calife.  Vers  l'an-Sio.  cesOmmiades  fe 
rendirent  maîtres  de  l'iflede  Sicile,  8c  de  celle  de  Crète ,  où  ils  bâtirent 
làT  ville  de  Candie,  qui  a  depuis  donné  le  nom  à  toute  l'Ifle.  Mais  vers 
l'an  950.  les  Zenetes  peuples  d'Afriqueexterminerent  entièrement  la 
r.icedes  Ommiades ,  8c  s'emparèrent  du  Roy.iume  de  Fez.*Hornius, 
Orb. Imper.  [On trouvera  un  détail  plus  exadidececidansIa£;Ww;W- 
l  que  Orientale  de  Barthel.  Dherbelot.  1 
^  OMLAN- 


OML.OMP.OMR.ONN.ONA.ONE. 

OMLANDE,  Contrée  des Païs-BàsdanslaProvincedeFrife.  Elle 
eft  aux  environs  de  Groningue,  &  c'eft  un  pais  bien  peuplé ,  Se  abondant 
en  pâturages.  Il  y  a  divers  Villages,  &  les  peuples  font  membres  de  l'E- 
tat de  Groningue.  Voyez  Guichardin,  Defcr.du  Paii-Bas. 

OMPHALE,  Reine  de  Lydie,  femme  d'Hercule.  On  a  feint 
qu'ellele ibûmit  fi  bien  à  fes charmes,  qu'ayant quiité fa  maffue  il  filoit 
auprès  d'elle,  avec  les  autres  femmes.  On  dit  aulîi  qu'Hercule  tua 
près  du  Fleuve  Sangaris  un  fcrpent  qui  défoloit  le  pais;  ce  qui  le  rendit 
cher  à  Omphale.  *  Properce,  Itb.i.el.ii.  Seneque,  inHipf>ol.  Athé- 
née, lib.  6.  Plutarque,  in  TheJ.  Ovide,  de  arte  amandi ,  in  epifi.  de 
De]an.  V  in  Fall.  Natalis  Comes ,  M'^th.  za'o. 

OMP  H  ALIUS  (Jaques)  Jurifconfulte  Allemand  qui  vivoit  dans 
le XVI. Siècle,  étoit  d'Andernac.  Il  fut  Confeillerdu  DucdeCleves& 
îlenfeigna  à  Cologne.  Omphalius  avoit  un  grand  fonds  de  literature,  ce 
'qu'on  peut  voir  dans  les  Ouvrages  que  nous  avons  de  fa  façon ,  qui  font  : 
De  O$cio  V  potefiau  Principis  in  Rep.  Li.  X.  De  ufurpatione  Legum  c 
"torum  fludiis  Lib.VlIL  De  civili  politiâ.  Nomologia.  De  elocutione ,  imi- 
tatione  çs- apparatu.  Comment,  in  Ciçeronis  Orat,  III.  O'c  11  mourut  l'an 
Ï570.  *Pantaleon  ,  li.  i-  Profipegr.  Simier,  in  Epit.  Gejn.  Melchior 
Adam  ,  in  Vit.  Jurifc.  Germ. 

OMRAS  ou  Omhras,  Seigneurs  de  la  Cour  du  Grand  Mogol 
Empereur  des  Indes.  Ce  font  la  plupart  des  Avanturiers  &  des  Etrangers 
de  toutes  fortes  de  Nations,  principalement  de  Perfe:  car  il  n'y  a  point  en 
cetEmpire,  deDuchez,  nideComtez,  ni  deMarquifats:  &le  Grand 
jMogol  poffede  toutes  les  terres  en  propre.  D'ailleurs  les  fils  d'Omhras 
ne  font  point  héritiers  ni  fucceiïèurs  de  leur  père;  &  l'Empereur  leur 
donne  feulement  quelque  petite  penfîon:  fi  ce  n'eft  que  leur  père  les  ait 
avancez  par  fa  faveur ,  ce  qui  arrive  lors  qu'ils  font  bien  faits ,  blancs  de 
vifagc,  &  qu'ils  peuvent  pafler  pour  vrais  Mogols:  (car  comme  j'ai  re- 
marqué dans  l'article  de  Mogols ,  ces  peuples  font  blancs ,  au  lieu  que  les 
Indiens,  originaires  dupais,  font  noirs.)  Entre  les  Omhras,  les  uns 
commandent  mille  chevaux  ;  les  autres,  deux  mille  ;  &  ainli  en  augmen- 
tant jufqu'à  douze  mille  Leur  paye  eft  plus  ou  moins  grande,  à  propor- 
tion du  nombre  des  chevaux ,  qui  furpafle  fouvent  celui  des  Cavaliers  : 
tarpour  être  mieux  en  état  de  fervir  dans  les  pais  chauds,  un  Cavalier 
doit  avoir  deux  chevaux,  afin  de  changer.  Il  y  a  toujours  vingt-cinq  ou 
trente  de  ces  Omhras  à  la  Cour:  ce  font  ceux-là  qui  parviennent  aux 
Gouvernemens  des  Provinces,  &  aux  principales  Charges  du  Royaume: 
&  qui  font,  com  me  ils  s'appellent ,  les  Colonnes  de  l'Empire.  Outre  ces 
jgrands  Seigneurs,  ils  y  a  de  petits  Omhras  qu'on  nomme  Manfeb-dars, 
c'eft-à-dire ,  des  Cavaliers  à  Manfeb ,  qui  eft  une  paye  plus  confidérable , 
que  celle  des  autres  Cavaliers.  Ils  n'ont  point  d'aiitre  Chef  que  le  Roi , 
&  de  ce  rang,  ils  paflent  à  la  dignité  d'Omhras,  *  Bcrnier,  Hiftoire  du 
Grand  Mogol.  S  U  P. 

.  O  M  R  A  S  :  on  donne  aufïi  ce  nom  aux  Grands  Seigneurs  dans  le 
lîoyaume  de  Golconde ,  dans  la  Prefqu'Ifle  de  l'Inde  au  deçà  du  Golfe 
de  Bengala.  Ils  font  la  plupart  Perfans,  ou  fils  de  Perfans.  Lorsqu'ils 
vont  par  la  ville ,  ils  font  précédez  par  un  ou  deux  Elephans ,  fur  lefquels 
!1  y  a  trois  hommes  qui  portent  des  bannières.  Après  ces  Elephans , 
marchent  cinquante  ou  foixante  Cavaliers  bien  montez  fur  des  chevaux 
dePerfeoudeTartarie,  avec  des  arcs,  &  des  flèches,  l'épée  au  côté, 
&]e  bouclier  fur  le  dos:  &  ceux-ci  font  fuivis  d'autres  gens  à  cheval, 
qui  jouent  des  trompettes  &  des  fifres.  L'Omra  vient  après  eux  à 
cheval ,  entouré  de  trente  ou  quarante  valets  de  pié.  On  voit  enfui- 
telePalanquin  porté  parquatrehommes;  &  cette  pompe  finit  par  un 
chameau  ou  deux,  montezpardesgensquibattentdestymbaks.  Lors 
qu'il  plaît  àl'Omra  il  fe  met  dans  fon  Palanquin,  &alors  fou  cheval 
eft  mené  en  lefte.  Il  y  a  des  Omras  qui  ne  font  pas  fi  riches,  &  qui 
proportionnent  leur  train  à  leurs  facultez.  *  Thevenot,  Voyage  des 
Indes  tom.  3.  SU  P. 


O  N» 


ON  N  A  (Pierre  de)  Evêque  de  Gajette  en  Italie  dans  le  Royaume 
de  Naples,  étoit  Efpagnol  natif  de  Burgos.  Il  entra  jeune  parmi 
les  Religieux  de  la  Merci ,  &  s'y  rendit  très-habile,  dans  la  Philo- 
fophie  de  l'Ecole.  Il  enfeigna  avec  tant  de  réputation  dans  le  Monaftere 
d'Alcala  ,  que  les  ProfeflTeurs  de  cette  célèbre  Univerfité  réfolurent  dans 
une  affemblée  publique  qu'on  n'y  enfeigneroit  que  la  Logique  du  Père 
Pierre  de  Onna,qu'il  avoit  publiée  fous  ctmxe,Artium  curfus.W  compo- 
fa  auIE  des  Commentaires  fur  la  Dialeftique  &  fur  la  Phyfique  d'Arifto- 
te.des Sermons, Sec.  CependantleRoiPhiHppellI.  perluadédu  mérite 
deceReligieuxlenommal'aniôoi.  àl'Evêché  de  Venefuela  dans  l'A- 
mérique Méridionale; &  peu  après  il  eut  celui  de  Gajette  en  Italie.  Pierre 
de  Onna  y  mourut  l'an  1616.  &:  non  pas  en  1634.  comme  Ughel  l'a  crû. 
On  l'enterra  dans  la  Cathédrale  où  l'on  voit  fon  Epitaphe.  *iËgidius 
GundifalvusDavilaJ»7^Ê«.i»^.£cd.  Ughel,  Ital.facr.  Nicolas  Anto- 
nio ,   Éibl.  Script.  Hifp. 

ONASIME  ou  Onefimc  qui  écrivit  la  vie  de  Probus  &  de 
quelques  autres  ,  comme  nous  l'apprenons  de  Vopifcus  ,  in  Ca- 
ro  ce. 

ONASIME  de  Cypre ,  ou  félon  d'autres ,  de  Sparte ,  Sophifte ,  & 
Oratcurvivoit  au  commencement  du  IV.  Siècle  du  tems  de  Conftan- 
tinleGrand.  11  écrivitdivers  Ouvrages,  dont  on  pourra  voir  le  dénom- 
brement dans  Suidas.  • 

ONEGA  ,  grand  Lac  de  Mofcovie  que  ceux  du  pais  appellent  Onega 
Ozero.  Les  Géographes  avouent  qu'il  eft  un  des  plus  confidérables  de 
l'Europe.  Car  il  a  cinquante  lieues  de  longueur,  dix-huit  de  large,  & 
cent  vingt  de  circuit.  Il  eft  entre  la  mer  Blanche  &  le  Lac  dit  Ladoga  ou 
Ladesko,  où  il  fe  décharge  parle  canal  d'une  rivière.  La  partie  de  ce 
Lac  qui  eft  au  Septentrion  appartient  aux  Suédois ,  &  celle  qui  eft  vers 
le  Midi  eft  aux  Mofcovites. 

O  N  E  I  L  L  E  ,   ou  Oneglia  ,  Ville  &  Marquifat  d'Italie  ,  fur 
la  côte  de  Gencs ,  au  Duc  de  Savoye.    C'eft  une  Vallée  agréable. 
Tome  IV,  "    


ONE.  ONG.  ONT.  ONK. 


59 


extrêmement  fertile  ,  &  féconde  ,  en  oliviers ,   en  vin  &  en  autres 
fruits. 

ONESICRITE,  d'Ègine ,  Philorophe  &  Hiftorien  qui  a  vécu  en 
430.  de  Rome.  11  étoit  feft.ueur  de  Diogene  le  Cynique,  &  il  fuivit 
à  la  guerre  Alexandre  le  Oraml  dont  il  écrivit  l'Hiftoire;  mais  remplie 
de  tant  de  fiibles  ,  qu'Onelicrite  eu  fut  raillé  d'un  chacun.  C'eft  ce 
qu'onpeutconclurredujugementdesAnciens.  ■* Diogene Laërce,  lib. 
ô.VitiPhil.  Strabon, /;è.  iç.  V\\iXzx(\UQ  in  Alexand.  Aulu-Gelle', /;/. 
9.  c.  4.  Elien,  Quinte-Curfe,  Arrian  ,  Suidas  &  divers  autres  citez 
par  Voiïius,  ié.  i.  de  Hift.  Gmc.  c.  ro.  crc. 

O  N  E  S  [  L  U  S ,  Roi  de  Salamine  en  Cypre,  s'empara  de  la  Couron- 
ne en  l'abfence  de  fon  frère  Gorgo ,  qui  étoit  allé  commander  l'armée 
navale  de  XerxèsRoi  de  Perfe,  contre  les  Ioniens.  Il  affiegea  la  ville 
d'Amathonte,  mais  lesPerfes  vinrent  aufecours  de  ce  peuple,  gagnè- 
rent la  bataille  contre  Onefilus ,  (k  lui  coupèrent  la  tête  ,  qu'ils  portèrent 
fur  les  créneaux  des  murailles  d'Amathonte.  On  dit  qu'un  effain  d'abeil- 
i  les  la  remplit  prefqu'auffi-tôt  dé  miel  ;  ce  que  les  habitans  ayant  re- 
gardé comme  un  prodige,  ils  confulterent  l'Oracle,  qui  leur  ordon- 
na d'inhumer  cette  tête ,  &  de  lui  faire  des  facrifices.  *  Hérodote. 
SUP. 

S.  ONESIME  ,  Evêque  d'Ephefe  &  Martyr  ,  dans  le  I.  Siè- 
cle de  l'Eglife  ,  étoit  de  Phtygie.  U  fut  premièrement  efclave  de 
Philemon  ,  qu'il  vola  ,  &  enluite  il  fut  voir  S.  Paul  captif  à  Ro- 
me. Le  faint  Apôtre  lui  ayant  parlé  ,  non  feulement  le  porta  à 
fe  repentir  de  fa  faute  ,  mais  le  convertit ,  l'inftruifit  &  le  bapti- 
fa.  Il  le  retint  durant  quelque-temps  ,  &  enluite  le  renvoya  à  Phi- 
lemon ,  à  qui  il  le  recommanda  ,  dans  cette  hpître  que  nous  avons 
entre  les  Canoniques.  Ce  dernier  le  reçût  avec  beaucoup  d'atFeâiori 
&  le  mit  en  liberté.  Onefimedevintdepuis  fi  éminent  en  vertu,  qu'il 
fut  Evêque  d'Ephefe  ,  &  St.  Ignace  lui  donne  de  grandes  louanges. 
Il  mourut  pour  la  Foi  fous  l'Empire  de  Trajan  ,  ayant  été  lapidé 
à  Rome ,  où  il  étoit  venu  à  la  prière  du  Proconful.  *  S.  Paul , 
Epift.  ad  Philemon.  St.  Ignace  ,  Epift.  ad  Ephef.  Baronius ,  in  An- 
yial. 

ONGOSCHIO ,  Grand  Seigneur  de  la  Cour  de  l'Empereur  du  Ja- 
pon ,  fut  choifi  par  Taicko  ,  pour  Tuteur  du  Prince  Fideri ,  que  cet  Em- 
pereur laifiToit  en  mourant,  fuccelTeur  de  fa  Couronne ,  à  l'âge  de  fix  ans. 
Il  accepta  latutele  ,  &  promit  par  un  Aélefignédefon  fang  qu'il  refti- 
tueroit  la  Couronne  à  Fideri,  dès  qu'il  feroit  parvenu  à  l'âge  de  quinze 
ans,  &  qu'il  le  feroit  couronner  Empereur  par  le  Daire.  Maisfon  ambi- 
tion lui  fit  prendre  le  deflrin  de  s'élever  fur  le  thrône.  Il  fit  èpoufer  fa  fille 
au  Prince  Fideri ,  &  cependant  leva  une  puilTante  armée ,  pour  fe  rendre 
maître  du  Royaume.  Fideri  voulut  foûtenir  là  qualité  l'Empereur, 
mais  il  ne  pût  refifler  aux  forces  d'Ongofchio ,  qui  l'affiegea  dans  la  ville 
d'Ozaçha,  où  il  s'étoit  retiré, &•  le  brûla  dans  fon  Palais  avec  fa  fem- 
me, qui  ètoitfa  propre  fille,  &plufieursperfonnes  de  qualité  qui  les  ac- 
compagnoient.  Ce  Tyran  ne  fe  contenta  pas  de  cette  cruauté,  il  fit 
auffi  mourir  tous  les  Seigneurs  qui  s'étoient  déclarez  pour  Fideri ,  ou 
qui  avoient  eu  la  moindre  intelligence  avec  lui:  &  par  ce  moyen  de- 
ineura  en  pofTeflàon  de  l'Empire  du  Japon.  •  Mandeflo  ,  Voyage  dis. 
Indes.  SUP. 

O  N  I  A  S  I.  de  ce  nom  ,  Grand  Pontife  des  Juifs ,  fuccéda  à 
Jaddus.  Il  gouverna  environ  quatorze  ans,  durant  le  règne  de  Ptolomée 
fils  de Lagus  en  Egypte.  Il  eut  Simeon  lejuftepour  fuccefleur.  Onias 
II.  fils  de  ce  Simeon,  penfaêtre  la  caufc  de  la  ruine  des  Juifs,  pour 
avoir  manqué  de  payer  un  tribut  à  Ptolomée  Evergetes.  Il  lailTa  Si- 
meon II.  &celui-ci  Onias  III.  C'eft  de  fon  temps  qu'arriva  l'Hiftoi- 
re d'Heliodore  ,  dont  je  parle  ailleurs.  On  dit  que  ce  fut  lui  ,  qui 
ayant  été  obligé  de  fuir  en  Egypte  ,  y  bâtit  à  la  ville  d'Heliopolis  uiï 
Temple  femblable  à  celui  de  Jerufalem  ,  qui  fubfifta  jufques  au  temps  de 
Vefpafien.  Antiochus  Epiphane  lui  ôta  le  Pontificat  pour  le  donner  à 
Jafon  frère  d'Onias.qui  l'acheta  :  &  celui  qui  en  avoit  étélelégitime  pof- 
felTeur,  fut  aflaffiné  environ  l'an  3881.  duMonde.  *Torniel,  SalianSc 
Sponde,  in  Annal,  vet.  Teft. 

O  N  K  E  L  O  S  ,  furnommé  le  Profelyte ,  fameux  Rabbin  ,  vivoit 
vers  le  temps  de  Jesos-Christ,  fi  nous  en  croyons  les  Auteurs  Hé- 
breux. Azarias,  Auteur  du  l.,jvrc  intitulé  Meor  Enaitn ^  (c'eft-à-dire, 
la  Lumière  des  yeux)  dit  qu'Onkclosfe  fit  Profelyte  du  temps  d'Hillel, 
&deSammai,  &  qu'il  avoit  vu  Jonathan  fils  d'Uziel.  (  Ces  trois  Doc- 
teurs floriflToient  l'an  du  Monde  3718.  c'eft-à-dire  l^.  ans  avant  la  venue 
du  Meffie ,  félon  la  Chronologie  de  Gans  Auteur  Juif.)  Il  ajoute  qu'On- 
kelos  étoit  contemporain  de  l'ancien  Gamaliel  (qui  vivoit  l'an  du  Mon- 
de^3768.  félon  Gans,  i8.  ans  après  Jesus-Christ.)  Cependant  le 
même  Gans  met  Onkelos  l'an  du  Monde  3840.  c'eft-à-dire  roo.  ans 
après  Nôtre- Seigneur ,  fuivant  fon  calcul  ;  &  pour  accorder  fon  opinion 
avec  celle  d' Azarias ,  il  dit  qu'Onkelos  a  vécu  fort  long-temps.  Cet  On- 
kelos cftl'Auteurde  la  première  Paraphrafe  ChaldaïquefurlePentateu- 
quedeMoife.  Il  n'étoit  point  fils  d'une  fœurdel'Empereur'Tite,  com- 
me ont  crû  quelques  Juifs;  ni  le  mêmequ'Aquila,  ce  célèbre  Auteur 
d'une  Verfion  Gréque ,  comme  l'ont  afluré  quelques-uns  de  nos  Doc- 
teurs. C'eft  lui,  au  rapport  desThalmudiftes,  quifitles  funérailles  du 
Rabbin  Gamaliel ,  que  le  favant  Schifckard  prend  pour  le  Précepteur 
de  Saint  Paul,  &  qui  pour  les  rendre  plus  magnifiques,  brûla  des  meu- 
bles pour  la  valeur  de  fept  raille  écusmonnoye  de  Conftantinople.  Le 
Thalmud  marque  foixante-dix  mines  deTyr.  La  mine  poids  de  Tyr 
contenoit  vingt-cinq  Sela ,  ou  ficles ,  &  chaque  Sela  valoit  quatre  deniers 
d'argent.  Le  denier  d'argent,  étoit  un  écu  monnoyé  de  Conftantinople. 
Ainfi7o.  mines,  faifoient  7000.  écus.  La  coutume  des  Hébreux  étoit 
de  brûler  le  lit;&  les  autres  meubles  des  Rois  après  leur  mort,  pour  mon- 
trer peut  être  que  perfonne  n'étoit  digne  de  s'en  fervir  après  eux  :  Et 
comme  ils  ne  portoientgueres  moins  de  refped  aux  Préfidens  de  la  Sy- 
nagogue, (  tel  qu'étoit  Gamaliel)  qu'ils  en  portoient  aux  Rois  mêmes, 
ils  brûloient  auffi  dans  leurs  funérailles  leur  lit  &  leurs  meubles.  Abraham 
de  Zacuth  ,  Auteur  du  Juchafin  parle  de  cette  prodigieufe  dépenfe. 
■yorftius  au  lieu  d'y  lire  Tfonri ,  qui  fignifie  meubles ,  a  lu  Tfori ,  qui  veut 
dire  baume  :  mais  il  n'a  pas  fait  réflexion  que  ce  n'étoit  point  la  coutume 
des  Juifs  de  brûler  des  aromates ,-  dans  la  cérémonie  des  funérailles. 
Ha  "  comme 


6o  ONO.ONS.ONU.OPA.GPE.OPH. 

comme  faifoient  les  Romains  dans  la  pompe  funèbre,  8c  dans  le  j 
bûcher    du  défunt.  *  Fcrrand  ,    Réflexions  fur  la  Religion  Chrétienne. 

SXJ  P. 

ONOCENTAUREl,  animal monftrueux,  qui  a  un  vifage  d'hom- 
me, le  fein  d'une  femme,  ôc  le  bas  du  corps  d'un  afne.  Saint  Jérôme 
tâche  de  prouver  par  l'Ecriture  Sainte  qu'il  y  a  eu  de  ces  fortes  d'ani- 
maux. Theodoret  dit  que  ces  Onocentaures  étoient  des  Démons  noc- 
turnes', ou  des  Spedres  qui  paroiflbient  de  nuit.  *  S.  Jérôme  ,  con- 
tra Vigilant.  Theodoret,  Ifaïe,  c   13.   cr  34-  Bochart  ,  Hierozotc. 

SUP.  ,     „ 

ONOMACRITE,  Poète  Grec ,  eft  eftime  Auteur  des  Poëmes 
qu'on  attribue  à  Orphée,  8c  des  oracles  de  Mufée.  11  vivoit  environ  la 
LXVI.  Olympiade ,  qu'il  fut  chalTé  d'Athènes  par  Hipparque  un  des 
fils  de  Pififtrate.  *  Hérodote,  8c  Suidas,  in  Onomac. 

ONOR,  Royaume  d'Aiie  dans  le  Bifnagar,  en  la  prefqu'Ifledi  l'In- 
de au  deçà  du  Gange ,  Se  le  long  de  la  côte  de  Malabar.  Ceux  du  pais  l'ap- 
pellent Ponaran.  Il  y  a  une  Ville  qui  donne  fon  nom  au  Royaume  où  les 
Portugais  ont  une  ForterelTe  8c  un  Port.  Il  y  a  du  poivre  fort  pefant ,  8c 
du  ris  noir  meilleur  que  le  blanc. 

ONSPACH,  ou  hXii^'àà\,Onoldium,Onffachiumo\l  Anffachtum, 
Ville  avec  un  Marquifat  de  l'Empire  dans  la  Franconie.il  appartient  à 
un  Prince  de  la  Maifon  de  Brandebourg,  8c  il  eft  entre  Nuremberg  8c 
Bamberg.  Cherchez  Anfpach  ?^  Brandebourg. 

ONUPHRE  PANVINI  de  Vérone ,  Religieux  de  l'Ordre  de 
Saint  Auguftin  ,  étoit  en  eftime  dansée  XVI.  Siècle.  Il  continua  la  Vie 
des  Papes  de  Platine;  ôc  compofa  divers  autres  Ouvrages ,  concernant 
]es  antiquité!  Ecckfiaftiques.  Il  dédia  les  Vies  desPapes  à  Fie  V.  en  1 566. 
Jaques  Strada  de  Mantouë  fon  ami, lui av oit  arraché  cet  Ouvrage  8c 
l'avoir  publié, à  Venife  en 1 557. Onuphrey reconnût diverfes fautes 8c 
travailla  à  les  corriger.  Il  préparoit  une  Hiftoire  générale  des  Papes  &!. 
des  Cardinaux,  quand  il  mourut  àPalermeen  Sicile  en  1568.  âgé  de 
39.ans.Ily  étoit  avecle  Cardinal  Alexandre  Farnefe.  Outre  les  Ouvra- 
ges dont  j'ai  parlé,  il  en  fit  plufieuts  autres  qui  font  aujourd'hui  le  plus 
grand  ornement  des  Bibliothèques ,  comme  Deprimatu  Pétri.  Chroni^ 
tum  Ecelefiafticum.  De  antiquo  ritu  baptizandi  Catechumenos  ej"  de  origi- 
m  baptizandi  Imagines.  Fefti  c  triumphi  Romanerttm.  De  Sibyllis.  Corn'- 
ment.  Reifi.  Roman.  Comment,  de  Triumpho.  Comment,  in  Vafios  Con- 
fulares.  Lib.  IV.  De  Imper.  Roman.  Gracis  ,  Latin,  e^c.  De  Thou , 
jiiji.  lib.  43.  Paul  Manuce,  in  Epifi.  Curtius  in  elog.  Petramellarius, 
mPnfat.  Poffevin,  in  Appar.  Sacr.  g'c. 


o  p. 


OPALES ,  fêtes  en  l'honneur  de  la Déefle  Ops ,  femme  de  Sa- 
turne, que  les  Romains  cclebroient  le  14.  des  Calendes  de  Jan- 
vier, c'eftàdirele  19.de  Décembre,  qui  étoit  le  troiCéme  jour 
des  Saturnales.  Saturne  8c  Ops  étoient  adorez  comme  des  Dieux  qui 
préfidoient  aux  biens  de  la  terre,  c'eft  pourquoi  on  leurfaifoit  desfa- 
ciifices  après  avoir  reiferré  tous  les  grains  8c  tous  les  fruits;  &z  l'on 
faifoit  des  feftins  aux  Efclaves  qui  avoient  travaillé  à  cuhiver  la  ter- 
re, 8c  à  faire  la  moiflbn.  *Macrob.  Saturn.  l.  i.  c.  10,  Varron,  de 
L.  Zat.  l.  5.  SUP. 

OPERA:  Comédie  en  Mufîque ,  avec  des  machines.  L'Abbé  Per- 
lin  ,  qui  avoit  été  Introducteur  des  AmbaiTadeurs  auprès  de  feu  Mon- 
lieur  le  Duc  d'Orléans,  fut  le  premier  qui  en  l'année  161^9.  obtint  du 
Roi,  le  privilège  d'étaUir  dans  Paris  un  Opéra,  à  l'imitation  de  ceux 
de  Wnife ,  fous  le  titre  d'Académie  des  Opéra  en  Mufîque.  La  dépenfe 
exceffive,  que  demandoit  un  pareil  établiffement ,  obligea  cet  Abbé  d'af- 
focier  à  fon  Privilège ,  une  Perfonne  de  qualité ,  d'un  génie  très-fingulier 
pour  les  machines  de  Théâtre,  &:  le  Sieur  Champeron  qui  étoit  fort  ri- 
che. Après  cet  accord,cestroisAflbciez  firent  venir  de  Languedoc  les 
plus  fameux  Mufîciens,  dont  les  principaux  furent  Clediere  ,  Bauma- 
viel  &C  Miracle.  Lambert,  Organifle  de  Saint  Honoré,  fut  choifî 
pour  la  compofition  de  la  Mufique  de  l'Opéra  ,  ?>c  ayant  ramaficles 
meilleures  voix  qu'il  put  trouver  pour  joindre  auxMuficiensde  Lan- 
guedoc, il  commença  fes  répétitions  dans  la  grande  Sale  de  l'Hôtel  de 
îJevers,  où  étoit  auparavant  la  BibUothéque  du  Cardinal  Mazarin.  Après 
ces  préparatifs ,  ayant  drelTè  un  Théâtre  dans  le  Jeu  de  paûrae  de  la 
Rue  Mazarin,vis-à- vis  de  la  Rue  de  Guenegaud,on  y  reprèfenta  au  mois 
de  Mars  i67î.Pomone ,  dont  la  compofition  étoit  de  la  façon  de  l'Abbé 
Perrin  ;  &c  la  Mufique  de  Lambert.  Ces  fortes  de  repréfen tarions  fu- 
rent continuées ,  avec  un  grand.fuccès  :  Mais  un  an  après ,  la  divifion  qui 
arriva  entre  les  Afl'ociezobligeal'AbbéPcrrindecéderronPrivilegeà  J. 
Baptifte  Lulli,  Sur-Intendant  de  la  Mufique  de  la  Chambre  du  Roi,  mo- 
yennant une  fomme.  Lulli  fit  conftruire  un  autre  Théâtre,  proche 
du  Palais  d'Orléans,  parles  foins  de  Vigarani  Machinifte  du  Roi ,  qu'il 
aflbcia  aveclui.  Enfin  la  Troupe  des  Comédiens  du  Roi  établie  dansla 
Sale  du  Palais  Royal,  ayant  perdu  l'illufire  Molière,  qui  en  étoit  le  Chef, 
le  1 7  •  Février  1673.  Lulli  eut  la  j ouiffance  de  cette  Sale  du  Palais  Royal, 
8c  les  Comédiens  qui  y  jouoient   auparavant   s'acommoderent  du  I 
Théâtre  de  l'Opéra  dans  la  rue  Mazarin.  *Brice,  DefiriptiondelaViUe 
ie  Paris.  SUP. 
OPHELTES,  fils  de  Lycurgue.  Cherchez  Archemore.' 
OPHIOGENES,  mot  Grec  qui  fignifie  ,  engendrez,  de  Ser- 
fens.  C'eil  le  nom  que  portoit  une  famille  qui  étoit  anciennement  dans 
rifle  de  Cypre,  que  l'on  difoit  avoir  tiré  fon  origine  des  Serpens ,  qui 
ne  leur  faifoient  aucun  mal;  mais  au  contraire ,  ces  Ophiogenes  avoient 
la  vertu  de  guérir  par  leur  feul  attouchement  les  piquûres  de  ces  ani- 
maux, 8c  de  faire  fortir  avec  leurs  mains  le  venin  des  playes  qu'on  en 
avoit  reçues.  On  dit  qu'un  de  cette  famille, nommé Hexagon, étant 
venu  en  Ambaflade  à  Rome ,  les  Romains,  pour  éprouver  la  vérité  de  ce 
qu'on  en  publioit,  l'engagèrent  à  fe  mettre  dans  un  tonneau  plein  de 


OPH. 

ceux  qui  étoient  véritables  Ophiogenes»  on  les  faifoit  piqiier  par  quel- 
que couleuvre  dont  lapiquûrene  nuifoit  point  à  ceux  de  cette  famille  j 
6c  tuoit  au  contraire  ceux  qui  n'en  étoient  pas.  11  y  avoit  encore  d'au- 
tres marques  pour  les  connoître,  parce,  qu'au  printemps  ilfortoitdè 
leur  corps  une  odeur  particulière,  8c  leurfueur,de  même  que  leur 
falive  ,  étoit  un  remède  contre  les  venins.  On  dit  aufll  ,  qu'il  y 
avoit  des  peuples  proche  de  l'Hellefpont  ,  qui  avoient  naturelle- 
ment la  vertu  de  guérir  les  morfures  des  fcrpens ,  comme  les  Pfyl- 
les  8c  les  Marfes.  *  Pline  ,  /.  7.  c.  x.  8c  /.  z8.  c  3.  Àulu-GellCj 
li.  16.  SUP.\ 

OPHIONE'E,  Chef  des  Démons  qui  fe  révoltèrent  contre  jupi^ 
fer  ,  au  rapport  de  Pherecydes  Syrien.  Les  anciens  Payens  ont  eu  dé 
certaines  connoilTances  obfcures  de  quelques  veritez  de  l'Ecriture  Sain- 
te. Peut-être  qu'ils  avoient  ouï  parler  de  la  chute  du  Démon,  lequel 
eft  fort  bien  defigné  par  le  nom  d'Ophionée,  qui  fignifie  Serpen- 
tin ,  le  Démon  ayant  premièrement  paru  fous  la  figure  d'un  Serpent. 

*  Juftin  Martyr ,  Orat.  ad  Gentil.  Marfile  Ficin  ,  in  Afolog.  Sacr, 
Cœl.  Rhodig.  LeH.  Antiq.  lib.  i.  Pfanner  ,  S'jflem.  Theol.  Gentih 
SVP. 

OPHIOPHAGES,  peuples  d'Ethiopie  en  Afrique,  qui  fe  nour^ 
riffoient  de  ferpens.  Ce  nom  vient  à."îçiii,  Serpent;  &  ^iyc^  manger. 

*  Pline ,  liv.  6.  ch.  19.  S  UP. 

O  P  H I R  :  certaine  Région  où  Salomon  envoyoit  des  Navires 
pour  en  apporter  de  l'or.  On  eft  fort  en  peine  de  favoiroù  étoit  cet- 
te Terre  d'Ophir.  Pour  entendre  les  divers  fentimens  des  Inter- 
prètes ,  il  faut  fuppofer ,  8c  cela  paroît  clair  par  l'Ecriture  Sainte , 
que  les  Flottes  qui  alloient  en  Ophir  s'embarquoient  fur  la  Mer- 
Rouge,  qu'elles  étoient  trois  ans  à  leur  voyage,  5c  qu'elles  rapor- 
toient  de  l'or  ,  de  l'argent  ,  des  dents  d'Eléphant ,  des  Singes^, 
des  Paons  ,  des  Perroquets  ,  toutes  fortes  de  pierres  précieufes', 
des  bois  de  fenteur ,  èi.  autres  chofes  de  prix;  Il  faloit  donc 
que  la  Terre  d'Ophir  portât  de  toutes  ces  marchandifes.  Jo- 
feph  Acofta  croit  que  comme  on  donne  le  nom  d'Inde  aux  pais  les 
plus  éloignez,  8c  que  l'on  appelle  ainfi  l'Amérique  j  le  Mexique, 
le  Brefil,  8c  la  Chine;  de  même  dans  l'Ecriture- Sainte,  on  en- 
tend par  Ophir,  les  Terres  qui  font  fort  loin  de  la  Judée.  Selon 
cette  opinion ,  foit  que  la  Flotte  de  Salomon  ait  voyagé  dans  l'A- 
mérique ,  dans  l'Afrique,  ou  dans  l'Afie,  on  peut  dire  qu'elle  a 
été  dans  la  Terre  d'Ophir,  puis  que  ces  pais  font  fort  éloignez^ 
Mais  il  n'y  a  point  d'app.irence  que  ce  nom  d'Ophir  ait  une  ligni- 
fication fi  Vague ,  8c  les  plus  favans  tombent  d'accord  que  c'eft 
quelque  lieu  certain,  qui  a  été  nommé  ainfi.  On  peut  remar- 
quertrois  opinions  différentes  fur  ce  fujet.  La  première  eft  de  ceux 
qui  difent  qu'Ophir  eil  dans  l'Afrique.  La  féconde,  de  ceux  qui 
le  placent  dans  l'Amérique.  La  troifiéme ,  de  ceux  qui  le  mettent 
dans  l'Afie  vers  l'Orient.  Mais  chacune  de  ces  opinions  fe  partage 
encore  en  plufieurs  autres.  A  l'égard  de  l'Afrique,  Nihufius,  Vola- 
terran,  &  les  autres  Portugais,  veulent  qu'Ophir  foit  Melinde,  ou 
Sofala  fur  la  Côte  Orientale  de  l'Ethiopie  en  Afrique;  parce  que  fur 
les  bords  de  la  Mer  on  y  a  trouvé  de  l'or,  8c  que  plus  avant  dans  les 
terres  il  y  a  des  mines  très-riches.  Cornehusi  Lapide  prétend  que  c'eft 
Angola  fur  la  Côte  Occidentale  de  l'Afrique,  8c  rapporte  le  témoigna- 
ge de  Jofeph ,  qui  afiTure  que  la  Flotte  de  Salomon ,  outre  beaucoup 
d'or ,  rapportoit  auffi  des  marchandifes  d'Afrique,  &  des  Eklaves  d'E- 
thiopie. Ces  opinions  ont  quelque  vrai-femblance  ,•  mais  on  peut  les 
combattre  par  de  bonnes  raifons.  Car  Angola  n'eft  pas  un  pais  ma- 
ritime ,8c  les  raines  d'orn'yfont  pas  fort  abondantes.  Melinde  8c  So- 
fala n'ont  point  de  mines  d'argent,  ni  de  Perles,  ni  de  Paons,  dont 
il  ^ft  parlé  dans  l'Ecriture;  8c  ces  pais  ne  font  pas  affez  éloignez,  pour 
y  employer  trois  années  à  faire  ce  voyage.  Il  y  a  même  eu  des  Au- 
teurs qui  ont  avancé  qu'Ophir  étoit  Carthage ,  ne  faifant  pasréflexiort 
que  la  ville  de  Carthàgc  a  été  bâtie  plus  de  cent  ans  après  la  mort  de 
Salomon. 

Ceux  qui  prétendent  qu'Ophir  étoit  en  Amérique ,  le  placent  dans 
rifle  fc  fpagnole ,  autrement  de  Saint  Domingue ,  à  l'entrée  du  Golfe  de 
Mexique;  dans  le  Pérou,  |ou  dans  le  Mexique.  Genebrard  ScVatable 
mettent  Ophir  dans  l'Efpagnole  ,  ?>z  aflTurent  que  Chriftophle  Colomb, 
qui  découvrit  le  premier  cette  Ifle  en  149Ï.  avoit  accoutumé  dedir-e 
qu'il  avoit  trouvé  l'Ophir  de  Salomon ,  parce  qu'il  y  avoit  trouvé  del'or. 
Ils  difent  que  les  VaifTeaux  partoient  d'Aziongaber  fur  la  Mer-Rouge, 
entroient  dans  la  Mer  des  Indes.côtoyoient  laPrefqu'Ifle  au  deçà  duGol- 
fe  de  Bengala,  8c  alloient  reconnoîtreMalaca, 8c  l'Ifle  deSumatra-.qu'en- 
fuite  après  avoit  doublé  Ma dagafcar  8c  le  Cap  de  Bonne-Efperarice ,  ils 
venoient  reconnoîtrele  Brefil,  d'où  ils  arrivoient  à  l'Ifle  Efpagnole.  Go- 
ropius ,  Poftel  ii  quelques  autres  difent  qu'Ophir  eft  le  Pérou ,  8c  que 
Salomon  faifoit  à  peu  près  ce  que  font  aujourd'hui  les  Efpagnols  :  Que 
fes  Vâifl"eaux  tranfportoient  l'or  du  Peroujufqu'àl'Ifthme  de  Panama: 
que  de  là  ils  venoient  prendre  des  rafraichiflfemens  aux  Ifles  de  Cuba  Se 
de  S.  Domingue ,  puis  doubloientleCapdeBonne-Eferance;  8c  en  ra- 
fantles  Côtes  Orientales  d'Afrique,rentroient  dansla  Mer-Rouge.Arias 
Montanus  imagine  un  plus  belle  navigation ,  les  faifant  aller  droit  en 
Orient ,  pafler les  Moluques ,  traverfer  ces  mers  immenfes ,  quiféparent 
les  Moluques  du  Mexique ,  arriver  au  Pérou ,  y  charger  de  l'or  :  puis  cô- 
toyer le  Chili,  pafl"er  le  Détroit  de  Magellan,  doubler  le  Cap  de  Bonne- 
Efperance ,  8c  rentrer  enfuite  dans  la  Mer-Rouge. 

François  Ribera ,  Torniel,Adricbomius,  Bochart, Maffée,  8c plu- 
fieurs autres,  mettent  Ophir  en  Afie  dans  les  Indes.lls  fe  fondentfur 
l'autorité  de  Jofeph ,  qui  dit  que  la  Flotte  de  Salomon  alloit  aux  In- 
des à  une  Terre  appellée  Terre-d'or.  Il  eft  confiant,  au  rapport  de 
Diodorc  Sicilien,  que  de  tout  tems  les  Ethiopiens  avoient  grand  com- 
merce par  mer  avec  les  Indiens.  Strabon  dit  que  les  Marchands  d'Ale- 
xandrie envoyoient  des  marchandifes  ausindespar  le  Golfe  Arabique; 
8c  Pline  affurequ'il  fe  faifoit  de  fon  tems,  8c plufieurs  Siècles  aupara- 
vant, un  grand  commerce  de  l'Egypte  aux  Indes  par  la  Mer-Rouge. 
Il  y  a  donc  apparence  que  la  Flotte  de  Salomon  alloit  de  ce  côté  là.d'au- 
tantplus  que,  félon  le  témoignage  de  Pline,  de  Diodore  8c  de  Philof^ 


ferpens,  qui  ne  lui  firent  aucun  mal.  Ordinairement  pour  diftinguei,  tiate,  on  y  trouvoit  toutes  les  marchandifes  dont  les  Vaifieaiix  de  Salo- 

ïnou 


OPH.  OPM.  OPÏ.  OPO. 

mon revenoient  chargez.  Maisles  Auteursneconviiennent  pas  du  lieu 
«les  Indes,  oùetoitOphir.  Quelques-uns  veulent  que  ce  foiiOrmus,  à  ' 
l'entrée  du  Golfe  Perfique  ,  ou  l'Ifle  d'Urphen  dans  la  Mer-Rouge: 
mais  il  n'auroit  pas  falu  trois  ans  pour  en  faire  le  voyage. 

Bochart  dit  qu'il  y  a  eu  deux  Terres  d'Ophir,  l'une  dan^l' Arabie,  d'où 
David  fit  venir  une  grande  quantité  d'or;  &  l'autre  dans  l'Inde  où  Sa- 
lomon  envoya  fa  Flotte -.que  celle-ci  étoit  la  Taprobane  des  Anciens, 
maintenant  l'IUe  deCeylan,  où  il  y  a  un  Port  nommé  Hippor,  que 
les  Phéniciens  appelloient  Ophir.  MafFée  affure  quec'eltlePegu,  où 
il  y  a  encore  aujourd'hui  beaucoup  de  mines  d'or  &  d'argent  :  il  fon- 
de fon  opinion  furies  Lettres  du  Père  Bomfer,  Corddier  François, 
qui  dit  que  les  Peguans  prétendent  venir  des  Juifs  exilez  &  condam- 
liezpar  Salomon  à  travailler  aux  mines  d'or  du  pais.  Pererius  dit  que 
c'eftMalaca,  fur  le  Détroit  de  même  nom,  à  l'Orient  de  llfle  de  Su- 
matra. Jean  Tzetza  veut  que  ce  foit  rifle  deftjmatra,  oùilyaencore 
desminesd'or.  Enfin,  Lipenius,(}ui  a  fait  un  Traité  exprès  furOphir, 
prétend  ,  fuivant  l'avis  de  S.  Jérôme ,  qu'un  petit-fils  d'Hebcr  fils  de 
Koé,  nommé  Ophir,  donna  fon  nom  à  la  partie  de  l'Inde  au  delà  du 
Ganoe:  &ainfi  il  nomme  Terre  d'Ophir  non  feulement  la  Cherfonéfe 
d'or  que  Jofeph  appelle  Terre  d'or,  aujourd'hui  Malaca ,  maisencore 
les  Ifles  de  Java  &  de  Sumatra ,  &  les  Royaumes  de  Siam ,  du  Pegu , 
&  de  Bengala.  En  efïet,  on  y  trouve  encore  à  prefent  tout  ce  que  les 
Navires  de  Salomon  rapportoient  à  Jcrufalem  ;  &  le  voyage  pouvoir 
durer  trois  ans  :  car  les  Navires,  en  fortant  de  la  Mer-Rouge,  côtoyoient 
l'Arabie,  la  Perfe,  &  le  Mogol  :  puis  ils  faifoient  le  tour  de  la  Pref- 
qu'Iflc  au-deçà  du  Golfe  de  Bengala,  &prenoientdesdiamansàGol- 
conde ,  &  des  étofes  précieufes  à  Bengala.  Enfuite  ils  alloient  charger 
de  l'or  &  des  rubis  au  Pegu,  &de  là  à  Sumatra:  d'où  ils  remontoient 
le  long  de  la  Cherfonéfe  d'or  ou  Malaca ,  jufques  à  Siam ,  où  ils  trou- 
voient  des  dents  d'Eléphant ,  8c  même  de  l'or.  Ce  fentîment  fur  Ophir , 
qui  paroît  affurément  le  plus  raifonnable,  détruit  les  autres ,  &  princi- 
palement l'opinion  de  ceux  qui  mettent  Ophir  en  Amérique ,  &  qui , 
pour  y  aller,  font  faire  le  tour  du  Monde  aux  Vaifleaux  de  Salomon , 
dans  un  temps  où  la  BoufTole  n'étant  pas  encore  inventée,  on  n'ofoit 
prefque  perdre  la  terre  de  vûë.  Voyez  Tharfis.  *  L'Abbé  de  Choifi,  Vie 
^e  Salomon.  Lipenias.  Voyez  encore  là-defTus  le  Traité  de  P.Dan.Huet 
Evêqued'Avranche,  qui  a  été  inféré  dans  le  recueuil  des  Critiques  de 
la  Bible,  de  l'Edition  d'Amfterdam.  SU  P. 

OPHÎRj  filsdejcdan,  dont  il  efl  parlé  dans  la  Genefe.  Quelques 
'Auteurs  elliment  que  c'eft  lui  qui  donna  fon  nom  à  la  Région  d'Ophir, 
dont  j'ai  parlé.  *Genefe,  c.  lo.  -vf.  18. 

OPHITES  ,  Hérétiques  qui  s'élevèrent  dans  le  II.  Siècle  ,  &  qui 
étoientfoftis  des  Nicolaïtes  &  des  Gnoltiques.  Origene  dit  qu'un  cer- 
tain Euphrate  en  fut  l'auteur.  Ils  honoroient  un  ferpent  :  &  les  uns 
difoient  que  celui  qui  avoit  tenté  Eve  étoit  Jésus  Christ,  les  autres, 
qu'il  fc  changeoit  en  cet  animal.  Quand  leurs  Prêtres  célebroient  leurs 
myftercs ,  ils  faifoient  fortir  d'un  trou  un  de  ces  animaux  ;  &  après  qu'il 
s'étoit  roulé  fur  les  chofes  qui  fe  dévoient  ofFiir  en  facrifice  ,  ils  di- 
foient que  Jesus-Christ  les  avoit  fan difiées:  &  les  donnoient  au  peu- 
ple qui  les  adoroit.  *  Origene,  lib.  6.  cont.  Celfum.  Tcrtullien  ,  de  PrAjcr. 
tai>.4T.  Saint Irenée,//é.i.(;. 34.  S. Epiphane,A<£r.37.  S. Auguftin , (/e 
hxr.  Theodoret,  hir.fab.lib.ï.  Baronius,  .4.  C.  14J. 

OPHNI  &  P  H  IN  EE  s,  fils  du  grand  Prêtre  Heh,  vi  voient  avec  tant 
de  dérèglement,  que  pour  les  punir.  Dieu  permit  qu'ils  furent  tuez  à 
la  bataille  contre  les  Philiftins,  qui  prirent  aufîi  l'Arche.  *I.  desRois 
tap.  I.  Voyez  Eli. 

OPHRATE'El.  de  ce  nom,  Roi  d'AfTyric ,  fuccéda  à  Piricade 
en  3 104..  &regnaio.  ans.  Op  HR  ate'e  II.  ou  Ophratane  lui  fuccéda, 
&  régna  jufqu'à  l'année  3173.  du  Monde,  comme  nous  l'apprenons 
d'Eufebe  ,  en  la  Qhron.  Torniel ,  in  Annal,  -vet.  Teft. 

OPIGENE,  en  Latin  Opigena,  étoit  la  même  que  Junon.  On 
l'avoit  ainfi  nommée  à  caufe  de  l'aide  qu'on  croyoit  qu'elle  donnoit 
aux  femmesquiétoient  en  travail  d'enfant,  lefquelles  pour  ce  fujet  l'in- 
voquoient  avec  une  grande  confiance,  au  rapport  de  Feftus.  Ops  en 
Latin  ,  fignifie  fecours  :  &  geno ,  ancien  Verbe ,  engendrer.  S  U  P. 

OPILIUS.  Cherchez  Aurelius. 

OPILIUS  MACRINUS.  Cherchez  Macrin. 

OPINION,  Divinité  des  anciens  Payens,  qui  étoit  révérée  com- 
me celle  qui  prélidoit  à  tous  les  fcntimens  des  hommes.  En  effet ,  la  plu- 
part des  hommes  ne  parlent  des  chofes  que  par  opinion,  &  fans  avoir 
«ne  connoifTance  certaine  de  ce  qu'ils  difent.  Les  Statues  de  cette  DéefTe 
la  reprefentoient  comme  une  jeune  femme  d'un  air  &  d'un  regard 
afTez  hardi ,  mais  d'une  démarche  &  d'une  contenance  mal-alTurée. 
*  Laflance.  SU  P. 

OPINION  ISTES:  On  donna  ce  nom  à  certains  errans  qui  s'éleve- 
lent  dutems  du  Pape  Paul  IL  parce  qu'infatuez  de  plufieurs  opinions 
ridicu]cs,ils  les  foûtenoient  avec  opiniâtreté.  Leur  principale  erreur  con- 
liftoit  à  fe  vanter  d'une  pauvreté  afFeôée;  ce  qui  leur  faifoit  dire  qu'il 
n'y  avoit  point  de  véritable  Vicaire  de  Jesus-Christ  en  terre,  que  celui 
qui  pratiquait  cette  vertu,  *Sponde  ,  ji.C.ii\6i.num.\x. 

O  P  M  E  E  R  (  Pierre  )  étoit  d'Amfterdam ,  où  il  naquit  le  quinziè- 
me Septembre  de  l'an  1515.  Comme  il  avoit  le  génie  propre  pour  les 
Sciences  il  y  fit  un  très-grand  progrès  :  car  il  favoit  les  Langues ,  les 
belles  Lettres ,  la  Philofophie ,  la  Théologie ,  &  il  parloir  de  tout  avec 
facilité.  Opmeer  fut  cependant  plus  illuftre  par  fon  zèle  pour  la  Reli- 
gion Catholique.  11  fut  obligé  de  fe  retirera  Leiden ,  &  puis  à  Delft , 
où  il  mourut  le  dixième  Novembre  de  l'an  1595.  âgé  de  69.  ans.  Opmeer 
2  fait  divers  Ouvrages.  Ajjertio  Hiftorica.  De  Officia  Mijft.  Hiftoria  Alarty- 
rum  Corcemienfium ,  Hollandi^que.  Opus  Chronographicum ,  c-c.  Sa  Vie  eft 
en  tête  de  ce  dernier  Ouvrage,  de  la  façon  de  Valere  André.  J'ai  re- 
marqué ailleurs  qu'il  finit  en  1580.  &  que  Beyerlink  l'a  continué  juf- 
qu'en  1610. 

OPORIN  (Jean)  Imprimeur  étoit  de  Bafle ,  où  il  naquit  le  vingt- 
cinquième  Janvier  de  l'an  1507.  Son  père  Jean  Hebit  étoit  un  Pein- 
tre peu  accommodé  des  biens  de  la  fortune.  Il  enfeigna  lui-même  les 
élemens  de  la  Langue  Latine  à  fon  fils ,  qui  l'apprit  enfuite  à  Stras- 
bourg, auffi  bien  que  la  Grequc,    Oporin  chargea  le  nom  de  fa  fa- 


OPP. 


^î 


mille  ;  comme  ce  fut  la  manie  de  plufieurs  hommes  de  Lettres  de  fori 
tems.  Il  s'attacha  à  celui  d'Oporin ,  qui  eft  Grec  en  lifant  ces  vers  da 
Martial  : 

si  darit  àiitumnus  mihi  nomen,  Ivae^vn  effem; 
Horridu  ji  brama  Jidsra  i  x"^^(^^^'<>i. 

Ce  qu'il  y  eut  de  particulier  en  ce  changement  de  nom ,  c'eft  qu'Oporiiî 
s'aflbcia  depuis  avec  un  autre  Imprimeur  nommé  Robert  Winterqui 
prit  le  nom  de  Chimennus.  Cependant  comme  Oporin  n'avoit  pas  de- 
quoi  vivre ,  il  fe  fit  Maître  d'Ecole ,  &  enfuite  décrivit  des  Manufcrits . 
&  corrigea  des  Livres  qu'on  imprimoit.  Il  fe  maria  avec  une  Vieil- 
le femme.  Dans  la  fuite  ,  il  prit  trois  autres  alliances  différentes. 
Ses  amis  lui  confeillerent  d'étudier  en  Médecine  ,  &  il  fut  difciplc 
de  Paracelfe.-  Peu  après  il  enfeigna  le  Grec  :  &  enfin  devint  Impri- 
meur. Il  s'afTocia  avec  Winter,  dontj'aiparlé  :  mais  comme  ils  n'avoienc 
pas  beaucoup  d'œconomie,  ils  firent  des  pertes  confiderables.  Celui- 
ci  mourut  même  infolvable  ,  &  l'autre  ne  pût  fuffire  à  lés  dépenfes 
qu'avec  le  fecours  de  fes  amis.  Il  mourutle  6.  Juillet  de  l'an  1560.  11  faut 
cependant  avouer  que  le  public  lui  fut  très-obligé  du  foin  qu'il  eut  de 
bienimprimer  les  Ouvrages  des  Anciens, &  de  les  corriger  avec  une  très- 
grande  exadlitude.  Il  fit  lui- même  des  Notes  fur  divers  Auteurs,  &des 
Tables  très-amplesde  quelques  autres,  comme  de  Platon,  d'Ariftote, 
dePline,  &c.  *  Andréas Locifcus Ora*.  de  vitao" obitiiOj>orini ,  Pant*- 
leon,  /i.  3.  Prôjop.  MelchiorAdam  ,  invit.Phd.Germ.  Urftifius,  (!/i;>, 
Hift.  Bajil.  [On  a  publié  diverfes  Lettres  de  lui,  dans  un  Recueil  de 
Lettres  imprimé  à  Utrecht  en  1697.] 

_OPPAW,  Ville  d'Allemagne  dans  la  Silefie,  fur  un  Fleuve  de  ce 
nom.  Elle  a  titre  de  bûché  avec  une  ancienne  Forterefle.  LesAUemans  ' 
la  nomment  Troppaw ,  &  les  Auteurs  Latins  Oppavia. 

O  P  P  E  D  E  (  Jean  Mey nier ,  Baron  d'  )  Premier  Préfident  au  Parle- 
ment d'Aix  en  Provence,  étoit  fort  zélé  pour  la  Religion  Catholique. 
Il  fuccéda  en  cette  Charge  au  célèbre  Jurifconfulte  Barthelemi  Chalfa- 
née,  &  fit  exécuter  l'Arrêt  rendu  contre  les  Vaudois,  dont  fon  pré» 
decefleur  avoit  toujours  empêché  l'exécution.  Cet  Arrêt  du  18.  Novem- 
bre 1 540.  condamnoit  par  contumace  dix-neuf  de  ces  Hérétiques  à  être 
brûlez,  Scordonnoit  que  toutes  les  Maifons  de  Merindol ,  remplies  de 
ces  mêmes  Hérétiques,  fuffent  entièrement  démolies,  aufii  bien  que 
tous  les  Châteaux  &  tous  les  Forts  qu'ils  occupoient.  Cette  Sefte  ayant 
été  exterminée  en:  545.  comme  on  peut  voir  dans  l'Article  de  Merin- 
dol, la  Dame  deCental,  dont  les  Villages  &les  Châteaux  avoient 
été  brûlez  8c  défolez,en  demanda  Jufliice  au  Roi  François  I.  lequel,avant 
que  de  mourir,  recommanda  à  fon  Fils  Henri  II.  de  faire  bien  exami- 
ner cette  Affaire.  Ce  Prince  étant  parvenu  à  la  Couronne,  donna  des 
Juges  aux  Parties ,  pour  en  connoître.  Mais  après  qu'elle  eût  trainé  près 
de  quatre  ans,  avant  qu'on  pût  venir  à  la  difcuffion  du  fond  ,  il  or- 
donna par  fes  Lettres  patentesdu  i7.Marsi;5i.  qu'elle  fût  jugée  par 
le  Parlement  de  Paris.  Il  n'y  eut  jamais  de  caufe  plus  folennellement 
plaidée  :  elle  tint  cinquante  Audiences  confecutivement.  Le  Parlement 
de  Provence,  le  Premier  Préfident  d'Oppede,  les  quatre  Commiffaires 
pour  l'expédition  de  Merindol,  le  Baron  de  la  Garde,  &  la  Dame  de 
Cental,  qui  étoit  leur  principale  Partie,  eurent  chacunlcur  Avocat.  Le 
Sieur  Auberi,  Lieutenant  Civil ,  (lequel  fut  commis  à  la  fonéîion  de 
l'Avocat  General,  en  place  du  Sieur  Pierre  Seguier,  qui  avoit  été  re- 
cufé  pour  avoir  affilié  au  Confcil  des  Parties  )  y  fit  durant  fept  Audiences 
ce  grand  Plaidoyer ,  que  Louis  Auberi  a  fait  imprimer  en  164^, 
où  il  conclut  très-peu  favorablement  pour  le  Préfident  d'Oppede ,  8c 
pour  les  CommifTaires  de  Provence.  Pierre  Robert  Avocat  du  Préfi- 
dent, tint  neuf  Audiences:  mais  celui  qui  fit  fans  contredit  le  mieux  de 
tous ,  fut  le  Préfident  même ,  qui  fe  défendit  avec  une  merveilleufe  for- 
ce en  cet  excellent  Plaidoyer  qu'il  fit  par  écrit  8c  qu'il  commença  par 
ces  paroles  du  Prophète  Roi ,  Judica  me  Deus  er  difcerne  caujam  meam 
de  ginte  non  fanSla.  C'efl  là  qu'il  tâche  de  prouver  que  le  procédé  de  fon 
Parlement ,  iii.  le  fien  en  qualité  de  Lieutenant  de  Roi ,  avoit  été  très-juf- 
tc ,  puis  qu'ils  n'avoient  fait  en  cela  qu'exécuter  les  ordres  très-précis 
de  SaMajefté,  contre  la  plus  méchante  nation  qui  fût  jamais;  8c  que  le 
Roi,  au  cas  qu'elle  n'abjurât  fes  hérefies,  avoit  commandé  qu'on  exter- 
minât ,  comme  Dieu  avoit  ordonné  à  Saiil  (qui  exécuta  mal  fes  ordres ,  ) 
d'exterminertouslcs  Amalecites.  Il  fe  juftifia  fi-bien  par  ce  Plaidoyé, 
qu'il  fut  renvoyé  pleinement  abfous;  ScTAvocat  Général  G  uerin,  qui 
avoit  donné  trop  de  licence  aux  Soldats,  8c  qui  fut  d'ailleurs  convain- 
cu du  crime  de  faux,  eut  la  tête  coupée  en  Grève.  Le  Préfident  d'Oppe- 
de vécut  encore  quelques  années ,  exerçant  fa  Charge  avec  beaucoup 
d'honneur ,  jufques  à  fa  mort  qui  avint  en  l'an  1558.  Les  Ecrivains 
Proteftans,  8c  après  eux  le  Préfident  de  Thou  8c  Dupleix,  difent  quel» 
Juftice  Divine,  pour  le  punir  de  fa  cruauté,  le  fit  mourir  dans  des  dou- 
leurs horribles  ;  mais  ils  euffent  mieux  fait  de  déclarer  en  finceres  Hifto- 
riens,  dit  Maimbourg,  la  vrayc  caufe  de  ces  douleurs,  qui  fut  la  tra- 
hifon  d'un  Operateur  Proteftant,  lequel,  pour  venger  ceux  de  fa  fedle, 
lui  caufa  cette  mort  violente,en  le  fondant  avec  une  fonde  empoifonnée. 
*  Maimbourg ,  Hijioire  du  Calvinifme.  S  U  P. 

OPPELEN,  Ville  d'Allemagne  dans  la  Province  de  Silefie,  avec 
un  titre  de  Duché.  Elle  eft  fur  l'Oder.  Les  Polonois  l'ont  eu  autrefois 
en  gage ,  avec  tout  le  pais  ;  8c  les  Suédois  la  prirent  dans  les  derniè- 
res guerres  d'Allemagne,  mais  elle  fut  rendue  parla  paix  de  Munfter, 
en  1648. 

OPPI A ,  que  d'autres  appellent  Pompilia ,  étoit  une  Veftale  de  Ro- 
me, c'eft-à-dire,  une  de  ces  Vierges  qui  fe  confacroient  au  fervice  de 
la  Déefle  Vefta:mais  parce  qu'elle  fut  convaincue  d'avoir  violé  la  pureté 
à  laquelle  cet  état  l'engageoit  ;  elle  fut  enfermée  toute  vive  dans  la  terre, 
félon  l'Ordonnance  portée  contre  celles  qui  manquoient  à  leur  honneur 
pendant  qu'elles  étoient  dédiées  au  fervice  de  cette  Déeffe.  *  T.  Live, 
J.  Scaliger,  Animad.  in  Eufeb.  S  U  P. 

O  P  P I  A ,  Loi  qui  défendoit  aux  Dames  Romaines  le  luxe  i<.  l'er- 
ceflTive  dépenfe  des  habits ,  fut  airîfi  appellée  du  nom  de  C.  Oppius  Tri- 
bun du  peuple,  qui  la  fit  recevoir  dans  Rome  fous  le  Confulat  de  Q.Fa- 
bius Maximus  8c  de  SemproniusGracchus,  pendant  la  féconde  guerre 
H  3  di 


# 


6^        OPP.OPS.OPT.OPU.ORA, 

de  Carthage.  Cette  Loi  défendoit  aux  femmes  ,  de  porter  plus  d'une  de- 
mi-once d'or  fur  leurs  habits  ,qui  he  dévoient  être  que  d'une  couleur  : 
comme  auffi  d'aller  en  carrofle  dans  la  Ville,  ou  à  mille  pas  aux  environs, 
fi  ccn'etoitpour  quelque  chofe  qui  regardât  la  Religion  &  les  Sacrifices. 
Mais  après  qu'on  eut  fubjugué  l'Afrique  &rEfpagne,M.  Fundanius  & 
L."Valerias  i  ribuns  du  peuple,  entreprirent  d'abolir  cette  Loi  contre 
Brutus&  TJunius,  qui  la  maintenoient.  Il  fe  forma  alors  deux  puil- 
fans  Partis;  ce  qui,  caufa  de  grands  troubles  dans  la  "Ville  durant  plu- 
fieurs  jours;  &  les  femmes  venoient  en  foule  autour  dti  Sénat  pour  prier 
les  Sénateurs  &  les  autres  Magiftrats  de  les  remettre  dans  leur  première 
liberté.  Enfin  elles  firent  tant  de  brigues,  qu'elles  obtinrent  leur  deman- 
de, &  firent  abolir  cette  Loi, vingt  ans  après  qu'elle  avoit  été  établie. 
*Joan.  Gerund./r^.  6. Parai  Hifpank.  SU  P. 

OPPIAN,  Poëte  &  Grammairien,  étoit  d'Anazarbe,  Ville  de 
Cilicie,  &a  vécu  dans  le  II.  Siècle.  Il  compofa  unPoëmedelachafle 
&  un  autre  de  la  pêche  ,  qu'il  dédia  à  Antonin  Câracalla ,  &  non  pas  le 
Fhilofophe ,  comme  a  crû  Eufebe;  &  cet  Empereur  fut  fi  fatisfait  de 
l'Ouvrage  d'Oppian,  qu'il  lui  fit  donner  un  écu  d'or  pour  chaque  vers. 
Cefl  pour  cela  qu'on  dit  les  vers  dorez  d'Oppian,  quoi  qu'ils  ayent  mé- 
rité ce  nom  par  leur  élégance.  Il  avoit  compofé  quelques  autres  Ouvra- 
ges que  l'on  a  perdus.  Il  mourut  en  fon  pais  âgé  feulement  de  30.  ans. 
Ses  Citoyens  lui  drefl'erent  une  ftatuë ,  &  mirent  uneEpitaphefurfon 
tombeau,  qui  fiifoit  entendre  que  les  Dieux  Favoient  fait  mourir,  par- 
ce qu'il  aurôit  furpafl"é  tous  les  mortels.  *  Eufebe  ,  in  chron.  Suidas, 
SczXigtx  ;  cxerc.  zi8.  z:)'  115.  iv  Poét.  isrc.  [La  meilleure  édition  de  ce 
Poëte  eft  celle  de  Leide  en  1597.  avec  les  notes  de  Conrad  Rhtershu- 
Jitis ,  à  la  tête  de  laquelle  on  trouve  la  Vie  d'Oppian ,  que  l'on  pourra  con- 
fulter.] 

ÔPPIDO,  Ville  du  Royaume  de  Naples,  dans  la  Calibre  Ulté- 
rieure, avec  titre  d'Evêché  Suffragant  de  Rheggio.  Les  Auteurs  Latins 
la  nomment  Oppidum. 

O  F  F 1 U  S  ou  OfiLius ,  dont  plufieurs  Autetifs  font  mention ,  & 
particulièrement  Macrobe,  li.  2.  Saturn.  c.  14.  c?  15. 

OP^IUS.  qu'on  nomme  auffi  Caius  Oppius,  Hiftorien  Latin,  à 
qui  quelques-uns  attribuoient  les  Commentaires  de  Cefar,  touchant 
les  guerres  d'Alexandrie ,  en  Afrique  &  en  hfpagne.  Suétone  en  fait 
mention.  On  croitauffiqu'il  afaitunTraité  des  Hommes  Illuftres.  Ta- 
cite dit  qu'il  fut  un  des  premiers  à  qui  Cefar  donna  le  pouvoir  de  trai- 
. ter  de  la  paix&delaguetre. "Suétone,  in  Cétf.c.  53.  Tàdîe, Hift.lib.z. 
Aula-GeWe, lib.l.Noùl.Attic.  cap.  i. Pline, Bifl.nat.l.  11. 1:4/1.145. VoflSus, 
lib,x.  de  H'ift.  Lat.  cap.  1 3,  crc 

OPPIUS  CHARES,  Grammairien,  qui  énfeignoit  dans  les  Gau- 
les, comme  nous  l'apprenons  de  Suétone,  M/>.  ^.de  illufi.Grammat. 

O  F  S.  Cherchez  Cibelé. 

OkTAT  ,  Evêque  de  Mileve  en  Afrique,  étoit  en  eftime  dansle 
IV.  Siècle ,  fous  l'Empire  de  Valentinien  &  de  'Valens.  11  écrivit  environ 
l'an  trois  (^ens  foixante-huit ,  fes  fept  excellens  Livres  du  Schifme  des 
Donatiftes  contre  Parmenien  Evêque  de  ces  errans.  Nous  avons  une 
édition  de  ce  Traité,  faite  en  163 1. à  Paris, avec  les  Notes  de  Fran- 
çois Baudoin,  celles  du  doâe  Gabriel  de l'Aubefpine , Evêque  d'Or- 
léans, &  diverfes  autres  pièces  fur  le  même  fejet.  On  nous  en  donna 
en  1676.  une  féconde,  plus  belle  &  plus  exaâ:e.[Meric  Cafaubom  tra- 
vaillé fur  cet  Auteur  &  en  a  donné  une  édition  à  Londres,  que  l'on  a 
éftimée  la  meilleure  ,  mais  tout  ce  qu'il  y  avoit  &  plufieurs ,autres  chol'es 
retrouvant  dans  celle  d'ElliesduPm  ,impriméea  Amlkrdarnen  1701. 
celle-ci  a  effacé  toutes  les  précédentes.]  Samt  Auguftin  parle  d'Optat 
comme  d'un  faint  Prélat,  &  d'un  excellent  defenléur  des  VeritezOr- 
thodoxes.  11  mourut  environ  l'an  380.  l'Eglife  en  fait  mémoire  le  4. 
Juin.  *  S.  Jérôme ,  de  Scnft-  Eccl.  c.  no.  S.  Auguftin ,  dedoH.  Chrift  lib.  z. 
c.  40.  co7it.  Parm.  c?c.  Honoré  d' Autun ,  de  lumin.  Eccl.  Tritheme  &  Bel- 
larmin  ,deScript.  Ecclef.  Baronius ,  in  Annal. e? Martyr. Baudoin  & f  Au- 
befpine ,  in  notis ,  Pithou  ,  Poflevin ,  &c. 

[OP'TAT ,  Conful  avec  Paulin ,  l'an  cccxxxiv.  fous  Tonflantin.  Il 
y  a  eu  un  Optât  Patricien  fous  le  même,  dont  parle  Zo/(we  Liv.  II.  Il 
y  en  a  eu  un  troifiémefousTheodofe/e  Gr^?.'^,Préfet  Auguftal.Ileneft 
parlé  dans  le  CodeTheodofien  ,  dans  les  Lettres  de  Libanius,  &  dans 
Sccrate  Liv.  vue.  16.  Jac.  Gothofredi  Profopogr.  Cod  Theod.] 

[OPTIME  ,  Evêque  d'Antioche  en  fifidie,  fous  Théo  Jofe  le  Grand 
en  cccLxxxi.  Il  en  ell  fait  mention  dans  le  Code  Theodofien  ,  1,  3.  ds 
fide  Catholica.  S.  Bafile  lui  a  écrit  fa  cccxvii.  Lettre  ^ac.  Gothofredi 
in  Profopographia  Cod.   Theodos] 

OPUN  l'E,  Ville  de  Grèce  dans  la  Bœotie,  près  du  Golfe  de  Negre- 
pont.Elle  a  eu  autrefois  titre  d'Evêché  Suffragant  d'Athènes.  *Strabon, 
Pline ,  Ptclomée ,  &c.  en  font  mention.  Confultez  auffi  Ovide,  lib.  i.de 
Ponto ,  eleg.  4. 

OR. 

ORACLE.  Plufieurs  Nations  ont  eu  des  Oracles:  mais  il  n'y  en  a 
pointde plus célebresqueceux qui ontété chez  les  Grecs. Quel- 
ques Auteurs  feperfuadent  que  ces  Oraciesn'étoient  que  des  ar- 
tifices des  hommes,  &  non  pas  des  prédi étions  faites  par  le  Démon.  Ils  di- 
fent  que  fi  on  examine  ces  Oracles  avec  application, on  trouvera  qu'il  n'y 
a  eu  en  cela  que  de  la  faulTeté  &  de  la  fuperfti  tion  ;&  que  lesSacrificateurs, 
qui  étoient  intcrelTez  en  cette  affaire ,  ont  impofé  au  peuple.  Voici  leurs 
remarques  &  leurs  raifons-L'oiigine  des  Oracles  des  Payens  eft  fort  an- 
cienne, puis  qu'Hom  ère ,  qui  eft  un  de  leurs  plus  anciens  Auteurs ,  en  fait 
mention.  II  parle  de  celui  de  Dodone,quiferendoit  par  lemoyend'un 
Chêne ,  &  dit  dans  fon  Livre  14.  de  lOd'ype ,  qu'Ulyfle  l'alla  confulter.  Il 
fait  auffi  mention  de  celui  AtYid'phti  ,danUelivre%.defonOdyj[ée ,oh. 
il  cite  un  Oracle  qui  fut  rendu  à  Agamemnon.  Quand  on  vientaconfi- 
dérer  les  Hiftoires  fur  lefquelles  on  appuyé  ces  OracIes,elles  reiîemblent 
plutôt  à  des  Fablesqu'à  de  véritables  Hiftoires.  Hérodote,  (/<2»îyîi»/é- 
cond  Livre  intitulé  tEuterpe ,  décrit  affez  au  long  l'origine  de  celui  de 
Dodone,  qui  eft  le  plus  ancien  de  tous.  Il  rapporte  que  les  Prêtres  de  ce 
lieu-là  difoientquedeuxColombesnoiress'étoient  envolées  de  Thebes 
en  Eg  ypte ,  dont  l'une  étoit  allée  en  Libye ,  &  l'autre  étoit  venue  chez 
eux  :  que  celle-ci  s'étant  perchée  fur  un  Chêne ,  on  l'avoit  entendue  par- 


ORA; 

ler,&  dire  qu'il  falloit  drelTer  en  ce  liéu-Ià  Un  Oracle  à  Jupiter.  Ce  qù* 
les  Prêtres  exécutèrent  auffi-  tôt ,  fe  perfuadant  que  cela  leur  étoit  annon- 
cé de  la  part  des  Dieux.  A  l'égard  de  l'autre  Colombe  qui  alla  en  Libye  > 
elle  fervit  à  établir  l'Oracle  de  Jupiter  Amraon. 

Comme  on  voit  manifeftementque  ce  difcours  eft  une  Fable ,  Héro- 
dote a  tâché  d'y  trouver  un  fens  hiftorique  dans  ce  mêm.e  endroit  que 
nous  venons  de  citer.  Il  prétend  que  ces  deux  Colombes  étoient  deux 
femmes  de  Thebes  en  Egypte , lefquelles  avoientété  enlevées  par  les 
Phéniciens ,  &  vendues  l'une  en  Grèce ,  &  l'autre  en  Libye  ;  es  la  Fable 
marque  que  c' étoient  des  Colombes,  parce  qu'elles  étoient  Barbares  ou 
Etrangères.  Et  comme  leur  Langage  n'étoit  entendu  de  perfonne  ,  on 
crut  qu'il  étoit  femblableàcelui  des  Oifeaux.  Onjdit  auffi  que  ces  Co- 
lombes étoient  noires,  parce  que  ces  femmes  étoient  Egyptiennes,  & 
qu'avec  le  tems  elles  apprirent  la  Langue  du  pais,ce  qui  a  fait  dire  que  ces 
Colombes  parlèrent  le  laj^age  des  hommes.  On  les  fait  venir  d'Egyp- 
te,parce  qu'en  effet  l'Egypte  eft  la  fource  &  l'origine  de  tc^s  les  Oracles: 
6c  les  Grecs  ont  pris  de  ce  pais-là  tout  ce  qui  regarde  les  divinations. Le 
Philofophe  Hermeias  rapporte  une  autre  raifon  de  cette  Fable.  11  dit  que 
l'on  a  prétendu  que  c'étoit  un  Chêne  qui  rendoit  à  Dodone  ces  Oracles; 
parce  que  c'étoient  des  femmesappellées  Colombes ,  qui  avoient  la  tête 
couronnée  de  chênes  ;&  que  leur  nom  &  leur  couronne  a  donné  occa- 
fion  à  la  Fiable.  Plutarque  fur  Pyrrhus, fait  cet  Oracle  plus  ancien  :  car- 
il  veut  queDeucalion&Pyrrha  ayent  été  le  confulter  pour  la  répara- 
tion du  Genre  humain , après  le  Déluge  Univerfel.  Cequia  donné  oc- 
câfion  à  Goropius  d'inventer  une  explication  fubtile  de  cette  Fable.  II 
prétend  que  par  Deucalionil  faut  entendre  Noé;&par  les  deux  Colom- 
bes ,  deux  Navires  avec  lefquels  il  aborda  au  Peloponnefe.  11  ajoute  qu'il 
nomma  ces  deux  Navires  Colombes ,  en  mémoire  delà  Colombe  qu'il  en- 
voya par  deux  fois  horsdel'Arche.  Mais  iln'yaguéres  d'apparence  de 
vérité  à  toute  cette  Hiftoire  :  car  fi  l'on  confulte  les  anciens  Auteurs  qui 
en  ont  écrit,  ils  ne  s'accordent  pas  du  lieu  où  étoit  cet  Oracle  nommé 
Dodone.  Les  uns  le  mettent  en  Epire,  les  autres  en  Theflalie,  &  d'autres 
dans  le  Peloponnefe.  C'eft  ce  qui  paroîtdeStrabon,dePhne,&dePau- 
fanias.  Mais  en  quelque  part  qu'il  ait  été,  fi  on  examine  de  près  cet  Ora- 
cle, &  même  tous  les  autres  que  les  Payens  ont  confultez,  on  n'ytrou- 
verarien  d'extraordinaire.  Ils  n'étoient  fondez  que  fur  des  réponfes  am- 
biguës.&furl'artifice  des  Sacrificateurs.  Paufanias  rapporte  certains  Vers 
anciens ,  qui  difent  que  des  hommes  venus  des  Hyperborécns,  fondèrent 
les  Oracles,  nommez  Pagafe  &  Agye.  Ces  Hyperboréens  font  des  peu- 
ples de  Sarmatie ,  qui  habitent  au  deiTus  des  Arimafpes  proch:  de  la  Mer 
Glaciale.  Heïodots,dansfonUvre 4.  intitulé  Mclporfiene,raconK  qnc  deux 
filles  vinrent  anciennement  en  Grèce ,  ovi  elles  apportèrent  de  petites 
chapelles  enveloppées  dans  de  la  paille  de  froment,  qui  furent  en  gran- 
de vénération  dans  l'ifle  de  Delos.  Les  habitans  de  Delos  difent ,  que  des 
Hyperboréens  elles  vinrentauxScythes,&c  que  des  Scythes,  après  avoir 
pafle  quelques  peuples,  elles  parvinrent  jufques  dans  l'Occident,  &  de  là 
fe  répandant  vers  le  Midi ,  elles  furent  reçues  de  ceux  de  Dodone,  d'où 
elles  furent  tranfportées  en  plufieurs  autres  endroits  de  la  Grèce  ,  & 
enfin  dans  l'ifle  de  Delos.  Si  l'on  fait  reflexion  fur  les  noms  qu'Héro- 
dote donne  à  ces  deux  filles,  on  reconnoîtra  facilement  qu'il  n'y  a  rien 
dans  ce  récit  que  de  fabuleux.  Il  lesappelleHyperoché  8c  Laodice,q«i 
font  des  noms  purement  Grecs,  &  qui  ne  peuvent  avoir  aucun  rapport 
avec  le  langage  barbare  du  pais  d'où  on  dit  que  ces  filles  étoient  for- 
ties. 

Quoi-qu'il  en  foit , de  toutes  ces  Hiftoires&deplufieursautresqu'oii 
trouve  dans  les  anciens  Auteurs  lorfqu'ils  traitent  de  l'origine  des  Ora- 
cles, il  eft  ïifé  de  faire  voir,  (  difent  les  Savans,)  que  toutes  leurs  ré- 
ponfes ,  qu'on  attribue  aux  Démons ,  n'ont  été  que  des  impoftures  des 
Prêtres  Payens,  qui  répondoient  eux-mêmes  par  la  bouche  de  la  Pythie, 
ôc  faifoient  accroire  au  fimple  peuple  qu'un  Démon-,  ou  demi-Dieu 
avoit  parlé.  Ce  fentiment  eft  appuyé  fur  des  témoignages  de  plufieurs 
grands  hommes  tant  ChrétiensquePayens.  Clément  d'Alexandrie  par- 
lant de  ces   Oracles  dans  Ion  difcours  intitulé  Protrepticos ,   qui  eft: 
une  exhortation  aux  Gentils,  dit  que  toutes  ces  fureurs  extatiques 
font  de  véritables  tromiperies  d'hommes  infidèles.  Eufebe ,  qui  traite 
cette  queftion  aflez  au  long  dans  fes  Livres  de  la  Préparation  à  l'E- 
vangile ,  avoue  que  ceux  qui  voudront  prendre  la  peine  d'examiner  cet- 
te affaire  avec  foin,  trouveront  qu'il  n'y  a  que  de  l'artifice  Se  de  la  trom- 
perie: que  ces  Oracles  ne  peuvent  venir  ni  de  Dieu,  ni  du  Diable ,  mais 
que  cefontdesverscompofez  par  deshommes  qui  avoient  quelque  ha- 
bileté ,  &  qui  les  vendoient  comme  des  Oracles  des  Dieux. Il  ajoute,que 
la  prévention  oii  les  peuples  étoientdepuis  long-temps  touchant  ladi- 
vinité  de  ces  Oracles  avoit  beaucoup  contribué  à  les  faire  valoir,  auffi- 
bien  que  les  ténèbres  parmi  lefquelles  on  les  prononçoit,&  les  cavernes 
&  heux  fecrets  où  l'on  entroit  pour  les  compofer.  Le  même  Eufebe  s'ap- 
puye  auffi  fur  l'opinion  des  anciens  Philofophes,pour  faire  voir  qu'il 
n'y  avoit  que  de  la  faufleté  8c  de  la  tromperie  dans  les  réponfes  des  Ora- 
cles. Il  produit  entr'autres  Ariftote  &  tous  les  Peripâtcticiens,qui  ont. 
afluréqu'iln'yavoit  dansles  Oracles  que  de  l'artifice  de  la  part  des  Prê- 
tres, qui  abufoient  le  peuple  fous  prétexte  de  Divinité.  C\cer6n,dans  fon 
livre  7..  de  la  Divination,  parle  d'autres  feftes  de  Philofophes  qui  avoient 
les  mêmes  fentimens  touchant  les  Oracles,  8c  qui  fe  moquoient  princi- 
palement del'Oraclefameux  rendu  à  Crefus.  Ciceron  ajoute  que  ce- 
lui d'Ennius,  viio  teJEacida  Romanos  vincere  poffe ,  eH.  femblable  ;  qu'il 
a  été  fait  à  l'imitation  de  l'autre.  Si  plus  ridiculement,  parce  qu'Apol- 
lon n'a  jamais  parlé  Latin.   Demofthene,  long-tems  avant  Ciceron, 
avoit  découvert  cette  fourberie  des  Oracles,  fe  plaignant  que  la  Pythie 
Philippifoit ,  c'eft-à-dire, qu'étant  corrompue  par  argent  elle  donnoit 
des  réponfes  favorables  à  Philippe  Roi  deMacedoine.  Minutius  Félix 
ne  parle  point  auffi  autrement  des  Oracles  dans  fin  Oâîavius  ,oi\i\àit 
que  celui  de  Delphes,  qui  ne  donnoit  que  des  réponl'es  ambiguës  8c  plei- 
nes d'artifice ,  s'eft  évanoui  lorfque  les  hommes  ont  commencé  d'être 
plus  polis  8c  moins  crédules.    C'eft  pourquoi  Ciceron  alTure  que  de 
ion  tems,  8c  mêmelong-teras  avant  lui  ,   on  n'avoit  que  du  mépris 
pour  l'Oracle  de  Delphes.  Ce  qui  fervit  auffi  beaucoup  à  donner  de 
la  réputation  aux  Oracles,  fut  que  ceux  qui  gouvcrnoient  des  Etats  au- 
torifoient  leurs  Loix  par  le  moyen  de  ces  Oracles,  comme  fit  Lycur- 

S'JÇ 


ê 


ORÀ. 

gueàl'égarddesLacedemoniens.  Themiftocle  eut  auffi  recoursàî'O- 
raclepour  appuyer  l'avis  qu'il  donna  aux  Athéniens  d'abandonner  leur 
VilleauxPerfes,  &  de  monter  fur  les  vaifleaux,  afin  de  les  combattre. 
Le  peuple,qui|ne  pouvoir  entendre  à  cette  propofîtion,8<:  qui  aimoit  au- 
tant mourir  que  d'abandonner  fa  Ville  &fes  Dieux,  fut  enfin  perfuadé 
parla  rcponfe  d'Apollon  qui  leur  commanda  de  le  faire.  Ce  fut  au  moins 
de  cette  manière  que  l'Oracle  fut  interprété.comme  on  le  peut  voir  dans 
le  feptiéme  Livre  d'Hérodote  intitulé  Polymnia.  Plutarque  dit  en  par- 
lant de  Themiltocle,  que  defefperant  d'attirer  le  peuple  à  fon  opinion 
par  des  raifons  humaines ,  il  s'avil'a  d'avoir  recours  aux  Signes  celeftes , 
_  aux  Oracles,  &  aux  réponfes  des  Dieux.  Lorfque  Pompée  voulut  réta- 
'  blirPtolomée  dans  l'Egypte,  il  fit  entendre  aux  Romains  qu'il  y  avoit 
un  Oracle  de  la  Sibylle,  quidifoit  que  le  Royaume  d'Egypte  venant 
à  manquer ,  il  naîtroit  un  Prince  qui  feroit  Roi  de  toute  la  terre. 
Ainfi  l'autorité  des  Magiftrats  fortifioit  les  tromperies  des  Ora- 
cles. 

Outreces  témoignages,  on  peut  aufli  apporter  quelques  raifons  pour 
prouver  que  ce  n'étoit  aucune  Divinité ,  ni  aucun  Démon  qui  rendit  ces 
Oracles;  &  qu'il  n'y  avoit  que  les  Prêtres  Payens  qui  les  compofoient. 
On  peut  voir  dans  Plutarque ,  lorfqu'il  parle  de  la  ceiTation  des  Oracles , 
que  devant  qu'on  les  coniultât  il  falloit  immoler  une  vidime,  dont  les 
Prêtres  obfervoient  avec  attention  les  entrailles,  &  quand  ils  ne  les  trou- 
voient  pas  telles  qu'ils  fouhaitoient ,  ils  n'introduifoient  point  la  Pythie 
dans  la  Grotte:  Ce  qu'ils  faifoient ,  parcequ'ils  conjeduroientles  cho- 
fes  futures  par  les  entrailles  des  viâimcs',  félon  la  divination  ordinai- 
re qui  étoit  en  ufage  chez  les  Payens;  &  les  Sacrificateurs  y  accoramo- 
doient  les  réponfes  qu'ils  vouloient  donner  à  ceux  qui  venoient  les  con- 
fulter.  De  plus,  il  y  avoit  toujours  un  grand  nombre  de  Poètes  à  l'entour 
del'Oracle,  qui  réduifoient  en  vers  les  réponfes  de  la  Pythie.  La  trom- 
perie qui  fe  faifoit  à  l'Oracle  de  Dodone  étoit  plus  groffiere  :  car ,  félon 
Suidas  Jur  le  mot  Dodone ,  ce  n'étoit  autre  chofe  qu'une  ftatuë  pofée  fur 
une  colonne,tenant  en  fa  main  une  verge  dont  elle  frapoit  un  baflin  d'ai- 
rain ,  lorfqu'un  chêne  étoit  agité  duvent;  &quandonentendoitcefon 
qui  rendoit  quelque  harmonie  ,  les  Propheteffes  crioient  que  Jupiter 
avoit  répondu  :  de  forte  que  fi  nous  nous  en  rapportons  à  Suidas,  les  voix 
de  ces  Démonsn'étoientpoint  articulées.  Il  rapporte  encore  que  l'Ora- 
cle de  Dodone  étoit  tout  environné  de  vaiffeaux  d'airain  qui  fe  tou- 
choientl'un  l'autre;  ce  qui  faifoit  que  l'un  étant  frappé,  les  autres  ren- 
doientenfuite  un  fon  harmonieux  pendant  quelque  efpace  de  temps.  Il 
ajoute  qu'Ariftotefefnoquoit  de  cet  artifice,  prétendant  que  ce  n'étoit 
autre  chofe  que  deux  colonnes ,  fur  l'une  defquelles  il  y  avoit  un  vailTeau 
d'airain,  &  fur  l'autre  l'effigie  d'un  enfant  qui  tenoit  un  fouet  en  fa  main , 
dontles  courroyes  étoient  auffi  d'airain,  &  quand  elles  étoient  agitées  du 
vent  &  pouflees  contre  le  vaiffeau ,  elles  rendoient  un  fon  aifez  agréa- 
ble ;  d'où  eft  venu  ce  proverbe  chez  les  Grecs ,  l'airain  de  Dodone, 
dont  ils  fe  fervent ,  dît  Suidas ,  contre  ceux  qui  s'arrêtent  à  peu  de 
chofe. 

On  peut  faire  quelques  objeffions  cotitre  ce  qu'on  vient  de  dire  tou- 
chant les  Oracles.  On  objedepremierementque  les  Oracles  ont  cefie 
à  la  venue  de  Nôtre-Seigneur;  &  on  le  prouve  par  un  ouvrage  de  Plutar- 
que qui  a  fait  un  traité  ovi  il  tâche  d'apporter  des  raifons  de  la  celTatioa  de 
ces  Oracles.  Il  récite  même  une  Hii^oire  étrange  de  la  mort  du  grand 
Pan ,  qui  arriva  fous  l'Empereur  Tibère  :  d'où  l'on  conclut  qu'il  falloit 
que  les  Oracles  fuflent  rendus  par  des  Démons;autrement  les  Sacrifica- 
teurs Payens,  s'ils  avoient  été  en  effet  les  Auteurs  des  Oracles,  les  euf- 
fent  plutôt  augmentez  qu'abolis  au  temps  des  Chrétiens  qui  s'en  mo- 
quoient.  On  répond  à  cela  que  les  Oracles,  du  filence  defquels  Plutar- 
que fe  plaint,  avoient  ceffé  plus  de  quatre  cens  ans  avant  la  venue  de  Nô- 
tre-Seigneur :  A  quoi  l'on  peut  ajouter  que  ceux  qui  étoient  en  vigueur 
devant  fa  Naiffance ,  fubfifterent  encore  avec  éclat  après  fa  mort.  On  ne 
trouve  point  danslesHiftoiresqu'ilfoitfaitmention  d'un  Oracle  après 
la  guerre  des  Perfes ,  finon  de  celui  de  Delphes.  Les  Oracles  d' Am phia- 
raiis,  de  Ptolis,  de  Branchide&  les  autres  n'eurent  plus  aucun  crédit. 
Plutarque  même,  dans  fon  Traité  de  la  ceflation  des  Oracles ,  voulant 
prouver  qu'ils  avoient  été  autrefois  en  grande  efl:ime ,  ne  produit  point 
d'exemples  de  leurs  réponfes  plus  nouveaux ,  que  de  celles  qu'ils  donn  e- 
rent  dans  le  temps  de  la  guerre  des  Perfes.  Etcefutpource  fujet  qu'il 
publia  ce  Traité,  où  il  ne  donne  pas  des  raifons  pour  prouver  que  les 
Oracles  avoient  ceffé  de  fon  temps,  mais  il  cherche  pourquoi  ils  n'é- 
toient  plus  en  vigueur  depuis  un  fi  long-temps.  Pour  ce  qui  eft  de  la 
mort  du  grand  Pan ,  c'eft  une  Fable  que  Plutarque  rapporte  avec  plu- 
sieurs autres  dont  il  a  coutume  d'orner  fon  difcours  :  Quand  on  fup- 
poferoit  même  ce  conte  véritable ,  on  n'en  pourroit  conclure  autre  cho- 
fe, finon  que  les  Démons,  après  avoir  vécu  long-temps,  meurent  aufli- 
bien  que  les  hommes.  C'eft  le  fens  qu'on  doit  donneraux  paroles  de 
Plutarque  ;  &  Eufebe  ne  l'explique  point  d'une  autre  manière  dans  fon 
Livre  delà  Préparation  à  l'Evangile.  On  objeéle  en  fécond  lieu,  que  les 
DémonsmêmesonttémoignédansleursOraclesquela  crainte  du  nom 
de  Jésus-  Christ  les  empêchoit  de  répondre  à  leur  ordinaire;  com- 
me fit  celui  de  Delphes  à  Augufte  touchant  fon  Succeffeur ,  que  Cedre- 
hus  a  cité  d'Eufebc.  Suidas  &Nicephore  ajoutent  à  cela  qu' Augufte  é- 
tant  retourné  à  Rome  fit  dreffer  un  Autel  au  Capitole  avec  cette  Infcrip- 
tion  Ara  primogeniti  Dei.  Il  y  a  de  plus,  dit-on,  des  Oracles  qui  ont 
attribué  non  feulement  à  Nôtre-Seigneur  cette  vertu;  mais  auffi  aux 
Martyrs,  comme  celui  qui  futrendu  à  Julien  l'Apoftat  dans  le  Temple 
deDaphné,  proche  d'Antioche,  quidifoit  que  les  morts  enterrez  au- 
près de  lui empêchoientfes réponfes,  &par  ces  morts  ilcntendoit  les 
os  du  Martyr  Babylas,  que  Julien  fit  tranfporter  ailleurs  pour  ce  fujet, 
parles  CHrétiens.  C'eft  ce  qu'on  peut  voir  dans  l'Hift.  Ecclef.  de  Theo- 
doret2w.3.  ce.  lo.  &  ce  qui  eft  auffi  rapporté  par  Socrate  &  par  Sozo- 
mene.  Il  eft  facile  de  répondre  à  cette  objeélion  ,  car  il  eft  certain 
que  les  Oracles  n'ont  point  ceffé  entièrement  en  ce  temps-là ,  comme 
on  le  peut  prouver  par  Plutarque  qui  fait  mention  de  quelques-uns  qui 
fubfiftoient  encore,  &  il  affure  même  que  de  fon  temps  l'Oracle  de 
Delphes  étoit  en  plus  grande  réputation  qu'il  eût  jamais  été.  A  l'égard  de 
3'Oracle  que  Cedrenus  a  cité  d'Eufebe ,  il  eft  manifeftement  faux  :  car  il 
a'y  a  aucun  Hiftorien  qui  ait  fait  mention  qu' Augufte  ait  jamais  conful- 


^ 


I  té  l'Oracle  de  Delphes.  Il  n'y  a  de  plus  aucune  apparence  qu' Augufte 
ait  été  en  fa  vieilleffe  de  Rome  à  Delphes ,  pour  favoir  qui  feroit  fbii  fuc- 
ceffeur,ayant  deftinépour  cela  Tiberc:il  eft  même  confiant  qu' Augufte» 
après  les  guerres  Civiles,  n'eft  point  forti  d'italie.f  Pour  ce  qui  eft  de  l'ob- 
jedlion  qu'on  tire  de  l'Oracle  deDaphné  qui  retufa  de  répondre  à  l'Em- 
pereur Julien  ,  on  peut  dire  que  toute  cette  affaire  ne  fut  qu'une  rufe  des 
Sacrificateurs  ennemis  des  Chrétiens ,  lefquels  crurent  pouffer  Julien  par 
cet  artifice  à  détruire  entièrement  ces  Reliques.  On  ne  dit  point  que  l'O- 
racle répondit,  après  que  les  Reliques  furent  tranfportées  en  uri  autre 
lieu:  Et  en  effet  il  y  a  de  l'apparence  que  Julien  facrifia  feulement  àApol- 
lonen  ce  lieu-là,comme  le  rapporte  Zofime.  llneparoîtpasmêmequ'il 
y  eût  là  aucun  Oracle ,  mais  feulement  un  Temple  qu'Antiochus 
Epiphanes  y  avoit  fait  bâtir  ,  félon  le  témoignage  d'Ammian  Mar- 
cellin. 

Au  refte ,  on  peut  dire  que  les  Oracles,  qUi  étoient  fi  célèbres  chez  les 
Grecs,  ont  ceffé  la  plupart  après  la  guerre  des  Perfes  ;  parce  qu'avant  ce 
temps-là  la  Grèce  étoit  très-riche,  &  remplie  d'un  grand  nombre  de  peu- 
ples ignorans  &  fuperftitieux:ce  qui  donna  occafion  aux  Prêtres  d'inven- 
ter &  de  multiplier  les  Oracles.  Mais  après  les  guerres  qui  défolerent  les 
Villes  &  des  Provinces  entières  ;  les  Prêtres  furent  obligez  d'abandonner 
leurs  poftcs ,  &  de  fe  retirer  dans  les  lieux  que  les  guerres  n'avoient  point 
ruinez:  c'eft  pourquoi  les  Oracles  que  les  Prêtres  avoient  abandonner, 
difparurent  bien-tôt.  11  fe  peut  auffi  faire  que  les  Temples  de  Grèce 
ayant  été  brûlez  par  Xerxès,  une  grande  partie  de  ces  Oracles  furent 
détruits.  La  caufedeleurccffation  après  Jesus-Christ  doit  être  attri- 
buée à  la  Prédication  de  l'Evangile,  qui  fit  découvrir  les  tromperies  & 
les  rufcs  des  Sacrificateurs.  '"'R.Simon.  [Voyez  le  Livre  de  Oraculis  de 
van  Dale ,  fmprimé  à  Amfterdam  en  1683.  où  l'Auteur  foûtient  que 
les  Oracles  n'étoient  que  des  impoftures  des  Prêtres.] 

Voilà  l'opinion  de  quelques  Savans,  mais  la  plupart  croyent  que  fi 
les  Oracles  des  Payens  ont  été  fou  vent  des  impoftures  faites  par  les  Sa- 
crificateurs qui  abufoient  de  la  fimplicité  du  peuple ,  cela  n'empêche 
pas  que  le  Démon  n'y  ait  eu  part ,  pour  s'attirer  quelque  culte ,  &  pour 
augmenter lafuperftition.  LesPhilofophesPayens  ont  été  de  ce  fenti- 
ment ,  fpécialement  Platon  ,  Xcnocrate ,  Chryfippc ,  Democrite ,  avant 
la  Naiffance  de  Jesds-Christ  ,  Porphyre,  lamblique,  &  autres  qui 
ont  vécu  dans  les  premiers  Siècles  de  l'Egiife.  Ces  f  hilofophes  attri- 
buent les  Oracles  non  feulement  aux  Dieux  Seaux  bons  Génies;  mais 
auffi  aux  mauvais.  Ils  difént  que  les  Dieux  Scies  bons  Démons  ne  trom- 
pent jamais,  &ne  confeillentriend'injufte:  &  que  les  mauvais  men- 
tent dans  leurs  Oracles,&  donnent  de  pernicieux  Confeils.  Tous  les  Au- 
teurs Chrétiens  de  la  primitive  Eglifc  ont  crû  que  le  Démon  avoit  ren- 
du des  Oracles;  entr'autresAthenagoras,  TertuUien,  Minucius  Félix, 
Origene,  Eufebe,  Firmicus ,  Sec.  Voici  ce  que  Tcrtullien  dit  des 
Démons  :  ils  veulent  imiter  la.  Divinité ,  en  s  attribuant  la  divination. 
Mais  les  Crœfiis ,  C?  les  Pyrrhus  favent  avec  quel  artifice  ils  rendent  leurs 
Oracles  ambigus ,  peur  les  accommoder  aux  évenemens.  Minucius  Félix, 
en  parle  ainfi.  Ces  Démons  V  Efprits  impurs ,  comme  ont  montré  les  Ma- 
ges, les  Philosophes  ,  çy  Platon,  fe  cachent  fous  les  Statues  v"  les  Images 
'qui  leur  font  confacrées  ,crc.  ils  rendent  des  Oracles ,  envelopez  de plufieurs 
faftjfetez;  car  ils  fe  trompent ,  ne  fâchant  pas  la  vérité;  &  ils  trompent 
les  autres  ,  ne  découvrant  pas  celles  qu'ils  peuvent  favoir.  Eufebe  s'é- 
tend fort  fur  les  artifices  ôc  les  tromperies  de  ceux  qui  féduifoient 
le  peuple  par  leurs  faux  Oracles  ,  mais  après  il  ajoute  qu'il  faut 
avouer,  fuivant  le  fentiment  des  Pères  de  l'Egiife  ,  que  les  Démons 
ont  auffi  rendu  des  Oracles  dans  les  Statues  qui  leur  étoient  con- 
facrées ,  ou  par  les  perfonnes  qu'ils  poffédoient.  Entre  les  Auteurs 
récens  ,  le  favant  Voffius  foûtient,  que  fi  quelques  Oracles  ont  été  dts 
impoftures  de  perfonnes  cachées ,  il  ne  s'enfuit  pas  qu'il  n'y  en  ait  point  eu 
qui  ajmt  été  rendus  par  les  Démons  pour  féduire a' tromper  ceux  qui  les 
confuhoient  :  CT  que  s'il  y  avott  des  équivoques ,  ceft  que  les  Démons  ne  fa- 
vent pas  l'avenir ,  iy  n'en  peuvent  avoir  que  quelques  conjeâlures  fubtiles , 
mais  fujettes  à  l'erreur  :  C'eft  pourquoi  ils  étoient  obligez,  de  fi  fervir  de 
paroles  obfcures  c  ambiguës  ,  afin  de  faire  croire  qu'on  n' avoit  pas  bien 
entendu  le  fens  de  l'Oracle  ,  fi  l'événement  n  étoit  pas  tel  qu'on  ï avoit  ef- 
peré.  Il  eft  fait  mention  de  ces  Oracles  du  Démon  dans  l'Ecriture  Sain- 
te. Au  IV.  Livre  des  Rois  fA^/i.  I.  il  eft  dit  qu'Ochofias  Roi  d'Ifraël 
envoya  confulter  Beelzebub  Dieu  d'Accaron ,  fur  l'événement  de  fa 
maladie,  &  que  le  Prophète  Elle  alla  de  la  part  du  vrai  Dieu  au  de- 
vant des  Officiers  de  ce  Roi  pour  leur  demander  pourquoi  ilsalloient 
confulter  ce  faux  Dieu  d'Accaron.  Il  eft  parlé  d'une  Pythoniffe  à  la- 
quelle Saiil  eut  recours,  dans  le  I.  Livre  des  Rois,  chap.  28.  &:  d'une 
autre  Pythoniffe  dont  laint  Paul  chaffa  le  Diable  qui  lui  faifoit  devi- 
ner l'avenir,  aux  Ades des  Apôtres,  c^/T/'.  16.  Je  finis  cet  Article  avec 
les  paroles^e  Cœlius  Rhodiginus ,  liv.  2.  chap.  1 1.  des  anciennes  Leçons: 
Omnino  non  abfique  D&monum  participatu  hac  traHabatur  negocialto ,  ut 
quidquid  fenfiro  promam  ingénue.  Après  avoir  rapporté  toutes  les  im- 
poftures des  Sacrificateurs,  il  conclut  ainfi.  Certainement  tout  cela  ne 
fi  faifoit  point  fans  la  participation  cr  Ventremife  des  Démons,  pour  dire 
ingénument  ce  que  j'en  penfi.  Les  Oracles  les  plus  célèbres  étoient  ceux 
d'Apollon  dans  le  Temple  de  Delphes ,  ville  de  laPhocide  en  Grèce  :  de 
Jupiter  Dodonéen,  dans  l'Epire:  de  Jupiter  Ammon,  dans  l'Afrique: 
d'Apollon  Clarius  proche  deColophon,  ville  d'Ionie  dans  l'Afie  Mi- 
neure: de  Serapis,  à  Alexandrie  d'Egypte:  de  Trophonius,  dans  la 
Bœocie:  de  la  Sibylle  de  Cumes ,  en  Italie ,  cyc  *Tertullien,^/'o%/. 
chap  11.  Minucius  Félix,  in  Oâiavio.  Eufebe,  Pr£par.  Evang.  liv. 4. 
Voffius.  de  Idol.l.x.  C.6.  SU  P. 

ORAISON  (Marthe  d')  Baronne  d'Allemagne,  8c  Vicomteffe  de 
Salernes,  très-illuftre,  par  fa  naiffance  &c  par  fa  pieté.  Elle  étoit  fille 
de  François  Marquis  d'Oraifon  èc  de  Madeleine  de  la  Louve,  &fut 
mariée  au  Baron  d'Allemagne  des  Maifons  du  Mas  &  de  Caftellane, 
qui  fut  tué  en  duel  à  Aix  par  le  Baron  de  la  Roque.  LePereHilarion 
de  Cofte  a  fait  l'éloge  de  cette  illuftre  Dame  célèbre  dans  le  XVIL 
Siècle. 

O  R  AN ,  Ville  d' Afrique ,  fur  la  côte  de  Tremifen  &  dans  le  Royau- 
me d'Alger.  Les  Efpagnols  qui  la  nomment  Orano ,  en  font  maîtres 
depuis  l'an  1 509,  qu'ils  la  prirent  fous  le  Cardinal  Ximenès,  Elle  eft  fur 

ose 


64  O  R  A. 

une  colinc  >  avec  un  port  affez  commode  &  une  Fortereffe.  Elle  eft  cen- 
leedu  Diocefe  de  Tolède,  quoi  qu'elle  en  Ibit  extrêmement  éloignée. 
Les  habitans  du  pais  lui  donnent  le  nom  de  Guharan.  Elle  a  eu  aiitrefois 
celui  de  'ituija.  Les  Turcs  l'alTiegerenc  inutilement  en  1556. 
^  ORANGii,  Ville,  Evêché  &  Frincipaute  de  France,  en  Proven- 
ce,a  une  lieùë  du  Rhône  ,ôc  environ  atroisd'Avignon. Les  Anciens 
l'ont  nommée  diverfement,^rfl«^5  Civaram  ou  Secundanorum,  Araufi- 
ca  Civitnii/iAranfioyienjisurbs,  qui  elt  le  nom  que  lui  donne  Sido- 
rius  ApoUinaris.  Quelques-uns  ont  eftnné  qu'elle  fut  bâtie  parles  l^ho- 
céehs ,  fondateurs  de  MarfeiUe:  Mais  a  la  vérité  cette  origine  eft  peu 
certaine.  11  n'elt  pourtant  pas  difficile  de  juger  qu'Orange  eft  une 
Ville  très-ancienne ,  &  qu'elle  a  été  unportante  ,  quand  on  conlidére  ces 
reftes  de  la  magnificence  des  Romains  que  les  Voyageurs  ne  manquent  j 
jaraaisd'y  admirer.  Car  ony  voit  un  Cirque, bâti  avec  beaucoup  d'art; 
&  les  lieux  d'oii  l'on  tiroit  les  bêces ,  avec  des  aqueducs.  Ony  trouve  ' 
une  partie  d'une  grolfe  Tour ,  que  quelques-uns  prennent  pour  un  Tem- 
ple de  Diane,  &  uiverles  autres  pièces  anciennes. iMais  le  refte  d'un  arc  de 
triomphe  qui  eft  hors  des  murailles,  mérite  qu'on  le  conlidére.  Caius 
Marins  &  Luûatius  Catulus  le  firent  élever ,  après  la  viétoire  rempor- 
tée fur  les  Cimbres  ë:  les  Teutons.  La  Ville  étoit  autrefois  beaucoup 
plus  grande  qu'elle  n'eft  aujourdfaui:  mais  elle  a  beaucoup  fouffert  par  ' 
les  courfes  de  divers  Barbares.  Sa  fituation  eft  préfentement  vers  les  pe- 
tites Rivières  d'Aiguës  &  de  Maine,à  une  lieuë  du  Rhône,  comme  je  l'ai 
déjà  dit.  Sa  ForterefTe ,  que  Maurice  de  Naffau  Prince  d'Orange  rendit 
léguliere  en  i6iz.  étoit  fur  une  coline,8c  faifoit  confiderer    Orange 
comme  une  des  plus  fortes  Villes  de  l'Europe. Mais  elle  a  été  rafée  depuis 
l'an  1600.  comme  tout  le  monde  le  fait.  On  prétend  que  Guillaume 
furnommé  le  Cornet  ou  au  Coari-Kcz,,  fut  Prince  d'Orange  dutemsde 
Chaiiemagne,  environ  l'an  800.  Ses  defccndans  en  jouirent  jufqu'à 
Rambaud  IV.  qui  étant  mort  fans  enfans  environ  l'an  ii77.Tiburge 
porta  cet  Etat  à  Bertrand  de  Baux.  Leur  fils  Guillaume  commença  la 
féconde  race  des  Princes  d'Orange,  quife  continuajufqu'en  1393.  que 
Raimond  V.  mourut  fans  enfans  mâles,  &  que  Marie  de  Baux  fa  fille 
transfera  la  Trincipauté  dans  la  Maitbn  de  Chàlon  ,  par  fon  mariage  avec 
Jean  de  Chàlon.  Leur  fils  Louis  eut  Guillaume  VIII.  qui  laiflajeanll. 
père  de  Philibert.  Ce  dernier  mourut  fans  enfans  en  ijoz.  lailTa  hé- 
ritière fa  fœur  Claude ,  mariée  a  Henri  de  Naffau.  Ainfî  ce  petit  Etat 
fut  tranfporté  dans  cette  quatrième  Maifon.  René  fils  de  Henri  de  Naf- 
fau &  de  Claude  de  Chàlon,  PrincefTe  d'Orange,  en  futhéritier:  mais 
étant  mort  fans  enfans  en  I54^.  il  fit  héritier  Guillaume  deNaflaufon 
oncle  paternel.  On  lait  affez  que  Guillaume  IX.  de  ce  nom  .eutdedi- 
verfes  femmes,  Philippe,  Guillaume,  Maurice  &  Frédéric  Henri,  qui 
tous  ont  été  Princes  d'Orange  ;  ik  que  ce  dernier  eut  Guillaume  de  Naf- 
fau ,  qui  époufa  Henriette  -  Marie,  fille   de   Charles   I.  &  qui  eft 
père  du  Prince  d'Orange  d'aujouid'hui.Ce  que  j'expliquerai. plus  par- 
ticulièrement dansla  fuite  ,  en  parlant  de  tous  les  Princes  d'Orange ,  de- 
puis Guillaume  I.  Cette  Principauté  comprend  Orange ,  Courthezon, 
Jonquieres  &  Gigondas,  clos  de  Murailles,  avec  quelques  autres  petits 
Bourgs.  Elle  a  quatre  lieues  delongueur,  &  quatre  de  largeur  ,&  elle 
eft  enclofe  dans  le  Comté  Venaiffin.  Leterroiryeft  extrémementfer- 
tile ,  &  fur  tout  en  vins ,  en  bleds ,  en  fafran ,  &c.  La  Ville  d'Orange  a 
Univeriïté  établie  par  Raimond  V.  en  1 365.02:  Parlement  .fondé  par 
Guillaume  de  Chàlon  en  1470.  Il  eft  très-lur  que  les  Comtes  de  Proven- 
ce ont  eu  la  haute  Souveraineté  de  cet  Etat;  &que  les  Princes  d'Oran- 
ge leur  en  ont  faithommage.  Ainfi  cette  Principauté  eft  mouvanteen 
fief  8c  hommage-lige  du  Comté  de  Provence.  L'EvêchéetlSuffragant 
d'Arles,  &  il  y  a  eu  d'illjjftrcs  Prélats;  comme  Confiance  quife  trouva 
au  Concile  d'Aquiléé  en'381.  Saint  Eutrope  à  qui  le  Pape  Hilaire  &J 
Sidonius  Apollinaris  écrivirent,  S.  Florent,  &c.  11  ne  faut  pas  auflr  ou- 
blier que  l'Ordre  de  Malte  a  eu  une  partie  de  la  Seign  eurie  de  liVillc  d'O- 
range ,  qui  loufFrit  extrêmement  dans  le  XVI. Siècle, par  la  violence 
des  Calviniftes,  foûtenus  par  l'autorité  du  Prince  qui  étoit  de  leur  par- 
ti.! lschafl*erentl'Evêque&  les  Chanoines, ruinèrent  les  Eglifes&  les  VI  o- 
îialleres ,  &  le  crtirent  tout  permis  dans  un  tems  de  licence  &  de  fureur, 
îi'lais  dans  ce  Siècle  les  Eglifes  ont  été  réparées ,  l'Evêque  a  été  rétabU, 
&  laRcligion  Orthodoxe  y  refleuritparlesfoinsduRoi,quinommeà 
l'Evêché ,  com  m  e  premier  Sou v  erain  en  qualité  de  Comte  de  Proven  ce, 
parce  que  le  Prince  eft  Proteftant.  Le  Roi  Louis  XI.  avoir  autrefois 
foûmis  la  Principauté  d'Orange  au  Parlement  du  Dauphiné  :  mais  com- 
me il  n'étoit  pas  encore  Comte  de  Provence ,  il  ne  pouvoit  pas  agir  con- 
tre le  Principal  Souverain  de  cet  Etat -comme  M.  DuPuil'abienremar-- 
que.  Mais  la  difcuffion  de  cette  controverfe  ne  fait  rien  à  mon  fujet.  11 
me  fuffit  de  donner  une  connoifiance  générale  des  Princes  d'Orange.  La 
fucceflâon  de  ceux  de  la  première  race  eft  beaucoup  incertainejufques  à 
Rambaud  II.  Comte  d'Orange  l'an  1096.  On  prétend  que  le  premier 
Gomteiou  Prince  étoit  Guillaume  1.  de  ce  nom,  furnommé  au  Cor- 
net,  c'eft  à  dire  au  cor  dechaife,  qui  fait  encore  aujourd'hui  les  armes 
d'Orange.  D'autres  eftiment  qu'il  fut  furnommé  au  court-nez  ,  parce 
qu'on  lui  avoir  coupé  le  bout  du  nez  avec  une  épée.U  eft  difficile  de  prou- 
ver ces  faits  &  de  pouvoir  dire  fi  ce  Guillaume  étoitBourguignon  ou 
fils  d'un  Vicomte  de  Narbonne,  comme  d'autres  le  prétendent  On 
croit  communément  que  fon  mérite  lui  fit  avoir  part  dans  les  bonnes 
grâces  de  Charlemagne,  qui  vivoit  en  806.  qu'il  eut  deux  femmes .  & 
qu'il  laifla  un  fils  nommé  Bernard.  Sitouscesfaitsfont  véritables  il  faut 
conclurre  que  ce  premier  Comte  d'Orange  eft  le  même  que  S.  Guil- 
laume, Comte  de  Touloufe,filsdeThierri,  Comte  du  teras  de  Pé- 
pin. Il  fonda  l'Abbaïe  deS.GuillemleDéferten8o4.  &  il  mourut  fain- 
tement.  Avant  fa  retraite  il  avoit  époufé  en  prL  mieres  noces  Chunegon- 
de,  &  en  fécondes  Guiberge,?<  il  eut  entre  autresenfansBernardDuc 
de  Septimanie,  Comte  de  Touloufe,  deBarcelonne,&c.  comme  je  le  dis 
en  parlant  du  Languedoc.  Quoi  qu'il  en  foit,  on  dit  que   Guil- 
laume au  cornet  eut  aufll  une  fille  nommée  Herimbrue  qui  fur  ma- 
riée à  un  gr«pd  Seigneur  de  Provence,  dont  elle  eut  Hugues,  Mar- 
quis d'Orange,  dont  la  pofterité  efl:  inconnue  ,  &  Rorgon,  Comte 
d'Orange.  Nous  ignorons  fa  fucceffion  auffi-bien  que  celles  des  fui- 
vans  qui  ont  poffédé  le  Comté  d'Orange,  favoir  Alatais  en  880. 
Rambaud  I.  de  ce  nom  ,  en  910.  Bozon  l'an  914,  Geraui-Àdhe- 


O  R  A. 

MAR,  l'an  1086.  Et  Rambaud  II.  Comte  d'Orange,  l'an  1096.  Ce- 
lui-ci fit  le  voysge  de  la  Terre-fainte.  Son  origine  n'eft  pas  connue; 
mais  on  fait  qu'il  laifl'a  vers  l'an  iiij.  une  fille  nommée  Tibur- 
GE  I.  de  ce  nom,  Princeile  d'Orange,  qui  époufi  Guillaume  II.  qui 
avoit  part  à  la  même  Principauté.  Ils  eurent  deux  fils  qui  partagèrent 
également  les  biens  de  leur  Maifon,  &  deux  filles  .Guillaume  III,  qui 
fuit:  Rambaud  III.  mort  fans  enfans  :   Tiburge  II.  héritière  de  fon 
frerc  Rambaud  &:  femme  de  Bertrand' de  Baux;  Et  Tiburgette , ma- 
riée avec  Adhemar  de  Murvieux.  Guillaume  III.  Prince  d'Orange 
en  II 50.  eut  Guillaume  IV.  qui  fuit  ;  Et  Tibour  qui  eut  par  à  la 
Principauté  d'Orange,  &  qui  n'eut  point  de  lignée  de  Rambaud  Gui- 
fan  fon  mari.  Guillaume  IV.  Prince  d'Orange  pour  le  quart  ,    en 
1174.  fut  père  de  Rambaud  IV,  qui  mourut  fans  enfans.    Ainfi  cet- 
te Principaiité  pafla  dans  la  Maifon  de  Baux.  Bertrand  de  Baux  II, 
de  ce  nom.  Prince  d'Orange, &  puis  Baron  de  Baux ^ eut  deTibur- 
ge  1 1.  Princeffe   d'Orange  ,   Guillaume  V.   qui  fuit  :   Bertrand  &: 
Hugues.  Je  parle  de  ces  Seigneurs  fous  le  nom  de  Baux  ,  &  il  feroit 
inutile  de  repeter  ici  la  même  chofe.  Il  fuffit  de  remarquer  ,  que 
Raimond  de  Baux  V.  du  nom ,  Prince  d''Qrange  ,  mourut  vers  l'an. 
1303.  ayant  eu  de  Jeanne  de  Genève  fà  femme  ,  Marie  PrincefTe 
d'Orange, &  Alix  Baronne  de  Baux.  Marie  époufa  Jean  de  Chà- 
lon, Baron  de  Harlai,  qui  fit  la  troifiéme  Race  des  Princes  d'O- 
range.   Il  mourut  en  1417.  laifTant  Louis  qui  fuit.  Jean  ,  tige  des 
Comtes  de  Joigni:  Alix,  mariée  à  Guillaume  de  Vienne;  Et  Ma- 
rie,  femme  du  Comte  de  Frîhourg.  Louis  DE  Chalon, Prince  d'O- 
range, époufa  en  premières  noces  Jeanne  de  Montbeillard ,  &  en  fé- 
condes Eleonor  d' Armagnac,  &  il  mourut  l'an  1463.  C'étoit  un  Prin- 
ce hardi  &  courageux.     Le  Duc  de  Savoye  &  lui  s'étoient  déclarez 
partifans  du  Duc  de  Bourgogne  contre  le  Roi  Charles  VII.  &  ils  s'é- 
toient promis  de  partager  entre  e.uxle  Dauphiné.   Louis  de  Gaucour 
Gouverneur  pour  le  Roi  en  cette  Province  rompit  bien-tôt  leurs  me- 
fures.  Il  défit,  entre  Colombiez  &  Anthon, le  Prince  jqui  aima  mieux 
fauter  dans  le  Rhône  à  cheval  &:  armé  de  toutes  pièces  pour  lepaffet 
à  la  nage,  que  de  tomber  entre  les  mains  du  vainqueur.  Ce  futeni4i9. 
Defa  première  fem.me, il  eut  Guillaume  VIII.  quifuit;&  de  lafecon- 
de ,  Jeanne  de  Chàlon,  mariée  à  Louis,  Comte  de  la  Chambre.  Guil- 
laume DE  Chalon  VIII.  du  nom.  Prince  d'Orange, fe  mit  dans  le 
parti  des  Ducs  de  Bourgogne  quinelui  fut  pas  avantageux  :  Car  aprè.<5 
diverfes  pertes,  il  fut  fait  prifonnier  en  1473.  &  il  ne  Ibrtit  de  prifon 
après  deux  ans  ,  qu'après  avoir  promis  de  payer  quarante  mille  écus 
de  rançon.